Harcèlement sexuel. Droit de cuissage
Livre : Le droit de cuissage
 Marie-Victoire Louis

Conclusion

Le droit de cuissage. France, 1860 - 1930
Éditions de l'Atelier
Février 1984
p. 297-298

date de rédaction : 01/10/1983
mise en ligne : 03/09/2006 (texte déjà présent sur la version précédente du site)
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Pendant des siècles, le destin des femmes corseté par la force des interdits et la censure des comportements a pu apparaître comme la juxtaposition d'histoires particulières.

Ce travail s'est voulu - pour le XIXe siècle - un analyseur des processus historiques de la substitution progressive et heurtée du général au particulier.

Cette mise à nu des logiques sociales et sexuelles fondées sur l'apparente évidence de l'appropriation du corps des femmes contribue à dévoiler les solidarités mais aussi les contradictions entre logiques patriarcales et capitalistes.

Les théorisations fondées sur une stricte séparation entre structures familiales, travail professionnel et prostitution sont dès lors remises en cause.

Restituer les thèmes occultés, les expressions refoulées, les débats oubliés autorise à s'interroger sur les rythmes de l'évolution historique, permet de reconstruire une mémoire - même parcellaire - et de mettre en évidence un capital d'expériences. On a dit que l'histoire n'était que cette tranche du passé dont nous avons besoin pour envisager l'avenir. Malgré son caractère schématique, cette définition met en relief l'importance politique de la mémoire.

Les victimes ne doivent pas être voué-es à l'oubli; faire connaître leurs souffrances est une exigence.

Notre fragile liberté est faite de leurs tâtonnements, de leurs échecs et de leurs avancées.

Mais faire entendre leurs cris étouffés, leurs résistances et leurs luttes ne signifie pas les enfermer dans le statut de victimes. C'est, au contraire, s'interroger sur les cultures et les systèmes sociaux, politiques, culturels patriarcales qui ont fondé notre histoire et tenter de comprendre pourquoi elles perdurent et comment elles évoluent et s'adaptent.

On peut regretter que les résultats des luttes menées par les femmes afin de se réapproprier leur corps, leur sexualité, leur maternité, leur image, leur identité ne soient pas au niveau des violences subies, ni des luttes mises en oeuvre. Mais peut-on ne occulter cette réalité selon laquelle, depuis le XIXe siècle, une véritable remise en cause des pouvoirs et des privilèges masculins historiquement acquis est engagée ?

Pour que le concept de droits de la personne humaine puisse légitimement remplacer celui de droits de l'homme, il faudra que des hommes de plus en plus nombreux se rangent aux côtés des femmes qui revendiquent depuis si longtemps la liberté dans l'égalité.


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