1er mars 1995
Organisé par la mission de coordination de la IV ème conférence mondiale sur les femmes, sous l'égide du Ministère des Affaires sociales, de la santé et de la ville et du Ministère des Affaires Etrangères, un colloque international de recherche doit se tenir à Paris, les 6 et 7 Mars 1995.
La procédure qui a présidé à la préparation et à l'organisation de ce colloque de recherche repose, selon nous, sur des critères contestables.
En effet, le comité scientifique qui a été chargé de la préparation de ce colloque par la mission de coordination, nommé par le gouvernement, est composé de quatre chercheur-es: trois hommes et une seule femme; il ne représente que la sociologie et - en son sein, qu'un seul de ses courants - et ne comporte aucune représentante des divers courants de la recherche féministe française.
Quant à la composition du conseil scientifique élargi qui en est une émanation, il entérine, malgré la diversité de ses membres, des disciplines qu'elles représentent et la qualité de leurs travaux, la séparationrécusée depuis le colloque de Toulouse de 1982 par nombre de chercheuses féministes - entre "les scientifiques" et les actrices engagées sur le terrain, entre les études sur les rapports de sexes et mouvements sociaux de femmes.
Enfin, le choix des thèmes proposés: "Identité(s) féminine(s) , identité(s) masculine(s); égalité différences, Egalité différenciation" relève, selon nous, d'une problématique dépassée; en tout état de cause, ce questionnement évacue toute approche analytique fondée sur la dynamique de l'évolution sociale des rapports de sexe, ainsi que toute analyse en termes de rapports de pouvoirs entre les sexes.
Nous attirons l'attention des membres de la communauté scientifique sur le risque de l'utilisation de ce colloque comme caution du rapport gouvernemental de la France pour Pékin, lequel - rappelons le - n'a été soumis à aucun débat critique.
Pour notre part, nous ne participerons pas à ce colloque.
Françoise Gaspard. EHESS.
Marie- Victoire Louis. CNRS.