Politiques internationales
L'ONU
 Marie-Victoire Louis

Pékin plus 5. Des régressions, encore des régressions.....1

Publié sur le site internet Penelopes.org

date de rédaction : 28/09/2000
mise en ligne : 03/09/2006 (texte déjà présent sur la version précédente du site)
Voir et imprimer en PDF via pdf Print FriendlyAugmenter la taille du texteDiminuer la taille du texteRecommander ce texte par mail

«Une fois qu’on  a dépassé la mesure, il n’y a plus de limite... »
Epictète

Du 5 au 9 juin 2000, les représentant-es de plus de 180 Etats se sont réunis à l’ONU, à New York, en « Session Spéciale » de l’Assemblée Générale pour débattre sur le thème suivant : « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXI ème siècle ».

Présentée et connue sous l’intitulé de « Pékin plus 5 »2, cette rencontre des gouvernements devait faire le bilan de l’application des textes adoptés par les Gouvernements à Pékin en 1995.

Quelques mois après, que peut-on en dire ?

Rappelons en préalable que la conférence de Pékin ne s’intitulait pas « Conférence mondiale visant à éliminer la violence contre les femmes dans la famille et la société »3 ou : « Conférence mondiale contre l’antiféminisme, la discrimination sexiste, la haine des femmes et l’intolérance qui y est associée »,  mais : « Conférence mondiale sur les femmes ».4 L’ONU a t-elle déjà organisé une conférence mondiale ou une session spéciale de l’Assemblée Générale, «  sur les juifs », « sur  les arabes » ou  «  sur les noirs » ?

Lors de cette rencontre, le Ministre de la Justice et des Affaires parlementaires de Sao-Tomé-et-Principe, a, pour sa part, explicité la signification qu’il était possible d’accorder à cette expression. Il a fait état de « mise en oeuvre de programmes dont l’impact retombe essentiellement sur les femmes et les enfants ». 5
Mais cette interprétation ponctuelle peut être considéré comme valide :
- À l'échelle de chaque pays. Un seul exemple 6: Selon la CISL, « lors de la crise de 1998, 80 % des deux millions ayant perdu leur emploi étaient des femmes ». 7
- À l’échelle planétaire. C’est à juste titre que le collectif « Mobilisation pour la justice mondiale » 8 dénonçant les institutions de Bretton Woods a considéré que « les femmes sont les premières victimes des politiques d’ajustement structurels ». 9

Cette « session spéciale » de l’Assemblée Générale était donc chargée de « considérer la question de la révision10 et de l’approbation des progrès faits pour mettre en oeuvre les 12 domaines critiques de la Plate-forme de Pékin » 11, il y a cinq ans.
Il faut à cet égard noter que cette formulation centrée sur la seule « Plate-forme » signifie aussi que la « Déclaration de Beijing », dont la portée était beaucoup plus politique, peut être considéré comme tombé en désuétude. 12

Dans son discours d’ouverture de la Session, Monsieur Théo-Ben Gurirab, Ministre des Affaires Etrangères de la Namibie et président de l’Assemblée Générale, avait, pour sa part insisté à la fois sur la dimension non contraignante des textes rédigés et devant être rédigés. Il avait aussi mis l'accent sur le fait qu’il n’y aurait pas de nouveaux « engagements » : « La session. ..offre l’occasion d’évaluer dans quelle mesure les Etats avaient tenu les promesses 13faites lors de la quatrième conférence mondiale..., d’identifier les lacunes et les nouveaux défis et de réaffirmer les engagements pris ». 14

Le même avait, par ailleurs, donné un quasi-quitus aux Etats concernant leurs [éventuelles ] actions depuis Pékin, en affirmant : « Un grand nombre d’etats-membres....ont pris à coeur 15les conclusions et les expériences de la 4e conférence mondiale sur les femmes et sont en train de les mettre en oeuvre en formulant des programmes nationaux et des législations progressistes ». 16

Si l’on en croit un tract en date du 6 juin 2000, distribué par l’ONG américaine WEDO (Women’s Environment and Development Organization), « plus de 500 organisations venant de 92 pays » 17étaient, en sus des gouvernements, présentes à New York.
Ce qui signifie qu’environ 100 pays n’étaient représentés par aucune ONG.

Par ailleurs, nombreuses sont les représentantes d’ONG qui sont venues et reparties de New York sans avoir pu comprendre de ce qui se passait, sans même évoquer celles qui ne parlaient pas anglais - et qui de facto étaient exclues de l’accès à l’information - et enfin de celles qui n’ont même pas pu entrer à l’ONU. S’il faut, et c’est normal, être préalablement accréditées , il faut se souvenir que 18 d’entre elles (associations lesbiennes, Tibétaines, Taiwanaises, asiatiques, Catholics for a free choice..), considérées comme particulièrement dérangeantes par certains Etats, ne l’avaient pas été à Pékin.18

En outre, il faut être clair : ce sont les ONG des pays riches, et /ou celles qui ont des fonds propres suffisants, et/ou celles qui sont suffisamment proches de leurs Etats pour que leur transport et leur séjour à New York soient pris en charge par eux qui représentent la très grande majorité des ONG présentes.

Ensuite, parmi les ONG présentes, leur poids relatif est difficilement comparable.

En effet, seules certaines d’entre elles 19, souvent américaines, qui sont ‘sur la brèche’ depuis Pékin, disposent d’importants moyens financiers, sont familières des rites et pratiques de ces rencontres, sont à même de véritablement connaître les enjeux et la signification des textes proposés par l’ONU et débattus en séance.
Quasiment seules à être reconnues par l’ONU, elles sont de véritables multinationales qui ont depuis des années des relais20 dans le monde entier.

Elles sont donc les seules à même de rédiger des amendements aux textes de l’ONU, et ce au nom des dizaines d’ONG qu’elles affirment représenter.

Un bon exemple nous est fourni par le texte intitulé : « NGO alternative global Report »21 On découvre ainsi, dans ce rapport, que le Lobby Européen des femmes qui n’a pas d’indépendance réelle à l’égard de l’Union européenne était seul à représenter le « Rapport régional » pour l’Europe. A cette occasion, on apprend aussi que pas une ONG française n’a participé à sa rédaction.

Mais on pourrait aussi citer Equality Now, qui cite des dizaines d’ONG dans le monde qui sont présentées comme soutenant son action « visant à responsabiliser les Gouvernements dans le bilan de " Pékin plus 5". 22

Enfin, comme cette dernière citation le démontre, ces ONG s’inscrivent au sein même de la logique onusienne et travaillent essentiellement sur la base des textes produits par le Secrétariat de l’ONU. En tout état de cause, elles ne remettent pas en cause les hypothèses politiques et économiques qui soutendent ces textes.
Tandis que leurs propositions de modifications, faute de réel statut et de poids politique suffisant, en règle générale, ne sont pas prise en compte. Elles peuvent tout au plus attirer l’attention des Etats sur des questions, des problématiques, des dangers....

Il a souvent été fait état - c’est même le discours occidental hégémonique - des blocages, de régressions concernant le statut des femmes dont seraient responsables le Vatican et ses (nombreux) alliés, ainsi que les pays islamistes. Un exemple : Le Monde soutirait: « Pays Catholiques et islamistes ont bloqué les déclarations sur l’avortement ». 23

Cette position - réduite à cette « analyse » - n’est pas acceptable.

En effet, dès lors que les Etats, tous les Etats, avaient accepté, et ce depuis Pékin, de fonctionner au « consensus», un réel changement positif de la vie des femmes dans le monde ne pouvait en aucun cas être à l’ordre du jour de ces rencontres.
Si les Etats patriarcaux religieux ou d’obédience religieuse ont pu exercer une telle pression à Pékin - et plus encore à New York - c’est d’abord et avant tout parce que l’ONU et plus globalement l’Occident, leur avait, en toute connaissance de cause, conféré le pouvoir d’agir ainsi:

 « Les textes gouvernementaux qui en sont issus sont le fruit d’un consensus qui s’est progressivement constitué entre tous les gouvernements du monde (à l’exception de l’Arabie Saoudite qui n’avait pas envoyé de représentant).

Ces textes représentent donc le plus petit commun dénominateur entre les gouvernements du monde entier. Ce qui, politiquement, signifie que le statut et les droits des femmes du monde entier furent - notamment - subordonnés à l’accord d’une minorité de pays religieux, intégristes qui ne se sont pas privés de l’occasion qui leur était ainsi offerte.

C’est ainsi que l’avenir du statut des femmes du monde entier - le nôtre à toutes, ici même - était subordonné à l’accord du gouvernement Iranien, Soudanais, Pakistanais, Koweïtien, Mauritanien, mais aussi Péruvien, Paraguayen, Maltais. Sans évoquer le Vatican - allié objectif des états intégristes musulmans - et les Etats-Unis - qui bien que formellement très discrets - ont très largement mené le jeu, en imposant la problématique économique libérale dominante, et en s’opposant avec force aux thèses du groupe des « 77 » concernant les conséquences pour les pays pauvres - et les femmes en particulier -’ du fardeau de la dette et des politiques d’ajustement structurels’..
Concrètement cela signifie que chaque mot, terme, expression, chaque emplacement de phrase, de chapitre a été négocié de manière à ne gêner aucun d’entre eux ou à les gêner le moins possible ».
24

Les critiques les concernant sont donc, de la part des pays occidentaux mal venues.

Il faut d’abord saluer la sereine et diplomate franchise des Etats.
Il a été d’emblée officiellement reconnu, dès la huitième ligne du texte publié 25à la suite de cette conférence, que « les engagements pris à Pékin n’ont pas été pleinement respectés et appliqués ». 26
Equality Now avait, pour sa part, plus justement affirmé qu’: « en dépit des engagements pris à Pékin, la volonté politique d’appliquer ces principes fait cruellement défaut ». (p.2)
Concrètement, cela signifie que pratiquement rien ou pas grand-chose n’a été mis en oeuvre.

À la lecture des déclarations des représentant-es des gouvernements à l’Assemblée Générale, reprises dans le Communiqué de presse en date du 10 juin, 27j’ai pu lire - et les délégué-es ont donc pu entendre – que :

* Le Roi Mohamed VI du Maroc... « a nommé... une femme en tant que conseiller ».(p.9)

* Le Venezuela « prévoit le mise en place de commissions nationales de prévention (?) et de promotion de l’allaitement maternel ».(p.10)

* Le Yémen donne comme exemples de « mesures concrètes » prises....le fait que « les femmes peuvent briguer des postes importants dans les services publics et participer activement à la vie politique du pays, tant en qualité d’électrices que des candidates ». (p.11)

* Quant à la directrice des affaires féminines du Vanuata qui faisait état d’un projet de loi de 1998 sur « la protection de la famille » et qui prévoyait des mesures pour lutter contre la violence domestique, celle-ci se demandait à New York, « si le Parlement composé uniquement d’hommes (l’) adopterait ». (p.12)

L’une des seule références concrète à l’application de ce Programme que j’ai pu trouver concerne la déclaration de la Secrétaire générale pour les Affaires Sociales espagnoles Concecion Dancausa Trevino, qui a pu affirmer que « depuis cinq ans, les budgets28 ont été augmentés pour mettre en oeuvre en Espagne la plate-forme ».29

Enfin, quant aux modalités dans lesquelles s'est passé cette session, notons que Cuba a fait officiellement état « de négociations officieuses, parfois entourées de nombreuses irrégularités ». 30

Enfin, « les délégué-es - comme à Pékin d’ailleurs -  se sont quittées alors même que le document final n’était ni approuvé ni traduit. Et sans savoir non plus si une nouvelle conférence mondiale aurait lieu en 2005 ». 31

On pourrait aussi ajouter sans qu’aucun budget ne soit prévu.

Contrairement à ce qui a pu être dit et écrit,32 des régressions très importantes ont eu lieu à New York, par rapport au texte adopté à Pékin.
Une première indication nous est donnée, dès les premières lignes du texte. En effet, lire que : « les gouvernements réaffirment leurs engagements aux buts et aux objectifs contenus dans la Déclaration de Pékin et dans la Plate-forme d’action » signifie de facto une remise en cause des textes eux mêmes.  

Il faut en outre se souvenir qu’à Pékin, il avait été constaté, dans le texte préparatoire à la conférence 33que « la plupart des objectifs énoncés dans les stratégies énoncés dans les prospectives d’action à Nairobi » n’avaient pas été réalisés.
L’ONU et les délégué-es n’avaient pas, pour autant, cru bon se demander pourquoi.

Dans un premier temps, pour faire état de ces régressions, je m’appuierais sur l’analyse de l’Introduction du texte officiel publié le 10 juin.
En effet, ce texte court ( 2 pages ) a, comme l’avait été la Déclaration de Beijing - que de fait il remplace - un statut de Déclaration politique principielle.34

Il faut, avant toute analyse, préciser - afin d’éviter de graves erreurs d’interprétation des textes onusiens - qu’aucun mot, aucune expression, aucune phrase ne doit être analysée « au pied de la lettre ».

Le sens qui est leur doit être (notamment) compris en fonction :
a) Du statut politique et/ou juridique du texte dans lequel il est inséré. Les textes adoptés à Pékin n’ont pas le même statut que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.   
b) Des textes, déclarations officielles onusiens - cités ou non - qui les ont précédés, mais aussi de la manière dont ils sont, ou cités - et comment -  ou « oubliés ». Ainsi, l'absence de référence à la "Convention (onusienne) pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui" de 1949 signifie que les Etats -membres ont abandonné l'abolitionnisme.
c) Des différences de portée au sein même des textes eux-mêmes : la Déclaration de Beijing n’a pas la même portée que le Programme d’action .
d) De la place qui leur sont accordés au sein même du texte.
Ainsi si le point 1 de « Pékin plus 5 » s’intitule: « Les femmes et la pauvreté »35, cela signifie que la question essentielle pour l’ONU est d’ordre économique.
Et si « les droits humains des femmes » ne sont traités qu'au point I, cela signifie que la valeur qui leur sont accordés vient en neuvième place.
e) De l’intitulé du chapitre et des paragraphes au sein desquels ils s’insèrent. Un exemple : Les « constats » qui sont faits ont une signification moindre que les « actions à prendre ». Car seules celles-ci représentant (un minimum) d’engagement.
f) Des termes du début de la phrase dans lesquels les termes sont évoqués :  
Ce n'est qu'en appréhendant politiquement les expressions telles que: « Nous prenant note », « constatons », « réaffirmons notre engagement de », « sommes convaincus  », « sommes résolus à » qu'il est possible de donner sens à ce qui est , après, affirmé.
g) Des ajouts qui sont autant de limitations.
En règle générale, lorsqu’une expression peut risquer d’être interprétée comme pouvant faire avancer des droits, une expression lui est accolée pour en diminuer l’impact : « renforcer, si nécessaire »; « encourager, selon qu’il convient »; « librement et de manière responsable »; «établir des principes, dans le respect de la liberté d’ expression »; « chacun, et en particulier »; « les droits des filles...et des garçons »; "les organisations de jeunes, en collaboration avec les parents »; «  offrir, le cas échéant», « introduire, s’il y a lieu »…

Pour prendre un seul exemple, la phrase souvent citée de la Déclaration de Beijing :« Les droits des femmes sont des droits fondamentaux de la personne » sont insérés dans un texte, non contraignants pour les Etats, ne peut se référer à aucun texte onusien précis - et donc ne remet en cause aucun texte antérieur - s’inscrit dans une Déclaration, est précédée de la phrase: « Nous sommes convaincus que » et est situé au 14 ème point de ce texte.

A cet égard, le Communiqué de presse36 publié le 10 juin par Nicole Pery, Secrétaire d’Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle qui considère par exemple comme « une avancée » de ce texte « la criminalisation de la violence familiale37 » qui aurait été obtenue à New York ne peut en aucun cas être considéré comme valide.
Car il fait tout simplement abstraction de ces "nuances" ... de taille.  

Le paragraphe 2 bis de l '« Introduction » du texte adopté à New York 38affirme - par ailleurs, de manière erronée - que « l’objectif de la Plate-forme d’action »... est « le renforcement du pouvoir d’action des femmes ».
Cette réécriture du projet de la Plate-forme a pour conséquence - et avantage - de faire disparaître toute référence aux « droits des femmes ».  

Certes, en tant que telle, cette seule expression affirmant sans restriction aucune « les droits des femmes » n’existait pas dans la Déclaration de Beijing de 1995. Néanmoins, ces deux mots: « droits » et « femmes », bien que précédés, accompagnés d’expressions et de termes qui étaient autant de limitations, étaient néanmoins cités. On pouvait ainsi lire les termes d’«égalité des droits » (&8), de « pleine réalisation des droits fondamentaux des femmes » (&9), de « droits fondamentaux des femmes et des fillettes ». (&9)

Certes, l’expression de « droits des femmes  » - qui peut être utilisée tout à la fois concernant le « droit de se marier et de fonder une famille »39, pour le « droit à l’avortement », ou pour « le droit à la vie »40 - n’est pas, tant s’en faut, rigoureuse.

Certes, faute d’être clarifié, ce terme renvoie à des référents symboliques, juridiques, politiques différents, voire radicalement opposés. Sans ambiguïté, « le droit à l’avortement » revendiqué par les féministes entre en contradiction avec « le droit de se marier et de fonder une famille » affirmé dans la Déclaration ‘universelle’ des droits de l’homme de 1948 (Article 16). 41

Tandis que la loi Soudanaise de 1991 « sur le statut des personnes musulmanes », qui, dans sa section 51, affirme: « Les droits  de l’épouse dans ses relations avec son mari sont:....d’être traitées avec justice et sur un pied d’égalité avec la ou les co-épouses »42 peut difficilement être considérée comme un droit que les femmes pourrait revendiquer.

Néanmoins, aussi confus soit-il, aussi dangereux soit-il - puisqu’il peut être utilisé au sein même d’un système de domination qu’il contribue donc à légitimer par là même, - le terme de « droit », seul, permet de poser la question du recours symbolique et juridique à la Loi.

Aussi, l’emploi quasi exclusif dorénavant du terme d’«  empowerment », dont le danger conceptuel avait été dénoncé depuis longtemps par certaines féministes, a des conséquences politiques très importantes. Remplacer le terme de « droit » par celui d’ « empowerment » est, pour les femmes, une régression fondamentale. Car, qu’elles que soient leurs (nombreuses) définitions, il n’y a aucune ambiguïté, le terme de « pouvoir » s’oppose à celui de « droit ».

Sa disparition au profit de l’emploi du terme d’« empowerment » interdit donc toute référence au concept de « droits », exclue donc toute possibilité « d’avancée des droits », et donc toute remise en cause des droits des hommes sur les femmes.
Ce terme d’ « empowerment » interdit que les femmes puissent revendiquer le statut - que nous n’avons toujours pas - de « sujet de droit » autonome.

À cet égard, l’expression, terrible, employée par la représentante de la République de Corée : « Women must be empowered »43 montre qu’il s’agit sans doute moins d’une régression que d'un changement de paradigme.

Alors que dans la Déclaration de Beijing, les gouvernements affirmaient qu’ils étaient  « résolus à faire progresser les objectifs d ’égalité, de développement et de paix pour toutes les femmes du monde entier, dans l’intérêt de l’humanité toute entière » (& 3), cette Introduction  fait dorénavant référence explicitement aux « particularités nationales et régionales et (à) la diversité des contextes historiques, culturels et religieux ».44

Plus encore, quelques lignes plus loin, il est fait état du « plein respect des valeurs religieuses et éthiques, des contextes culturels et des convictions philosophiques des individus et de leurs communautés ».

Ces formulations - dont certaines étaient certes déjà évoquées dans le texte de Pékin - s’opposent donc, mais cette fois-ci clairement, et dans un texte principiel , à toute référence, même symbolique, à l’universalisme. Et la référence qui est, aussi, faite dans ce texte aux « droits humains et aux libertés fondamentales » devient, dès lors, soit caduque, soit dénuée de toute signification, soit très fortement relativisée.

Certains Etats d'ailleurs affirment sans gêne aucune la prééminence de la loi nationale, des traditions, de la religion sur les textes onusiens.  

Le Maroc affirme qu’il mettra en oeuvre le texte « conformément ....à (ses)  « traditions », la Tunisie parle de «  spécificités nationales » 45, l’Irak se réfère «  aux traditions et valeurs arabes »46 et la Syrie « aux coutumes » ...47

A quand la réhabilitation formelle du droit d’aînesse, de la polygamie, des mutilations sexuelles ou du droit de cuissage ?

La référence explicite faite à la religion , liée à l’affirmation du « plein respect » dû qui serait dû aux « valeurs religieuses » n’avait jamais elle non plus été si explicite. Il est d’ailleurs significatif que dans son discours introductif, le Président de cette Session spéciale ait nommément cité, aux côtés des « hommes éclairés » et des « jeunes » (hommes), « les leaders religieux ».

De fait à l’ONU, les religions se sont ainsi vues accorder un statut - que peu de personnes auraient pu imaginer pour augurer le XXI ème siècle - de source légitime de droit.

La représentante d’Oman a pu ainsi affirmer au sein même de l’Assemblée Générale - et non plus seulement dans les « réserves » que les Etats étaient en droit d’apporter, en annexe de ce texte - que son pays appliquera ce texte, « conformément à la Charia Islamique ».48

Quant à la représentante d’Israël, Dalia Itzik, ministre de l’Environnement, elle a pu dire : «  Je suis venue, ici, aujourd’hui, de Jérusalem, pour prier pour toutes les femmes du monde ». 49

On peut donc comprendre que « l’Observatrice du Saint-Siège » qui avait «  pris note des progrès accomplis au cours des derniers mois », ait pu affirmer que celui-ci «  se félicite d’un grand nombre de dispositions du document ».50

Le texte adopté à Pékin en 1995 n’était, certes pas, contraignant.

Néanmoins, il était fondé sur une certain nombre de principes qui devaient engager, politiquement, les gouvernements et il avait pour finalité affichée que les Etats prennent un certain nombre d’engagements. En tout cas, l’ONU l’avait fait croire.

Or, dès la deuxième page du texte adopté à New York, il est écrit - ce qui jusqu’alors ne l’était pas - et dans une introduction politique, que « la mise en oeuvre de la Plate-forme » .... « est de la responsabilité souveraine de chaque Etat ».

Expliciter aussi clairement la souveraineté des Etats, c’est affirmer que les Etats sont libres de l’appliquer ou non ce texte; c’est le vider quasiment de toute signification. 51 C’est le délégitimer.

La représentante des Etats-Unis a, elle, été encore plus claire quant à la signification globale de ce texte. Elle a affirmé : « comme pour le Programme de Beijing, les engagements mentionnés ....ne sont pas juridiquement contraignants ».52

En tout état de cause, les Etats ne se sont pas privés - beaucoup plus fortement qu’à Beijing - de souligner qu’ils n’étaient pas liés par ce texte. Et donc, qu’ils ne l’étaient pas non plus par les précédents. Sans même évoquer les suivants.
Un exemple parmi tant d’autres. La représentante du Honduras a pu affirmer : «  La terminologie (!) utilisée dans le texte final ne peut être acceptée que si elle ne va pas à l’encontre de la législation nationale ».53

Et même au sein de ce texte, certains Etats ne s'interdisent pas, en sus, d'affirmer leurs « réserves », qui, de fait et de droit, invalident l’ensemble du texte. Ainsi, la représentante de la Mauritanie a pu affirmer « la détermination de son pays à faire en sorte que soit appliquées les décisions prises.... à condition qu’elles ne soient pas contraire à la religion et à la loi de son pays ». 54

Quant à la représentante américaine, elle a pu affirmer - sans, pour autant, provoquer, ni rires, ni colère - que son pays « se dissocie des dispositions traitant de la mondialisation et des questions économiques. »
La bouffonnerie - tragique - est ici à son comble.

Alors que la Déclaration de Beijing faisait référence à la « persistance des inégalités entre hommes et femmes » (&5), l’Introduction du texte de juin 2000 « reconnaît - simplement - que certaines femmes font face à des barrières particulières mises à leur ‘ empowerment’ ».

Alors que la Déclaration de Beijing, «  prenait note de la voix de toutes les femmes du monde entier » avant d’évoquer « la diversité des femmes » (& 4), l’Introduction de texte adopté cinq ans après affirme que: « La Plate-forme…respecte et accorde de la valeur à la pleine diversité des situations et des conditions des femmes ».

Alors que la Déclaration de Beijing « rendait hommage aux femmes qui ont ouvert la voie » (&4), affirmait que « la participation et la contribution de tous les protagonistes de la société civile, en particulier les groupes et réseaux de femmes et les autres organisations non gouvernementales et organisations communautaires,55 dans le strict respect de leur autonomie, en coopération avec les gouvernements, revêtent une grande importance pour l’application et le suivi effectifs du Programme d’action » (& 20) on peut lire la phrase suivante dans l’Introduction de juin 2000 :

« La Plate-forme d’action met l’accent sur le fait que les femmes partagent des intérêts communs qui ne peuvent être pris en compte qu’en travaillant ensemble et en partenariat avec les hommes vers le but commun de l’égalité de genre à travers le monde ».

La référence aux  « intérêts communs » entre les femmes56 sans référence à la domination masculine entérine la disparition de ce concept. Et pourtant le seul facteur qui lie toutes les femmes entre elles, c’est le fait d’être, sans exception, toutes dominées par les hommes.

Aucune référence aux féministes n’est plus possible, aucune opposition entre les sexes n’est plus évoquée. Et plus rien ne peut être fait par les femmes qui ne serait pas « en partenariat » avec les hommes.

La domination masculine est non seulement reconnue, elle ne peut plus être contestée.
Il est d'ailleurs clairement affirmé (juste après le paragraphe concernant les violences contre les femmes et les petites filles (& 59) ! ) : « Les femmes jouent un rôle critique dans la famille. La famille est l’unité de base de la société et est une force importante pour la cohésion sociale et l’intégration et, en tant que telle, doit être renforcée ». (& 60)

Notons aussi l’évolution sémantique du terme de « genre » que le Vatican « interprète » dorénavant explicitement comme synonyme de « sexe », et « comme reposant sur la définition biologique, mâle et femelle » doit être faite. 57

Et encore une fois 58, seule la représentante Suédoise, Margaret Winberg, dans un discours remarquable de simplicité et de force, a employé l’expression de « domination masculine ». (p.4)

La question de la domination masculine étant dès lors évacuée, le texte insiste sur le respect et la valeur à accorder à la diversité des situations et conditions des femmes59. Pour ne plus reconnaître alors le fait que « certaines femmes font face à des barrières particulières à leur renforcement de leur capacité d’action ». 60

Il ne reste plus alors, sans changer ni la logique économique, ni les structures politiques et juridiques, qu’à débloquer - dans la meilleure des hypothèses - quelques fonds sur des « publics ciblés ».

De fait, il s’agit surtout de faire en sorte que les femmes s’intègrent au moindre coût à l’économie mondiale. Et pour son plus grand profit.
Les citations abondent en ce sens.
Ainsi, dans son discours d’ouverture de la Session, le Secrétaire Général, Koffi Annan, a affirmé que : « les défis…qui demeurent pour parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes ne pourront être relevés que par l’éducation des femmes et leur participation à l’économie mondiale ». 61

À cet égard, une incidente. La profusion des discours si souvent lénifiants sur le rôle que devraient jouer pour les femmes les "mico-crédits", sans  même que la question des barrages juridiques de leur accès à la terre et à la propriété n’est même pas l'objet de débats, est à cet égard, de plus en plus difficile à supporter.

Comment juger d'une politique économique libérale censée être "pour les femmes" qui ne remet pas en cause aux lois patriarcales qui interdisent aux femmes l’accès à la propriété et le statut même de personne autonome tout en affirmant leur faciliter l'accès aux (petits) crédits ?

Si l’on se réfère au Communiqué de presse officiel en date du 10 juin,62 deux résultats concrets ont été cités. Notons qu'il est fait état d' « objectifs fixés » et non pas d’engagements pris par les Etats.
Les voici :

1) « assurer l’accès à tous et à toutes à l’éducation primaire 63d’ici à 2015 ».
Si l’on analyse le texte lui-même, 64 dans le paragraphe intitulé : les « actions qui doivent être prises »,65 on peut lire plus précisément (& 66 c) qu’il s’agit « d’assurer la libre obligatoire et universelle éducation primaire 66pour les filles et les garçons d’ici 2015... ».

Il est intéressant de comparer cette formulation avec l’interprétation qu’en a faite Nicole Pery, Ministre française. Dans son Communiqué du 10 juin 2000, elle a cité comme motif de sa « satisfaction », comme exemple de « garanties » que ce « document offrait aux femmes », « le droit à l’éducation à égalité comme une priorité pour tous les garçons et les filles à l’horizon 2015 ». ....

2) « Une date butoir est également fixée pour l’élimination des lois discriminatoires qui devront être supprimées des législations nationales d’ici à 2005 ».
Si l’on se réfère au paragraphe 68 b), voici ce que l’on peut lire : « Créer et maintenir un environnement légal non discriminatoire et sensible au ‘genre’ avec la vision de s’efforcer d’enlever les provisions discriminatoire aussitôt que possible, de préférence vers 2005 »67.
Notons que cette référence n’a pas été reprise par Madame Pery .

L’abandon de la lutte contre la prostitution et le proxénétisme est définitivement entérinée dans ce texte.

Il n’est plus fait aucune référence à la Convention abolitionniste, pourtant onusienne, du 2 décembre 1949 « pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui », tandis que « le soutien aux négociations du protocole d’accord concernant le trafic des femmes et des enfants » (annexe de la convention des Nations Unies contre le crime transnationale organisé) est expressément demandé. (&97, b)

Or, cette dernière convention a notamment pour finalité - en se substituant à elle - de l’enterrer définitivement. 69

Concernant la position française, le discours de la ministre - qui, certes, cite la convention de 1949 et affirmer comme que « l’être humain n’est pas une marchandise et ne peut faire l’objet de commerce »70 - ne saurait cependant pas être considéré comme une remise en cause de la nouvelle politique onusienne.

Car, au delà de ces pétitions de principe, le problème est que la France négocie, signe, adhère, applique depuis longtemps déjà des traités, des conventions, des politiques qui disent et font l’inverse.71

Si l’on est simplement « en colère » contre cette conférence, il faut dire clairement qu’elle fut une mascarade éhontée.

Si l’on veut pousser plus loin l’analyse, il faut bien s’obliger à voir ce que signifie ce hiatus aussi sidéral entre la réalité de la vie de centaines de millions d’êtres humains qui ont eu le malheur d’être nées femmes et les « résultats » de cette conférence.

Il faut alors en tirer des conséquences.

Nos gouvernements, tous les gouvernements, qui signent sans vergogne et, semble-t-il , sans état d’âme, des textes qui non seulement ne font rien - ou pas grand-chose - pour traiter de la situation tragique des femmes,  alors que celle-ci s’aggrave dramatiquement et qui acceptent même encore des reculs, sont tout simplement insensibles à la vie des femmes  la moitié de l’humanité.

Et ce, alors même que les textes qu'ils publient eux -mêmes le reconnaissant.

Un exemple: 72 Voici ce que l’on peut lire concernant la situation des femmes en Afrique depuis Pékin : « considérable détérioration de la situation des femmes »; « accroissement de la féminisation de la pauvreté et de la mortalité due à la faim »; «  absence droits de propriété des femmes »; « l’illettrisme continue à croître »; « les technologies soi-disant appropriées se sont avérées inefficace pour réduire la pénibilité du travail des femmes et n’ont pas ajouté de plus-value à leur travail »; « alors que les femmes sont plus souvent que les hommes responsables de la famille, les cultures continuent à accorder aux hommes le statut de chef de famille »; « les gouvernements n’accordent qu’une faible importance à la santé des femmes dans le financement des soins de santé »; « les taux de mortalité maternelle et infantile se sont accrus »; « dans de nombreux pays, les femmes sont encore considérées comme des citoyennes de seconde classe, des mineurs ou la propriété de leurs mari »; « la violence contre les femmes s’accroît: fémicide, attaques à l’acide, meurtres rituels, viols par des gangs, enlèvements, esclavage des petites filles, viols rituels, esclavage sexuel militaire, trafics des femmes et des petites filles et mutilations sexuelles ».

Nos gouvernements, tous les gouvernements sont d’accord - ne serait-ce que par leur acceptation des règles de fonctionnement de l’élaboration de ces textes ( consensus a minima ) - pour maintenir les femmes de la planète sous le joug des hommes. Et l’aggraver encore.

En outre, la question du fondement à partir du quel l’Occident « juge » les positions qu’il défend doit aussi être posée. Ainsi, comment l’ONU, l’Union européenne, les représentantes officielles françaises peut-elle se présenter comme progressiste au regard de la revendication de la reconnaissance de l’homosexualité, quand ce même ONU, cette même Union Européenne légitiment la prostitution des femmes des pays pauvres. Pour conforter l’ego et la sexualité des mâles occidentaux déstabilisés par les revendications des femmes et des féministes de leurs propres pays.
Pour le plus grand profit des pays riches. Et de leurs Etats liges.

Aussi, pour ne pas reconnaître ces régressions, les gouvernements mentent délibérément ou non. Peu importe au regard du résultat. Nicole Pery 73, après s’être « félicitée de l’issue des négociations » a pu affirmer : « Je constate que tous les acquis de la Plate-forme de Pékin de 1995 ont été confirmés et je me réjouis que le texte final soit marqué par de réelles avancées ».

Il est à cet égard intéressant de comparer ce jugement avec celui de Françoise Gaspard, représentante permanente de la France à la Commission de la Condition de la femme de l’ONU. Dans Le Monde, celle-ci considérait que Pékin + 5 « aura de toute façon été ce qu’elle devait être: ’une étape dans un processus’ ». Et elle affirmait que ‘si certains points ..risquaient fort de n’être pas retenus dans la déclaration finale’, «  ils ont été largement débattus  ». 74

Si la représentante de la France à l’ONU peut mettre en regard la vertu des débats et les textes eux-mêmes, alors à quoi bon, tout ça ? 75

Mais la responsabilité de ceux et celles, femmes, féministes, ONG qui ne dénoncent pas ces textes est aussi posée.

Car le tragique de la situation, c’est que ce scandale des textes votés par l’ONU serait dévoilé, mis à nu, dénoncé depuis longtemps si les ONG de femmes et féministes qui participent à ces débats et qui, de plus en plus, ont le quasi monopole de la parole publique, avaient refusé de servir d’alibi.

Kofi Annan - réaliste ou cynique ? - dans son discours aux ONG, le 5 juin, d’ailleurs, avait été très clair sur le rôle que l’ONU leur assigne. Il leur a dit: « Il y a 5 ans, des milliers de représentantes D’ONG sont allées à Beijing déterminées à promouvoir les droits des femmes et pour s’attaquer aux préjudices dont elles sont l’objet...Aujourd’hui, vous êtes venues à New York pour célébrer un anniversaire, pour mesurer le progrès et voir comment et où nous pouvons faire plus ». 76

Il faut donc dénoncer le quasi silence et/ou les euphémismes des ONG (sans même évoquer la presse) présentes à New York  au terme de cet échec qui, pour être programmé n’en était pas moins retentissant. Et, alors que des féministes, sous la banderole « Pékin moins 5 », la bouche fermée par un bâillon, manifestaient devant l’ONU.

En conclusion, on ne peut pas ne pas comparer ce silence dominant des ONG présentes - et je parle de celles qui ont les moyens de parler - avec la manifestation qui avait eu lieu, mi-juillet, au terme d’un autre bilan, lui aussi fait par l’ONU, celui du Sommet Social de Copenhague.

Je reprends l’article du Monde: «  ‘De qui se moque t-on’, s’interrogeait un participant, visiblement ulcéré par ce galimatias qualifié de ‘coquille vide ’. Dans un geste symbolique, plusieurs dizaines d’ONG ont jeté le rapport à la poubelle devant la presse. Estimant que le document présenté était ‘ un monument d’hypocrisie’, certaines sont allées jusqu’à accuser le Secrétaire Général d’avoir ‘pris le parti d’agenouiller l’ONU devant la puissance de l’argent’. Parmi les plus virulents censeurs du rapport, le Conseil Oecuménique des Eglises dénonce ‘ une abdication de l’indépendance de l’ONU, une acceptation de la logique du marché, un exercice de propagande pour les institutions financières internationales’ ».  77

Quand les ONG de femmes/ féministes seront-elles, enfin, aussi critiques à l’égard de politiques - qui ne cachent même plus qu’elles se font ‘sur le dos des femmes’ - que cette ONG qui s’affirme pourtant religieuse ?

28 septembre 2000.
Texte repris en avril 2003

Retour en haut de page
Notes de bas de page
1 Cf., Marie-Victoire Louis, Des régressions dramatiques. Le Monde. 5 septembre 1995
2 Cette formulation n’est pas d’ailleurs pas tout à fait juste, puisque la conférence de Pékin avait le statut de « Conférence mondiale », tandis que la session de New York s’inscrivait dans le cadre des activités de l’Assemblée Générale.
3 Cf., Nations-Unies. Conseil Economique et Social. Commission de la condition de la femme. 38 ème session. Thèmes prioritaires : « Paix: Mesures propres visant à éliminer la violence contre les femmes dans la famille et dans la société. Rapport du Secrétaire Général ». E / CN. 6 /1994 /4. 21 janvier 1994. 24 pages.
4 Cf., la Conférence de l’ONU organisée en Afrique du Sud du 31 août au 7 septembre 2000, intitulée: «  Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée ».
5 ONU.  Communiqué de presse. « Beijing + 5: Les gouvernements s’engagent à  accélérer la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes ». AG /1023. 10 juin 2000. p. 10.
6 Cité par Agnès Callamard. « Les femmes à l’assaut du ciel ».  Le Monde Diplomatique. juin 2000.
7Il faudrait aussi mettre en relations ces pertes d’emploi et la croissance encouragée par l’Etat de la prostitution.
8 www. a16.org. Cité dans « ‘Dix raisons’ pour supprimer le FMI » Le Monde, 18 avril 2000.
9  Il n’est pas sûr, en revanche, qu’il en ait tiré les conclusions adéquates.
10 « to review ».
11 United Nations. « Report of the ad hoc committee of the Whole of the 23 th Special Session of the General Assembly ».  Official records. A/S-23/10/Rev.1. p. 1.
12  Deux textes ont été adoptés à Pékin : La Déclaration de Beijing (4 pages) et qui comporte 38 points et le Programme d’action plus explicite et plus longs : 210 pages.
13 Souligné par moi.
14 ONU. Communiqué de presse. AG /1014. 5 juin 2000. p.1.
15  « Have taken to heart »...
16 Press Release. GA /SM :171. WOM /1202. 5 june 2000.
17 « NGO’s demand bold actions to advance women’s equality »
18 Cf., aussi, plus récemment, « A l’ONU, les ONG dérangent ». Le Monde. 18 août 2000.
19 Center for women’s global leadership, WEDO, Equality Now...
20  Par ailleurs, la quasi-totalité des ONG des pays moins riches sont financées par des ONG et des Fondations des pays riches. Ce sont ces dernières qui sont - fortement - en mesure de peser sur leurs engagements, leurs problématiques, leurs choix politiques.
21 Cf, NGO Alternative global report to the United Nations General Assembly. Special session. 5 years after Beijing. June 5-9, 2000. Conference of nongovernemental organizations in Consultative relationship with the United Nations. 777 United Nations Plaza, 8 th Floor, New-York, NY 10017, USA.
22 Equality Now. Actions Femmes. 16.1. Juillet 1999. Des mots et des faits. Bilan d’actions gouvernementales, cinq ans après la conférence de Pékin. (Dernière page) Equality Now, P.O. box 20646, Colombus Circle Station, New York, NY 10023. Tel: (212° 586- 0906. Fax: (212) 586-1611. Email: info@equalitynow.org  - Website:www.equalitynow.org.
23 « La Conférence de l’ONU s’achève sans grand résultat ».  Le Monde. 11/12 juin 2000.
24 Je reprends ici un paragraphe que j’avais rédigé à l’occasion de la Conférence de Pékin.
25 Ce qui ne veut pas dire adopté. Le texte publié le 10 juin, en anglais seulement, s’intitule en effet: « Unedited final outcome document ».
26  ONU. 33 ème session spéciale. I0  juin 2000.  «  Further actions and initiatives to implement the Beijing Declaration and the plateform for Action » Unedited final outcome document as adopted by the plenary of the special session. 44 p.

Depuis lors, un autre texte - qui vient d’être mis sur le site de l’ONU, toujours exclusivement en anglais, l’a remplacé. Non définitif lui non plus, et non daté, il s’intitule : « United Nations. Report of the Ad hoc Commission of the whole of the Twenty-Third Special session of the General Assembly ». A/S-23/10/Rev.1.  

27 ONU. Communiqué de presse. Beijing +5: « Les gouvernements s’engagent à accélérer la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes ». AG/1023. 10 juin 2000.
28 Les sommes qui y sont affectées ne sont cependant pas chiffrées.
29 ONU. General Assembly. Meetings coverage. GA / 9716. 5 juin 2000. p. 12
30 Communiqué de presse. AG/1023. 10 juin 2000. p. 5.
31 « Nous ne sommes rien, soyons toutes ! » Michèle Dessenne, Les Pénélopes. Politis. 22 juin 2000.
32 Cf, notamment l’article  intitulé: «  La conférence de l’ONU sur les femmes s’achève sans grands résultats ».  Le Monde. 11/12 juin 2000.
33 « Pékin, Le backlash confirmé » . La lettre de l’AVFT. Eté 1995. p. 11. Tel: 01 40 4584 24 24.

Fax: 01 45 83 43 93.

34 D’ailleurs le second document officiel de l’ONU rédigé après celui-ci est explicitement intitulée : « Déclaration politique ». Cf, Report of the ad hoc committee of the whole..
35 Et non pas: « la pauvreté des femmes ». Par ailleurs, le titre du chapitre adopté à Pékin s’intitulait : «  La persistance de la pauvreté qui pèse de plus en plus sur les femmes ».  
36 Communiqué. Le 10 juin 2000. Droits des femmes. « Satisfaction de Nicole Pery devant les conclusions de l’ONU à New York »
37 La formulation est par ailleurs absurde : une institution, comme l’est la « famille », ne peut en effet pas être poursuivie, jugée, inculpée, « criminalisée ».  
38 Repris dans le texte du Comité ad hoc (Article 3)
39 Article 16 de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
40 La représentante du « Saint-Siège » - terminologie que l’ONU ne devrait pas accepter - a cru bon préciser que « la vie humaine doit être protégée de la conception au  dernier soupir ». Communiqué de presse. Op.cit. p.13.
41 C’est d’ailleurs la raison qui explique que cette revendication du « droit à l’avortement » ne peut, en aucun cas, en l’état, être intégrée dans aucun texte de droit international. Les féministes devraient donc - pour être efficaces et aller à l’essentiel - dénoncer d’abord et avant tout cet article 16, puisqu’il est le véritable verrou qui interdit de remettre en cause le pouvoir que les codes civils, pénaux, religieux, de la famille et de statut personnel reconnaissent, de jure, dans le monde, aux hommes sur les femmes.
42 Egalité Maintenant. Actions Femmes. Art.cit. p. 6..
43  General Assembly. Meetings Coverage. GA /9716. 5 juin 2000.
44 « While the significance of national and regional particularities and various historical, cultural and religious backgrounds must be borne in mind »
45 Communiqué de presse. p. 5.
46 Ibid. p. 6.
47 Ibid. p. 7.  
48 Ibid. p. 6.
49 ONU. General Assembly. Meetings coverage. GA / 9716. 5  juin 2000. p. 9.
50 Communiqué de presse. Op.cit. p.7.
51 Ibid. p. 4.
52 Ibid. p. 4.
53 Ibid. p. 3.
54 Ibid. p. 6.
55 Toutes ces expressions avaient aussi pour finalité de ne pas avoir à prononcer le terme de « féministe ».
56 «  women share common concerns »
57 Communiqué de presse. 10 juin 2000.AG/1023. Op.cit. p. 7.
58 Cf le discours de Ms Ingegerd Sahlström, Secrétaire d’Etat à l’Egalité, lors de la 43 ème Commission de la condition de la femme de l’ONU, le 3 mars 1998, à l’occasion duquel elle avait présenté le programme politique de son gouvernement contre les violences masculines à l’encontre des femmes. Celui-ci incluait la pénalisation des clients des personnes prostituées.
59  « It respects and values the full diversity of women’s situations and conditions ».
60 « recognize that some women face particulars barriers to their empowerment ».
61 Communiqué de presse. AG/1014. 10 juin 2000.p.1.
62 Ibid.
63 Souligné par moi.
64 ONU. Report of the Ad hoc committee...Op.Cit.
65 « Actions to be taken ».
66 Souligné par moi.
67 Equality Now demandait en juillet 1999, qu’« une action politique minimale conforme aux engagements politiques pris à Pékin exigerait que les gouvernements participant à l’action des cinq années écoulées depuis la conférence de Pékin  ait supprimé toute loi discriminatoire fondée sur la différence sexuelle ».
68 Le temps me manque pour continuer cette analyse qu’il faudrait poursuivre sur tant d’autres sujets : avortement, contraception, sida, mutilations sexuelles, harcèlement sexuel, discriminations, etc.
69 Cf., Marie-Victoire Louis, "Abolitionnisme, le double langage". Cri-Informations. N° 101. Oct-nov-dec 2000.
70 Dans une autre rédaction du discours de la ministre, trouvée officiellement sur le site de l’ONU, il était écrit entre crochets: [Vouloir réglementer la prostitution au nom des droits des prostituées, c’est en réalité légitimer la prostitution] . Cette phrase a été ultérieurement - malheureusement - supprimée.
71 Cf., Marie-Victoire Louis, "Prostitution: Contre l'Europe proxénète, la France peut-elle encore s'affirmer abolitionniste ?" Parcours. Les Cahiers du Grep Midi- Pyrénées. Octobre 2002.
72  Beijing plus five. NGO alternative global report to the United Nations General Assembly. Special Session. 5 years after Beijing. June 5-9, 2000. Conference on Nongovernmental Organisations in consultative relationship with the United Nations. 777 United Nations Plaza, 8th floor, New-york, NY 10017. USA. p. 5,6.
73 Communiqué. Droits des femmes. Satisfaction de Nicole Perry devant les conclusions de l’ONU à New York. 10 juin 2000.
74 La conférence de l’ONU sur les femmes s’achèvent sans grand résultat » Le Monde. 11-12 juin 2000.
75 Françoise Gaspard a défendu cette position, dans un article ultérieur: À propos de la référence ‘aux droits sexuels’ qui, à nouveau, avait été refusés par la conférence, elle avait dit: « Tans pis, l’essentiel, c’est que cela ait été dit et répété. À chaque conférence, nous devons faire en sorte que les uns et les autres prennent position, entendent et réagissent. Les pays qui ne veulent pas aller de l’avant sont du coup isolés et cela permet de faire entrer dans les mentalités certaines conceptions nouvelles ». L’ONU et la cause des femmes. Le Monde. 23 juin 2000.
76 Press Release. « Secretary General tells gathering on NGO’Womenn’s,  Beijing action plan cannot be implemented without them ». SG/SM/7432. NGO/350. WOM/1207. 5 june 2000.
77 « L’ONU disserte sur la pauvreté ». Le Monde. 13 juillet 2000. On aurait souhaité du Monde un titre similaire concernant « Pékin plus 5 »...

Retour en haut de page