Ce texte consacré à la critique du chapitre du Deuxième sexe intitulé : « Prostituées et Hétaïres » - comme celui de Marie-Jo Bonnet consacré à la critique du chapitre intitulé : « La lesbienne » - a été écrit pour être publié dans le livre coordonné par Ingrid Galster intitulé : Simone de Beauvoir : Le Deuxième sexe. Le livre fondateur du féminisme moderne en situation, paru en 2005 aux Editions Honoré Champion.
Ces deux textes ont été censurés.
L’histoire et le dossier de cette censure est lisible sur le site de Marie-Victoire Louis. 1
Ce texte est celui, légèrement remanié, [écrit sans contraintes, trois années après sa première rédaction ] qui aurait dû être publié2.
Simone de Beauvoir publie ce chapitre quatre ans après l’intervention du 13 décembre 1945 de Marthe Richard au Conseil municipal de Paris 3, où celle-ci demandait la suppression des « maisons de tolérance, ainsi que la police des mœurs » et trois ans après la décision par le gouvernement français, le 13 avril 1946, de fermer les bordels. Elle publie aussi ce chapitre la même année que l’approbation par l’ONU, le 2 décembre 1949, de la Convention des Nations Unies « pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui ». Son préambule, souvent, à juste titre, cité, considérait que « la prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine et mettent en danger le bien-être de l’individu, de la famille et de la communauté ». Après plusieurs siècles d’enfermement des femmes dans des lieux clos où elles étaient maintenues captives pour le bon plaisir des hommes, après plus d’un demi-siècle de critiques du système réglementariste - appelé « système français » - le principe de la condamnation éthique de la prostitution, ainsi que celui de la répression pénale de certaines formes de proxénétisme (articles 1, 2, 3, 4) étaient, pour la première fois, inscrits dans un texte de droit international.
La manière dont Simone de Beauvoir rend compte de ces deux événements majeurs nous donne un premier aperçu de son analyse.
* Simone de Beauvoir n’évoque jamais la convention abolitionniste de 1949, elle-même étant l’aboutissement de dizaines d’années de luttes féministes et/ou abolitionnistes. Certes, celle-ci été approuvée par l’ONU deux mois après la publication du Deuxième Sexe 4, mais elle était discutée depuis 1937 et s’inscrivait à la suite de trois conventions internationales consacrées à la traite des femmes et des enfants, tandis que de nombreuses rencontres internationales au cours du siècle avaient donné lieu à la publication de plusieurs rapports internationaux, souvent de qualité. Or, Simone de Beauvoir était au courant des activités de l’ONU qu’elle évoque à deux reprises dans son livre. On peut lire : « […] dans les dernières discussions sur le statut de la femme, l’ONU n’a cessé de réclamer impérieusement que l’égalité des sexes achève de se réaliser […] » (D.S, I, p.29)5, tandis que, plus loin, elle écrit : « Dans la session qu’elle vient de tenir à l’ONU, la commission de la condition de la femme a réclamé que l’égalité des droits entre les deux sexes soit reconnue à travers (sic) toutes les nations et a approuvé plusieurs motions tendant à faire de ce statut légal une réalité concrète ». (D.S, I. p.216)
* Quant à la loi française de 1946, appelée « Marthe Richard », celle-ci n’est pas évoquée dans ce chapitre. Cependant, ailleurs, à deux reprises, Simone de Beauvoir la critique de manière lapidaire. Dans la deuxième partie du premier tome, intitulé Histoire, dans une note, elle la juge ainsi6 : après avoir constaté qu’après la décision de cette fermeture - soit 4 ans après le vote de la loi - « la prostitution n’en continue pas moins à s’exercer », elle conclut, sans autre transition : « [….] Ce n’est évidemment pas par des mesures négatives et hypocrites qu’on peut modifier la situation ». (D.S, I, p.226, 227. note 3) Pourquoi le vote d’une telle loi devrait-elle être considérée comme « négative et hypocrite » n’est ni explicité, ni expliqué.
Plus loin, au terme d’une analyse d’une charge grossière à l’encontre des [« moms », assimilées et/ou pas différenciées des féministes] américaines, 7elle affirme sans en donner les raisons que la loi « qu’a fait voter Marthe Richard ...est un échec » (D.S, II., 420).
Il faut ici noter qu’elle ne procède à aucune analyse du système juridique et politique du système prostitutionnel, et, plus globalement, que la question du droit lui est assez étrangère.
L’analyse des sources qu’elle utilise est partielle et partiale ; elle est par ailleurs signifiante de sa faible connaissance historique du sujet traité : à l’exception d’une allusion dans une note du tome I (D.S, I. p.227) à « la longue campagne abolitionniste » menée en France, aucune référence, dans ce chapitre, n’est faite aux combats abolitionnistes et féministes. Le nom de Joséphine Butler n’est pas cité, pas plus que n’est citée la Fédération Abolitionniste Internationale (F.A.I) qui fut à l’origine des textes internationaux sur la prostitution du XXe siècle ou, pour la France, celui de l’Union Temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes (UTCTEH) - branche française de la F.A.I - (1926) et de sa présidente, féministe, Marcelle Legrand-Falco.
Quant aux seules références à l’histoire incluses dans le premier tome, les voici : à la fin du XIX e siècle, « au contraire [des socialistes], les bourgeoises réclament des droits nouveaux au sein de la société telle qu’elle est et elles se défendent d’être des révolutionnaires ; elles veulent introduire dans les mœurs des réformes vertueuses : suppression de l’alcoolisme, de la littérature pornographique, de la prostitution ». (D.S, I. p.205) Pour Simone de Beauvoir donc, la suppression – et non pas « l’abolition de la réglementation » - de la prostitution qui était la revendication des abolitionnistes - est assimilée celle de l’alcoolisme et de la littérature pornographique est une revendication de bourgeoises réformistes, non révolutionnaires revendiquant des droits fondés sur la défense de la « vertu » des femmes.
Quant on connaît la richesse des analyses féministes et abolitionnistes de la fin du XIX ème siècle et du début du XX ème siècle – publiées notamment dans La Fronde, les textes d’Andrée Téry, Daniel Lesueur, Marguerite Durand, Avril de Sainte Croix , Marcelle Legrand-Falco, Madeleine Pelletier, etc……. 8- son analyse - si tant est que ce terme puisse être employé - est inacceptable.
On ne trouve non plus chez elle de référence aux très nombreuses dénonciations des abus de la ‘police des mœurs’ et aux campagnes lancées contre cette institution qui faisait peser une menace sur toutes les femmes, 9 pas plus qu’a la revendication, si fréquente dans les Congrès féministes depuis des dizaines d’années, demandant « une seule morale pour les deux sexes ».
Aucune référence non plus enfin n’est faite aux réformateurs sociaux, ni même aux auteurs marxistes.
Quant au concept d’exploitation, il est intéressant de noter qu’elle l’emploie dans ce chapitre dans quatre acceptions différentes. Elle parle de « femmes qui exploitent à l’extrême leur féminité », (p. 392) et d’ « épouses et d’hétaïres qui […] réussissent à exploiter l’homme […] , (p.377), des prostituées qui sont « exploitées par le souteneur, la taulière » (p.389) et enfin « du corps, de la personne même des hétaïres comme un capital à exploiter ».(p.391)
En revanche, elle cite, sans les situer dans leur courant de pensée, ni les critiquer, les médecins « hygiénistes », notamment le docteur Brizard, médecin chef du dispensaire de la salubrité de la Préfecture de police 10 et Parent-Duchatelet11, qui fut le principal théoricien du régime réglementariste ; ses sources en la matière sont donc partiales.
Sur le plan de la psychanalyse, elle se réfère à Anna Rueling, Hélène Deutsch et Steckel.
Ses autres sources littéraires émanent d’auteurs peu connus, à l’exception de Zola pour Nana. Là encore, d’autres sources d’auteurs critiques du système prostitutionnel et de la traite des femmes, connus, Albert Londres, notamment12 ne sont pas évoqués.
Quant à ses références à la parole même des prostituées, à l’exception du récit de Marie-Thérèse, partiellement publié dans les Temps modernes13, elles sont pauvres et de seconde main. Elle évoque à cet égard, l’« une de [ses] amies [qui] a longuement causé à l’hôpital Beaujon avec une jeune prostituée, très intelligente », ainsi qu’« une autre de [ses] amies, en 1943, à Fresnes, [qui] était devenue intime avec une prostituée ». (p. 387)
Enfin, il n’est pas impossible que certains de ses proches lui ont parlé de leurs expériences de ‘clients’ des prostituées, tandis que Nelson Algren lui a sans doute fait part de sa connaissance du « milieu » de la prostitution.
Simone de Beauvoir affirme, dès la deuxième page de ce chapitre, dans une phrase très forte, que « la prostituée n’a pas les droits d’une personne, en elle se résume toutes les figures à la fois de l’esclavage féminin ». (p. 377) Mais une fois cette position de principe posée, elle ne critique pas le principe selon lequel certaines femmes - les prostituées - aient pour « fonction » d’être « exclusivement celle d’un objet érotique ». (D.S, II, 347)
Sous couvert de ‘descriptions’ qu’elle ne dissocie pas de ses propres jugements - ce qui pose un grave problème méthodologique et rend le travail critique de l’ensemble du livre extrêmement difficile - celle-ci prend entérine, sans critique, nombre de positions qui justifient la prostitution.
Ainsi, elle ne remet pas en cause le bien fondé de la logique économique en la matière qui veut que la « valeur » de ces femmes dépende de leur capacité à satisfaire la « demande » des hommes. Elle écrit ainsi : « La prostituée qui souhaite acquérir une valeur singulière ne se borne plus à montrer passivement sa chair ; elle s’efforce à des talents particuliers » (p.390), tandis qu’elle affirme, concernant les courtisanes : « Nous avons dit que c’est sa réputation qui lui confère une valeur marchande » (p.391) et emploie, les concernant, l’expression de « fonds de commerce » (Ibid.). Bref, Simone de Beauvoir ne critique pas le fait que les « rapports (des prostituées) avec la moitié de l’humanité sont de nature commerciale ». (p.386)
Simone de Beauvoir ne conteste donc pas l’institution de la prostitution – et, à l’inverse du mariage, elle ne la considère pas comme telle - et le bien-fondé du postulat qui voudrait, depuis des siècles, que les hommes aient un droit légitime d’accès marchand à une ou des catégories de femmes censées être affectées à cet effet.
Plus encore, lorsqu’elle elle affirme que « la plupart des prostituées […] se sentent, avec raison, intégrées dans une société qui leur réclame leurs services » (p.388), on peut considérer sans trahir sa pensée qu’elle justifie aussi la société qui les « intègre[raient] » ainsi sur ces fondements.
On peut aussi noter une éventuelle contradiction entre l’emploi du terme de « services » - qui, faut-il le rappeler peuvent être, et le sont souvent, pour les femmes notamment, considérés comme devant être gratuits ? - et celui de « commerce ».
Elle considère aussi - sans questionner, là encore, la contradiction entre cette supposée « fonction » et le fait que celle-ci devrait être rémunérée - que la prostitution soit un « métier » (p.377, 381,386, 389), une « profession » (p.377, 378), et, pour certaines femmes, même si elles y « sont retenues contre [leur] gré », une « carrière » (p. 383).
Certes, elle reconnaît que celle-ci ne « réclame d’elles aucune spécialisation » et qu’elle est « généralement déconsidérée » (p.378), mais elle considère qu’ « en moyenne, ces métiers rapportent beaucoup plus que beaucoup d’autres » (p.378), tout en affirmant, plus loin, que « leur condition matérielle est dans la plupart des cas déplorable. Exploitées par un souteneur, la taulière, elles vivent dans l’insécurité et les 3/4 sont sans argent » (p.389).
Enfin, elle va même jusqu’à affirmer, dans une phrase terrible, que : « la plupart des prostituées sont moralement adaptées à leur condition », constat qu’elle cherche à atténuer en poursuivant : « cela ne veut pas dire qu’elles sont héréditairement ou congénitalement immorales […] » (p.388). Elle en tire alors la conclusion suivante : « Ce n’est pas leur situation morale et psychologique qui rend pénible l’existence des prostituées. C’est leur condition matérielle qui est dans la plupart des cas déplorable » (p. 389).
On peut ici noter que la référence à la « morale » - assimilée à la psychologie… - concerne les seules prostituées et n’est pas critiquée. Et ce, alors que, concernant l’avortement, elle écrit : « Si la morale y trouve son compte, que penser d’une telle morale ? » ?(D.S. II. p. 292) et qu’elle dénonce « l’hypocrisie du code moral des mâles. Ceux-ci interdisent universellement l’avortement, mais ils l’acceptent singulièrement comme une solution commode ». (D.S. II. p.300)
Simone de Beauvoir - qui ne fait donc pas de distinction entre la vente, la location, le droit d’usage du corps des prostituées et celle de leur force de travail - reconnaît donc que ce « métier » est « pénible » (p.389), mais ce, uniquement lorsqu’il s’agit de ce qu’elle appelle la « basse prostitution ». Dans ce cas de figure, elle considère que « la femme est opprimée sexuellement et économiquement, soumise à l’arbitraire de la police, à une humiliante surveillance médicale 14, aux caprices des clients, promise aux microbes et à la maladie, à la misère (et) vraiment ravalée au niveau d’une chose.» (p.389).
Et si elle cite des statistiques très graves concernant leur état de santé et la mortalité qui les atteint - : « Au bout de 5 ans de métier, 75 % ont la syphilis, […], près de 25% doivent être opérées par suite de complications blennorragiques.[ …] Une sur 20 a la tuberculose, 60 % deviennent alcooliques ou intoxiquées ; 40% meurent avant 40 ans » (p.389) – ce constat ne vaut pas pour autant condamnation. De fait, Simone de Beauvoir évalue la situation en fonction des « circonstances » (p.386). Elle établit alors une hiérarchisation entre « l’abatage » dont elle reconnaît seulement qu’il « s’accompagne souvent d’une fatigue physique épuisante » (Ibid.), « la passe rapide », « le couché » et « les relations suivies avec un client familier ». Et, dans ce cas de figure, elle cite alors, sans transition, Marie-Thérèse qui « exerçait d’ordinaire son métier avec indifférence, mais [qui] évoque certaines nuits avec délices ». (Ibid.)
Elle reconnaît aussi que la prostituée est « un bouc émissaire » et qu’elle « est traitée en paria »(p. 376, 377). Mais ce statut de ‘paria’ - qu’elle emploie dans le Deuxième sexe, à plusieurs reprises, concernant d’autres catégories de populations - ne vaut pas, là non plus, pour autant, condamnation du système : paria elles sont, parias, elles restent.
Significativement, la seule fois où elle fait référence au besoin qu’éprouvent les personnes prostituées de retrouver leur « dignité humaine » s’inscrit non pas dans un projet de construire une autre vie, non pas dans un projet alternatif, non pas dans une critique de refus mais au sein même de la logique du système et dans une vision positive de ‘solidarité’ entre femmes à laquelle une féministe peut difficilement adhérer : « Elles ont profondément besoin les unes des autres pour constituer un ‘contre univers’ où elles retrouvent leur dignité humaine ; la camarade est la confidente et le témoin privilégié ; c’est elle qui apprécie la robe, la coiffure qui sont des moyens de séduire l’homme, mais qui apparaissent comme fins en soi dans les regards envieux ou admiratifs des autres femmes», écrit-elle. (p.386)
Elle porte enfin - sans questionnement, même élémentaire, sur les liens entre causes et effets - des jugements de valeur assez méprisants sur leur ‘intelligence’. Elle évoque l’hypothèse qu’elle considère comme « possible », selon laquelle « le niveau mental des prostituées [serait] un peu en dessous de la moyenne, […] que certaines soient franchement débiles » et que [d’autres] pourraient avoir des «facultés mentales […] ralenties » (p. 377). Elle croit bon cependant préciser que « la plupart sont normales, certaines très intelligentes » et que, sur elles, ne pèsent « aucune fatalité héréditaire, ni aucune tare physiologique » (p. 377).
De fait, à cet égard, la seule position qu’elle défende avec clarté est de récuser les thèses de Lombroso qui assimilait prostituées et criminelles et les considérait comme des « dégénérées ».
La vision des femmes prostituées de Simone de Beauvoir - au contraire de ses analyses sur le mariage et l’avortement - est donc très largement marquée par les jugements de valeurs dominants - qu’elle conforte - de l’époque. Elle reprend ainsi, à plusieurs reprises, à son compte, sans la critiquer, la distinction entre les « femmes honnêtes » et les prostituées, et peut caractériser une femme comme étant « de mœurs faciles » (II.p.113).
Mais ce qu’il faut dire, c’est que son analyse n’a pas la dimension de compassion « humaine » que défendaient nombre de femmes et quelques hommes, et encore moins la dimension critique défendue depuis plusieurs dizaines d’années par les abolitionnistes et par les féministes. Tout au plus, affirme t-elle que cette réalité « condamne une société où ce métier est encore un de ceux qui paraît à beaucoup de femmes comme le moins rebutant ». (p.378)
De fait, alors que pour elle la « tyrannie » (D.S. II. p.262) est au fondement du « mariage », sans distinction de classes, de revenus, de statuts, tout son raisonnement concernant la prostitution est construit sur une opposition entre le sort de « la basse prostituée » qui « fait commerce de sa pure généralité, si bien que la concurrence la maintient à un niveau de vie misérable », et l’« hétaïre qui s’efforce de se faire reconnaître dans sa singularité [et qui], si elle réussit, peut aspirer à de hautes destinées ». (p.389)
Simone de Beauvoir voit dans ces destinées de femmes, incontestablement, des figures positives pour les femmes. Plus encore, elle estime que « par ce chemin, (sic), la femme réussit à acquérir une certaine indépendance » (p.391) et que l’argent « lui assure une certaine autonomie » (p.391) Elle va même jusqu’à écrire plus loin, les concernant : « Il arrive que dans l’argent ou les services qu’elle extorque à l’homme la femme trouve une compensation au complexe d’infériorité féminine ; l’argent a un rôle purificateur ; il abolit la lutte des sexes ». (p.392)
Évoquant les égéries - significativement mal distinguées, par elle, des « hétaïres » - celle-ci écrit, de manière quasi lyrique : « Elle est plus qu’aucune autre chair et conscience, idole, inspiratrice, muse : peintres et modèles la voudront pour modèle ; elle nourrira les rêves des poètes ; c’est en elle que l’intellectuel explorera les trésors de l’intuition féminine. […] Celles qui sont supérieurement douées ne se contenteront pas de ce rôle d’égérie ; elles sentiront le besoin de manifester de manière autonome la valeur que le suffrage d’autrui (sic) leur confère ; elles voudront traduire leurs vertus passives en activités. Émergeant dans le monde comme sujet souverain, elles écrivent des vers, de la prose, peignent, composent de la musique ». Et Simone De Beauvoir termine ce passage par la valorisation des « grandes favorites », qui, « par l’intermédiaire de leurs puissants amants participèrent au gouvernement du monde ». (p.392)
Et elle poursuit : « Paradoxalement, ces femmes qui exploitent à l’extrême leur féminité se créent une situation presque équivalente à celle d’un homme ; à partir de ce sexe qui les livrent au mâle comme objet, elles se retrouvent sujets. Non seulement elles gagnent leurs vies comme les hommes, mais elles vivent dans une compagnie presque exclusivement masculine ; libres de mœurs et de propos, elles peuvent s’élever - telle Ninon de Lenclos - jusqu’à la plus rare liberté d’esprit ». (p.392)
Cette vision des femmes – « qui exploitent à l’extrême leur féminité » - et qui de ce seul fait se « créeraient une situation presque équivalente à celle d’un hommes » - pose pour le moins problème, car ce sont bien aux critères de « féminité » définies par les hommes auxquels, selon elle, ces femmes adhèreraient, que celles-ci doivent s’adapter.
Plus encore, peut-on penser plus grande aliénation des femmes au monde patriarcal que ce qui est ici écrit ici, à savoir que ce seraient les femmes qui sont « livrées au mâle comme objet », celles qui « vivent dans une compagnie exclusivement masculine » qui - elles et elles seules - se retrouveraient de ce fait « sujets » - et qui plus est - sujets de pensée ?
Là encore, les contradictions de son analyse peuvent être notés.
Ailleurs, dans le chapitre - beaucoup plus intéressant par ailleurs - intitulé : L’initiation sexuelle, elle écrit dans une analyse critiquable mais et tout état de cause différente de ce qu’elle considère comme valable pour les égéries-hétaïres : « On a déjà dit qu’elle désire en se faisant objet demeurer un sujet. Plus profondément aliénée que l’homme du fait qu’elle est désir et trouble dans son corps tout entier, elle ne demeure sujet que par l’union avec son partenaire […] » (D.S. II. p.162). Et elle écrit aussi dans son Introduction du livre II que « les femmes aujourd’hui sont en train de détrôner le mythe de la féminité […] ».
Simone De Beauvoir, dans cette vision toute idéalisée des hétaïres, révèle ici, à quel point elle s’inscrit dans le monde, les référents, la culture masculine dominante et plus particulièrement celle des hommes dominants.
Certes, elle évoque la dépendance - qui est « leur lot » - des courtisanes aux hommes ; mais elle semble ne pas accorder trop d’importance à cette semi-servitude, car si elle estime qu’« elles ont de l’homme le besoin le plus urgent », elle considère qu’« aucun homme n’est définitivement leur maître ». (p.393)
Elle qui a tant dénoncé l’oppression de l’institution du mariage semble penser que la pluralité des relations avec les hommes - socialement et intellectuellement ‘élevés’ exclusivement - créerait les conditions de l’autonomie des femmes. Elle écrit en effet, à propos des hétaïres : « Se prêtant à plusieurs hommes, elle n’appartient en définitive à aucun » (p.391).
Peut-être peut-on cependant voir dans cette phrase l’aspiration qui, peut être, fut la sienne dans sa propre vie ?
Il est intéressant, enfin, de comparer ses analyses – sur ce sujet, totalement opposées - de celles défendues par Madeleine Pelletier. Cette dernière considérait en effet que : « La conduite doit être en raison de la situation occupée. Une femme éclairée, une féministe surtout, qui réclame pour la femme une égalité sociale ne doit pas demander sa subsistance à son sexe, car, ce faisant, elle attire sur ses idées la dépréciation que la société attache à sa personne ». Madeleine Pelletier considérait en outre que leur vie « demande à la dignité des sacrifices qui sont incompatibles avec la place que doit prendre dans l’esprit public une femme qui se pose en réformatrice de la société ». 15
Simone de Beauvoir globalement ne remet pas en cause cette modalité toute spécifique de ce qui serait le ‘désir’ sexuel masculin. Elle ne critique donc pas ce qui justement fait, pour les femmes et les féministes, problème : « Dans la prostitution, le désir masculin, étant non singulier, mais spécifique peut s’assouvir sur n’importe quel corps » (p.377) affirme -t-elle. Tandis qu’ailleurs, elle écrit : « L’homme cherche autre chose que le plaisir brut ; néanmoins la prospérité de certaines ‘maisons d’abattage’ suffit à prouver que l’homme peut trouver quelque satisfaction avec la première femme venue » (D.S, II, 208. note 1).
Aussi, faute d’interrogation critique plus approfondie sur les fondements patriarcaux de la prostitution, citant Parent Duchatelet, elle reprend, entérine alors les analyses censées expliquer la prostitution (des femmes) par la misère (des femmes…ou des hommes ? … ) : elle estime en effet que « le manque de travail et la misère » [est] « la cause la plus active » de la prostitution (p.378).
Certes, elle procède à certaines critiques de ce type de relations sexuelles marchandes, mais celles-ci sont ponctuelles et circonstanciées. Elle évoque :
- L’hypocrisie des hommes : « L’homme se délivre sur elle de sa turpitude et il renie [ la prostituée] » écrit-elle (p.377).
- Certaines des manifestations, très sélectives, des violences à l’encontre des prostituées :« A Madrid, voici quelques années, une jeunesse fasciste et dorée s’amusait à jeter les prostituées dans le fleuve, par les nuits froides; en France, des étudiants en gaieté emmènent parfois des femmes dans la campagne pour les y abandonner à la nuit, entièrement nues » (p.384).
- Certains ‘clients’. Elle constate que certains « assouviraient volontiers sur la femme leur sadisme.» (p.384)
Le vocabulaire qu’elle utilise concernant les « clients » mérite, à cet égard, d’être analysé. Elle emploie les termes de « turpitude » (p.376) et de « vice » (p.386) qui dévoilent une désapprobation toute morale, non explicitée, de certaines ‘pratiques sexuelles’, par ailleurs non qualifiées. Elle emploie aussi, les concernant, les termes de « caprices » (p.389), de « fantaisies » (p. 387) qui relèvent du domaine de l’égarement, du futile et de l’inessentiel, mais aussi de l’irresponsabilité des hommes, dans un domaine - leurs relations avec les femmes - où la ‘raison’ n’aurait pas de part. Elle emploie enfin le terme de « manies » (p.440), qui relève du domaine de l’habitude, bizarre et/ou familière.
De fait, sa critique est essentiellement centrée sur l’hypocrisie du regard social : « On considère comme perverses et débauchées les filles qui vivent de leurs corps et non pas les mâles qui en usent » écrit-elle (p.440) et non pas sur la réalité du vécu de ces femmes et de l’institution - codifiée par la loi - qui les fait « prostituées » pour le bon usage des hommes.
Simone de Beauvoir utilise donc, là encore, sans critique, l’expression de « marché » (p.387, 441) et de « commerce » qu’elle qualifie d’ « intime »(p.391). Elle emploie enfin l’expression de « consommer » (p. 384), entérinant ainsi - alors qu’elle en a critiquée par ailleurs l’hypocrisie - la logique de chosification des prostituées : « Les clients seraient heureux de pouvoir consommer sans payer » (p. 384), écrit-elle.
Dernier point. Il faut aussi noter que celle-ci met sous la bouche des prostituées nombre de critiques (des agissements, notamment sexuels) de nombre d’hommes
L’une d’entre elles affirme qu’« à cause de ces vices, elle les détestait » (387) ; une autre parle des « hommes qui se conduisent comme des brutes » (388) ; une troisième « comme des bêtes sauvages méritant les pires traitements » (388). Simone de Beauvoir parle aussi de « la rancune dégoûtée à l’égard des hommes » que « certaines éprouvent », mais aussi du fait qu’elles sont « écœurées de leurs vices »(p.386).
On peut peut-être se demander si celle-ci n’a pas utilisé ce moyen pour émettre des critiques des hommes qu’elle n’aurait peut-être pas pu assumer seule.
Simone de Beauvoir - en toute logique, dès lors qu’elle n’a pas contesté le principe même sur lequel se fonde le système prostitutionnel - ne conteste pas non plus en lui-même le proxénétisme, c’est-à-dire le droit pour une personne physique ou morale de vivre des revenus de la domination, de l’appropriation et donc de l’exploitation légitime des sexes et des corps. Plus encore, celle-ci, sans la nier, sous-estime considérablement la violence du proxénétisme et des proxénètes.
Pour qualifier ces hommes, elle emploie en outre une terminologie qui relève souvent du registre de l’amour et du couple ; elle parle notamment d’« amant », d’« amant de coeur » (p.386). Et, concernant leurs relations avec les prostituées, elle utilise des expressions telles que : « libre tendresse » et « étreintes amoureuses » qu’elle oppose aux « étreintes professionnelles » (p.386).
Enfin, lorsqu’elle évoque plus précisément leur ‘rôle’, elle les traite, de manière peu critique, de « Julot » (p.384), de « protecteur » (p.390, 441), de « souteneur » (p. 385).
Certes, elle peut le[s] qualifier d’« autoritaire [s]» (p.385), évoquer le fait que les prostituées « n’ont, parfois, pour lui, qu’hostilité et rancune » et que c’est « par peur qu’il les tient, qu’elles demeurent sous sa coupe » (p.384-385) ; elle peut même reconnaître que « le souteneur ou la maquerelle […] recueillent la plus grande part de ses bénéfices et dont [la prostituée] n’arrive pas à se libérer » et qu’ils se sont donc « acquis des droits sur elle » (p. 383). Mais celle-ci, après avoir constaté ces « droits » acquis sur la personne même des personnes prostituées par eux, n’en tire pas, pour autant de jugements féministe critique.
Plus encore, au nom d’une analyse de la « situation », de « l’expérience vécue » 16des prostituées, Simone de Beauvoir ne conteste pas leur rôle, leur fonction qu’elle analyse fort positivement : « Il lui avance de l’argent pour s’acheter des toilettes, ensuite il la défend contre la concurrence des autres femmes, contre la police - il est parfois lui-même un policier - contre les clients....Pour toucher son argent, éviter les mauvais traitements, la prostituée a besoin d’un homme. Il lui apporte aussi un appui moral ». (p.384)
Elle écrit aussi : « Dans la violence de leur mâle, elles voient le signe de sa virilité et se soumettent à lui avec d’autant plus de docilité ». (Ibid).
Elle écrit enfin: « C’est un lieu commun - et semble-t-il une vérité - que la prostituée est fière d’être battue par son homme: mais ce n’est pas l ’idée de sa personne battue et asservie qui l’exalte, c’est la force, l’autorité, la souveraineté du mâle dont elle dépend....La femme qui se soumet avec plaisir à des caprices masculins admire aussi dans la tyrannie qu’il exerce sur elle l’évidence d’une liberté souveraine... » (T.II, p.488)
Simone de Beauvoir manifeste donc une certaine complaisance par rapport à ces hommes qui pourtant considèrent « les femmes comme un capital à exploiter » (p.391) [à propos des hétaïres]. Dans l’ensemble du livre, je n’ai relevé qu’ une seule référence factuelle de la violence proxénète : à la fin du deuxième tome, elle raconte une histoire de deux jeunes femmes qui, avides de « voir la vie » avaient été « invitées à souper par deux séduisants maquereaux de Montmartre »..et qui s’étaient « retrouvées dévalisées, brutalisées et menacées de chantage ». (D.S, II, p.530)
Quant au droit de cuissage, Simone du Beauvoir, dans une vision quasi caricaturale de refus de critique des agissements patronaux, assure - sans preuve - qu’« il est assez rare que ce soit - comme le veut la légende, le patron lui-même qui joue ce rôle » - qu’elle qualifie par ailleurs « d’initiateur » - : mais, concède t-elle, « c’est souvent son fils ou son neveu ou un des ses amis » (p. 379).
Elle procède aussi à un quasi-déni, sans preuve là non plus de la « traite des blanches », dont « les cas… sont relativement rares ». (p.383)
Alors, qu’à un moment du livre, Simone de Beauvoir avait posé un lien - entre «la structure du mariage » et « l’existence des prostituées », comme étant la preuve de « l’absence de réciprocité entre la femme et l’homme » : dans les deux cas, « la femme se donne, l’homme la rémunère et la prend » (D.S. II. p.134) - elle abandonne cette réflexion dans ce chapitre.
Les critiques fortes de Simone de Beauvoir concernant « l’institution du mariage » (D.S. II. p.195), « originellement pervertie » (D.S. II. p.286), ne se retrouvent pas, on l’a vu, dans ses analyses de la prostitution.
Rappelons qu’elle avait critiqué le mariage comme « une destinée » (D.S. II. p.195) pour les femmes, dont le « principe est obscène parce qu’il transforme en droits et en devoirs un échange qui doit être fondé sur un élan spontané ». (D.S. II. p.225) Elle avait aussi écrit que « livrer la femme au mari, c’est cultiver la tyrannie » (D.S. II. p.262) et avait poursuivi en affirmant que « la femme a honte de se sentir livrée à quelqu’un qui exerce sur elle un droit » (Ibid).
Elle avait enfin écrit : « La vérité, c’est que l’amour physique ne saurait être traité ni comme une fin absolue, ni comme un simple moyen ; il ne saurait justifier une existence : mais il ne peut recevoir aucune justification étrangère. C’est-à-dire qu’il devrait jouer en toute vie humaine un rôle épisodique. C’est-à-dire qu’avant tout il devrait être libre ». (D.S, II. p.228)
Force est donc de constater que ses critiques n’ont plus cours dans ce chapitre et que le concept de ‘liberté’ ici employé ne concerne pas, pour elle, les personnes prostituées.
En outre, Simone de Beauvoir - alors qu’elle avait estimé que, dans le mariage, « la tutelle masculine (était) en voie de disparition » - n’inscrit pas la disparition de la prostitution comme un devenir souhaitable pour les femmes. Elle écrit, simplement, dans une note17, sans autre précision : « Pour que la prostitution disparaisse, il faudrait deux conditions : qu’un métier décent fût assuré à toutes les femmes ; que les mœurs n’opposent aucun obstacle à liberté de l’amour » (p.389).
Le droit des hommes aux femmes prostituées - au cœur, au fondement de l’institution - n’est donc pas remis en cause. On peut même dire qu’elle le légitime.
De cette contradiction entre ses jugements sur le mariage, sur la maternité et ceux sur la prostitution, on peut poser comme hypothèse que sa critique du pouvoir masculin s’est essentiellement centrée sur les manifestations de ce pouvoir sur le corps re-producteur des femmes, sur le mariage et la maternité. De fait, les pages qu’elle consacre à l’avortement sont sans doute les plus engagées et les plus féministes de son livre.
On donc peut considérer que l’impasse théorique féministe de Simone de Beauvoir concerne la focalisation de son analyse féministe à la critique du mariage et de ses conséquences, à savoir l’affectation des femmes à la reproduction, alors que la dépendance sexuelle des femmes - plus particulièrement de certaines d’entre elles - à tous les hommes, elle, n’est pas remise en cause.
Si elle a justement affirmé : « ce monde a toujours appartenu aux mâles » (D.S, I, p. 107)18, sa critique s’est essentiellement centrée sur le malheur pour les femmes « d’avoir été biologiquement vouée (au mariage et) à la maternité ». (Tome I., p.112)
De fait, Simone de Beauvoir ne critique pas dans ce chapitre - mais elle le fait partiellement dans les chapitres précédents consacrés à L’enfance, La jeune fille, L’initiation sexuelle - la construction historique de la sexualité masculine. Pour elle, celle-ci relève d’un besoin biologique, fondé sur ce qu’elle considère comme « un privilège ; celui de la force physique ». (D.S, I. p.108)
Déshistoricisée, la sexualité masculine n’est, dans ce chapitre, pas analysée dans ses relations avec le pouvoir viril, avec le pouvoir de domination, avec la violence de cette domination, qu’elle analyse – et ce alors qu’elle analyse« la première pénétration sexuelle », « toujours un viol » (D.S. II. p.122) - dans une logique que l’on peut qualifier de classe : « Dans certains milieux, il arrive que l’homme frappe son épouse avec de vrais coups ; dans d’autres, précisément parce qu’il est le plus fort et que son poing est un instrument efficace, il s’interdit toute violence ». (D.S. II. p. 435)
Le féminisme de Simone de Beauvoir, comme processus collectif de libération des femmes s’est donc construit sur cette impasse, à savoir que sa critique de la sexualité masculine s’est globalement maintenue dans le cadre même de ses manifestations socialement et sexuellement dominantes.
Elle n’a donc pas pu remettre en cause la prostitution comme « un droit de l’homme ».
Elle n’a donc pas pu penser un féminisme qui concernerait toutes les femmes sans exception. À l’inverse, en distinguant les femmes dites honnêtes des femmes dites prostituées, et, parmi les personnes prostituées, en les distinguant les unes des autres, sans vouloir voir ce qui unit toutes les femmes - à savoir que nous vivons toutes dans un monde patriarcal dont le système prostitutionnel est le fondement - Simone de Beauvoir a ouvert la voie aux analyses qui aujourd’hui peuvent s’affirmer féministes tout en cautionnant le bien fondé du système prostitutionnel.
* Joséphine Butler, Une voix dans le désert. 1871. Réédité par la FAI. Genève. 1905. 48 p.
* Joséphine Butler, Souvenirs personnels d’une grande croisade. Précédé d’une préface d’Yves Guyot. Paris. Librairie Fischbacher. 1900. 2 tomes.
* Bebel Auguste, La femme dans le passé, le présent et l’avenir. 1891. Réédité en 1979. Slatkine Reprints. Genève. Préface d’Anne-Marie Sohn. Cf., Chapitre 12, II ème partie. La prostitution est une institution sociale nécessaire du monde bourgeois.
* « Cette violence dont nous ne voulons plus ». No Spécial : Prostitution. Mars 1991. Publié par l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT)
* Corbin Alain. Les filles de noce, Misère sexuelle et prostitution au XIX ème siècle. Paris. Champs. Flammarion. 1982.
* Daubié Julie, La femme pauvre au XIX ème siècle. 1869. Tome II. Réédité par les Editions Côté-femmes. 1993. Cf. lois répressives.
* Maria Deraismes Maria, Eve dans l’humanité. I880 Réédité par les Éditions côté-femmes.1990. Cf ., Discours de Maria Deraismes au Grand meeting international sur la police des moeurs. 1880..
* Gemähling Paul, La faillite d’un système. La réglementation de la prostitution jugée d’après le faits. Édition du « Relèvement social ». (sans date. 1926?)
* Paul Gemähling Paul, Le proxénétisme en France, Les scandales de la prostitution réglementée. Paris, Ed de l’Union temporaire. (sans date)
* Guyot Yves, La prostitution, Paris. 1882
* Käppeli Anne-Marie, Sublime croisade. Éthique et politique du féminisme protestant. 1875-1928. Éditions Zoe. Collection Histoire. Genève. 1990.
* Legrand-Falco Marcelle, Pourquoi je suis féministe ? Discours prononcé le 14 février 1931. In, Séverine Dard. L’Union temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes. 1926-1946. Mémoire de maîtrise d’histoire. Université Paris I.
* Legrand-Falco Marcelle, La réglementation de la prostitution. Ses origines. La traite des femmes et la SDN. Édition de l’ « Union Temporaire ». 1932.
* Londres Albert, Le chemin de Buenos Aires, Paris, Albin Michel. 1927. Réédité sous le titre, La traite des blanches. Paris U.G.E. Coll. 10/18. 1984
* Louis Marie-Victoire, Sexualité et prostitution. In : Madeleine Pelletier. (1974-1939), Logique et infortunes d’un combat pour l’égalité. Sous la direction de Christine bard. Ed. Côte-femmes. 1992. p. 109 à 125.
* Docteur Parent-Duchatelet, De la prostitution dans la ville de Paris considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration. Paris, 1867. 2 vol.
* Pelletier Madeleine, La rationalisation sexuelle. Paris, Editions du Sphinx. 1935.
* Philippon Odette, Le trafic des femmes. Paris, Pierre Terqui, Ed. 1960.
* Richard Marthe, Mon destin de femme. Paris, Robert Laffont. 1974.
* Van der Meersch Maxence, Femmes à l’encan. Paris. Albin Michel. 1945.