Domination masculine. Patriarcat
 Marie-Victoire Louis

Penser

Extrait de l'abécédaire féministe

date de rédaction : 13/10/2024
date de publication : 13 octobre 2024
mise en ligne : 13/10/2024
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Extrait de l’Abécédaire féministe

À la recherche du patriarcat…

L’abécédaire féministe, profondément revu, comporte dorénavant 25.376 items et 23 rubriques : I. Culture (1124) ; II. Droit (445) ; III. Êtres humains (1386) ; IV. Corps (619) ; V. Enfants (347) ; VI. Femmes (3418) ; VII. Hommes (1682) ; VIII. Relations entre êtres humains (933) ; IX. Famille (638) ; X. Féminisme (488) ; XI. Justice (1075) ; XII. Langage (1139) ; XIII. Patriarcat (825) ; XIV Penser (1762) ; XV. Politique (2752) ; XVI. Pornographie (178) ; XVII. Proxénétisme (482) ; XVIII. « Sciences » sociales (768) ; XIX. Démographie (36) ; XX. Économie (1204) ; XXI. Histoire (964) ; XXII. Sexes [Sexualité, Sexisme…] (281) ; XXIII. Violences (697) … et continuera d’évoluer.
* Ajout. 11 juillet 2023. XXIV. Dialogues (2135)

13 octobre 2024

XIV. Penser

En noir. Items ‘nouveaux’ (et modifiés)

I. Penser. Pensées : Pensées (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47) ; Par ordre alphabétique Pensées (Abstraction) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23) ; Pensées (« Adversaire ») ; Pensées (Akerman Chantal) ; Pensées (Ambiguïté) ; Pensées (Anarchie) ; Pensées (A priori) ; Pensées (Argument) ; Pensées (Argumentaire) (1, 2) ; Pensées (« Atténuée ») ; Pensées (Autoritaire) (1, 2, 3) ; Pensées (Balzac Honoré de) (1, 2, 3) ; Pensées (Ben voyons) ; Pensées (Bernhardt Sarah) ; Pensées (« Bêtises ») ; Pensées (Binaires) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6 , 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 92, 93, 94, 95, 96) ; Pensées (Bonheur) ; Pensées (Broch Hermann) ; Pensées (Brontë Charlotte) (1, 2) ; Pensées (Caricature) (1, 2) ; Pensées (Catalyse) ; Pensées (Changer le monde. Sartre Jean-Paul) ; Pensées (Chateaubriand François-René de) ; Pensées (Claires) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18) ; Pensées (Clarification) ; Pensées (Concision) (1, 2, 3, 4) ; Pensées (Confusion) ; Pensées (Contradiction) (1, 2) Par ordre chronologique (1) ; Pensées (Contradictoires) ; Pensées (Contraires) (1, 2) ; Pensées (Contre) (1, 2) ; Pensées (Critiques) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) Par ordre chronologique (1) ; Pensées (Débats) (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Pensées (Déductives) ; Pensées (Déni) ; Pensées (Détail) ; Pensées (Dickens Charles) (1, 2, 3) ; Pensées (Diverses) ; Pensées (Dogmatiques) ; Pensées (Dostoïevski Fiodor) ; Pensées (« Effets pervers ») ; Pensées (Effort. Sorel Georges) ; Pensées (Eliot George) ; Pensées (Équivalence) ; Pensées (Esquive) ; Pensées (État) ; Pensées (Expertise) ; Pensées (« Faiblesse ») ; Pensées (Faille) (1, 2) ; Pensées (Féministe) (1, 2) ; Pensées (Féministe. Silence) ; Pensées (Fin) ; Pensées (Fonction) ; Pensées (Force) ; Pensées (Formaliste) ; Pensées (Guilloux Louis) ; Pensée (Hermétique) ; Pensées (Hugo Victor) ; Pensées (Hypothèse [théorique]) (1, 2) ; Pensées (« Impartiale ») ; Pensées (Indignation) (1, 2) ; Pensées (Individualiste. Critique) ; Pensées (Irrécupérable) (1, 2) ; Pensées (Léautaud Paul) ; Pensées (« Levier ») ; Pensées (Libérée) ; Pensées (Logique) (1, 2) ; Pensées (Lucide) ; Pensées (Manichéenne) ; Pensées (Michelet) ; Pensées (Morin Edgar) ; Pensées (Mort des) ; Pensées (Nehru Jawaharlal) ; Pensées (Nerval Gérard de) ; Pensées (Neutralité) ; Pensées (Nietzsche Friedrich) (1, 2) ; Pensées (Nizan Paul) ; Pensées (Nombre) ; Pensées (Non-dit) ; Pensées (Norme) (1, 2, 3) ; Pensées (Nourrissante) ; Pensées (Pasternak Boris) ; Pensées (Péguy Charles) ; Pensées (Personnelle) ; Pensées (Pertinence) ; Pensées (Politiques) (1, 2) ; Pensées (Pouvoir) (1, 2, 3, 4, 5) ; Pensées (Pragmatisme) ; Pensées (Préjugé) (1, 2, 3, 4) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Pensées (Processus de pensées totalitaires) (1, 2) ; Pensées (Progrès) ; Pensées (Progression) ; Pensées (Puissance. Hugo Victor) ; Pensées (« Queer ») ; Pensées (Radicale) (1, 2) ; Pensées (Remarque Erich Maria) (1, 2) ; Pensées (Rêves) ; Pensées (Révolutions) ; Pensées (« Second, troisième… degré ») ; Pensées (Sens) ; Pensées (Sens commun et/ou Bon sens) ; Pensées (Sensible) ; Pensées (Simple) ; Pensées (Soi) (1, 2, 3, 4, 5) ; Pensées (Soljenitsyne Alexandre) (1, 2) ; Pensées (Staël Germaine de) ; Pensées (Statut de la parole) ; Pensées (Steiner George) ; Pensées (Subtiles) (1) Par ordre chronologique (1, 2) ; Pensées (Subversive) ; Pensées (Synthèse) (1, 2, 3) ; Pensées Pensées (Tango) ; Pensées (Tolstoï Léon) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Pensées (Vallès Jules) (1, 2, 3) ; Pensées (Varnhagen Rahel) ; Pensées (Vide-pensées) ; Pensées (Weil Simone) ; Pensées (Zola Émile) ; (410)

II. Penser. Idées : Idées (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 4) ; Par ordre alphabétique Idées (« Action française ») ; Idées (Balzac Honoré de) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Idées (Beccaria Cesare) ; Idées (Berberova Nina) ; Idées (Berl Emmanuel) ; Idées (Bronner Gérald) ; Idées (Comtesse de Ségur) ; Idées (Capek Karol) (1, 2, 3) ; Idées (Castoriadis Cornelius) ; Idées (Catherine II) ; Idées (Chateaubriand François-René de) ; Idées (Claudel Paul) ; Idées (Constant Benjamin) ; Idées (De Gaulle Charles) ; Idées (D’Holbach Paul Thiry) (1, 2) ; Idées (Diderot Denis) (1, 2, 3) ; Idées (Dostoïevski Fiodor) ; Idées (Du Bos Charles) ; Idées (Eliot George) (1, 2) ; Idées (Fausses) (1, 2) ; Idées (Feyerabend Paul) ; Idées (Flaubert Gustave) (1, 2) ; Idées (Freud Sigmund) ; Idées (Galey Matthieu) ; Idées (Gombrowicz Witold) ; Idées (Gourmont Rémy de) ; Idées (Grève. Femmes) ; Idées (Guéhenno Jean) (1, 2) ; Idées (Guitton Jean) ; Idées (Hegel Friedrich) ; Idées (Hugo Victor) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Idées (Intérêts) ; Idées (Joyeux Maurice) ; Idées (Joly Eva) ; Idées (Keynes John Maynard) ; Idées (Léautaud Paul) ; Idées (Lessing Doris) (1, 2) ; Idées (London Jack) ; Idées (Macron Emmanuel) ; Idées (Magny Colette) ; Idées (Mauss Marcel) (1, 2) ; Idées (Michelet Jules) (1, 2, 3) ; Idées (Mirabeau) ; Idées (Mitterrand François) (1, 2) ; Idées (Monde Le) ; Idées (Naipaul V. S.) ; Idées (Neuves) ; Idées (Nietzsche Friedrich) ; Idées (« Pierre d’attente ») ; Idées (Ponthier Georges) ; Idées (Prévert Jacques) ; Idées (Proudhon Pierre-Joseph) ; Idées (Reck-Malleczewen Friedrich) ; Idées (Reclus Élisée) ; Idées (Retz cardinal de) ; Idées (Roman) ; Idées (Rousseau Jean-Jacques) ; Idées (Roy Arundhati) (1, 2) ; Idées (Sand George) (1, 2, 3, 4) ; Idées (Séverine) ; Idées (Soljenitsyne Alexandre) ; Idées (Stendhal) (1, 2, 3) ; Idées (Stengers Isabelle) ; Idées (Stuart Mill John) ; Idées (Taine Hippolyte) (1, 2) ; Idées (Tchékhov Anton) ; Idées (Tolstoï Léon) (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Idées (Vallès Jules) (1, 2) ; Idées (Voltaire) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8) ; Idées (Wittgenstein Ludwig) ; Idées (Woolf Virginia) ; Idées (Zola Émile) (1, 2, 3, 4) ; Idées (Zweig Stefan) (1, 2) ; (173)

III. Penser. Méthode : Méthode (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15) ; Par ordre alphabétique Méthode (Abécédaire) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Méthode. (Analogie) ; Méthode (Anachronisme) ; Méthode (Bayet Alfred) ; Méthode (Bourdieu Pierre) ; Méthode (Burke Edmund) ; Méthode (Cicéron) ; Méthode (Critique) (1, 2) ; Méthode (Critique modérée) ; Méthode (Critiques) ; Méthode (Éloquence) (1, 2, 3) ; Méthode (Exemple) ; Méthode (Freud Sigmund) ; Méthode (Korczak Janusz) (1, 2) ; Méthode (Locke John) ; Méthode (Machiavel) ; Méthode (Nietzsche Friedrich) ; Méthode (Pascal Blaise) ; Méthode (Rilke Rainer Maria) ; Méthode (Rhétorique) ; Méthode (Saïd Edward) ; Méthode (Scolastique) ; Méthode (Séverine) ; Méthode (Wright Mills Charles) ; (49)

IV. Penser : Penser (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125) ; Par ordre alphabétique Penser (Agir) ; Penser (Algorithme) ; Penser (Analyses) ; Penser (Ambition) (1, 2, 3) ; Penser (Anonymes) ; Penser (Apprendre) ; Penser (Argument) (1, 2) ; Penser (Argument d’autorité) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Penser (Aron Raymond) ; Penser (Avis) ; Penser (Balibar Françoise) ; Penser (Bataille Georges) ; Penser (Berberova Nina) ; Penser (Berdiaev Nicola) ; Penser (Bernardin de Saint-Pierre Jacques-Henri) ; Penser (Bourdieu Pierre) ; Penser (« Ça se… ») ; Penser (Castoriadis Cornelius) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Catherine II) ; Penser (Cause) (1, 2) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Causes / Effets) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Chalamov Varlam) ; Penser (Chestov Léon) (1, 2, 3, 4) ; Penser (Choisir) ; Penser (Cicéron) ; Penser (Citations) (1, 2, 3, 4) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Penser (Clemenceau Georges) ; Penser (Cohérence) (1) Par ordre chronologique (1) ; Penser (« Comment ? ») ; Penser (Commentaire) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8) Par ordre alphabétique (1, 2, 3) ; Penser (Comparaison) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Compétences) ; Penser (Comprendre) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24) ; Penser (Concept) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Penser (Conflit) ; Penser (Connaître) (1, 2) ; Penser (Consentement) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20) ; Penser (Conservatisme) ; Penser (Constant Benjamin) (1, 2) ; Penser (Contradiction) (1, 2) ; Penser (Contrat) ; Penser (Courage) (1, 2) ; Penser (Critique) (1, 2, 3, 4, 5) Par ordre alphabétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Voltaire (1, 2, 3) ; Penser (Croire) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Croyance) ; Penser (D’Alembert) ; Penser (D’Eaubonne Françoise) ; Penser (Débattre) (1, 2, 3, 4, 5) ; Penser (De Benoist Alain) ; Penser (Déconstruire) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Penser (Defoe Daniel) ; Penser (Déni) ; Penser (Désapprendre (1, 2) ; Penser (D’Holbach Paul Thiry) ; Penser (Dialogues) (1) ; Penser (Dickens Charles) (1, 2) ; Penser (Diderot Denis) ; Penser (Discussion) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Doctrine) (1) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Domination) ; Penser (Dostoïevski Fiodor) ; Penser (Douter) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Penser (Du Deffand Madame) ; Penser (Écrit) ; Penser (Eliot George) (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Penser (Emerson Ralph Waldo) ; Penser (Enquêtes) ; Penser (Équivoques) ; Penser (Erreur) (1, 2) Par ordre chronologique (1) ; Penser « Est-ce qu’il / elle croit à ce qu’il / elle dit ou est-il / elle de mauvaise foi ? » ; Penser (« Esprit ») ; Penser (« Esprits faibles ») ; Penser (Étapes) ; Penser (État) ; Penser (Expert-es) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Penser (Exceptionnel) ; Penser (Expliquer) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Penser (Fait) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Penser (« Fantasmes ») ; Penser (Femmes) ; Penser (Femmes. Bloy Léon) ; Penser (Femmes. Eliot George) (1, 2) ; Penser (Femmes. Journal général de la littérature Française) ; Penser (Femmes. Peters Otto) ; Penser (Femmes. Staël Germaine de) ; Penser (Fin) (1, 2) ; Penser (Finkielkraut Alain) (1, 2) ; Penser (Flaubert Gustave) ; Penser (Fond / Forme) ; Penser (Foucault Michel) ; Penser (France Culture) ; Penser (Freud Sigmund) ; Penser (Futur du monde Le) ; Penser (Gandhi) ; Penser (Gibran Khalil) ; Penser (Gide André) ; Penser (« Gilets jaunes ») (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Penser (Girard André) ; Penser (Gorbatchev Mikhaïl) ; Penser (Gorki Maxime) ; Penser (Gramsci Antonio) ; Penser (Grille de lecture) ; Penser (Guerre) ; Penser (Historicité) ; Penser (Historien-ne) ; Penser (Hossein Robert) ; Penser (Hugo Victor) (1, 2, 3) ; Penser (Humour) (1, 2) ; Penser (Humanisme) (1, 2) ; Penser (Hypothèse) (1) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Idéal) ; Penser (Idéologie [Politique]) ; Penser (Illusions) (1, 2) ; Penser (Imagination) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Penser (Imbroglio) ; Penser (Inconscient) ; Penser (Instincts) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Institutions) (1, 2) ; Penser (Intellectuel-les) (1, 2, 3) ; Penser (« Intelligence ») (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13) ; Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle » (1, 2, 3, 4, 5) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17) ; Penser (Intérêt) ; Penser (Islamisme) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Intuitions) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Jouir) ; Penser (Juger) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17) ; Penser (James Henry) ; Penser (Juste milieu Le) ; Penser (Justification) ; Penser (Keynes John Maynard) ; Penser (Kubrick Stanley) ; Penser (Lancelin Aude) ; Penser (Langage) (1, 2) ; Penser (Lassalle Ferdinand) ; Penser (Le Dœuff Michèle) ; Penser (Leiris Michel) ; Penser (Lieux communs) ; Penser (Ligne droite) ; Penser (Limites) ; Penser (Littérature) ; Penser (Locke John) ; Penser (London Jack) ; Penser (« Maître à penser ») ; Penser (Manière Philippe) (1, 2) ; Penser (Manzoni Alessandro) (1, 2) ; Penser (Marat Jean-Paul) ; Penser (Marxisme) ; Penser (Maury (Jean-Siffrein) ; Penser (Messe La) ; Penser (Michelet Jules) ; Penser (Mirabeau) (1, 2) ; Penser (Mireille) ; Penser (Modestie) ; Penser (Mossadegh Mohammad) ; Penser (« Mythes ») (1, 2, 3, 4, 5, 6) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Nahoum-Grappe Véronique) ; Penser (Nationalisme) ; Penser (Néant) ; Penser (Nietzsche Friedrich) ; Penser (« No comment ») ; Penser (« Nonsense ») ; Penser (Notes de bas de page) ; Penser (« Nous ») ; Penser (Objectivité) (1, 2, 3, 4) ; Penser (Objet) (1, 2) ; Penser (« Œuvres d’anticipation ») ; Penser (Opinion) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Penser (Parler) ; Penser (Parent Claude) ; Penser (« Pas de côté ») ; Penser (Pascal) ; Penser (Passions) ; Penser (Patriarcat) ; Penser (Pédagogie) (1, 2) ; Penser (Penseurs / Penseuses) (1, 2, 3) ; Penser (Penseuses) (1) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Perception. Novalis) ; Penser (Permission) ; Penser (Personne) ; Penser (Pétain Philippe) ; Penser (Plotin) ; Penser (Polémique) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Politique (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Ponge Francis) ; Penser (Popper Karl) ; Penser (Postulat) (1, 2, 3, 4, 5) Par ordre chronologique (1) ; Penser (Pour ou contre) ; Penser (Préalable) (1, 2, 3) ; Penser (Prémisses) ; Penser (Prévert Jacques) ; Penser (Problématique) ; Penser (Problème) ; Penser (Projet) ; Penser (Prolongement de soi) ; Penser (Provocation) ; Penser (Prudence) ; Penser (Quantitativisme) ; Penser (Questions) (1, 2, 3) ; Penser (Questions / Réponses) (1, 2, 3, 4) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Penser (Raison) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Penser (Raisonner) ; Penser (Rationalisme) ; Penser (« Raton laveur Le ») ; Penser (Réalisme) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Penser (Reclus Élisée) (1, 2) ; Penser (Réfléchir (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Penser (Relativisme) (1, 2) ; Penser (Religion) (1, 2) ; Penser (Répéter) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (« Réseaux sociaux ») (1, 2, 3) ; Penser (Rêves) ; Penser (Riccoboni Marie-Jeanne) ; Penser (Rire) ; Penser (Rivière Jacques) ; Penser (Robin Armand) ; Penser (Rousseau Jean-Jacques) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Penser (Roy Arundhati) ; Penser (Roy Claude) ; Penser (Saint Phalle Niki de) ; Penser (Sand George) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Penser (Satire) ; Penser (Savoir) ; Penser (Scientisme) ; Penser (Sentiments [bons]) ; Penser (Serge Victor) ; Penser (Sévigné Madame de) ; Penser (Silence) ; Penser (Sophisme) ; Penser (Soupiot Alain) ; Penser (Spinoza Baruch) ; Penser (« Spécialistes ») ; Penser (Staël Germaine de) (1, 2, 3) ; Penser (Stalinisme) ; Penser (Steiner George) ; Penser (Stendhal) ; Penser (Stéréotype) (1, 2, 3) ; Penser (Suivisme. Sartre Jean-Paul) ; Penser (« Tabous ») (1, 2, 3, 4, 5) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Penser (Temps) (1, 2) ; Penser (Terkel Studs) ; Penser (Théologie) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Penser (Théorie) (1, 2, 3, 4, 5, 6) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8) ; Penser (Tolstoï Léon) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Penser (Trump Donald) ; Penser (Universalisme) ; Penser (Utilitarisme) (1, 2) ; Penser (Valeur) (1, 2, 3, 4, 5) ; Penser (Vaneigem Raoul) ; Penser (Vauvenargues) ; Penser (Vinci Léonard de) ; Penser (Vivre) ; Penser (Voix) ; Penser (Voltaire) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24) ; Penser (Wharton Edith) ; Penser (Yourcenar Marguerite) (1, 2) ; Penser (Wittgenstein Ludwig) ; Penser (Zinoviev Alexandre) ; Penser (Zola Émile) (1, 2) ; (840)

V. Penser. Liberté : Penser Liberté (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Par ordre alphabétique Liberté (Aron Raymond) ; Liberté (Badiou Alain) ; Liberté (Brontë Charlotte) ; Liberté (Cassez Florence) ; Liberté (Chateaubriand François-René de) ; Liberté (Diderot Denis) ; Liberté (Duport Adrien) ; Liberté (Flaubert Gustave) ; Liberté (France Culture) ; Liberté (Malraux Clara) ; Liberté (Mirabeau) ; Liberté (Pamuk Orhan) ; Liberté (Pagny Florent) (1, 2) ; Liberté (Reggiani Serge) ; Liberté (Stirner Max) ; Liberté (Suchon Gabrielle) ; Liberté (Varnhagen Rahel) ; Liberté (Vaujour Michel) ; Liberté (d’Expression) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Liberté (de la presse) (1, 2, 3, 4) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Liberté (Voltaire) (1, 2) ; (48)

VI. Penser. Morale : Penser (Morale) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17) ; Par ordre alphabétique Morale (Antonyme) ; Morale (Aspiration à la) ; Morale (Balkany Isabelle) ; Morale (Balzac Honoré de) ; Morale (Beccaria Cesare) ; Morale (Bloch Marc) ; Morale (Codes d’éthique) ; Morale (Condorcet) ; Morale (Courtois Stéphane) ; Morale (Critique) ; Morale (d’Agoult Marie) ; Morale (De Gaulle Charles) ; Morale (Féminisme) ; Morale (Flaubert Gustave) ; Morale (Gandhi) ; Morale (Guérin Daniel) ; Morale (Justice) ; Morale (Kant Emmanuel) ; Morale (La Bruyère Jean de) ; Morale (Lévy Élisabeth) ; Morale (Moraliste) (1) Par ordre chronologique (1) ; Morale (Mnouchkine Ariane) ; Morale (Nietzsche Friedrich) (1, 2, 3, 4) ; Morale (Novalis) ; Morale (Pareto Vilfredo) ; Morale (Patriarcat) ; Morale (Richesse) ; Morale (Simon Claude) ; Morale (Soi) ; Morale (Staël Germaine de) ; Morale (Tolstoï Léon) (1, 2) ; Morale (Voltaire) ; Morale (Weber Max) ; (55)

VII. Penser. Obéir : Penser. Obéir (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12) Par ordre alphabétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29) ; (41)

VIII. Penser. Principe : Penser. Principe (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11) ; Par ordre alphabétique : Principe (Attali Jacques) ; (Badinter Robert) ; Principe (Bakounine Mikhaïl-Michel) ; Principe (Beccaria Cesare) ; Principe (Brontë Charlotte) (1, 2) ; Butler (Samuel) ; Principe (Cicéron) ; Principe (Conrad Joseph) ; Principe (Constant Benjamin) (1, 2, 3, 4) ; Principe (Elgey Georgette) ; Principe (Gide André) ; Principe (Halphen Éric) ; Principe (Kantorowitz Ernst) ; Principe (Ozouf Mona) ; Principe (Rosanvallon Pierre) ; Principe (Rousseau Jean-Jacques) ; Principe (Saint- Just) ; Principe (Sand George) ; Principe (Taine Hippolyte) ; Principe (Simon Jules) ; Principe (Terkel Studs) ; Principe (Tocqueville Alexis de) ; Principe (Voltaire) ; (Winock Michel) ; (39)

IX. Penser. Vérité : Penser Vérité (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15) ; Par ordre alphabétique Vérité (Adages latins) ; Vérité (Alexievitch Svetlana) ; Vérité (Bardella Jordan) ; Vérité (Bardot Brigitte) ; Vérité (Béart Guy) ;Vérité (Berdiaev Nicola) ; Vérité (Bernanos Georges) ; Vérité (Brontë Charlotte) ; Vérité (Butler Samuel) ; Vérité (Buzyn Agnès) ; Vérité (Chaplin Charlie) ; Vérité (Chibas Edouardo) ; Vérité (Constant Benjamin) (1, 2) ; Vérité (Custine Astolphe de) ; Vérité (D'Agoult Marie) ; Vérité (Descartes René) ; Vérité (De Gaulle Charles) ; Vérité (D’Holbach Paul Thiry) ; Vérité (Dickens Charles) ; Vérité (Diderot Denis) ; Vérité (Eliot George) (1, 2) ; Vérité (Ferré Léo) ; Vérité (Ferry Luc) ; Vérité (Fillon François) ; Vérité (France Culture) ; Vérité (Frédéric II) ; Vérité (Gide André) ; Vérité (Garçon Maurice) ; Vérité (Gary Romain) ; Vérité (Goldman Emma) ; Vérité (Gramsci Antonio) ; Vérité (Grégoire Abbé) ; Vérité (Laclos Choderlos de Pierre) ; Vérité (Lamartine Alphonse de) ; Vérité (LCI) ; Vérité (Le Dœuff Michèle) ; Vérité (Leiris Michel) ; Vérité (Lessing Gotthold Éphraïm) ; Vérité (Lessing Doris) ; Vérité (Londres Albert) ; Vérité (Lounguine Liliana) ; Vérité (Macron Emanuel) ; Vérité (Malraux André) ; Vérité (Malaurie Jean) ; Vérité (Mann Thomas) ; Vérité (Mill Stuart) (1, 2, 3) ; Vérité (Morin Edgar) ; Vérité (Napoléon) ; Vérité (Nietzsche Friedrich) (1, 2) ; Vérité (Onfray Michel) ; Vérité (Pascal Blaise) ; Vérité (Pelloux Patrick) ; Vérité (Pléiade La) ; Vérité (Retz cardinal de) ; Vérité (Rolland Romain) ; Vérité (Russier Gabrielle) ; Vérité (Saint-Simon) ; Vérité (Sand George) (1, 2, 3, 4) ; Vérité (Schœlcher Victor) ; Vérité (Styron William) ; Vérité (Székely János) ; Vérité (Tolstoï Léon) (1, 2) ; Vérité (Trump Donald) ; Vérité (Voltaire) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14) ; Vérité (Weil Simone) ; Vérité (Yourcenar Marguerite) ; Vérité (Zay Jean) ; Vérité (Zemmour Éric) ; Vérité (Zinoviev Alexandre) ; Vérité (Zola Émile) (1, 2) ; (108)

13 octobre 2024 : 1762 items

I. Pensées :

Pensées :

Pensées (1) : Une pensée propre, singulière, autonome, ôte, interdit même la pensée d’une opposition, d’une division entre ‘adversaires’ ; et, dès lors, fait disparaître l’une des armes, banale certes, mais si efficace mise en œuvre par tous les pouvoirs, depuis Mathusalem.

Pensées (2) : Une pensée, étant nécessairement singulière, ne peut donc avoir vocation à être transmise : elle ne peut qu’être éclairante pour féconder, par la critique, d’autres pensées. Les notions mêmes d’‘école‘, de maître-sse et d’élève, d’émule, de disciple - et donc de pédagogie ? - sont en conséquence contradictoires avec la singularité de toute pensée. Toute référence à la fidélité, l’engagement, la dépendance, l’allégeance à quiconque est dès lors exclue ; et par là même, celle de contrat, de rupture, de dissidence, a fortiori de trahison.
* Ajout. 31 octobre 2017. Georg Groddeck [1866-1934], auteur de :
« […] Si vous voulez vraiment me succéder, regardez la vie par vous-même et dites honnêtement au monde ce que vous voyez. » 1

Pensées (3) : Comment nommer « pensée singulière » la somme individuelle de réflexions - lucides, novatrices, comme contradictoires, confuses, peu importe - alors qu’elle n’a pu être élaborée que par et dans l’histoire qui l’a précédée et l’a nourrie ?

Pensées (4) : Une pensée est nécessairement constituée, fécondée, nourrie par l’héritage des pensées antérieures, mais elle peut, elle doit rompre avec elles pour, en les dépassant, en constituer une autre. Découverte d’une évidence ? Chacun-e d’entre nous est en effet porteur-euse du conscient et de l’inconscient collectif que l’histoire a, ou non, relayé, occulté. Comment en élargir la conscience afin d’ouvrir la voie à son dépassement, là serait l’ambition ? Pour ce faire, clarifier les liens et donc les contradictions entre : ruptures, dépassements et recompositions ?
* Ajout. 22 juin 2018. Combien de circonvolutions sont-elles nécessaires afin d’éviter d’être confronté-es à l’inconscient collectif ? Et combien de révolutions ?
* Ajout. 19 novembre 2018. 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans l’une de ses interrogations sur l’histoire exprimées dans La guerre et la paix, écrit :
« […] Seuls les actes inconscients arrivent à maturité et l’homme qui joue un rôle dans un évènement historique n’en comprendra jamais la signification. Dès qu’il cherche à le pénétrer, il le stérilise. » 2
- « Seuls les actes inconscients arrivent à maturité » : sibyllin, mais riche d’interprétations nouvelles, me semble-t-il.

Pensées (5) : La lucidité s’oppose à la peur, laquelle empêche la pensée qui seule nourrit l’espoir.

Pensées (6) : Une pensée assassine peut-elle être tuée par une autre pensée ? Absurde ? Dans l’attente d’y voir plus clair, cette question me fait penser à : « guerre à la guerre » des sociaux-démocrates en 1914, slogan qui ne permet de rien comprendre et donc ne peut rien résoudre.

Pensées (7) : Quel-le qu’en soit l’auteur-e, quel que soit le sujet, l’objet, le style, la nature, la modalité d’expression ou de silence…une pensée - qu’elle soit fulgurante, évidente, encore confuse, souterraine, trébuchante, cheminante…- se reconnaît à ce qu’elle est à même d’en susciter d’autres ; et donc à ce qu’elle crée les conditions de l’apprentissage de sa propre réfutation…

Pensées (8) : Une pensée n’a pas à être mise en pratique, ni même à être jaugée sur sa capacité à l’être. Si tel était le cas, le terme n’aurait aucun sens.

Pensées (9) : Une pensée qui, à tort ou à raison, est présentée comme relevant du domaine du ‘général’, ne saurait être une pensée invoquée à l’encontre des agissements de quiconque en particulier. Et inversement… (Poursuivre)

Pensées (10) : Une pensée propre ne peut ni être partagée, ni avoir d’adversaire. Juste ? Non. (Poursuivre)

Pensées (11) : Une pensée peut être une source d’inspiration ; jamais une doctrine.

Pensées (12) : La richesse d’une pensée provient d’elle-même. Mais elle est aussi faite des liaisons, des articulations qu’elle tisse avec les pensées au sein desquelles elle s’insère, des ruptures qu’elle opère, des ouvertures qu’elle permet.

Pensées (13) : Toute pensée risque la mort faute de critique interne à elle-même et par elle-même.

Pensées (14) : Une pensée n’apparait que grâce à un processus d’accumulation de pensées antérieures, forgées par mille et mille personnes pendant des siècles.
* Ajout. 1er mai 2018. Une pensée a besoin d’hypothèses, d’engagements, de projets, de critiques, d’oppositions, lesquelles n’ont pas nécessairement besoin d’être exprimées par leurs auteur-es pour être prises en compte.

Pensées (15) : La pensée, c’est la liberté que chacun-e s’accorde à lui / elle-même.

Pensées (16) : Pour, aisément, présenter une pensée personnelle, quelques conditions sont requises : lui conférer une certaine valeur ; la considérer comme valide pour soi, et donc, éventuellement, valable pour d’autres ; l’estimer toujours évolutive ; et, surtout, ne réclamer en sa faveur aucune adhésion.

Pensées (17) : Une pensée baignée de silence… ; un silence ouvrant droit à la pensée…

Pensées (18) : Il en est des pensées non étayées comme des maisons non construites selon les normes parasismiques dans les zones soumises aux tremblements de terres ; lors des secousses, elles se couchent ou s’effondrent et souvent tuent. Malheureusement, sur leurs ruines, beaucoup sont reconstruites à l’identique.

Pensées (19) : Sa seule présence était une gêne, pour certain-es, rédhibitoire à la discussion. Il / elle le comprit et se retira. Avec intelligence.

Pensées (20) : La pensée fait fi de toutes les permissions, de toutes les autorisations. Elle n’a nul besoin de validation. Elle se suffit à elle-même. Mais tout, absolument tout, de la plus légère émotion furtive - pas même ressentie - à la tyrannie quotidienne peut la faire disparaître, pour un temps, le plus souvent pour la vie.

Pensées (21) : Si l’on pense qu’une pensée doit être mise en œuvre par celui / celle qui l’exprime alors on comprend mieux la crainte - alors légitime- qu’elle ne peut que susciter.
Mais la crainte est vaine car le postulat est faux. (Poursuivre)

Pensées (22) : Combien de pensées n’attendent-elles pour s’exprimer [le plus petit] moment de faiblesse de l’autre ?

Pensées (23) : Il n’y a pas de pensée « irréductible ». Y faire référence, c’est employer un argument que l’on veut, faute de mieux, massue.

Pensées (24) : Toute pensée, ambitieuse ou non, savante ou non, politique ou non, étant personnelle est nécessairement partiale et partielle.

Pensée (25) : Les pensées « fortes » avancées par les femmes sont souvent qualifiées de « fines ». Dans la meilleure des hypothèse…

Pensées (26) : Après la peinture tape-à-l’œil, la pensée tape-au-cerveau…

Pensées (27) : Une pensée fausse ne peut être ni utile, ni efficace, ni nécessaire. Sauf à la critique ?

Pensées (28) : La pensée ne s’arrête pas à nos pensées. La pensée n’a nulle limite, elle est infinie. Tout ce qui l’a empêchée de s’exprimer - et dieu sait si les forces en ce sens se sont cumulées, surajoutées les unes aux autres - doit être pensé pour être mieux combattu. (Cf. Penser)

Pensées (29) : Toute pensée peut sédimenter. En cas de catastrophe, les enfouissements peuvent réapparaitre à la surface. Disponibles pour qui veut les prendre.

Pensées (30) : Une pensée sera sans doute d’autant plus crédible, si son auteur-e, si auteur-e il y a, n’en retire aucun profit, même symbolique, personnel.

Pensées (31) : Comme elle / il était seul-e à défendre cette pensée, elle / il ne pouvait avoir raison.

Pensées (32) : Toutes les pensées sont asservies. La question du degré importe.

Pensées (33) : Quelle quantité d’émotions - et donc de pensées - une pensée doit-elle refouler pour [pouvoir] s’exprimer ?

Pensées (34) : Les pensées sont illimitées.

Pensées (35) : Les pensées se sèment, se cueillent, se ramassent, se repiquent, se replantent ; elles nourrissent, enrichissent, s’échangent, se partagent. Et se diffusent à nouveau.

Pensées (36) : Pourquoi veut-on, avec tant de systématisation, rabattre les pensées à leurs auteur-es ? Parce que cela les dissout dans le singulier.

Pensées (37) : On peut, il faut, sans doute, dévoiler, éviter les contradictions d’une pensée, mais aspirer à, chercher une cohérence de la pensée est absurde : elle supposerait un monde cohérent.

Pensées (38) : Toute pression exercée pour faire accepter une pensée est dirimante.

Pensées (39) : Nombreuses sont les pensées - exprimées ou non ici - qui doivent avoir pour finalité d’être dépassées. Le plus vite possible.

Pensées (40) : Toutes les pensées naissent de l’air du temps, d’un temps plus ou moins long.

Pensées (41) : Une pensée sans lien avec, détachée de son origine comme de sa finalité, me fait penser à un bouton cousu sur un vêtement.

Pensées (42) : Toute pensée a un valeur, ne serait-ce que celle de pouvoir être critiquée ; aucune n’a de valeur absolue.

Pensées (43) : La force d’une pensée réside souvent moins dans sa propre force que dans sa capacité à en déstabiliser, à détruire d’autres, à en susciter, à en créer de nouvelles, fussent-elles dans tout autre champ de la pensée.

Pensées (44) : À force de contraintes à l’obéissance, les pensées suivent, comme un ruisseau dans son lit, le chemin qui leur sont présentées. Les pensées, étouffées, dominées, n’arrivent pas à la vie ; elles suivent ‘naturellement’ les ordres reçus. Mais rien n’est jamais éternel.

Pensées (45) : Une pensée peut avoir pour projet, pour ambition d’embrasser, de comprendre « le réel », mais elle ne peut être, ne sera jamais, qu’individuelle, personnelle.

Pensées (46) : Il qualifia ses pensées de « prises de risques ».

Pensées (47) : Les pensées - comme les idées- ça se nettoie, se renouvelle, s’entretient, se confronte, s’oublie, s’enrichit…
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Par ordre alphabétique. Pensées :

Pensées. Abstraction :

Pensées (Abstraction) (1) : Plus une pensée est abstraite, plus elle révèle son incapacité à comprendre le monde.

Pensées (Abstraction) (2) : Pour empêcher, assécher, retarder, interdire les pensées [des rapport de domination], enfermer les expressions de la réalité du monde dans des unités, des termes, des ‘concepts’ abstraits tels que : le sexe, le genre, la liberté, la laïcité, la république, la démocratie, le marché, l’art, la culture, la bourgeoisie, l’Europe, l’Occident, la presse, le terrorisme, le monde musulman (ou arabe), la paix (sociale, dans les familles…), les Lumières, le pacifisme, le langage, la France, la sécurité, la prostitution, le libéralisme, internet, les réseaux sociaux, l’opinion publique, le féminisme, le ‘mouvement féministe’, la violence … est d’une terrifiante efficacité.
En conséquence, les contradictions sont évacuées, les failles sont colmatées, les ambiguïtés sont confortées, et /ou laissées en l’état, ou, plus justement, tout ceci, abordés à la marge.
- Mille débats ont, en ces termes, pourtant lieu…
- L’écriture de cet Abécédaire devrait - ou, du moins, ai-je ce risque en tête - prémunir de ces dangers les réflexions sur le patriarcat, et donc sur l’anatomie de notre monde.

Pensées (Abstraction) (3) : L’abstraction fait disparaître le sujet, l’objet, la finalité, le réel. Efficace pour tuer la pensée.

Pensées (Abstraction) (4) : L’abstraction, c’est créer les conditions de la confusion.

Pensées (Abstraction) (5) : L’abstraction se nourrit de généralisations qui ne laissent que peu ou pas de place aux singularités. (Poursuivre)

Pensées (Abstraction) (6) : Et, pourtant, nous avons besoin d’abstractions, de généralisations et de singularités. (Poursuivre)
* Ajout. 6 septembre 2020. Pourquoi ? Est-ce un outil ? À quelles conditions ? À quel prix ce détournement de la pensée ?

Pensées (Abstraction) (7) : Une abstraction se construit. Prendre l’une d’entre elles - quelle qu’elle soit - pour acquis, c’est bâtir sur du sable.

Pensées (Abstraction) (8) : L’abstraction - en son principe - ouvre la voie à toutes les interprétations : c’est pour cela - qu’en son principe - elle doit être démystifiée, citiquée, récusée, refusée, condamnée.

Pensées (Abstraction) (9) : L’abstraction dissout.

Pensées (Abstraction) (10) : Penser dans l’abstrait ne mène à rien. À penser ?

Pensées (Abstraction) (11) : Penser sur la base, sur le fondement d’une abstraction (le libéralisme, par exemple), c’est non pas penser dans le vide, mais dans le trop plein ; l’abstraction n’étant elle-même en effet construite que sur des siècles de pensées, elles-mêmes forgées sur des siècles d’histoire.

Par ordre chronologique. Pensées. Abstraction :

Pensées (Abstraction. Staal-Delaunay Marguerite-Jeanne) (1) : 1755. Marguerite-Jeanne Staal-Delaunay [1684-1750], dans les Mémoires de Madame de Staal, auteure de :
« Il se peut faire qu’une tête toute neuve qui n’est imbue d’aucune opinion, reçoivent plus aisément les idées abstraites, que celles qui sont déjà remplies de diverses pensées propres à s’embarrasser les unes avec les autres. » Oui. 3 (Cf. Penser. Opinion)

Pensées (Abstraction. Gérard de Lally-Tollendal Gérard de) (2) : (11 juillet) 1789. Gérard de Lally-Tollendal [1751-1830], député de la noblesse, à l’assemblée constituante - dont il démissionnera après les journées des 5 et 6 octobre 1789 - dans le « Premier discours sur la déclaration des droits de l’homme’, auteur de :
« […] Le peuple souffre et il ênous demande des secours bien réels bien plus que des définitions abstraites. » 4 (Cf. Droit. Droits de l’Homme, Politique)

Par ordre chronologique. Pensées. Abstraction. Edmund Burke :

Pensées (Abstraction. Burke Edmund) (3) : 1790. Edmund Burke [1729-1797], dans ses Réflexions sur la Révolution de France, auteur de :
« […] Je ne saurais prendre sur moi de distribuer la louange et le blâme à rien de ce qui a trait aux actions ou aux affaires humaines en ne regardant que la chose elle-même, dénuée de tout rapport avec ce qui l’entoure, dans la nudité et l’isolement d’une abstraction métaphysique. Quoi qu’en disent certains, ce sont les circonstances qui donnent à tout principe de politique sa couleur distinctive et son effet caractéristique. […] » 5 (Cf. Droit. Jurisprudence, Êtres humains. Soi. Burke Edmund, Penser. Principe, Politique. Burke Edmund, Philosophie. Métaphysique, Histoire)

Pensées (Abstraction. Burke Edmund) (4) : 1790. Edmund Burke [1729-1797], dans ses Réflexions sur la Révolution de France, auteur de :
« Mais comme les libertés et les restrictions varient avec les époques et avec les circonstances et qu’elles admettent les unes comme les autres une infinité de modifications, il n’existe pour les définir aucune règle abstraite ; et rien n’est si sot que d’en discuter en pure théorie. » 6 (Cf. Penser. Théorie, Philosophie)

Pensées (Abstraction. Burke Edmund) (5) : 1791. Edmund Burke [1729-1797], dans son texte Appel des whigs modernes aux whigs anciens, écrit :
« J’ai autant d’indulgence que personne pour les effusions qu’inspire l’amour général de la liberté. Ce zèle est non seulement louable, mais doit même être encouragé tant que la question est générale. […]
Mais dans une question où il s’agit de savoir si telle Constitution est un ou n’est pas un plan raisonnable de liberté, ces fleurs de rhétorique en faveur de la liberté en général, sont un peu déplacées. C’est supposer vrai ce qui est en question, et chanter la victoire avant la bataille. » 7 Si juste… (Cf. Droit. Constitutionnel, Relations entre êtres humains. Indulgence, Politique. Liberté, Philosophie)
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Pensées. Abstraction. Benjamin Constant :

Pensées (Abstraction. Constant Benjamin) (6) : (12 octobre) 1793. Benjamin Constant [1767-1830] écrit à Isabelle de Charrière [1740-1805] :
« Au reste, je ne suis pas, il s’en faut bien, l’ami des abstractions. Je les regarde comme la cause de la plus grande partie de nos erreurs, tant religieuses que politiques ; je suis d’autant plus confirmé dans cette opinion que les dévots et les aristocrates, tous deux également, ont recouru à des abstractions qu’ils réalisent pour éblouir et égarer notre sotte espèce. Les sans culottes les leur rende bien actuellement, s’il est possible que le résultat de tout cela soit que les abstracteurs n'existent bientôt plus que par leurs abstractions. » 8
Jugement de circonstance ?

Pensées (Abstraction. Constant Benjamin) (7) : 1797. Benjamin Constant [1767-1830], dans Des réactions politiques, auteur de :
« […] Dire que les principes abstraits ne sont que de vaines et inapplicables théories, c'est énoncer soi-même un principe abstrait. Car cette opinion n'est pas un fait particulier, mais un résultat général. C'est donc énoncer un principe abstrait contre les principes abstraits, et, par cela seul, frapper de nullité son propre principe. […] » 9 Fort pertinent. (Cf. Penser. Opinion. Théorie. Principe)
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Par ordre chronologique. Pensées. Abstraction. Hippolyte Taine :

Pensées (Abstraction. Taine Hippolyte) (8) : (27 janvier) 1852. Hippolyte Taine [1828-1893], dans une lettre à sa mère, auteur de :
« Faut-il regretter que mon avenir soit celui d’un savant ? Aujourd’hui il n’en est pas d’autre, la politique et les places ne donnant accès qu’à la servilité. Le seul chemin où l’on puisse avancer sans s’éclabousser de fange, est celui des découvertes abstraites. On m’eût empêché d’écrire et de parler sur l’État, le Devoir, le Droit, etc… Qui m’empêchera de publier que ce que j’aurais trouvé sur les nerfs et les sensations ? » 10
Une pensée encore bien confuse, dont il s’échappera.
Pensées (Abstraction. Taine Hippolyte) (9) : (7 juin) 1852. : Hippolyte Taine [1828-1893], dans une lettre à sa mère, auteur de :
« Le travail et le plaisir des découvertes scientifiques me consolent de tout. Il faut vivre comme moi dans la science abstraite pour n’avoir pas besoin de société. » 11 (Cf. Politique)

Pensées (Abstraction. Taine Hippolyte) (10) : 1875. Hippolyte Taine [1828-1893], dans les Origines de la France contemporaine, auteur de :
« Depuis trois siècles, nous perdons de plus en plus la vue pleine et directe des choses ; […] nous étudions […] au lieu des hommes sentants et agissants, des statistiques, des codes, de l’histoire, de la littérature, de la philosophie, bref des mots imprimés et, chose pire, des mots abstraits, lesquels de siècle en siècle, deviennent plus abstraits, partant plus éloignés de l’expérience, plus difficiles à comprendre, moins maniables et plus décevants, surtout en matière humaine et sociale. » 12
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Par ordre chronologique. Pensées. Abstraction. Léon Tolstoï :

Pensées (Abstraction. Tolstoï Léon) (11) : (mars-mai) 1847. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Toute pensée nouvelle que tu rencontres, compare-la avec les idées qui te sont connues. - Justifie par des exemples toutes les pensées [philosophiques. Biffé] abstraites. » 13

Pensées (Abstraction. Tolstoï Léon) (12) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, lors d’une réflexion sur les errements de l’histoire, auteur de :
« L’activité spirituelle, l’instruction, la civilisation, la culture, l’idée, tout cela, ce sont des notions abstraites, indéterminées, sous le couvert desquelles il est extrêmement facile d’employer des mots encore plus obscurs, que l’on peut par conséquent accorder avec n’importe quelles théories. » 14 Si juste, si fondamental… (Cf. Langage. Mots, Penser. Théorie, Philosophie, Histoire)

Pensées (Abstraction. Tolstoï Léon) (13) : 1877. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
« […] Des termes imprécis, tels que ‘esprit, volonté, liberté, substance’ présentaient un certain sens à son intelligence tant qu’il voulait bien se prendre au subtil piège verbal qui lui était tendu [par les philosophes, Platon et Spinoza, Kant et Schelling, Hegel et Schopenhauer] ; mais revenait-il après une incursion dans la vie réelle à cet édifice qu’il avait cru solide, celui-ci croulait comme un château de cartes […] » 15 (Cf. Langage, Philosophie)
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Pensées (Abstraction. Fiodor Dostoeïvski) (14) : 1875. Fiodor Dostoeïvski [1821-1881], dans L’adolescent, auteur de :
« Et c’est de qui je m’étonne ; nous ne faisions que traiter de questions abstraites, les plus humaines et les plus indispensables sans doute mais sans toucher aucunement à l’essentiel. » 16

Pensées (Abstraction. Deraismes Maria) (15) : 1883. Maria Deraismes [1828-1884], auteure, de :
« Il est à remarquer que toutes les iniquités, tous les forfaits plus ou moins juridiques, plus ou moins légaux, ont été accomplis, en histoire, au nom d’une entité quelconque, d’un être abstrait, un mythe : Dieu, la Foi, la Patrie, la raison d’État, érigés en tyrans. » 17
Une pensée philosophie politique d’envergure. (Cf. Droit, Justice, Penser. Mythe, Politique. Lois, Philosophie)

Pensées (Abstraction. Stendhal) (16) : 1839. Stendhal [1783-1842] écrivit, sur l’exemplaire dit Chapier, de La Chartreuse de Parme le commentaire suivant :
« Jamais de mot abstrait ». 18 (Cf. Langage. Mots)

Pensées (Abstraction. Karel Capek) (17) : 1920. Karel Capek [1890-1938], dans R.U.R., auteur de :
« Mais, qu’est-ce que vous voulez, c’est comme ça, Hélène. Moi aussi, j’avais mon petit rêve sur l’avenir de l’économie mondiale, une très belle idée à moi. Mais en faisant les calculs, je me suis rendu compte que l’histoire n’est pas faire des grands rêves mais des petits besoins des gens, qu’ils soient honnêtes, escrocs ou égoïstes. Les idées, l’amour, les projets, les actes héroïques, toutes ces choses abstraites sont bonnes à empailler et à exposer dans une vitrine du Musée de l’Homme avec une étiquette Ecce homo. Point. Et maintenant, est-ce qu’on peut me dire ce que nous allons faire ? » 19 (Cf. Êtres Humains, Penser, Idées, Économie, Histoire)

Pensées (Abstraction. Nizan Paul) (18) : 1932. Paul Nizan [1905-1940], dans Les chiens de garde, auteur de :
« La plus abstraite des pensées organisées au sein d’un système comporte, en dépit même de l’esprit qui la produit, des conséquences et des suites concrètes. […] » 20 (Cf. Politique, Philosophie. Nizan Paul)

Pensées (Abstraction. Gombrowicz Witold) (19) : 1953. Witold Gombrowicz [1904-1969], dans son Journal, auteur de :
« Quand donc en finirons-nous avec la tyrannie des mannequins de l’abstraction pour apercevoir à nouveau le monde concret ? » 21

Pensées (Abstraction. Yourcenar Marguerite) (20) : 1980. Marguerite Yourcenar [1903-1987], dans Les yeux ouverts, auteure de :
« […] Mais laissons tomber ces abstractions, qui sont à notre époque une des formes favorites de l’imposture, et regardons à nu… » 22

Pensées (Abstraction. Castoriadis Cornelius) (21) : 1990. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans Quelle démocratie ?, auteur de :
« Dans Du contrat social [1762. Jean-Jacques Rousseau. 1712-1778], la définition de la démocratie est limpide - et intenable, car procédant du pur jeu de notions abstraites. […] » 23 (Cf. Politique. Démocratie)
* Ajout. 8 octobre 2021. « Limpide ? » : texte, certes fondé sur des abstractions, mais pourtant, avec ses fulgurances, bien confus.

Pensées (Abstraction. Steiner George) (22) : 1995. George Steiner [1929-2020], dans un Entretien paru dans Les logocrates, auteur de :
« Rien n’est plus sot, plus sec, plus émasculé, plus châtré que ce qui s’écrit aujourd’hui dans l’université américaine sur l’école de Francfort, l’œuvre de gens qui n’ont jamais entendu une foule dans la rue, qui n’ont jamais humé l’odeur d’une prison, qui n’ont jamais su ce qu’est un camp de concentration, qui ne savent rien du fait que ces hommes ont vécu leurs abstractions dans leurs os, dans leur chair et dans leur sang, dans leurs tripes, qu’ils ont vécu leur siècle comme jamais nos mandarins fats ne le feront. » 24 (Cf. Hommes. « Intellectuels », Philosophie. Horkheimer Max. Steiner George)

Pensées (Abstraction. Mélenchon Jean-Luc) (23) : (18 octobre) 2018. Lorsque Jean-Luc Mélenchon, furieux, à juste titre, d’être exclu, à l’occasion d’une méga-perquisition, sans conteste politique, des locaux du principal parti d’opposition de gauche, Les Insoumis - a hurlé :
« La République, c’est moi ! » [en tant que député], il a sans doute moins été victime de son ego que d’une abstraction.
* Ajout. 2 décembre 2019. À moins que les deux, sans distanciation, eu égard notamment de la fonction de député, et a fortiori de « chef », ne coexistent, voire se renforcent mutuellement…
* Ajout. 15 décembre 2022. Dessin paru dans Le Canard enchaîné (p.5), sous le titre :
« Clémentine Autain réclame plus de démocratie à LFI [la France insoumise], on voit un Jean-Luc Mélenchon, furieux, crier :
« La démocratie, c’est moi ! » (Cf. Hommes. « Politiques ». Mélenchon Jean-Luc)

Pensées (« Adversaire ») : Penser sur les fondements des arguments de la critique d’« adversaires » révèle une paresse de l’esprit et s’avère une régression ; et y ajouter « adversaires outranciers » ne change rien à l’analyse.
Comprendre les fondements de ces pensées, là sont les avancées. (Cf. Politique. Adversaire)

Pensées (Akerman Chantal) : 2013. Chantal Akerman [1950-2015], auteure de :
« On ne peut ouvrir le monde que par la pensée. » 25

Pensées (Ambiguïté) : Comment maintenir délibérément l’ambiguïté d’une pensée ? :
« Laissons cela de côté, je vous prie … »

Pensées (Anarchie) : Combien de pensées de par le monde ont été brisées dans l’œuf, avec pour seul ‘argument’ :
Alors, ce sera l’anarchie…(Cf. Politique. Anarchisme)

Pensées (A priori) : Il / elle assurait n’avoir pas d’a priori ; il / elle s’imposait telle qu’en lui-même, en elle-même, sans aucune distanciation donc.

Pensées (Argument) : Ne pas avoir d’argument à opposer ne signifie pas avoir tort.
Variante : Ne pas être à même de démontrer un argument, certes, affaiblit son auteur-e, ne rend pas faux pour autant ce qu’il / elle énonce.

Pensées. Argumentaire :

Pensées (Argumentaire) (1) : Dans un argumentaire, lors d’une discussion - si l’on souhaite y répondre - c’est le postulat de la pensée de chacun-e qu’il faut d’abord chercher à comprendre. Et comme il est le plus souvent refoulé, inconscient, et si souvent absent, faute d’être fondé sur une quelconque analyse, l’immense majorité des débats ne mènent à rien et / ou ne créent encore qu’un peu plus de confusion.
Lorsqu’ils sont pertinents, percutants, neufs, lorsqu’ils ouvrent des horizons, quel bonheur ! (Cf. Penser. Postulat)

Pensées (Argumentaire) (2) : Combien d’argumentaires dont la fonction est de détourner l’évidence, masquer une vérité, conforter un mensonge, repousser le doute, semer la suspicion, éviter une responsabilité, créer un bouc émissaire … ?
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Pensées (« Atténuées ») : (20 octobre) 1939. Romain Rolland [1866-1944], dans son Journal, en N.B., à la suite d’une lettre critique adressée au rédacteur de la revue communiste Commune écrit :
« Ma première rédaction de cette réponse (retranscrite) était beaucoup plus catégorique encore et plus précise, en ce qui concerne ‘les autres questions connexes qui ont amené la scission dans nos rangs’, et je déclarais qu’il me serait impossible de collaborer avec une revue qui ne se prononcerai pas nettement contre la collusion de Moscou avec Hitler [1889-1945]. Mais, outre qu’il n’eût pas été prudent pour mon correspondant d’attirer sur lui et ses collaborateurs les soupçons de la censure postale, - je ne suis plus libre entièrement. J’ai un otage à Moscou [II s’agit du fils de son épouse qui y vit]. Je crains de l’exposer, en parlant. Il me faut mesurer mes paroles. Non que je trahisse ma pensée. Rien au monde ne le pourrait faire. Mais j’en atténue l’expression. » 26 (Cf. Femmes. Épouse de. Rolland Maria)

Pensées. Autoritaires :

Pensées (Autoritaires) (1) : Expressions, manifestations d’une pensée autoritaire :
- (15 mai) 1873. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Adolphe Thiers, alors président de la république [1797-1877] recommande fortement son ami Eugène Lambert [1825-1900] et ses tableaux [de chats] et lui écrit : « Tout le jury, et j’ose dire tous les peintres acclameraient sa décoration comme essentiellement méritée. » 27
- (1932 ?). Raymond Aron [1905-1983] : « Il n’y a qu’une seule question : […]. » 28
- 1957. Roland Barthes [1915-1921], dans Mythologies : « Cela n’a aucun intérêt. » 29
- 1965. Daniel Guérin [1904-1988], dans L’anarchisme, auteur de : « La seule solution eût été de … » 30
- 1971. (Congrès d’Épinay). François Mitterrand : « Nous sommes solidaires, tous… »
- 1979. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans Capitalisme moderne et révolution, auteur de : « Mais la question essentielle n’est pas là. » 31
- (21 mai) 2021. Cynthia Fleury : « Ce qu’il faut comprendre… » 32
- (4 juin) 2021. Éric Zemmour : « Qu’est-ce que disent les féministes d’aujourd’hui ? » Et il répond. 33
- (6 juin) 2021. Entendu : « Les femmes ne veulent pas se venger [des hommes]. »
- (14 juin) 2021. Éric Zemmour : « Nous, Français… » 34
- (22 juin) 2021. Bernard-Henri Lévy : « C’est ça la seule question. » 35
- (25 juin) 2021. Radio courtoisie : « Il faut leur faire prendre conscience de… »
- (28 juin) 2021. C. News : « Le débat a pris fin », puis : « Le débat est terminé ».
- (28 juin) 2021. C. News : « C’est ça, les causes des femmes ».
- (2 juillet) 2021. France Inter : « Silence dans les rangs ! On va vous couper les micros. »
- (8 juillet) 2021. France Culture. Geneviève Fraisse concernant Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe : « Elle va se poser toutes les bonnes questions. » 36
- (9 juillet) 2021. Jean-Claude Michéa, auteur de : « Ce livre [1984] doit être lu de cette façon… » 37
- (12 juillet) 2021. Emmanuel Macron, dans son discours télévisé, : « C’est le seul chemin. »
- (13 juillet) 2021. Benjamin Stora, auteur de : « Tout cela est bien connu… », « Le problème, ce n’est pas ça, pour Fanon… », « Sa préférence naturelle, c’est… », « Il n’y a pas eu de transmission… » 38
- (13 juillet) 2021. Cynthia Fleury, auteure de : « Les travaux de [...] qu’on connait bien… », « […] Ça, c’est évident » 39
- (14 juillet) 2021. Éric Zemmour sur C. News, auteur de : « Tout le monde le sait… », « C’est évident », « la vérité, c’est », « c’est ça le sujet fondamental », « je ne cesse de vous le dire », « tout le monde a compris », « on sait ça », « nous allons vers des troubles graves », « il y a une angoisse de la guerre civile », « les américains en rajoutent comme d’habitude », « tout le monde le sait », « il faut ça … »
Éric Zemmour n’explique pas, n’argumente pas, ne justifie pas : il assène… tout seul.
N.B. Je n’oublie pas son sourire grimaçant et quasiment comblé lorsqu’il évoqua l’hypothèse d’une bombe atomique lancée par l’armée française sur la Turquie.
- (22 juillet) 2021. Hubert Védrine, sur France Culture : « C’est un slogan idiot », « On perd son temps », « le décalage entre Marx et Lénine, vous voyez … »
- (29 juillet) 2021. Julie Gacon, sur France Culture, concernant Noam Chomsky, interroge Géraldine Muhlmann, ‘son’ invitée : « Qu’est-ce qu’il faut garder de lui ? »
- (7 août) 2021. Alain Finkielkraut, sur France Culture, auteur de : « C’est ça qui se dit dans la formule : ‘Je t’aime’. » 40
- (9 août) 2021. Jean-Luc Godard, sur France Culture, auteur de : « […] C’est le seul bon film qu’elle ait fait. » 41
- (12 août) 2021. Arnaud Desplechin, sur France Culture, auteur de : « Ce n’est pas ce qu’on admire chez lui. » 42
- (21 août) 2021. Alain Finkielkraut, sur France Culture, auteur de : « Si l’on veut répondre intelligemment à cette question, il faut […] », « Ce que le pape ne pense pas… », « même le pape ne sait plus croire », « Il faut soutenir cette revue », ainsi que cet échange : « J’espère ne pas » « Bien sûr que non. » 43
- (21 août) 2021. Pierre Manent, sur France Culture, auteur de : « Il y a un défaut d’analyse radicale chez le pape François… », « c’est ça l’humanisme », « être chrétien, c’est… » 44
- (24 août) 2021. Pauline Chanu, sur France Culture, concernant Olympe de Gouges [1748-1793], auteure de : « […] C’est cette image que nous garderons d’elle. » 45
- (25 août) 2021. Geneviève Fraisse, sur France Culture, auteure de : « Non pas du tout. Ça n’a rien à voir avec ça. » 46
- (11 septembre) 2021. Serge Hefez, sur France Culture, auteur de : « C’est un état de fait. » 47
- (11 septembre) 2021. Alain Finkielkraut, sur France Culture, après avoir opposé « la marche » [vers l’égalité] à « la scène », auteur de : « Moi, je veux réintégrer la démocratie comme une scène (?), et c’est le rôle que j’assigne à Répliques. » 48
- (12 septembre) 2021. Thierry Pech, sur France Culture, à Patrick Cohen, nouveau responsable de l’émission L’esprit public, peu suspect, par ailleurs, d’anti-macronisme, auteur de : « Vous avez posé la bonne question. » 49
- (9 octobre) 2021. Guillaume Cuchet, sur France Culture, auteur de : « On se place sur un mauvais terrain quand… » 50
- (12 octobre) 2021. Emmanuel Macron, auteur de : « Tous me disent… » 51
- (15 octobre) 2021. Jacques Rupnik, auteur de : « Pour tout le monde, les choses sont claires. » 52
- (16 octobre) 2021. Alain Finkielkraut, sur France Culture, auteur de : « Mona Ozouf dont personne ne peut suspecter le féminisme ». 53
- (17 octobre) 2021. Benjamin Stora : « Je travaille depuis une petite quarantaine d’années sur ces questions. » 54
- (23 octobre) 2021. Paul-Marie Coûteaux, sur Radio courtoisie (radio d’extrême-droite), auteur de : « Il faudra un jour régler nos comptes avec les élites multiculturelles ».
- (24 octobre) 2021. Alain Finkielkraut, sur C. News, auteur, entre autres, de : « L’Université est dévastée. »
- (31 octobre) 2021. Thierry Pech, sur France Culture, à Amy Dahan, auteur de : « Ce n’est pas ça le débat. » 55
- (14 novembre) 2021. Thierry Pech, sur France Culture, auteur de : « J’ai envie de vous mettre en garde contre les réponses intuitives. » 56
- (27 novembre) 2021. Jean-Louis Bourlanges, sur France Culture, auteur de : « Ceux qui ne comprennent pas ça, ne comprennent rien à l’Europe. » 57
- (23 janvier) 2022. Dominique Schnapper, sur France Culture, auteure de : « Comme ça n’intéresse personne… », suivi d’une référence aux « vrais problèmes ». 58
- (24 février) 2022. Entendu sur Radio courtoisie (radio d’extrême-droite) : « En France, on mange du porc. »

Pensées (Autoritaires) (2) : En quoi, comment, suis-je et/ou non porteuse de pensées autoritaires ? Ne pouvoir - encore ? - répondre à cette question, ne doit pas pour autant limiter mes relevés de ce que je perçois comme autoritaires dans les pensées des autres. Mieux, cette perception m’y aide.
* Ajout. 13 juillet 2021. … Ce qui me rappelle l’expression, dite enfantine, en réalité très profonde : « C’est celui qui le dit qui l’est. »

Pensées (Autoritaires) (3) : Galien [129-vers 216], auteur de :
« Je crois qu’il n’y a rien à ajouter à ce que je dis. » 59 (Cf. Histoire. Galien)
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Pensées. Honoré de Balzac :

Pensées (Balzac Honoré de) (1) : 1837-1843. Honoré de Balzac [1799-1850], dans les Illusions perdues, auteur de :
« Lucien [de Rubempré] fut en un moment séduit par les réflexions du gentilhomme, et charmé de voir s’ouvrir devant lui les portes du salon d’où il se croyait à jamais banni quelques mois auparavant. Il admira le pouvoir de la pensée. » 60

Pensées (Balzac Honoré de) (2) : 1844. Honoré de Balzac [1799-1850], dans La femme de trente ans, auteur de :
« Il existe des pensées auxquelles nous obéissons sans les connaître ; elles sont en nous à notre insu. Quoique cette réflexion puisse paraître plus paradoxale que vraie, chaque personne de bonne foi en trouvera mille preuves dans sa vie. En se rendant chez la marquise, Charles obéissait à l’un de ces textes préexistants dont notre expérience et les conquêtes de notre esprit ne sont, plus tard, que les développements sensibles. »
N.B. L’emploi du mot « texte » peut laisser penser qu’Honoré de Balzac exprime ici son analyse du processus de sa propre écriture. 61

Pensées (Balzac Honoré de) (3) : 1844. Honoré de Balzac [1799-1850], dans La femme de trente ans, auteur de :
« […] Donc, tous deux parlaient, mais le sujet primitif de leur conversation était bien loin d’eux ; et s’ils ne savaient plus le sens de leurs paroles, ils écoutaient avec délices les pensées secrètes qu’elles couvraient. » 62
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Pensées (« Ben voyons ! ») : (5 décembre) 2021. Lors du meeting d’Éric Zemmour à Villepinte, lorsqu’il a tenté de justifier qu’il n’était « pas un fasciste, pas un raciste, pas un misogyne », on a pu entendre dans la salle, bien disciplinée, des « Ben, voyons ! », mais on a pu lire aussi des pancartes - préalablement préparées donc - qui ont surgi dans le public sur lesquelles on pouvait lire aussi « Ben, voyons ! ».
Je découvre que des casquettes (fabriquées en Chine) comportent ce « Ben voyons ».
Si l’on voulait discréditer a priori l’idée même toute discussion, on trouverait difficilement plus efficace. Pourquoi donc serait-ce nécessaire ? Il est « le seul » - et entend bien ainsi le rester - à défendre « la liberté d’expression » : « Ben, voyons ! ».

Pensées (Bernhardt Sarah) : 1907. Sarah Bernhardt [1844-1923], dans ses Mémoires, auteure de :
« […] Nous logeons en nous notre plus terrible ennemi : ‘la pensée’, laquelle est sans cesse en contradiction avec nos actes ; laquelle se dresse parfois, terrible, perfide, méchante, et que nous essayons de chasser sans y réussir. Nous ne lui obéissons pas toujours, grâce à Dieu ! mais elle nous poursuit, nous lancine, nous fait souffrir. Que de fois les plus mauvaises pensées nous assaillent ! Et quel combat il faut livrer contre ces filles de notre cerveau ! La colère, l’ambition, la vengeance, font naître les plus détestables pensées, dont on rougit comme d’une tare, qui ne sont pas des nôtres, car nous ne les avons pas appelées, mais qui souillent quand même, et qui nous laissent désespérés de n’être pas seuls maîtres de notre âme, de notre cœur et de notre cerveau. » 63 (Cf. Êtres humains. Cerveaux, Femmes. Artistes. Bernhardt Sarah)

Pensées (« Bêtises ») : « Ne dis pas de bêtises ! » : Combien d’idées, d’espérances, de curiosités, de fulgurances, de radicalités ont-elles été sacrifiées sur l’autel de cette injonction ?
Et, dans le prolongement, combien d’entre elles ont-elles été brisées par un :
« Arrêtez ! », « Taisez-vous ! », « Ça suffit ! », « C’est moi qui parle ! », « Répondez à ma question ! », « Vous n’avez pas la parole ! », « Vous avez épuisé votre temps de parole », « Il vous reste 5 minutes » … (Cf. Pensées. Autoritaires)

Penser. Pensées. Binaires :

Pensées (Binaires) (1) : Quelques applications de la pensée binaire (en vrac) :
homme / femme ; homme / singe ; Adam / Ève ; Ève / Marie ; Ève / Lilith ; père / mère ; garçon / fille ; âme / corps ; chair / esprit ; psychique / organique ; bien / mal ; Tout va bien / tout va mal ; bien / mieux ; sujet / objet ; eux-elles / nous ; moi / toi ; moi / soi ; individu-e / société ; humain / non-humain ; physique / moral-e ; moral / immoral ; moral / a-moral ; immanence / transcendance ; juste / injuste ; universel-le / cosmique ; jeune / vieux-vieille ; enfant / adulte ; enfant / vieillard ; joie / plaisir ; plaisir / réalité ; ami-e / ennemi-e ; privé-e / public-que ; homo / hétéro ; père / mère ; marié-e / célibataire ; riche / pauvre ; honnête / malhonnête ; civil-e / militaire ; mortel-le / immortel-le ; gentil-le / méchant-e ; salarié-e / chômeur-se ; sage / fou-folle ; bon-ne / mauvais-e ; concordance / discordance ; gai-e / triste ; grossier-ère / subtil-e ; génétique / social ; malade / en bonne santé ; symétrie / dissymétrie ; qualité / défaut ; riche / pauvre ; enrichir / appauvrir ; optimisme / pessimisme ; vie / mort ; catholique / protestant-e ; normal / anormal ; universaliste / individualiste ; enracinement / déracinement ; assembler / séparer ; créancier-ère / débiteur-trice ; français-e (ou autre) / étranger-ère ; altruisme / égoïsme ; chose / personne ; mobile / immobile ; médaille / revers ; bruit / silence ; aller / retour ; manque / excès ; homogène / hétérogène ; dialogue / monologue ; joindre / disjoindre ; orient / occident ; cul / chemise ; identique / différent-e ; marxisme / [néo] libéralisme ; fermeté / modération ; nature / culture ; ange / démon ; génie / talent ; trône / autel ; dedans / dehors ; avant / après ; froid-e / chaud-e ; figuratif-ve / abstrait-e ; présent-e / absent-e ; trouvères / troubadours ; maître / esclave ; maître / disciple ; concret-ète / abstrait-e ; intérieur / extérieur ; cérébral / viscéral ; héros / anti-héros ; minéral / végétal ; anarchiste / libertaire ; visible / invisible ; monothéisme / polythéisme ; inférieur-e / supérieur-e ; majorité / minorité ; contradiction / combinaison ; commun / propre ; parler / dire ; parler / écrire ; lire / écrire ; semer / moissonner ; microcosme / macrocosme ; structurel / conjoncturel ; mythe / réalité ; signifiant / signifié ; cour / jardin ; œuf / poule ; droit / courbe ; unité / diversité ; intrinsèque / extrinsèque ; rire / pleurer ; transparent / opaque ; clitoris / pénis ; fascination / répulsion ; lave / pierre-ponce ; comique / tragique ; comédie / tragédie ; grave / léger ; amour / haine ; considération / déconsidération ; utopie / hétérotopie ; utopie / dystopie ; finesse / géométrie ; envers / endroit ; lâche / tendu ; cliques / claques ; haut / bas ; longitude / latitude ; pesanteur / grâce ; animé-e / inanimé-e ; lois / mœurs ; prospectif / rétrospectif ; volonté / velléité ; lumière / obscurité ; lumière / ombres ; calme / tempête ; blanc-he / noir-e ; grand-e / petit-e ; passer / casser ; pluie / beau temps ; maigre / gros-se ; déclaratif / contraignant ; belle / bête ; vide / plein-e ; accident / bavure ; peste / choléra ; actif-ve/ passif-ve ; actif-ve/ inactif-ve ; alya / yerida ; savoir / pouvoir ; savoir / connaître ; aujourd’hui / demain ; sabre / goupillon ; aiguille / botte de foin ; chêne / roseau ; urbain-e / rural-e ; victoire / défaite ; invariant / distinctif ; Alsace / Lorraine ; Haute Normandie / Basse Normandie ; Iran / Irak; France / Allemagne ; rassurer / inquiéter ; perdu-e [re]trouvé-e ; abstraction / figuration ; terre / ciel ; terrestre / céleste ; poison / contrepoison ; choisir / subir ; majuscule / minuscule ; vivre / être ; vivre / mourir ; passé / futur ; passé / présent ; minimal-e / maximal-e ; désir / possession ; ainé-e / puiné-e ; lourd-e / léger-ère ; se-che / humide ; dur-e / mou-olle ; force / faiblesse ; cru-e / cuit-e ; productif-ve / improductif-ve / contre-productif/ve ; ; dieu / diable ; diable / serpent ; bonus / malus ; pire / meilleur-e ; honte / fierté ; paradis / enfer ; clérical-e / anticlérical-e ; sabre / goupillon ; optimisme / pessimisme ; pile / face ; esprit / lettre ; esprit / livre ; degré / nature ; oral / écrit ; constater / critiquer ; capital / dette ; corrélation / causalité ; convergent-e / divergent-e ; ignorer / critiquer ; s’opposer / participer ; identité / modernité ; vulgaire / distingué-e ; stable / mouvant-e ; singulier-ère / pluriel-le ; œuf / poule ; eau / feu ; sur / sous ; amont / aval ; proue / poupe ; gai-e / triste ; moderne / antimoderne ; aile / cuisse ; gré / force ; naturaliste / réaliste ; achat / vente ; naitre / mourir ; largeur / longueur ; positif-ve / négatif-ve ; espace / temps ; ville / campagne ; optimiste / pessimiste ; réussite / échec ; avantage / inconvénient ; minceur / épaisseur ; chat / souris ; aiguille / botte de foin. simple / complexe ; court / long ; mémoire / oubli ; alpha / oméga ; wait / see ; porte / fenêtre ; conscience / inconscience ; matrilinéaire / patrilinéaire ; économique / social-e ; absolu-e / relatif-ve ; début / fin ; être / néant ; être / non-être ; être / avoir ; ouvert-e / fermé-e ; croyance / connaissance ; individuel-le / collectif-ve ; hasard / nécessité ; progrès / réaction ; consensus / dissensus ; frein / accélérateur ; rose / épine ; écrou / boulon ; autonomie / hétéronomie ; faucon / colombe ; instinct / raison ; intuition / raison ; foi / raison ; émotion / raison ; cause / effet ; vers / prose ; spécifique / générique ; incitatif / désincitatif ; analogie / antilogie ; simple / compliqué ; sciences exactes / sciences humaines ; lent / rapide ; meilleur / pire ; minimum / maximum ; bonheur / malheur ; favorable / défavorable ; prodigue / avare ; gite / couvert ; audible / inaudible ; sommet / contre-sommet ; patron / ouvrier ; salarié-e / usager-ère ; concordant-e / discordant-e ; premier-ère / dernier-ère ; nulle part / partout ; central-e / périphérique ; insurrection / contre-insurrection ; implicite / explicite ; ; absolu-e / relatif-ve ; manifeste / latent ; incarné-e / désincarné-e ; accusation / défense ; charge / contre-charge ; ancien-s / moderne-s ; moderne / antimoderne ; soit / soit ; pesanteur / grâce ; rouge / noir ; jeune / vieux-vielle ; jamais / toujours ; fond / forme ; dévote / indévote [Voltaire], complet / incomplet ; fin / moyen ; centré / décentré ; recette / débit ; action / réaction ; input / output ; faune / flore ; minéral / végétal ; sage / saint-e ; fou-folle / normal-e ; harmonie / rythme ; créature / créateur ; optimisme / pessimisme ; attaché-e / détaché-é ; gite / couvert ; sucré / salé ; brun-e / blond-e ; nain-e / géant-e ; sur / sous ; communion / désunion ; bête / intelligent-e ; théorie / pratique ; solidarité / insolidarité ; rêve / cauchemar ; gendarme / voleur-euse ; prisonnier-ère / surveillant-e ; ordre / désordre ; fascisme / communisme ; exploiteur-e / exploité-e ; monochrome / polychrome ; conservateur-trice / progressiste ; [rive] droite / [rive] gauche ; sympathique / antipathique ; sommet / base ; inductif-ve/ déductif ; objectif / subjectif ; névrose / psychose ; diachronique / synchronique ; inné-e / acquis-e ; totem / tabou ; château / chaumière ; paix / guerre ; Mars / Vénus ; oser / redouter ; nager / couler ; admirer / mépriser ; aurore / crépuscule ; ponant / levant ; sensible / intellect ; juif-ve / goy ; avancée / recul ; défensif-ve / offensif-ve ; parallèle / perpendiculaire ; civil / pénal ; militaire / civil-e ; GPA / PMA ; science / conscience ; thèse / antithèse ; corbeau / renard ; centrifuge / centripète ; absolu / relatif ; culture / contre-culture ; clé / serrure ; aller / venir ; composer / exécuter ; profane / sacré-e ; orthodoxe / hétérodoxe ; rationnel-le / irrationnel-le ; tout / partie ; négocier / manifester ; retraites / salaires ; introverti-e / extraverti-e ; sol / sang ; impressionnisme / expressionnisme ; détruire / construire ; pied / cap ; bric / broc ; moyen / fin ; matérialisme / idéalisme ; réflexion / décision ; polémique / réflexion ; dicible / indicible ; vrai-e / faux-sse ; pile / face ; ying / yang ; fini-e / infini-e ; création / destruction ; utile / nuisible ; eros / thanatos ; loi / ordre ; désordre / chaos ; pleins / déliés ; propre / sale ; racisme / antiracisme ; fiction / réel ; tout / rien ; force / faiblesse ; gagner / perdre ; grossir / maigrir ; image / son ; Anciens / Modernes ; grossir / grandir ; nouveau-elle / ancien-ne ; sueur / larmes ; chair / os ; partout / nulle part ; nord / sud ; ubac / adret ; est / ouest ; mélodie / harmonie ; pain / vin ; bourgeoisie / prolétariat ; hommes / femmes ; autour / alentour ; reins / cœurs ; orthodoxie / hétérodoxie ; bon vin / piquette ; arctique / antarctique ; futuriste / passéiste ; mérite / récompense ; poire / fromage ; madone / putain ; Maghreb / Machrek ; ashkénaze / sépharade ; fleur / épines ; titulaire / auxiliaire ; alpha / oméga ; émetteur-trice / récepteur-trice ; bon grain / ivraie ; papillons / lumière ; flux / reflux ; pathos / logos ; inflation / déflation ; art / non-art ; nomade /sédentaire ; mer / montagne ; atténuant-e / aggravant-e ; partir / arriver ; ressemblance / différence ; beau-belle / laid-e ; gagnant-e / perdant-e ; buteur / passeur ; valise / cercueil ; tireur / pointeur ; mondialisation / protectionnisme ; évènement / non-évènement ; permis-e / toléré-e ; interdit-e / autorisé-e ; maudire / bénir ; abscisse / ordonnée ; surface / profondeur ; addition / soustraction ; ombre / lumière ; comédie / tragédie ; opéra / opérette ; âge / anti-âge ; pub / contre-pub ; légal-e / illégal-e ; endogène / exogène ; possible / impossible ; train / avion ; vélo / voiture ; gain / perte ; sublime / grotesque ; clair-e / sombre ; sang / encre ; sang / larmes ; pur-e / impur-e ; croyable / incroyable ; ex-post / ex ante ; faillible / infaillible ; État / société civile ; État / marché ; régner / gouverner ; vérité / mensonge ; trame / chaine ; rupture / continuité ; sédatif / stimulant ; curatif / préventif ; préventif / répressif ; réussir / rater ; belle / bête ; vessie / lanterne ; chèvre / chou ; question / réponse ; obéir / commander ; obéir / désobéir ; obéir / résister / droit / devoir ; feu / glace ; promettre / jurer ; faim / soif ; carnivore / herbivore ; sens / non-sens ; vice / vertu ; pousser / tirer ; propre / figuré ; astronomie / astrologie ; domination / soumission ; vertical-e / horizontal-e ; coupable / pas coupable ; coupable / innocent-e ; majoritaire / minoritaire ; compétition / collaboration ; réalité / apparence ; collectionner / conserver ; point / virgule ; point / ligne ; pipi / caca ; pot de terre / pot de fer ; torchon / serviette ; lard / cochon ; peste / choléra ; marteau / enclume ; loup / agneau ; chien / loup ; chat / souris ; crapaud / prince charmant ; bœuf / vache ; bœuf / âne ; lièvre / tortue ; carpe / lapin ; proie / ombre ; allié-e / rallié-e ; liberté / sécurité ; loin / proche ; équilibre / déséquilibre ; superstructure / infrastructure ; liberté / nécessité ; liberté / détermination ; jureur / réfractaire ; miracle / mirage ; Arabes / Berbères ; Turc-ques / Kurdes ; bémol / dièse ; liseron / volubilis ; arbre / écorce ; grévistes / usagers-ères ; fil / aiguille ; mouche / marteau-pilon ; manche / cognée ; économie / social ; économie / santé ; micro / macro [économie] ; Keynésien-ne / antikeynésien-ne ; Flers / Caillavet ; Meilhac / Halévy ; Laurel / Hardy ; Communard-es / Versaillais ; Dreyfusard-es / Anti-Deyfusards ; présidentiel / parlementaire ; individualisme / collectivisme ; sabre / goupillon ; chanson / chansonnette ; réforme / révolution ; révolte / répression ; réforme / contre-réforme ; de facto / de jure ; beurre / argent du beurre ; comment / pourquoi ; nécessaire / superflu-e ; banal / exceptionnel ; matériel-le / spirituel-le ; jour / lendemain ; donner / recevoir ; rien / tout ; divin-e / humain-e ; ver de terre / étoile ; tradition / modernité ; eau / feu ; eau / vin ; eau / huile ; huile / vinaigre ; lisse / rugueux ; analogie / homologie ; nationalisme / internationalisme ; nationalisme / localisme ; phrase / antiphrase ; fromage / dessert ; monter / descendre ; fond / tréfonds ; cercle / carré ; A / B ; A / Z ; cynique / naïf ; sérieux / sacrifice ; rose / réséda ; chrysalide / papillon; satire / pamphlet ; forme / contenu ; paille / poutre ; mépris / estime ; introduction / conclusion ; mouche / gobe-mouche ; étanche / perméable ; carotte / bâton ; top / flop ; compère / commère ; analyseur-se / analysé-e ; officiel / officieux ; probable / certain ; probabilités / certitudes ; décadence / renaissance ; Jean qui rit / Jean qui pleure ; Jean / Jeanne ; Pierre / Pierrette ; rassurer / protéger ; France d’en haut / France d’en bas ; Léopoldville / Kinshasa ; Constantinople / Istanbul ; Leningrad / Saint Pétersbourg ; Taïwan / Formose ; Paris / province ; Capitole / roche tarpéienne ; Pierre / Paul ; Marthe / Marie ; Philémon / Baucis ; Stoïciens / Épicuriens ; Léa / Rachel ; Don Quichotte / Sancho Pança ; Lutèce / Paris ; Grecs / Barbares; Grecs / Romains ; Hutus / Tutsis ; Jason / les argonautes ; Chiites / Sunnites ; FTP / FFI ; Corneille / Racine ; Machiavel / Kant ; Shéhérazade / sultan ; Othello / Desdémone ; Psyché / Cupidon ; Vénus / Adonis ; Sherlock Holmes / Watson ; Pygmalion / Galatée ; Icare / Prométhée ; Caïn / Abel ; Circé / Pénélope ; Antigone / Créon ; Roumi / Shams de Tabriz ; Pallas / Minerve ; Iliade / Odyssée ; Camus / Sartre ; Sartre / Aron ; Aristophane / Sophocle ; Remus / Romulus ; Hadrien / Antinous ; Thésée / Ariane ; Vénus / Adonis ; Charybde / Scylla ; David / Goliath ; Samson / Dalila ; Titus / Bérénice ; Daphnis / Chloé ; Israël / Palestine ; Sodome / Gomorrhe ; Aspasie / Périclès ; Judith / Holopherne ; Orphée / Eurydice ; Rameau / Lully ; Sparte / Grèce ; Achab / Ismaël ; Bartali / Coppi ; Poulidor / Anquetil ; Tintin / Milou ; Buster Keaton / Charlot ; Caliban / Prospero ; David / Saül ; Esméralda / Quasimodo ; Achille / Hector ; Ulysse / Cyclope ; Hector / Achille ; Tarzan / Jane ; Mickey / Minnie ; Docteur Jekyll / Mister Hyde ; Nicolas / Pimprenelle ; Henry IV / poule au pot ; Saint Louis / chêne ; Horace / Curiace ; Isis / Osiris ; Montaigu / Capulet ; Capétiens / Plantagenets ; Junon [bien que sœur et épouse de] / Jupiter ; Duquesnois / Groseille ; Lénine / Staline ; Hitler / Staline ; Trotsky / Staline ; Chimène / Rodrigue ; Babar / la vieille dame ; Bécassine / la marquise de Grand air ; Laurel / Hardy ; De Gaulle / Pétain ; Héraclite / Démocrite ; Jonas / la baleine ; Platon / Aristote ; Wotan / Brunhilde ; Haydn / Mozart ; Gluck / Puccini ; Donald Trump / Hilary Clinton ; Apollon / Dionysos ; princesse / prince charmant ; Emmanuel Macron / Le Pen ; Héloïse / Abélard ; Roméo / Juliette ; Jets / Sharks ; Blanche-neige / prince charmant ; Petit Poucet / ogre ; père Noël / père Fouettard ; Héloïse / Abélard ; Laure / Pétrarque ; Électre / Oreste ; Saint Georges / dragon ; aristocrates / bourgeois ; capital / travail ; bourgeois / classe ouvrière ; résistants / collaborateurs ; Appel du 18 juin / armistice ; royalistes / républicains ; démocrates / républicains ; Bolchéviques / Menchéviks ; Girondins / Jacobins ; peuple / élites ; château / chaumière ; Gilets jaunes / casseurs ; Gilets jaunes / C.R.S ; économique / social ; temps / espace; héros / victime ; victimes / bourreaux ; [de] gré / [de] force ; coût / bénéfice ; risque / avantage ; gagnant / placé ; zéro / infini ; godillots / frondeurs ; contrebandier / douanier ; CDD / CDI ; Brexit (Yes) / Brexit (No) ; bads guys / good guys ; somewhere / anywhere ; vaginales / clitoridiennes ; anthropocène / holocène ; criminel / enfant de chœur ; tes amies / mes enfants ; like / dislike [Facebook] ; intuitif / contre-intuitif ; affronter / confronter ; associer / dissocier ; métaphysique / pataphysique ; armistice / capitulation ; chômage / plein emploi ; métaphore / métonymie ; fantasme / réalité ;
- De deux choses l’une…
- D’un côté ou de l’autre…
- Face à face…
- Dos à dos…
- Tête à tête
- Dialogue.
Et tout ceci devant être critiqué, en soi, et à l’aune de pensées [anti] patriarcales. Dur, dur…
Au vu de ce déballage, assurément non exhaustif, je me demande si, quand, dans quelles conditions, le monde a-t-il pu raisonner, penser autrement que sur la base de ces oppositions… binaires ?
- Penser donc à ce relevé avant de répondre à la question : Êtes-vous : pour ou contre ?
Ou : pour et contre ? au même moment ? en même temps ? et/ou réciproquement ? (Cf. Langage, Patriarcat. Penser) 64
* Ajout. 12 octobre 2018. Quel statut, dès lors, sur cette réalité si diverse, accorder à la critique de la « pensée manichéenne » ? (Cf. Penser. Pensées. Abstraction. Manichéenne)

Pensées (Binaires) (2) : La comparaison épuise l’entendement ; et ce d’autant que les termes ne sont pas préalablement définis et resitués dans leur contexte. Dès lors, la discussion qui bloque les champs des possibles ne peut mener qu’à l’enfermement de la critique au sein d’une pensée rigidifiée. Les termes du débat pensés comme « binaires » ne peuvent que reproduire le postulat. - Et, le « forçage du - au - binaire » notamment incarné par Emmanuel Macron le 15 septembre 2020 utilisant la France des lumières afin de justifier la nécessité de la 5 G [téléphone mobile] - est, à de nombreux titres, inquiétante. (Cf. Penser. Comparaison, Histoire. Macron Emmanuel)

Pensées (Binaires) (3) : Entendu : « [En France], quand on n’est pas d’accord, on est contre. » Quel lien avec la pensée binaire ?
* Ajout. 31 décembre 2018. Pierre Desproges [1939-1988], auteur de :
« Je n’ai rien contre les racistes. Au contraire. »

Pensées (Binaires) (4) : Entre les « climato sceptiques » et ceux et celles qui croient au réchauffement de la planète et à ses dangers, quelle place accorder à la si nécessaire critique de la fonction politique et économique que se joue actuellement la lutte contre le réchauffement de la planète ?

Pensées (Binaires) (5) : Une pensée binaire - dont se nourrissent les débats qui nous sont quotidiennement proposés, imposés - oppose une pensée féministe à une pensée antiféministe. Au lieu et place de : nombre de pensées féministes. (Insuffisant. Poursuivre)

Pensées (Binaires) (6) : Pensées binaires ; pensées sommaires ; pensées fausses…
* Ajout. 14 février 2023. Pas toujours. (Poursuivre)

Pensées (Binaires) (7) : « En même temps » : le contraire d’une pensée binaire : ?
* Ajout. 27 juin 2023. Bien sûr que non. Le cumul de toutes les contradictions d’une pensée…, si pensée, il y a.

Pensées (Binaires) (8) : « Où placer le curseur ? » : formule de plus en plus banale. Ne veut rien dire. Crée et maintient la confusion. Ne remet en aucun cas une pensée binaire.

Pensées (Binaires) (9) : L’introduction d’un troisième terme [exemple : le purgatoire entre l’enfer et le paradis] atténue certes l’opposition des deux termes de cette pensée, mais il ne la supprime pas.

Pensées (Binaires) (10) : Dans le cadre d’une pensée binaire, qu’en est-il de l’alliance des contraires ? L’une est-elle la condition de l’autre ? (Poursuivre : manque de dialectique…)

Pensées (Binaires) (11) : L’opposé - si opposé il y a - de « masculin » n’est pas « féminin », mais « féministe ». (Poursuivre)
* Ajout. 10 mai 2023. Faux. à reprendre.

Pensées (Binaires) (12) : Victor Hugo [1802-1885] a souvent été critiqué pour son manichéisme. Si cette analyse peut être justifiée, la réduire à cela, c’est présenter une vision si simpliste, si grossière, qu’elle juge son auteur-e. Mais, plus profondément, n’est-ce pas les oppositions de valeurs - souvent incarnées dans ses œuvres, et qui en font aussi la valeur - auxquelles se réfère Victor Hugo qui en est la cause cachée ?

Pensées (Binaires) (13) : Critiquer les fondements binaires d’une pensée est la première étape ; la seconde est de critiquer les fondements de la comparaison, de l’opposition ; la troisième est d’en penser les significations.

Pensées (Binaires) (14) : Le contraire d’une logique binaire n’est pas une pensée de « la gradation » [Mireille Delmas-Marty. 11 mai 2011]

Pensées (Binaires) (15) : [après avoir vu Le général della Rovere [1959] de Roberto Rosselini [1906-1979] Il est des moments où les pensées sont - et doivent - être binaires, car les choix sont binaires, et qu’il faut choisir son camp.

Pensées (Binaires) (16) : La critique faite à l’extrême-droite de la « rhétorique de l’inversion » conforte la binarité de la pensée. Elle est de plus absurde, car cette critique est bien entendu renversable.

Pensées (Binaires) (17) : « La France et… », « Les français et… » : Quelle bêtise !

Pensées (Binaires) (18) : Les pensées binaires évitent d’avoir à penser les termes du débat. C’est son principal avantage.

Par ordre chronologique. Pensées. Binaire :

Pensées (Binaires) (1) : 1717. Le cardinal de Retz [1613-1679], dans ses Mémoires, cite :
« […] La maxime qui nous ordonne de nous pas si fort choquer des fautes de ceux qui sont unis avec nous, que nous en donnions de l’avantage à ceux contre lesquels nous agissons. » 65 (Relire le texte)

Par ordre chronologique. Pensées. Binaires. Voltaire :

Pensées (Binaires) (2) : (janvier) 1768. Voltaire [1694-1778] écrit à Gabriel Cramer [1723-1793] :
« Je veux ramener les hommes à l’amour de l’humanité par l’horreur de la barbarie. » 66 (Cf. Relations entre êtres humains. Aimer / Haïr, Penser)

Pensées (Binaires) (3) : (13 juillet) 1768. Voltaire [1694-1778] écrit à madame du Deffand [1697-1780] :
« Ne vous acquittez pas d’un usage prescrit, vous êtes un monstre d’athéisme. Acquittez-vous- en ; vous êtes un monstre d’hypocrisie. Telle est la logique de l’envie et de la calomnie. » 67
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Pensées (Binaires) (4) : (16 juillet) 1789. Mirabeau [1749-1791], dans son Discours sur le droit qu’à l’Assemblée de juger les ministres, auteur de :
« Vous n’admettez aucun intervalle entre un morne silence et une dénonciation sanguinaire. Se taire ou punir, obéir ou frapper, voilà votre système. Et moi, j’avertis avant de dénoncer ; je récuse avant de flétrir […]. » 68 (Cf. Penser. Juger. Obéir)

Pensées. Binaires. Saint-Just :

Pensées (Binaires) (5) : (13 novembre) 1792. Discours de Saint-Just [1767-1794] sur la mort du roi Louis XVI [1754-1793] :
« […] Pour moi, je ne vois pas de milieu : cet homme doit régner ou mourir. […] » 69 (Cf. Justice. Peine de mort, Politique)

Pensées (Binaires) (6) : (27 décembre) 1792. Discours de Saint-Just [1767-1794] à la tribune sur la mort de Louis XVI [1754-1793] :
« Si Louis XVI est innocent, le peuple est coupable. » 70 (Cf. Justice. Peine de mort, Politique)
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Pensées (Binaires) (7) : (3 décembre) 1792. Discours de Robespierre [1758-1794] sur la mort du roi Louis XVI [1754-1793] :
« Louis doit mourir, parce qu’il faut que la patrie vive. » (Cf. Justice. Peine de mort, Politique)

Pensées (Binaires) (8) : (20 janvier) 1793. Lebas, député du pas de Calais, après la mort du roi Louis XVI [1754-1793], écrit :
« C’est à présent surtout qu’on peut dire : vivre libre ou mourir. » 71 (Cf. Justice. Peine de mort, Politique)

Pensées (Binaires) (9) : (janvier) 1796. Edmund Burke [1729-1797], dans sa Lettre à un noble Lord, auteur de :
« Le cœur humain n’est pas fait pour les contraires, et la nature ne lui a pas donné la faculté de s’attendrir toute à la fois sur l’oppresseur et sur l’opprimé. » 72 (Cf. Justice)

Pensées (Binaires) (10) : 1796. Denis Diderot [1713-1784], dans Jacques le fataliste, auteur de :
« Il vaut mieux épouser que souffrir. J’épouse. » 73 (Cf. Hommes, Famille. Mariage)

Pensées. Binaires. Paul-Louis Courier :

Pensées (Binaires) (11) : (mai) 1804. Paul-Louis Courier [1772-1825], alors chef d’escadron écrit à A.M.N :
« […] Ce matin, d’Anthouard [colonel du 1er régiment d’artillerie à cheval] nous assemble et nous dit de quoi il s’agissait, mais tout bonnement, sans préambule, ni péroraison. Un empereur ou la République, lequel est le plus à votre goût ? Comme on dit rôti ou bouilli, potage ou soupe, que voulez-vous ? […] » (Lire la suite) 74

Pensées (Binaires) (12) : (juillet) 1807. Paul-Louis Courier [1772-1825] écrit à Monsieur de Sainte-Croix [Guillaume. 1747-1809] :
« […] Maître et bon, maître et juste, ces mots s’accordent-ils ? Oui, grammaticalement, comme honnête larron, équitable brigand. » 75 (Cf. Langage. Adjectif. Mots, Politique. Hiérarchie)
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Pensées. Binaires. Honoré de Balzac :

Pensées (Binaires) (13) : 1837-1843. Honoré de Balzac [1799-1850], dans les Illusions perdues, auteur de :
« Lucien [de Rubempré] ignorait avec quel art le oui s’emploie dans le beau monde pour arriver au non, et le non pour amener un oui. » 76 (Cf. Penser. Consentir)

Pensées (Binaires) (14) : 1837-1843. Honoré de Balzac [1799-1850], dans les Illusions perdues, auteur de :
« Mon petit, en littérature, chaque idée a son revers et son endroit ; personne ne peut prendre sur lui d’affirmer quel est l’envers. Tout est bilatéral dans le domaine de la pensée. Les idées sont binaires. Janus est le mythe de la critique et le symbole du génie. Il n’y a que Dieu de triangulaire. […] » 77

Pensées (Binaires) (15) : 1837-1843. Honoré de Balzac [1799-1850], dans les Illusions perdues, auteur de :
« Jamais les moralistes ne parviendront à faire comprendre toute l’influence que les sentiments exercent sur les intérêts. Cette influence est aussi puissante que celle des intérêts sur les sentiments. Toutes les lois de la nature ont un double effet, en sens inverse l’une de l’autre. » 78 (Cf. Êtres humains. Relations entre êtres humains. Économie)
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Pensées (Binaires) (16) : 1850. François-René de Chateaubriand [1768-1848], dans les Mémoires d’Outre-tombe, auteur de :
« Nous avons deux poids et deux mesures : nous approuvons, pour une idée, un système, un intérêt, un homme, ce que nous blâmons pour une autre idée, un autre système, un autre homme. » 79

Pensées (Binaires) (17) : 1853. Jules Michelet [1798-1874], dans son Histoire de la Révolution française, concernant sa méthode, écrit avec justesse, avec honnêteté :
« Nous n’avons jamais donné un jugement total, indistinct, nul portrait proprement dit ; tous presque tous sont injustes, résultant d’une moyenne qu’on prend en tel et tel moment du personnage, entre le bien et le mal, neutralisant l’un par l’autre, et les rendant faux tous les deux. Nous avons jugé les actes, à mesure qu’il se présentent, jour par jour et heure par heure. Nous avons daté nos injustices ; et cela nous a permis de louer souvent des hommes que plus tard il faudra blâmer. Le critique oublieux et dur condamne trop souvent des commencements louables en vue de la fin qu’il connait, qu’il envisage d’avance. Mais nous ne voulons pas la connaitre cette fin ; quoi que cet homme puisse faire demain, nous notons à son avantage le bien qu’il fait aujourd’hui ; le mal viendra assez tôt : laissons-lui son jour d’innocence, écrivons-le soigneusement au profit de sa mémoire. » (Cf. Penser. Critique. Méthode, Politique. Morale, Histoire)

Pensées (Binaires) (18) : 1859. Karl Marx [1818-1883], dans sa Préface à la Critique de l’économie politique, auteur de :
« Les méthodes de production de la vie matérielle conditionnent d’une façon générale le processus social, politique et intellectuel de la vie. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine la forme de leur existence, mais au contraire la forme sociale de leur existence qui détermine leur conscience. »

Pensées (Binaires) (19) : (17 août) 1863. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Amable Louis-Boué de Villiers [1834-1883 ?], auteure de :
« Vous avez dans l’esprit le pour et le contre très accusés, avec de grands principes d’équité au milieu. » 80 Quelle critique !

Pensées (Binaires) (20) : 1863. La comtesse de Ségur [1799-1874], dans Le général Dourakine, auteure de :
« Je ne comprends pas très bien mais je suis contente que vous soyez Polonais et catholique ; c’était une peine pour moi de vous croire Anglais et protestant. » 81

Pensées (Binaires) (21) : 1873. John Stuart Mill [1806-1873], dans son Autobiographie, auteur de :
« Considérer que les principes du Bien et du Mal s’affrontent éternellement permet d’éviter le problème central de la théodicée chrétienne, celui de l’existence du mal dans un monde créé par un Dieu bienveillant et tout puissant. » 82

Pensées (Binaires) (22) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, concernant Gauvin et l’homme qui avait voulu le tuer, auteur de :
- « Je veux mourir »
- Tu vivras : tu as voulu me tuer au nom du roi ; je te fais grâce au nom de la république. » 83 (Cf. Dialogues)

Pensées (Binaires) (23) : 1876. Hippolyte Taine [1823-1893], dans Les origines de la France contemporaine, auteur de :
- (Concernant les aristocrates après 1789) : « Ce n’est point contre l’ordre nouveau, c’est contre le désordre brutal qu’ils se liguent. »
- (Concernant les Jacobins) : « Au contraire [du puritain], chez le Jacobin, la première injonction n’est pas morale, mais politique ; ce ne sont pas ses devoirs mais ses droits qu’il exagère, et sa doctrine, au lieu d’être un aiguilon pour la conscience, est une flatterie pour l’orgueil. »
- (Concernant « le programme jacobin de Paris) : « La séparation des Français en deux classes, la spoliation de l’une, le despotisme de l’autre, l’écrasement des gens aisés, rangés et probes sous la dictature de gens qui ne le sont pas. » 84 (Cf. Politique. Dictature. « Gilets jaunes ». Révolution française, Histoire. Révolution française)

Pensées. Binaires. Léon Tolstoï :

Pensées (Binaires) (24) : 1877. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
« La politique extérieure fit les premiers frais de la conversation. Métrov cita quelques paroles significatives prononcées par l’empereur et qu’il tenait de source certaine, ce à quoi Katavassov opposa des paroles d’un sens diamétralement opposé et de source également certaine ; Lévine demeura libre de choisir entre les deux versions. » 85

Pensées (Binaires) (25) : (27 décembre) 1907. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit à Henryk Sienkiewicz [1846-1916] :
« Je pense qu’aujourd’hui tout homme moralement sensible ne peut avoir de doute sur ce choix ; être un Prussien solidaire de son gouvernement, ou un Polonais chassé de son toit. »

Pensées (Binaires) (26) : (17-20 août) 1908. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit à Mikhaïl Pétrovitch Novikov [1871-1932] :
« […] Il vaut mieux être exploité qu’exploiteur […]. » 86 (Cf. Êtres humains. Valeur, Économie. Valeur)
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Pensées (Binaires) (27) : 1917. Vilfredo Pareto [1848-1923], dans son Traité de sociologie générale, auteur de :
« Qui attaque Machiavel [1469-1527] l’accuse de prêcher aux princes de devenir des tyrans ; qui l’excuse répond qu’il a seulement montré comment on peut atteindre ce but, mais qu’il n’a pas recommandé ce but.
L’accusation et l’excuse peuvent subsister toutes les deux, mais elles sont étrangères à la question de savoir comment les faits se passeront, en certains cas hypothétiques.
» 87 (Cf. Politique. Machiavel)

Pensées (Binaires) (28) : (7 octobre) 1925. Michel Leiris [1901-1990], dans son Journal évoque la politique du parti communiste vis-à-vis de l’Internationale communiste. Une note cite une phrase de Louis Aragon [1897-1982] :
« Tout débat public ayant pour objet le PCF est contre-révolutionnaire. »
* Ajout. 9 mai 2022. Le 29 décembre 1982, Michel Leiris écrit :
« Aragon, mort le 24 décembre, a été honoré hier par le PCF, puis inhumé dans l’après-midi à saint-Arnoult. Au cours de la cérémonie - quasi nationale - du matin, Pierre Mauroy [premier ministre] et Georges Marchais [secrétaire général du parti communiste français] ont tous deux fait l’éloge de ‘la fidélité inconditionnelle’ d’Aragon […]. » 88

Pensées (Binaires) (29) : 1931. Hermann Broch [1866-1951], dans Les somnambules, auteur de :
« […] Néanmoins, il semblait que maintenant les choses allaient pouvoir se mettre en ordre. Le monde était divisé en bien et mal, en doit et avoir, en noir et blanc, et même s’il pouvait arriver qu’on y laissât passer une erreur d’écritures, il fallait effacer cette erreur et c’est ce qu’il allait faire. » 89

Pensées (Binaires) (30) : 1932. Edith Wharton [1862-1937], dans Les chemins parcourus. Autobiographie, écrit :
« Je me souviens d’avoir dit une fois que je n’avais pas de succès à Boston (où nous allions régulièrement dans la famille de mon mari), parce qu’on y pensait que j’étais trop mondaine pour être intelligente, et que je n’avais pas de succès à New York parce qu’on craignait que je ne fusse trop intelligente pour être mondaine. » 90 (Cf. Femmes. Écrivaines. Wharton Edith. Intelligentes, Patriarcat)

Pensées (Binaires) (31) : 1936. John Steinbeck [1902-1968], dans En un combat douteux, auteur de :
« Écoutez-moi, Mac. Mes sens ne sont pas parfaits, mais ils sont tout ce que je possède. Je veux voir le tableau tout entier, d’aussi près que possible. Je ne veux point d’œillères étiquetées ‘bon’ ou ‘mauvais’ qui limiteraient ma vision. Si j’employais le terme ‘bon’ pour une chose, je perdrais immédiatement le droit de l’examiner, de la juger, parce qu’elle pourrait contenir quelque élément ‘mauvais‘. Ne comprenez-vous pas ? Je veux voir le tableau tout entier. » 91 (Cf. Penser. Juger)

Pensées (Binaires) (32) : 1937. George Orwell [1903-1950], dans Le quai de Wigan, auteur de :
« J’avais tout ramené à une théorie très simple : les opprimés ont toujours raison, les oppresseurs ont toujours tort. Théorie fausse, mais qui se présente naturellement à l’esprit quand on est soi-même oppresseur. Ce à quoi je voulais échapper, ce n’était pas seulement à l’impérialisme, mais à toute forme de domination de l’homme par l’homme. Je voulais effectuer une véritable plongée, m’immerger au sein des opprimés, être l’un d’eux et lutter avec eux contre les tyrans. » 92

Pensées (Binaires) (33) : (19 novembre) 1940. Le cardinal Pierre Gerlier [1880-1965], archevêque de Lyon, auteur de :
« Car Pétain, c’est la France. Et la France, aujourd’hui, c’est Pétain. » 93

Pensées (Binaires) (34) : 1942. Paroles du film To be or not to be [Ernst Lubitsch] :
« Si vous échouez, nous sommes tous perdus ; si vous réussissez, je ne garantis rien. » (Vérifier) (Cf. Culture. Cinéma)

Pensées (Binaires) (35) : (22 juin) 1942. Pierre Laval [1883-1945], chef du gouvernement de Vichy, dans une allocution radiodiffusée, auteur de :
« Je souhaite la victoire de l’Allemagne, parce que, sans elle, demain, le bolchévisme s’installera partout. »

Pensées (Binaires) (36) : 1946. Lu dans le Second manifeste du surréalisme :
« […] Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et là-bas cessent d’être perçus contradictoirement. Or, c’est en vain qu’on chercherait à l’activité surréaliste un autre mobile que l’espoir de détermination de ce point. On voit par-là, combien il serait absurde de lui prêter un sens uniquement destructeur ou constructeur : le point dont il est question est a fortiori celui où la construction et la destruction cessent de pouvoir être brandies l’une contre l’autre […] » 94
Une tentative de pensée rationnelle, de justification qui plus est, appliquée à la pensée surréaliste par des surréaliste ne peut que produire, sinon des « absurdités », du moins des contradictions.

Pensées (Binaires) (37) : 1949. Jacques Prévert [1900-1977], dans un court texte nommé Représentation, auteur de ce dialogue :
- « Qu’est-ce que cela peut faire que je lutte pour la mauvaise cause, puisque je suis de bonne foi ?
- Qu’est-ce que cela peut faire que je sois de mauvaise foi puisque je lutte pour la bonne cause ? » 95 (Cf. Dialogues, Penser. Vérité, Politique, Philosophie)

Pensées (Binaires) (38) : 1951. Marguerite Yourcenar [1903-1987], dans les Mémoires d’Hadrien, auteure de :
« Je retrouvais dans ce mythe placé aux confins du monde les théories des philosophes que j’avais faites miennes : chaque homme a éternellement à choisir, au cours de sa vie brève, entre l’espoir infatigable et la sage absence d’espérance, entre les délices du chaos et celles de la stabilité, entre le Titan et l’Olympien. À choisir entre eux ou à réussir à les accorder un jour ou l’autre. » 96 (Cf. Philosophie)

Pensées. Binaires. Witold Gombrowicz :

Pensées (Binaires) (39) : 1953. Witold Gombrowicz [1904-1969], dans son Journal, concernant le livre de Dionys Mascolo [1916-1997] Le communisme. Révolution et communication ou la dialectique des valeurs et des besoins [Gallimard. 1953], auteur de :
« Ce texte me fait une impression étrange. D’une gravité absolue et d’absolu enfantillage. D’une sincérité absolue et d’un absolu mensonge. D’une connaissance absolue et d’une absolue ignorance de la réalité. » 97

Pensées (Binaires) (40) : 1956. Witold Gombrowicz [1904-1969], dans son Journal, après des analyses perspicaces de la personne et de l’œuvre de Simone Weil [1909-1943], auteur de :
« Il n’est pas d’attitude spirituelle qui, conséquente et dûment menée jusqu’à son terme, ne soit respectable.
On peut trouver de la force dans la faiblesse, de la conséquence dans l’inconséquence et de la grandeur dans la mesquinerie. Couardise vaillante, mollesse d’acier, fuite offensive et d’agression. » 98
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Pensées (Binaires) (41) : (12 juin) 1956. Matthieu Galey [1934-1986], dans son Journal, écrit :
« […] Plutôt la lâcheté de l’oubli que la bêtise de haïr. » 99

Par ordre chronologique. Pensées. Binaires. Raymond Aron :

Pensées (Binaires) (42) : 1956. Raymond Aron [1905-1983], dans Le fanatisme, la prudence et la foi, auteur de :
« […] Quant il s’agit du statut de la propriété, du fonctionnement de l’économie, de parti unique ou de partis multiples, la description sociologique apporte plus d’enseignements que la phénoménologie transcendantale. » 100 (Cf. « Sciences » sociales, Philosophie, Sociologie)
Et quand, en sus, les éléments de la comparaison - aux fins de critiquer les existentialistes et notamment Jean-Paul Sartre [1905-1980] - ne sont pas comparables… (Cf. Penser. Comparaison)

Pensées (Binaires) (43) : 1983. Raymond Aron [1905-1983], dans ses Mémoires, auteur de :
- « (concernant l’armée Chilienne en 1973) Je pensais, à tort, sur le moment, que les militaires intervenaient (sic) moins pour arrêter le développement du socialisme que pour prévenir la guerre civile. » (p.595)
- « L’essentiel, c’est le programme commun (de la gauche avec François Mitterrand) : oui, ou non, est-il applicable sans provoquer une crise économique qui acculerait le gouvernement de gauche à choisir entre démission et despotisme. » (p.596)
- « (concernant la politique des États-Unis) En nombre de pays d’Amérique centrale en particulier (sic), les évènements conduisirent (re-sic) à un dilemme, peut-être inexorable : ou bien le maintien en place de petits tyrans ou la formation d’un castrisme [régime de Fidel Castro à Cuba]. » (p.642)
- « Quarante mille jeunes Américains tombèrent sur les champs de bataille au Vietnam - il n’en meure guère moins chaque année sur les routes des États-Unis […] » (p.644)
Comparaison historiquement, moralement, politiquement honteuse pour mieux justifier la politique du Gouvernement américain au Vietnam. 101 (Cf. Politique)
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Pensées (Binaires) (44) : 1957. Barthes Roland [1915-1980], dans Mythologies, auteur de :
« Ce n’est pas vrai que le catch soit un spectacle sadique ; c’est seulement un spectacle intelligible. » 102 Quel raisonnement ! (Cf. Penser. Pensées. Autoritaires)

Pensées (Binaires) (45) : 1958. Albert Camus [1913-1960], dans un texte intitulé Algérie. 1958, présentant son désir de mettre de « la clarté », commence par proposer un plan en deux parties :
« A. Ce qu’il y a de légitime dans la revendication arabe […]
B. Ce qu’il y a d’illégitime dans la revendication arabe […] » 103
Absurde, a-historique, a-politique…

Pensées (Binaires) (46) : (juin) 1967. Golda Meir [1898-1978], première ministre d’Israël lors de la guerre des six jours [5-10 juin 1967], auteure de :
« Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. » 104 Que de dramatiques et si lointaines conséquences… (Cf. Politique. Guerre)

Pensées (Binaires) (47) : 1969. Berberova Nina [1901-1993], dans C’est moi qui souligne, auteure de :
« Toute forme de dualisme est contraire à ma nature. Lorsque Lénine oppose la matière à l’énergie, Berdiaev parle du principe matériel et du principe spirituel, et que les philosophes idéalistes traient de l’esprit et de la chair, ces vues me choquent comme des fausses notes. […] » 105

Pensées (Binaires) (48) : (janvier) 1979. Certains manifestants en Iran criaient :
« Allah est le plus grand, Mort au Shâh ! »

Pensées (Binaires) (49) : 1982. Chaunu Pierre [1923-2009], dans Ce que je crois, auteur de :
« On peut difficilement échapper au dualisme. » 106 (Cf. Penser, Histoire)

Pensées (Binaires) (50) : 1986. François Léger [1914-2010], dans sa préface du livre Les origines de la France contemporaine [1876] d’Hippolyte Taine [1828-1893], concernant les controverses historiques sur la Révolution française, auteur de :
« […] Gabriel Monod [1844-1912] […] maintient que ‘la grandeur de la révolution l’emporte sur ses crimes.’ » 107 (Cf. Histoire. Révolution française)

Pensées (Binaires) (51) : 1986. Lu dans Hard times. Histoires orales de la grande dépression de Studs Terkel [1912-2008] [Hiram (Chub) Sherman. 1908-1989] :
« Il vient un temps où l’on ne peut plus penser sérieusement en termes de droite et de gauche. Il y avait des gens qui venaient me voir, de bons amis, et qui me disaient : ‘Bon, allez, dis-moi la vérité, est ce que tu en es un’ ? Je disais : ‘Un quoi ?’. Ils disaient (tous bas) : ‘Est-ce que tu es communiste ?’ Si tu dis non, on t’accuse toute de suite de mensonge. Je ne sais pas pourquoi. Mais dès que vous dites non à ce genre de questions, on vous regarde, comme si… bon Dieu ! Et si vous dites oui, c’est aussi un mensonge parce qu’aucun communiste ne répond oui quand on lui pose la question. Je me suis retrouvé dans ce dilemme, les gens n’arrêtaient pas de me harceler à ce sujet.
Un vieux membre d’Equity [Council of Actors Equity] - j’étais vraiment à bout - lors d’une réunion, m’a dit ‘Écoute, je veux vraiment savoir’. Et à ce moment-là, je m’en fichais vraiment complètement. Il me dit : ’Je veux te parler’. Et j’ai dit ‘Ah oui ? et il m’a dit : ‘Dis-moi, est ce que tu es communiste ?’ Je me suis dit : ‘Tu ne peux pas dire oui et tu ne peux pas dire non. Alors j’ai répondu très vite : ‘Nous n’avons pas le droit de le dire’. Et ça ne l’a pas du tout faire rire. C’est comme si j’avais signé mon arrêt de mort, par cette boutade. Ça m’a poursuivi des années, cette remarque. (Rires) » 108

Pensées (Binaires) (52) : 1990. Alexandre Zinoviev [1922-2006], dans Les confessions d’un homme en trop, auteur de :
- « Mon attitude à l’égard de la société soviétique était trop complexe pour se résumer à une dichotomie. Ma critique du communisme ne s’exprimait pas à partir de positions anti-communistes. »
- « Le marxisme m’apparaissait comme une doctrine à double tranchant. D’un côté, l’étude des œuvres originales me faisait le placer, de fait, dans la culture philosophique mondiale et j’y voyais des aspects dignes de respect. De l’autre, la forme qu’il avait prise en devenant le noyau de l’idéologie soviétique ne provoquait en moi que mépris et sarcasmes. »
- « La société communiste dans sa vision marxiste a été conçue au sein de la société capitaliste comme une négation de cette dernière. » 109 (Cf. Politique. Marxisme)

Pensées (Binaires) (53) : 1997. Paul Ricœur [1913-2005], en présentation des textes réunis et présentés par Thomas Ferenczi De quoi sommes-nous responsables ?, auteur de :
« Entre la fuite devant la responsabilité des conséquences et l’inflation d’une responsabilité infinie, il faut trouver la juste mesure. » 110 (Cf. Hommes. Irresponsables, Justice, Politique, Philosophie)

Pensées (Binaires) (54) : 1997. George Steiner [1929-2020], dans Errata, auteur de :
« Ce qu’on ne pardonne pas au Juif, ce n’est pas d’avoir tué Dieu, mais de l’avoir ‘engendré’. » 111

Pensées (Binaires) (55) : 2004. Philipe de Gaulle, dans De Gaulle, mon père [1890-1970], concernant mai 1968, auteur de :
« Ce n’était pas lui qui ne comprenait pas les jeunes. C’étaient les jeunes qui ne voulaient pas le comprendre. » 112
C’est pas moi, c’est l’autre…

Pensées (Binaires) (56) : 2010. Élisabeth Badinter, auteure de : Le conflit. La femme et la mère. 113
- Je lis, en outre, dans le chapitre intitulé La grève des ventres, consacré à la période actuelle - « De nos jours » - :
« Contrairement au début du XXème siècle, il n’y a là nul objectif politique. La décision de ne pas avoir d’enfant ou la non-décision d’en avoir relève du privé et de l’intime. » (p.193) (Cf. Femmes. Mères, Féminisme, Politique. Public / Privé)

Pensées (Binaires) (57) : 2015. Gloria Steinem, dans Ma vie sur la route. Mémoires d’une icône féministe, auteure de :
« […] Je me demande parfois si le seul binarisme ne serait pas celui qui oppose les gens qui pensent en termes binaires et les autres. » Moi aussi… 114
* Ajout. 14 février 2023. Position binaire…

Pensées (Binaires, ici trinaire…) (58) : 2018. Mark Lilla, dans La gauche identitaire. L’Amérique en miettes, après un constat critique de la-pensée-de-gauche régressant dans « l’identité » propose ses propres analyses :
« Les trois premières s’articulent autour des priorités : ‘Donner la priorité à la politique institutionnelle plus tôt qu’à l’action militante ; à la persuasion démocratique plutôt qu’à l’expression vaine de soi ; et à la citoyenneté plutôt qu’à l’identité d’un groupe ou d’une personne. […] » 115
Quel simplisme… et que de mauvaises questions… (Cf. Êtres humains. Identité, Politique. Identité)

Pensées (Binaires) (59) : (20 octobre) 2018. Gilles Kepel, « responsable de la chaire Moyen-Orient - Méditerranée à l’École normale supérieure », évoque l’héritier du trône d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salman [dit MBS], « dans toutes ses dimensions », et, sans transition, poursuit : « que l’on soit pour ou contre [lui] ». 116

Pensées (Binaires) (60) : (2 décembre) 2018. La maire socialiste de Lille, Martine Aubry a dénoncé « la politique injuste » de l'exécutif, qui menace, selon elle, de faire prospérer « la mortifère opposition » entre « justice sociale » et « transition écologique ». 117 (Cf. Politique. Écologie)

Pensées (Binaires) (61) : (3 décembre) 2018. Lu concernant le livre de Michelle Obama Devenir. [Fayard] retweeté par Marlène Schiappa :
« Cette femme ne laisse personne indifférent : ceux qui l’aiment vont aimer le livre, ceux qui la détestent y trouveront tout ce qu’ils veulent pour la critiquer. » (Cf. Femmes. « Politiques ». Schiappa Marlène)

Pensées (Binaires) (62) : (4 décembre) 2018. Daniel Cohn-Bendit, auteur de :
« On n’est pas dans une période révolutionnaire. On est dans une période de tentation autoritaire. » 118

Pensées (Binaires) (63) : (7 décembre) 2018. Entendu sur France Culture poser cette question :
« Gilets jaunes : une démocratie malade ou en rémission ? » 119 (Cf. Politique. État. Démocratie. « Gilets jaunes », Économie « Gilets jaunes »)

Pensées (Binaires) (64) : (7 décembre) 2018. Entendu sur France Culture poser cette question :
« Les Gilets jaunes veulent-ils plus ou moins de démocratie ? » 120
Il serait, à cet égard, nécessaire d’y joindre le nombre fort important des débats - fondés sur une alternative binaire, donc fausse, animés par Hervé Gardette, puis par Emmanuel Laurentin, sur France Culture, sans évoquer les critiques politiques plus signifiantes, à savoir bien rarement - jamais ? - les débats présentés comme hors champ du possible, du gérable, politique, présent. (Cf. Hommes. Journalistes, Politique. État. « Gilets jaunes », Médias, Économie. « Gilets jaunes »)

Pensées (Binaires) (65) : (9 décembre) 2018. J’entends, après notamment la journée du 8 décembre, que les conseillers d’Emmanuel Macron seraient partagés entre « ceux qui demandent l’augmentation des impôts » et « ceux qui demandent la diminution des dépenses » 121 : ! ! !
Mais en transcrivant cela, je me rends mieux compte que cette critique - somme toute formelle de la binarité de cette pensée - est sinon dérisoire, du moins superficielle, paresseuse, insuffisante, inappropriée. (Cf. Économie. Impôts)

Pensées (Binaires) (66) : (22 décembre) 2018. Question posée à 19h. par la chaîne C. News au terme de la sixième journée de mobilisation des « Gilets jaunes » :
« Trêve des confiseurs ou baroud d’honneur ? » (Cf. Politique. État. « Gilets jaunes ». Médias)

Pensées (Binaires) (67) : (7 janvier) 2019. Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, à l’école militaire de Paris, auteur de :
« À l’ultra-violence, nous opposerons l’ultra-fermeté. » 122 (Cf. Politique. État. « Gilets jaunes ». Répression)
* Ajout. 23 février 2019. Entendu sur BFM-TV [17h40] :
« Des individus issus de l’ultra-violence ». (Cf. Êtres humains, Langage, Politique. Médias, Sociologie. Wieviorka Michel)

Pensées (Binaires) (68) : (19 janvier) 2019. Débat de C. News :
« Faut-il débattre ou manifester ? » (Cf. Politique « Gilets jaunes ». Médias)
Sur BFM-TV, même jour, je lis : « Manifester ou débattre ? » (Cf. Penser. Débattre)

Pensées (Binaires) (69) : (22 janvier) 2019. Débat de C. News :
« Les retraités : vrais pauvres ou nouveaux riches ? » Suivi de :
« Les retraités sont moins pauvres que les autres ? » et de :
« Est-ce ce plus difficile pour les femmes seules ? » (Cf. Politique. État. « Gilets jaunes ». Médias, Économie. « Pauvres Les »)

Pensées (Binaires) (70) : (26 janvier) 2019. Sur C. News (ou LCI ?), débat entre un représentant LR et une représentante socialiste, opposant « la lutte contre la pauvreté » à « la lutte contre les inégalités ». (Cf. Politique. « Gilets jaunes », Médias, Économie)

Pensées (Binaires) (71) : (1er février) 2019. Sur des tee-shirts de certains militants travaillistes :
« J’adore Corbyn [leader du parti]. Je hais le Brexit. » 123 (Relations entre êtres humains. Aimer. Haine, Politique)

Pensées (Binaires) (72) : (1er février) 2019. Lu dans Le Monde Diplomatique, une critique qui évoque les travaux de Jonathan Israël, historien des Lumières qui aurait opposé les « Lumières modérées (John Locke, Montesquieu, Voltaire…) » aux « Lumières radicales (Diderot, d’Holbach. Helvétius. Thomas Paine…) » 124 (Cf. Histoire)

Pensées (Binaires) (73) : (20 février) 2019. Nicole Belloubet, ministre de la justice, auteure de :
« Ce n’est pas une justice sous pression. C’est même l’inverse. »
N.B. Pour précision : Je n’ai retrouvé dans aucun article cette seconde phrase entendue ce jour par moi (sur BFM-TV ?) lors de sa réaction à l’assemblée nationale, après la remise du rapport du sénat sur « l’affaire Benalla ». (Cf. Possessif. Langage. Belloubet Nicole)

Pensées (Binaires) (74) : (17 mai) 2019. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale commentant le succès électoral du Rassemblement national sur le parti d’Emmanuel Macron, auteur de :
« Être contre, on peut tous le faire. Nous, on est pour. » 125

Pensées (Binaires) (75) : (27 juillet) 2019. Question posée dans l’émission Les idées claires - qui « démêle le vrai du faux », qui « remet de l’ordre autour d’une idée reçue » - de France Culture :
« Existe-t-il un lobby L.G.B.T. ? » D’emblée, la réponse est donnée :
« Non. Il n’existe pas de lobby L.G.B.T. » 126 Ouf ! J’ai eu peur… (Cf. Penser. Pensées. Claires. Vérité, Politique. Propagande)

Pensées (Binaires) (76) : (10 novembre) 2019. Entendu Didier Kowalski concernant Jim Morrison [1943-1971] :
« Jim Morrison était un ange… un ange de l’enfer. » 127

Pensées (Binaires) (77) : (16 décembre) 2019. Le trésorier de Radio courtoisie (radio d’extrême-droite), auteur de :
« Notre combat est celui du bien contre le mal. »

Pensées (Binaires) (78) : (2 mars) 2020. Entendu dans l’émission de France Culture, Le cours de l’histoire :
« Les femmes et les juifs ». 128 Terrifiante régression de la pensée… (Cf. Langage. Conjonction, Penser. Pensées. Abstraction)

Pensées (Binaires) (79) : (18 avril) 2020. Entendu sur France Culture, Pierre Desproges [1939-1988], auteur de :
« Dieu a divisé l’humanité en deux : les juifs et les antisémites. Et moi, je suis Limousin ! » 129

Pensées (Binaires) (80) : (2 octobre) 2020. J’entends, sur France Culture, exprimée par Baptiste Morizot, l’expression fort juste de : « forçage dualiste ». (Cf. Philosophie. Morizot Baptiste)

Pensées (Binaires) (81) : (24 octobre) 2020. Le général de Villiers sur BFM-TV, auteur de :
« Je crois qu'il y a des gens qui gouvernent et d'autres qui sont dans une opposition systématique. Y en a qui ont une expérience et d'autres qui n'ont pas d'expérience. » (Cf. Hommes. « Modestes »)

Pensées (Binaires) (82) : (18 novembre) 2020. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, à l’assemblée nationale, auteur de :
« Il y a des gens qui aiment la police et il y a ceux qui n’aiment pas la police. Et moi, j’aime la police. » (Séquence diffusée dans l’émission Quotidien. (Vérifier)
Il est difficile, en stricts termes de pensée, de tomber plus bas. (Cf. Politique. Répression)

Pensées (Binaires) (83) : (6 janvier) 2021. Rudy Giuliani, devant la foule des manifestants, avant la pénétration des soutiens de Donald Trump dans Le Capitole, auteur de :
« Vous pouvez être un héro ou un zéro. »

Pensées (Binaires) (84) : (15 janvier) 2021. Marine Le Pen, dans Le Parisien, auteure de :
« Lorsque j’ai pris (sic) le parti, nous étions victimes de la bipolarisation. Nous en sommes devenus l’un des acteurs. » 130

Pensées (Binaires) (85) : (29 janvier) 2021. Entendu sur Arte - sans oublier la contradiction de l’‘argument’ - dans le documentaire consacré au plan Marshall, Georges Bidault [1899-1983] (sans date), auteur de :
« Nous avons besoin des États-Unis pour pouvoir se passer d’eux. » 131 (Cf. Histoire)

Pensées (Binaires) (86) : (31 juillet) 2021. Entendu sur BFM-TV, concernant les manifestations du jour contre la politique sanitaire du gouvernement :
« Ce n’est pas une question de libertés publiques. C’est une question de santé publique. » (Cf. Pensée. Autoritaire, Politique. Coronavirus)

Pensées (Binaires) (87) : (18 octobre) 2021. Éric Zemmour sur BFM-TV, auteur de :
« Moi je n’ai rien contre les étrangers, simplement je préfère les Français. », suivi de :
« J’aime les Français, je veux que la France reste la France. » (Cf. Hommes. Journalistes. « Modestes ». Zemmour Éric, Relations entre êtres humains. Haine. Zemmour Éric, Politique. Nationalisme, Histoire. Zemmour Éric)
* Ajout. 13 novembre 2021. Encore un grand homme au pays de Voltaire…
* Ajout. 31 décembre 2021. (13 juillet) 1772. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à D’Alembert [1717-1783], auteur de :
« J’aime encore mieux être français que danois, suédois polonais, russe, prussien ou turc ; mais je veux être français solitaire, français éloigné de Paris, français suisse et libre. » 132

Pensées (Binaires) (88) : (novembre) 2021. Lu dans la rubrique Dans les revues du Monde diplomatique (p.27) concernant Gresea Échos (n°107. Bruxelles) :
« La pandémie a-t-elle ouvert un nouvel espace pour les luttes féministes dans le monde ou consolidé le pouvoir du capitalisme numérique conçu et administré par des hommes ? »

Pensées (Binaires) (89) : (6 mars) 2022. Tugan Sokhiev, le directeur du Bolchoï et de l'Orchestre National de Toulouse démissionne :
« […] Tant à Toulouse qu'au théâtre Bolchoï, j'ai régulièrement invité des chanteurs et chefs d'orchestre Ukrainiens. Nous n'avons même jamais pensé à nos nationalités. Nous aimions faire de la musique ensemble. Et ça reste toujours le cas. C'est pourquoi j'ai commencé le festival franco-russe à Toulouse, pour montrer à tout le monde que les Français et la Russie sont connectés historiquement, culturellement, spirituellement et musicalement et que je suis fier de cette connexion entre nos deux grands pays. […] Les politiciens et les administrateurs de Toulouse veulent que je m'exprime pour la paix ! […] Au cours des derniers jours, j'ai été témoin de quelque chose que je pensais ne jamais voir de ma vie. En Europe, aujourd'hui je suis obligé de faire un choix et de choisir l'un de ma famille musicale plutôt que l'autre. […] On me demande de choisir une tradition culturelle plutôt qu'une autre. On me demande de choisir un artiste plutôt que l'autre. On me demande de choisir un chanteur plutôt que l'autre. » Il redoute qu'on lui « demande bientôt de choisir entre Tchaïkovski, Stravinsky, Chostakovitch et Beethoven, Brahms, Debussy. Ça se passe déjà en Pologne, pays européen, où la musique russe est interdite. […] Nous les musiciens, sommes les ambassadeurs de la paix. Au lieu de nous utiliser et notre musique pour unir les nations et les gens, nous sommes divisés et ostracisés. En raison de tout ce que j'ai dit ci-dessus et étant obligé d'affronter l'option impossible de choisir entre mes chers musiciens russes et chers musiciens français, j'ai décidé de démissionner de mes fonctions de directeur musical du théâtre Bolchoï à Moscou et de l'Orchestre National du Capitole de Toulouse avec effet immédiat. » (Cf. Culture, Politique. Nationalisme. Guerre)

Pensées (Binaires) (90) : (16 avril) 2022. Alain Finkielkraut, sur France Culture, oppose le « Wokisme » - jamais défini, et pour cause - au « Trumpisme » - Idem. (Cf. Langage. Critique de mots, Politique. « Wokisme »)

Pensées (Binaires) (91) : (30 mars) 2022. Nicolas Baverez, « investisseur », sur France Culture, auteur de :
« Il ne faut pas parler de la Chine. Il n’y a pas une Chine. Il y a deux Chines. » 133 (Cf. Politique. Géopolitique)

Pensées (Binaires) (92) : (26 décembre) 2023. Entendu Maurice Ciantar [1915-1990], dans l’émission Mao et 700 millions de Chinois de France Culture [1ère diffusion. 19 avril 1969] :
« Je ne suis pas un marxiste-léniniste, je suis un libéral. »

Pensées (Binaires) (93) : (29 mars) 2024. Entendu sur Radio courtoisie (radio d’extrême-droite :
« On va faire un micro-trottoir : ‘les gens sont-ils plus peu de la Russie ou des islamistes ?’ »

Pensées (Binaires) (94) : (10 avril) 2024. Lu dans Le Canard enchaîné (p.7) l’article de Sorj Chalandon L’invraissemblable vérité consacré au film « Le chagrin et la pitié » [1971] dans lequel il cite la réaction de Simone Veil [1927-2017] qui considérait qu’« expliquer que tous les Français étaient des salauds n’est pas acceptable » et celle de Jean-Paul Sartre [1905-1980] qui « fustige ‘un film qui reçoit les éloges de toute la presse pourrie’ ». (Cf. Culture. Cinéma, Histoire)

Pensées (Binaires) (95) : (5 mai) 2024. Lu sur Franceinfo :
« Devant ses ministres, Benyamin Nétanyahou a estimé que ‘capituler’ face aux demandes du Hamas, qui exige qu'Israël s'engage à cesser son offensive israélienne à Gaza pour signer une trêve, représenterait ‘une terrible défaite’ pour Israël. ‘Cela serait une grande victoire pour le Hamas, pour l'Iran’, a déclaré le Premier ministre israélien.’ (Cf. Politique. État. Israël)

Pensées (Binaires) (96) : (20 juillet) 2024. Je lis sur le site de La Pléiade (mais pas sur la présentation du livre, publié en 2021) :
« Louise Labé, Œuvres complètes. Louise Lab(b)é, courtisane ou parangon de vertu ?» (Cf. Culture. Patriarcale)
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Pensées (Bonheur) : Charles de Gaulle [1890-1970], auteur de (rapporté par André Malraux. [1901-1976]), en s’adressant à [Emmanuel] d’Astier [de la Vigerie. 1900-1969] :
« L’illusion du bonheur, c’est fait pour les crétins ! » 134 (Cf. Êtres humains. Bonheur)

Pensées (Broch Hermann) : 1931. Hermann Broch [1866-1951], dans Les somnambules, auteur de :
« Mais toute pensée ne s’accorde avec les faits qu’aussi longtemps que la confiance en sa puissance logique reste intacte. » 135

Pensées. Charlotte Brontë :

Pensées (Brontë Charlotte) (1) : 1847. Charlotte Brontë [1816-1855], dans Jane Eyre, auteure de :
« Il grinça des dents et se tut : Il avait arrêté sa marche et frappa du pied le sol durci. Une pensée odieuse semblait s’être saisie de lui et le tenir dans une étreinte si serrée qu’il ne pouvait plus avancer… » 136

Pensées (Brontë Charlotte) (2) : 1847. Charlotte Brontë [1816-1855], dans Jane Eyre, auteure de :
« Je continuais à rédiger involontairement des annonces et à forger des hypothèses au sujet de nouvelles situations ; il ne me paraissait pas nécessaire de réfréner de telles pensées ; je les laissais germer et porter leur fruit à leur guise. » 137
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Pensées. Caricature :

Pensées (Caricature) (1) : Une caricature juge et son objet et son auteur-e. Elle peut et doit donc être jugée selon ces deux points de vue. L’invocation de la liberté « pour les artistes », limitative et donc infondée, peut justifier les pires des ignominies. En ce sens, la défense, en soi, de Charlie Hebdo, est aussi une régression. (Cf. Penser. Caricature)

Pensées (Caricature) (2) : Caricaturer (déformer, simplifier, réduire) une pensée qui vous serait opposée, c’est révéler l’inaboutissement de la sienne.
Un exemple, repris dans Michel Foucault [1926-1984], car c’est en le lisant que cette idée m’est venue, mais qui bien évidemment me concerne aussi] :
« Il y a des schémas tout faits : quand on parle de pouvoir, les gens pensent immédiatement à une structure politique, un gouvernement, une classe sociale dominante, le maître face à l’esclave, etc. Ce n’est pas du tout à cela que je pense quand je parle de relations de pouvoir. [...] »
Certes, mais il faut alors expliciter sa pensée, laquelle ne m’est pas parue, chez lui, très claire ; à dire vrai fort confuse. 138
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Pensées (Catalyse) : Une pensée qui sert de catalyse à d’autres, pour d’autres : un beau projet, une belle réussite.
* Ajout. 28 novembre 2019. Pas toujours… Ne garantit aucun résultat.

Pensées (Changer le monde. Sartre Jean-Paul) : (juin) 1946. Jean-Paul Sartre [1905-1980], dans Matérialisme et révolution, auteur de :
« […] Tout projet de changer le monde est inséparable d’une certaine compréhension qui dévoile le monde du point de vue du changement que l’on veut y réaliser. » 139 Oui. (Cf. Patriarcat. Concept. Saussure Ferdinand de, Politique. Projet)

Pensées (Chateaubriand François-René de) : 1850. François-René de Chateaubriand [1768-1848], dans les Mémoires d’Outre-tombe, concernant Louis-Pierre Louvel [1783-1803l, assassin du duc de Berry [1778-1820], auteur de :
« […] Son cerveau se nourrissait d’une seule pensée, comme un cœur s’abreuve d’une seule passion. […] » 140 (Cf. Êtres humains. Cerveaux)

Pensées. Claires :

Pensées (Claires) (1) : Avant de juger de la clarté ou non d’une pensée, c’est elle qu’il faut interroger. (Cf. Penser. Juger)

Pensées (Claires) (2) : Une pensée claire ne s’interprète pas. Elle se critique et se prolonge dans d’autres qui la complexifie.

Pensées (Claires) (3) : L’un des grands avantages d’une pensée claire - qui n’est en rien, ni de près ni de loin, équivalente à, comparable même à une ‘pensée juste’- qui, elle-même… - est qu’elle révèle l’obscurité de celles auxquelles elle peut être comparée.
Tautologique, certes…un peu…

Pensées (Claires) (4) : Une pensée peu claire, obscure, confuse… contraint peu ou prou celui / celle qu’elle concerne à s’interroger sur sa propre impossibilité à la comprendre. Dans la meilleure des hypothèses.

Pensées (Claires) (5) : Dans la confusion [de la pensée], une clarté, souvent celle de son auteur-e, cependant, se lit.

Pensées (Claires) (6) : On ne dira jamais assez à quel point la confusion d’une pensée, liée ou non à l’élaboration, à la lancée d’un ‘concept’, d’un mot, est favorable à, aide à la naissance, à l’avancée, à la renommée d’une carrière ; et à quel point cette confusion contribue au maintien du pouvoir de domination de ceux et celles que l’on qualifie d’« intellectuel-les ». Et qui, ainsi, au moins un temps, perpétue leur pouvoir.

Pensées (Claires) (7) : Deux expressions à la mode nous sont régulièrement offertes pour nous aider à voir plus clair, en nous, dans le monde : les « injonctions paradoxales » et les « dissonances cognitives et / ou les « biais cognitifs », lesquelles prolongent : les « ruptures sémantiques », les « prophéties auto-réalisatrices », le « rationalisme discursif », « le retournement du stigmate », la « construction en abîme »…
Chacun de ces termes, éclairant en lui-même, aident-ils, alors qu’ils sont si généreusement exprimés, à l’élaboration créatrice d’un nouvel imaginaire ? Non.
* Ajout. 15 mars 2023. Le retournement du stigmate ne le détruit pas.

Pensées (Claires) (8) : Nombreux/ seuses sont ceux et celles qui s’assignent pout projets de rendre confuses, sombres, inquiétantes, secrètes des pensées qui sans leurs interférences seraient sinon claires, du moins compréhensibles.

Pensées (Claires) (9) : Une pensée claire sera oubliée, occultée ; elle ne sera ni détournée, ni maltraitée.
* Ajout. 25 février 2022. Non. Faux.

Pensées (Claires) (10) : Une pensée claire n’a a priori rien à voir avec la vérité. Elle peut juste aider à y voir plus clair, et alors, éventuellement, aider à s’approcher d’une certaine vérité.

Par ordre chronologique. Pensées. Claires :

Pensées (Claires) (1) : (19 février) 1750. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au marquis des Issarts [1716-1754], auteur de :
« Rien ne marque mieux un esprit juste et droit que de s’exprimer clairement. Les expressions ne sont confuses que quand les idées le sont. » 141 Évident ?

Pensées (Claires) (2) : (Après) 1751 (?). Denis Diderot [1713-1784], dans Lettre à Mademoiselle…, auteur de :
« […] Je vais tâcher d’éclaircir cet endroit ; car toutes les fois que vous aurez de la peine à m’entendre ; je dois penser que c’est ma faute. » 142

Pensées (Claires) (3) : 1762. Jean-Jacques Rousseau [1712-1778], dans Du contrat social, auteur de :
« J’avertis le lecteur que ce chapitre doit être lu posément, et que je ne sais pas l’art d’être clair pour qui ne veut pas être attentif. » 143

Pensées (Claires) (4) : (18 septembre) 1789. Mirabeau [1749-1791], à l’assemblée constituante, dans son Discours sur la sanction royale aux décrets des 4 et 11 août 1789, auteur de :
« Traitons donc entre nous ; appuyons nos réticences, ce suppositions notoirement fausses, ces locutions manifestement perfides, qui nous donnent à tous la physionomie du mensonge et l’accent des conspirateur. Parlons clairement : posons et discutons nos prétentions et nos doutes ; disons osons nous dire mutuellement :
- Je veux aller jusque-là ; je n’irai pas plus loin.
- Vous n’avez droit d’aller que jusqu’ici et je ne souffrirai pas que vous outrepassiez votre droit. Ayons la bonne foi de tenir ce langage. […] » 144
Ce principe de discussion [politique] possède un réel mérite, mais ne suppose-t-il pas résolu le problème avant qu’il ne soit posé ? Mirabeau en effet reconnait d’emblée le rapport de forces mais il le pose comme pouvant être interprété selon les mêmes critères par les deux parties, au départ de la discussion ? Alors que, justement, ce qui émerge dans un conflit, au départ, c’est un regard, un point de vue, une analyse différente. Et, dans la discussion, se révèlent les termes plus justes, francs - ou non - du débat, et un rapport de forces, que certain-es veulent - ou non -conforter, aggraver, enliser, inverser, subvertir…

Pensées (Claires) (5) : (17 juin) 1790. Pierre-Victor Malouet [1740-1814], à l’assemblée constituante, sur « L’affaire de Nîmes », auteur de :
- M. Malouet : « Je ne connais que deux ennemis nécessaires de la Constitution, c’est la licence et l’anarchie.
- M. le comte de Mirabeau : Je demande au préopinant l’explication du mot nécessaires. »
- M. Malouet : Ce mot ne rend pas ma pensée ; j’ai voulu dire que la Constitution serait exposée à des maux inévitables tant qu’il y aurait licence et anarchie. » 145

Pensée (Claires) (6) : 1813. Germaine de Staël [1766-1817], dans De l’Allemagne, auteure de :
« […] L’obscurité dans l’analyse des choses de la vie prouve seulement qu’on ne les comprend pas. » 146 Fort clair…
* Ajout. 20 octobre 2018. 1813. Germaine de Staël [1766-1817], dans De l’Allemagne, auteure de :
« […] car, en toute chose, les contrastes sont piquants, mais les extrêmes opposés fatiguent. » 147 (Cf. Dialogues)

Pensées (Claires) (7) : 1850. François-René de Chateaubriand [1768-1848], dans les Mémoires d’Outre-tombe, auteur de :
- « […] le ténébreux, l’embrouillé, le vaporeux, le pénible me sont abominables. » 148
- « Moi, l’homme de toutes les chimères, j’ai la haine de la déraison, l’abomination du nébuleux et le dédain des jongleries. » 149

Pensées (Claires) (8) : 1859. George Eliot [1819-1880], dans Adam Bede, auteure de :
« Adam était un homme à vue claire, à esprit juste. » 150

Pensées. Claires. Léon Tolstoï :

Pensées (Claires) (9) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, concernant le prince André Bolkonski auteur de :
« Il avait reçu et transmis les ordres concernant la bataille du lendemain. Il ne lui restait plus rien à faire. Mais les pensées les plus simples, les plus claires et par conséquent les plus angoissantes ne cessaient de l’assaillir. » 151

Pensées (Claires) (10) : (7 septembre) 1900. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Les explications savantes donnent la plupart du temps l’impression que ce qui était clair et compréhensible devient obscur et embrouillé. » Combien juste, à ceci près qu’il ne s’agit pas que d’une « impression ». 152 (Cf. « Sciences » sociales. Tolstoï Léon)

Pensées (Claires) (11) : Relevé une sélection des ajouts de Léon Tolstoï [1828-1910], dans ses Journaux et carnets. II (1890-1904) :
« Pas clair, philosophant » (p.506) ; « Pas clair. Galimatias » (p.513) ; « Pas clair. Mais c’était et ce sera clair » (p. 525) ; « Inexact et pas encore clair » (p.574) ; « Tout cela pas clair, mais compréhensible » (p.596) ; « Pas clairement exprimé, mais important » (p.663) ; « Pas clair et probablement faux » (p.675) ; « Pas bon, pas clair, peut-être même pas vrai » (p.714) ; « Tout cela est obscur, imprécis » (p.718) ; « Pas clair. Je poursuivrai. » (p.905) (Cf. Langage. Galimatias, « Sciences » sociales. Tolstoï Léon)
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Pensées (Claires) (12) : (décembre) 1876. Fiodor Dostoïevski [1821-1881], dans Journal d’un écrivain, auteur de :
« […] Sa réaction est celle de beaucoup de gens de son ‘type’ : si quelque chose est clair et qu’ils peuvent trop vite le comprendre, c’est que c’est bête. Ils sont beaucoup plus portés à mépriser la clarté qu’à la louer. Ce n’est pas comme ce qui est entortillée et brumeux : ‘Aha, nous ne comprenons pas ; c’est donc que c’est profond.’ » 153

Pensées (Claires) (13) : (26 septembre) 1926. André Gide [1869-1951], dans son Journal, écrit :
« Je relis Les caractères [1688] de La Bruyère [Jean de. 1645-1696]. Si claire est l’eau de ces bassins, qu’il faut se pencher longtemps au-dessus pour en comprendre la profondeur. » 154

Pensées (Claires) (14) : (janvier) 1958. Jean Guitton [1901-1999], dans le Journal de ma vie, en présentant les éléments de « préparation d’un cours sur Dieu pour la Sorbonne », écrit :
« Un centre doit être obscur pour tous les points qui ne sont pas présents à ce centre. » 155 (Cf. Culture. Sorbonne, Langage. Obscur)

Pensées (Claires) (15) : 1977. Michel Foucault [1926-1984], sur France Culture, auteur de :
« L’obscurité est souvent une lâcheté théorique » et, ajoute-t-il, confusément, « serait l’envers de la terreur ». 156

Pensées (Claires) (16) : 2008. Lu dans la biographie de George Orwell [1903-1950] ce jugement fort juste, publié dans le texte Où meurt la littérature ? :
« Pour s’exprimer dans une langue claire et vigoureuse, il faut penser sans crainte et celui qui pense sans crainte, ne peut être orthodoxe. » 157
N.B. Permet de jeter un autre regard sur nombre de textes de « sciences » sociales. (Cf. « Sciences » sociales)

Pensées (Claires) (17) : (31 octobre) 2021. Entendu sur Radio courtoisie (radio d’extrême-droite), concernant quelque chose concernant le péché :
« Jean-Paul II est très clair là-dessus. »

Pensées (Claires) (18) : (20 juillet) 2024. Bruno Perreau, « professor of French studies au MIT », sur France Culture, auteur de :
« Le flou de la notion [celle de « minorité »] fait tout son intérêt » dont celui d’affirmer que « les femmes sont une minorité. » Là, en sus des confusions entendues, j’ai cessé d’écouter, après avoir lu le sous-titre de son livre « Pour un universalisme minoritaire ».
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Pensées (Clarification) : La clarification d’une pensée n’est pensable qu’après le dévoilement et la mise à nu des complexités qui la composaient. Tautologie ? Non : Précaution. (Cf. Langage, Penser)

Penser. Pensées. Concision :

Pensées (Concision) (1) : 1804. Pour moi, son chef d’œuvre, l’article 1382 du Code civil :
« Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »

Pensées (Concision) (2) : Pour appréhender la concision du latin par rapport au français, visualiser la page de gauche des Confessions de Saint-Augustin [354-430] (livre trouvé hier, tout griffonné, dans la poubelle d’un libraire) de la page de droite.
* Ajout. 27 juillet 2018. (Mai) 1948. André Gide [1869-1951], dans son Journal, écrit :
« L’admirable concision du latin laissera toujours l’explicitation inévitable du français loin derrière. » 158
Cité pour la « concision du latin », pas pour la comparaison qu’il en tire dont je refuse la pensée hiérarchisante.
N.B. Le latin n’a pas d’article.

Pensées (Concision) (3) : Autres exemples de la concision du latin :
- (8 juillet) 1772. Lu dans une lettre de Voltaire [1694-1778], citer une phrase de Cicéron [106-43 avant J.C] :
« Vir probus didendi peritus ». Traduction : « Homme de probité, habile dans l’art de parler. » 159
- 1853. Lu dans l’Histoire de la Révolution de Michelet [1798-1874] :
« Impavidum ferient ruinae ». Traduction : « Que le monde croule, les ruines le frapperont sans l’effrayer » 160 (Cf. Culture, Langage. Langue. Latine)
- 1961. Lu dans Le métier d’historien d’Henri-Irénée Marrou [1904-1977] :
« Fata nolentem trahunt, voletem ducunt » : Traduction : « Le destin entraîne de force ceux qui résistent, conduisant doucement par la main ceux qui l’acceptent de bon cœur. » 161

Pensées (Concision) (4) : 1981. Lu dans Tous les hommes sont frères, recueil de textes de Gandhi [1869-30 janvier 1948] :
« Je dois dire qu’en dehors des cas où elle m’exposa au ridicule, cette timidité insurmontable n’a jamais tourné à mon désavantage. Bien au contraire, j’ai mis ce handicap à profit en apprenant à devenir concis. Jadis je cherchais mes mots. Aujourd’hui, je prends plaisir à en réduire le nombre. » 162 (Cf. Langage. Mots)
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Pensées (Confusions) : (15 février) 2024. Lionel Jospin, ancien premier ministre, sur France Culture, dans une curieuse formulation, auteur de :
« Je ne suis pas un supporter du pouvoir actuel », suivi d’un radicale critique politique dudit système, non nommé. 163 (Cf. Hommes « Politiques », Langage)

Penser. Pensées. Contradiction :

Pensées (Contradiction) (1) : Une contradiction ne se dépasse pas : elle se pose, se résout et se dissout ; et ce, afin de reformuler la pensée au sein duquel elle était préalablement exprimée de manière inappropriée.

Pensées (Contradiction) (2) : Une contradiction n’a pas à être résolue, mais comprise.

Par ordre chronologique. Penser. Pensées. Contradiction :

Pensée (Contradiction) (1) : 1882. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans Le gai savoir, auteur de :
« Chacun sait maintenant que c’est un signe de haute culture que de savoir supporter la contradiction. Quelques-uns savent même que l’homme supérieur désire et provoque la contradiction pour avoir sur sa propre injustice des indications qui lui étaient inconnues jusqu’alors. » 164 Oublier : ‘l’homme supérieur’…

Pensées (Contradictoire) : (23 novembre) 2020. Élisabeth Badinter sur France Culture, interrogée sur « les critiques du monde anglo-saxon » (sic) de la laïcité française, répond :
« Le monde anglo-saxon se mêle de ce qui ne le regarde pas » ; et ce, après avoir critiqué les féministes françaises de ne pas défendre assez les femmes Iraniennes concernant l’imposition du port du voile. (Cf. Politique. Laïcité)
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Penser. Pensées. Contraire :

Pensées (Contraire) (1) : Sans contraires, il n’y aurait pas d’oppositions ; sans oppositions, il n’y aurait pas de dépassements ; sans dépassements, il n’y aurait pas d’avancées. D’où la pertinence des analyses posant le nécessaire dévoilement des contradictions au sein des sociétés.
Pour ce simple constat de bon sens, il n’est pas nécessaire de citer Hegel, ni même de l’avoir lu et compris.
En revanche l’idée même de « contraire » est à remettre en cause.

Pensées (Contraire) (2) : Le « renversement de la dialectique » ne rend pas « la dialectique » mieux, ni plus fondée.
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Penser. Pensées. Contre :

Pensées (Contre) (1) : Il n’y a pas de pensée « contre ».
Vrai aussi donc pour : « Penser à contre-emploi », « Penser à contre-courant », « Penser à contretemps » ; « Penser contre soi » (à la mode actuellement) …
En conséquence, prendre garde de ne pas se construire en fonction des attaques, des critiques, sur la base donc des défenses auxquelles l’on veut s’opposer.

Pensées (Contre) (2) : (26 mai) 2016. Sur une banderole de la manifestation, on lisait :
« Pour l’unité, il faut des ennemis communs. » 165
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Pensées. Critiques :

Pensées (Critiques) (1) : L’exclusion [d’une partie d’un tout], consciente ou non, décidée ou subie, volontaire ou non - qu’elle qu’en soit la sphère, la discipline, le champ - est souvent la voie royale de la pensée critique.

Pensées (Critiques) (2) : Il faudrait signaler toute pensée prise en défaut. Pour exemples :
- (9 juin) 1865. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Charles Lambert [1818-1884], auteur de L’immortalité selon le Christ 1865, auteure notamment de :
« [...] Votre hypothèse laisse une lacune philosophique des plus graves. […] » 166
- (25 mai) 1866. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Marie-Théodore Desplanches [179-1868], auteure de :
« Vous dites très bien ce que vous voulez dire, mais votre manière de raisonner peut être mille fois contredite. » 167

Pensées (Critiques) (3) : La pensée critique doit être toujours plus loin repoussée, toujours creusée plus profonde, tandis que le spectre des questions à poser doit être sans cesse élargi. Et lorsque l’esprit s’interroge, hésite, freine, bloque et surtout : oublie, c’est là où cela est le plus intéressant.

Pensées (Critiques) (4) : Tout [pouvoir] critiquer : un beau projet, une noble ambition, bien sûr inaccessible, car impensable.
N.B. Je m’autorise ici un souvenir personnel. Il m’arrive de penser que ce projet, celui de l’écriture de ce texte, n’a pu avoir lieu que parce que j’ai entendu - pendant la longue, riche, généreuse vie de mes parents - ceux-ci débattre en ces termes :
Mon père : « Ceci est beau, intelligent, bien », etc…
Ma mère : « Dis : ‘Je pense que ceci est beau, intelligent, bien’ », etc…
Sans que ni l’un ni l’autre ne cède.

Pensées (Critiques) (5) : Toute déformation, toute caricature de l’adversaire est preuve de la faiblesse de son propre jugement.

Pensées (Critiques) (6) : Critiquer tout et tout le monde protège de la critique. Et en libère l’esprit.

Pensées (Critiques) (7) : Le fondement de tant de critiques n’est-il pas d’abord l’hostilité à la pensée de l’autre ? Facile ?

Par ordre chronologique. Pensées. Critiques :

Pensées (Critiques) (1) : (18 ou 25 juin) 1860. Gustave Flaubert [1821-1880] écrit à Charles Baudelaire [1821-1867] :
« J’aurais mieux aimé que vous ne blâmiez pas […]. Mais notez que c’est là une opinion personnelle, et dont je ne fais aucun cas. Je ne reconnais pas à la critique le droit de substituer sa pensée à celle d’un autre. - Et ce que je blâme dans votre livre est, peut-être, ce qui en constitue l’originalité, et la marque de votre talent ? » 168
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Penser. Pensées. Débats :

Pensées (Débats) (1) : Il y a des débats (nombreux) qu’il faut savoir (et donc apprendre à) refuser ; il en existe tant qui sont autant d’enfermements, de pièges, de cautions implicites, qui révèlent autant de rapports de force indus et de régressions de la pensée…

Pensées (Débats) (2) : Par moments, il m’arrive de penser que la participation des invité-es aux médias est proportionnelle à leur utilité fonctionnelle.
Il faut savoir donc apprécier à leur juste valeur ceux et celles, rares, qui dérogent à la règle… Avant de réfléchir à ce qui fonde les paroles des… autres : passionnant.

Pensées (Débats) (3) : Comment ne pas penser que tous les débats [notamment, ceux de France Culture, dont je me nourris], souvent menés par les mêmes personnes depuis des années, mais ce n’est pas l’essentiel de la critique, peuvent-ils ne pas être considérés comme une prise de pouvoir politique imposant un regard, une analyse, une approche peu ou prou homogène, peu ou prou totalisante ? Et comment des chercheurs-euses, plus largement les quidams, qui ont en propre leurs pensées, peuvent-ils sans trop de dommages - amour-propre inclus - être soumis à ce même prisme d’analyse qui peu ou prou les dépossède de la leur propre ?

Pensées (Débats) (4) : À chacun-e de se positionner. Mais il est des personnes avec lesquelles on ne débat pas, des émissions auxquelles on ne participe pas, des journaux dans lesquels on n’écrit pas, des livres collectifs que l’on refuse de cautionner, de sujets sur lesquels on ne s’exprime que dans des lieux, des espaces appropriés.
Et seul-e, c’est aussi très bien.
- Un exemple : j’ai toujours pensé que, dans les années 1970 et au-delà, les débats auxquels les abolitionnistes ont accepté de participer avec les défenseurs du système proxénète ont considérablement aidé à leur diffusion, à leur propagation, à leur légitimation, et ont retardé d’autant leur récusation radicale.
- Un second exemple : Il est difficile à un ethnologue « médaille d’or du CNRS » qui accepte de rédiger « l’entrée » : Sexualité et société dans le Dictionnaire de la pornographie [2005] de ne pas considérer qu’il cautionne, en elle-même, la pornographie, sans même évoquer les horreurs qui parsèment ce livre.
N.B. 1. La présence de Catherine Mac Kinnon - qui peut aisément être considérée comme une caution de « la pornographie » - dans ce livre n’invalide pas ma position.
N.B. 2. Me concernant, je me souviens d’un regard que j’ai perçu comme assez méprisant de la part d’un homme qui, au terme d’un débat auquel j’avais participé sur la prostitution, m’avait fait comprendre que de facto j’avais été utilisée pour cautionner une politique. Ce fut une vraie leçon politique, que je crois ne pas avoir oubliée.
* Ajout. 3 août 2024. J’ai ressenti un grand malaise en entendant une féministe défendre sur Radio Courtoisie (radio d’extrême-droite) sa position sur Atlanta plus, sur l’absence des femmes dans des délégations au J. O, sur les femmes voilées, sans oublier les réactions odieuses de son interlocuteur sans qu’elle ne le reprenne.

Pensées (Débats) (5) : Combien de débats ont-ils pour fonction, finalité, conséquence - pour logique ? - de rabattre, reformuler, encadrer, enfermer les idées, de les ramener dans un cadre, des causes, des conséquences, déjà connues, globalement acceptées ?

Pensées (Débats) (6) : Lors d’un débat - d’une discussion - la pertinence, la supposée force d’un argumentaire compte en général moins que les questions qu’il vous oblige à vous poser, lesquelles surgissent souvent bien longtemps après.
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Pensées (Déductives) : 1861. La comtesse de Ségur [1799-1874], dans Pauvre Blaise, auteure de :
- Blaise : « Je pensais aux nouveaux maîtres qui vont arriver, maman, et je cherche à deviner s’ils sont bons ou mauvais. »
- Madame Anfry : « Que tu es nigaud ! Comment veux-tu deviner ce que sont des maîtres que personne de chez nous ne connaît ? »
- Blaise : « On ne les connaît pas ici, mais les garçons d’écurie qui sont arrivés avec les chevaux les connaissent et ils ne les aiment pas. »
- Madame Anfry : « Comment sais-tu cela ? »
- Blaise : « Parce que je les ai entendus causer pendant que je les aidais à arranger leurs harnais ; ils disaient que le fils de M. le comte et de Mme la comtesse, les feraient gronder s’ils ne trouvaient pas son poney et sa petite voiture prêts à être attelé ; ils avaient l’air d’avoir peur de lui. »
- Madame Anfry : « Eh bien, cela prouve-t-il qu’il soit méchant et que les maîtres soient mauvais ? »
- Blaise : « Quand de grands garçons comme ces gens d’écurie ont peur d’un petit garçon de onze ans, c’est qu’il leur fait du mal. »
- Madame Anfry : « Quel mal veux-tu que leur fasse un enfant ? »
- Blaise : « Ah, voilà ! C’est qu’il va se plaindre, et que son père et sa mère l’écoutent, et qu’ils grondent les pauvres domestiques. Je dois, moi, que c’est méchant. » 169 (Cf. Violences. Violences à l’encontre des enfants, Comtesse de Ségur)

Pensées (Déni) : 1876. Hippolyte Taine [1828-1893], dans Les origines de la France contemporaine, écrit concernant « l’incurable infirmité de l’esprit jacobin » :
« Considérez en effet les monuments authentiques de sa pensée, le journal des Amis de la constitution, les gazettes de Loustalot, Desmoulins, Brissot, Condorcet, Fréron et Marat, les opuscules et les discours de Robespierre, les débats de le Législative et de la Convention, les harangues, adresses et rapports des Girondins et des Montagnards, ou, pour abréger les quarante volumes d’extraits compilés par Buchez et Roux. Jamais on n’a tant parlé pour si peu dire ; le verbiage creux et l’emphase ronflante y noient toute vérité sous leur monotonie et leur enflure. […]
Tout son vocabulaire consiste en une centaine de mots, et toutes les idées se ramènent à une seule, celle de l’homme en soi
[...]. » 170 (Cf. Droit, Langage. Mots, Penser. Déni, Politique. État. « Gilets jaunes », Histoire. Révolution française)

Pensées (Détail) : Il qualifia la pensée qu’il était censé critiquer de « détail doctrinaire ».

Par ordre chronologique. Pensées. Charles Dickens :

Pensées (Dickens Charles) (1) : 1839. Charles Dickens [1812-1870], dans Les aventures d’Oliver Twist, auteur de :
« Cependant, tout comme celles de la plupart de gens, les pensées d’Oliver, encore qu’extrêmement promptes et actives à signaler les difficultés, étaient absolument incapables de suggérer aucun moyen pratique de les surmonter. » 171 (Cf. Penser. Dickens Charles)

Pensées (Dickens Charles) (2) : 1850. Charles Dickens [1812-1870], dans David Copperfield, auteur de :
« - Comment se fait-il que cette grand-tante vous trotte dans la tête ? demanda ma mère. N’y a-t-il pas d’autres gens à qui on puisse penser ?
- Je ne sais pas dit Peggotty, à quoi cela tient, c’est peut-être à ma stupidité, mais je ne puis pas choisir mes pensées, elles vont et viennent dans ma tête, et elles ne vont et viennent point comme il leur convient.
» 172 (Cf. Dialogues)

Pensées (Dickens Charles) (3) : 1854. Charles Dickens [1812-1870], dans Les temps difficiles, auteur de :
« - Toujours à te poser des questions, dit Tom.
- Mes pensées sont tellement indociles qu’elles me forcent à me poser des questions, répondit
Louisa. » 173 (Cf. Dialogues)
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Pensées (Diverses) : Une pensée diverse ne peut être résumée, synthétisée, formalisée, conceptualisée… Et c’est très bien ainsi.

Pensées (Dogmatiques) : Une pensée dogmatique : une pensée dont le point de départ mène au point d’arrivée et dont, du point d’arrivée, on peut déduire le point de départ ; les chemins de traverse fréquents masquant plus ou moins clairement le fil d’Ariane qui les lie.

Pensées (Dostoïevski Fiodor) : (décembre) 1876. Fiodor Dostoïevski [1821-188], dans Journal d’un écrivain, auteur de :
« […] Et il se découvre ainsi que ce qui triomphe, ce ne sont pas les millions d’hommes, ni les forces matérielles apparemment si terribles et si inébranlables, ni l’argent, ni le glaive, ni la puissance, mais une pensée à l'origine inaperçue, venue souvent d’un homme apparemment le plus insignifiant. » 174

Pensées (« Effets pervers ») : Il n’y a pas d’ « effets pervers » : il n’y a que des modes fonctionnements ayant leurs logiques propres, analysés par des pensées inappropriées. (Poursuivre) (Cf. Êtres humains. Pervers)

Pensées (Effort. Sorel Georges) : 1910. Georges Sorel [1847-1922], dans ses Réflexions sur la violence, auteur de :
« […] Je soumets à mes lecteurs l’effort d’une pensée qui cherche à échapper à la contrainte de ce qui a été antérieurement construit pour tout le monde, et qui veut trouver du personnel. Il me semble vraiment intéressant de noter sur mes cahiers ce que je n’ai pas rencontré ailleurs. […] » 175
Un référent positif… (Cf. Penser. Désapprendre)

Pensées (Eliot George) : 1859. George Eliot [1819-1880], dans Adam Bede, auteure de :
« Le cercle étroit de son imagination était trop restreint pour laisser voyager ses idées. » 176 (Cf. Penser. Imagination)

Pensées (Équivalence) : L’équivalence de tout avec tout : la réhabilitation du rien. De l’un-e avec l’autre : s’en approche…

Pensées (Esquives) : De l’art de ne pas avoir à prendre position (depuis début octobre 2021) :
« Ce roman, tout à fait topique » ; « Il y a encore des progrès à faire » ; « C’est un peu problématique » ; « Il s’agira moins de prendre parti que de constater » ; « J‘entends ce que vous dites » ; « Ça pose question » ; « La manifestation a dégénéré » ; « La communauté [X] est sous tension » ; « On ne peut que s’interroger sur les aspects paradoxaux d’une telle crise » ; « Il y a là quelque chose à penser » ; « Le monde ne change pas en un claquement de doigts » ; « Le bilan semble un peu mitigé » ; « Il demeure énormément de questions passionnantes » ; « C’est un pas en avant, on est tous d’accord là-dessus » ; « Ces questions font polémique en permanence » ; « C’est l’époque qui veut ça » ; « Le futur est en marche » ; « Là encore, il y a un mélange des genres » ; « Il y a une porte de sortie » ; « Moi, a priori, à titre personnel, cela ne me choque pas » ; « Parlons du fond ! » ; « C’est la course à l’échalote » ; « Que les autres fassent aussi bien que nous et après on verra » ; « Bien entendu, on déplore toutes les victimes » ; « Les analyses sont controversées » ; « On ne peut que le constater » ; « Qui peut en être protégé ? » ; « Il faut regarder les sondages avec précaution » ; « Il faut trouver un point d’équilibre » ; « Nous verrons dans les mois qui viennent si nous avons les solutions » ; « Je partage entièrement ce qu vous dites » ; « Il faut éviter le pathos » ; « Il y a une volonté de réfléchir à ces questions » ; « Les améliorations vont lentement » ; « Le chemin est encore long » ; « Le covid a permis un coup de projecteur » ; « Ces métiers si nécessaires et si mal connus » ; « Rien n’est moins sûr » …

Pensées (État) : On sait depuis des lustres que toute religion est une entrave à la pensée ; il en est de même de l’État. Mais il est infiniment moins critiqué. Et pourtant.
Non seulement il en a copié, intégré, incorporé, travesti nombre de ses présupposés, de ses dogmes, de ses injonctions, mais il les a si souvent accentués, aggravés. (Poursuivre) (Cf. Politique. État. Religion)

Pensées (Expertise) : L’expertise tue la pensée [féministe incluse]. La spécialisation aussi. (Cf. Féminisme. Penser. Expert-es. Rivière Jacques, Penser. Méthode, Politique. Expertise, « Sciences » sociales. Spécialisation)

Pensées (« Faiblesse ») : 1849. Karl Marx [1818-1883] écrivait, fort justement, concernant la philosophie :
« C’est sa propre déficience interne qu’elle combat à l’extérieur ; c’est en découvrant les faiblesses de son adversaire au cours de la lutte qu’elle révèle ses propres faiblesses ; elle ne peut dépasser ses faiblesses qu’après les avoir éprouvées en elle-même. [...] » 177 (Cf. Politique. Adversaire, Philosophie)

Penser. Pensées. Faille :

Pensées (Faille) (1) : Utiliser à son profit les failles de l'argumentaire de la personne et / ou de l’idée critiquée ne rend pas le sien plus juste. Évident, certes, mais si appliqué, pourrait sans doute alléger nombre de plateaux de télé et/ou émissions de radio.

Pensées (Faille) (2) : Chaque faille d’une pensée est un cadeau offert à celle qu’elle est censée critiquer, et / ou avec celle de la personne avec laquelle on est censé-e ‘débattre’. Mais…cf. plus haut.
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Pensées. Féministes :

Pensées (Féministes) (1) : Les pensées féministes ne se limitent pas, ne s’enferment pas dans l’analyse et la critique du patriarcat, fussent-elles, disons…largement appréhendées. (Poursuivre)
Par comparaison, enfermer les critiques socialistes, communistes dans l’analyse et la critique du capitalisme fut l’une des failles majeures de ces pensées critiques.

Pensées (Féministes) (2) : (11 novembre) 2006. Éliane Viennot, à l’écoute d’une archive, auteure de :
« Tout ce qu’il dit est faux. » Comme cela fait du bien d’entendre cela… 178
* Ajout. 28 juillet 2021. (7 mai) 1921. Élie Halévy [1870-1937], dans une lettre à Louise Bréguet-Halévy, sa mère [1847-1930] :
« J’ai fait hier […] ma conférence, devant une foule décolletée et défraîchie. L’une - pas une foule, une dame - m’a déclaré que she disagred with everything I had said : ce qui n’était pas une manière de me dire quelque chose de déplaisant ; elle voulait simplement me faire comprendre comment elle avait un esprit délicieusement indépendant. » 179

Pensées (Féministes) (3) : Il est des silences, notamment publics, qui sont des triomphes. Plus modestement, il m’arrive de penser à l’injonction de Mirabeau [1749-1791], dans son Discours du 22 mai 1790, adressé à ses adversaires à l’assemblée :
« Répondez si vous pouvez […] ! » 180
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Pensées (Fin) : Les moyens sont censés construire la fin. Mais, quelle est-elle ? Et dès lors, quels sont-ils ? (Cf. Penser. Changer le monde)

Pensées (Fonction) : Aucune pensée ne peut être justifiée par l’identité, le statut, la fonction de celui/celle qui l’exerce ; elle ne peut qu’aider - certes, souvent très utilement - à en éclairer les fondements. (Cf. Êtres humains. Soi. ‘T’es qui, toi’ ?)
Pourrait utilement être lu par beaucoup, au premier chef, par exemple, par Jacques Attali, si peu conscient de la caricature, qu’en la matière, il incarne si souvent. (méchant ? utile ?)

Pensées (Force) : La force principale d’une pensée est dans sa capacité à intégrer sa propre critique interne, dans l’incessante recherche donc de sa propre faiblesse. On peut y adjoindre la lucide conscience de son bien-fondé, la fierté de sa légitimité, la volonté affichée, vécue, de combattre l’injustice à laquelle elle est censée remédier. (Cf. Féminisme)

Pensées (Formaliste) : Une pensée formaliste : une pensée d’esquive : ?

Pensées (Guilloux Louis) : (4 mars) 1931. Louis Guilloux [1899-1980], dans une lettre adressée à Jean Guéhenno [1890-1978], écrit :
« […] Les hommes que nous sommes devenus ne savent plus combattre ces [les] mensonges, parce qu’ils croient toujours y découvrir une part de vérité, et aussi parce qu’ils sont appris à respecter tout ce qui se présente sous le nom de pensée. » 181 Doublement lumineux. (Cf. Culture. Guilloux Louis)

Pensées (Hermétiques) : 1976. Cornélius Castoriadis [1922-1997], dans La psychanalyse, projet et élucidation, auteur de :
« Aristote et Hegel sont difficiles et souvent obscurs. Ils ne sont pas hermétiques. Difficulté et obscurité résultent chez un grand penseur (sic) de ce que la pensée lutte avec la chose, le langage et elle-même pour parvenir à l’expression. L’hermétisme, par contre, est la pénible et laborieuse trituration de l’expression pour que celle-ci acquière la simple apparence de la profondeur. C’est l’imposture et le camouflage du vide. Aucun grand penseur (re-sic) n’a jamais été hermétique : il a beaucoup trop à faire pour perdre son temps à ces dérisoires enfantillages. » 182
Pensée binaire, affirmative, définitive aux fins d’une maladroite et inutile tentative d’autoprotection ?
N.B. « Hermétique » : « Qualifie quelque chose qui ferme parfaitement ; qualifie quelque chose d’incompréhensible. Synonyme : abstrait, énigmatique, incompréhensible, inintelligible, difficile, impénétrable, mystérieux, obscur. »

Pensées (Hugo Victor) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« Quel champ de bataille, que l’homme !
Nous sommes livrés à ces dieux, à ces monstres, à ces géants, nos pensées. […] » 183 (Cf. Êtres humains. Conscience)

Penser. Pensées. Hypothèse [théorique]) :

Pensées (Hypothèse [théorique]) (1) : Une hypothèse [théorique] n’est construite que dans un contexte politique donné, ainsi que sur les fondements d’un projet politique (quel qu’il soit).
Comme Monsieur Jourdain, nous avons tous et toutes des hypothèses [théoriques] en tête : comment, dans le cadre relatif donc qui est leur, les en faire ressortir afin de pouvoir les exprimer ? (Cf. Penser. Pensées. Abstraction, Patriarcat. Penser. Théorie, Politique. Projet)

Pensées (Hypothèse [théorique]) (2) : Sans hypothèse, il n’y a pas de pensée. Ou, plutôt, plus justement, sans point de vue préalable - qui ne peut être que personnel - aucune vue n’est possible ; ou plutôt, la vue n’est que reflet de … :
- Sans hypothèse de départ, un raisonnement n’est qu’un commentaire. (Poursuivre) (Cf. « Sciences » sociales)
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Pensées (« Impartiales ») : Un journaliste accusé d’impartialité tenta de se justifier. En vain.
L’impartialité - la partialité en conséquence - ne relève ni de la vérité, ni du mensonge ; ni de soi, ni de l’autre ; ni de l’engagement, ni de la modération.
Elle relève d’une pseudo-moyenne, d’un pseudo-consensus, d’on ne sait quoi, d’une cote mal taillée par on ne sait qui, mais censée ne heurter aucun pouvoir institué.
C’est une négation de soi, une négation de la pensée qu’elle contribue efficacement à formater. (Cf. Histoire. Impartialité)

Penser. Pensées. Indignation :

Pensées (Indignation) (1) : Une pensée ne naît pas d’indignations, mais, pour moi, il n’y a pas de pensée sans indignation. On peut remplacer indignation par « colère » - qui n’est pas - seulement - ressenti personnel…

Pensées (Indignation) (2) : (8 janvier) 2017. Jean-Louis Bourlanges, présenté comme « essayiste », auteur de :
« L’indignation ne mène nulle part », suivi, quelques minutes plus tard, de :
« […] L’indignation ne débouche pas sur des améliorations concrètes. » 184 (Cf. Hommes. « Politiques ». Bourlanges Jean-Louis)
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Pensées (Individualiste. Critique) : 1979. Nicola Berdiaev [1874-1948], dans son Essai d’autobiographie spirituelle, auteur de :
- « Mes capacités ne se manifestaient que lorsque le processus mental prenait sa source en moi, et quand je me trouvais dans un état actif et créateur ; par contre, toutes les fois que le processus mental m’arrivait du dehors et qu’il fallait assimiler passivement et retenir, je me sentais impuissant. » Et de :
- « Au fond, je n’aspirai ni à l’égalité, ni à la domination, mais uniquement à la construction de mon monde particulier. » Et enfin de :
- « […] On appelait cela mon ‘individualisme’, mais je crois ce terme inexact. Je passe du moi non seulement au monde des idées, mais aussi au monde social. » 185
Profond ou superficiel ? (Cf. Êtres humains. Soi, Politique)

Pensées. Irrécupérables :

Pensées (Irrécupérables) (1) : Être irrécupérable [c’est à dire ne pas être intégrable dans une analyse qui n’est pas sienne] par quiconque : belle ambition.
Être récupérable : une faute / une erreur d’analyse s’est nichée quelque part, doit être débusquée et corrigée et /ou supprimée.
* Ajout. 5 juin 2020. Pour une analyse contraire, entendu ce jour sur France Culture :
« Si on est récupéré, c’est qu’on doit avoir raison. » À cette aune….

Pensées (Irrécupérables) (2) : Il ne peut y avoir de récupération, de contrefaçon, de détournement si la pensée est claire ; et pour qu’elle le soit, il faut que sa genèse, son cheminement, sa finalité, ses ancrages le soient aussi ; le seront alors aussi nécessairement les sources, les auteur-es, les faits, les critiques.
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Pensées (Léautaud Paul) : 1951. Paul Léautaud [1872-1956], dans ses Entretiens avec Robert Mallet, auteur de :
« La pensée ! Il ne faut pas employer des mots comme ça ! ... » 186 (Cf. Hommes. Remarquables. Léautaud Paul, Langage. Mots)

Pensées (« Levier de ») : 2018. Entendu : Il débuta par : « une laïcité mal comprise », il poursuivit par : « une fausse laïcité », et puis évoqua la nécessité de « la critique du ‘laïcisme’ ». Vint, alors, sans transition, « le clash des civilisations », pour finir par : « Soyons français » suivi de : « À Rome fait comme les Romains. » 187 (Cf. Politique. Laïcité)

Pensées (Libérées) : Une pensée, libérée des défenses intellectuelles inculquées, sans même requérir son avis, et encore moins son accord, à l’être qui l’exprimait, révèle des forces considérables. (Poursuivre)

Par ordre chronologique. Pensées. Logiques :

Pensées (Logiques) (1) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« Cimourdin s’était jeté dans ce vaste renouvellement humain [la révolution] avec logique, c’est-à-dire pour l’esprit de sa trempe, inexorablement ; la logique ne s’attendrit pas. » 188 (Cf. Politique, Histoire. Révolution française)

Pensées (Logiques) (2) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« Cimourdin croyait que, dans les genèses sociales, le point extrême est le point solide ; erreur propre aux esprits qui remplacent la raison par la logique. » 189 (Cf. Politique, Histoire. Révolution française)
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Pensées (Lucides) : Entendu la fin de la chanson de Léo Ferré [1916-1993], La solitude :
« La lucidité se tient dans mon froc ! Dans mon froc ! » (Cf. Hommes. Grossiers)

Pensées (Manichéennes) : (17 février) 1958. Maurice Merleau-Ponty [1908-1961], interrogé par Madeleine Chapsal [1925-2024], donne un exemple d’une pensée non manichéenne :
« Marx [1818-1883] […] n’était pas manichéen. Il pensait que le capitalisme est en décadence, mais qu’il a été une grande chose, qu’il faut détruire la philosophie, mais qu’il faut aussi le réaliser, que la révolution est une rupture avec le passé, mais qu’elle en est aussi l’accomplissement. » 190
Pas vraiment convaincant…à tout le moins … (Cf. Penser. Pensées. Binaires, Philosophie)

Pensées (Michelet Jules) : 1853. Jules Michelet [1798-1874], dans son Histoire de la Révolution française, auteur de :
« Quand on songe par quels degrés, quelles difficultés, quels obstacles, surgit toute grande pensée, on s’étonne moins de voir les humiliations, les bassesses où peut descendre, pour la sauver, celui qui l’eut une fois…
Qui nous donnera de pouvoir suivre, des profondeurs à la surface, l’ascension d’une pensée ?
Qui dira les formes confuses, les mélanges, les formes funestes qu’elle subit pendant des siècles ?
Combien, de l’instinct au rêve, à la rêverie, et au-delà au clair-obscur poétique, elle a lentement cheminé !
Comme elle a erré longtemps entre les enfants et les simples, entre les poètes et les fous !
Et un matin, cette folie s’est trouvée le bon sens de tous ! mais cela ne suffit pas.
Tous pensent, personne n’ose dire… Pourquoi ? […] » 191 (Cf. Penser. Pensées. Rêves, Histoire)

Pensées (Morin Edgar) : (11 mai) 2005. Edgar Morin, dans Le Monde, concernant la diffusion du projet de constitution européenne - le vote, qui s’avéra négatif, devant avoir lieu le 25 mai - auteur - de :
« C’est un vice de pensée que de se concentrer exclusivement sur un texte. »
- Et ce, après avoir affirmé que :
« La distribution à profusion du texte du projet de Constitution européenne ne va qu’accroitre la confusion et la perplexité. » 192
- Il faut oser écrire que : ne pas savoir est mieux que : savoir. (Cf. Hommes. « Intellectuels », Penser. Vérité. Morin Edgar, Politique. Démocratie)

Pensées (Mort de la pensée) : [Dans le cadre d’une pensée qui se pose comme « rationnelle », « universelle » et donc, croit-elle d’emblée, « légitime »] : la perception d’une « réalité» considérée comme telle > la recherche d’une cause > qui ouvre la voie à une explication > laquelle nécessite un moyen > en vue d’un but plus ou moins explicité > traduit par une inscription dans la loi > laquelle cautionne et ou détruit les impositions préalables > et ce selon que vous serez hommes et femmes, riches ou pauvres, forts ou faibles, adultes ou enfants… (Reprendre)

Pensées (Nehru Jawaharlal) : 1967. André Malraux [1901-1976], dans ses Antimémoires, auteur de :
« Il [Jawaharlal Nehru. 1889-27 mai 1964], aimait l’originalité de la pensée, la saluait d’un sourire au passage, comme un amateur de peinture eût salué un bon tableau. Mais les intellectuels aiment cette originalité pour elle-même, je crois que Nehru ne l’aimait qu’agissante. » 193

Pensées (Nerval Gérard de) : 1855. Gérard de Nerval [18080-1855], dans Aurélia ou Le rêve et la vie, auteur de :
« […] Mes livres, amas bizarre de la science de tous les temps, histoire, voyages, religions, cabale, astrologie à réjouir les ombres de Pic de la Mirandole, du sage Meursius et de Nicolas de Cusa, - la tour de Babel en deux cents volumes, - on m’avait laissé tout cela !
Il y avait de quoi rendre fou un sage ; tâchons qu’il y ait aussi de quoi rendre sage un fou. » 194

Pensées (Neutralité) : (18 janvier) 2018. Le président du Comité national d’éthique, auteur de :
« On va être aussi neutres que possible… » 195 (Cf. Penser. Morale. Codes d’éthique)

Pensées. Friedrich Nietzsche :

Pensées (Nietzsche Friedrich) (1) : 1884. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans Contribution à l’histoire naturelle de la morale, auteur de :
« Les hommes bons de chaque époque sont ceux qui labourent à fond les anciennes pensées, et qui les font fructifier ; ce sont les cultivateurs de l’esprit. Mais à la fin tel champ ne rapporte plus et sans cesse il faut que le soc de la charrue du mal vienne le remuer à nouveau. »
- Pour ma part, j’enlève : « du mal » et, dans la foulée : « bons » 196

Pensées (Nietzsche Friedrich) (2) : 1887. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans Des principes et des fins, auteur de :
« […] Une pensée se présente quand ‘elle’ veut, et non pas quand ‘je’ veux. » 197
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Pensées (Nizan Paul) : 1932. Paul Nizan [1905-1940], dans Les chiens de garde, auteur de :
« […] Aucune pensée n’est vide de poisons, pourvu qu’elle soit dite et redite. » 198 (Cf. Penser. Répéter, Politique. Médias)

Pensées (Nombre) : Une pensée fait peu de cas du nombre. Ou plutôt : une pensée ne peut, ne doit pas faire cas du nombre ?

Pensées (Non-dit) : Faute de pouvoir s’exprimer adéquatement sur ce qu’il souhaitait transmettre, il expliquait doctement que l’essentiel était lisible dans le non-dit.

Penser. Pensées. Normes :

Pensées (Normes) (1) : Tout pouvant être qualifié de « norme », ne pas être dans la norme, critiquer la norme, ne peut signifier que l’expression d’un malaise personnel mal défini. Il en est de même concernant la critique de la « pensée dominante », de « politiquement correct », de la « bien pensance », et même des « belles âmes », autant de confusions intellectuelles qui pourtant fondent tant de débats… (Poursuivre)

Pensées (Normes) (2) : S’opposer à la norme, c’est la conforter. Il en est de même de « l’inversion des normes ».

Pensées (Normes) (3) : Être témoin de la norme ; s’interroger sur la norme ; critiquer la norme ; refuser la norme ; détruire la norme ; la norme existe-t-elle ? ; Tout dépend de qui pense la norme…
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Pensées (Nourrissantes) : Elle se régalait de la pensée dont elle se nourrissait et qui lui conférait du poids.

Pensées (Pasternak Boris) : 1957. Boris Pasternak [1890-1960], dans Le docteur Jivago, auteur de :
« […] Il comprenait tout du même coup d’œil et savait exprimer ses pensées sous la forme où elles lui venaient à l’esprit au premier instant, pendant qu’elles étaient encore vivantes et n’avaient pas perdu tout leur sens. » 199
N.B. Sur : « au premier instant », souvent vérifié.

Pensées (Péguy Charles) : 2017. L’exergue du Site officiel de Charles Péguy [1873-1914] est le suivant :
« Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite. » 200 Facile ? sur quoi se fonde une telle hiérarchie ? Qui décide de la « norme » ? Bref, une pensée toute faite. (Cf. Pensée. Norme)

Pensées (Personnelles) : Il qualifia la lettre qu’il avait reçu d’elle de : « très personnelle » ; elle, pourtant, n’y avait exprimé que sa pensée. Qu’en déduire ? Que, pour lui, sa pensée n’était pas même prise en compte ; elle se dissolvait en sa personne. Si fréquent… (Cf. Langage. Adverbe)

Pensées (Pertinence) : La pertinence d’une pensée (d’une action) se juge a postériori et sur le long terme. Devrait inquiéter les utilisateurs / trices de twitter…

Penser. Pensées. Politiques :

Pensées (Politiques) (1) : Toute pensée est politique en ce sens qu’elle engage nécessairement un être, homme ou femme, marqué-e par une histoire, une nation, une culture, un milieu, une classe, singulières ou plurielles.
Elle l’est, qui plus est, lorsqu’elle s’assigne pour finalité de rendre compte, de réfléchir sur l’une ou l’autre des composantes de sociétés, passée ou présentes, proches ou lointaines.
Elle l’est, a fortiori, lorsqu’elle se projette, plus ou moins consciemment, plus ou moins volontairement, plus ou moins lucidement, dans l’avenir et aspire à participer à sa [re]construction.
- Cette approche, telle qu’ici présentée, n’a alors que peu - rien ? - à voir avec celles censées opposer « objectivité » et « subjectivité », « engagement » et « prise de distance », « réalisme » et « utopie » ou « révolution ». (Cf. Féminisme. Patriarcat. Penser. Pensées. Binaires, Penser. Le Politique, « Sciences » sociales)

Pensées (Politiques) (2) : (29 août) 2020. Alain Finkielkraut, sur France Culture, auteur de :
« Je me souviens toujours de Raymond Aron [1905-1983] qui disait : ‘Quand je critique un homme politique, je me mets toujours à sa place. ‘ » 201
Nécessaire pour comprendre l’homme, mais c’est aussi la mort de la pensée politique. (Poursuivre) (Cf. Hommes. « Politiques », Penser. Critique, Politique)
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Pensées (Postulat) : Sur les plateaux de télé notamment, beaucoup se plaignent d’être interrompu-es ; ce qui est rarement exprimé, c’est que nombreux sont ceux / celles, dont une fois que l’on connait le postulat de leur argumentaire, la suite, à savoir l’expression de leur pensée, n’a que peu, et souvent pas, d’intérêt. (Cf. Penser. Postulat, Politique. Médias)

Penser. Pensées. Pouvoir :

Pensées (Pouvoir) (1) : Le principal avantage du pouvoir (dans ses multiples manifestations) est d’emblée de s’estimer être, sinon en mesure, du moins en droit, de délégitimer l’auteur-e d’une pensée (action) : efficace, car cela a pour effet, sinon pour fonction, de diminuer le nombre des postulant-es et de restreindre le champ de la critique. Concerne, tous systèmes de domination, et, principalement, au premier chef, les hommes concernant leurs rapports aux femmes.

Pensées (Pouvoir) (2) : Lorsqu’un pouvoir croit pouvoir affirmer, afficher son mépris pour une personne, pour une pensée critique, il n’imagine que rarement - sauf à s’interroger sur lui-même - que celle-ci l’avait d’emblée déjà récusé. Là, réside sa faiblesse. (Cf. Politique. Mépris)

Pensées (Pouvoir) (3) : Lorsqu’un pouvoir est contesté, comme c’est curieux - lui qui est censé tout gérer, tout décider, et espère-t-il qu’on le croie, tout comprendre - il ne comprend plus rien…
* Ajout. 26 août 2018. Cette analyse est valable aussi pour ceux et celles qui ne se pose pas même la question de leur plus ou moins grande proximité à l’égard du pouvoir.
Un exemple : Thierry Pech, ce jour, évoquant le discours de Jean-Luc Mélenchon la veille à Marseille dont il était vraiment difficile de reconnaitre qu’il n’était ni brillant, ni percutant, ni intelligent, ni politiquement crédible, ni fondé sur des analyses à tout le moins plus justes que celles qui nous sont présentées depuis si longtemps, affirma avec assurance : « On ne comprend rien à ce qu’il propose ».
Certes, ce jugement n’était censé concerner que « l’émigration », mais on pouvait penser, sans trop défigurer cette ‘ analyse’, qu’il concernait l’ensemble du discours, dont ni lui, ni aucun membre de l’émission, ne parla pas autrement.
Et les journalistes, commentateurs/trices, semblent s’étonner d’être si peu crédibles et respectés…. (Cf. Langage. Possessif, Politique. Médias)

Pensées (Pouvoir) (4) : Dans l’éternelle lutte entre le pouvoir et sa critique, le pouvoir est toujours gagnant. À court, plus ou moins long terme.

Pensées (Pouvoir) (5) : 1734. Montesquieu [1689-1755], dans ses Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence, auteur de :
« Ceux qui ont cessé de craindre le pouvoir peuvent encore respecter l’autorité. » À moins que ce soit : ceux et celles qui ont cessé de respecter l’autorité ne craignent plus le pouvoir ? ou plutôt les deux… ? 202 (Cf. Politique. Hiérarchie. Démocratie)
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Pensées (Pragmatisme) : Toute référence - et si souvent, toute assignation - au pragmatisme concrètement signifie s’adapter au monde tel qu’il fonctionne et donc au seul possible et interdit toute pensée, toute politique, tout imaginaire, toute utopie.

Penser. Pensées. Préjugés :

Pensées (Préjugés) (1) : Ils / elles nomment « préjugés » à l’encontre des victimes ce qui n’est souvent que stratégies de ceux et celles qui ont pouvoir sur elles.

Pensées (Préjugés) (2) : Les préjugés ont été construits dans et par l’histoire. Vouloir les combattre sans s’interroger sur leur genèse, c’est se battre contre des moulins à vent.

Pensées (Préjugés) (3) : Le mépris des préjugés est cause de tant d’innovations, certaines fameuses, d’autres stupides.

Pensées (Préjugés) (4) : Dénoncer les préjugés, c’est nécessairement les raviver.
N.B. « Préjugé » : « Croyance, opinion préconçue souvent imposé par le milieu, l’époque ; parti-pris »

Par ordre chronologique. Pensées. Préjugés :

Pensées (Préjugés) (1) : 1790. Edmund Burke [1729-1797], dans ses Réflexions sur la Révolution de France - dans un raisonnement ayant pour finalité de re-légitimer les préjugés - écrit :
« Un préjugé donne à la raison qu’il contient le motif qui fait sa force agissante et l’attrait qui assure sa permanence. En cas d’urgence, le préjugé est toujours prêt à servir ; il a déjà déterminé l’esprit à ne s’écarter jamais de la voie de la sagesse et de la vertu ; si bien qu’au moment de la décision, l’homme n’est pas abandonné à l’hésitation, travaillé par le doute et par la perplexité. Le préjugé fait de la vertu une habitude et non une suite d’actions isolées. »
Autant d’arguments pour délégitimer efficacement les préjugés… 203 (Cf. Patriarcat. Préjugés)

Pensées (Préjugés) (2) : (mars ou avril) 1835. Lettre d’Angélique Arnaud [1797-1884] à Caroline Simon [1802-1848], toutes deux Saint-Simoniennes) :
« [Ta mère] comprendra que tu n’as rien perdu de tes qualités précieuses en bravant le joug du passé.
Pourquoi donc en effet serait-on si sévère à un entraînement du cœur, ou si l’on veut à un entrainement religieux, parce qu’il appartient à une femme, lorsqu’on tolère aux hommes des légèretés si coupables ; pourquoi faut-il que pour le même acte l’un se glorifie et se pavane, tandis que l’autre courbe son front vers la terre et se noie dans les larmes.
Oh ! préjugés iniques, il ne faut pas moins de tortures pour arriver à vous terrasser qu’il n’a fallu de sang pour abreuver l’arbre de la liberté. » 204 (Cf. Femmes. Pleurs. Remarquables, Hommes, Relations entre êtres humains. Amour, Féminisme, Patriarcat, Penser. Pensées. Préjugés, Politique. Torture, Histoire)

Pensées (Préjugés) (3) : 1847. Charlotte Brontë [1816-1855], dans Jane Eyre, auteure de :
« On n’ignore pas que les préjugés sont particulièrement difficiles à extirper d’un coeur dont le sol n’a jamais été ameubli ni fertilisé par l’éducation ; ils y poussent, solides comme la mauvaise herbe dans les cailloux. » 205 (Cf. Enfants. Éducation)

Pensées (Préjugés) (4) : (7 octobre) 2020. Dario Montovani, dans son cours au Collège de France, auteur de :
« Tout préjugé est une occasion ratée de se renouveler. » 206

Pensées (Préjugés) (5) : (5 avril) 2022. Éric Zemmour, dans La Voix du Nord, auteur de :
« À la différence de Simone de Beauvoir [1908-1986], je pense qu’on naît femme. On ne choisit pas son sexe. Pour moi, il ne faut pas cracher sur les stéréotypes, ni sur les préjugés. Sauf à se couper de notre nature profonde. »
La pensée - ne pas ici oublier : française - progresse indiscutablement…
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Penser. Pensées. Processus d’une pensée totalitaire :

Pensées (Processus d’une pensée totalitaire) (1) : Je pense que… ; j’espère que… ; je crois que… ; Je veux que… ; Je sais que… Pour terminer par : « Ceci est ».

Pensées (Processus d’une pensée totalitaire) (2) : Pour [tâcher de] s’en prémunir, s’interroger en préalable sur son statut : est-ce un présupposé ? un instinct ? une intuition ? une hypothèse ? une opinion ? un avis ? un conseil ? une croyance ? une idée ? une aspiration ? une certitude ? ; et concernant une personne : un rejet ? un mépris ? une peur ? une attirance ? un penchant vers ? un besoin de ? une demande à …
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Pensées (Progrès) : Lorsque l’on veut voir le progrès, on s’interdit d’analyser le monde. Il y manque en effet les erreurs, les échecs, les régressions et les renaissances (autrement…) Bref, la complexité. Concerne nombre d’analyses féministes…

Pensées (Progression) : « Je ne comprends rien » ; puis : « Comprenne qui peut » ; puis : « C’est incompréhensible ». Et enfin : « Cela n’est qu’incompréhension, dont la responsabilité incombe à l’auteur-e lui / elle-même. » (Cf. Penser. Comprendre)

Pensées (Puissance. Hugo Victor) : 1862. Victor Hugo [1802-1885], dans Les misérables, auteur de :
- « Où est la pensée, là est la puissance. […] » (page ?)
- « Qu’est l’invasion des royaumes comparée à l’ouverture des intelligences ? […] » 207 Éternelle question, jamais résolue, mais là, sans doute, mal posée : comment comparer une armée et des écoles ? D’autant que dans les deux cas, l’État en est en règle générale le maître d’œuvre… (Cf. Penser. Intelligence)

Pensées (« Queer ») : (21 octobre) 2019. Entendu sur France Culture dans une série d’émissions consacrée aux champignons :
« […] Ce qui m’intéresse avec les champignons, c’est une certaine poésie, pour moi, plus une poésie queer que féministe. Ce qui est queer pour moi, avec les champignons…avec tout l’aspect symbiotique des champignons, c’est cette question de l’effacement des frontières, des catégories, des transgressions entre espèces. Je vois du queer dans les symbioses…parce qu’il y a cette transgression entre les catégories. On ne sait plus si c’est une plante ou un champignon. Ce qui est très beau, très queer là-dedans, c’est qu’ils se fichent complètement des catégories que nous on a établi. Ils font leur petite tambouille à eux. Ils rentrent dans ces interactions… J’y vois un certain érotisme trans-espèce, quelque chose d’extrêmement charnel, d’extrêmement érotique de ce mélange entre espèces différentes qui fait complètement exploser la conception qu’on dans les liens entre espèces. » 208 À citer, à profusion… (Cf. notamment Culture « Queer »)
N.B. Une transgression n’est pas, loin, de là, une subversion. Plus encore, certain-es utilisent l’argument de la transgression pour justifier leur irresponsabilité. Et imposer de nouvelles façons de penser.

Penser. Pensées. Radicales :

Pensées (Radicales) (1) : Une pensée radicale ne se divise pas. Elle doit avoir pour ambition de s’approcher de l’ensemble dans lequel elle s’inscrit.

Pensées (Radicales) (2) : Pourquoi faudrait-il qualifier de « radicale » une pensée, une action dont on peut simplement considérer qu’elle a pour ambition de s’approcher d’une vérité, d’une nécessité, jusqu’alors déformée, cachée, occultée, niée ?
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Pensées (Rêves) : 1862. Victor Hugo [1802-1885], dans Les misérables, auteur de :
« Il y a de la volonté dans la pensée, il n’y en a pas dans le rêve. » 209
* Ajout. 26 septembre 2023. Pas sûr… Et, plus encore, combien de volontés ont-elles muries, et / ou ont-elles été détruites, dans et par le rêve ?

Pensées (Révolutions) : Les révolutions libèrent les pensées, les paroles, l’imaginaire, l’intelligence. (Cf. Politique. Révolution)

Pensées. Erich Maria Remarque :

Pensées (Remarque Erich Maria) (1) : 1929. Erich Maria Remarque [1898-1970], dans A l’ouest, rien de nouveau, auteur de :
« Avant de pénétrer dans la cour de la caserne […]. Nous étions bourrés de pensées incertaines qui, à nos yeux, conféraient à la vie et aussi à la guerre un caractère idéalisé et presque romantique. » 210 (Cf. Politique. Guerre. Remarque Erich Maria)

Pensées (Remarque Erich Maria) (2) : 1929. Erich Maria Remarque [1898-1970], dans A l’ouest, rien de nouveau, auteur de :
« […] Le sang qui coule sous ma peau porte l’inquiétude et la frayeur dans mes pensées. Elles s’affaiblissent et tremblent ; elles veulent de la chaleur et de la vie. Elles ne peuvent pas résister sans consolation et sans illusions ; elles s’embrouillent devant l’image nue du désespoir. » 211 (Cf. Politique. Guerre. Remarque Erich Maria)
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Pensées (« Second, troisième…degré ») : Invoquer le « second - troisième…- degré » brise toute aspiration à la cohérence, à la clarté. Et, si souvent, est employée pour justifier le droit d’invalider une parole, jugé nécessaire du fait des réactions provoquées. Avant toute référence au « second degré », se poser la simple question : Le « second degré » de l’un-e est-il celui de l’autre ? Et préalablement : ça veut dire quoi, le premier degré ?

Pensées (Sens) : Une parole pour être entendable doit être sens. Comme les écrits. Comme la vie. Renvoie nécessairement à des valeurs. [À expliciter]. Lieu commun ? (Cf. Langage, Politique)

Pensées (Sens commun et / ou Bon sens) : Albert Einstein [1879-1955] aurait défini (cité sans source) le « sens commun » et /ou le « bon sens », comme : « la collection de préjugés acquis à l’âge de 18 ans. » (Cf. Penser. Pensées. Préjugés) 212

Pensées (Sensibles) : Entendu : « Le sensible est de l’intelligible confus. » (Poursuivre)

Pensées (Simples) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, concernant la politique militaire du général Koutouzov [1745-1813] durant la retraite [le repli, la fuite] française de Russie en 1812, auteur de :
« […] Tout ce que Koutouzov disait de la nécessité d’attendre des vivres, du manque de bottes pour les hommes, tout cela était d’une simplicité si enfantine en face de leurs propositions compliquées et savantes que de toute évidence Koutouzov était une vieille baderne, et eux des hommes de guerre de génie, hélas impuissants. » 213 (Cf. Hommes. « Impuissants », Politique. Guerre)

Penser. Pensées. Soi :

Pensées (Soi) (1) : Après « une chambre à soi », une pensée à soi. Plus complexe qu’il n’y paraît.
* Ajout. 12 février 2018. Avant Une chambre à soi [1929] de Virginia Wolf [1882-1941], Ovide [43 avant J.C-17/18 après J.C] avait écrit :
« Les poèmes requièrent de ceux qui les écrivent une retraite et des loisirs. » [Tristes, Livre I, n° 1, v. 41]

Pensées (Soi) (2) : Pour penser, réfléchir, il faut partir de soi ; ramener à soi invalide le processus.

Pensées (Soi) (3) : [Excès d’] orgueil ? Ou plutôt : exigence [minimale] ?

Pensées (Soi) (4) : Plus la pensée est sienne, mieux elle peut s’ouvrir à celle de l’autre. Non : faux. (Poursuivre)

Pensées (Soi) (5) : Le refoulement de ses propres pensées, écrasées, étouffées par les « maîtres » de tous acabits qui l’habitent détruit la possibilité même de la croyance en la pensée d’un autre. Il ne reste plus alors que la pensée de la reproduction. C’est cette chape de plomb qu’il faut lever.

Pensées. Alexandre Soljenitsyne :

Pensées (Soljenitsyne Alexandre) (1) : 1966. Alexandre Soljenitsyne [1918-2008], dans Le pavillon des cancéreux, évoque le jeune étudiant malade Vadim « dont l’intelligence s’était alourdie [et qui] ne pouvait plus bondir le long des pensées d’autrui comme une chèvre au flanc de la montagne. » 214 (Cf. Penser. Intelligence)

Pensées (Soljenitsyne Alexandre) (2) : 1968. Alexandre Soljenitsyne [1918-2008], dans Le premier cercle, auteur de :
«
Elle lui chuchota précipitamment à l’oreille :’Vous êtes sincère, mais pour ne pas avoir à modifier vos opinions, vous évitez toute rencontre avec des gens qui pensent différemment. Vos récoltez vos pensées dans des conversations avec des gens comme vous, dans des livres écrits par des gens comme vous. En physique, on appelle ça la résonnance, dit-elle. [...] Vous commencez par des convictions sans grande importance, mais elles s’accordent et se soutiennent les unes des autres jusqu’à un point…’. » 215 (Cf. Culture. Livres, Dialogues)
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Pensées (Staël Germaine de) : 1813. Germaine de Staël [1766-1817], dans De l’Allemagne, auteure de :
« […] Mais la pensée va peut-être encore plus loin quand elle n’a point de borne ni même de but déterminé, et que, sans cesse en rapport avec l’immense et l’infini, aucun intérêt ne la ramène aux choses de ce monde. » 216

Pensées (Statut de la parole) : Le positionnement du statut du sujet du discours est un préalable à toute pensée. Pas uniquement de l’être singulier : de l’être dans le monde. (Cf. Êtres humains. Soi. « T’es qui, toi ? »)

Pensées (Steiner George) : 2007. George Steiner [1929-2020], dans Les livres que je n’ai pas écrits, auteur de :
« ‘Naviguer sur des océans de pensée’ [William Wordsworth. 1770-1850] peut être aussi riche en combats qu’une épopée. » 217

Pensées. Subtiles :

Pensées (Subtiles) (1) : Combien pensent-ils - ou espèrent-ils croire - que les subtilités de leurs raisonnements les prémunissent de l’interrogation sur leur pertinence ? (Cf. Politique. Subtilité)

Par ordre chronologique. Pensées. Subtiles :

Pensées (Subtiles) (1) : 1749. Denis Diderot [1713-1784], dans Lettre sur les aveugles, à l’usage de ceux qui voient, auteur de :
«
Combien de philosophes renommés ont-ils employé moins de subtilité, pour arriver à des notions aussi fausses ! » 218 (Cf. « Sciences » sociales. Philosophie)

Pensées (Subtiles) (2) : (mars-mai) 1851. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Pourquoi dire des subtilités quand il y a encore tant de grosses vérités à dire ? » 219 (Cf. Penser. Vérité, Politique. Subtilité)
* Ajout. 12 octobre 2023. Simpliste ?
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Pensées (Subversive) : La subversion de la règle ne détruit pas la règle.

Penser. Pensées. Synthèses :

Pensées (Synthèses) (1) : Les synthèses dénaturent. Toute synthèse est trahison.

Pensées (Synthèses) (2) : Les synthèses tuent les idées dans l’œuf.

Pensées (Synthèses) (3) : Je lis évoquer comme une « foutaise », « la dialectique entre la thèse et l’antithèse [d’où] finit toujours par sortir une synthèse » et me viens subitement à l’esprit, 60 après, qu’à Sciences-po, c’est comme cela - dialectique en moins - que l’on nous présentait, alors que nous ne savions rien sur rien, le modèle (des plans, des exposés, des dissertations) devant être suivi. Comme formatage, peut-on faire mieux ?
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Pensées (Tango) : Entendu l’adage : « Le tango est une pensée triste qui se danse ». (Cf. Culture)

Par ordre chronologique. Pensées. Léon Tolstoï :

Pensées (Tolstoï Léon) (1) : (29 mars) 1852. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
«
Il est des pensées qu’à moi-même je ne dis pas ; et elles me sont si chères que sans elles il n’y aurait rien pour moi. » 220

Pensées (Tolstoï Léon) (2) : (7 juillet) 1853. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Écrit le matin, mais mal, sans attention, et beaucoup d’idées, mais creuses. » 221

Pensées (Tolstoï Léon) (3) : 1877. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
«
Il se rappela trop tard que cette pensée, qu’il donnait pour sienne, lui avait été confiée la veille par un ami. Ce monsieur l’avait d’ailleurs lue dans un feuilleton dont l’auteur l’avait à son tour empruntée au fabuliste Krylov. » 222

Pensées (Tolstoï Léon) (4) : (29 septembre) 1889. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Il m’est venu une pensée et ensuite je l’ai oubliée. Bon, n’importe, ce n’est qu’une pensée. Si c’était non pas seulement un million de roubles, mais une pierre précieuse, un joyau, un brillant, je mettrais tout sens dessus dessous jusqu’à ce que je l’ai trouvée, mais là quoi rien qu’une pensée. Rien qu’une vapeur, rien qu’une graine, rien qu’une pensée. Pourtant de la graine, naît un chêne, de la pensée nait une activité toute autre de l’être le plus fort, l’homme, et il nous semble que cela n’est rien. » 223

Pensées (Tolstoï Léon) (5) : (26 juin) 1899. Léon Tolstoï [1828-1910 écrit dans son Journal :
« Tout est dans les pensées. La pensée est le principe de tout. Et l’on peut diriger les pensées. Et c’est pourquoi la chose principale du perfectionnement, c’est travailler sur la pensée. » 224

Pensées (Tolstoï Léon) (6) : (17 juin) 1909. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans ses Carnets :
«
La parole a été donné à l’homme pour cacher ses pensées. Combien rares et précieux les hommes qui pensent que la parole a été donnée à l’homme pour exprimer ses pensées ! » 225

Pensées (Tolstoï Léon) (7) : (20 avril) 1910. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« L’effort de la pensée, comme une semence de laquelle naît un arbre immense, n’est pas visible ; mais de lui naissent les changements visibles de la vie des hommes. » 226

Pensées (Tolstoï Léon) (8) : (3 août) 1910. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
«
Admirable passage de Pascal [Blaise. 1623-1662]. Je n’ai pu qu’être attendri jusqu’aux larmes en le lisant et en prenant conscience de ma pleine union avec cet homme mort il y a des centaines d’années. » 227

Pensées (Tolstoï Léon) (9) : (5 octobre) 1910. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
«
Pas dormi de la nuit, et je ne peux pas dire que j’ai pensé, mais des pensées erraient dans ma tête. » 228
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Par ordre chronologique. Pensées. Jules Vallès :

Pensées (Vallès Jules) (1) : (7 novembre) 1861. Jules Vallès [1832-1885], dans Lettre de Junius, parue dans Le Figaro, auteur de :
« Dans le domaine de la pensée, personne n’a le droit de dire à la mienne : Tu n’iras pas plus loin ! » 229

Pensées (Vallès Jules) (2) : 1866. Jules Vallès [1832-1885], dans Les réfractaires, auteur de : « Comme on meurt vite dans ce métier - les malheureux portant un diplôme de bachelier dans les poches de leurs habits troués - et comme l’esprit se gâte dans cette atmosphère malsaine ! L’aile dans la poussière, touchée au coeur, comme un oiseau blessé, la pensée s’irrite, se désespère. Elle se meurtrit en se débattant, ne s’échappe qu’en laissant un peu d’elle-même, comme le loup dans le piège, qui se coupe la patte avec les dents. Tout s’en ressent : langage, caractère, talent ! » 230

Pensées (Vallès Jules) (3) : 1886. Jules Vallès [1832-1885], dans L’Insurgé, auteur de :
« Jadis, mon obscurité masquait de noir ma faiblesse d’inconnu ; maintenant, le peuple va me regarder à travers les lignes qui, comme les veines de ma pensée, courent sur la feuille de papier gris. » 231
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Pensées (Varnhagen Rahel) : Lu dans le livre de Georges Solovieff consacré à Rahel Varnhagen [1771-1833] qu’elle appelait ses pensées :
« des essences distillées dans [ses] larmes. » (Sans date, ni source) 232 (Cf. Femmes. Pleurs, Penser. Liberté. Varnhagen Rahel)

Pensées (Vide-Pensées) : Plus utile qu’un vide-poche. Une idée vous vient, une idée vous gêne, une idée vous met en colère, une idée mérite d’être sauvée de l’oubli, une idée vous pèse, une idée vous capte, une idée vous éclaire : Un Abécédaire (à soi), vous en libère en vous permettant de les dépasser ; il permet en effet de déposer les scories qui occupent l’espace, de s’alléger de ce qui étouffe et de faire place plus nette...
Pour laisser à cet exercice son exactitude stricto sensu personnelle, je me suis, depuis son tout début, interdite de retirer un quelconque item à cet Abécédaire. J’ai, en revanche, pu modifier certains d’entre eux, eu égard à l’évolution de ma réflexion. (Cf. Hommes. Remarquables. Dostoïevski Fiodor, Pensée. Méthode. Abécédaire, Psychanalyse)

Pensées (Weil Simone) : (26 mai) 1942. Simone Weil [1909-1943], auteure de :
« J’ai besoin de me dire ces choses pour n’avoir pas peur de mes propres pensées. » 233

Pensées (Zola Émile) : 1867. Émile Zola [1840-1902], dans Thérèse Raquin, auteur de :
« Les deux meurtriers […] étaient simplement heureux de ce bruit de paroles douces qui les empêchaient d’entendre l’éclat de leurs pensées. » 234
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II. Penser. Idées :

Penser. Idées :

Penser (Idées) (1) : Extirper les idées des carcans des fonctions qui les ont étouffées pour les replonger dans le réel. Et mieux penser sur d’autres fondements….

Penser (Idées) (2) : Il y a ceux et celles qui, d’une idée, rejettent le tout et ceux et celles qui, dans le tout, trouvent l’idée. Il y a aussi ceux et celles qui enferment le réel dans l’idée et ceux et celles qui savent, qu’avec des idées ancrées dans le réel, on change le monde.

Penser (Idées) (3) : Les idées ne sont à personne. Elles appartiennent au « patrimoine [culturel immatériel] de l’humanité ». Que faire alors du « droit à la propriété intellectuelle » ? : le transformer en un bien commun à échanger, à partager, permettant de s’enrichir de concert, par-delà les frontières, gratuitement.

Penser (Idées) (4) : Une idée : une épreuve de vérité.

Penser (Idées) (5) : Une idée est pièce à conviction. Elle doit être pensée, pesée, appréciée à sa juste valeur, conséquences incluses. Concerne tout le monde, « humoristes », « caricaturistes » inclus, sans exceptions.

Penser (Idées) (6) : Une pensée n’est forte que si elle fait vaciller le socle sur lequel elle repose et dont elle est issue, et, par ondes de chocs, si elle n’ébranle donc pas tout son environnement.

Penser (Idées) (7) : Une idée n’a pas [vocation] à être mise en œuvre. Elle peut l’être, mais ce n’est pas sa finalité, encore moins sa fonction.
* Ajout. 14 novembre 2017. Variante : Le moyen le plus efficace de tuer une idée - et même plus sur l’idée d’une idée - est de s’interroger, sitôt émise, sur son applicabilité.

Penser (Idées) (8) : Lorsque l’on défend des idées, il ne faut pas vouloir les incarner. Rédhibitoire. Juste ? Mal posé ?

Penser (Idées) (9) : Incarner une idée, à fortiori [se] l’approprier, c’est en sus de la malhonnêteté et de l’absurdité du projet, la détruire.

Penser (Idées) (10) : Une personne qui croit à des idées ne peut accepter d'être présentée intuitu personae ; elle se met en effet alors en situation d’être réduite à elle-même.

Penser (Idées) (11) : Penser, ressentir qu’une idée est - selon soi, pour soi - juste, nouvelle… procure un sentiment de jouissance, de pouvoir, de plaisir. Si l’on croit à la force d’une idée….

Penser (Idées) (12) : Pour - simplement - entendre un argument, encore faut-il croire à la valeur d’une idée, d’une parole, d’un engagement. Et à la valeur - j’emploie ce terme, faute d’un autre adéquat - de la personne qui l’émet. La « raison » qui refuse à s’y confronter bute alors sur ce qui lui demeure incompréhensible. Se raidit, se sclérose.

Penser (Idées) (13) : Une idée ne doit jamais être présentée (proposée ?), prise en compte, analysée, critiquée que pour ce qu’elle est, pour sa valeur intrinsèque : relative, stérile ou féconde, c’est selon chacun-e. Mais encore faut-il au préalable qu’elle soit reconnue comme telle et ne relève pas du postulat, du principe, de l’exemple, de l’hypothèse, de l’argument d’autorité… (Poursuivre)

Penser (Idées) (14) : Vouloir faire valoir ses idées, c’est en nier la valeur.

Penser (Idées) (15) : Si les idées doivent avoir une force supérieure à celle du pouvoir, ne doivent-elles pas s’imposer d’elles-mêmes ?

Penser (Idées) (16) : Qu’importe la forme, si l’idée est juste… Des pleurs, un cri, un hurlement, et tant de silences doivent être compris, sinon comme un raisonnement - un raisonnement empêché - du moins comme aussi signifiants.
* Ajout. 26 juillet 2019. 1838. Ralph Waldo Emerson [1803-1882], concernant son engagement antiesclavagiste, écrit dans son Journal :
« Au fond ce n’est qu’un simple cri ; mais parfois un cri vaut mieux qu’une thèse. » 235

Penser (Idées) (17) : Les structure sociales, mentales, intellectuelles etc., sont suffisamment solides et à même, du seul fait de leur pesanteur, de se reproduire pour qu’en sus il ne soit pas demandé aux idées de s’adapter à elles.

Penser (Idées) (18) : Idées et prosélytisme sont deux termes incompatibles.

Penser (Idées) (19) : Attendre un résultat d’une idée, c’est nier sa qualité d’idée.

Penser (Idées) (20) : Servir, se mettre au service d’une idée, mais ne pas se servir d’une idée. Déjà exprimé mille fois, mais…

Penser (Idées) (21) : Il existe des idées qui sont comme des grenades dégoupillées : on n’ose y être confronté-es, de peur qu’elles ne vous explosent à la figure.

Penser (Idées) (22) : Certain-es allaient à la chasse aux papillons ; d’autres à la chasse aux idées.

Penser (Idées) (23) : Il fut, paraît-il, un temps où l’on avait des idées, certain-es même y croyaient, se battaient pour les faire reconnaître, tentaient de les convertir en projets, et même, mourraient pour elle ; aujourd’hui, on « affiche des postures ».

Penser (Idées) (24) : Pour « avoir » des idées, encore faut-il « avoir » les mots qui permettent de les exprimer et ne pas être sous le joug de ceux et celles qui se les sont appropriés, de ceux et celles qui les formatent.
- Cf. Guy Boley, auteur de « Quand dieu boxait en amateur » [Grasset. 2018], et auteur de :
« II y a un accès à la parole auquel les catégories humbles, disons-le comme ça […] ne se sentent pas le droit d’avoir accès […] Dans ma famille […] ils ne se sentaient pas en droit de penser. […] Ils ne pensaient pas qu’ils pouvaient exprimer une pensée avec les mots de pauvres qu’ils avaient. » 236

Penser (Idées) (25) : Une idée ouvre la voie à une autre idée, qui ouvre la voie à une seconde, puis à une troisième, puis…
L’important est de croire à la première, quelle qu’en soit la validité, pour ne pas parler de valeur….

Penser (Idées) (26) : (8 avril) 2019. Entendu lors de la restitution officielle du « grand débat national » que :
« 720.000 idées ont été exprimées par les français-es ». 237 (Cf. Politique. « Grand débat »)

Penser (Idées) (27) : La question est moins de s’interroger pour savoir d’où proviennent les idées, quel-les en sont les auteur-es, que de tenter de comprendre comment elles cheminent, ou plutôt pourquoi certaines, et pas d’autres, cheminent.

Penser (Idées) (28) : Lire, découvrir une idée - que l’on croit - juste : un moment de bonheur.

Penser (Idées) (29) : Si l’on avait compris qu’il s’identifiait aux idées qu’il affirmait incarner, et donc que sa pensée politique était erronée, il n’en résulte pas pour autant que toutes ses idées l’étaient.

Penser (Idées) (30) : L’échec de la mise en œuvre d’une idée n’en invalide pas l’idée.

Penser (Idées) (3I) : Les preuves du contraire n’invalident pas une idée. (Poursuivre)

Penser (Idées) (32) : Quand les idées sont absurdes, ce ne sont pas elles qu’il faut critiquer : cela les rend plausibles. C’est leur auteur-e qu’il faut délégitimer.

Penser (Idées) (33) : Les idées n’ont pas besoin - ne doivent pas être - sourcées ; plus encore, en citer leurs auteur-es - du moins, ceux et celles qui se les sont singulièrement appropriées - c’est en amoindrir, en détourner la portée, c’est-à-dire leur capacité d’ouvertures, par chacun-e, singulièrement, au monde.

Penser (Idées) (34) : Il est des idées qui émeuvent, des idées gênent, des idées qui dérangent, des idées qui perturbent, des idées qui troublent, des idées qui laissent désemparé-es, des idées qui attirent, des idées qui ouvrent des horizons jusque alors inconnus, impensés, impensables, des idées qu’on n’oublie pas, des idées fulgurantes.
Et puis, il y a des idées qui procèdent à des fractures.

Penser (Idées) (35) : (21 septembre) 2021. Entendu l’expression de : « marché cognitif » [Gérald Bronner]

Penser (Idées) (36) : Ses idées étaient autant de grenades dégoupillées qui ne demandaient qu’à s’exprimer [exploser ?]

Penser (Idées) (37) : Le meilleur moyen d’étouffer, de dévaluer, de déconsidérer les pensées d’une personne : raconter sa vie, et pour les vivantes, leur faire raconter leur vie. Mais à leur écoute, cent pensées peuvent advenir…

Penser (Idées) (38) : Se laisser imprégner par une idée, lui laisser le temps de murir et puis le temps viendra où elle vivra sa vie.

Penser (Idées) (39) : N’en déplaise à Anne Sylvestre [1934-2020] : « aimer les gens et les idées » n’est pas incompatible. Mais je suis sûre qu’elle aurait été d’accord.

Penser (Idées) (40) : Comment croire à la force des idées si l’on ne croit pas en soi ?

Penser (Idées) (41) : Entendu : « On est obligé de schématiser pour faire passer la force d’une idée » : Non. Non.

Penser (Idées) (42) : Dépersonnaliser, dé-singulariser les idées, c’est les délester, les apurer des erreurs, des faiblesses, des contradictions, comme des vérités (à repenser) des hommes et des femmes qui les ont peu ou prou incarnées ; c’est aider à la critique.

Penser (Idées) (43) : Plutôt que d’espérer la diffusion de ses propres idées, ne serait-il pas plus judicieux d’espérer la multiplication de toutes les idées des autres ?

Penser (Idées) (44) : Les débats dits politiques empêchent, étouffent, détournent des débats d’idées.

Par ordre alphabétique. Penser. Idées :

Penser (Idées. « Action française ») : « Notre force, c’est d’avoir raison » était l’une des maximes de l’Action Française [mouvement d’extrême-droite nationaliste, royaliste, fondée en 1898]. Toujours donc se défier de la ‘force’ des idées, fondées sur, justifiées par la seule supposée « raison », qui n’est que celle de celui / celle qui s’en prévaut. D’où qu’ils / elles viennent. (Cf. Patriarcat. Raison. Avoir)

Penser. Idées. Honoré de Balzac :

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (1) : (26 octobre) 1834. Honoré de Balzac [1799-1850] écrit à Ewelina Hanska [1801-1882] :
« Ma vie n’est variée que par les idées ; physiquement, elle est monotone. » 238

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (2) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans Le père Goriot, auteur de :
« […] L’étudiant se demandait vainement pourquoi. Sans doute, les idées se projettent en raison directe de la force avec laquelle elles se conçoivent, et vont frapper là où le cerveau les envoie, par une loi mathématique comparable à celle qui dirige les bombes au sortir du mortier. Divers en sont les effets. S’il est des natures tendres où les idées se logent et qu’elles ravagent, il est aussi des natures vigoureusement munies, des crânes à rempart d’airain sur lesquels les volontés des autres s’aplatissent et tombent comme les balles devant une muraille ; puis il est encore des natures flaques et cotonneuses où les idées d’autrui viennent mourir comme des boulets s’amortissent dans la terre molle des redoutes. Rastignac avait une de ces têtes pleines de poudre qui sautent au moindre choc. » Quelle puissance d’analyses… 239 (Cf. Êtres humains. Cerveaux)

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (3) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans César Birotteau, nomme les « idées les plus simples », « la petite monnaie de l’esprit ». 240

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (4) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans César Birotteau, auteur de ce dialogue :
« - Monsieur, madame ne veut pas que vous alliez plus loin…
- Allons, s’écria Birotteau, encore des idées de femme ! » 241 (Cf. Dialogues)

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (5) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans César Birotteau, auteur de :
« Vous allez voir, dit-il à Ragon, à Pillerault et aux dames, un original qui cache des moyens sous un mauvais ton effrayant ; car, d’une position très inférieure, il s’est fait jour par ses idées. » 242

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (6) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans César Birotteau, auteur de :
« Aujourd’hui, l’affaire des terrains, son intérêt pour la maison Popinot et compagnie, le remboursement de cent soixante mille francs jetés sur place [...] effrayaient le pauvre homme par la multiplicité des idées ; il se sentait dans la main plus de pelotons de file qu’il n’en pouvait tenir. » 243

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (7) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans César Birotteau, auteur de :
« Il a les idées troubles, dit-il en faisant un geste employé pour peindre l’embrouillement du cerveau, il faudrait peut-être le saigner ou lui mettre des sangsues. » (Cf. Corps) 244

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (8) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans César Birotteau, auteur de :
« Quand, dans ces horribles crises commerciales, un homme n’a pas une âme trempée comme celle de Pilleraut, il devient le jouet des évènements : il suit les idées d’autrui, les siennes, comme un voyageur court après des feux follets. » 245

Penser (Idées. Balzac Honoré de) (9) : Honoré de Balzac [1799-1850], dans César Birotteau, auteur de :
« Le parfumeur expansif, qui disait sur l’oreiller à sa chère Constance les moindres émotions de son existence, qui cherchait des lumières de la contradiction, ne pouvait s’entretenir de sa situation ni avec son premier commis, ni avec son oncle, ni avec sa femme. Ses idées lui pesaient donc doublement. » 246
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Penser (Idées. Beccaria Cesare) : 1764. Cesare Beccaria [1738-1794], dans Des délits et des peines, auteur de :
- « […] Il est démontré que la liaison des idées est le ciment qui maintient tout l’édifice de l’entendement humain. […] »
- « Nos connaissances et toutes nos idées sont liées entre elles ; plus elles sont compliquées, plus nombreuses sont les voies qui y arrivent et qui en partent. » 247
Analyses riches en elles-mêmes et de leurs dépassements. (Cf. Penser. Beccaria Cesare, Patriarcat)

Penser (Idées. Berberova Nina) : 1969. Nina Berberova [1901-1993], dans C’est moi qui le dis, auteure de :
« Nos idées étaient parfois naïves et pathétiques, mais les thèmes que nous abordions se rapportaient à des problèmes existentiels qui n’ont pas cessé jusqu’à ce jour de me préoccuper. » 248

Penser (Idées. Berl Emmanuel) : 1971. Emmanuel Berl [1892-1974], interviewé sur la Chaine Histoire, auteur de :
« Là où il n’y a pas d’idées, mon intérêt faiblit très vite. » 249

Penser (Idées. Bronner Gérald) : (10 janvier) 2021. Gérald Bronner, sociologue, évoque « un cambriolage intellectuel sur le marché des idées. » De la marchandisation des idées, ici assumée. 250 (Cf. Penser. Idées, Sociologie. Économie. Vol)

Penser (Idées. Comtesse de Ségur) : 1862. La comtesse de Ségur [1799-1874], dans Les malheurs de Sophie, auteure de :
« - Madame de Réan : « Si j’étais sûre que vous soyez tous les deux bien sages, je vous permettrais d’aller seuls ; moi toi, Sophie, tu as toujours des idées singulières que j’ai peur d’un accident causé par une idée. »
- Sophie : « Oh non ! Maman, soyez tranquille ! Je n’aurais pas d’idée, je vous assure. Laissez-nous aller tous les deux : l’âne est si doux » […]
- Madame de Réan : « Mes chers enfants, depuis que vous avez un âne, il vous arrive sans cesse des malheurs, et Sophie a continuellement des idées qui n’ont pas le sens commun. » […]
- Madame de Réan : « Je veux bien attendre quelques jours [avant de vendre l’âne] ; mais je vous préviens qu’à la première idée de Sophie, vous n’aurez plus d’âne. » Puis :
« Un jour, Sophie eût une idée. » [...]
- Madame de Réan : « Ah ! c’est une de tes idées. Tu t’es punie toi-même. » […] 251 (Cf. Culture. Patriarcale, Enfants. Garçons. Filles. Comtesse de Ségur)

Penser. Idées. Capek Karel :

Penser (Idées. Capek Karel) (1) : 1920. Karel Capek [1890-1938], dans R.U.R., auteur de :
« Je regrette de vous le dire, mais ceux qui ont des idées ne devraient pas avoir le pouvoir. » 252

Penser (Idées. Capek Karel) (2) : 1920. Karel Capek [1890-1938], dans R.U.R., auteur de :
« Il y a des moments où nous sommes comme possédés. Nous avons des idées qui ne viennent pas de nous. » 253

Penser (Idées. Capek Karel) (3) : 1922. Karel Capek [1890-1938], dans La fabrique d’Absolu, auteur de :
« […] Maret était un vrai savant. Un peu bavard, mais ce garçon avait quelque chose de génial : il avait des idées. » 254
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Penser (Idées. Castoriadis Cornelius) : 1962. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans Quelle démocratie ? auteur de :
« Il faut comprendre que l’expression et la formulation d’une idée, même fragmentaire, inachevée ou erronée, peut conduire à son dépassement, tandis que son refoulement ne conduit qu’à la névrose politique. » 255

Penser (Idées. Catherine II) : (11 septembre) 1773. Catherine II [1729-1796] écrit à Voltaire [1694-1778] - ce qui peut être aisément considéré comme une critique qu’elle lui adresse, lui qui ne cesse de la pousser à la guerre contre les Turcs - :
« Il y a des gens qui n’aiment que ce qu’ils ont inventé et qui sacrifient tout à leurs idées, une fois reçues. […] » 256 (Cf. Politique. Guerre. Voltaire)

Penser (Idées. Chateaubriand François-René de) : 1850. François-René de Chateaubriand [1768-1848], dans les Mémoires d’Outre-tombe, auteur de :
« Elle cache la disette de ses idées sous l’abondance de ses paroles. » 257

Penser (Idées. Claudel Paul) : (décembre) 1942. Paul Claudel [1868-1955], dans son Cahier VII, auteur de :
« Les évènements actuels montrent l’effroyable efficience, surtout pour le mal, des penseurs, des émetteurs d’aidées. Karl Marx, Gobineau, Sorel, Nietzsche, Ch. Maurras, (autrefois J.-J Rousseau). Il n’y a pas d’idée qui ne soit en puissance d’action. J’oubliais Péguy, si lamentablement travesti et déformé par la R[évolution] N[ationale]. » 258

Penser (Idées. Constant Benjamin) : 1803. Benjamin Constant [1767-1830], dans son Journal intime, auteur de :
« J’ai terminé mon chapitre sur l’allégorie, j’en suis content. Il est rempli d’idées. […] » 259

Penser (Idées. De Gaulle Charles) : Charles de Gaulle [1890-1970], dans ses Mémoires, concernant le maréchal Alphonse Juin [1888-1967], auteur de :
« Il lui donnait [concernant le plan de la manœuvre] comme axe une seule idée, mais assez nette pour éclairer les siens, assez juste pour qu’il n’eut pas à la changer en cours d’action, assez forte pour s’imposer en fin de compte à l’ennemi. » 260

Penser. Idées. Paul Thiry d’Holbach :

Penser (Idées. D’Holbach Paul Thiry) (1) : 1770. Paul Thiry d’Holbach [1723-1789], dans l’Essai sur les préjugés. Ou : De l’influence des opinions sur les mœurs et le bonheur des hommes, auteur de :
« Il est évident que la faculté de communiquer ses idées est un des plus grands avantages que la Nature ait donné aux êtres de l’espèce humaine. » 261 (Cf. Êtres humains, Hommes. Féminisme, Penser. Idées. Opinion. Préjugés. Vérité)

Penser (Idées. D’Holbach Paul Thiry) (2) : 1770. Paul Thiry d’Holbach [1723-1789], dans Système de la nature, auteur de :
« Notre âme a besoin d’idées comme l’estomac d’aliments. » Suivi en note de :
« L’avantage que les savants et les gens de lettres ont sur les ignorants et les gens désoeuvrés ou inhabitués à penser et à étudier, n’est dû qu’à la multitude et la variété des idées que fournissent à l’esprit l’étude et la réflexion. L’esprit d’un homme qui pense trouve plus de pâture dans un bon livre, que l’esprit d’un ignorant dans tous les plaisirs que ses richesses lui procurent. Étudier, c’est amasser un magasin d’idées. C’est la multitude et la combinaison des idées qui met tant de différences entre les hommes, et qui leur donne l’avantage sur les animaux (I, Chap.VI). (Cf. Êtres humains, Politique. Animalisation du monde) 262
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Penser. Idées. Denis Diderot :

Penser (Idées. Diderot Denis) (1) : 1775. Denis Diderot [1713-1784], dans Jacques le fataliste, auteur de :
« Il a peu d’idées dans la tête ; s’il lui arrive de dire quelque chose de sensé, c’est de réminiscence ou d’inspiration. […] Il se laisse exister : c’est sa fonction habituelle. » 263

Penser (Idées. Diderot Denis) (2) : 1775. Denis Diderot [1713-1784], dans son Essai sur la peinture, auteur de :
« Qui sait où l’enchaînement des idées me conduira ma foi ! Ce n’est pas moi. » 264

Penser (Idées. Diderot Denis) (3) : 1775. Denis Diderot [1713-1784], dans son Essai sur la peinture, auteur de :
« La principale idée, bien conçue, doit exercer son despotisme sur toutes les autres. C’est la force motrice de la machine […]. » 265
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Penser (Idées. Dostoïevski Fiodor) : 1875. Fiodor Dostoïevski [1821-1881], dans L’adolescent, auteur de :
« […] C’est seulement maintenant que j’ai saisi de quoi il retourne : la faute en était à l‘’idée’. Bref, j’arrive à cette conclusion que, quand on a dans l’esprit quelque chose de fixe, de perpétuel, de puissant, dont on est tout entier occupé, on s’éloigne du même coup du monde dans la solitude, et tout ce qui arrive ne fait que glisser, sans toucher l’essentiel. Même les impressions sont perçues inexactement […]. » 266

Penser (Idées. Du Bos Charles) : 1921-1923. Charles Du Bos [1882-1935], dans son Journal, écrit :
« Leurs idées ne sont que des instincts pensés. » 267 (Cf. Penser. Instincts)

Penser. Idées. George Eliot :

Penser (Idées Eliot George) (1) : 1866. George Eliot [1819-1880], dans Felix Holt, le radical, auteure de :
« Une demoiselle distinguée a la tête grosse comme celle d’un écureuil, elle se donne de petits airs et elle a des idées étriquées, aussi utiles pour affronter la vie qu’une pince à épiler pour déboiser une forêt. » 268 (Cf. Femmes. Animalisation des femmes, Féminisme, Penser. Eliot George. Femmes, Patriarcat, Politique)

Penser (Idées. Eliot George) (2) : 1866. George Eliot [1819-1880], dans Felix Holt, le radical, auteure de :
« […] Car Harold, comme nous tous, avait de nombreuses impressions qui lui épargnaient l’effort d’avoir des idées précises. » 269 Utile distinguo …
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Penser. Idées. Fausses :

Idées (Fausses) (1) : 1861. Charles Dickens [1812-1870, dans Les grandes espérances, auteur de :
« Ils arrêtèrent plusieurs individus manifestement innocents, s’acharnèrent avec énergie sur plusieurs idées fausses et essayèrent d’adapter les circonstances à leurs idées, au lieu d’essayer d’extraire de ces circonstances des idées. » 270

Idées (Fausses) (2) : 1871-1872. George Eliot [1819-1880], dans Middlemarch, auteure de :
« Son comportement manifestait parfois un peu d’agressivité, mais elle s’adressait surtout aux idées fausses, dont il existe tant à corriger dans le monde qu’elles mettent inévitablement à l’épreuve la patience d’un homme non dépourvu d’instruction et d’expérience. » 271 (Cf. Culture, Penser. Eliot George)
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Penser (Idées. Feyerabend Paul) : 1998. Paul Feyerabend [1924-1994], dans Contre la méthode. Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance, auteur de :
« Il est rare qu’une idée soit totalement sans mérite. […] » 272 (Cf. Politique. Anarchisme)

Penser. Idées. Gustave Flaubert :

Penser (Idées. Flaubert Gustave) (1) : (fin novembre ?) 1847. Gustave Flaubert [1821-1880] écrit à Louise Colet [1810-1876] :
« Il y a des idées tellement lourdes d’elles-mêmes qu’elles écrasent quiconque essaie de les soulever. » 273

Penser (Idées. Flaubert Gustave) (2) : (début novembre) 1851. Gustave Flaubert [1821-1880] écrit à Louise Colet [1810-1876] :
« Il doit y avoir de délirants orgueils à sentir qu’on pèse sur l’humanité de tout le poids de son idée. Mais il faut, pour cela, avoir quelque chose à dire. » 274
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Penser (Idées. Freud Sigmund) : (11 décembre) 1914. Sigmund Freud [1856-1939], dans une lettre adressée à Karl Abraham [1877-1925], lui écrit :
« Avant, ma manière de travailler était autre ; j’avais l’habitude d’attendre qu’une idée me vienne. Maintenant je vais à sa rencontre ; je ne sais pas si je la trouverai plus vite pour autant. » 275

Penser (Idées. Galey Matthieu) : (11 mai) 1981. Matthieu Galey [1934-1986], écrit dans son Journal, concernant Claude Mauriac [1914-1996] :
« Il a le tort de s’intéresser aux idées, comme si elles pouvaient avoir la moindre importance. » 276
Si peu osent l’écrire, il n’est pas le seul à penser ainsi et surtout à agir comme s’il s’agissait d’une évidence.

Penser (Idées. Gombrowicz Witold) : 1960. Witold Gombrowicz [1904-1969], dans son Journal, auteur de :
« […] Il est tellement farci d’idées qu’il perdu le goût, l’ouïe, l’odorat, la vue et le toucher.
Pis : Il a cessé de se sentir lui-même. » 277

Penser (Idées. Gourmont Rémy de) : (16 mars) 1940. Paul Léautaud [1872-1956], dans son Journal littéraire, se souvient de la soutenance d’une thèse à la Sorbonne concernant Rémy de Gourmont [1858-1915], ce « sceptique passionné » et écrit :
« J’écris pour clarifier une idée. » 278

Penser (Idées. Grève. Femmes) : 2017. Une ouvrière se remémorant la lutte des CIP (Textile du Nord. 1975-1978) :
« On a eu une organisation du tonnerre. […] On cherchait des manifestations qui n’avaient jamais été faites […] L’AG donnait des idées […]
En AG, les filles quelques fois donnaient des idées mais on se demandait où elles avaient été les chercher (sur un ton d’admiration).
Et, après on se demandait si on pouvait le faire. Et, si on pouvait, on se donnait le moyen de le faire.
Et on le faisait. » 279
Quel plaisir de savoir que ceci a été dit, fait, et que l’on puisse le lire aujourd’hui … Comme de savoir que tous les jours, tant agissent ainsi. (Cf. Politique. Autogestion. Démocratie, Luttes, Sociologie)

Penser. Idées. Jean Guéhenno :

Penser (Idées. Guéhenno Jean) (1) : Jean Guéhenno [1890-1970], dans son Journal des années noires, auteur de :
« On ne peut pas plus contre une idée que contre le ciel et les astres. » 280 La réfuter ?

Penser (Idées. Guéhenno Jean) (2) : (2 octobre) 1941. Jean Guéhenno [1890-1970], alors professeur de lettres en Khâgne, convoqué par « un administrateur » (de l’Éducation nationale), se souvient :
« On m’a prié d’ailleurs gentiment de donner à mon enseignement un tour plus technique et plus pratique. […] L’histoire des idées est désormais suspecte. Que ne parlais-je plutôt de la règle des participes. […] » 281 (Cf. Langage, Histoire. Philosophie)
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Penser (Idées. Guitton Jean) : (5 septembre) 1966. Jean Guitton [1901-1999] rapporte dans le Journal de ma vie, une discussion qu’il eut avec le pape Paul VI [1897-1978] dont j’extrais l’analyse suivante :
« […] Souvent, c’est la praxis [la pratique] qui devance l’idée ; on agit sans savoir les motifs de son action, et c’est en réfléchissant sur les motifs de son action qu’on retrouve la théorie qui a inspiré cette action. […] » 282 Pertinent … Original ? (Cf. Pensée. Théorie, Philosophie)

Penser (Idées. Hegel Friedrich) : Friedrich Hegel [1770-1831], (date à retrouver) auteur de :
« Le travail théorique - je m’en convaincs chaque jour d’avantage - apporte au monde davantage que le travail pratique ; si le domaine des idées est révolutionné, la réalité ne peut demeurer telle qu’elle est. » 283
La question du temps est cependant posée. (Cf. Philosophie. Hegel Friedrich, Histoire)

Par ordre chronologique. Penser. Idées. Victor Hugo :

Penser (Idées. Hugo Victor) (1) : (28 février) 1849. Victor Hugo [1802-1885], dans Choses vues, auteur de :
« Quand s’occupera-t-on des idées qui sont dans les têtes et non des bonnets qui sont dessus ? » 284 (Cf. Êtres humains)

Penser (Idées. Hugo Victor) (2) : 1862. Victor Hugo [1802-1885], dans Les Misérables, écrit :
« On n’empêche pas plus la pensée de revenir à une idée que la mer de revenir à un rivage. » 285

Penser (Idées. Hugo Victor) (3) : 1862. Victor Hugo [1802-1885], dans Les Misérables, auteur de :
« […] Quels flots que les idées ! Comme elles couvrent vite tout ce qu’elles ont mission de détruire et d’ensevelir, et comme elles font promptement d’effrayantes profondeurs ! » 286

Penser (Idées. Hugo Victor) (4) : 1862. Victor Hugo [1802-1885], dans Les Misérables, concernant l’association « les amis de l’ABC » présentant Combeferre « le philosophe » écrit :
« Il voulait que la société travaillât sans relâche à l’élévation du niveau intellectuel et moral, au monnayage de la science, à la mise en circulation des idées, à la croissance de l’esprit dans la jeunesse […]. » 287

Penser (Idées. Hugo Victor) (5) : (4 octobre) 1872. Victor Hugo [1802-1885], dans Choses vues, auteur de :
« Une idée est un germe dont le peuple est le sillon. » 288 (Cf. Politique. Peuple)

Penser (Idées. Hugo Victor) (6) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« Cimourdin […] ne se croyait le droit de quitter une idée que lorsqu’il était arrivé au bout. Il pensait avec acharnement. » 289
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Penser (Idées. Intérêts) : Nombreux-euses sont ceux et celles qui ne semblent avoir que les idées de leurs intérêts, quelles qu’en soit la nature et les manifestations.
Mais il apparaît vite que, réduits à la seule prise en compte de leurs propres intérêts, et donc, se mutilant de leur essentiel, ils/elle ne peuvent plus avoir d’idées.
Et c’est pourquoi, si souvent, tant et tant agissent, sans être à même de s’en rendre compte, contre leurs intérêts, dissociés d’eux/elles-mêmes.

Penser (Idées. Joly Eva) : 2004. Eva Joly, dans Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ? auteure de :
« Ces idées sont largement aujourd’hui minoritaires - elles n’en sont que plus précieuses à mes yeux. Car il suffit parfois de trois fois rien, d’un simple évènement, pour rompre un ordre des choses apparemment immuable. » 290 (Cf. Femmes. « Politiques ». Joly Eva)

Penser (Idées. Joyeux Maurice) : (14 juillet) 2024. Entendu sur France Culture, Maurice Joyeux [1910-1991], auteur de :
« Les idées, on peut en manger quand on n’a pas faim, mais quand on a faim… » 291

Penser (Idées. Keynes John Maynard) : 1936. J.M. Keynes [1883-1946], dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, auteur de :
« Nous sommes convaincus qu’on exagère grandement la force des intérêts constitués par rapport à l’empire qu’acquièrent progressivement les idées. […]
Ce sont les idées et non les intérêts constitués qui, tôt ou tard, sont dangereuses pour le bien comme pour le mal. » 292
- Question d’importance : comment lier, comment dissocier « idées » et « intérêts » ? (Cf. Penser. Idées. Intérêts, Économie)
* Ajout. 6 décembre 2022. Texte publié in extenso en exergue du livre Naissance de l’idéologie fasciste [1989. Fayard], coordonné par Zeev Sternhell [1935-2020].

Penser (Idées. Léautaud Paul) : (15 octobre) 1897. Paul Léautaud [1872-1956], dans son Journal littéraire écrit :
« [...] Parfois ma chambre est trop étroite pour l’excitation que me donnent les idées. » 293 (Cf. Êtres humains. Soi)

Penser. Idées. Doris Lessing :

Penser (Idées. Lessing Doris) (1) : 1952. Doris Lessing [1919-2013], dans Les enfants de la violence, auteure de :
« Ces gens se rencontraient une fois par mois depuis des années, pour s’assurer que leurs idées étaient partagées par suffisamment d’autres gens pour être valables. » 294

Penser (Idées. Lessing Doris) (2) : 1958. Doris Lessing [1919-2013], dans La cité promise. Les enfants de la violence (3), auteure de :
« Ses découvertes les plus intéressantes lui étaient parvenues par le biais de banalités. » 295 Souvent vérifié.
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Penser (Idées. London Jack) : 1912. Jack London [1876-1916], dans L’île des lépreux, auteur de :
« Mme Ah-Chun possédait certaines idées particulières auxquelles se rangeait son mari, mais il lui interdisait de les exprimer librement dès qu’elles menaçaient son calme de philosophe. » 296 (Cf Couple, Patriarcat, Penser. Liberté d’expression)

Penser (Idées. Macron Emmanuel) : (10 août) 2017. La session parlementaire est terminée, les ministres partant en vacances, Emmanuel Macron, alors en chute libre dans les sondages, les problèmes non réglés s’accumulent auxquels s’ajoutent les nouveaux. Je lis :
« Au gouvernement, cette année, pas de vacances sans devoirs. Emmanuel Macron a appelé ses troupes à faire le bilan de ces trois premiers mois à la tête du pays et à revenir avec deux, trois idées qui pourraient être débattues dès la rentrée. » 297 (Cf. Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel, Politique)

Penser (Idées. Magny Colette) : Colette Magny [1926-1997], auteure de :
« Moi, ce qui m’intéresse, ce sont mes idées. » 298 (Cf. Femmes. Artiste. Chanteuses françaises d’antan)

Par ordre chronologique. Penser. Idées. Marcel Mauss :

Penser (Idées. Mauss Marcel) (1) : (10 janvier) 1924. Marcel Mauss [1872-1950], auteur de :
« […] Nous croyons nous aussi à l’importance de ces idées qui sourdent dans l’imagination et qui proviennent non pas d’autres idées, mais surtout des tendances et des instincts les plus profonds. Nous croyons que ces idées ont une immense capacité de développement et de persistances, et nous comprenons mieux, par la façon dont elles hantent la conscience individuelle, la façon dont elles sont crues, quand, pratiquées par le groupe tout ensemble, elles sont vérifiées par la hantise commune du groupe […]. » 299 (Cf. Penser. Instincts, Politique, Histoire, « Sciences » sociales, Sociologie, Mauss Marcel)

Penser (Idées. Mauss Marcel) (2) : 1938. Marcel Mauss [1872-1950], dans un texte intitulé « Une catégorie de l’esprit humain : La notion de personne, celle de ‘moi’, auteur de :
« Ici, on m’excusera si, résumant un certain nombre de recherches personnelles, et d’innombrables opinions dont on peut faire l’histoire, j’avance plus d’idées que de preuves. » 300 (Cf. Êtres humains. Soi, « Sciences » sociales. Sociologie. Mauss Marcel)
- À lire le titre, je me demande si les dénommées « sciences » sociales, partant de leurs présupposés, n’auraient pas si souvent ‘découvert la lune’, dès lors faux. (Poursuivre)
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Par ordre chronologique. Penser. Idées. Jules Michelet :

Penser (Idées. Michelet Jules) (1) : (27 février) 1842. Jules Michelet [1798-1874], dans son Journal, écrit :
« Mes évènements, chose étrange, ce sont mes idées. » 301 Pourtant, fort compréhensible…

Penser (Idées. Michelet Jules) (2) : 1853. Jules Michelet [1798-1874], dans son Histoire de la Révolution française, évoquant l’assemblée constituante en août 1789, écrit :
« Le caractère de cette Assemblée prise en masse, son originalité, comme celle de l’époque, c’était une foi singulière en la puissance des idées. […] » 302
Puissions-nous nous en souvenir…

Penser (Idées. Michelet Jules) (3) : 1853. Jules Michelet [1798-1874], dans son Histoire de la Révolution française, évoquant la France lors du vote de la mort de Louis XVI [janvier 1793], écrit :
« Quelle était l‘idée morale de la France ? … Tous nos fameux politiques sourient, remuent la tête à ce mot d’idée. Qu’ils sachent que le glorieux ennemi des idéologues a péri faute d’une idée. Ceux qui vivent, vivent d’une idée ; les autres ce sont les morts. » 303
N.B. Pour Michelet, cette idée était : « la justice ». (Cf. Langage. Mots, Justice, Politique. Morale)
* Ajout. 13 novembre 2023. Entendu ce jugement de Napoléon [1769-1821] (sans source, ni date) : « les idéologues, cette vermine ». (Cf. Penser. Idéologie)
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Penser (Idées. Mirabeau) : (8 juillet) 1789. Mirabeau [1749-1791], dans son Discours sur le renvoi des troupes, auteur de :
« Le peu de moments que j’ai eu pour rassembler mes idées ne me permettra pas sans doute de leur donner tout le développement nécessaire : mais j’en dirai assez pour éveiller votre attention, et vos lumières suppléeront à mon insuffisance. » Honnête, habile, retors ? 304

Par ordre chronologique. Penser. Idées. François Mitterrand :

Penser (Idées. Mitterrand François) (1) : (7 février) 2011. Bruno Le Maire, dans Jours de pouvoir, rapporte la demande de François Mitterrand [1916-1996] à Claude Allège, alors son conseiller, concernant son second mandat :
« Mitterrand me disait : ’Quand tu as une bonne idée, Claude, tu la gardes et tu me la donnes, et, les autres, tu en parles à tout le monde. » 305
Quelle misère… ou : quel misérable ? (Cf. Hommes. « Politiques ». Mitterrand François, Politique)

Penser (Idées. Mitterrand François) (2) : (5 juillet) 2021. Michel Winock, pour expliquer les différences entre François Mitterrand [1916-1996] et Michel Rocard [1930-2016], auteur de :
« Les idées, pour Mitterrand, c’est secondaire. » 306 (Cf. Penser. Expliquer)
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Penser (Idées. Monde Le) : (24 mai) 2017. Lu dans un commentaire du Monde consacré au massacre de Manchester [16 août 1819] :
« Quoi de mieux que les idées, pour nier le monde ? » 307
Pour y participer, pour le construire aussi… (Cf. Politique. Médias. « Terrorisme »)

Penser (Idées. Naipaul V. S.) : 1977 (1989 pour la traduction française). V. S. Naipaul [Vidiahar Surjprasad. 1932-2018], dans L’Inde brisée, auteur de :
«
Quand les hommes sont incapables d’observer, il ne leur vient pas d’idées ; ils ont des obsessions. » 308

Penser (Idées. Neuves) : George Orwell [1903-1950] concernant un historien britannique (date à retrouver), écrit :
« C’est un conservateur ordinaire, ‘intelligent‘, malin-idiot dont la technique habituelle est de se débarrasser de toute idée nouvelle en indiquant qu’on l’a déjà entendue. » 309 (Cf. Hommes. Conservateurs. Remarquables. Orwell George, Histoire)

Penser (Idées. Nietzsche Friedrich) : 1878. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans Humain, trop humain, évoque les « idées véritables […] les idées de cette espèce particulière qui créent des idées […]. » 310

Penser (Idées. « Pierre d’attente ») : (vers le 1er novembre) 1739. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Frédéric, prince héritier de Prusse [1712-1786] évoque des « vers » qu’il nomme des « pierres d’attente ». 311
Ne pourrait-on en dire de même pour les idées, non abouties, en attente…

Penser (Idées. Ponthier Georges) : (23 décembre) 2016. Mgr Georges Ponthier, archevêque de Marseille, président de la conférence des évêques de France, auteur de :
« […] Les débats d’idées sont voués à opposer […]. » 312 Tel que, plutôt dissuasif…

Penser (Idées. Prévert Jacques) : Jacques Prévert [1900-1977], dans le poème Arbres, auteur de :
« […] Les humains / n’aimaient plus les femmes / ils n’épousaient que des querelles / ils n’épousaient que des idées / Et c’étaient de terribles scènes / de ménage / Ils y avaient des monogrammes d’idées / des bigames d’idées / des adultères d’idées / des divorces d’idées / des crimes passionnels d’idées / des guerres d’idées / d’idées fixes et des harems d’idées. […]. » 313

Penser (Idées. Proudhon Pierre-Joseph) : 1851. Pierre-Joseph Proudhon [1809-1885], dans Idée générale de la révolution au XIXème siècle, auteur de :
« Mais une idée ne peut périr : elle renaît toujours de sa contradictoire [de, dans sa contradiction]. » 314

Penser (Idées. Reck-Malleczewen Friedrich) : (11 mars) 1942. Friedrich Reck-Malleczewen [1844-1945], dans La Haine et la honte. Journal d’un aristocrate allemand. 1936-1944, auteur de :
« L’idée précède l’action comme l’éclair précède le tonnerre. » 315

Penser (Idées. Reclus Élisée) : 1902. Élisée Reclus [1830-1905], dans L’évolution, la révolution et l’idéal anarchique, auteur de :
« […] Il est [cependant] des esprits timorés qui croient honnêtement à l’évolution des idées, qui espèrent vaguement dans une transformation correspondante des choses, et qui, néanmoins, par un sentiment de peur instinctive, presque physique, veulent, au moins de leur vivant, éviter toute révolution.
Ils l’évoquent et la conjurent en même temps ; ils critiquent la société présente et rêvent de la société future comme si elle devait apparaître soudain, par une sorte de miracle, sans que le moindre craquement de rupture se produise entre le monde passé et le monde futur.
Êtres incomplets, ils n’ont que le désir sans avoir la pensée ; ils imaginent, mais ils ne savent point vouloir. » 316 (Cf. Êtres humains. Désir, Penser. Reclus Élisée, Politique. Anarchisme. Révolution, Histoire)

Penser (Idées. Retz Cardinal de) : 1675-1677. Le cardinal de Retz [1613-1679], concernant M. de Longueville [?-?], dans ses Mémoires, écrit :
« Il ne fut jamais qu’un homme médiocre, parce qu’il eut toujours des idées qui furent infiniment au-dessus de sa capacité. » 317

Penser (Idées. Romans) : Aussi souvent pauvres romans sont ceux dont les personnages sont créés comme des « idées personnifiés » (dont le Lélia - celui de 1833 et de 1839 - de George Sand [1804-1876] pourrait être le symbole), ils ont cependant l’immense mérite de traiter d’idées et de vouloir les faire valoir. 318 (Cf. Êtres humains, Culture. Littérature)

Penser (Idées. Rousseau Jean-Jacques) : 1782. Jean-Jacques Rousseau [1712-1778], dans Les confessions, auteur de :
« Non seulement les idées me coûtent à rendre, elles me coûtent même à recevoir. J’ai étudié les hommes et je me crois assez bon observateur. Cependant je ne sais rien voir de ce que je vois ; je ne vois bien que ce que je me rappelle, et je n’ai d’esprit que dans mes souvenirs. De tout ce qu’on dit, de tout ce qui se passe en ma présence, je ne sens rien, je ne pénètre rien. […]
Si peu maître de mon esprit seul avec moi-même, qu’on juge de ce que je dois être dans la conversation, où, pour parler à propos, il faut penser à la fois et sur le champ à mille choses. […] » (Livre 3) 319

Penser. Idées. Arundhati Roy :

Penser (Idées. Roy Arundhati) (1) : 2000. Arundhati Roy, dans Mon coeur séditieux, auteure, en 2016, de :
« Mais que faire contre une idée qui, telle une fumée, se répand déjà dans l’air ambiant ? » 320

Penser (Idées. Roy Arundhati) (2) : 2000. Arundhati Roy, dans Mon coeur séditieux, auteure, en 2016, de :
« Toutes ces vieilles blessures se manifesteront, nous nous déchirerons mutuellement en lambeaux, arguments et accusations sillonneront l’espace dans des courses affolantes. Cependant, quand ce moment aura passé, les idées radicales qui auront émergé […] ne disparaîtront probablement jamais. Elles resteront là, et serviront de fondements à de nouvelles idées. Il le faut, elles sont notre seul espoir. » 321
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Par ordre chronologique. Penser. Idées. George Sand :

Penser (Idées. Sand George) (1) : 1855. George Sand [1804-1876], dans Histoire de ma vie, concernant les religieuses du couvent dans lequel elle avait été élevée et dans lequel elle revient des années plus tard, écrit :
« Elles vivent d’une idée et n’attachent une véritable importance qu’aux conditions extérieures qui sont le cadre nécessaire à cette idée.
Tout ce qui trouble l’arrangement d’une méditation qui a besoin d’un ordre immuable et de sécurité absolue est un évènement terrible, ou tout au moins, une crise difficile. […] » 322
Une analyse valide pour tous et toutes. (Cf. Femmes. Religieuses)

Penser (Idées. Sand George) (2) : (28 août) 1861. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Adolphe Lemoine Montigny [1805-1880], auteure de :
« […] Et de plus en plus je crois, en ce qui me concerne, au premier jet de l’idée. » 323

Penser (Idées. Sand George) (3) : (27 octobre) 1862. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Édouard Rodrigues [1796-1878], auteure de :
« J’ai donc bien fait de ne pas vous dédier ce roman qui va m’attirer des horions. […] Vous vous inquiétez de me voir rentrer en campagne ? Mais c’est mon état, cher ami ! Je suis soldat et mon devoir est la guerre quand l’on envahit la patrie de mon idée. Mais ce n’est pas de politique que je m’occupe, sachez-le. » 324 (Cf. Politique. Sand George)

Penser (Idées. Sand George) (4) : (25 décembre) 1863. George Sand [1804-1876], dans une lettre au prince Napoléon (Jérôme), auteure de :
« Tout le monde étant dévoré d’ambition, le premier homme du siècle sera celui qui n’en aura que pour l’Idée. » 325 (Cf. Politique, Philosophie. Sand George)
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Penser (Idées. Séverine) : (1er novembre) 1885. Séverine [1855-1929], dans une Lettre à Zola, parue dans Le cri du peuple soutient Émile Zola [1840-1902] dont la pièce Germinal vient d’être interdite par la censure écrit :
« […] C’est parce que la lutte du Travail contre le Capital emplit aujourd’hui le monde, que sont tombés de votre pensée, comme des fruits muris au soleil, Au Bonheur des dames et Germinal. » Et elle conclut :
« Il ne vous reste plus qu’à admettre que l’action, et non l’idée, est la reine du monde, et qu’il faut qu’il y en ait qui souffrent et qui luttent, qui pleurent et qui saignent, qui protestent et qui s’insurgent, qui meurent dans des trous, s’éteignent sur des pontons, soient écrasés à coups de crosse dans les impasses, ou fauchés à coups de mitrailleuses contre le mur du cimetière - pour qu’on joue vos pièces ! »
- Ce à quoi Zola lui répondit dans une lettre personnelle : « Votre raisonnement n’ébranle pas mes vieilles idées d’écrivain. ». [« Il croit en l’idée souveraine qui tôt ou tard prime la force. »] 326 (Cf. Économie. « Au bonheur des dames ». Capitalisme)

Penser (Idées. Soljenitsyne Alexandre) : 1868. Alexandre Soljenitsyne [1918-2008], dans Le premier cercle, auteur de :
« Il estimait que les grandes idées ne pouvaient naître que dans l’esprit d'un seul. » 327

Penser. Idées. Stendhal :

Penser (Idées. Stendhal) (1) : 1839. Stendhal [1783-1842], dans La Chartreuse de Parme, évoquant la marquis Del Dongo (le père de Fabrice) écrit :
« Le marquis professait une haine vigoureuse pour les Lumières : ce sont les idées, disait-il, qui ont perdu l’Italie […]. »
- Puis, passant du général au particulier, il précise qu’il « méprisait [l’Abbé Blanès] tout simplement parce qu’il raisonnait trop pour un homme de si bas étage. » 328

Penser (Idées. Stendhal) (2) : 1839. Stendhal [1783-1842], dans La Chartreuse de Parme, à la suite à la réaction réitérée d’une cantinière concernant l’achat et la perte de son cheval lors de la bataille de Waterloo [18 juin 1815], transmet ainsi la pensée de Fabrice Del Dongo :
« Pourquoi répéter si souvent, se disait Fabrice, ce que nous connaissons tous trois parfaitement bien ? Il ne savait pas encore que, c’est ainsi, qu’en France, les gens du peuple vont à la recherche des idées. » 329 (Cf. Penser. Répéter, Politique. Peuple)

Penser (Idées. Stendhal) (3) : (6 février) 2024. Entendu (sans source, ni date), sur France Culture, cette citation de Stendhal [1783-1842] :
« Il me faut trois ou quatre pieds-cubes d’idées nouvelles par jour, comme il faut du charbon à un bateau à vapeur. » 330
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Penser (Idées. Stuart Mill John) : 1861. John Stuart Mill [1806-1873], dans L’utilitarisme, auteur de :
« Quand nous nous engageons dans une recherche une idée claire et précise de ce que nous recherchons semblerait devoir être la première chose dont nous avons besoin et non la dernière à laquelle il nous faille aspirer ? » 331 Que c’est juste ! (Cf. « Sciences » sociales)

Penser (Idées. Stengers Isabelle) : (10 avril) 2020. Isabelle Stengers, auteure de :
« On n’est jamais à l’origine d’une idée. » 332

Penser. Idées. Taine Hippolyte :

Penser (Idées. Taine Hippolyte) (1) : (25 avril) 1852. Hippolyte Taine [1828-1893], dans une lettre à Léon Crouslé [1830-1903], auteur de :
« On n’imagine pas ce qu’il faut d’efforts, d’attention sur soi-même, de persévérance pour arrêter sur ses lèvres l’idée neuve ou l’expression vive qui veut en sortir. » 333
Riche inversion de l’analyse courante.

Penser (Idées. Taine Hippolyte) (2) : 1875. Hippolyte Taine [1828-1893], dans Les origines de la France contemporaine, crédite Napoléon [1769-1821], parmi tant autres qualités, d’avoir « une idée qui se trouve adéquate à son objet ». 334 Si l’idée est riche, en privilégiant la cohérence d’une pensée, elle peut occulter le jugement sur l’essentiel : la nature, la valeur de l’« l’objet ».
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Penser (Idées. Tchékhov Anton) : 1893. Anton Tchékhov [1860-1904], dans Récit d’un inconnu, auteur de :
«’ Et votre ironie ? Oh, je la comprends fort bien ! La pensée vivante, libre, alerte, est curieuse et dominatrice ; pour un esprit paresseux, oisif, elle est insupportable. Pour l’empêcher de troubler votre repos, à l’instar de milliers de vos contemporains, vous vous êtes empressé, dès votre jeunesse, de l’enserrer dans des cadres ; vous vous êtes armé d’ironie contre la vie - ou appelez ça comme vous voudrez - et votre pensée, entravée, effrayée, n’ose plus franchir la barrière que vous lui avez imposée, et lorsque vous vous gaussez des idées qui vous sont, dites-vous, toutes connue, vous ressemblez à un déserteur qui fuit ignominieusement le champ de bataille et qui, pour étouffer sa honte, raille la guerre et la bravoure. Dans un roman de Dostoïevski, un vieillard piétine le portrait de sa fille bien-aimée parce qu’il est en faute devant elle. Vous, vous vous moquez sordidement et bassement des idées du bien et de la vérité parce que vous n’avez plus la force de revenir à elles. » 335 (Cf. Penser. Pensées)

Par ordre chronologique. Penser. Idées. Léon Tolstoï :

Penser (Idées. Tolstoï Léon) (1) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, auteur de :
« […] Ceux-là même qui semblaient l’approuver le comprenaient à leur manière, apportant des restrictions, des modifications auxquelles il ne pouvait consentir, puisqu’il se proposait avant tout d’exprimer ses idées exactement telles qu’il les avait conçues. » 336
Quelle justesse, quelle vérité…

Penser (Idées. Tolstoï Léon) (2) : 1877. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
« Ainsi donc, en dépit ou peut-être par suite de sa solitude, sa vie fit extrêmement remplie : c’est à peine si de temps à autre il [Lévine] regrettait de ne pouvoir communiquer qu’à sa vieille bonne les idées qui lui passaient par la tête, car il lui arrivait souvent de raisonner avec elle sur la physique, l’agronomie et surtout la philosophie, sujet favori d’Agathe Mikhaïlovna. » 337 (Cf. Relations entre êtres humains. Servant-es, Philosophie, « Sciences » sociales. Tolstoï Léon)

Penser (Idées. Tolstoï Léon) (3) : 1877. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
« Par convenance, il voulait qu’on le vît chez sa femme au moins une fois par semaine ; d’ailleurs, on approchait du quinze et il tenait à lui remettre, comme il était de règle à cette date, l’argent nécessaire à la dépense de la maison. Ces décisions avaient été prises avec sa force de volonté habituelle et sans qu’il permit à ses pensées d’aller au-delà. » 338

Penser (Idées. Tolstoï Léon) (4) : 1877. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
« Il faut à un enfant qui vient de se cogner un mouvement physique pour étourdir son mal ; il fallait à Karénine un mouvement intellectuel quelconque pour étouffer les idées qui l’oppressaient en présence de sa femme et de Vronski dont le nom était sur toutes les lèvres. » 339

Penser (Idées. Tolstoï Léon) (5) : 1877. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
« Mais tout en lisant, il poursuivait ses méditations sur le but de son voyage. Il se sentait l’esprit lucide et ses idées se traduisaient en phrases qui rendaient fort bien l’essence de sa pensée. » 340

Penser (Idées. Tolstoï Léon) (6) : (29 août) 1891. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Il y a un énorme avantage à exposer des idées hors de toute oeuvre achevée. » 341
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Penser. Idées. Jules Vallès :

Penser (Idées. Vallès Jules) (7) : 1886. Jules Vallès [1832-1885], dans L’Insurgé, auteur de :
« Hurler ‘Vive la République !‘, camarades, mais c’est plutôt sauvegarder sa peau ! Quand une émeute a un cri de ralliement, un drapeau qui a vu le feu, elle est à mi-chemin du triomphe. Chaque fois que les fusils se trouvent en face d’une idée, ils tremblent dans la main des soldats, qui voient bien que les officier hésitent, avant de lever leur épée pour commander le massacre. C’est qu’ils sentent, les porte-épaulettes, que l’Histoire a les yeux sur eux. » 342 (Cf. Histoire)

Penser (Idées. Vallès Jules) (8) : 1886. Jules Vallès [1832-1885], dans L’Insurgé, auteur de :
« Ses paroles [celles de Blanqui [Auguste. 1805-1881] - « mathématicien froid de la révolte et des représailles »] ne s’envolent pas come de grands oiseaux, avec de larges bruits d’ailes, au-dessus des places publiques qui souvent, ne songent pas à penser, mais veulent être endormies par la musique que font, sans profit pour les idées, tous les vastes tumultes. » 343

Par ordre chronologique. Penser. Idées. Voltaire :

Penser (Idées. Voltaire) (1) : (17 novembre) 1752. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Johann Samuel König [1712-1757] concernant la « manière de penser » de Leibniz [1646-1716], évoque « son style profond, mais un peu diffus et embarrassé, sa coutume de jeter des idées, ou plutôt des semences d’idées, qui excitent à les développer. » 344 (Cf. Langage. Style)

Penser (Idées. Voltaire) (2) : (7 janvier) 1760. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à madame d’Épinay [1726-1783], écrit :
« Quand j’ai mal dormi ou mal digéré je n’ai point d’idées. » 345 (Cf. Êtres humains, Corps)

Penser (Idées. Voltaire) (3) : (11 mai) 1763. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au comte [1700-1788] et à la comtesse [1702-1774] d’Argental, écrit :
« Quand il vient une idée, on s’en sert et on remercie Dieu, car les idées viennent, Dieu sait comment. » 346

Penser (Idées. Voltaire) (4) : (14 janvier) 1768. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Nicolas Beauzée [1717-1789], auteur de :
« Il est certain qu’il y a dans toutes les langues du monde une logique secrète qui conduit les idées des hommes sans qu’ils s’en aperçoivent […]. » 347 (Cf. Culture, Êtres humains. Inconscient, Langage)

Penser (Idées. Voltaire) (5) : (vers le 30 avril) 1770. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au comte d’Argental [1700-1788], écrit :
« Il faut avoir les idées nettes. » 348

Penser (Idées. Voltaire) (6) : (6 novembre) 1770. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au marquis Marc-René d’Argenson [?-?], écrit :
« […] Il faudrait des volumes, non pas pour commencer à s’éclaircir, mais pour commencer à s’entendre : il faudrait bien savoir quelle idée nette on attache à chaque mot qu’on prononce. Ce n’est pas encore assez, il faudrait savoir quelle idée ce mot fait passer dans la tête de votre adverse partie.
Quand tout cela est fait, on peut disputer pendant toute sa vie sans convenir des rien. »
Forte et si juste analyse. Mais, prise à la lettre, comment serait-il possible de discuter ? d’échanger ? Je n’ai pas la réponse, mais la question est très riche d’interrogations. 349 (Cf. Dialogues, Langage. Mots, Penser. Méthode)

Penser (Idées. Voltaire) (7) : (février) 1771. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Gabriel Cramer [1723-1793], lui écrit :
« Pesez cette idée et voyez si elle vous convient. » 350

Penser (Idées. Voltaire) (8) : (20 avril) 1775. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Jean-François de la Harpe [1739-1803], auteur de :
« […] Je me laisse aller aux idées de l’auteur, c’est lui qui me mène. […] » 351
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Penser (Idées. Wittgenstein Ludwig) : 1989. Paul Engelmann [1891-1965] écrit concernant Ludwig Wittgenstein [1889-1951] :
«’L’idée spontanée’ était pour lui si décisive qu’il ne pouvait reconnaitre une proposition philosophique comme sienne que si elle lui était spontanément apparue dans sa juste formulation. » 352 (Cf. Philosophie. Wittgenstein Ludwig)

Penser (Idées. Woolf Virginia) : (6 septembre) 1939. Virginia Woolf [1882-1941], dans son Journal, auteure de :
« Et, pour la centième fois, je répète qu’il y a plus de réalité dans une idée que dans n’importe quelle accumulation de malheurs dus à la guerre. » 353 (Cf. Politique. Guerre)

Par ordre chronologique. Penser. Idées. Émile Zola :

Penser (Idées. Émile Zola) (1) : 1885. Émile Zola [1840-1902], dans Germinal, met dans la bouche de La Maheude qui n’a plus d’argent, le 23, pour ‘finir le mois’, cette phrase superbe, terrible, adressée à son mari :
« Souffle la chandelle. Je n’ai pas besoin de voir la couleur de mes idées. » 354

Penser (Idées. Émile Zola) (2) : 1885. Émile Zola [1840-1902], dans Germinal, auteur de :
« Il [Étienne Lantier] cria : ‘Oui, soyons d’accord… Vois-tu, moi, pour la justice je donnerais tout, la boisson et les filles. Il n’y a qu’une chose qui me chauffe le cœur, c’est l’idée que nous allons balayer les bourgeois. » 355 (Cf. Langage. Zeugma, Politique)

Penser (Idées. Émile Zola) (3) : 1885. Émile Zola [1840-1902], dans Germinal, concernant Pluchart, membre de L’internationale ouvrière, auteur de :
« Depuis cinq ans, il n’avait plus donné un coup de lime, et il se soignait, se peignait surtout avec correction, vaniteux de ses succès de tribune. […] Très actif, il servait son ambition, en battant la province sans relâche, pour le placement de ses idées. » 356 (Cf. Hommes. « Politiques »)

Penser (Idées. Émile Zola) (4) : 1891. Émile Zola [1840-1902], dans L’argent, auteur de :
« Un instant silencieux, Saccard, avec cette vivacité d’intelligence qui lui faisait d’un coup s’approprier l’idée d’un autre, la fouiller, l’adapter à ses besoins, au point qu’il a rendait parfaitement sienne, développait tout un plan […]. » 357

Penser (Idées. Émile Zola) (5) : 1891. Émile Zola [1840-1902], dans L’argent, auteur de :
« Connaissant Saccard, il lui soufflait ainsi ses idées, jusqu’à ce que ce dernier les adoptât, les fit siennes, les élargit au point de les recréer réellement. » 358
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Penser. Idées. Zweig Stefan :

Penser (Idées. Zweig Stefan) (1) : 1929. Stefan Zweig [1881-1942], dans son Fouché [1759-1820], concernant Talleyrand [Charles-Maurice de. 1754-1838] auteur de :
« Psychologue d’instinct et d’éducation, il pénètre, comme le dit Napoléon [1769-1821], toutes les pensées et, sans donner de conseils, il confirme chacun dans les idées qui sont intérieurement les siennes. » 359 (Cf. Penser. Pensées)

Penser (Idées. Zweig Stefan) (2) : 1929. Stefan Zweig [1881-1942], dans son Fouché [1759-1820], auteur de :
« Car, avec les idées nouvelles, changeront aussi, non sans danger, les étalons qui servaient à juger les actions de la veille. » 360 (Cf. Penser. Juger, Politique, Histoire. Mémoire)
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III. Penser. Méthode :

Penser. Méthode :

Penser (Méthode) (1) : Aucune méthode ne justifie la validité, la pertinence même d’une pensée. Évident, certes, mais peut être rappelé.

Penser (Méthode) (2) : « Apprendre », remplacer par : « comprendre » ?
Et, dans la foulée, remplacer « connaître » par : « réfléchir » ?

Penser (Méthode) (3) : La spécialisation ouvre des horizons mais ferme toute hypothèse concernant [l’approche de] la justesse d’une analyse, nécessairement - une Lapalissade - plus large. (Cf. « Sciences » sociales. Spécialisation)

Penser (Méthode) (4) : Aiguiser la pensée comme on taille la mine d’un crayon. Classer les idées comme on range une armoire. Nettoyer, laver, aérer, dépoussiérer les idées comme on fait le ménage dans une maison. Agrandir, amplifier, enrichir les idées comme on construit, aménage, améliore une maison, sa vie.

Penser (Méthode) (5) : Apprendre à dissocier les informations de la gangue analytique qui nécessairement les structurent est fondamental : cela nécessite donc diverses grilles de lecture et donc un enrichissement de la lecture (du regard…) vue à travers plusieurs lunettes.
Et puis, l'exercice s'affinant, on découvre que les deux approches sont en réalité indissociables. Alors, progressivement, on construit la sienne... (Poursuivre)

Penser (Méthode) (6) : Ne jamais permettre d’opposition entre « conceptuel » et « narratif », « littéraire » et « réaliste », « colère » et « rigueur », « raison » et « imagination », « historique » et « contemporain » …

Penser (Méthode) (7) : Créer soi-même ses conditions (de vie) afin de ne pas être assuré-e, afin d’être surpris-e, dépassé-e, remis-e en cause.

Penser (Méthode) (8) : Il n’y a pas de commencement, pas de début, pas d’« année zéro ». Toute recherche qui s’affirme telle est potentiellement, tendanciellement, inéluctablement, totalitaire.

Penser (Méthode) (9) : Là où il n’y a pas d’empathie, aucune méthode n’est valide.

Penser (Méthode) (10) : Une méthode n’a pas à être explicitée. Si elle est pertinente, elle s’imposera d’elle-même ; quant à son - éventuel - intérêt, il réside dans la recherche du processus qui y mène, qui ne peut qu’être spécifique, singulier. - Arguer d’une « méthode » est une assurance sans risque, une béquille, qui tue si souvent la spontanéité. On peut n’avoir aucune « méthode » et dire des choses fort justes ; c’est même, heureusement, fort fréquent.

Penser (Méthode) (11) : In fine, l’imposition, le respect d’une méthode n’interdit-elle pas la pensée ? Tout simplement, parce qu’en pérennisant l’acquis (rien n’étant pérenne, par ailleurs), qui plus est, en l’enfermant a priori, n’interdit-elle pas toute pensée propre, originale, nouvelle ? Comment une personne qui invente - quel que soit le domaine - peut-elle se référer à une quelconque méthode ?

Penser (Méthode) (12) : Qu’importe les méthodes ! Qu’importe les débats sur les invariants et les structures, les prolongements et les ruptures, les émotions, les intuitions et les pseudo exigences de la rigueur ! Tout est valable : les silences étouffés, les cris inarticulés, les non-dits, les journaux intimes, les petites annonces, les romans, les films porno, les Leçons inaugurales au Collège de France, les publicités, les graffitis, les discussions entre ami-es, etc.…Ce qui importe afin de [mieux] comprendre le monde, c’est que des idées produisent des effets aux fins de le rendre mieux vivable. Et nul-le ne sait, ne peut savoir quand, et dès lors… peu importe.
* Ajout. 5 août 2018. Concernant les « invariants » j’ai modifié mon regard. Évoquer - simplement - des invariants, c’est nier toute pensée [historique]. C’est figer ad vitam aeternam le statu quo. C’est absurde.

Penser (Méthode) (13) : Affirmer les principes, les valeurs, les engagements, les aspirations auxquel-les on se réfère. Dès lors les faiblesses, les contradictions de sa propre pensée apparaissent plus clairement ; et c’est non seulement très bien ainsi, mais en plus nécessaire à la critique, à toute critique, y compris de ceux et celles qui se réfèrent à une méthode.

Penser (Méthode) (14) : Il se focalisait - et en tirait même sa propre supériorité - sur la critique de la méthode [des autres], alors que ceux-là, celles-là même, par intuitions - assumées ou non, peu importe - bouleversaient des champs entiers de la pensée.

Penser (Méthode) (15) : Pourquoi penser devoir expliquer, justifier sa méthode ? : si elle est claire, pertinente, elle se suffira à elle-même.

Par ordre alphabétique. Penser. Méthode :

Penser. Méthode. Abécédaire :

Penser. Méthode (Abécédaire) (1) : En réfléchissant à l’évolution de cet Abécédaire, voici ce que je peux, avec un certain recul, en dire. Je pense qu’il ne s’agit en rien d’une méthode, mais de l’évolution, de la progression d’un enchainement de processus commencé en 2010, au début duquel, je voulais m’inspirer du Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert [1821-1880].
- J’y ai écris, je continue à y écrire, ce qui me vient à l’esprit, en vrac, le seul « ordre » étant, à l’origine, par simple commodité, alphabétique, tandis que le seul critère explicite était que je ne devais jamais me contraindre à écrire quoi que ce soit.
- Si ennui, gêne, blocage, confusion il y avait, cela devait rester où cela était (dans le refoulé, l’inconnu, le questionnement…) jusqu’à ce que les raisons en émergeant [ou non] dans la conscience.
- Dès lors que ce que je lisais, regardais, pensais me paraissait pour moi neuf, pertinent, tout pouvait donc être inscrit, formulé, dans l’attente de l’achèvement [ou non] d’un processus de réflexion.
- J’y ai donc écris ce qui m’a marquée, étonnée, fait réfléchir, ce que je ne connaissais pas, ce que j’ignorais, ce que j’ai appris, d’une manière ou d’une autre.
- Soit une idée est suscitée par les livres et les journaux que je lis, par les films que je regarde, les émissions que j’écoute, les discussions auxquelles j’ai participé ou non, les souvenirs qui me reviennent à l’esprit, soit une idée vient d’elle-même.
- Puis, ces « choses » lues, vues, entendues, vécues, souvenues - pour moi, matières à idées, plus ou moins avancées - une fois posées à plat, ont été regroupées, à plusieurs reprises, en fonction des thèmes, qui ont eux-mêmes évolué.
- Le résultat premier était que je me sentais tout à la fois libérée, allégée, sécurisée, enrichie.
- Progressivement, en réalité sans cesse, j’ai relu ces items dans le cadre d’une recherche d’une certaine cohérence, la mienne. Alors se sont dégagées progressivement les finalités auxquelles, plus ou moins consciemment, personnellement, intellectuellement, politiquement, j’aspirais atteindre par, grâce à l’écriture de cet Abécédaire.
- C’est la raison pour laquelle modifier, faire évoluer chaque apport, c’est nécessairement déstabiliser l’ensemble, ce qui nécessite donc, souvent, inévitablement, de nouvelles interrogations. Mais, ce processus a été très rare.
- Ce que je sais, ce que j’ai appris, c’est que cette écriture me fait du bien - qui plus est - m’est plaisir, souvent même jubilation ; que je sens, je sais, que je vois plus clair dans nombre de domaines ; mais surtout que tous ces mots, ces items, ces thématiques, ces classements, sont tous liés indissociablement entre eux.
- Le processus se poursuit et continue d’évoluer, sans savoir clairement où je vais, au-delà de la finalité, elle, explicitée depuis quelque temps, de penser le patriarcat, de tenter d’expliciter sinon son unité, du moins sa logique et les raisons de son extraordinaire permanence, et pour cela tenter d’intégrer son historicité, ses cohérences, ses contradictions. (Poursuivre, approfondir.)
* Ajout. 18 février 2018. (24 août) 1735. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à l’abbé d’Olivet [1682-1768], concernant l’écriture du Siècle de Louis XIV lui écrit :
« Tout peut trouver sa place. […]
J’ai du plaisir même à préparer les instruments dont je dois me servir ; la manière dont je recueille mes matériaux est un amusement agréable. Il n’y a point de livres où je ne trouve des traits dont je peux faire usage. […]
Je ressemble à la Flèche [personnage de L’Avare de Molière] qui fait son profit de tout. » 361
* Ajout. 4 février 2023. (16 février) 1906. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« […] C’est seulement ennuyeux à répéter, mais il faudrait à chaque fois dire : pour moi. […] » 362

Penser. Méthode (Abécédaire) (2) : Sans relire ce que j’ai précédemment écrit sur la méthode de cet Abécédaire, il m’apparait aujourd’hui, que je n’en ai aucune : j’y écris ce qui m’apparait intéressant.
- … Et ce que j’estime pouvant être intéressant pour d’autres que moi.
* Ajout. 10 octobre 2023. Ou plutôt, ce en quoi je vois un début de critique, une contradiction à dévoiler, une nuance à apporter, une question non résolue, une liaison à établir, un éclairage novateur et donc - et surtout - une idée, pour moi, neuve.

* Ajout. 2 avril 2024. 1873. Fiodor Dostoïevski [1821-1881], dans son Introduction à Journal d’un écrivain, auteur de :
« De quoi parler ? De tout ce qui me frappera ou me donnera à réfléchir. » 363

Penser. Méthode (Abécédaire) (3) : Sans Word, Google, Wikipédia, cet Abécédaire n’aurait jamais été possible.

Penser. Méthode (Abécédaire) (4) : (17 août) 2023. Je me suis soudainement demandé si cet Abécédaire ne relevait pas de l’archéologie, mais d’une archéologie où je serais seule à même de décider ce que souhaite - en bien, comme en mal - prélever, privilégier, dévoiler, mettre en valeur ; et ce afin de reconstruire un autre environnement, un autre monde, fait de ces brics et brocs qui dès lors prendraient une certaine cohérence… (Poursuivre)

Penser. Méthode (Abécédaire) (5) : (18 août) 2023. Ce travail - qui comporte de grandes béances - n’est ni un dictionnaire, ni une encyclopédie ; sa seule logique est d’avoir, au fur et à mesure de mes intérêts, de mes lectures principalement, intégré, fait connaître, ce que j’ai découvert, ce que je ne connaissais pas, ce dont j’estimais que cela méritait d’être connu. En ce sens, il ne peut être - et ne sera jamais - terminé, mais tout le monde peut le poursuivre.
Non, en faire un pour soi en fonction de soi.

Penser. Méthode (Abécédaire) (6) : (20 août) 2023. Poursuivre, en privilégiant les notes de bas de pages, les index et les glossaires, les parenthèses, les refoulés, les incompréhensions, les indicibles et les invisibles, les oublis, les non-dits et les censures d’hier et d’aujourd’hui. (pas clair)

Penser. Méthode (Abécédaire) (7) : (21 août) 2023. Mettre à jour, si possible, les confusions, les contradictions, les abjections et tutti quanti, mais valoriser les avancées, les nouveautés, les fulgurances.

Penser. Méthode (Abécédaire) (8) : Cet Abécédaire n’a d’autre vérités que d’être l’expression de pensées, sentiments, idées, lectures, écoutes d’émissions, étonnements, jugements, réflexions, colères, rages, bonheurs, satisfactions (heureuses), fiertés, etc…
Il exprime donc nombre de questions non résolues, erreurs (peu nombreuses, j’espère), hésitations (bienvenues), présupposés (si possible, présentés comme tels), interprétations (assumées et, dès lors, critiquables), contradictions (à penser), contraintes (multiples, dépassables), lesquelles sont, toutes, simplement, les expressions de mon histoire, ma culture, ma famille, ma personnalité, mon milieu, mes engagements…

Penser. Méthode (Abécédaire) (9) : Une fois quelque chose écrit, publié sur le site, remis au pot commun, la ‘diffusion’ n’est plus - heureusement - de mon ressort, ne me concerne pas, ne m’intéresse pas. Internet y pourvoira - ce que j’espère - ou non.
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Penser (Méthode. Analogie) : La pensée par analogie bloque l’argumentaire mais ouvre des horizons.

Penser (Méthode. Anachronisme) : Cf. Histoire. Anachronisme.

Penser (Méthode. Bayet Albert) : 2011. Stéphane Hessel [1919-2013], dans Danse avec le siècle. Souvenirs, concernant de son année d’hypokhâgne au lycée Louis-le-grand, en 1935, écrit :
« Pour la première fois, j’ai l’impression d’apprendre à penser » ; il se souvient notamment de son professeur, Albert Bayet :
« Albert Bayet [1880-1961] nous fit lire la première Provinciale de Pascal [1623-1662] qu’il connaissait par cœur, et nous démontra la pertinence de cette implacable mise en pièces de la théorie jésuitique de la grâce. La première heure de cours achevée, il nous fit sortir pour la récréation, puis il consacra la seconde heure à nous démontrer avec la même aisance l’incontestable supériorité des arguments avancés par les jésuites. Magnifique exercice pour la formation de l’esprit critique ! » 364 (Cf. Penser. Comparaison)

Penser (Méthode. Bourdieu Pierre) : 2004. Pierre Bourdieu [1930-2002], dans Esquisse pour une auto-analyse, auteur de :
« […] Or, je sais, et je ne ferai rien pour le cacher, qu’en vérité, je n’ai découvert que peu à peu, même sur le terrain de la recherche, les principes qui guidaient ma recherche. » 365
Pourquoi semble-t-il s’excuser de ce qui est la vérité de tous-toutes ? Une recherche fondée sur un principe n’est-elle pas suspecte de dogmatisme ? (Cf. Penser. Principe) (Poursuivre)

Penser (Méthode. Burke Edmund) : 1790. Edmund Burke [1729-1797], dans ses Réflexions sur la Révolution de France, auteur de :
« […] Souffrez donc, je vous prie, que je jette sur le papier mes pensées et mes sentiments à mesure qu’ils me viendront à l’esprit, sans trop me soucier de les classer avec méthode. » 366

Penser (Méthode. Cicéron) : 44 (avant J-C). Cicéron [106-43 avant J-C], dans Des devoirs, auteur de :
« Il convient, puis que tout notre discours doit avoir trait à l’action moralement bonne, de la définir au préalable. […] Toutes les fois en effet qu’on entreprend de traiter un sujet méthodiquement, on doit prendre comme point de départ une définition, avant d’avoir une idée claire de ce sujet. » 367 (Cf. Penser. Argument d’autorité. Cicéron. Principe. Cicéron)

Penser. Méthode. Critique :

Penser (Méthode. Critique) (1) : Se rendre compte que la critique juge d’abord et avant tout la personne qui l’émet et non pas celle à laquelle elle est destinée est la marque d’un grand progrès dans la connaissance de soi. (Cf. Êtres humains. Soi)

Penser (Méthode. Critique) (2) : 1984. Lu dans le Tribunal permanent des peuples, Le crime de silence. Le génocide des arméniens :
« La question de savoir dans quelle mesure Lepsius [Johannès. 1858-1926] aurait eu, en dépit de ses affirmations contraires, une attitude partisane vis-à-vis de l’Allemagne n’est pas le propos de ce Tribunal et, de toute façon, ne rabaisse en rien l’importance de son travail documentaire sur le génocide des Arméniens. » 368
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Penser (Méthode. Critique modérée) : Une critique ‘modérée’ : une contradiction dans les termes. Et assurément incompatible avec « rigueur intellectuelle ». (Cf. Langage. Adjectif)

Penser (Méthode. Critiques) : Toutes les bienvenues, y compris les ‘pires’ : permet de mieux réfléchir.

Par ordre chronologique. Penser. Méthode. Éloquence :

Penser (Méthode. Éloquence) (1) : (10 janvier) 1769. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Charles Bordes [1711-1781], considère que « les idées vraies et profondes sont elles-mêmes la source cachée de l’éloquence. » 369

Penser (Méthode. Éloquence) (2) : 1770. Denis Diderot [1713-1784], dans Les deux amis de Bourbonne, auteur de :
« L’éloquence est une forme de mensonge. » 370

Penser (Méthode. Éloquence) (3) : 1993. Lu, dans la lettre du 30 août 1938 de Léon Chestov [1866-1938], à Benjamin Fondane [1898-1944] :
« Je profite de cette occasion - l’envoi de l’article : ‘Léon Chestov et sa lutte contre les évidences’ - pour vous répéter encore une fois mon testament littéraire :’Prends l’éloquence et tord lui le cou’. » 371 (Cf. Penser. Chestov Léon)
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Penser (Méthode. Exemple) : Aucun exemple ne peut justifier ou invalider quoi que ce soit (un principe, une idée, une méthode, un argument, une position) ; il ne peut qu’éclairer ce qui est avancé, proposé. Vrai aussi pour : « critique », « caution », « satisfaction », « accord », « remerciement », « applaudissement », « félicitations », « injure » …

Penser (Méthode. Freud Sigmund) : Sigmund Freud [1856-1939], dans une lettre écrite à Wilhelm Fliess [1858-1928], auteur de :
« […] Il est facile pour un auteur de transformer une résistance interne en réfutation logique. » 372 C’est effectivement souvent mis en pratique, mais il n’est pas si facile d’en cacher le subterfuge… (Cf. « Sciences » sociales)

Penser. Méthode. Janusz Korczak :

Penser (Méthode. Korczak Janusz) (1) : 1929. Janusz Korczak [1878-1942], concernant son livre Comment aimer un enfant, écrit :
« Je compte au nombre de mes mérites le fait de ne pas avoir répondu par des chiffres aux questions ci-dessus. » 373 (Cf. Économie. Chiffres)

Penser (Méthode. Korczak Janusz) (2) : 1929. Janusz Korczak [1878-1942], concernant son livre Comment aimer un enfant écrit :
« Je n’ai qu’une crainte : celle que le lecteur n’adopte trop vite mes conclusions, car, en ce cas, sa lecture aurait été préjudiciable. Je préviens donc : le chemin que j’ai choisi de poursuivre pour atteindre mon but n’est ni le plus court, ni le plus commode ; pourtant il est le meilleur pour moi, car c’est le mien. » 374 (Cf. Êtres humains. Soi, Enfants)
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Penser (Méthode. Locke John) : 1734. Voltaire [1694-1778], dans ses Lettres philosophiques, concernent John Locke [1632-1704], auteur de :
« Au lieu de définir tout d’un coup, ce que nous ne connaissons pas, il examine par degré ce que nous voulons connaître. » 375

Penser (Méthode. Machiavel) : 1532. Machiavel [1469-1527], dans Le prince, auteur de :
« Reste maintenant à voir quelles doivent être les manières et façons du Prince envers ses sujets et amis. […] Mais, étant mon intention d’écrire des choses profitables à ceux qui les entendront, il m’a semblé plus convenable de suivre la vérité effective de la chose que son imagination. » 376 (Cf. Penser. Vérité, Politique. Machiavel)

Penser (Méthode. Nietzsche Friedrich) : 1881. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans Aurore, auteur de :
« Le penseur a besoin de l’imagination, de l’élan, de l’abstraction, de la spiritualisation, du sens inventif, du pressentiment, de l’induction, de la dialectique, de la déduction, de la critique, du groupement des matériaux, de la pensée impersonnelle, de la contemplation et de la synthèse, et non moins de justice et d’amour à l’égard de tout ce qui est [...]. » 377

Penser (Méthode. Pascal Blaise) : 1670. Blaise Pascal [1623-1662], dans les Pensées, auteur de :
« J’écrirai ici mes pensées [découvertes après sa mort] sans ordre et non pas peut-être dans une confusion sans dessein. C’est le véritable ordre et qui marquera toujours mon objet par le désordre même. Je ferais trop d’honneur à mon sujet si je le traitais avec ordre puisque je veux montrer qu’il en est incapable. » 378 (Cf. Philosophie)

Penser (Méthode. Rilke Rainer Maria) : 1929. Rainer Maria Rilke [1875-1926], dans, Lettre à un jeune poète, écrit :
« Nous savons peu de choses, mais qu’il faille nous tenir au difficile, c’est là une certitude qui ne doit pas nous quitter. […]
Qu’une chose soit difficile doit nous être une raison de plus de nous y tenir. »

Penser (Méthode. Rhétorique) : (15 décembre) 1759. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à D’Alembert [1717-1783] lui pose des questions, puis écrit : « Quis, quid, ubi, quibus, auxiliis, cur, quomodo, quando ».
Traduction : « Qui, quoi, où, avec quels concours, pourquoi, comment, quand ? »
Une note de La Pléiade [1978] précise :
« Telles étaient les questions auxquelles la rhétorique enseignait à répondre pour nourrir un développement. » 379

Penser (Méthode. Saïd Edward) : 1978. Edward Saïd [1935-2003], dans L’orientalisme. L’Orient crée par l’Occident, auteur de :
« Dans un ouvrage précédent [Beginnings : Intentions and Methods, New York. Basic Books. 1975] j’ai consacré bien des réflexions et des analyses à montrer combien il était important pour la méthode, en matière de ‘sciences humaines’, de trouver et de formuler une première étape, un point de départ, un principe initial […] Il faut débuter de manière à rendre possible ce qui doit découler de ce début. » 380 (Cf. « Sciences » sociales)

Penser (Méthode. Scolastique) : (mai) 1854. Lu dans le Journal de Jules Michelet [1798-1874]
« Je crains la scolastique, où se heurte l’esprit sans comprendre. » 381

Penser (Méthode. Séverine) : 1896. Séverine [1855-1929], dans En marche, auteure de :
« Et j’en apprends tant et tant chaque jour ; et de si étranges, de si invraisemblables constatations s’imposent que, sincèrement, j’en arrive à peu près à tout comprendre, sinon tout excuser.
Certes, s’il n’y avait que moi pour allumer des mèches [évocation des attentats anarchistes], les architectes et les vitriers n’attraperaient pas de courbatures ; mais il est impossible, en toute bonne foi, de ne pas reconnaître qu’on semble prendre à tâche d’alimenter les fièvres, de fomenter les haines, d’exaspérer les indignations.
Je ne romantise pas, je vous assure ; je ne menace pas non plus... rien de plus bête ! Et je pontifie encore moins, nul, sauf idiotie, ne pouvant se targuer d’influer sur le cours des choses ; de tenir au bout d’un fil, la révolution sociale. D’ailleurs, si on me l’avait confiée, je l’avoue ingénument : il y a belle lurette qu’elle aurait pris son vol !
Beaucoup d’humilité, la conscience de sa parfaite impuissance, un brin de philosophie - avec cela on peut regarder passer les évènements.
Non que je manque de partialité : j’en suis pétrie ! Mais, en telle matière, l’étalage de sa propre conviction me semble importer moins que la mise en valeur, la mise en lumière des ambiances qui la peuvent servir.
Dire d’un adversaire : ‘C’est un coquin !’ prouve seulement qu’on n’est pas d’accord. Et le public blasé, édifié, las de se voir ‘battre comtois’ [être traité comme un niais] passe, haussant les épaules. Ne vaut-il pas mieux exhiber la coquinerie… avec un bout de toilette, mais sans se prononcer ?
L’auditoire, alors, devient tribunal. Il juge lui-même.
Et le cœur de l’homme est ainsi fait qu’il attache une bien autre importance à son propre verdict qu’à votre personnelle opinion, en quelque estime qu’il vous puisse tenir.
Il a raison : la sienne est la meilleure !
Plus instinctive, plus neuve, elle a encore cet avantage de ne pas résumer l’impression d’une unité, de se multiplier à l’infini.
Comme la calomnie dont parle Bazile [Jules Guesde] mais pour le bien, elle fait avalanche, elle fait torrent, gonfle, gronde.
Alors c’est l’Opinion - qui entraîne les rois, renverse les ministres, casse les arrêts de justice... et le juge avec ! » 382
Quelles leçons ! (Cf. Femmes. Artistes. Remarquables, Justice, Penser. Indignation. Instincts. Opinion, Politique. Morale, Philosophie)

Penser (Méthode. Wright Mills Charles) : 1959. Charles Wright Mills [1916-1962], dans L’imaginaire sociologique [traduction française. 1967], écrit :
« Mais, direz-vous, comment les idées vous viennent-elles ? Comment presser l’imagination de rassembler faits et images, de rendre les images pertinentes, et de donner un sens aux faits ? Je ne le sais pas très bien ; tout ce que je peux faire, c’est évoquer les conditions générales et les techniques simples qui permettent d’accrocher les idées. » 383 (Cf. Penser. Idées, Sociologie)
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IV. Penser :

Penser (1) : Hic et nunc. Ici et maintenant.

Penser (2) : Dénoncer les préjugés, récuser les « tabous », critiquer les lieux communs, s’attaquer aux clichés, aux poncifs, aux stéréotypes, autant de miroirs aux alouettes, c’est rester à la surface du monde et ne pouvoir y échapper.

Penser (3) : Le besoin de croire tue la nécessité de penser.
* Ajout. 24 juin 2022. Après avoir ‘cru’ en dieu, au roi, aux Lumières, à la république, à la démocratie, aux études, aux droits-de-l’homme, au bonheur, au communisme, au capitalisme, à l’entreprise, à la famille, au parti, aux experts, etc.., etc…, n’est-ce pas mieux de croire - d’abord - en soi ?

Penser (4) : Penser à contrainte données, c’est en accentuer les rigueurs.

Penser (5) : Penser, c’est s’inscrire dans le lignage de longues luttes intellectuelles et y apporter sa quote-part.

Penser (6) : Chaque porte poussée permet à la suivante de s’entrouvrir…

Penser (7) : On ne pense pas le monde par le prisme des grilles de lectures de ses penseur-es. Ils / elles aident à penser par soi-même.

Penser (8) : Aller, tant que l’on peut, au plus complexe et / ou : rechercher (d’abord) la complexité ? Mais faire attention : rendre tout plus complexe contribue aussi à masquer la compréhension de l’essentiel, souvent d’emblée aveuglant…

Penser (9) : Beaucoup s’assignent à créer la confusion, afin d’empêcher la compréhension de la complexité du monde.

Penser (10) : Convaincre, c’est, souvent, perdre le droit fil de sa pensée.

Penser (11) : Tâcher, lorsque cela est possible, de s’interroger sur les intérêts, les déconvenues que l’on peut avoir à penser de telle ou telle manière. Évite souvent les transferts inappropriés sur des personnes qui ne sont par ailleurs que peu ou pas concernées.

Penser (12) : Il /elle ouvrit une brèche ; il /elle s’arrêta au milieu du gué ; il /elle fut emporté-e par les flots.

Penser (13) : Desserrer les contraintes, défaire les nœuds, retirer les étais, alléger les entraves, déraciner les attaches…Doucement, lentement, à temps…
Néanmoins, des évènements personnels, politiques peuvent subitement tout bouleverser.

Penser (14) : Penser, c’est chercher à voir derrière les miroirs. Tout le monde y a sa part.

Penser (15) : On ne peut invoquer l’exception pour condamner la règle, car toute règle comporte des exceptions.

Penser (16) : Lu ce jour [7 juin 2018] peint sur le trottoir de la rue du Sommerard :
« Demain commence aujourd’hui ».

Penser (17) : Ne pas penser « sans maître », penser en soi.

Penser (18) : Invalider une pensée (une analyse) par la critique (possible) de ses conséquences (éventuelles) est absurde.

Penser (19) : Présenter des analyses, des approches diverses n’exclut pas de présenter, en lien avec elles, la sienne : elles ne peuvent, fusse en y étant opposées, que l’enrichir.

Penser (20) : Penser ‘dans’ [le cadre de], penser [en tant que], [du point de vue de], c’est une pensée circonstanciée, limitée, contrainte, dépendante.

Penser (21) : Rien n’est jamais achevé ; tout doit toujours être dépassé.

Penser (22) : Ceux et surtout celles qui ont pensé sans oser exprimer leurs pensées sont infiniment plus nombreux / ses que celles et surtout ceux qui les ont exprimées.

Penser (23) : Oser créer un monde.

Penser (24) : Soyez positif / ve : une injonction destructrice.

Penser (25) : Penser avec ce qui est là.

Penser (26) : Chacun-e se constitue une encyclopédie personnelle, nécessairement composite, fusse-t-elle toute petite, que la vie nécessairement lui apporte. De bien plus grande valeur que toutes celles existantes, il importe de s’en rendre compte, de la valoriser, l’entretenir, l’enrichir, la confronter, la faire évoluer, la remettre en cause.
Il faut juste une première pierre et un arc-boutant. Après s’élabore le projet qui lui donne sens.

Penser (27) : Toute analyse qui s’identifie, qui s’incarne en une personne, perd ipso facto son statut d’analyse.

Penser (28) : C’est la vérité d’une personne - et non la force de sa pensée - qui fait la pertinence de sa pensée.
- Pour en éviter l’hypothèse, éviter toute question gênante : au lieu et place de :
« Qu’en pensez-vous ? » : « Est-ce que cela vous parle ? » « C’est quoi le message ? » ; et étouffant le « je » dans le « nous » : « Qu’est-ce que ce livre à nous dire ? »

Penser (29) : La justification qu’il / elle avait trouvé pour oser affirmer penser, était de ne jamais s’en prévaloir.

Penser (30) : Une pensée propre perd son temps à récuser ceux et celles qui la critiquent. Pourquoi ? Parce que ceux et celles qui la critiquent fondent leurs critiques sur de tous autres fondements que les siens. Elle doit en revanche sans cesse penser la validité de ces critiques. Juste ?

Penser (31) : Chacun-e a le droit de penser, de dire et d’écrire : « ceci est incompréhensible » ; « ceci ne veut rien dire », au lieu et place de : « je ne comprends pas » : et si tel avait été plus souvent le cas, le poids des philosophes, des intellectuels - en en ce qu’il délégitime a priori si souvent la possible justesse de pensée de chacun-e - aurait été moindre.

Penser (32) : Compte tenu de la complexité du monde, des innombrables strates de contradictions sur lesquelles il repose, la solution la plus aisée pour la pensée est de ne pas / plus [y] penser.
D’où l’immense succès du retour à la nécessité de revenir au « réalisme ».
D’où aussi, la nécessité de tout remettre en cause : ?

Penser (33) : Fonder sa pensée sur le fondement des concepts philosophiques, élaborés par d’autres donc, c’est poser un filtre nécessairement déformant entre soi et le monde ; c’est reconnaître la primauté d’une pensée extérieure à soi ; c’est ne pas penser.

Penser (34) : La pensée arrive pas à pas. L’important est de commencer à marcher, de savoir que l’on peut marcher, d’apprendre à marcher, à tomber, de trouver plaisir à marcher ; et de savoir que le monde est grand et que l’on peut apprendre à le connaitre, seul-e.

Penser (35) : Ne pas oublier de retirer, lorsque devenus inutiles, les échafaudages nécessaires à la construction de l’ensemble, souvent oubliés en l’état.
* Ajout. 15 août 2019. (15 décembre) 1759. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à François de Chennevières [1699-1779], écrit :
« Mais la raison parle en vain, l’ancienne erreur domine toujours. » 384 Non. Faux.
* Ajout. 8 août 2024. En août, j’ai retiré de l’Abécédaire des centaines de (Cf.), celles qui suivaient les textes rédigés en mon nom.
Je me suis alors posé la question : à son terme, tout retirer ?

Penser (36) : Lire dans le livre du monde, celui à notre portée et, au-delà, si possible…

Penser (37) : À entendre tant de débats, notamment et a fortiori qualifiés de « philosophiques », il me vient une idée simple, mais vivifiante : si je ne comprends rien, ce n’est pas parce que ma culture est insuffisante, inappropriée, défaillante, c’est que cela ne veut rien dire, et /ou est mal exprimée par, chez son auteur-e.
Pensée libératrice dudit « terrorisme » exercé par la référence à « la culture », à « la pensée », par les « intellectuel-les » …

Penser (38) : Penser, sans attente de résultats, de conclusions, de reconnaissance ; la poursuite - ou non - d’un processus, au gré de sa propre vie…

Penser (39) : Les disciplines, les écoles, les courants, les typologies, les styles, les concepts, etc… sont autant de carcans de la pensée.

Penser (40) : Fonder une critique d’une pensée qui s’affirme sinon novatrice, du moins nouvelle, au nom de la [d’une] réalité présente est une contradiction de la pensée.
C’est nier l’hypothèse même d’une maturation d’une conscience sociale, d’une conscience politique ;
c’est nier l’hypothèse d’une influence des évènements sur une structure sociale, politique, sur un système, quel qu’il soit ;
c’est nier le dépassement des contradictions ;
c’est nier l’influence du mondialisme ;
c’est nier l’histoire.
C’est pourtant l’exercice récurrent dans les médias.

Penser (41) : Vouloir se démarquer, c’est se nier soi-même.

Penser (42) : L’ajout d’une nuance, dans le cadre d’une confrontation entre deux positions, n’invalide en rien leur opposition ; elle peut être le début d’une prise de conscience que celles-ci ne sont pas conciliables.

Penser (43) : Penser - qu’il s’agisse de concevoir un plat, de démissionner, de divorcer, d’aller dans une manifestation, de lire un livre…- ne nécessite ni compromis, ni négociation, ni alliances, ni même, ni finalité, ni projet élaboré…

Penser (44) : Penser à contraintes données, c’est ne pas penser : c’est reproduire l’existant.

Penser (45) : Entendu (une femme dans une assemblée d’hommes) :
« Je ne sais si mon sentiment est juste… Je ne sais si d’autres pensent comme moi. »

Penser (46) : S’en remettre aux institutions - quelles qu’elles soient - c’est s’interdire de penser par et pour soi-même. S’y référer aussi ?

Penser (47) : Qualifier la personne interdit, détourne, évite, contourne, étouffe, empêche la pensée critique.

Penser (48) : Il était interrogé sur sa « neutralité scientifique » ; il répondit par sa capacité de remise en cause personnelle.

Penser (49) : Les sociétés, dans leurs instances dirigeantes, ne sont à même de penser que ce qu’elles sont à même de critiquer. Elles se ferment comme une huitre lorsqu’elles seraient contraintes à des remises en cause pour elles insupportables, celles qui toucheraient à leurs fondements, à ce qui les constituent.
Les révolutions qui, lentement, murissent, naissent de cette prise de conscience, que les médias ont pour fonction de retarder.

Penser (50) : Entendu : « Ce qui est populaire est profond. » Un regard renversé sur le monde.

Penser (51) : Récuser un raisonnement sans remettre en cause ses prémisses est, sinon peine perdue car toute réflexion est en elle-même une avancée, du moins s'avère un cul de sac de la pensée.

Penser (52) : Les instants magiques ne sont ni pensés, ni programmés, ni théorisés : pas même attendus. Et pourtant, ils ont lieu.

Penser (53) : Dans un monde fondé sur des devoirs à remplir, ne pas penser est bien penser.

Penser (54) : Surmonter les contraintes, dépasser les conflits, ce n’est pas proposer une synthèse, c’est engager sa responsabilité.

Penser (55) : Penser - ce qui est la norme dans les collèges, lycées, universités - sur les seuls fondements de la nécessaire préalable transmission des pensées des penseurs qui nous ont précédés, c’est pour reprendre Henry Fielding [1707-1754], dans l’Histoire de Tom Jones [1749], « comme il en serait du maître de danse si les nombreux et excellents traités sur son art établissaient comme règle essentielle qu’il convenait de danser, chargé de chaînes. » 385

Penser (56) : Lorsqu’une pensée est interprétée par une multiplicité de positions, par une multiplicité de personnes, la cause est en est à rechercher dans son auteur-e, pas dans les commentaires.

Penser (57) : Chercher là où l’on ne cherche pas, c’est-à-dire partout.
- Avantage dérivé : on ne vous y trouve pas, car nulle place ne peut vous est assigné-e.

Penser (58) : Si la pensée ne peut être que le fait de la personne qui pense, alors penser ne peut être que de son fait.

Penser (59) : Entendu : « Qui peut le plus peut le moins » : Non. Qui peut le peu, peut le plus.

Penser (60) : Ce sont tous les innombrables moyens par lesquels, depuis notre plus tendre enfance, par lesquels ‘on’ oriente, guide, dirige, incite, interdit de penser par nous-mêmes qui devraient être l’objet premier de la pensée.

Penser (61) : Penser, c’est « partager une expérience de vie » [Jeanne Moreau]. 386

Penser (62) : On ne pense, on ne sent, on voit, on n’entend, on ne lit, on n’écrit, on ne comprend, on n’apprend que ce que l’on est. Mais ce que l’on est peut - ou non - évoluer, s’agrandir, s’approfondir, ou régresser en fonction de ce que l’on pense, de ce que l’on sent, de ce que l’on voit, de ce que l’on entend, de ce qu’on lit, de ce que l’on écrit, de ce que l’on comprend.

Penser (63) : Jauger une pensée c’est compliqué ; juger la personne qui l’émet, c’est tellement plus simple, et tout le monde y est habilité. (Cf. Penser. Juger)

Penser (64) : Entendu : « Fournir de la matière à penser ».

Penser (65) : Penser, c’est pousser une porte pour qu’une autre puisse s’ouvrir ; mais souvent les portes restent entrouvertes.

Penser (66) : Toute recherche de certitude, et même d’assurance - d’emblée erronée, irrecevable - est vouée à l’échec : ce sont les questions qu’il faut multiplier, dont il faut élargir le champ des réponses qui permettent alors de poser de nouvelles questions. Et ce processus n’en rien contradictoire avec l’action, les engagements, les principes, les valeurs.

Penser (67) : Comment empêcher la pensée : poser les questions inappropriées à la situation, au pays, au moment ; détourner l’attention ; créer le trouble ; cultiver, multiplier, radicaliser, hystériser les sources de dissension ; invisibiliser et / ou focaliser selon que de besoins ; créer à l’envi du complexe pour empêcher le simple ; multiplier les erreurs, les mensonges, les confusions, les contradictions ; dire une chose et dire puis imposer son contraire ; imposer progressivement les logiques binaires ; passer sous silence tout ce qui peut ouvrir l’esprit et, si possible, le dénigrer ; exclure sans vergogne ce qui pourrait troubler l’esprit ; raviver les émotions qui tiennent lieu d’analyses ; employer les mots à tort et à travers ; humilier…

Penser (68) : Suite : Comment empêcher la pensée : individualiser, singulariser, personnaliser, atomiser…

Penser (69) : Tout, absolument tout, est - peut être - une occasion de penser.

Penser (70) : Chaque chose apprise, comprise, réfléchie, pensée repousse un peu plus la conscience des limites de ce qui ne sera appris, compris, réfléchi, pensé. Mais, surtout - et c’est là peut être son plus grand mérite - révèle l’immensité de la pauvreté de nos connaissances ; ce qui ne leur retire pas leur valeur… lorsqu’elles en ont.

Penser (71) : Une erreur de formulation, à l’origine, bloque le raisonnement qui la suit. Banal, certes, mais…

Penser (72) : Il n’y a pas de pensée juste, pas plus que de mot juste ; ce qui n’empêche pas de tenter de s’approcher de l’impossible.

Penser (73) : De penser que tant de penseurs ont pu penser le monde, en faisait abstraction d’eux-mêmes et / ou sans même se poser la question, a tendance à vous rendre moins révérencieux / euse à l’égard de de ce qui est postulé comme relevant la pensée.
Mais, plus important, replace, resitue, relégitime, réhabilite, valorise en la banalisant sa propre pensée ; et, en conséquence, et beaucoup plus important, la pensée de chaque être humain.
Conséquence, qui revient au postulat de départ.

Penser (74) : Parler de soi, si nécessaire, pas plus que de besoin, à toutes fins utiles.
* Ajout. 15 avril 2021. Me concernant, révèle une première très grosse contradiction : je me nourris, je me régale de [la lecture de] la vie de tous / toutes les autres….
Et une seconde : via ce que j’écris, n’est-ce pas moi, qui, sans cesse, s’exprime ? toujours de moi, dont peu ou prou, il s’agit ? (Encore confus…)

Penser (75) : La recherche du consensus, c’est ainsi - notamment - que meurent les pensées. Et beaucoup, sans même souvent en être conscient-es, s’y emploient.

Penser (76) : Penser, c’est puiser sans cesse dans les pensées d’autrui, les creuser, les confronter entre elles, les enrichir, les prolonger, les critiquer et les confronter à soi.

Penser (77) : Ne pas oublier le poids des automatismes du langage qui modèlent si fortement nos pensées, nos valeurs, nos vies.

Penser (78) : Lorsque l’on fait partie de la minorité de ceux et celles qui vivent dans une société dont ils/elles sont les privilégié-es - comme c’est mon cas - , il est nécessaire non seulement de le savoir, de le reconnaitre, de l’intégrer et même de le poser - d’emblée ?- dans le cadre de ses réflexions.

Penser (79) : Dans une dictature (conjugale, familiale incluse), penser est un crime.

Penser (80) : Derrière tout ridicule, se cache une vérité.

Penser (81) : Chercher, aspirer à trouver une logique interne à un raisonnement, une pensée, une œuvre, c’est risquer fort de n’y voir ni fulgurances, ni intuitions, ni idées neuves qui ne relèvent d’aucune logique.

Penser (82) : (5 mars) 2022. Lu sur une grande publicité lumineuse visible sur le mur d’une pharmacie de la rue des Écoles :
« Arrêtez de penser. Faites-vous dépister » (du cancer colorectal).

Penser (83) : Ne pas s’engager, c’est ne pas penser.
Ne pas critiquer, c’est ne pas penser.

* Ajout. 28 juin 2022. Posé ainsi, la question devient alors : quelles pensées ? quelles critiques ? quels liens entre pensées et critiques ?

Penser (84) : Traiter de « la complexité [de]… », sans l’avoir préalablement située sinon de l’essentiel, du moins dans son contexte, c’est participer à la confusion du monde.

Penser (85) : (13 juillet) 2022. À l’écoute sur France Culture, ce matin, à la suite, d’entretiens deux « philosophes » et d’un « ethnologue », quels étouffoirs de la pensée…

Penser (86) : Parler, écrire comme on pense. Combien de pensées, de vérités, de nécessaires critiques ont-elles disparues à tout jamais, simplement parce que cette évidence a été dévaluée, méprisée par les tenant-es de la ‘culture’, par les ‘intellectuel-les’ ?

Penser (87) : Si possible… creuser les sillons, détruire les cloisons, faire céder les barrages, dégager les pièges, pousser les limites, interroger les évidences, changer la donne….

Penser (88) : Entendu : « Les écrans des savoirs officiels ».

Penser (89) : Combien de pensées, de réflexions, de critiques surtout, meurent dès qu’exprimées simplement parce qu’elles ont été - d’emblée - remises, replacées dans le cadre des pensées d’où elles proviennent ?

Penser (90) : « Partager le savoir », comme l’a voulu au 18ème siècle l’Encyclopédie est une avancée démocratique. Mais cette ambition, ambitieuse et critique, ne remet pas en cause les conditions de production du savoir qu’il importe, encore et toujours plus, de bouleverser.

Penser (91) : Nommer un chat : un chat.

Penser (92) : Les pensées des autres, dont nous nous nourrissons, peuvent nous entrainer, elles ne doivent pas nous embarquer avec elles.

Penser (93) : On ne peut pas tout savoir… à tout le moins, juste, simplement être conscient-e de ce que cela signifie est - devrait être ? - une grande avancée.

Penser (94) : Il pensait et disait des tas de choses qui n’avaient de sens que pour lui et affirmait fièrement :
« Personne ne peut me contredire ».

Penser (95) : Il se pencha sur le problème. Il fallait s’y plonger. Il ne vit que son reflet.

Penser (96) : Sans diagnostic, on peut guérir, mais nettement moins efficacement qu’avec un diagnostic. Sans analyse politique, on peut comprendre, mais nettement moins efficacement qu’avec une analyse politique.

Penser (97) : Le monde est connu, découvert, clos, fermé, disent-ils. Mais il est une immense possibilité devant nous, ouvert à chacun-e d’entre nous : l’agrandir par la libération des contraintes mentales, psychiques, intellectuelles, nationales, religieuses, politiques qui, en nous ayant construit-es, n’ont eu de cesse de tenter - et si souvent de parvenir - à nous rapetisser l’esprit.

Penser (98) : En y ajoutant ce qu’ils /elles nomment de « la complexité », ils / elles pensent mieux comprendre le monde ; mais le clair, le simple, l’évident, ce qui est personnellement ressenti, compris par soi, y sombre si souvent alors.

Penser (99) : Confrontée à une personne qui possédait des acquis dont elle sentait qu’elle ne les maitrisait pas, elle ferma les écoutilles et s’enfonça plus profondément dans la non communication.

Penser (100) : Une pensée incohérente ne vaut rien. Elle doit être rejetée ; elle ne peut être modifiée, amendée, corrigée.

Penser (101) : Vu (entendu) Comme il ne pouvait accepter ce qu’il voyait, il plaquait mécaniquement sur la réalité que chacun-e, comme lui, pouvait voir, l’analyse selon laquelle elle devrait, elle aurait dû, se passer.

Penser (102) : Il y a ceux et celles qui creusent leur sillon ; ceux et celles qui cherchent à y échapper. Mais cette distinction n’a rien de binaire.

Penser (103) : Un échange récent concernant « la-dite-intelligence-dite-artificielle », ayant abouti à une radicale incompréhension, m’a fait réfléchir : la question de penser - ou non - au sein d’une ‘science’, d’une politique, d’une discipline, d’une pensée, d’un courant de pensée, d’une catégorie, d’un terme… - autant de pièges - ne serait-elle pas l’une des explications les moins prises en compte pour mieux comprendre - et les opposer, les critiquer - la nature de nombre de débats ?

Penser (104) : Pousser une porte pour voir ce qu’il y a derrière, le découvrir, permet alors de pousser une autre porte, laquelle…

Penser (105) : Peut-on dissocier clairement un bais cognitif posé a priori, une sélection privilégiée d’actes et / ou de pensées orientées, un dispositif sélectif de pensées nécessairement préalablement disposées, d’un délire paranoïaque ?

Penser (106) : Creuser une pensée n’implique-t-il pas nécessairement de fermer un temps les pensées qui pourraient sinon la détruire, du moins la déstabiliser, au point de la dissoudre ?

Penser (107) : (22 août) 2023. Après l’écoute des 89 minutes de l’émission de France Culture [1980] sur un pourtant sujet passionnant, fondamental : Le patronat au XXème siècle, je m’interroge : pourquoi n’en ai-je rien retenu ?
À quoi servent une analyse, une démonstration, un débat, qui plus est, fondées sur des recherches et entre chercheurs d’origines, de structurations intellectuelles, psychiques, politiques, méthodologiques différentes, si elles ne sont pas d’emblée reliées avec les idées, les hypothèses qui seules les structurent ? Et, si elles ne sont ni clarifiées, ni lisibles, ni compréhensibles au cours du débat peuvent-elles être entendues autrement que comme des salades niçoises, dont rien ne relie l’assemblage, et qui n’apparaissent en fin de compte que comme une succession de mots, de phrases, d’affirmations, sans liens, ni en leur sein, ni entre elles, et ce d’autant plus qu’entre discourant-es, parlant au nom de leur ‘science (histoire, sociologie) les engagements politiques et donc les affrontements étaient exclus ? Seule Michelle Perrot traitant, trop rapidement, des images du patronat vues par les ouvriers, échappe à ce jugement. 387
Sans idée posée au début, explicitement ou non, il est rare d’en trouver une à la fin. (Poursuivre)

Penser (108) : « Réveiller un effet d’étonnement », et pour ce faire, les sources les plus iconoclastes sont, peuvent être, les plus riches.

Penser (109) : Substituer le : « Venez comme vous êtes » de McDonald’s, par :
« Pensez comme vous êtes ».

Penser (110) : J’ai entendu sur France Culture, concernant les processus de la pensée, de la réflexion, de la recherche, des idées, une - riche - distinction entre « Découvrir » et « Démontrer ».

Penser (111) : J’ai entendu, au lieu et place de « Penser » : « Intégrer dans son logiciel ».

Penser (112) : Entendu : « Jupiter égare ceux qu’il veut perdre. »

Penser (113) : Tenter de penser par soi-même, du fait de l’isolement, plus ou moins relatif, que cela nécessite, présente de nombreux avantages insuffisamment mis en valeur : aucune stratégie, aucune alliance, aucune conciliation, aucun nécessaire ajustement, aucune négociation, aucune compromission n’est nécessaire.

Penser (114) : Pourquoi faut-il lire, écouter ses « adversaires » ?
Parce que, ainsi, vous dîtes moins de bêtises le concernant
Parce que cela oblige à penser à ce à quoi vous n’aviez jusqu’alors pas pensé, et contraint et, lorsque nécessaire, à se remettre en cause et à affiner ses arguments, sa pensée.

Penser (115) : On peut penser pour saisir, comprendre, réfléchir sur la teneur d’une oeuvre, d’un auteur-e, d’un fait, d’un acte… On peut penser pour saisir, comprendre, réfléchir, ce qu’une oeuvre, un auteur-e, un fait, un acte… apporte à notre compréhension du monde. Dans le second cas, l’intelligence critique peut, plus aisément, me semble-t-il, en s’actualisant, s’élargir, s’approfondir.

Penser (116) : Relever, citer, multiplier les regards, les analyses, les points de vue, les angles d’attaque, mais aussi les ajustements, les oppositions, les contradictions, les manques, les silences peut créer de la confusion. Mais cela peut aussi - surtout - enrichir les pensées. Pourquoi ? Parce que cela, par la confrontation, aiguise, affine la réflexion, l’intelligence et permet à chacun-e de mieux penser par lui / elle-même.

Penser (117) : Si une personne n’a pas peu ou prou forgé sa propre pensée, sur quels fondements peut-elle penser, juger, juger, commenter, analyser, prendre position concernant autrui ?

Penser (118) : Les taux d’audience, les sondages, les courbes, les tableaux, et plus globalement, les chiffres, les statistiques dissuadent de penser, de réfléchir. (Poursuivre)

Penser (119) : S’inscrire au sein d’une pensée préalablement constituée par d’autres, pour la compléter, l’enrichir, la nuancer, la valider, la récuser, en inverser les termes, est-ce penser ?

Penser (120) : Penser, c’est tenter de ne rien prendre a priori pour acquis ; penser, c’est être nécessairement subversif-ve.

Penser (121) : Penser, en prenant en compte, en réfléchissant en fonction des idées, des analyses qui [vous] sont les plus proches et aussi défendable, justifiable, utile, nécessaire qu’en fonction des idées, des analyses qui [vous] sont les plus éloignées.

Penser (122) : Penser le monde, c’est le penser à travers l’image, le regard, la vision, la pensée que j’ai créée pour tenter d’en comprendre certains de ses modes de fonctionnement.

Penser (123) : Penser le futur, penser l’organisation de l’avenir - forcément différent - n’est-ce pas aussi figer le présent ?

Penser (124) : On pense nécessairement avec les pensées de son siècle. Tout dépend lesquelles.

Penser (125) : L’Université, au sens le plus large du terme, et depuis toujours, est responsable de la valorisation des pensées complexes, confuses, abscondes, incompréhensibles, dépourvues de sens. Et ceci, aux effets dramatiques : l’hypothèse sous-jacente étant que si ce que je lis et suis censé comprendre, pour moi, ne l’est pas, c’est que ce qui est écrit, ce qui dit est plus intelligent que moi et que ces personnes sont légitimes à avoir pouvoir sur moi, et moi, sans les comprendre, à me soumettre. (Cf. Penser. Obéir)

Par ordre alphabétique. Penser :

Penser (Agir) : George Sand [1804-1876], auteure de :
« On ne peut en même temps initier et mettre en pratique. » 388 Trouver la justesse et la faille du raisonnement. Reformuler autrement son assertion ?
* Ajout. 27 juin 2023. Pensée mal posée, donc ne pouvant être reformulée ?

Penser (Algorithme) : Si j’ai bien compris, le propre des algorithmes, c’est qu’ils créent eux-mêmes leurs règles de fonctionnement dont nul-le ne peut comprendre la logique de fonctionnement. Personne (ou quasi, je ne sais) ne peut les lire, ni les décrypter, ni les comprendre, ni les penser. Ni donc les critiquer. On sait, tout au plus, pour sûr, c’est qu’ils ont été créés par des êtres humains. Pour quelles finalités ? Pour contraindre beaucoup, pour éviter de penser à beaucoup, pour en replacer beaucoup. (Cf. Penser. La-dite-intelligence-dite-artificielle)

Penser. Ambition :

Penser (Ambition) (1) : Éclairer les zones obscurcies et tenter d’en saisir les significations ; approfondir, élargir, re-conceptualiser pour poser de nouvelles grilles de lecture éclairantes de la réalité du monde. Et en dévoiler les contradictions.

Penser (Ambition) (2) : Sans cesse, complexifier la pensée.

Penser (Ambition) (3) : Retrouver partout les traces perdues de la pensée, alors considérées comme non ou peu signifiantes, leur conférer une valeur - celle que l’on n’a pas su, pas voulu, pas pu leur conférer - et sur ces éclats, autant de joyaux, autant de fondements, recomposer la signification à leur accorder. Et, alors, mieux, savoir lire le présent.
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Penser (Analyses) : Certains dénonçaient des « généralisations abusives », quand d’autres en déduisaient des « analyses structurantes ».

Penser (Anonymes) : 99 % des personnes qui résistent sont anonymes. Alors… (Cf. Politique. Démocratie. Peuple, Patriarcat)

Penser (Apprendre) : Apprendre à [mieux] penser, c’est à dire au mieux de soi-même, c’est élargir le champ de la critique. C’est alors, créer les conditions pour que chacun-e soit à même de penser au plus près de soi-même, et donc au plus près de la critique du monde. D’où la nécessité de tant d’institutions dont la fonction est bien de délégitimer toute pensée propre. (Cf. Culture)

Penser. Argument :

Penser (Argument) (1) : Un argument ne peut être un instrument. (Prolonger)

Par ordre chronologique. Penser. Argument :

Penser (Argument) (1) : 1775. Beaumarchais [1732-1799], dans Le barbier de Séville, auteur de :
- Bartholo : Comment, Bazile ! vous avez signé ?
- Bazile : Que voulez-vous ? Ce diable d’homme a toujours ses poches pleines d’arguments irrésistibles. » 389 (Cf. Dialogues, Hommes. Remarquables. Beaumarchais)
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Par ordre chronologique. Penser. Argument d’autorité :

Penser (Argument d’autorité) (1) : 45 avant J.C. Cicéron [106-43 avant J-C], dans La nature des dieux, auteur de :
« Quant à ceux qui veulent savoir mon opinion personnelle sue chaque sujet ; ils manifestent une curiosité indiscrète ; en effet dans une discussion philosophique, on doit apporter de l’importance aux arguments fournis par la raison bien plus qu’à l’autorité. De plus, l’autorité de ceux qui se posent en maîtres nuit bien souvent à ceux qui veulent apprendre ; ils cessent de juger par eux-mêmes, ils tiennent pour acquis ce qu’ils voient décidé par celui à qui ils font confiance. À vrai dire, je n’approuve pas la pratique des Pythagoriciens qui, dit-on, quand ils affirmaient quelque chose dans une discussion et qu’on leur demandait pourquoi, répondait : ‘le Maître l’a dit’. Le Maître c’était Pythagore [580-485 avant J.C] : si grand était le pouvoir d’une opinion toute faite que l’autorité prévalait, même sans le soutien de la raison ! » 390 (Cf. Enfants. Pédagogie, Penser. Opinion. Juger. Obéir, Politique. Hiérarchie, Philosophie)

Penser (Argument d’autorité) (2) : 1978. Philippe Sollers [1936-2023], interrogé sur la pornographie dans Marie-Françoise Hans et Gilles Lapouge, Les femmes, la pornographie, l’érotisme, auteur de :
« C’est comme ça. » (p.163) ; « Ce n’est pas pareil, c’est tout » (p.164) ; « C’est ainsi. C’est comme ça, comme disait Hegel en regardant les Alpes. » (p.165) 391 (Cf. Pornographie)

Penser (Argument d’autorité) (3) : (13 janvier) 2020. Philippe Descola dans sa leçon inaugurale au Collège de France de 2001 L’anthropologie de la nature, est présenté par France Culture comme « Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Anthropologie de la nature de 2000 à 2019, directeur d’études à l’EHESS, normalien, philosophe de formation, auteur d’une thèse d’ethnologie sous la direction de Claude Lévi-Strauss [1908-2009]. »
- France Culture ajoute 14 janvier 2020 qu’il est, en sus, « médaille d’or du CNRS ». 392 (Cf. Ethnologie. Anthropologie)

Penser (Argument d’autorité) (4) : (14 janvier) 2020. Philippe Descola, dans sa leçon au Collège de France de 2019 présente « […] Margaret Mead [1901-1978] [comme] une grande figure totémique de l’anthropologie américaine ».
Puis suivent dans ce cours, comme dans ses cours ultérieurs, une telle accumulation de références à tant d’auteurs, un tel nombre de citations, mots, de questions, de termes non explicités, non situés dans leur contexte, non historicisés, que, submergée, je n’y comprends rien. (Cf. Ethnologie)

Penser (Argument d’autorité) (5) : (16 janvier) 2020. Présentation par France Culture de la troisième leçon de Philippe Descola au Collège de France de la semaine intitulée : La naissance de l’anthropologie sociale et culturelle, ouverte par la question :
« Qu'est-ce qui s'est joué dans la célèbre formule à propos de la vie des Bororos, ‘Nous sommes des perroquets aras’ [?] » :
« Au Collège de France, le cours sont libres, c’est à dire que viennent les écouter les gens qui veulent ; n’importe qui peut y assister. Finalement, quel est celui qui est examiné ? quel est celui qui est sous le pouvoir de l’autre ? Moi je dirais qu’au Collège de France, c’est celui qui enseigne. »
Un tel renversement - tout de même, un peu gros à avaler - des rapports de domination est rarement aussi clairement exprimé. (Cf. Dialogues, Ethnologie)

Penser (Argument d’autorité) (6) : (3 décembre) 2022. Cynthia Fleury, « philosophe », dans l’émission d‘Alain Finkielkraut de France Culture, auteure de :
« #Metoo, c’est ça » ; « #Metoo, c’est d’abord ça » ; « Voilà ce que c’est que le patriarcat » … J’ai arrêté là l’écoute…

Penser (Argument d’autorité) (7) : (18 juillet) 2024. Frédéric Encel, sur France Culture, auteur de :
« Tout le monde est d’accord sauf les fanatiques. » 393
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Penser (Aron Raymond) : 1956. Raymond Aron [1905-1983], dans Le fanatisme, la prudence et la foi, auteur de :
« […] Comment nous acquitter de notre dette, nous autres, privilégiés ? Je n’ai jamais connu qu’une seule personne que la misère des autres empêchât de vivre : Simone Weil [1909-1943]. Elle a suivi sa voie, finalement en quête de sainteté. Nous, que la misère des hommes n’empêche pas de vivre, qu’elle ne nous empêche pas du moins de penser. Ne nous croyons pas tenus de déraisonner pour témoigner de nos bons sentiments. » 394 (Cf. Femmes. Remarquables. Weil Simone, Philosophie, Sociologie, Économie)
Pas vraiment un référent moral, ni un modèle de rigueur de la pensée…

Penser (Avis) : (16 avril) 1760. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à George Keate [1729-1797], auteur de :
« […] D’ailleurs, je ne vous donne pas mon avis comme bon, mais comme mien ; je vous expose mon goût comme Dieu me l’a donné ; nous sommes tous à table, chacune mange et boit ce qu’il lui plait ; je ne me querellerai pas avec mon voisin, s’il aime le bœuf et moi le mouton. » 395

Penser (Balibar Françoise) : 1997. Françoise Balibar, physicienne, auteure de :
« J’ai connu des moments où j’ai eu une impression de comprendre absolument fulgurante et de pouvoir expliquer les choses dans les termes de tous les jours. Cela m’est arrivé une dizaine de fois en tout : ce sont des moments de souvenirs de maitrise du monde et aussi de grand bonheur. Luxe, calme et volupté. » 396 (Cf. Penser. Expliquer)

Penser (Bataille Georges) : 17 février 2024. Où est la pensée de Georges Bataille [1897-1962] ? Quelle est la pensée de Georges Bataille ?
Pour ma part, je n’ai rien lu de tel.
Et ses commentateurs- trices ne m’ont pas convaincue du contraire. 397

Penser (Berberova Nina) : 1969. Nina Berberova [1901-1993], dans C’est moi qui souligne, (concernant les années 1921, 1922 en Russie) auteure de :
« […] L’ombre du désespoir ne l’effleurait que rarement. Une mélodie continuait à raisonner en lui qui lui laissait espérer que ce n’était pas indispensable de faire de tous ces robots endurcis, mais que certains pouvaient se rendre utiles par des qualités d’un autre ordre. De ce point de vue, il [Vladislav Khodassevitch. 1886-1939] semblait possible d’édifier sinon la Russie, la Révolution ou la Société, du moins sa propre vie intérieure. Il avait conscience de l’importance d’une ligne de conduite morale et de la possibilité de découvrir derrière les faits leur signification, cela non pour se consoler ou se défendre, mais pour mieux comprendre la signification des choses. […]
Nous réfléchissions ensemble et nous cherchions à saisir nos limites réciproques. » 398 (Cf. Relations entre êtres humains, Politique. Révolution)

Penser (Berdiaev Nicola) : 1940. Nicola Berdiaev [1974-1948], dans son Essai d’autobiographe spirituelle, auteur de :
« […] Je m’étais toujours nourri de la pensée universelle, j’en recevais des impulsions intellectuelles, je suis très obligé aux penseurs et aux écrivains que j’ai lu toute ma vie, et je suis également reconnaissant à mes proches. Mais, en passant par ma liberté, tout entrait profondément en ’moi’ et c’est de là que tout me venait. Je n’acceptais aucune influence intellectuelle sans l’adhésion de ma liberté. Je suis par conséquent, l’homme le moins traditionnaliste du monde. Je n’avais même pas à rompre avec telle ou telle autorité, car pour moi, il n’en existait point. » 399 (Cf. Penser. Liberté)
Quelle forte assurance…crédible ? Difficilement.

Penser (Bernardin de Saint-Pierre Jacques-Henri) : 1791. Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre [1737-1814], dans La chaumière indienne, auteur de :
« Il y a environ trente ans qu’il se forma à Londres, une compagnie de savant anglais, qui entreprit d’aller chercher, dans diverses parties du monde, des lumières sur toutes les sciences, afin d’éclairer les hommes et de les rendre plus heureux […]
Le plus savant de ces docteurs, qui savait l’hébreu, l’arabe et l‘hindou, fut envoyé par terre aux Indes orientales, le berceau de tous les arts et de toutes les sciences. Il prit d’abord son chemin par la Hollande, et visita successivement la synagogue d’Amsterdam et le synode de Dordrecht ; en France, la Sorbonne et l’académie des sciences de Paris ; en Italie, quantité d’académies, de muséums et de bibliothèques, entre autres le muséum de Florence, la bibliothèque de Saint-Marc à Venise, et à Rome, celle du Vatican. Étant à Rome, il balança, si, avant de se diriger vers l’Orient, il irait en Espagne consulter la fameuse université de Salamanque, mais dans la crainte de l’Inquisition, il aima mieux s’embarquer tout droit pour la Turquie. Il passa donc à Constantinople, où pour son argent, un effendi le mit à même de feuilleter tous les livres de la mosquée de Sainte-Sophie. De là, il fut en Égypte, chez les Cophtes, puis chez les Maronites du mont-Liban, puis les moines du mont-Carmel, de là à Sana, en Arabie ; ensuite à Ispahan, à Kandahar, Delhi, Agra : enfin, après trois ans de courses, il arriva sur les bords du Gange à Bénarès, l’Athènes des Indes, il conféra avec les Brames. Sa collection d’anciennes éditions, de livres originaux, de manuscrits rares, de copies, d’extraits et d’annotations en tous genres, se trouva alors la plus considérable qu’aucun particulier eût jamais faite. […] » 400 (lire la suite)

(Cf. Culture, Histoire, « Sciences » sociales)

Penser (Bourdieu Pierre) : 2004. Pierre Bourdieu [1930-2002], dans Esquisse pour une auto-analyse, écrit - curieusement ou significativement placé entre parenthèse eu égard à l’importance de ce ‘constat’ [universel (?)] - ceci :
« (Comment pourrais-je ne pas me reconnaître en Nietzsche [1844-1900] lorsqu’il dit à peu près, dans Ecce homo, qu’il ne s’en est jamais pris qu’à des choses qu’il connaissait à fond, qu’il avait lui-même vécues, et que, jusqu’à un certain point, il avait lui-même été ?) 401 (Cf. Féminisme, Philosophie, Sociologie)

Penser (« Ça se… »). (27 mars) 2023.

Les sondages, ça se redresse
Les élections, ça se truque

Les médias, ça s’achète
Les opinions, ça s’oriente
Les parlements, ça se contourne
Les révoltes, ça se réprime
Les vaccins, ça s’expérimente
Les invitations, ça se décommande
L’ordre public, ça se mate
L’histoire, ça s’oublie
Les pauvres, ça se cache
Les émigrés, ça s’expulse
L’argent, ça se crée
Les citoyen-nes, ça se méprise
Les contrats, ça se romps
Les statistiques, ça se truque
Les guerres ça se fait…
(Cf. Langage. Sujet, Politique)

Penser. Cornelius Castoriadis :

Penser (Castoriadis Cornelius) (1) : Dénoncer « l’apathie » d’une société - ce que Cornelius Castoriadis [1922-1997], affirme et dénonce à de nombreuses reprises concernant et la société soviétique et la société occidentale moderne - c’est révéler son incapacité à la comprendre et l’enfermer dans une logique d’éternelle répétition. C’est clore l’histoire. C’est aussi, en s’autorisant un tel diagnostic, révéler ce qu’il révèle de la surestimation du rôle de l’intellectuel, apte à lui seul de juger de la vie des autres, fussent-ils des dizaines de millions… (Cf. Penser. Juger)
* Ajout. 21 août 2023. Ce qui n’empêche qu’il a dit, écrit, tant d’analyses fort intelligentes. (Cf. Hommes. « Intellectuels », Sociologie)
* Ajout. 18 avril 2024. Cette critique me concerne tant aussi. (Poursuivre)

Par ordre chronologique. Penser. Cornelius Castoriadis :

Penser (Castoriadis Cornelius) (1) : 1981. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans Nature et valeur de l’égalité, auteur de :
« […] Finalement la question de savoir : ‘Qu’est ce qui, dans ce que l’on pense, vient de celui qui pense, et qu’est ce qui vient de ce qui est pensé, cette question restera à jamais indécidable comme question ultime. Et ce paradoxe est lui-même paradoxalement, le lest, le seul, de la pensée. » 402 Pertinent…Mais la question a-t-elle un intérêt ? (Cf. Penser. Pensées)

Penser (Castoriadis Cornelius) (2) : (4 février) 1995. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans un débat avec l’historien François Furet [1927-1997], auteur de :
« Après tout, les intellectuels, on s’en fiche. » 403 De qui parle-t-il ?

Penser (Castoriadis Cornelius) (3) : 1996. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans Quelle démocratie ?, auteur de :
« La société apprend à l’individu - d’une façon totale dans les sociétés anciennes, de façon un peu moins complète aujourd’hui - à penser ce que la société lui dit de penser. » 404
Brutal, sans grandes nuances - qu’il exprime ailleurs - mais à ne jamais oublier…
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Penser (Catherine II) : (1er novembre) 1773. Catherine II [impératrice de Russie. 1729-1796], dans une lettre adressée à Voltaire [1694-1778], lui écrit :
« Nous avons [avec M. Grimm. 1723-1897] beaucoup parlé de vous.
Je lui ai dit ce que vous avez oublié peut-être, c’est que ce sont vos ouvrages qui m’ont accoutumée à penser. » 405 (Cf. Dialogues)

Penser. Causes :

Penser (Causes) (1) : Il y a, à tout, pour tout, une multiplicité de causes, qui produisent elles-mêmes, pour chacune d’entre elles, une multiplicité de conséquences et d’effets, invisibles dans l’immense majorité des cas. En sus, rien - ou presque ? - ne permet d’établir de relations de cause-s et à effet-s. Et, enfin, sur quels fondements, avec quelle certitude, ou même sur quelle hypothèse, peut décider que ceci ou cela relèverait du statut de « cause » ? [Après avoir écouté Hubert Reeves. 1932-2023] 406

Penser (Causes) (2) : Privilégier une analyse causale, c’est s’interdire une analyse structurelle.
* Ajout. 10 juin 2023. Et rechercher des causes, n’est-ce pas un exercice impossible, mais sécurisant ?

Par ordre chronologique. Penser. Causes :

Penser (Causes) (1) : (été) 1864. Gustave Flaubert [1821-1880] écrit à Edma Roger des Genettes [1817-1891] :
« Mais pourquoi vouloir expliquer les choses incompréhensibles par d’autres choses incompréhensibles ? Explique le mal par le péché originel, c’est ne rien expliquer du tout. La recherche de la cause est antiphilosophique, antiscientifique, et les religions en cela me déplaisent plus que les philosophies, puisqu’elles affirment les connaitre. » 407
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Penser. Causes. Effets :

Penser (Cause-s. Effet-s) (1) : Analyser, dévoiler, dénoncer, réfléchir sur les « causes » d’une « réalité », c’est - faute de les remettre en cause - nécessairement conforter les principes qui l’ont constituée, justifier les fondements qui seuls l’explique et lui donne son sens. Toutes analyses causales confortent donc les systèmes au sein desquels, nécessairement, elles se situent. Dès lors, fonder un raisonnement sur des rapports de « causes à effets », quels qu’ils soient, est nécessairement voué à l’échec.
- Qui plus est, nombreux/euses sont ceux/celles qui évoquent des effets sans causes ni explications, tandis que d’autres allèguent d’effets pour conforter de pseudo causes et justifier ainsi de pseudo explications, et qu’il est même fréquent de vouloir des effets, sans causes…

Penser (Cause-s. Effet-s) (2) : Penser en termes de cause-s / effet-s, c’est [tenter d’] expliquer. Ce n’est pas [tenter de] comprendre.

Penser (Cause-s. Effet-s) (3) : Qui décide de la cause, qui en déduit l’effet, qui analyse la relation entre la cause et l’effet ? Sur quels fondements ? Comment relier le lien entre la / les cause-s et l’ / les effet-s ? Comment isoler et la / les cause-s et l’ / les effet-s sans préalablement les intégrer dans le cadre d’une analyse, fut-elle partielle, partiale, d’un système qui explique - au moins au départ du questionnement - et l’un et l’autre et les unes et les autres ?

Par ordre chronologique. Penser. Causes. Effets :

Penser (Causes. Effets) (1) : 1670. Blaise Pascal [1623-1662], dans les Pensées, auteur de :
« Toutes ces personnes ont vu les effets mais ils n’ont pas vu les causes. Ils sont à l’égard de ceux qui ont découvert les causes comme ceux qui n’ont que les yeux à l’égard de ceux qui ont l’esprit. Car les effets sont comme sensibles et les causes sont visibles seulement à l’esprit. […] » 408

Penser (Cause-s. Effet-s) (2) : 1871. Mikhaïl-Michel Bakounine [1814-1876], dans La nature, cette totalité, auteur de :
« Ne nous en prenons pas aux effets, attaquons toujours les causes. » 409 Invalide l’item précédent ? (Cf. Penser. Comparaison)

Penser (Causes. Effets) (3) : 1989. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans Le monde morcelé, auteur de :
« Pointer les causes ou les conditions d’un phénomène, n’en épuise pas la signification ni n’en circonscrit les effets. » 410
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Penser (Chalamov Varlam) : 1954-1973. Varlam Chalamov [1907-1982], de retour de la Kolyma [goulag soviétique, situé dans l’est de la Sibérie], dans Récits de la Kolyma, auteur de :
« Pas une fois, je m’attardai sur une pensée. Le seul fait de l’essayer me causait une douleur vraiment physique. » 411
Constat / analyse essentielle : permet de comprendre tant de silences, sur lesquels prospèrent tous les non-dits qui fondent les sociétés… (Femmes. Silence, Politique, Violences)

Penser. Léon Chestov :

Penser (Chestov Léon) (1) : 1993. Léon Chestov [1866-1939], le 25 mars 1928, auteur de ce jugement sur le « Pr. Andler [1866-1933], auteur d’un ouvrage de cinq tomes sur Nietzsche » :
« C’est un homme qui pense vraiment, pas seulement pour écrire des livres. » 412

Penser (Chestov Léon) (2) : 1993. Léon Chestov [1866-1939], le 11 décembre 1931, écrit à Boris de Schloezer [1881-1969] :
« Tout le monde veut du ‘compréhensible’, c’est à dire du plus ou moins habituel. Et comment peut-on rendre compréhensible et habituel ce qui est, par sa nature, incompréhensible et ce à quoi on ne peut pas s’habituer ? » Bouleverse bien des jugements… 413

Penser (Chestov Léon) (3) : 1993. Léon Chestov [1866-1939], le 30 septembre 1931, écrit à Boris de Schloezer [1881-1969] :
« J’aurais tellement envie de discuter avec vous sur ces sujets, sinon, il me faut les couver moi-même, et c’est quelquefois bien dur. » 414

Penser (Chestov Léon) (4) : 1993. Léon Chestov [1866-1939], le 8 octobre 1931, écrit à Boris de Schloezer [1881-1969] :
« Et maintenant, au sujet de la dernière page [de votre lettre]. Tout d’abord, j’ai envie de vous dire : grand merci. Il est tellement rare d’entendre quelqu’un dire que non seulement il lit, mais qu’il est ‘personnellement intéressé’ par le développement des idées avec lesquelles je dois affronter les gens. Et cependant - c’est là l’unique chose importante. Certes, quelques fois, mais pas très souvent non plus, il arrive qu’on entende que c’est bien écrit, intéressant ou quelque chose dans ce genre. Mais […]. » 415 (Cf. Penser. Critique)
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Penser (Choisir) : Penser, c’est choisir. C’est à dire désigner, décider, s’engager.
Un « conflit de loyautés » : l’antithèse.

Penser (Cicéron) : 44 avant J-C. Cicéron [106-43 avant J.C], dans son Traité des devoirs, auteur de :
« […] Il n’appartient qu’à une grande intelligence de se représenter l’avenir, de déterminer d’avance ce qui peut arriver d’une façon ou d’une autre, et ce qu’il y aura à faire quand l’évènement surviendra pour ne pas s’exposer à être forcé de dire un jour : ‘Je n’y avais pas pensé.’ » 416 (Cf. Penser. Intelligence)

Penser. Citation :

Penser (Citation) (1) : Lier une pensée à une citation, c’est peu ou prou, en positif et négatif, s’inscrire dans le cadre de pensée dont on est redevable.
- Dès lors qu’une citation est liée à une pensée, il importe d’en préciser la source afin que l’on puisse s’y référer et y lire sinon un détournement de sens, du moins la possibilité d’une autre interprétation.
- Il importe aussi de situer les citations dans leur temps afin d’éviter d’inutiles répétitions, et de mieux appréhender la valeur de toutes celles qui, si elles avaient été mieux entendues, comprises, prises en compte, auraient peut-être pu aider à une meilleure compréhension du monde.
- Il importe enfin de rigoureusement distinguer les citations de ses propres réflexions afin de mieux appréhender les processus historiquement mis en œuvre dans l’élaboration d’une réflexion.

Penser (Citation) (2) : Une citation peut éclairer un mot, une pensée, une explication, un raisonnement : elle ne peut les justifier.
* Ajout. Évident…

Penser (Citation) (3) : Les citations : des béquilles, des étais, des aides, des justifications, des éclairages, des fulgurances révélées… Mais aussi des rigueurs de méthode.

Penser (Citation) (4) : Qu’est ce qui est important : s’interroger, savoir, tenter de comprendre ce que Pascal (ou autres…) a voulu exprimer ou ce que chacun-e d’entre nous comprend de telle ou telle de ses pensées, écrits, de l’écrivain, de l’homme… ?
Dans le premier cas, la place est laissée aux léttré-es, spécialistes, exégètes… ; dans le second, chacun-e est libre de son interprétation, sans argument d’autorité surplombant.

Par ordre chronologique. Penser. Citation :

Penser (Citation) (1) : 1764. Voltaire [1694-1778], dans son Dictionnaire philosophique, à la rubrique Bien [Tout est], auteur de :
« Je n’aime point à citer ; c’est d’ordinaire une besogne épineuse : on néglige ce qui précède et ce qui suit l’endroit que l’on cite, et on s’expose à mille querelles. » 417

Penser (Citation) (2) : 1827. Alessandro Manzoni [1785-1873], dans Les fiancés, auteur de :
« Au reste ce beau vers […] je l’ai pris, parce qu’il me venait à point ; et je dis où, pour ne pas m’embellir des dépouilles d’autrui. » 418

Penser (Citation) (3) : 2011. Jean-Paul Cointet écrit concernant l’écriture des Origines de la France contemporaine [1875] d’Hippolyte Taine [1828-1895] :
« Ses notes en bas de page indiqueront la condition, l’office, le nom, la demeure de ces témoins décisifs : ‘Pour plus de certitude, ajoute-t-il, j’ai transcrit aussi souvent que j’ai pu leurs propres paroles. De cette façon, le lecteur, placé face aux textes, pourra les interpréter lui-même et se faire une opinion personnelle. Il aura les mêmes pièces que moi pour conclure et conclura, si bon lui semble, autrement que moi.’» 419 (Cf. Penser. Méthode. Opinion, Histoire. Taine Hippolyte)

Penser (Citation) (4) : 1961. Witold Gombrowicz [1904-1969], dans son Journal, auteur de :
« Pourquoi ne se trouve-t-il personne pour oser dénoncer le fléau de la citation ? » 420

Penser (Citation) (5) : (29 août) 2022. William Marx, dans son cours au Collège de France, Les bibliothèques invisibles, auteur de :
« Il y a des citations qui fondent une pensée. »
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Penser (Clemenceau Georges) : (17 novembre) 1903. Georges Clemenceau [1841-1929], au sénat, auteur de :
« Ce serait un grand malheur si chacun de nous prétendait être en possession d’une opinion révélée. Pour ma part, j’ai eu un très grand nombre d’opinions successives et je suis de ceux qui ne le cachent point ; je trouve même là un argument contre le monopole d’État dans l’ordre de la pensée. » 421 (Cf. Penser. Opinion)

Penser. Cohérence :

Penser (Cohérence) (1) : Que vaut la cohérence quand l’analyse est fausse ?

Par ordre chronologique. Penser. Cohérence :

Penser (Cohérence) (1) : 1866. George Eliot [1819-1880], dans Felix Holt, le radical, auteure de :
« La cohérence ? - Je n’ai jamais changé d’avis : je pense et j’ai toujours pensé qu’il faut vivre à son aise. » 422
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Penser (« Comment ? ») : (29 juillet) 1935. André Gide [1869-195], dans son Journal, écrit :
« Remplacer, chaque fois qu’il se peut, le « pourquoi ? » par le « comment ?», c’est faire un grand pas vers la sagesse. » 423
Mais, ne pas oublier que le « comment ? » permet aussi d’oublier le « pourquoi ? ».
Et vice-versa…

Penser. Commentaire :

Penser (Commentaire) (1) : Faute de prise de position préalable quant aux présupposés qui structurent une analyse politique, tout commentaire est caution.

Penser (Commentaire) (2) : Le commentaire, si souvent, étouffe, détourne, dénature ; et même, si souvent, sans aucun respect, tue la pensée de l’autre, au profit de la sienne… qu’il s’agit, si souvent, principalement de mettre en valeur.

Penser (Commentaire) (3) : Le commentaire est au texte commenté ce que le fard est au visage : jamais sa vérité.

Penser (Commentaire) (4) : Le commentaire exclut-il la - si nécessaire - indignation morale ?

Penser (Commentaire) (5) : Commenter [l’apparence], c’est justifier l’existant.

Penser (Commentaire) (6) : Pourquoi commenter ? Ne suffit-il pas de lire, de voir, de regarder, d’écouter, de ressentir, de réfléchir ? Par soi-même.
* Ajout. 21 octobre 20232. Quand je pense aux innombrables vies consacrées depuis des siècles à l’étude notamment d’auteur-es, je me dis que si, certes, elles ont aidé à réfléchir, mais de combien de détournements de réflexions elles ont été la cause…

Penser (Commentaire) (7) : (Après avoir lu la Préface de Jean Dagen [1997] à La vie de Marianne [1727] de Marivaux [1688-1763]) Distinguer le commentaire, de la présentation, l’analyse, la mise en valeur, l’enrichissement d’un écrit. 424

Penser (Commentaire) (8) : Intercaler un intermédiaire entre l’œuvre et la personne qui le lit, c’est - pour le commentateur, la commentatrice, s’entremettre, c’est s’imposer ; pour le lecteur, la lectrice, c’est d’emblée être délégitimé-e d’une pensée personnelle, propre : et, peu ou prou, de sa propre valeur, et en conséquence, de l’habitude, de l’importance, de la nécessité à penser seul-e.

Par ordre alphabétique. Penser. Commentaire :

Penser (Commentaire) (1) : 1580. Michel de Montaigne [1533-1592], dans Les Essais, auteur de :
« Il y a plus de travail à interpréter les interprétations qu’à interpréter les choses elles-mêmes ; il y a aussi plus de livres sur les livresque sur tout autre sujet : nous ne faisons que nous gloser les uns les autres. Tout fourmille de commentaires : mais des auteurs, il y en a peu. La science la plus fameuse et la plus importante, à notre époque, n’est-elle pas de savoir comprendre les savants ? N’est-ce pas là la fin normale et dernière de toutes les études ? » 425

Penser (Commentaire) (2) : Vauvenargues [1715-1747], auteur de :
« Ce que l’on conçoit nettement, on n’a pas besoin de le commenter », suivi de :
« Mais ce qu’on ne fait qu’entrevoir, ou ce qu’on imagine faiblement, on l’allonge plus aisément qu’on ne l’explique. » 426 (Cf. Êtres humains. Écrit. Vauvenargues, « Sciences » sociales)

Penser (Commentaire) (3) : (28 août) 1772. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au comte d’Argental [1700-1788], écrit :
« […] J’aime mieux Molière que des réflexions sur Molière. » 427
Cette simple phrase ne tue-t-elle pas l’idée même de « commentaire », ou du moins, ne lui situe-elle pas d’importantes limites ?
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Penser. Comparaison :

Penser. Comparaison (1) : Toute comparaison qui implique confrontation, concurrence, ne serait-ce que pour s’en démarquer, n’est valide qu’à équivalence de sens. Mais [le qui étant incomparable à quoi], qui peut-on comparer à qui ? Que peut-on comparer à quoi ?
* Ajout. 4 juillet 2015. Avoir honte de sa pauvreté et être fier-ère de sa richesse ne sont pas les deux faces contradictoires d’une même facette.

Penser (Comparaison) (2) : Rien n’est comparable à rien ; rien n’est assimilable à rien. Tout peut faire penser à tout. Tout peut agir sur tout.

Penser (Comparaison) (3) : « Comparaison n’est pas raison », certes, mais une comparaison peut jeter un éclairage cinglant sur une analyse partielle et / ou partiale.
[Écrit après avoir lu ce dialogue dans Les misérables [1862] de Victor Hugo [1802-1885] entre un « Conventionnel » et Monseigneur Bienvenu opposant « Marat battant des mains à la guillotine » et « Bossuet chantant le Te Deum sur les dragonnades ».] 428

Par ordre chronologique. Penser. Comparaison :

Penser (Comparaison) (1) : (8 août) 1953. Albert Camus [1913-1960] (concernant « la littérature prolétarienne ») dans une lettre écrite à Maurice Lime [1905-1998], auteur de :
« [...] il est vrai que la belote au bistrot vaut bien le cocktail mondain. Mais, précisément, le cocktail mondain ne vaut rien. Pourquoi donc comparer ? […] » 429
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Penser (Compétences) : 1949. Raymond Aron [1905-1993], dans la Revue de métaphysique et de morale, auteur de :
« Entre observateurs compétents, qui se sont donnés la peine de poursuivre les études nécessaires, une large mesure d’accord s’obtient assez aisément sur ce qui est possible à l’intérieur d’un système économique. » 430
Quant aux personnes qui ne se seraient pas « donné la peine de poursuivre les études nécessaires », dès lors incompétentes et celles qui penseraient et voudraient agir « à l’extérieur du système économique », on ne sait quelle place Raymond Aron leur accorde…
Que de suffisance, que de mépris, que de naïveté, que de bêtise… (Cf. Êtres Humains. Naïveté, Hommes. « Intellectuels », Philosophie. Métaphysique, Économie)

Penser. Comprendre :

Penser (Comprendre) (1) : On comprend, en règle générale, ce que l’on cautionne, le plus souvent sans même le savoir. Une rupture de ce lien est nécessaire pour penser.

Penser (Comprendre) (2) : Ils / elles affirmaient, avec force répétitions, « ne rien comprendre » pour s’épargner le risque, l’ennui, le coût, d’avoir à comprendre.

Penser (Comprendre) (3) : Au lieu de s’acharner à tenter d’expliquer, à trouver souvent coûte que coûte une explication, il vaut souvent bien mieux reconnaitre que l’on ne comprend pas. Mieux, souvent, : que cela est incompréhensible.

Penser (Comprendre) (4) : Je comprends, mais je ne comprends pas qu’un-e autre ne comprenne pas. C’est très difficile et je n’y parviens pas toujours. Rarement même…

Penser (Comprendre) (5) : Une pensée pour mieux comprendre : comprendre ce que l’on connait déjà et qui vous permet de mieux penser ; si possible mieux, plus loin, plus large, plus profondément…

Penser (Comprendre) (6) : Vouloir être compris-e est absurde. Chacun-e interprète ce qu’il / elle lit, entend, comme il / elle le ressent. Comment donc pourrait-il en être autrement ?

Penser (Comprendre) (7) : Il me semble entendre, dans la bouche de ceux / celles qui ont le pouvoir de s’exprimer publiquement, de plus en plus souvent - à moins que ce soit moi qui soit de plus en plus sensible à la question, les deux n’étant pas incompatibles - : « Je comprends les critiques, les contestations ; elles sont normales, saines, nécessaires… »
Si cette parole n’engage quiconque, et de fait ne veut rien dire, elle postule néanmoins que « la compréhension » de l’un-, par l’un-e, devienne légitimement un critère de jugement en matière de décision politique. En outre, elle ouvre la voie à ce que l’inverse puisse advenir, et que les critiques puissent être jugées anormales, malsaines, inutiles.

Par ordre chronologique. Penser. Comprendre :

Penser (Comprendre) (1) : 1754. Henry Fielding [1707-1754], dans l’Histoire de Tom Jones, auteur de :
« Cette dernière circonstance suffirait à expliquer sa réputation de sagesse, les hommes étant curieusement portés à vénérer ce qu’ils ne comprennent pas. C’est là un grand secret sur lequel maints imposteurs se sont entièrement appuyés pour la réussite de leurs duperies. » 431 (Cf. Penser. Expliquer, Philosophie)

Penser. Comprendre. George Eliot :

Penser (Comprendre) (2) : 1859. George Eliot [1819-1880], dans Adam Bede, auteure de :
« Avec ses perceptions calmes, peu incommodées par les hypothèses, il se satisfaisait de son inaptitude à connaître les causes des choses et préférait connaitre les choses elles-mêmes. » 432

Penser (Comprendre) (3) : 1860. George Eliot [1819-1880], dans Le moulin sur la Floss, auteure de :
« Elle était capable de créer toute seule des mondes imaginaires - mais aucun monde imaginaire ne pouvait la satisfaire maintenant. Il lui fallait une explication de cette vie réelle avec ses difficultés. […] Il lui fallait une clé qui lui permettrait de comprendre, et après avoir compris, de supporter ce lourd fardeau qui s’était abattu sur son jeune cœur. » 433
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Penser (Comprendre) (4) : (13 juillet) 1867. Jules Vallès [1832-1885], dans La Rue, auteur de :
« Drôles de libéraux encore, tous ces universitaires défroqués qui se sont réfugiés dans la métaphysique, comme on se cache dans les caves […] en lisant les œuvres, si spirituellement attrayantes d’ailleurs d’Hegel et de Spinoza.
Ils disent qu’ils comprennent ; je n’en mettrais pas ma main au feu. Mais en dehors d’eux, bien sûr, personne ne comprend rien.
» 434 (Cf. Hommes « Intellectuels », « Sciences » sociales, Philosophie)

Penser. Comprendre. Victor Hugo :

Penser (Comprendre) (5) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« Tu ne comprends pas les mots, mais tu comprends les choses. » 435 (Cf. Langage. Mots)

Penser (Comprendre) (6) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« Elle semblait renoncer à comprendre. À un certain degré, le désespoir est inintelligible au désespéré. » 436
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Penser (Comprendre) (7) : (14, 15 novembre) 1876. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Gustave Flaubert [1821-1880], auteure de :
« [...] Quand on ne nous comprend pas, c’est toujours de notre faute. » 437

Penser. Comprendre. Tolstoï Léon :

Penser (Comprendre) (8) : 1878. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Anna Karénine, auteur de :
« Sa leçon, quoi qu’il fit, ne lui entrait pas dans la tête ! En présence du professeur, cela marchait encore, car à force d’écouter et de croire qu’il comprenait, il s’imaginait comprendre ; mais, une fois seul, […]. » 438

Penser (Comprendre) (9) : (28 mai) 1896. Léon Tolstoï [1828-1910], dans son Journal, écrit :
« Les vers de Mallarmé [Stéphane. 1842-1898] et autres. Ne les comprenant pas, nous disons hardiment que cela ne tient pas debout, que c’est de la poésie fourvoyée dans une impasse. » 439
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Penser (Comprendre) (10) : 1929. Léon Trotsky [1879-1940], dans Ma vie, écrit :
« Le besoin de comprendre par moi-même un problème et d’en tirer toutes les déductions indispensables fut toujours, ce me semble, l’exigence la plus impérieuse de ma vie spirituelle. » 440

Penser (Comprendre) (11) : 1936. John Steinbeck [1902-1968], dans En un combat douteux, auteur de :
« - Est-ce qu’ils sont capables de comprendre ?
- Ils n’ont pas besoin de comprendre ; la chose s’infiltrera en eux… Ils sauront, sans y avoir pensé. » 441 (Cf. Dialogues)

Penser (Comprendre) (12) : 1955. Simone de Beauvoir [1908-1986], dans un texte intitulé : Merleau-Ponty et le pseudo-Sartrisme, reproche à Maurice Merleau-Ponty [1908-1961], comme à tant d’autres, de « n’avoir pas compris » [Jean-Paul Sartre. 1905-1980]. 442
N’est-ce pas signifier qu’une pensée devrait, pourrait, à elle seule, imposer sa logique, son évidence ? ; que celle-ci serait exempte de confusions, de contradictions ? Une pensée n’est-elle pas nécessairement lisible en fonction de diverses grilles de lecture ? ; n’est-elle pas à même d’ouvrir la voie à différentes interprétations ? Ne le doit-elle pas ?
Les idées, les analyses n’ont pas à être « comprises » ; elles peuvent être interrogées. Les voies par lesquelles elles se diffusent - ou non - sont nombreuses.

Penser (Comprendre) (13) : 1978. Gabriel Marcel [1889-1973], auteur de :
« On est toujours libre de ne rien comprendre à rien. » 443

Penser (Comprendre) (14) : 1978. Pierre-Bernard Marquet, dans L’enseignement ne mène à rien, hier comme aujourd’hui, cite cette phrase de Valéry [1871-1945] - publiée dans Mauvaises pensées et autres [1942] - qu’il juge « lumineuse » :
« Les gens qui comprennent ne comprennent pas que l’on ne comprenne pas. […] » Et il en poursuit pertinemment l’analyse. 444 (Cf. plus haut)

Penser (Comprendre) (15) : 1997. Caroline Eliacheff, après avoir évoqué sa famille dans laquelle « on avait le devoir avant tout d’être intelligente », poursuit :
« Je savais que je devais avoir l’air de tout comprendre parce que je pensais que c’était le critère de l’intelligence », interroge ensuite :
« Comment avoir l’air intelligent sans rien comprendre » et enfin conclut :
« En se taisant ! » 445 (Cf. Dialogues, Femmes. Silence. Intelligentes, Penser. Intelligence, Psychanalyse)

Penser (Comprendre) (16) : 2000. Sebastian Haffner [1907-1999], dans Histoire d’un Allemand, Souvenirs (1914-1933), évoquant le contexte politique du début du nazisme écrit :
« Chaque fois qu’on essayait de comprendre, on voyait s’interposer comme un voile ces discussions infiniment oiseuses et stériles, toujours recommencées, au cours desquelles on s’efforçait de faire entrer les choses dans un système de notions politiques obsolètes qui ne leur était plus adapté. »
Combien de discussions politiques actuelles entrent elles dans ce schéma de mal-pensée ? 446 (Cf. Politique. Médias)

Penser (Comprendre) (17) : 2005. Mona Chasserio, dans Cœur de femme. De l’inexistence à l’existence. Mon engagement aux côtés des femmes de la rue, auteure de :
« Longtemps, j’avais raisonné pour comprendre. […] » 447
Oui, une telle découverte - celle des limites d’une pensée fondée sur le – seul ? - raisonnement, sur ‘la raison’ - peut ouvrir l’esprit au monde…

Penser (Comprendre) (18) : (28 juin) 2015. François Maspero [1932-2015], auteur de :
« Comprendre prends du temps. » 448

Penser (Comprendre) (19) : Alan Greenspan, président de la Federal reserve bank américaine [de 1997 à 2006], auteur [présumé] (sans source, sans date) de :
« Si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé. »

Penser (Comprendre) (20) : (8 décembre) 2018. Le général Bertrand Cavalier (analyste ?, consultant ?, commentateur ?, représentant de l’armée ?, de la police ?, des services de renseignements ? de l’État ?, de lui-même ?), sur BFM-TV, auteur de :
« Je ne comprends pas qu’ils (les manifestant-es) ne comprennent pas qu’ils compliquent l’action des forces de l’ordre (en ne quittant pas la manifestation). » 449 (Cf. Politique)
* Ajout. 31 juillet 2021. Entendu ce jour sur BFM-TV [18h30] concernant les manifestations en cours :
« Les manifestants ne comprennent pas les charges de police. » En toute bonne foi. (Cf. Politique)

Penser (Comprendre) (21) : (27 juin) 2020. Daniel Parrochia, « philosophe », auteur de :
« Pour comprendre, il faut tout décomposer. » 450
Et qui recompose ? Et comment recompose-t-on ?
Décomposer - comme déconstruire -, c’est aussi laisser un champ de ruines. (Cf. « Sciences » sociales)

Penser (Comprendre) (22) : (2 novembre) 2020. Monique Canto-Sperber, sur France Culture, auteure de :
« […] Heureusement qu’on ne comprend pas trop vite, car on peut très bien s’égarer et partir sur une fausse interprétation et une idée qui serait plutôt foudroyante qu’éclairante. » 451

Penser (Comprendre) (23) : (25 février) 2022. Entendu sur France Culture, dans Les chemins de la philosophie, exprimé par David Bessis, mathématicien, cette phrase :
«… Comprendre comment on fait pour comprendre », suivie de deux mots que j’ai relevés : « intuitions », « imaginaires ».

Penser (Comprendre) (24) : (3 août) 2022. Germaine Tillion [1907-2008], sur France Culture, [1907-2008], auteure de :
« À Ravensbrück, comprendre et expliquer, c’était vital. […] Pour un être humain, ce qu’il y a de pire, c’est ne pas comprendre ce qui vous arrive. »
Analyse fondamentale. (Cf. Penser. Expliquer)
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Penser. Concept :

Penser (Concept) (1) : Il n’est pas nécessaire de maitriser les concepts, ni même de savoir que des concepts existent pour penser. Ce qui ne signifie pas que la recherche de concept ne puisse être un enrichissement pour la pensée.

Penser (Concept) (2) : Aucun concept ne peut enfermer une réalité ; aucun ne peut ni justifier, ni invalider un jugement de valeur qui lui est par ailleurs préexistant.

Penser (Concept) (3) : « Éthique », « morale », « rationalité », « beauté », « art », « universel », « civilisation », tous ces termes et bien d’autres sont relatifs. Comment alors pourraient-ils être qualifiés de « concept » ?

Penser (Concept) (4) : (14 janvier) 2020. Entendu évoquer, pour vanter la valeur des écrits d’un auteur, l’expression de : « boîte à outil conceptuelle ». Antinomique, me semble-t-il…

Penser (Concept) (5) : Ils / elles avaient créé un concept - ou plus fréquemment utilisé un concept déjà employé - et dont ils / elles savaient déjà qu’il était déjà « très hétérogène ». Ils / elles en avaient analysé les applications. Ils / elles en découvrirent - ce qui était reconnu au départ - que le-dit concept recouvrait autant de situations différentes que de « cas » analysés. Que croyez-vous qu’il advint ? Ils maintinrent leur concept et continuèrent à en analyser le bien-fondé, qui leur avait, par ailleurs, déjà procuré invitations, publications, voyages…

Penser (Concept) (6) : Entendre : « Il faut élucider les concepts employés » me fait penser aux critiques faites aux Opéras, au cours desquels des chœurs chantent, tout en restant immuables : « Marchons, marchons… ».
* Ajout. 13 mars 2023. Entendu : « Il n’y a pas de concept précis qui ne soit circonscrit. » Tautologie ?

Penser (Concept) (7) : Ils / elles suggèrent, proposent, inventent des concepts. Et puis se félicitent de trouver des personnes qui les incarne[rai]ent.

Penser (Concept) (8) : On peut utiliser un concept, on peut croire à sa vertu explicative, sans pour autant, être dominé-e, enfermé-e par son usage.

Par ordre chronologique. Penser. Concept :

Penser (Concept) (1) : 1972. Bertrand de Jouvenel [1903-1987], dans Du pouvoir, auteur de :
« […] On doit comprendre que [concernant le Pouvoir], nous partons d’un concept abstrait nettement délimité, afin, par une démarche logique successive, de retrouver la réalité complexe. Il n’est pas essentiel à notre objet que le concept de base soit ‘vrai’, mais qu’il soit ‘adéquat’, c’est-à-dire propre à fournir une explication cohérente de tout le réel observable.
Telle est la démarche de toutes les sciences, qui ont besoin de concepts fondamentaux, comme la ligne et le point, la masse et la force. » 452 Pas vraiment convainquant…

Par ordre chronologique. Penser. Concept. Gilles Deleuze :

Penser (Concept) (2) : (5 juin) 1977. Gilles Deleuze [1925-1995], à la question : « Que penses-tu des ‘nouveaux philosophes’ ? répond :
« Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D'abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l'ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d'importance, plus le sujet d'énonciation se donne de l'importance par rapport aux énoncés vides […] Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens travaillent pour éviter ces dangers-là. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. […] » 453
Accuser justement ne rend pas pour autant sa propre pensée juste… (Cf. Hommes. « Intellectuels ». Deleuze Gilles, Penser. Pensées. Binaires, Philosophie)

Penser (Concept) (3) : 1991. Gilles Deleuze [1925-1995], dans Qu’est-ce que la philosophie ? , auteur de :
« Le philosophe est l’ami du concept, il est en puissance de concept. […] La philosophie, plus rigoureusement, est la discipline qui consiste à créer des concepts. […] Créer des concepts toujours nouveaux, c’est l’objet de la philosophie. […] C’est parce que le concept doit être créé qu’il renvoie au philosophe comme à celui qui l’a en puissance, ou qui en a la puissance et la compétence. […] » 454 Pas vraiment ouvert, ni généreux, ni modeste, ni attractif… Une pensée circulaire ? Ou plutôt fermée sur elle-même, définie par, étouffée par le philosophe ? (Cf. Penser. Pensées. Abstraction. Concept)
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Penser (Concept) (4) : (mai) 1980. Claude Roy [1915-1977] dans Permis de séjour. 1977-1982, auteur de :
« (Concernant Edouard Kouznetsov) Et le prisonnier, loin des livres et des facultés résume en quatre lignes, avec une élégance et une clarté parfaite la démonstration complexe que Gödel [Kurt. 1906-1978] expose en trente pages serrées dans sa Philosophie of Mathematics : « Tout ensemble conceptuel suffisamment étendu inclut nécessairement des questions auxquelles on ne peut répondre qu’en élargissant cet ensemble, ce qui exclut par définition l’existence d’un système clos absolument logique. » 455
En excluant les deux derniers mots, s’applique notamment au patriarcat.

Penser (Concept) (5) : 2004. Sándor Márai [1900-1989], dans Mémoires de Hongrie, auteur de :
« Les concepts de ‘patrie’, de ‘peuple’, de ‘nation’ méritaient-ils que je sacrifie pour eux ma liberté ? » 456 Les concepts, non. (Cf. Penser. Liberté)

Penser (Concept) (6) : 2008. Bernard-Henri Lévy, auteur de :
« Je pensais que l’ascendant, c’est comme les concepts : il perd en compréhension ce qu’il gagne en extension ; il perd en intensité, en incandescence, en puissance, ce qu’il semble gagner en s’exerçant sur le grand nombre. » 457

Penser (Concept) (7) : (septembre) 2018. Lu dans Le Monde Diplomatique :
« De quel secours sont les théories qui partent des concepts plutôt que de l’état des choses ? » 458 (Cf. Penser. Pensées. Binaires)

Penser (Concept) (8) : (25 octobre) 2019. Gaspard Koening, dans Les chemins de la philosophie, sur France Culture, auteur de :
« C’est facile de faire du concept. » (Cf. Langage. Verbe. Faire, Philosophie)

Penser (Concept) (9) : (29 août) 2020. Entendu sur France Culture, un « philosophe » employer l’expression de : « se donner un arsenal conceptuel ». 459
N.B. « Arsenal » : « centre de construction, de réparation et d’armements de navires de guerre » ; « dépôt d’armes et de munitions ». (Cf. Langage, Politique. Guerre, « Sciences » sociales)
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Penser (Conflit) : Refuser les polémiques qui dévaluent, abaissent, salissent les débats ; réhabiliter les conflits ; élaborer une culture des confrontations afin de récuser, de repousser la mise en œuvre de la violence.
Mais avant tout, se situer au-delà, en deçà, au-dessus des analyses courantes…. (Cf. Penser. Polémique)

Par ordre chronologique. Penser. Connaître :

Penser (Connaître) (1) : 1976. Claudine Herrmann [1926-2019], dans Les voleuses de langue, auteure de :
« Ce qui reste à connaître est toujours si considérable que chacune[e] peut s’accommoder à son gré sa lunette sans que cela doive impliquer une limitation pour autrui. » Cela risque même, plus que probablement, de l’accroître… 460

Penser (Connaître) (2) : 1996. Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans Les racines psychiques et sociales de la haine, auteur de :
« Tout cela est, ou devrait être bien connu. » 461 (Cf. Pensées. Autoritaires)
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Penser. Consentement :

Penser (Consentement) (1) : Que justifie un « consentement » ? Qui serait juge d’un « consentement » ? Et, un « consentement » à quoi ? Comment penser l’idée même d’un « consentement » au sein des multiples rapports de domination, d’exploitation, qui structurent si fortement, si fondamentalement nos vies ? Toute référence à un quelconque « consentement », quel que soit le champ de son application (contrat notamment), ne peut que justifier tous les rapports de domination. La critique du concept de « consentement », aujourd’hui décliné sous toutes ses formes (choix…etc.,) est toujours nécessaire.
* Ajout. 24 avril 2022. Entendu dans le film Le knack et comment l’avoir ? [Richard Lester. 1965] :
« Il n’y a pas de viol sans consentement ».

Penser (Consentement) (2) : Si le « consentement » devait, pour être valide, en matière notamment mais pas uniquement de contrat, être préalablement explicité, formalisé, la conséquence en serait que toute rupture devrait nécessairement l’être aussi. Aucun silence n’aurait alors une quelconque valeur. Aucune imposition du silence ne pourrait alors, dénuée de toute légitimité, être recherchée. (Pas clair. à reprendre)

Penser (Consentement) (3) : Le terme de « consentement » est un terme de philosophie morale et politique [Cf. notamment Le discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie. 1576 ; Nicole-Claude Mathieu : Quand céder n’est pas consentir. 1984 ; Noam Chomsky et Edward Herman, La fabrique du consentement. 2002..] : il ne peut être introduit dans le vocabulaire juridique, sans mille précautions… Si tant est qu’il puisse l’être.
- En tout état de cause, intégrer le terme de « consentement » au sein d’une législation pénale concernant « les violences » pose d’immenses questions et risque fort de détourner le regard de la réalité des dites violences à celui de la nature des relations entre agresseurs et victimes. Alors que la crise du concept libéral de « consentement » est patente, les féministes ne doivent pas le re-légitimer. (Cf. Penser)

Penser (Consentement) (4) : Poser la question du consentement, c’est poser les parties du contrat sur les mêmes plateaux de la balance : c’est évacuer la question - qui doit être première - du pouvoir, c’est à dire du droit de l’une à être en pouvoir de demander le consentement de l’autre. Nous sommes alors au cœur des fondements de la critique du droit. (Cf. Droit)

Penser (Consentement) (5) : Non, clairement non : on ne consent pas à sa soumission.

Penser (Consentement) (6) : Derrière toute référence au « consentement », il y a - inexorablement - la question du consentement à la domination qui nécessairement en légitime et les fondements et les modalités d'expression.
Derrière toute référence au « consentement », il y a le : « Et s'il me plait à moi d'être battue ? » de Molière [1622-1673].
Derrière toute référence au « consentement », il y a le Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie [1530-1563].
Et le : « Céder n’est pas consentir » [1991] de Nicole-Claude Mathieu [1937-2014] n’invalide pas le concept de « consentement » : il le confirme.
Concernant notamment les violences à l’encontre de mineur-es, la question du consentement - depuis quelques mois si généreusement retransmise - se substitue à celle de l’interdit.
Consentement et violences sont une contradiction dans les termes. (Cf. Droit. Hommes. Remarquables. La Boétie de Étienne, Politique. Consentement, Violences)

Penser (Consentement) (7) : Si certes, ce n’est plus - du moins, de moins en moins - le consentement qui fait le crime, l’insistance actuelle sur le dit consentement peut et doit inquiéter : c’est alors la nature, les conditions, la publicité du consentement que deviennent l’objet du débat et permettent de déterminer la nature, le qualificatif de crime, en détournant alors l’attention du crime et de son auteur.

Penser (Consentement) (8) : Il n’est conceptuellement pas plus pensable de comparer - de poser un même critère d’analyse - des « systèmes de dominations » et un être humain singulier, pas plus que comparer « dieu » [pour ceux et celles qui y croient] et « soi ».

Penser (Consentement) (9) : Aucune structures de domination - celles au sein desquelles nous vivons - ne peut se justifier par un supposé monstrueux « consentement » à la domination.
Concernant le patriarcat, le-dit consentement est alors souvent masqué par des « gratifications » qui seraient « reçues en échange ».
Le regard porté sur l’auteur de la violence est alors transféré à celui de l’accord de sa victime.
On peut alors s’interroger sans trop de scrupules, sur le « désir », la « jouissance », l’« amour », l’« identification », le « soulagement », la « résignation », la « complicité », la « ratification », la « sujétion », la « sécurité », la « soumission », la « protection », la « pactisation », la « reproduction », la « complicité » de la dite victime.…462

Penser (Consentement) (10) : Et si l’on remplaçait la question du « consentement » par celle de la - si souvent - « nécessaire soumission aux plus forts » - comme condition de la [sur]vie ? Combien ont dû renoncer, avant de « consentir » ?

Penser (Consentement) (11) : Le consentement n’est valable qu’au moment donné.

Penser (Consentement) (12) : Le consentement que doivent donner les femmes au mariage a-t-il rendu le mariage moins oppressif ? La réponse est dans la question.

Penser (Consentement) (13) : Le consentement n’est une question possible, pensable, que dans le cadre d’une analyse, prise en compte, dénonciation d’un rapport, d’une société fondée sur la violence et la force. Parler de, parler en termes de consentement, c’est de facto légitimer le bien - ou le mal - fondé de la violence et de la force.

Penser (Consentement) (14) : On ne peut pas plus lier « consentement » et « domination », « exploitation », « esclavage », « capitalisme », « colonialisme », « communisme », « libéralisme » …
Pourquoi est-ce plus difficile à accepter concernant les lois sur le viol ?
Parce que l’apport est présenté par nombre de féministes comme « progressistes » ? Non.
Parce qu’il faut les intégrer dans une analyse qui pose le patriarcat comme un système de domination. Et, dans la foulée, réfléchir aux raisons pour lesquelles les pensées libérales imposent partout ce même terme. Et contraignent donc nombre de féministes à réfléchir à ce qui les lient et les différencient des pensées, des politiques libérales. (Cf. Droit. Patriarcal, Politique. Lois, Violences)

Penser (Consentement) (15) : Comment peut-on considérer comme positif, progressiste, une avancée féministe, l’ajout du terme de « consentement » - que le ‘bon sens’ féministe légitime - à la définition du viol, alors que le principal abandon de liberté individuelle se fait le jour du mariage, lors duquel les futur-es marié-es doivent répondre « oui », à la question suivante :
« Consentez-vous à prendre pour époux, pour épouse ? »
La comparaison permet de noter que deux « oui » sont nécessaires pour que le mariage soit validé.

Par ordre chronologique. Penser. Consentement :

Penser (Consentement) (1) : 1689. John Locke [1632-1704], dans le Traité du gouvernement civil, auteur de :
« Si l’on dit que les gens subjugués se soumettent de leur propre consentement, alors on reconnait que leur consentement est nécessaire, afin qu’un conquérant ait droit de les gouverner. Il ne reste qu’à considérer si des promesses extorquées, si des promesses arrachées de force et sans droit, peuvent être regardées comme un consentement et jusqu’où elles nous obligent. […]
Puis John Locke évoque « l’action de ceux qui m’extorquent et m’arrachent de force quelque chose. Il ne sert à rien de dire que j’ai promis ; car il est aussi vrai que ma promesse, en cette occasion, ne m’engage et ne m’oblige à rien qu’il ne l’est que je ne rends point juste et légitime la violence d’un violeur, lorsque je mets la main dans mon gousset, et que j’en retire ma bourse, et la remet moi-même entre les mains du voleur qui me la demande, le pistolet à la main. » 463.
Cette remarquable analyse permettant de poser la question du consentement comme elle doit l’être, à savoir dans le cadre des rapports de pouvoirs sans la prise en compte desquels celle-ci est vaine.
Un support théorique essentiel en matière de lutte contre les violences, sans oublier qu’aucune analogie entre le vol et le viol n’est plus possible. (Cf. Droit, Relations entre êtres humains. Promesse, Politique, Violences)

Penser (Consentement) (2) : 1792. Denis Diderot [1713-1784], dans La religieuse, auteur de :
« […] Je résistais à tout. Cependant le jour fut pris pour ma profession [de foi] ; on ne négligea rien pour obtenir mon consentement ; mais quand on vit qu’il était inutile de le solliciter, on prit le parti de s’en passer. » 464

Penser (Consentement) (3) : 1861. John Stuart Mill [1806-1873], dans L’utilitarisme, cite cet adage latin :
« Volenti non fit injuria ». Traduction : « Ce qui est fait avec le consentement de la personne qu’on suppose lésée par l’acte en question n’est pas injuste. » 465
- Au fondement d’une philosophie notamment patriarcale du droit. (Cf. Êtres humains, Justice)

Penser (Consentement) (4) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, auteur de :
« […] Car un consentement feint est le plus court moyen d’éviter des controverses inutiles. » 466

Penser (Consentement) (5) : 1957. Raymond Aron [1905-1983], dans Penser la liberté, auteur de :
« La liberté n’est pas […] le consentement à la nécessité, mais le droit en même temps que la possibilité matérielle de protester contre ceux qui se donnent pour les interprètes de la nécessité. » 467
Ce texte de Raymond Aron a été écrit en réaction contre les « Occidentaux », marxistes, « philosophes » notamment qui légitimaient l’écrasement par l’Union Soviétique de la « révolution Hongroise » de 1986. (Cf. Droit, Penser. Pensée. Binaire. Liberté, Politique. Céder)
N.B. « Possibilité matérielle » : limitation bien matérialiste… (Cf. Langage. Adjectif)

Penser (Consentement) (6) : 1957. Boris Pasternak [1890-1960], dans Le docteur Jivago, auteur de :
« […] Tout était sens dessus dessous et au rebours de la logique, une douleur poignante s’exprimait par des éclats de rire argentins, la lutte et le refus signifiaient le consentement et la main du bourreau étaient couvertes de baisers de reconnaissance. » 468 (Cf. Relations entre êtres humains. « Faire l’amour », Violences)

Penser (Consentement) (7) : (2 février) 1965. Jean Guitton [1901-1999] reproduit dans le Journal de ma vie ce « proverbe arabe cité par Massignon [Louis. 1883-1962] » :
« L’homme qui se tait refuse ; la femme qui se tait consent. » 469
La pensée patriarcale à l’air libre. Y adjoindre : les hommes parlent, les femmes se taisent… (Poursuivre) (Cf. Femmes. Comparaison Hommes / Femmes, Patriarcat. Proverbe, Violences)

Penser (Consentement) (8) : 1988. (traduction française. 2008) Noam Chomsky et Edward Herman, auteurs de La fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie.

Penser (Consentement) (9) : 1997. Un auditeur du Forum Le monde Le Mans, De quoi sommes-nous responsables ? auteur de :
« On parle beaucoup depuis hier du consentement éclairé, qu’on présente comme un partage de responsabilités, un partage de décisions. Je crois que cela est faux. Responsabilité est en rapport avec pouvoir et le pouvoir n’est pas du tout égal. » 470

Penser (Consentement) (10) : (28 septembre) 2014. Le gouverneur de l’État de Californie, Jerry Brown a signé tard dimanche, la nouvelle loi, surnommée « Yes means yes » (« Oui, signifie oui »), une première aux États-Unis.
Selon ce texte, d’après l’AFP, les ‘partenaires sexuels’ doivent donner « leur accord explicite, conscient et volontaire » avant toute relation sexuelle. En sus, « l'accord explicite ne peut être donné par quelqu'un d'endormi, d'inconscient », ou s'il ou elle est « sous l'influence de drogues, d'alcool ou de médicaments », stipule le texte de loi 967 sur les agressions sexuelles sur les campus. »
Une révolution ? Non. Mais je ne peux expliquer pourquoi. 471

Penser (Consentement) (11) : (23 mars) 2017. Un exemple : Une jeune fille âgée de 14 ans est violée en septembre 2011 par sept jeunes hommes, âgé de 15 à 20 ans.
Le 23 mars 2017, ils sont acquittés.
- Lu (tardivement) dans L’Express, un avant le jugement :
« Toute la question du procès est celle du consentement’ estime un avocat du dossier, cité par Le Parisien : ‘Du consentement et de l'intention qu'avaient les accusés, ou non, de violer la jeune fille. » 472 (Cf. Justice. Preuve, Violences. Viols. Violences à l’encontre des femmes. Réage Pauline)

Penser (Consentement) (12) : (1er mars) 2018. Lu, dans un article dénonçant les ‘traitement indignes’ au CHU [Centre Hospitalier Universitaire] de Saint-Étienne dans lequel sur vingt patients relevant de la psychiatrie en attente de place « sept d’entre eux, sans signe d’agitation, ni de véhémence, étant attachés au niveau des pieds et d’une ou deux mains » et que « deux étaient en soins libres, les autres en soins sans consentement. » 473
Le « consentement » est ici opposé à la « liberté », dont il cautionne le postulat. (Cf. Penser. Postulat, « Sciences » sociales. Psychanalyse. Psychiatrie, Violences. Viol)

Penser (Consentement) (13) : (6 mars) 2018. Lu, dans le commentaire publié dans Le Point du 6 mars 2018 du film significativement intitulé : « Sexe sans consentement » diffusé même jour sur France 2, il est notamment question de : « revendiquer l'égalité des désirs ». 474 (Cf. Êtres humains. Désirs, Politique. Égalité, Sexes)

Penser (Consentement) (14) : (14 octobre) 2021. Entendu sur France Culture : Vladimir Jankélévitch [1903-1985], auteur de :
« Le consentement est immoral. » 475

Penser (Consentement) (15) : (27 décembre) 2021. Lu un pochoir de Nous toutes, sur le trottoir de la place du Luxembourg :
« Le consentement n’est pas une option. » (Cf. Violences)

Penser (Consentement) (16) : Article 36 de la loi du 26 janvier 2024 « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration »
« IV.-Lorsqu'un étranger condamné à une peine privative de liberté est l'objet d'une mesure d'interdiction du territoire français, d'interdiction administrative du territoire français, d'obligation de quitter le territoire français, d'interdiction de retour sur le territoire français, d'interdiction de circulation sur le territoire français, d'expulsion, d'extradition ou de remise sur le fondement d'un mandat d'arrêt européen, l'application du II du présent article est subordonnée à la condition que cette mesure soit exécutée. Elle peut être décidée sans son consentement. »
N.B. « L’absence de consentement » légitime aussi le bien-fondé de l’emploi du terme de consentement.

Penser (Consentement) (17) : (6 février) 2024. Je lis sur France-Info :
« La France insoumise va déposer une proposition de loi visant à intégrer la notion de consentement dans la définition pénale des infractions d'agression sexuelle et de viol, a annoncé mardi la députée LFI de Paris Sarah Legrain. Elle accuse la définition actuelle du viol et son interprétation d'être une des raisons pour lesquelles il y a beaucoup de classements sans suite aujourd'hui en France, notamment les cas de sidération, de dissociation ou d'emprise’. »
Comment l’ajout d’un terme, ici : ‘consentement’, dans une définition du viol - « interprétation » [?] comprise - pourrait-il - être considéré, analysé comme « l’une des raisons des nombreux classements sans suite » des violences ? N’est-ce pas lui accorder une importance démesurée, laquelle, de fait, le posant à équivalence avec les innombrables critiques devant être faites au droit, et à la justice, sinon, les passent à la trappe, du moins les réduisent à la portion congrue.
Par ailleurs, une question : concernant la référence à la « sidération, dissociation ou emprise », celle-ci doit-elle être comprise, en sus de l’ajout du « consentement », comme devant être ajoutée à « violence, contrainte, menace ou surprise » ? (Cf. Droit, Justice, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Penser (Consentement) (18) : (8 mai) 2024. Emmanuel Macron, dans Elle, souhaite que l’on puisse « définir dans notre loi » la notion de consentement, de façon à ce qu’elle soit « claire, pleinement objectivable et respectueuse de nos principes ». Une proposition de texte, préparée par des parlementaires et Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, devrait « voir le jour d’ici à la fin de l’année ».
N.B. Un ‘truc’ déjà bien souvent employé : tenter de détourner l’attention du principe pour orienter, enliser les débats sur les présentations de ses manifestations. Il ne faudrait – idéalement - pas répondre en arguant que la loi ne sera « ni claire », « ni pleinement objectivable », « ni respectueuse de nos principes », ni même que « nos principes » sont un leurre.

Penser (Consentement) (19) : (6 septembre) 2024. Entendu présenter l’émission Les pieds sur terre de France Culture intitulée : « Affaire Mazan : contre la soumission chimique » comme pos[ant] la question du consentement » : Non ! !
Le titre de l’annonce internet était « à son insu ».

Penser (Consentement) (20) : (6 septembre) 2024. Entendu, lors de la même émission, Carole Darian [qui nomme son père son « géniteur »] la fille de Gisèle Pénicot qui fut livrée, « sacrifiée » dit-elle par son mari, maltraitée, agressée, violée - inanimée, anesthésiée, droguée, inconsciente - pendant dix ans, par - au moins - 83 hommes identifiés (53 identifiés, retrouvés, arrêtés, inculpés, incarcérés) - qui la traitait, dit-elle « comme une poupée de chiffon, un sac poubelle » auteure de ce constat :
« La majorité d’entre eux, puisque le mari était présent, [estimaient] que le consentement était de facto acquis. » (Cf. Êtres humains. Femmes, Hommes. Époux. Responsables, Famille, Patriarcat, Politique, Proxénétisme, Violences)
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Penser (Conservatisme) : Cf. Hommes. Conservateurs, Politique. Conservatisme.

Penser. Benjamin Constant :

Penser (Constant Benjamin) (1) : 1814. Benjamin Constant [1773-1830], dans De l’esprit de conquête, auteur de :
« Il y a des axiomes qui paraissent clairs, parce qu’ils sont courts. Les hommes rusés les jettent, comme pâture à la foule ; les sots s’en emparent parce qu’ils leur épargnent la peine de réfléchir et ils les répètent pour se donner l’air de les comprendre.
Des propositions dont l’absurdité nous étonne, quand elles sont analysées, se glissent ainsi dans mille têtes, sont redites par mille bouches et l’on est réduit sans cesse à démontrer l’évidence. » 476
Jusqu’au jour où l’on où l’on se refuse à penser sur le terrain de la justification, et donc à refuser de « démontrer » quoi que ce soit qui ne soit pas fondé sur sa propre analyse. Et là, on a fait une grande avancée conceptuelle et donc politique. (Cf. Féminisme. Justification)

Penser (Constant Benjamin) (2) : 1815. Benjamin Constant [1773-1830], dans Principes de politique, auteur de cette analyse / critique si juste - argument malheureusement si souvent employé - :
« On allège l’effet pour perpétuer la cause. » 477
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Penser. Contradiction :

Penser (Contradiction) (1) : Il est possible, nécessaire, de constater des contradictions dont un raisonnement, un parti, un régime…serait porteur ou dont il se réclame. Il est possible, nécessaire, de s’y opposer sur ce fondement. Mais on ne construit pas d’alternatives sur la critique d’une contradiction.

Penser (Contradiction) (2) : Il est des contradictions qui détruisent la pensée au sein de laquelle elles s’inscrivent et, souvent, bien au-delà ; il en est qui la complexifient ; il en est qui permettent de la dépasser.
Les contradictions sont toutes révélatrices de leur-es auteur-es et de ses failles ; et, en cela, passionnantes.
Les contradictions tuent néanmoins sans appel un raisonnement.
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Penser (Contrat) : Accepter, signer un contrat, c’est se détourner de son chemin ; c’est, souvent, vendre son âme et, si souvent, pour un plat de lentilles.

Penser. Courage :

Penser. Courage. Voltaire :

Penser (Courage) (1) : (12 janvier) 1758. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Théodore Tronchin [1703-1781], auteur de :
« Que ceux qui pensent comme Socrate parlent comme Socrate, et qu’ils ne craignent point la cigüe. » 478
* Ajout. 4 octobre 2019. (31 août) 2019. Dans le même sens, Vàclav Havel [1936-2011], auteur de :
« Ils veulent l’air frais, mais ils ont peur des courants d’air. » 479

Penser (Courage) (2) : (31 août) 1764. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à madame du Deffand [1696-1780], auteur de :
« La première leçon que je crois qu’il faudrait donner aux hommes, c’est de leur inspirer du courage dans l’esprit […]. » 480
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Penser. Critique :

Penser (Critique) (1) : Relever, comparer, apprécier, juger un-e auteur-e en fonction de son ‘œuvre’, de sa vie, de l’histoire…présente certes un intérêt, mais limité.
- En effet la critique en privilégiant l’une ou l’autre d’entre elles, tout à la fois révèle, dévoile un pan de l’analyse, et l’appauvrit l’analyse ; mais l’auteur-e critique apparaît alors tel qu’en elle/lui-même, passionnant-e ou non…

Penser (Critique) (2) : Lorsqu’une pensée critique n’offre plus de prise à la critique telle que conçue par les normes politiques dominantes, le silence est généralement de mise.

Penser (Critique) (3) : Ce sont les incessantes critiques et remises en cause - lesquelles sont le l[m]ot de tous et toutes - du monde tel qu’en l’état, dans organisation, dans ses structures actuelles en qui résident les seules alternatives crédibles de sa reconstruction.
* Ajout. 12 novembre 2019. 1842. Mikhaïl-Michel Bakounine [1814-1876], dans La réaction en Allemagne, auteur de :
« La passion de la destruction est en même temps une passion créatrice. » 481 Traduction de : « Die Lust der Zerstörung ist zugleich eine schaffende lust. »
* Ajout. 15 juillet 2023. Mais, avant de penser en termes de « structures », il faut s’interroger sur les valeurs qu’elles fondent et les finalités qu’elle s’assignent.
Et cette même interrogation permettra de mieux comprendre quelles sont les miennes, et quelles sont celles que je souhaiterais modifier, que j’aimerais leur substituer.

Penser (Critique) (4) : Avant de critiquer ce qui est, penser à ce qui aurait pu être. Après, c’est bien aussi…

Penser (Critique) (5) : En critiquant une personne de qualités qu’elle n’a pas eu, en lui conférant des défauts qu’elle n’a pas non plus, c’est encore vous - celle qui juge - qui êtes jugée-e…de vos qualités, de vos défauts ; et du reste aussi…

Par ordre alphabétique. Penser. Critique :

Penser (Critique. Bernanos Georges) (1) : (été) 1927. Georges Bernanos [1888-1948], écrit à Marcel Lobet [1907-1992] :
« Ne vous mettez pas en peine de me plaire ou de me déplaire. Dites ce que vous sentez. Je ne vous en aimerai que mieux. » 482

Penser (Critique. D’Alembert) (2) : (8 septembre) 1761. D’Alembert [1717-1783], dans une lettre à Voltaire [1694-1778], lui écrit :
« Dans les endroits où vous critiquez Corneille [1606-1684], il faut que vous ayez si évidemment raison que personne ne puisse être d’un avis contraire.
Dans les autres, il faut ou ne rien dire ou ne parler qu’en doutant. » 483 Sage…

Penser (Critique. Gide André) (3) : (26 août) 1926. André Gide [1869-1951], dans son Journal, écrit :
« Il y a, pour qui consent à bien lire et sans parti pris, la critique du livre dans le livre lui-même, ainsi qu’il sied. » 484 Ce qui est vrai pour la lecture critique d’un livre, l’est bien au-delà : dans la lecture critique du monde, du politique, du patriarcat…

Penser (Critique. Gogol Nicolas) (6) : 1966. Je lis dans la présentation des Âmes Mortes de Nicolas Gogol [1809-1852], dans la publication de ses Œuvres complètes par La Pléiade :
« C’est surtout à partir de ce moment (en 1842, après les critiques de la publication de la première partie des Âmes Mortes) que Gogol, attachant beaucoup de prix à la critique, non seulement comme moyen de connaître ses erreurs et de les critiquer, mais plus encore comme document humain pour servir indirectement à la poursuite de son œuvre, ne cessera de demander à tous ses amis et correspondants de lui communiquer toutes les critiques, surtout les plus malveillantes, qu’ils pourront lire ou entendre : et dans le mince bagage […] qui ne le quittera jamais au cours de ses voyages et finira par constituer toute sa fortune personnelle, sera toujours présent le cahier où il recueille soigneusement les plus sûrs éreintements de ses écrits. » 485
- 1843. 1846. Gogol prolongera, explicitera cette position dans Quatre lettres adressées à différentes personnes à propos des Âmes Mortes. 486

Penser (Critique. Léautaud Paul) (4) : (8 mars) 1929. À la suite de la publication d’un article critique de son livre, Passe-temps, Paul Léautaud [1872-1956] note ses observations (critiques) dans son Journal Littéraire, écrit qu’il en remerciera l’auteur, et conclut :
« Discuter, contredire, rectifier, je ne me donnerai jamais ce sot aspect. » 487

Penser (Critique. Malatesta Errico) (5) : 1931. L’hommage critique d’Errico Malatesta [1853-1932] à Kropotkine [1842-1921] : (sans faire référence à une quelconque analyse féministe) : un modèle d’honnêteté. 488 À lire. (Cf. Justice. Malatesta Errico)

Penser (Critique. MFPF) (7) : 1979. Au terme de la préface du petit livre du Mouvement français pour le planning Familial [M.F.P.F], Apprenons à faire l’amour, il est écrit :
« Plus que partout ailleurs, on apprend et on découvre à tout âge.
Aussi bien ce qui est écrit est le reflet de l’état des auteurs de ce livre, sur le plan de leur propre sexualité ; en avance sur les uns, en retard sur les autres, ils ont leurs limites ; et
puisqu’en écrivant, ils apprennent, ils peuvent continuer. » 489 (Cf. Relations entre êtres humains. Amour. « Faire l’amour »)

Par ordre chronologique. Penser. Critique. Voltaire :

Penser (Critique. Voltaire) (1) : (21 décembre) 1732. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Jean-Baptiste-Nicolas de Formont [1694-1758], après avoir rappelé ces vers de Nicolas Boileau [1636-1711] :
« Tous les jours à la cour, un sot de qualité / Peut juger de travers en toute impunité » [Satires, n° IX, V. v. 173], revendiquant sa liberté de parole, d’édition, de pensée, poursuit justement sur ce constat :
« Qui ne fait que des critiques générales n’offense personne. » 490 (Cf. Justice. Impunité, Penser. Juger. Voltaire)

Penser (Critique. Voltaire) (2) : (9 novembre) 1736. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à M. de Mairan [1678-1771], écrit :
« J’ai trop tardé à vous remercier des lumières et du plaisir que je vous dois. Avec quelle netteté vous exposez les raisons de vos adversaires ! Vous les mettez dans toute leur force, pour ne leur laisser aucune ressource lorsque, ensuite vous les détruisez. Vous démêlez toutes les idées, vous les rangez chacune à leur place. […] » 491 (Cf. Penser. Voltaire, Politique. Adversaire)

Penser (Critique. Voltaire) (3) : (16 juin) 1773. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à D’Alembert [1717-1783], écrit :
« Je ne connais que Spinoza [Baruch. 1632-1677] qui ait bien raisonné, mais personne ne peut le lire. Ce n’est point par la métaphysique qu’on détrompera les hommes ; il faut prouver la vérité par les faits. Nous avons quantité de bons livres en ce genre depuis environ trente ans, ils font nécessairement beaucoup de bien.
Le progrès de la raison est rapide dans nos cantons ; mais dans votre pays [la France], et dans l’Espagne et dans l’Italie, les gens vous répondent : ‘Nous avons cent mille écus de rentes et des honneurs, nous ne voulons pas les perdre pour vous faire plaisir ; nous sommes de votre avis, mais nous vous ferons brûler à la première occasion pour vous apprendre à dire votre avis’. » 492 (Cf. Penser. Faits. Vérité. Voltaire, Philosophie. Métaphysique. Spinoza Baruch)
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Penser. Croire :

Penser (Croire) (1) : Quand je pense que, toute petite, je récitais :
« Je crois en Dieu, le père tout puissant » et la suite…

Penser. Croire. Par ordre chronologique :

Penser (Croire) (1) : 1775. Denis Diderot [1713-1784], dans Jacques le fataliste, auteur de :
« Jacques : « Et vous, monsieur, y croyez-vous ?
- Le Maître : J’y crois ; mais je n’y croirais pas que ce serait sans conséquence.
Jacques : Et pourquoi ?
Le Maître : « C’est qu’il n’y a du danger que pour ceux qui parlent. Et je me tais. »

Penser (Croire) (2) : (20 avril) 1941. Joseph Goebbels [1897-1945], peu de temps avant l’invasion de la Russie, auteur de :
« Nous n’avons pas besoin de savoir ce que veut faire le Führer - nous croyons en lui. » 493

Penser (Croire) (3) : (19 octobre) 2022. Henri Vernes [1918-2021], auteur de :
« J’y crois sans y croire, mais c’est tellement beau de croire. » 494
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Penser (Croyance) : Alain [1858-1952], auteur de :
« Croyance : c’est le mot qui désigne toute certitude sans preuve. […] » 495
Mais qui décide de la preuve ? Et sur quels fondements ?
En l’état, un argument d’autorité, sans fondement autre que celui de l’absence de preuve. (Cf. Hommes. « Intellectuels ». Alain, Justice. Preuve, Langage. Mots, Penser. Croire)

Penser (D’Alembert) : (12 novembre) 1765. D’Alembert [1717-1783] écrit à Voltaire [1694-1778] :
« Je voudrais bien servir la raison, mais je désire encore plus d’être tranquille. » 496
Cela a, du moins, le mérite de l’honnêteté personnelle. (Cf. Philosophie)

Penser (D’eaubonne Françoise) : 2001. Françoise d’Eaubonne [1920-2005], dans Mémoires irréductibles, auteure de :
« Tout est à revoir de A jusqu’à Z. » 497 (Cf. Féminisme, Patriarcat, Penser)

Penser. Débattre :

Penser (Débattre) (1) : Il est nombre de débats dont la seule issue est de finir en cul-de-sac, en retour au statu quo ante.

Penser (Débattre) (2) : La finalité d’un débat n’est pas d’obtenir un consensus.

Penser (Débattre) (3) : Faute, sinon de partage, du moins de clarification des positions des protagonistes du débat, tout débat perpétue la confusion de la pensée.

Penser (Débattre) (4) : Tout débat au terme duquel la clarification des préalables, des présupposés de chacun-e sont a minima interrogés, au mieux remis en cause, est un débat réussi. A fortiori, si, en sus, c’est aussi le cas concernant les projets qui, plus ou moins clairement, sont le fait de chacun-e d’entre nous et structurent nos vies.

Penser (Débattre) (5) : De l’art de diriger un débat, lui-même préalablement politiquement décidé : une fois les participant-es au débat sélectionné-es, par une personne elle-même - il ne faut pas l’oublier - préalablement savamment choisie, il faut pouvoir / savoir l’orienter d’un bout à l’autre. Pour cela, il faut - si et quand nécessaire - relever tel ou tel point, reformuler telle ou telle expression, glisser, esquiver, oublier, flatter, provoquer, reprendre la main et in fine, savoir, si possible discrètement, couper la parole lorsque se présente l’éventualité d’une dérive jugée inappropriée, d’une politisation considérée comme indue, d’une radicalisation possible de l’analyse.
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Penser (De Benoist Alain) : (23 novembre) 2022. Alain de Benoist, sur Radio courtoisie (radio d’extrême-droite), auteur de :
« Il y a un appauvrissement du débat. Les gens pensent de moins en moins. » Lui, et toutes ses « pensées » : la norme ?
- Même jour, même radio, Nicolas Dupont-Aignan :
« La France ne pense plus. »

Penser. Déconstruire :

Penser (Déconstruire) (1) : Dans le processus de déconstruction, il y a nécessairement un projet de destruction en cours aux fins - conscients ou non - de reconstruction. Créer un nouveau chaos ne doit pas être une hypothèse exclue.

Penser (Déconstruire) (2) : Toute déconstruction de la pensée est porteuse d’une reconstruction du monde, y compris dans la volonté d’en détruire, sans autre finalité, les fondements.

Penser (Déconstruire) (3) : Dans l’hypothèse d’une déconstruction qui ne soit pas seulement une décomposition, dans le cadre d’un projet d’une reconstruction, le problème est alors de connaître les finalités qui lui sont assignée, à savoir comment et pourquoi penser les éléments d’une autre pensée du monde, d’un autre monde.

Penser (Déconstruire) (4) : Déconstruire, alors, impliquant nécessairement de ne pas prendre acquis ce qui est supposé rester en l’état, nécessite de s’interroger sur les présupposés des distinctions, des hiérarchies telles qu’agencées entre elles depuis des siècles, puis de tâcher de les recomposer sur d’autres fondements, les siens.
C’est donc une méthode de pensée - et non pas une philosophie - utilisable par tous et toutes : aucune conclusion univoque ne peut donc en être déduite.

Penser (Déconstruire) (5) : Attention ! Déconstruire, c’est aussi créer le chaos, provoquer une régression, légitimer le néant… Certains, aux intérêts divers, contradictoires, s’y emploient.

Par ordre chronologique. Penser. Déconstruire :

Penser (Déconstruire) (1) : (25 janvier) et (5 février) 1765. Voltaire [1694-1778] écrit à D’Alembert [1717-1783] :
« Vous voilà en train de détruire ; amusez-vous à détruire successivement toutes nos sottises Welches ; un destructeur tel que vous sera un fondateur de la raison. »
« Détruisez, détruisez, mon cher philosophe ; vous servirez l’État et la philosophie. » 498
N.B. « Welches » : « Hommes dépourvus de culture et de goût ». (Cf. Dialogues, Histoire. Voltaire)

Penser (Déconstruire) (2) : (25 mai) 2003. Dominique de Villepin, rendant, à l’université hébraïque de Jérusalem, hommage à Jacques Derrida [1930-2019] après avoir cité le terme de « déconstruction » évoque notamment « […] une pensée qui se forme à l’épreuve de son objet. [...] ». Si cette appréciation peut être considérée comme propre à toute pensée, elle est - concernant l’emploi de ce terme - celle dans laquelle je me sens le plus à l’aise. (Cf. Penser. « Déconstruire », Économie. « Déconstruction »)
N.B. À la relecture, je me demande si cette phrase n’est pas une simple tautologie.
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Penser (Defoe Daniel) : 1722. Daniel Defoe [1660-1731], dans Moll Flanders, auteur de :
« Ma sensibilité avait déjà été touchée ; la misérable hardiesse d’esprit que j’avais acquise s’affaissa et une conscience coupable commença à se répandre dans tous mes sens. En un mot, je me mis à penser ; et de penser, en vérité, c’est un vrai pas d’avancée de l’enfer au ciel ; tout cet endurcissement, cette humeur d’âme, dont j’ai tant parlé, n’était que privation de pensée ; celui qui est rendu à sa pensée s’est rendu à lui-même. » 499 (Cf. Êtres humains. Conscience. Soi)

Penser (Déni) : Le déni : une amputation de la pensée ; une béquille de l’être. (Cf. Pensée. Déni)

Par ordre chronologique. Penser. Désapprendre :

Penser (Désapprendre) (1) : 1862. Fiodor Dostoïevski [1821-1881], dans Souvenirs de la maison des morts, auteur de :
« Ce qu’il faut, c’est désapprendre tout. Et, là, ça prend du temps. » 500
Juste. Et une vie n’y suffit jamais. (Cf. Penser. Temps)

Penser (Désapprendre) (2) : 1907. Georges Sorel [1847-1922], dans son Introduction à ses Réflexions sur la violence, auteur de :
« Pendant vingt ans, j’ai travaillé à me délivrer de ce que j’avais retenu de mon éducation : j’ai promené ma curiosité à travers les livres, moins pour apprendre que pour nettoyer ma mémoire des idées qu’on lui avait imposées.
Depuis une quinzaine d’années, je travaille vraiment à apprendre ; mais je n’ai point trouvé de gens pour m’enseigner ce que je voulais savoir : il m’a fallu être mon propre maître et, en quelque sorte, faire la classe pour moi-même. […] » 501 (Cf. Enfants. Éducation, Penser. Pensée. Effort. Sorel George)
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Penser (D’Holbach Paul Thiry) : 1769. Paul Thiry d’Holbach [1723-1789], dans l’Essai sur les préjugés, auteur de :
« Les hommes ne sont dans le doute que parce qu’on les empêche de faire des expériences, ou parce que ceux qui les instruisent n’osent point en faire eux-mêmes et craignent de leur dire la vérité. » 502 (Cf. Enfants. Éducation, Penser. Pensées. Préjugés. Vérité)

Penser (Dialogues) : (Depuis le 11 juillet 2023) Cf. Dialogues

Penser. Charles Dickens :

Penser (Dickens Charles) (1) : 1850. Charles Dickens [1812-1870], dans David Copperfield, auteur de :
« Vous m’aviez si bien habitué à vous laisser penser pour moi dans le bon vieux temps ; je venais si naturellement m’inspirer de vos conseils et chercher votre aide, que je crains vraiment de n’avoir pas su acquérir cette faculté dont je n’avais pas besoin près de vous. » 503

Penser (Dickens Charles) (2) : 1850. Charles Dickens [1812-1870], dans David Copperfield, auteur de :
« J’avais vu la récolte, mais je n’avais jamais pensé aux semailles. » 504
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Penser. Denis Diderot :

Penser (Diderot Denis) (1) : (24 mai) 1770. Denis Diderot [1713-1784] écrit à son frère l’abbé Diderot [1722-1787] :
« Écoutez bien ce que je vais vous dire. Je n’ai point et je n’eus jamais la folie du prosélytisme. Je pense pour moi et je pense pour moi seul. Je laisse les autres dans leurs sentiments. » 505 (Cf. Êtres humains. Soi, Penser)

Penser (Diderot Denis) (2) : 1775 Denis Diderot [1713-1784], dans Jacques le fataliste, auteur de :
« […] Je n’aime pas à me faire honneur de l’esprit d’autrui. » 506
N.B. Jacques le fataliste fut traduit par Goethe [1749-1832].
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Penser. Discussion :

Penser (Discussion) (1) : Un art. (Poursuivre)

Penser (Discussion) (2) : Elle exigeait de sa petite fille des excuses, alors même qu’elle affirmait, eu égard à son âge, ne pas pouvoir changer d’avis. À part, son statut de grand-mère, que pouvait elle, dès lors, faire valoir ?

Penser (Discussion) (3) : Il faut savoir clore une discussion, laquelle peut aussi clore une relation.

Par ordre chronologique. Penser. Discussion :

Penser (Discussion) (1) : 1894. Anton Tchékhov [1860- 1904], dans Le professeur de philosophie, auteur de :
« Elle transformait infailliblement en discussion toute conversation, fût-ce sur la pluie et le beau temps. Elle avait la passion de prendre tout le monde au mot, de convaincre l’interlocuteur de contradiction, de chicaner sur chaque phrase. À peine, aviez-vous commencé de parler, qu’elle vous regardait fixement et vous interrompait soudain : ‘Permettez, permettez, Pétrov, avant-hier, vous avez dit tout le contraire !’ » 507
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Penser. Doctrine :

Penser (Doctrine) : Les doctrines aident à penser mais tuent la pensée.

Par ordre chronologique. Penser. Doctrine :

Penser (Doctrine) : 1775. Denis Diderot [1713-1784], dans Jacques le fataliste, auteur de :
« Jacques : - Et comment distingue-t-il les miracles de Dieu des miracles du diable ?
- Le Maître : « Par la doctrine. Si la doctrine est bonne, les miracles sont de Dieu ; si elle est mauvaise, les miracles sont du diable. » 508
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Penser (Domination) : À contraintes données - concrètement, sans prise en compte des rapports domination - tout est justifiable, rien n’est valide.

Penser (Dostoïevski Fiodor) : (octobre) 1876. Fiodor Dostoïevski [1821-1881], dans Journal d’un écrivain, auteur de :
« […] Effectivement, observer tel fait de la vie réelle, même un fait qui n’ait rien réellement marquant au premier regard, et pour peu que vous en soyez capable, et que vous ayez le coup d’œil, vous y découvrirez des profondeurs que n’a pas Shakespeare. Mais, aussi bien, toute la question est là : avoir le coup d’œil et être capable. […] Il est des observateurs aux yeux des quels tous les phénomènes de la vie se déroulent dans la plus touchante simplicité, si intelligibles qu’ils ne donnent même pas matière à penser et que cela ne vaut même pas la peine de s’y arrêter. Mais il est tel autre observateur que les mêmes phénomènes peuvent tourmenter à tel point que (et le fait n’est pas rare), incapable finalement d’en dégager une notion générale et simplifiée, de les étirer en ligne droite et de trouver ainsi la tranquillité, il recourt à une toute autre simplification et tout simplement, se loge une balle dans la crâne, afin d’abolir d’un seul coup, en même temps que tous les problèmes, son esprit à bout de tourments. Ce ne sont là que deux extrêmes, entre eux trouve place tout ce qu’il y a de jugement humain. » (Cf. Penser. Pensées binaires) 509

Penser. Douter :

Penser (Douter) (1) : La recherche de l’absolu évite les doutes.

Penser (Douter) (2) : Faut-il croire préalablement à l’existence de la - d’une - vérité, pour que le doute - l’idée même de doute - soit possible ?

Penser (Douter) (3) : Après le fondamental :
« Douter de tout » de Descartes [1596-1650] : critiquer tout ? Enfin, si possible….

Par ordre chronologique. Penser. Douter :

Par ordre chronologique. Penser. Douter. Voltaire :

Penser (Douter) (1) : (28 novembre) 1770. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Frédéric II de Prusse [1712-1786], auteur de :
« Le doute n’est pas un état bien agréable, mais l’assurance est un état ridicule. » 510

Penser (Douter) (2) : (19 janvier) 1776. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Jean-Sylvain Bailly [1736-1793], auteur de :
« Le doute sert à raffermir la foi. » 511
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Penser (Douter) (3) : (27-28 février) 1933. Adolphe Hitler [1899-1945], après l’incendie du Reichstag, auteur de :
« Si les communistes sont coupables, ce dont je ne doute pas, alors que Dieu leur vienne en aide. » 512 Le lendemain, les rafles, arrestations, déportations, interdictions multiples à l’initiative des nazis - les auteurs / exploiteurs de l’incendie - commencèrent sur une grande échelle en Allemagne.
N.B. Je lis sur Wikipédia, une autre formulation :
« C’est un signe de Dieu. Si ce feu est comme je le crois, l’œuvre des communistes, nous devons écraser cette peste meurtrière d’une main de fer. »

Penser (Douter) (4) : 1977. Anne Sylvestre [1934-2020], auteure de la si belle chanson : J’aime les gens qui doutent :
« J'aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J'aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J'aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
J'aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas "comme il faut"
Ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, Enfin pas comme il faut.
Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelot
Ceux qui n'auront pas honte de n'être au bout du compte que des ratés du cœur
Pour n'avoir pas su dire ‘délivrez-nous du pire et gardez le meilleur’
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime les gens qui n'osent s'approprier les choses, encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n'être qu'une simple fenêtre pour les yeux des enfants
Ceux qui sans oriflamme et daltoniens de l'âme ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires pour que jamais l'histoire leur rende les honneurs
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime les gens qui doutent et voudraient qu'on leur foute la paix de temps en temps
Et qu'on ne les malmène jamais quand ils promènent leurs automnes au printemps
Qu'on leur dise que l'âme fait de plus belles flammes que tous ces tristes culs
Et qu'on les remercie qu'on leur dise, on leur crie ‘merci d'avoir vécu!’
Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses qui ont fait ce qu'elles ont pu.
» (Cf. Justice. Douter)

Penser (Douter) (5) : 1989. Jules Roy [1907-2000], dans Mémoires barbares, auteur de :
« Il feignait de douter de lui pour mieux s’obstiner dans son idée de lui-même. » 513 (Cf. Êtres humains. Soi)
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Penser (Du Deffand Madame) : (3 août) 1774. Madame du Deffand [1697-1780], dans une lettre adressée à Voltaire [1694-1778] lui écrit :
« Je suis désolée d’être vieille non pas assurément que je regrette de ne pouvoir pas être longtemps témoin de tout ce que je blâme, mais parce que je n’ai plus la vivacité et la force qu’il me faudrait pour vous peindre avec énergie toute mon indignation. » 514 (Cf. Femmes. Âgées, Penser. Indignation)

Penser (Écrit) : Tout écrit est dépassé dès lors qu’il l’est.

Par ordre chronologique. Penser. George Eliot :

Penser (Eliot George) (1) : 1860. George Eliot [1819-1880], dans Le moulin sur la Floss, auteure de :
« […] Car rien n’est plus gravement trompeur que la sagacité lorsqu’elle se trouve sur une fausse piste ; et la sagacité, convaincue que les hommes parlent et agissent selon des mobiles bien définis, visant un but consciemment choisi, est sûre de gaspiller son énergie à la poursuite d’une proie imaginaire. » 515

Penser (Eliot George) (2) : 1866. George Eliot [1819-1880], dans Felix Holt, le radical, auteure de :
« Felix poursuivit son chemin dans la pénombre en affrontant les complexités de la vie, qui seraient assurément bien simplifiées si les pratiques corrompues étaient invariablement la marque d’opinions erronées. » 516 (Cf. Êtres humains, Penser. Opinion)

Penser (Eliot George) (3) : 1871-1872. George Eliot [1819-1880], dans Middlemarch, auteure de :
« Il y a beaucoup de choses justes que seuls observent les esprits les plus ordinaires. » 517 (Cf. notamment Philosophie)

Penser (Eliot George) (4) : 1871-1872. George Eliot [1819-1880], dans Middlemarch, auteure de :
« Il faut avoir l’esprit bien étroit pour ne pas envisager un sujet de plusieurs points de vue. » 518

Penser (Eliot George) (5) : 1871-1872. George Eliot [1819-1880], dans Middlemarch, auteure de :
« Mary aimait la compagnie de ses propres pensées. » 519

Penser (Eliot George) (6) : 1871-1872. George Eliot [1819-1880], dans Middlemarch, auteure de :
« Nous nous trouvons tous humiliés par la découverte soudaine d’un fait qui existait en toute tranquillité et s’exhibait peut-être discrètement à nos regards alors que nous bâtissons tout notre univers sans en tenir le moindre compte. » 520 Quelle lucide et sage intelligence… (Cf. Penser. Intelligence)
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Penser (Emerson Ralph Waldo) : 1929. Lu dans un livre de M. Dugard, Ralph Waldo Emerson. Sa vie et son œuvre [1803-1882] :
« ‘Il n’y a pas de pont qui puisse aller d’un esprit qui est dans un état à un esprit qui est dans un autre’. Si en montrant la vérité, telle qu’il la voit, le penseur n’a pu communiquer aux autres sa conviction, le raisonnement ne réussira pas d’avantage.
Dans le besoin d’être compris sur l’heure et personnellement, Emerson voyait d’abord une marque d’incrédulité et d’égoïsme. Nous devons nous borner à parler selon la vérité et avoir assez de foi en son évidence pour croire qu’elle fera son chemin sans nous, en se prouvant d’elle-même. Aussi se refusa-t-il toujours à la discussion de ses idées…
[…] » 521 (Cf. Relations entre êtres humains, Penser. Pensées. Vérité)

Penser (Enquêtes) : « Toutes les enquêtes démontrent que … » : dernier - ou premier - argument de celui / celle qui n’en a pas, ou qui n’en n’a plus…

Penser (Équivoques) : (27 février) 2021. Entendu : « Il maintient les équivoques pour survivre ». Vaut justification ?

Penser. Erreur :

Penser (Erreur) (1) : Invoquer une « erreur » dans un monde injuste, c’est le cautionner.

Penser (Erreur) (2) : Il n’est pas si difficile que cela de récuser ce que l’on a vanté, - certes un peu plus de critiquer ce que l’on a adoré et, un peu plus encore, de dénoncer ce à quoi l’on a pris part - : il suffit de reconnaitre son erreur.
Et d’expliquer pourquoi ; c’est cela qui manque le plus souvent.

Par ordre chronologique. Penser. Erreur :

Penser (Erreur) (1) : (8 décembre) 1924. André Gide [1869-1951] écrit dans son Journal :
« Je lis dans les lettres de Diderot [1713-1784] à Falconet 1716-1791] : ‘… On doit quelquefois plus à une erreur singulière qu’à une vérité commune’ (p.166). » 522 Souvent expérimenté…
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Penser (« Est-ce qu’il / elle croit à ce qu’il / elle dit ou est-il / elle de mauvaise foi ? ») : Question à la fois absurde, car elle supposerait la capacité de penser à la place d’un-e autre, égotiste, car elle supposerait que chacun-e se pose en tant que norme, comme juste référent politique, limitée, car elle exclue la prise en compte des rapports de pouvoirs.
* Ajout. 7 septembre 2022. 1850. François-René de Chateaubriand [1768-1848], dans les Mémoires d’Outre-tombe, auteur de :
« Napoléon [1769-1821] qui croit toujours ce qu’il désire… » 523
N.B. Il n’est pas vraiment le seul…
* Ajout. 27 avril 2923. George Orwell [1903-1950], auteur de :
« Il est assez facile d’imaginer un État où la caste dirigeante abuse de ses sujets sans s’abuser elle-même. » 524

Penser (« Esprit ») : 1983. Raymond Aron [1905-1983], dans ses Mémoires, auteur de :
« Esprit […] n’abordait pas les problèmes politiques dans un style tel que le lecteur y pût discerner les solutions ou les choix recommandés. »
À la lecture de cette critique, j’ai mieux compris pourquoi mes lectures de numéros spéciaux d’Esprit, sur les thèmes qui m’importaient, échouèrent ; je n’y trouvais pas d’analyses, d’idées qui m’auraient permis de m’y référer, d’une manière ou d’une autre.

Penser (« Esprits faibles ») : (1er juin) 1997. Maurice Nadeau [1911-2013], dans la Quinzaine littéraire auteur de :
« Je ne nie pas l’existence d’esprits faibles, ils sont légion, mais comme disait Sade [1740-1830] : ‘Je ne m’adresse qu’à des gens capables de m’entendre ; ceux-là me liront sans danger.’ » 525
Mépris des ‘autres’ et irresponsabilité des écrivains conjuguées… (Cf. Culture, Hommes. « Modestes », Violences. Sade)

Penser (Étapes) : Découvrir, comprendre, dévoiler, dénoncer, analyser et in fine ne retenir que ce qui, dans chez les autres, en soi, dans le monde est refusé : première étape de la pensée. Ce qui déstabilise l’analyse est la seconde étape. Les lier ensemble…d’emblée, est-ce possible ? pensable ? Mais, surtout, comment éviter la sclérose de la première étape. (Cf. Féminisme)

Penser (État) : 1983. Je lis dans les Mémoires de Raymond Aron [1905-1983] :
« Si la politique d’Alain [1868-1951] me tentait, c’est qu’elle m’épargnait la peine de connaître la réalité, d’imaginer à la place des dirigeants une solution aux problèmes posés. […]
[J’étais] toujours enclin à me demander : qu’est-ce que je pourrais faire à la place de celui qui gouverne ? » 526
Se mettre « à la place de celui qui gouverne », c’est s’identifier à l’État, c’est nier ses capacités cognitives ; c’est se nier soi-même. (Cf. Hommes. « Intellectuels ». Alain, Aron Raymond, Féminisme. d’État, Politique. État)
* Ajout. 30 juillet 2016. Je lis plus loin, à l’appui d’une critique des « penseurs » :
« Il est facile de penser le politique, mais à une condition : en discerner les règles et s’y soumettre. […] » Le « et » dit beaucoup de la pensée politique de Raymond Aron ; et, sinon, en grande partie l’invalide, du moins en dévoile une grille de lecture majeure. (Cf. Hommes. « Intellectuels ». Aron Raymond, Langage. Conjonction, Penser. Grille de lecture, Politique)
* Ajout. 7 juillet 2024. À la re-lecture de cette prise de position politique intellectuelle de Raymond Aron, suivie de :
« Je me suis efforcé, le plus souvent, d’exercer mon métier de commentateur [dans un esprit tout autre], de suggérer aux gouvernants ce qu’ils devaient ou pourraient faire. », je me rends mieux compte, que bien au-delà de la compréhension de l’homme Raymond Aron, ce qu’elles me révèlent avec clarté, c’est que la citoyenneté ne peut être pensée qu’en se soustrayant - radicalement - de toute pensée de l’État. Ou du moins en tentant de s’y soustraire, tant nous en sommes imprégné-es. (Poursuivre) (Cf. Êtres humains, Politique. État)

Penser. Expert-es :

Penser (Expert-es) (1) : Les expert-es étouffent la pensée, musellent l’imaginaire et accoutument à l’irresponsabilité. (Cf. Penser. Pensées. Expertise)

Penser (Expert-es) (2) : Plus grave, en réalité d’une autre nature, accepter le qualificatif d’expert-e - ‘compétent-e’ ou non, de ‘gauche’ ou de ‘droite’- c’est accepter de parler à la place de, au-dessus de, et de ce fait, nécessairement nier les vies, les expériences vécues. (Cf. Politique)

Par ordre chronologique. Penser. Expert-es :

Penser (Expert-es) (1) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, rapportant un débat ayant eu lieu en 1812 entre nobles russes [concernant la stratégie devant être prise concernant Moscou menacée par Napoléon [1769-1821] évoqua « le ton net et calme d’un homme expert en discussions ». 527 (Cf. Hommes, Femmes, Journalistes, Politique. Démocratie. Expertes-)

Penser (Expert-es) (2) : 1958. Doris Lessing [1919-2013], dans La cité promise. Les enfants de la violence (3), auteure de :
« Bon, d’accord, un expert différent pour chaque catégorie de question. Mais il s’agit toujours de la même question. » 528

Penser (Expert-es) (3) : (avril) 1991. Jean-Michel Belorgey, auteur de :
« Il faut être un peu expert, ou alors on est un imposteur. » 529 (Cf. Politique. Expertise)

Penser (Expert-es) (4) : (27 mai) 2022. André Laurens dans son cours, ce jour, au collège de France donne sa définition de l’expert : « celui qui s’exprime en public et à qui on ne reproche pas d’avoir tort. » Enfin, disons… tant qu’il n’est pas formellement démenti. Entre temps, l’expert-e aura fait gagner du temps à ceux et celles qui lui confèrent d’emblée ce pouvoir - souvent proche de la pythie - en contribuant à figer ‘encore un moment’ les nécessaires changements politiques.
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Penser (Exceptionnel) : Distinguer l’exceptionnel qui révèle de celui qui dérange ; et s’interroger sur les raisons qui décideraient de privilégier l’un ou l’autre.

Penser. Expliquer :

Penser (Expliquer) (1) : Ils / elles ne peuvent rien expliquer, car il faudrait pour cela, prendre position, s’engager.

Par ordre chronologique. Penser. Expliquer :

Penser (Expliquer) (1) : 1751. Voltaire [1694-1778], dans Le siècle de louis XIV, auteur de :
« Ce qu’on peut expliquer de plusieurs manières ne mérite d’être expliqué d’aucune. » 530

Penser (Expliquer) (2) : 1859. George Eliot [1819-1880], dans Adam Bede, auteure de :
« Dans notre souci d’expliquer des impressions nous perdons souvent la maitrise de cette compassion qui les comprend. » 531

Penser (Expliquer) (3) : 1910. Charles Péguy [1873-1914], dans Notre jeunesse, auteur de :
« Des explications, toute notre éduction, toute notre formation intellectuelle, universitaire, scolaire nous a tellement appris à en donner, à en faire, des explications et des explications, que nous en sommes saturés. » 532

Penser (Expliquer) (4) : 1936. Entendu dans le film Jenny [Marcel Carné. Jacques Prévert] :
« À quoi bon expliquer les choses, ça complique tout. »
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Penser. Faits :

Penser (Faits) (1) : Des limites du fact checking : les faits n’existent que via les systèmes de représentation qui seuls leur donnent leur sens, lesquels par ailleurs n’ont qu’un rapport - à [dé]construire - avec ce qui est nommé « le réel », lequel lui-même n’existe que par la pensée qui lui est conféré.
Avec les - seuls - faits, dans le domaine de la pensée, on ne fait rien.
Vrai aussi pour les « sciences » sociales.

Penser (Faits) (2) : Pour délégitimer la force probante d’un « fait », plongez-le dans un « faisceau de faits ». 533
N.B. Idée reprise chez Fiodor Dostoïevski [1821-1881], dans Journal d’un écrivain [février 1876].

Penser (Faits) (3) : Il faut qu’un « fait » s’approche de, soit liée à, une idée, une hypothèse, une analyse, un concept pour sinon pour exister, du moins pour être susceptible d’interprétations.

Par ordre chronologique. Penser. Faits :

Penser (Faits) (1) : 1649. Lu, dans La conjuration du comte Jean Louis de Fiesque du cardinal de Retz [1613-1679], la prise de position au parlement de Gondi, archevêque de Paris [1584-1654], oncle du cardinal de Retz :
« Il n’y a que les âmes basses et sans courage qui peuvent se résoudre à accepter les faits. » Une vraie analyse politique ; une vraie hauteur de vue. Méprisante. 534 (Cf. Politique. Réalité)

Penser (Faits) (2) : 1753. Denis Diderot [1713-1784], dans Pensées sur l’interprétation de la nature, auteur de :
- « Il ne faut qu’un coup de vent, qu’un fait léger, pour renverser toute une forêt d’arbres et d’idées. »
- « L’indépendance absolue d’un seul fait est incompatible avec l’idée d’un tout. Et sans l’idée de tout, pas de philosophie. » Et même de beaucoup… 535 (Cf. Penser. Idées, Philosophie)

Penser (Faits) (3) : 1755. Jean-Jacques Rousseau [1712-1778], dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, auteur de :
« Commençons donc par écarter tous les faits, car ils ne touchent point à la question. Il ne faut pas prendre les recherches, dans lesquelles on peut entrer sur ce sujet, pour des vérités historiques, mais seulement pour des raisonnements hypothétiques et conditionnels ; plus propres à éclaircir la nature des choses qu'à en montrer la véritable origine, et semblables à ceux que font tous les jours nos physiciens sur la formation du monde. » 536

Penser (Faits) (5) : (20 juin) 1804. Stendhal [1783-1842] écrit à sa sœur Pauline Beyle [1786-1857] :
« Il ne faut jamais généraliser le fait dont on tire une conséquence, c’est s’exposer à de grandes erreurs. » 537

Penser (Faits) (6) : 1843. Eugène Delacroix [1798-1863], dans son Journal, auteur de :
« Le fait est comme rien puisqu’il passe. Il n’en reste que l’idée. […] » 538

Penser (Faits) (7) : 1863. Ernest Renan [1823-1892], dans sa Vie de Jésus, auteur de :
« Quand nous avons deux récits d’un même fait, il est extrêmement rare que les deux récits soient d’accord. N’est-ce pas une raison, quand on n’en a qu’un seul, de concevoir bien des perplexités ? On peut dire que parmi les anecdotes, les discours, les mots célèbres rapportés par les historiens, il n’y en a pas un de rigoureusement authentique. Y avait-il des sténographes pour fixer ces paroles rapides ? Y avait-il un annaliste toujours présent pour noter les gestes, les allures, les sentiments des acteurs ? Qu’on essaye d’arriver au vrai sur la manière dont s’est passé tel ou tel fait contemporain ; on n’y réussira pas. Deux récits d’un même évènement faits par des témoins oculaires diffèrent essentiellement.
Faut-il pour cela renoncer à toute la couleur des récits et se borner à l’énoncé des faits d’ensemble ?
Ce serait supprimer l’histoire. » 539 (Cf. Histoire)

Penser (Faits) (8) : 1939. Simone Weil [1909-1943], dans un « Fragment » de texte, après avoir considéré que « l’essence » de « l’humiliation », c’est « l’abaissement de la pensée devant la puissance du fait », poursuit :
« Quand il s’agit d’un fait humain, on ne peut se consoler. On éprouve que les hommes ont le pouvoir, s’ils le veulent, d’arracher nos pensées aux objets auxquels nous les appliquions, et de les amener, non pas quelques-unes, mais toutes, non pas par intervalles, mais continuellement, à quelque obsession que nous n’avons pas choisie.
La puissance du fait est telle ; elle n’est pas moindre.
Elle se soumet toutes nos pensées, et quand elle n’en change pas le contenu, elle en change la couleur. » 540

Penser (Faits) (9) : (24 octobre) 2018. Relevé par Le Canard enchaîné : Après avoir évoqué la nécessité pour les député-es de LaREM [La république en marche] de « faire la pédagogie de leur vote », la députée de l’Isère, Cendra Motin, a eu ce mot magnifique : ‘On demande aux gens de nous croire sur parole. Or, ils ne croient que les actes…’ ». 541 (Cf. Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel, Langage. Mots, Politique)
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Penser (« Fantasmes ») : Évoquer un « fantasme » sans s’interroger sur les fondements du terme et sur la part de réel que nécessairement il implique ou cache, c’est conforter le statu quo. Nécessairement conservateur donc, et le plus souvent réactionnaire.
* Ajout. 8 août 2018. Très insuffisant : évoquer un « fantasme », c’est cautionner ce terme et ce qu’il charrie de normes psychanalytiques, si souvent meurtrières. (Poursuivre) (Cf. Psychanalyse. Violences. Violences à l’encontre des femmes. « Fantasmes »)

Penser. Femmes :

Penser (Femmes) : Que les femmes pensent par elles-mêmes, seules, en faisant confiance en leurs intelligences, leurs sensibilités, leurs intuitions, leurs multiples connaissances de la vie, au lieu de penser le monde à travers le prisme des analyses féministes, et la pensée féministe aura fait un immense pas en avant…
- (1er octobre) 1805 Écrit après avoir lu Stendhal, qui écrit à sa sœur Pauline, après avoir vanté Saint-Simon, Duclos, Chamfort, Marmontel, Voltaire :
« Les hommes ont examiné, au lieu de croire pieusement les livres de ceux qui avaient examiné. » 542 (Cf. Féminisme)

Par ordre alphabétique. Penser. Femmes :

Penser (Femmes. Bloy Léon) : (31 octobre) 1889. Lettre de Léon Bloy [1946-1917] à sa fiancée. [Il a 43 ans] :
« Le défaut, l’unique défaut peut-être de ton éducation est d’avoir mis en toi une confiance trop grande dans les spéculations de l’esprit, et je t’avoue que cela m’inquiète et m’attriste parfois quand j’y pense. Je voudrais que tu vécusses beaucoup plus par le cœur que par la pensée, parce que c’est ainsi que j’ai toujours fait et qu’alors nous serons plus unis. […]
Chère amie de mon cœur, tu répètes les leçons de ton enfance et tu ne sais pas ce que tu dis. Si tu le savais, je serais percé de désespoir et forcé de renoncer à toi. » 543 (Cf. Hommes. Grossiers, Féminisme. Antiféminisme, Patriarcat)

Penser. Femmes. George Eliot :

Penser (Femmes. Eliot George) (1) : 1866. George Eliot [1819-1880], dans Felix Holt, le radical, auteure de :
« Mère, dit Harold, sans colère, sans élever la voix, mais d’un ton vif, agacé, comme s’il fallait mettre un terme à cette scène aussi vite que possible, ‘il est naturel que vous pensiez ainsi. Les femmes, comme il se doit, ne changent pas leur façon de voir, mais s’en tiennent aux idées dans lesquelles elles ont été élevées. Peu importe ce qu’elles pensent… On ne leur demande pas de juger ou d’agir.’[…] » 544 (Cf. Penser. Idées. Juger, Patriarcat, Politique)

Penser (Femmes. Eliot George) (2) : 1871-1872. George Eliot [1819-1880], dans Middlemarch, auteure de :
« On attendait des femmes qu’elles eussent des opinions modérées ; mais la meilleure sauvegarde de la société et de la vie domestique, c’était le fait qu’on n’agissait pas conformément à ses opinions. » Pensée fondamentale, laquelle ne concerne pas ‘que’ les femmes et juge si souvent ce que l’on nomme « la pensée » … 545 (Cf. Penser. Opinion)
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Penser (Femmes. Journal général de la littérature Française) : 1960. Dans la critique faite au Lélia [1833] de George Sand [1804-1876] par un critique du Journal général de la littérature française, le 11 juin 1833 celui-ci écrit notamment :
« [Ce livre] ne plaira peut-être point aux femmes ni au commun des lecteurs, mais à tous ceux qui ont l’habitude de penser et de réfléchir. »
Il faut noter que ce jugement [reproduit dans l’édition de 1960 de Lélia], sans ambiguïté quant à l’exclusion des femmes de la pensée et de la réflexion, ne fut pas relevée par M. Reboul, qui a « établi, présenté, et annoté » Lélia pour les Classiques Garnier [réédité en 2003 par Folio. Classique]. 546 (Cf. Culture, Patriarcat. Permanence, Penser. Idées. Roman)

Penser (Femmes. Peters Otto Louise) : 1848. Louise Otto Peters [1819-1895], auteure de :
« […] Les femmes se verront oubliées si elles cessent de penser à elles-mêmes. » 547
Et donc si elles cessent de penser. (Cf. Femmes, Féminisme, Patriarcat)

Penser (Femmes. Staël Germaine de) : 1814. Germaine de Staël [1766-1817], dans sa seconde préface aux Lettres sur les écrits et le caractère de J.-J. Rousseau [1712-1778], auteure de :
« Tout marche vers le déclin dans la destinée des femmes, excepté la pensée, dont la nature immortelle est de s’élever toujours. » 548
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Penser (Fin) : Les moyens sans la fin la cautionne.

Penser. Alain Finkielkraut :

Penser (Finkielkraut Alain) (1) : (14 novembre) 2020. Alain Finkielkraut sur France Culture, auteur de :
« […] Tout le monde constate que ce n’est pas vrai. » 549 (Cf. Hommes. « Intellectuels », Penser. Pensées. Autoritaires, Vérité)

Penser (Finkielkraut Alain) (2) : (15 juillet) 2023. Je lis sur France Culture, la présentation de l’émission hebdomadaire Répliques d’Alain Finkielkraut :
« Pour saisir les enjeux, pour savoir quoi penser, pour se faire une opinion personnelle, il faut être éclairé par d'autres et écouter silencieusement des conversations qui prennent leur temps et problématisent le monde. »
- « Savoir quoi penser » … L’horreur…
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Penser (Flaubert Gustave) : (11 décembre) 1846. Gustave Flaubert [1821-1880] écrit à Louise Colet [1810-1876] :
« Quand on observe avec un peu d’attention la vie, on y voit les cèdres moins hauts et les roseaux plus grands. » 550

Penser (Fond / Forme) : (5 juillet) 2021. Au terme du discours d’Éric Zemmour à Villepinte, il fut d’emblée demandé aux journalistes en plateau - je pense notamment à LCI - de donner leur « première impression » et pour cela de « séparer la forme du fond », ce à quoi ils / elles se sont immédiatement conformé-es. Dès lors les fondements fascistes - qui m’étaient immédiatement apparus comme structurants son discours étaient - dans l’hypothèse où ils auraient été évoqués, ce qui ne fut pas le cas soit - soit considérés comme comparables, voire de même nature que l’agencement, l’organisation matérielle du meeting. Mais, en sus, les liens entre eux n’étaient pas non plus conjointement pensables. (Cf. Droit. Fond / Forme)

Penser (Foucault Michel) : 1984. Michel Foucault [1926-1984], dans Dits et écrits, auteur de :
« Travailler, c’est entreprendre de penser autre chose que ce qu’on pensait avant. » 551
Mal dit ? Banal ? Absurde ?

Penser (France Culture) : (25 septembre) 2021. Entendu sur France Culture, dans une émission consacrée à Marie-Laure de Noailles [1902-1970] présentée comme incarnant « une vie moderne » - à l’occasion de la description de sa robe de mariée par une « historienne de la mode » :
« Les couturiers repensent le corps féminin. » Et, bien sûr, elle est qualifiée de « féministe ». 552
- Ou : Comment le langage et le regard porté sur le monde sont indissociables et contribuent à reconstruire une autre pensée sur le monde. « Déblayons ! », entend-on au cours de l’émission…

Penser (Freud Sigmund) : 1930. Sigmund Freud [1866-1939], dans Le malaise de la culture, auteur de :
« (Concernant « la pulsion de mort ») Au début, je n’avais défendu les conceptions développées ici qu’à titre expérimental, mais avec le temps, elles ont acquis un tel empire sur moi que je ne peux plus penser autrement. » Sigmund Freud, dominé par ses pensées, extérieures à lui ? 553

Penser (Futur du monde Le. Friedman Milton) : 1982. Milton Friedman [1912-2006], dans Le capitalisme et la liberté, auteur de :
« Seule une crise - réelle ou ressentie - produit de véritables changements. Quand cette crise intervient, les actions entreprises dépendent des idées présentes alentour. C’est là, je pense, notre fonction essentielle : développer des alternatives aux politiques existantes, les maintenir vivantes et disponibles jusqu’à ce que le politiquement impossible devienne politiquement inévitable. » 554
Réhabilite l’optimisme politique ; rien n’empêche en effet que l’analyse de Milton Friedman a utilisée avec les dramatiques « succès » que l’on connait, de s’appliquer dans un tout autre contexte avec de tous autres projets.
* Ajout. 24 janvier 2021. Abstrait ? Idéaliste ? Faux ? (Cf. Penser. Idées, Histoire. Révolution Française. Bastille. Prise de la, Économie. Friedman Milton)
* Ajout. 21 novembre 2022. Non. L’histoire évolue, ruptures incluses, ainsi.

Penser (Gandhi) : 1981. Lu dans Tous les hommes sont frères, recueil de textes de Gandhi [1869-30 janvier 1948], :
« Je ne me soucie nullement d’être conséquent. […]
« Au moment de prendre la plume, je ne pense jamais à ce que j’ai dit avant. Je cherche à être en accord non pas avec mes précédentes déclarations mais avec la vérité telle qu’elle se présente à moi à un moment donné. Cette attitude m’a permis d’évoluer de vérité en vérité et d’épargner à ma mémoire des efforts inutiles. » 555

Penser (Gibran Khalil) : 1923. Khalil Gibran [1883-1931], dans Le prophète, auteur de :
« Personne ne peut vous révéler autre chose que ce qui repose déjà, à moitié endormi, dans le commencement de votre savoir. » 556

Penser (Gide André) : (19 juillet) 1932. André Gide [1869-1951], dans son Journal, écrivait justement :
« Et je n’ai pas besoin de ne pas être moi-même un rentier pour juger un système social qui crée et protège les rentiers, pour le juger très déplorable. » 557
Analyse appliquée à ce constat, imparable ; à ceci près que d’autres plus critiques ne se seraient pas limitées à la seule critique des « rentiers » et auraient sans doute employé un autre verbe que « déplorer ». (Cf. Femmes. Conscience de classe, Penser. Juger)

Penser. « Gilets jaunes » :

Penser (« Gilets jaunes ») (1) : La force de la pensée et des revendications des « Gilets jaunes » n’est-elle pas une forte illustration de l’idée selon laquelle c’est sinon l’extérieur d’un système, du moins à sa frontière - être tout à la fois à l’intérieur pour en comprendre le monde de fonctionnement et à l’extérieur pour appréhender la cohérence qui vous en exclue - que celui-ci peut être le plus efficacement compris et combattu ?
A l’opposé des supposées « minorités ». (Cf. Politique. « Gilets jaunes », Économie « Gilets jaunes »)

Penser (« Gilets jaunes ») (2) : 2019. Un slogan :
« On pense, donc on ne vous suit plus. » (Cf. Politique. « Gilets jaunes »)

Penser (« Gilets jaunes ») (3) : (30 janvier) 2019. Un « gilet jaune » de Commercy, auteur de :
« Nous, on mise sur l’intelligence collective ». 558 (Cf. Penser. Intelligence, Politique. « Gilets jaunes »)

Penser (« Gilets jaunes ») (4) : (14 février) 2019. Un « gilet jaune » à la Maison du peuple de Saint-Nazaire :
« Ici mon cerveau s’est remis à fonctionner ». 559 (Cf. Êtres humains. Cerveaux, Politique. Démocratie. Peuple. « Gilets jaunes »)

Penser (« Gilets jaunes ») (5) : (26 mars) 2019. En lisant dans l’autobiographie d’Arthur Miller [1915-2005], Au fil du temps, cette phrase : « Avec mon irrésistible tendance à idéaliser tout ce qui défiait le système », j’ai ressenti que j’étais personnellement concernée par son analyse concernant [notamment] ma perception des « Gilets jaunes ». Juste, ici ? 560 (Cf. Politique. « Gilets jaunes »)

Penser (« Gilets jaunes ») (6) : (11 avril) 2019. Une femme « Gilet jaune » à l’Assemblée générale des Gilets jaunes à Saint Nazaire :
« […] Petit à petit, je suis entrée dans la réflexion. » ; un homme :
« Ici, il n’y a que des gens qui réfléchissent ». 561 (Cf. Politique. « Gilets jaunes »)
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Penser (Girard André) : 1894-1899. André Girard [1860-1942], dans - ce qui sera présenté comme son - Dictionnaire de l’anarchie [2021], auteur de :
« Le plus grand service à rendre à l’humanité, c’est de lever le voile qu’obstinément on maintient sur ses yeux et de lui montrer quelles piètres idoles on lui apprend à adorer, et la pauvreté des arguments en vertu desquels on prétend lui imposer le respect. » 562 (Cf. Politique. Anarchisme, « Sciences » sociales, Histoire. Girard André)

Penser (Gogol Nicolas) : (29 mars) 1842. Nicolas Gogol [1809-1852], dans une lettre à Piotr Pletniov [1792-1866], auteur de :
« Il est dans ma nature de ne pouvoir me représenter vivant le monde qu’à considération de pouvoir m’éloigner de lui. Voilà pourquoi c’est seulement à Rome que je suis capable d’écrire sur la Russie. […] Ici, je n’ai pas d’horizon ouvert devant moi. » 563

Penser (Gorbatchev Mikhaïl) : 1997. Mikhaïl Gorbatchev [1931-2022], dans ses Mémoires, auteur de :
« Tant que je n’ai pas saisi la logique interne d’un sujet, il m’est impossible de le traiter. » 564
Mais nous n’en sommes pas moins, tous et toutes, lui sans doute au premier chef, dépassé-es par l’histoire mise en mouvement… sans logique compréhensible… (Cf. Histoire)

Penser (Gorki Maxime) : 1906. Maxime Gorki [1868-1936], dans La mère, auteur de :
« Lorsqu’ils se rencontraient, ils parlaient de l’usine, des machines, pestaient contre le chef d’équipe. Leurs conversations portaient uniquement sur ce qui était lié au travail, ils ne pensaient à rien d’autre. C’est à peine si parfois, isolée dans la grisaille et la monotonie des jours, brillaient l’étincelle d’une pauvre pensée maladroite. » 565

Penser (Gramsci Antonio) : 1924. Lors du procès intenté à Antonio Gramsci [1891-1937] sur ordre de Mussolini [1883-1945], le procureur déclara :
« Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant 20 ans. » 566
Antonio Gramsci fut condamné à 20 ans de prison et ne fut libéré qu’en 1937. Trois jours après, il mourut. (Cf. Êtres humains. Cerveaux, Justice. Preuve. Procès, Penser. Pensées. Vérité. Gramsci Antonio)
* Ajout. 16 août 2024. Que l’extrême-droite veuille s’approprier ce qu’elle estimait être le monopole de la gauche, de l’extrême-gauche, à savoir son « hégémonie culturelle » - une expression - ne lui conférait pas le droit de s’approprier Antonio Gramsci : une contradiction, injure faite à l’homme, à sa pensée, une malhonnêteté intellectuelle, politique.

Penser (Grille de lecture) : Une grille de lecture ne peut devenir une lecture du monde.

Penser (Guerre) : 1929. Erich Maria Remarque [1898-1970], dans A l’ouest, rien de nouveau, auteur de :
« Notre instruction militaire dura dix semaines et ce temps-là suffit pour nous transformer de manière plus radicale que dix années d’école. Nous apprîmes qu’un bouton bien astiqué est plus important que quatre tomes de Schopenhauer. D’abord étonnées, puis irrités, et finalement indifférents, nous reconnûmes que ce n’est pas l’esprit qui a l’air d’être prépondérant, mais la brosse à cirage, que ce n’est pas la pensée, mais le ‘système’, pas la liberté, mais le dressage. Nous étions devenus soldats avec enthousiasme et bonne volonté, mais on fit tout pour nous en dégoûter. Au bout de trois semaines, nous comprenions très bien qu’un facteur galonné pût avoir plus de droits sur nous qu’autrefois nos parents, nos éducateurs et tous les génies de la culture, depuis Platon jusqu’à Goethe. Avec nos yeux jeunes et bien éveillés, nous vîmes que la notion classique de patrie, telle que nous l’avait inculquée nos maîtres, aboutissait, ici, pour le moment, à un dépouillement de la personnalité qu’on n’aurait jamais osé le demander aux plus humbles domestiques. » 567 (Cf. Êtres humains, Politique. Guerre. Hiérarchie. Obéir. Patrie)

Penser (Historicité) : Aucun système de domination n’est éternel : ni le capitalisme, ni le colonialisme, ni le nationalisme, ni l’apartheid, ni donc le patriarcat….
Il s’agit moins de rappeler une évidence que de se rappeler de ne pas l’oublier… (Cf. Politique. Colonialisme. Nationalisme, Patriarcat, Histoire)

Penser (Historien-ne) : On demande souvent à une historien-ne d’éclairer de ses connaissances le présent, quand ce n’est pas l’avenir… Que celles-ci puissent être simplement prolongées ne semble pas être une hypothèse prise en compte… (Cf. Histoire)

Penser (Hossein Robert) : (15 janvier) 2022. Robert Hossein [1927-2020], auteur de :
« Ce qu’il ne faut pas faire : refaire ce que d’autres ont mal fait. » 568

Par ordre chronologique. Penser. Victor Hugo :

Penser (Hugo Victor) (1) : 1864. Victor Hugo [1802-1885], dans William Shakespeare, auteur de :
« Il est temps que les hommes de l’action prennent leur place derrière et les hommes de l’idée devant. Le sommet, c’est la tête. Où est la pensée, là est la puissance. Il est temps que les génies passent devant les héros. [...]
Qu’est l’invasion des royaumes comparée à l’ouverture des intelligences ? […] Celui par qui l’on pense, voilà le vrai conquérant. […] » 569 (Cf. Penser. Intelligence)

Penser (Hugo Victor) (2) : 1869. Victor Hugo [1802-1885], à son éditeur, concernant l’insuccès de L’homme qui rit, auteur de :
« […] J’ai voulu forcer le lecteur à penser à chaque ligne. De là, une sorte de colère du public contre moi. » 570
N.B. La qualité du livre s’en est ressentie…
* Ajout. 2 novembre 2022. Henri Pourrat [1901-1971] qualifie ce livre d’« admirable et puéril ». 571 (Cf. Culture. Livre)

Penser (Hugo Victor) (3) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-Vingt-treize, auteur de :
« À toute idée, il faut une enveloppe visible, à tout principe, il faut une habitation ; […] à tout dogme, il faut un temple. » 572 (Cf. Penser. Idées. Principe)
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Par ordre chronologique. Penser. Humanisme :

Penser (Humanisme) (1) : (26 juin) 1930. Thomas Mann [1875-1955], dans une lettre à Walther Rehm [1901-1963], auteur de :
« Les meilleurs choses de jadis sont bafouées, l’humanisme rabaissé ou mort. Conséquence : il faut en créer un nouveau. » 573 (Cf. Politique)

Penser (Humanisme) (2) : 1945. Lu sur Wikipédia, concernant Gilles Deleuze [1925-1995] :
« Sa première déception vient de Sartre à l'occasion de sa conférence ‘L’existentialisme est un humanisme’ prononcée le 29 octobre 1945. Michel Tournier [1924-2016] avec qui Deleuze était allé écouter la conférence, écrit à ce sujet : ‘Nous étions atterrés. Ainsi notre maître ramassait dans la poubelle où nous l'avions enfouie cette ganache éculée, puant la sueur et la vie intérieure, l'humanisme ‘. » (Cf. Politique, Philosophie)
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Penser. Humour :

Penser (Humour) (1) : J’ai été convaincue pendant très longtemps n’avoir « aucun humour », jusqu’au jour où je me suis demandé si cela ne tenait pas aux sujets que j’étais censé trouver drôles.

Penser (Humour) (2) : Évoquer le ‘second degré’, souvent pour tenter de justifier une parole malheureuse, évite d’avoir à s’interroger sur le - soi-disant ‘premier degré.
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Penser. Hypothèse :

Penser (Hypothèse) (1) : Hypothèse : seule la conscience de l’existence d’une hypothèse de base - qui vous soit propre ou non - permet de la dépasser ; qui plus est, de la remettre en cause. Mais ladite hypothèse ne vient-elle pas si souvent sinon en bout de course, du moins au terme de longues réflexions ? Ne doit pas dissuader pour autant de la rechercher…

Par ordre chronologique. Penser. Hypothèse :

Penser (Hypothèse) (1) : 1895. Christophe [1856-1945], dans La famille Fenouillard, auteur de :
« Accusé de tentative d’empoisonnement sur la personne d’Asdrubal Mac Haron, M. Fenouillard a le choix entre : être pendu haut et court à la vergue du grand cacatois ou être abandonné avec sa famille sur la plage inhospitalière d’une île déserte. M. Fenouillard ayant observé qu’il aimerait mieux, ni l’une ni l’autre, on lui fait remarquer qu’il sort de l’hypothèse. » 574 (Cf. Penser. Pensées. Binaires)
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Penser (Idéal) : 1889. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La sonate à Kreutzer, après avoir dénoncé ceux qui « mélangent, sciemment ou non, deux choses de nature différente : la loi, la prescription et l’idéal » poursuit :
« […] Or, un idéal n’en est vraiment un que lorsque sa réalisation n’est possible qu’en idée, en pensée, lorsqu’il ne se révèle accessible que dans l’infini et que, par la suite, la possibilité de s’en approcher est infinie. Si un idéal pouvait être atteint et, si de plus nous pouvions nous représenter sa réalisation, il cesserait d’être un idéal. […] Et, enfin la leçon que je privilégie - qui n’a rien à voir avec celle, globale, fondée sur sa vision toute personnelle du christianisme de Léon Tolstoï - est la suivante :
« Lorsqu’on s’est permis d’abaisser un idéal au niveau de sa propre faiblesse, on ne peut plus trouver la borne où l’on doit s’arrêter. » 575 (Cf. Êtres humains, Penser. Morale, Politique. Morale)

Penser (Idéologie) : Cf. Politique (Idéologie)

Penser. Illusions :

Penser. Illusions. Wilhelm Reich :

Penser (Illusions) (1) : 1942. Wilhelm Reich [1897-1957], dans La psychologie de masse du fascisme, auteur de :
« Les illusions empêchent toujours de réaliser ce qu’elles présentent faussement comme vrai. » 576 (Cf. Penser. Vérité)

Penser (Illusions) (2) : 1942. Wilhelm Reich [1897-1957], dans La psychologie de masse du fascisme, auteur de :
« Pour accéder au pouvoir, il faut nourrir d’illusions les foules. » 577
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Penser. Imagination :

Penser (Imagination) (1) : Qui - quel peintre - a jamais dépassé en extraordinaire richesse, fantastique, liberté d’imagination, Jérôme Bosch [vers 1450-1516] ?

Par ordre chronologique. Penser. Imagination :

Penser (Imagination) (1) : 1790. William Blake [1757-1827], dans Le mariage du ciel et de l’enfer, auteur de :
« What is now proved was once only imagined » [Ce qui est maintenant prouvé fut préalablement imaginé].

Penser (Imagination) (2) : 1850. Charles Dickens [1812-1870], dans David Copperfield, auteur de :
« Mais cette création de mon imagination me précédait toujours et je la suivais. » 578

Penser (Imagination) (3) : 1865. Claude Bernard [1813-1878], dans son Introduction à l’étude de la méthode expérimentale, auteur de :
« On doit […] donner libre cours à son imagination ; c’est ‘idée qui est le principe de tout raisonnement et de toute invention, c’est à elle que revient toute espèce d’initiative. » 579 (Cf. Penser. Idée)

Penser (Imagination) (4) : 1924. André Breton [1896-1966], dans Le manifeste du Surréalisme, écrit :
« L’imagination est peut-être sur le point de reprendre ses droits. Si les profondeurs de notre esprit recèlent d’étranges forces capables d’augmenter celles de la surface, ou de lutter victorieusement contre elles, il y a tout intérêt à les capter, à les capter d’abord, pour les soumettre ensuite, s’il y a lieu, au contrôle de la raison. Les analystes eux-mêmes n’ont qu’à y gagner. » 580 (Cf. Psychanalyse)

Penser (Imagination) (5) : 1929. Paul Claudel [1868-1955], dans le prologue du Soulier de satin, auteur de :
« L’ordre est le plaisir de la raison, mais le désordre est le délice de l’imagination. »

Penser (Imagination) (6) : (mars) 1933. Anaïs Nin [1903-1977], dans son Journal, auteure de :
« […] J’ai accepté un moi sans limites. Ce que j’imagine est aussi vrai que ce qui est. » 581 (Cf. Êtres humains. Soi, Penser. Vérité)

Penser (Imagination) (7) : (5 août) 2019. Marie-Aude Murail, sur France Culture, auteure de :
« L’imagination change le monde. » 582
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Penser (Imbroglio) : Un apprenti sorcier, sur une corde raide, dans une fuite en avant, se pense au futur antérieur.

Penser (Inconscient) : Si notre inconscient est plus riche que nos pensées - ce qui, à l’écoute de cette affirmation m’apparaît soudainement évident - alors je comprends mieux pourquoi je passe tant de temps à - et je ressens comme nécessaire - ce que je qualifie de « me vider la tête ».

Penser. Instincts :

Penser (Instincts) (1) : Quand l’instinct avance, la conscience recule. (Insuffisant. Poursuivre).

Penser (Instincts) (2) : Pour mieux exclure les femmes de la pensée, elles furent généreusement jugées sur les qualités de leurs « instincts ».
Penser (Instincts) (3) : Entendu : « Elle a agi et observé. Moi, je n’ai agi que par instinct et je n’ai rien vu. »

Par ordre chronologique. Penser. Instincts :

Penser (Instincts) (1) : (22 août) 2017. Donald Trump, concernant la politique américaine en Afghanistan, auteur de :
« D’ordinaire je suis mon instinct. » 583 (Cf. Politique, Psychanalyse. Instinct)
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Penser (Institutions) : Les structures institutionnelles, en elles-mêmes, quelles qu’elles soient, sont antinomiques avec les [débats d’] idées, qui ne peuvent être vécus qu’en tant que de sources d’affaiblissement. Comment y remédier ?

Penser. Intellectuel-les :

Penser (Intellectuel-les) (1) : Tout-e intellectuel-le plongé-e dans les médias s’y révèle et s’y dissout.

Penser (Intellectuel-les) (2) : La lisibilité du monde a peu à voir avec la visibilité des intellectuels dans les médias.

Penser (Intellectuel-les) (3) : Le monde n’a pas besoin d’intellectuel-les, mais d’êtres humains responsables, conséquents, courageux.
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Penser. Intelligence :

Penser (Intelligence) (1) : La preuve que l’idée d’intelligence est fortement liée à l’idée de pouvoir (dans toutes ses composantes), c’est que lorsque celui-ci change de mains, la conception de ce que l’intelligence peut, doit signifier, ses formes, ses signes d’expressions, ses référents change aussi. Mais aussi, dans les ruptures les plus radicales, en supprime même l’idée.
Se targuer d’intelligence n’est donc pas signe d’intelligence.

Penser (Intelligence) (2) : L’intelligence, pas plus que la virtuosité pour un-e muscien-ne, ou le style chez un-e écrivain-e, n’a d’intérêt en soi.

Penser (Intelligence) (3) : On peut aimer, rechercher, valoriser, se nourrir de l’intelligence des autres et être persuadé-e de, considérer que récuser toute référence à, exclure toute hypothèse, que quiconque puisse être ‘bête’. Mais, dès lors, juger ainsi n’est-ce pas l’incarnation de la bêtise ?

Par ordre chronologique. Penser. Intelligence :

Par ordre chronologique Penser. Intelligence. Léon Tolstoï :

Penser (Intelligence) (1) : (14-26 février) 1857. Léon Tolstoï [1828-1910] évoque dans ses Carnets, « la force destructrice de l’intelligence ». 584

Penser (Intelligence) (2) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, écrit (à propos du général Koutouzov [1745-1813]) :
« L’intelligence qui tendance à grouper les faits, était remplacée chez lui par la simple capacité de contempler les évènements en toute sérénité. » 585 (Cf. Penser. Faits)
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Penser (Intelligence) (3) : (mai-juin) 1877. Fiodor Dostoïevski [1821-1881], dans Journal d’un écrivain, auteur de :
« Et, premièrement, les diplomates ne sont nullement intelligents parce qu’ils sont diplomates, mais seulement parce que, avant d’être diplomates ils étaient des gens intelligents, et croyez bien qu’il y a même une extraordinaire quantité des diplomates qui sont des gens remarquablement sots. » 586

Penser (Intelligence) (4) : 1913. Maxime Gorki [1868-1936], dans Enfance, se souvenant des analyses de sa si-gentille-grand-mère, concernant son si-violent-grand-père :
« Vois-tu, à ce moment-là, c’était un très brave homme, ton grand-père ; mais il est devenu méchant et bête du jour où il s’est mis dans la tête qu’il était plus intelligent que tout le monde. » […] ‘Ah, il parlait bien, grand-père quand il voulait ! C’est seulement plus tard, par bêtise, qu’il a verrouillé son cœur’. » 587 (Cf. Violences)

Penser (Intelligence) (5) : (23 décembre) 1939. Albert Camus [1913-1960], dans Le Soir républicain, auteur de :
« Vous savez que pour un homme sans œillères il n’est pas de spectacle plus beau que celui de l’intelligence humaine aux prises avec une réalité qui le dépasse. » 588

Penser (Intelligence) (6) : (14 novembre) 1957. Jean Guitton [1901-1999], dans le Journal de ma vie, retranscrit les paroles d’un « disciple d’Heidegger » [Martin. 1889-1976] :
« […] Lorsqu’il parle, on a une impression extraordinaire d’intelligence, mais après, on ne peut pas dire ce qu’il vous a dit. » 589
À cette aune, combien … ?

Penser (Intelligence) (7) : 1970. Jean Piaget [1896-1980], dans Épistémologie des sciences de l’homme, après avoir rappelé qu’Alfred Binet [1857-1911] avait « construit » avec Théodore Simon [1873-1961] en 1905 une « échelle métrique de l’intelligence » et qu’il était « persuadé que l’intelligence est partout et constitue un forme globale des toutes les activités cognitives », poursuit :
« Mais quand on lui demandait ensuite ce qu’est l’intelligence, il répondait avec esprit : ‘C’est ce que mesurent mes tests’, réaction très sage mais un peu inquiétante quant aux connaissances théoriques atteintes par l’instrument de mesure ainsi construit. » 590 (Cf. Penser. Méthode. Théorie, « Sciences » sociales. Épistémologie. Piaget Jean. Psychanalyse. Psychiatrie)

Penser (Intelligence) (8) : 1980. Louise Weiss [1893-1983], dans Combats pour les femmes, auteure de :
« En 1944, après la défaite allemande, Henri Béraud [1885-1958] fut condamné à mort pour ‘intelligence avec l’ennemi’. J’eusse préféré l’inculpation ‘d’inintelligence de l’ennemi’ mais le Code ne l’avait pas prévue. » 591 (Cf. Droit, Politique. Guerre)

Penser (Intelligence) (9) : 1990. Alexandre Zinoviev [1922-2006], dans les Confessions d’un homme en trop, auteur de :
« Nous nous transformons en une machine intelligente composée d’idiots au service de malins encore plus bêtes. » 592

Penser (Intelligence) (10) : (17 décembre) 2018. Gilles Le Gendre, président du groupe LaREM [La république en marche] à l’assemblée nationale, a reconnu deux « erreurs » du gouvernement dont voici la seconde :
« […] Le fait d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat. » 593 (Cf. Hommes. « Politiques ». « Modestes », Économie. « Pouvoir d’achat »)

Penser (Intelligence) (11) : (avril) 2019. Slogan d’un manifestant Algérien adressé aux dirigeants :
« On ne vous permet pas d’insulter notre intelligence ». Universel. (Cf. Êtres humains, Politique)

Penser (Intelligence) (12) : (28 janvier) 2020. Xavier Mauduit, sur France Culture, auteur de :
« Il faut faire confiance à l’intelligence des élèves. Il faut juste bien les guider. » 594 (Cf. Culture. France Culture, Enfants, Histoire. Mauduit Xavier)

Penser (Intelligence) (13) : (18 novembre) 2022. Entendu sur France Culture, Louis Gautier-Vidal [1888-1982], ami de Marcel Proust [1871-1922] qu’il avait connu par Lucien Daudet [1878-1946] en 1914, se remémorer ce souvenir :
« Comme il m’interrogeait un jour sur les gens que je fréquentais, je lui parlais d’un ami dont je vantais l’intelligence en lui offrant de le lui amener. Mon cher Louis, me répondit Proust, de sa voix douce et voilée, je suis un peu comme ces gens qui, à la campagne, font leur électricité eux-mêmes’. Proust laissait entendre que son intelligence lui permettait de ne pas avoir recours à celle des autres. »
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Penser. « La-dite-intelligence-dite-artificielle » :

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (1) : Certain-es pensaient que l’émergence d’une intelligence collective pouvait contribuer à changer positivement le monde. En lieu et place, d’autres imposèrent ce qu’ils appelèrent « intelligence-dite-artificielle », qui n’était qu’une machine-artifice dépourvue de toute intelligence…
* Ajout. 15 juillet 2023. 1961. Henri-Irénée Marrou [1904-1977], dans Le métier d’historien, auteur de :
« […] Abandonnées sans contrôle, la technique, la science dévorent peu à peu l’homme asservi à leur développement ; s’il n’y prend garde, il verra se scléroser en lui, s’atrophier tout ce qui n’est pas subordonné à l’exercice de sa fonction de technicien ou de chercheur ; à la limite, il n’est plus un homme, mais, si l’on peut risquer l’image, l’équivalent d’un insecte spécialisé. » 595
* Ajout. 4 août 2023. (12 décembre) 1894. Jean Jaurès [1859-31 juillet 1914], lors de la conférence intitulée Idéalisme et matérialisme dans le conception de l’histoire, évoque l‘« opposition entre l’idée même de l’homme, c’est-à-dire d’un être doué de sensibilité, de spontanéité et de réflexion et l’idée de machine. » 596
* Ajout. 15 février 2024. 1933. Wilhelm Reich [1897-1957], dans La psychologie de masse du fascisme, auteur de :
« Jouir de la vie à l’aide de la machine est un vieux rêve de l’humanité. Et comment se présente la réalité ? En réalité, la machine a toujours été et sera toujours l’ennemie le plus dangereux de l’homme, le menaçant de destruction s’il ne parvient pas à se distancier d’elle. »

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (2) : L’intelligence-dite-artificielle : utile ou non, adaptable ou non, utile ou non, améliorable ou non, rentable ou non, compréhensible ou non, juste ou non, exploiteuse ou non, dangereuse ou non, n’est pas le problème : l’essentiel est que critiquer ses modalités justifie le principe qu’une technologie puisse être qualifiée d’ « intelligente ».

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (3) : Que l’on puisse qualifier d’ « intelligence » ce à quoi aucune pensée n’est possible - non, pensable - détruit l’idée même de pensée.

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (4) : « L’intelligence-dite-artificielle » libère les êtres humains de leurs cerveaux pour que d’autres s’en emparent.
Et tuent, plus efficacement, plus aisément.

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (5) : Que deux êtres humains pensent de manière différente ne permet pas de conclure que des machines puissent « penser ».

Par ordre chronologique. Penser. « Intelligence-dite-artificielle » :

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (1) : 2018. Le point 20 des propositions du livre de Jacques Attali : Comment nous protéger des prochaines crises ? est :
« Instaurer et faire respecter une charte éthique pour une intelligence artificielle au service de tous. » 597 (Cf. Êtres humains. Robot, Penser. Morale. Code d’éthique)
* Ajout. 19 janvier 2022. Par cette simple phrase, Jacques Attali parvient à déconsidérer chacun des mots qu’il utilise. (Cf. Langage. Mots)

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (2) : (29 mars) 2018. Dans le très long et très confus discours d’Emmanuel Macron sur L’intelligence artificielle, au Collège de France, lisible sur le site de l’Élysée, je relève :
« L’excellence de notre recherche sera le terreau de nos champions industriels futurs. Pour cela, nous devons augmenter drastiquement la porosité entre la recherche publique, indispensable, et le monde industriel - peut-être encore plus dans le domaine de l'intelligence artificielle que dans d'autres […]. » Et :
« Donc, nous allons à la fois ouvrir nos données et les différents secteurs à l'intelligence artificielle, et nous allons ouvrir notre société - qui adore cela - à toutes les controverses liées à l'intelligence artificielle. »

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (3) : (29 mars) 2018. Emmanuel Macron qui « veut faire de la France l’un des leaders en matière d’intelligence artificielle » annonce un plan d’1,5 milliards de crédits publics sur 5 ans. 598
- Un monde fondé sur le calcul, les données, les statistiques, les corrélations, les algorithmes, qui emploie les termes de traçabilité, de programmation, de surveillance, de contrôle, de compétition, d’expertise, de robotisation… ne peut donner rien de bon ; il n’est, à cet égard, pas anodin de constater en sus de la simple logique du profit, le poids des industries de l’armement, en la matière. (Cf. Politique. Guerre. Drones)
- Qui plus est, aucune pensée, aucune politique n’est en l’occurrence évoquée concernant la disparition des millions d’emplois qui en seront inéluctablement la conséquence… Plus encore, Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances affirme, même jour :
« La France ne doit pas faire sur l’intelligence artificielle la même erreur qu’avec la robotisation : rater cette révolution, faire croire que cela détruira l'emploi. »
Mais comment peut-on affirmer de tels grossiers - si évidents - mensonges, de telles absurdités ? (Cf. Êtres humains. Robot, Hommes. « Politiques ». Le Maire Bruno, Économie)
Enfin, pourquoi encore nommer « intelligence » ce qui en est dépourvu ?
Mais, plus encore, ce qui pose problème, c’est l’emploi, la signification du mot « intelligence ».

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (4) : (6 avril) 2018. Les Échos signalent que « des salariés [de Google] demandent à la direction d’abandonner la participation à un projet du Pentagone, appelé ‘Maven’ consistant à utiliser l’intelligence artificielle ‘pour interpréter des images vidéo […] dans des surveillances et des frappes par drones. » 599 (Cf. Politique. Guerre. Drones)

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (5) : (juillet) 2020. Dans la Recension des revues par Le Monde Diplomatique, je lis concernant le n°808 de la revue Québécoise Relations, qu’elle comporte « un entretien avec le sociologue Antonio Casilli sur la face cachée de l’intelligence artificielle, ces millions de petites mains du Web. » (Cf. Corps. Mains, Femmes. « Petites mains », Sociologie, Économie)
- « Petites mains », aussi qualifiées par d’autres de « travailleurs pauvres ».

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (6) : (6 mai) 2023. À l’écoute d’une émission sur France Culture, concernant les analyses de Daniel Andler, quelques réactions :
- Que pèsent les inquiétudes concernant les conséquences de « l’intelligence-dite-artificielle », comparées aux dangers de la légitimation du terme ?
- Comment peut-on employer le terme d’« intelligence » sans - préalablement - l’avoir défini, et défini au premier chef par rapport à « l’intelligence humaine », puisque c’est à elle que « l’intelligence-dite-artificielle », veut se comparer, et même se substituer. Or, à réfléchir sur les « énigmes » que poserait la seconde, tandis que la première serait « peu claire », les pose à égalité de comparaison.
Dès lors, le postulat - humain, humaniste - selon lequel seuls les êtres humains sont des êtres pensants est sinon balayé, du moins radicalement bouleversé. Et, pour ma part, je ne dissocie pas les êtres pensants des êtres qualifiés d’intelligents car je refuse la hiérarchie qui pourrait laisser penser que certain-es en seraient plus et mieux pourvu-es que d’autres, voire démuni-es. Il n’y a pas plus de « vraie intelligence », qu’il n’y aurait de vrais êtres humains pensants.
- Aussi, accorder intelligence à technologies, intelligence à machines - alimentées exclusivement par l’intelligence humaine, qui plus est - est pour moi, une contradiction dans les termes. Et, une fois le lien effectué, en discuter, en mesurer les dangers ne mène à rien ; ou plutôt cautionne l'idée - elle vraiment dangereuse - qui en est à la base.
- Il n’y a pas de « dialogue » possible entre l’intelligence humaine et l’intelligence dite artificielle ; et y ajouter « un rapprochement » - « utile » - avec les « sciences - dites - cognitives » s’inscrit dans la même logique.
- Critiquer les « pionniers » sans remettre en cause les fondements de leurs postulats, c’est nécessairement les cautionner.
- Dernier point : ajouter un tiret entre les deux termes ne peut être qu’un artifice ; par ailleurs, un « tiret » n’est pas un « trait d’union ». (Cf. Dialogues, Penser. Intelligence)
* Ajout. 5 juillet 2023. Je lis ce jour des deux phrases dans l’article du Canard enchaîné (p.6) de présentation du livre d’Olivier Lefebvre : Lettre aux ingénieurs qui doutent [l’Échappée. 144p. 2023] :
- « Comment continuer tout en sachant qu’on fait partie du problème, pas de la solution ? »
- « Il attendait qu’un pouvoir politique l’empêche de faire ce qu’il était précisément payé pour faire. »
Et un dessin du Pancho : Un homme devant son ordinateur lit ceci sur l’écran :
« Le résultat de votre algorithme est un succès. Vous êtes remplacé. »

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (7) : (16 mai) 2023. Jacques Attali, sur France Inter, auteur de :
« Les technologies, c’est fabuleux. Il faut savoir s’en servie de façon créative. Moi, j’utilise ChatGPT, depuis 2 ou 3 ans. C’est passionnant. Il y a des choses fantastiques qu’on peut faire avec ça. »
N.B. Pour rappel, aucune source n’étant par définition, citée, rien n’est vérifiable.

* Ajout. 27 octobre 2023. ChatGPT : pas seulement une non-pensée : la mort de la pensée.

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (8) : (17 mai) 2023. Titre de l’émission Avec philosophie de France Culture : « L’I.A [intelligence artificielle], nouvel animal de compagnie ? » (Cf. Politique. Animalisation du monde, Philosophie)

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (9) : (22 mai) 2023. L’université Sorbonne Abu-Dhabi lance le « certificat en Humanités numériques ».
N.B. Lu sur le site de l’Université : « Désolé, cet article est seulement disponible en anglais ou en arabe. »

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (10) : (23 mai) 2023. Lu sur Franceinfo :
« Emmanuel Macron et le patron d'Open AI Sam Altman se rencontrent mardi après-midi. Le chef de l'État français et le créateur de l'interface ChatGPT vont se rencontrer ce mardi, à 17 heures. ChatGPT est un nouvel outil basé sur l'intelligence artificielle. »
* Ajout. 27 octobre 2023. ChatGPT : pas seulement une non-pensée : la mort de la pensée. (Cf. Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel, Penser)

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (11) : (mai) 2023. Enquête de la revue Beaux-Arts (sur la page de garde) Comment l’I.A bouleverse l’Art ; (présenté dans la revue) l’I.A bouleverse l’art. :
« Intelligence artificielle, technologies immersive, NFT et réalité virtuelle chamboulent le monde et font entrer l’art dans une nouvelle dimension. Faut-il en avoir peur ou au contraire chercher à maitriser ces outils ultra performants ? Enquête sur une galaxie d’innovations stupéfiantes. » (p.49)
Poser la question en ces termes, c’est l’accepter, d’autant que je lis, entre autres : « Cap sur l’art du futur », en d’autres termes, de nouvelles sources de profits. (Cf. Culture. Art, Penser. Pensées binaires, Économie)

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (12) : (13 juin) 2023. Émission de France Culture :
« L’intelligence artificielle est-elle un nouvel humanisme ? Débat avec une « maîtresse de conférence en philosophie, chercheuse en philosophie française contemporaine », un « roboticien, professeur émérite d'intelligence artificielle et d'éthique des technologies à Sorbonne Université » et une « chercheuse en philosophie et éthicienne principale chez Hugging Face. »

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (13) : (14 juin) 2023. Lu sur Franceinfo :
« Intelligence artificielle. Emmanuel Macron annonce 500 millions d’euros supplémentaires pour son développement en France »
Lu les commentaires suivants :
- « Près d'un emploi sur quatre » sera « remis en question par l'intelligence artificielle d'ici à dix ans, selon l'OCDE ».
- « Quand une intelligence superficielle parle de l'intelligence artificielle. »
- « Il faudrait se plier aux décisions d’un homme seul incapable de comprendre autrui. Effrayant. »

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (14) : (14 mars) 2024. Lu dans le discours de réception de Sylviane Agacinski à l'académie française :
« D’une tout autre façon, la liberté serait en danger si, par exemple, on déléguait notre faculté de penser et de juger à un programme informatique fondé sur l’intelligence artificielle. C’est un outil très utile. Il a réponse à tout, et vous pouvez même lui demander d’écrire des livres sur n’importe quel sujet. Sa limite, c’est qu’il ne gère que des données déjà mises en forme. Et, du seul fait qu’il est désincarné, il est sans relation avec le monde : il n’éprouve rien, ni sentiment ni émotion, ni plaisir ni douleur, ni amour ni haine, ni joie ni chagrin - sans parler de l’humour auquel il est parfaitement imperméable. Il vous répondra même, si vous lui posez la question : ‘ Je n’ai pas d’âme. Je suis conçu pour répondre aux questions basées sur les informations que j’ai été formé à reconnaître. Je n’ai pas de conscience, de sentiments, ni d’expérience personnelle.‘ C’est très juste… mais il nous leurre encore en disant ‘je’, puisqu’il est sans conscience. Ainsi, ce système pourrait bien réaliser la complète disparition de l’auteur dont nous débattions jadis. » (Cf. Êtres humains. Conscience, Penser. Juger)
- « De l’auteur-e » : bien limitatif…

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (15) : (6 avril) 2024. Lu sur Franceinfo :
« Des médias israéliens affirment que l’armée du pays utilise une intelligence artificielle pour cibler les cibles de ses frappes. Israël, qui conteste, assure que le programme concerné ne sert qu'à compiler des renseignements. Le secrétaire général de l'ONU a exprimé son inquiétude. » (Cf. Politique. État. Israël)

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (16) : (15 avril) 2024. Le titre d’une nouvelle émission de France Culture intitulée : Intelligence artificielle. Objet philosophique : IA, un nouveau cap est-il franchi ? parvient, sous forme interrogative, en enfermant, et donc en transformant la pensée de l’« intelligence artificielle » - comme si cela était possible - en un « objet philosophique », tout en entérinant la légitimité ; tandis que Géraldine Muhlmann, responsable de l’émission, emploie au détour d’une discussion l’expression - non point « inquiétante », ni « troublante », telles qu’entendues dans l’émission, mais terrifiante de : « ces personnages », et ce, sans réaction des deux « philosophes » invités.
Quant au « cap » qui serait ou non « franchi », la question n’est pas la bonne : elle prend en effet pour acquis ce qui justement ne peut l’être, à savoir que l’on puisse accepter l’idée même de procéder à une comparaison entre l’être humain et une technique, même requalifiée : « techno-scientifique », tandis que l’« IA » soit, ponctuellement, renommée : un « système artificiel intelligent » (Daniel Andler).

Penser (« La-dite-intelligence-dite-artificielle ») (17) : (22 mai) 2024. Lu dans Le Canard enchaîné (p.8) :
« […] La Vrije Universiteit, à Bruxelles, vint de mettre fin à un projet scientifique sur l’IA avec deux universités Israéliennes. Un coup dur pour les chercheurs en intelligence artificielle, mais tut va bien puisque la bêtise naturelle [sic] semble, elle se porter comme un charme. »
L’accusation de « bêtise » doit être employée avec circonspection, au risque notamment qu’elle soit renvoyée en boomerang. (Cf. Politique. État. Israël)

Penser (Intérêts) : Quand on a pour finalité et / ou pour fonction de défendre des intérêts, a-t-on besoin d’idées [tactiques nécessaires à la prise et à la garde du pouvoir exclues] ?
- Vrai aussi pour l’empirisme ? le réalisme ? le conservatisme ? la transmission… ? (Cf. Économie)
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Penser. Intuitions :

Penser (Intuitions) (1) : Le rationalisme tue l’intuition dans l’œuf.

Penser (Intuitions) (2) : L’intuition s’oppose-t-elle à la réflexion ? Intuitivement, je répondrais : non.

Penser. Intuitions. Par ordre chronologique :

Penser (Intuitions) (1) : 1957. Boris Pastenark [1890-1960], dans Le docteur Jivago, auteur de :
« Il pensait juste et avec une extrême clarté. Il possédait à un rare degré le don de pureté morale et d’équité, il avait des sentiments nobles.
Mais, pour un savant soucieux de défricher des voies nouvelles, il manquait d’intuition, de cette force dont les découvertes soudaines renversent l’ordre stérile du prévisible. » 600

Penser (Intuitions) (2) : 2008. George Steiner [1929-2020], dans Les livres que je n’ai pas écrits, auteur de :
« Même si elles sont faibles et provisoires, je chéris les intuitions aux auxquelles j’ai obéi pour tenter de vivre plus ou moins sainement. » 601

Penser (Intuitions) (3) : (11 août) 2017. Raphaël Enthoven, « philosophe », analysant « l’amour » chez Vladimir Jankélévitch [1903-1989] affirme :
« S’il fallait résumer la pensée de Jankélévitch : c’est même plus qu’une idée, c’est une intuition. […] » (Cf. Penser. Idée, Philosophie) 602
Pas vraiment convainquant.
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Penser. Islamisme :

Penser (Islamisme) (1) : Si lutter contre l’islamisme, c’est admettre comme évident que ce soit à l’Islam et aux musulman-es de transférer l’exclusive injonction de se réformer et, dès lors, de s’exclure de la pensée critique, alors l’échec est assuré. Plus encore, combien de civilisations sont-elles mortes d’aveuglement sur elles-mêmes ?

Par ordre chronologique. Penser. Islamisme :

Penser (Islamisme) (1) : (29 décembre) 1760. Denis Diderot [1713-1784] écrit à son frère l’abbé Diderot [1722-1787] cette phrase qu’il puise de la pensée chrétienne :
« Cessez d’être violent, ou cessez de reprocher la violence aux païens et aux musulmans. » 603 (Cf. Politique. État, Violences)

Penser (Islamisme) (2) : 1901. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans La volonté de puissance, auteur de :
« L‘islamisme, religion virile, a un profond mépris pour la sentimentalité et l’hypocrisie du christianisme… religion des femmes, à ce qu’il (sic) pense. » 604 (Cf. Politique. État, Violences. Lois religieuses)

Penser (Islamisme) (3) : (21 octobre) 2020. Gilles Kepel, sur France Culture, rapporte une question qui lui avait été posée en prison par un « islamiste radicalisé » :
« Qu’est ce qui a le plus tué ? Vous ou nous ? ». Il n’a pas transmis sa réponse.
Pour moi, c’est au cours des trois derniers siècles, sans conteste possible : « nous », c’est-à-dire, pour eux : « vous ». (Cf. Dialogues, Politique. État, Violences)
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Penser (Jouir) : (20 janvier) 1761. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au marquis d’Argence [1703-1772], après avoir opposé le bonheur des « sots » et celui des « philosophes », auteur de :
« […] Plus vous vous éclairez et plus vous jouissez. » 605 (Cf. Penser. Pensées. Binaires)

Penser. Juger :

Penser (Juger) (1) : Penser, c’est juger ; juger, c’est s’engager ; juger, c’est être jugé-e.

Penser (Juger) (2) : Il jugeait des erreurs des autres avec une assurance qui n’assurait que lui.

Penser (Juger) (3) : Le jugement n’engage que la personne qui juge ; et qui, dès lors, peut être jugée à son tour.

Penser (Juger) (4) : S’interdire de juger, c’est faire le lit des injures, des polémiques…

Penser (Juger) (5) : S’interdire de juger, c’est s’interdire de penser.

Penser (Juger) (6) : Le seul jugement critique, le / la concernant, qui le / la mécontenterait, serait le jugement posthume car il serait le seul qu’il / elle ne pourrait critiquer.

Penser (Juger) (7) : Si on ne s’autorise pas à juger ce que l’on entend, lit, voit, ce que l’on entend, lit, voit, glisse sur soi comme l’eau sur les plumes d’un canard.

Par ordre chronologique. Penser. Juger :

Penser (Juger) (1) : Dans la Bible, Mathieu. 7 : 2, je découvre :
« Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. »
Serait-ce alors la crainte d’être jugé soi-même, qui devrait dissuader de juger les autres ?

Par ordre chronologique. Penser. Juger. Denis Diderot :

Penser (Juger) (2) : 1749. Denis Diderot [1713-1784], dans Lettre ouverte sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, auteur de :
« […] Mais quand il dit cela est beau, il ne juge pas : il rapporte seulement le jugement de ceux qui voient ; et que font autre chose les trois quarts de ceux qui décident d’une pièce de théâtre, après l’avoir entendue, ou d’un livre, après l’avoir lu ? […] » 606

Penser (Juger) (3) : 1772. Denis Diderot [1713-1784], dans Sur l’inconséquence du jugement public de nos actions individuelles, auteur de :
« […] Et comme ils n’ont pas de règles dans leurs jugements, ils n’ont pas plus de mesure dans leur expression. » 607
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Penser (Juger) (4) : (2 mars) 1771. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à D’Alembert [1717-1783], écrit concernant une éventuelle candidature de Condorcet [1743-1794] à l’académie française :
« Il n’a rien fait, dira-t-on ; tant mieux : nous avons plus besoin de gens qui jugent que de gens qui fassent. » 608 (Cf. Langage. Académie française. Verbe. Faire)

Penser (Juger) (5) : 1843. Astolphe de Custine [1790-1857], dans ses Lettres de Russie, auteur de :
« […] Tel est mon droit d’exposition, droit acquis à tout observateur véridique ; mais je l’avoue, à tort ou à raison, je vais plus loin encore : je condamne ou je loue ce que je vois ; ce n’est pas assez de peindre, je veux juger. » 609 À raison… (Cf. Justice. Juger)

Penser (Juger) (6) : 1847. Nicolas Gogol [1809-1852], dans Confession d’un auteur, auteur de :
« […] Admettons que, dans mon orgueil, en me fondant sur les nombreuses qualités qui m’étaient attribués par tous [après la publication des Âmes mortes], admettons que j’ai pu un instant me croire au-dessus des autres et estimer avoir le droit de prononcer un jugement sur les autres. Mais celui qui ne s’est pas senti au-dessus de moi, sur quoi pouvait-il se fonder pour me juger ? Quoi qu’il en soit, pour prononcer un jugement complet sur quoi que ce soit, il faut être au-dessus de celui qu’on juge. » Jugement imparable ? 610

Par ordre chronologique. Penser. Juger. George Sand :

Penser (Juger) (7) : (26 février) 1863. George Sand [1804-1876], dans une lettre à M***, auteure de :
« […] Moi qui ne sais rien j’attends et pourtant, je permets à ma conscience de juger ce qui se produit. C’est très hardi, à coup sûr ; mais tout esprit, si incomplet soit-il, a besoin de s’affirmer. » 611

Penser (Juger) (8) : (28 décembre) 1864. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Mario Proth [1832-1891], auteure de :
« […] Or qui juge, discute et disserte et dès lors il n’est guère permis de trancher sans dire pourquoi et sans le bien savoir soi-même. » 612

Penser (Juger) (9) : (3 avril) 1874. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Gustave Flaubert [1821-1880], auteure de :
« Les jugements individuels ne prouvent rien. » 613
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Penser (Juger) (10) : 1869. Victor Hugo [1802-1885], dans L’homme qui rit, auteur de :
« Qui juge, confronte. » 614

Penser (Juger) (11) : 1875. Fiodor Dostoïesvki [1821-1881], dans L’adolescent, auteur de :
« […] Au fait, avant de juger, il faudrait savoir les circonstances dans lesquelles ces paroles ont été prononcées. » 615

Penser (Juger) (12) : (24 août) 1909. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« J’ai dépassé le stade où les hommes me jugent, la plupart d’entre eux. Maintenant déjà les uns, sans me juger, se joignent à ceux qui me louent, les autres à ceux qui me dénigrent. » 616

Penser (Juger) (13) : 1931. Thomas Mann [1875-1955], dans La montagne magique, auteur de :
« Je ne suis pas très rapide dans mes jugements. Je commence par regarder les gens, et par me dire : Ah ! Tu es ainsi, toi ? Bien, bien !
Sottise, répondit l’Italien. Il faut que vous jugiez ! C’est pour cela que la nature vous a donné des yeux et un cerveau. » 617 (Cf. Êtres humains. Cerveaux, Dialogues)

Penser (Juger) (14) : 1983. Raymond Aron [1905-1983], dans ses Mémoires, concernant, dans l’avant deuxième guerre mondiale, « les sociologues, démocrates, libres penseurs, partisans de la liberté individuelle », auteur de :
« Les jugements de valeur gagnaient plutôt qu’ils ne perdaient en dignité à devenir jugements collectifs. » 618

Penser (Juger) (15) : (22 août) 2017. J’entends sur France Culture, Michel Onfray opposer « juger » et « comprendre ». Tout dépendrait-il en sus du contexte ? (Cf. Hommes. « Intellectuels », Penser. Pensées. Binaires)

Penser (Juger) (16) : (septembre) 2018. [Au terme d’un débat sur France Culture]. Entendu :
« C’est assez confus » ; « l’ambiguïté peut poser des problèmes » ; « l’hypothèse peut être intéressante » ; « c’est assez convainquant » ; « ce n’est pas vraiment neuf » ; « c’est une question assez étrange », « c’est critiquable » ; « cela peut être discuté » …
Pourquoi est-il si difficile - quasi impossible - d’affirmer :
« C’est faux. Et voici pourquoi… » ? 619

Penser (Juger) (17) : (15 août) 2020. Entendu, une fois encore, sur France Culture, dans le cadre général de refoulement de jugements personnels, pensés, argumentés, engagés :
« Ça me parait problématique », au lieu et place de : « Je ne suis pas d’accord ».
Et il faudrait alors expliquer pourquoi… (Cf. Penser. Pensées. Esquive)
* Ajout. 22 février 2022. Depuis lors, le terme a fait florès : tout ou presque est « problématique » : plus encore, ‘on’ « a » une problématique.
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Penser (James Henry) : Henry James [1843-1916], frère de William James [1842-1910], concernant leur enfance, auteur de :
« Nous avons respiré un air sain, tout rempli d’incohérences, et nous fûmes nourris et abreuvés de contradictions. » 620

Penser (Juste milieu Le) : 1849. Pierre-Joseph Proudhon [1809-1865], dans Les confessions d’un révolutionnaire [pour servir à l’histoire de la révolution de février (1848)], auteur de :
« Le juste milieu connu des philosophes sous le nom d’éclectisme, vient de cette disposition d’esprit égoïste et paresseuse, qui préfère aux solutions franches des accomodements impossibles ; qui accepte la religion, mais faite à sa convenances ; qui veut de la philosophie, mais sous réserve ; qui supporte la monarchie, mais complaisante ; la démocratie, mais soumise ; qui proclame le liberté du commerce mais en se couvrant de protections ; qui s’arrangerait de la gratuité de la circulation et du crédit, mais en stipulant un intérêt pour ses capitaux ; qui, enfin, fait consister la sagesse à tenir la balance égale, autant que possible, entre l’autorité et la liberté ; le statu quo et le progrès, l’intérêt privé et l’intérêt général […] »
Après avoir lu cela, que reste-t-il de tant et tant d’analyses, de prises de positions notamment politiques ? 621 (Cf. Politique)

Penser (Justification) : Toute justification - qui situe nécessairement sur le terrain de la pensée de l’autre - est invalidation de la pertinence de sa propre pensée.

Penser (Keynes John Maynard) : 1936. John Maynard Keynes [1883-1946], termine ainsi sa Préface à sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie :
« La composition de cet ouvrage a été pour l'auteur un long effort d'évasion, une lutte pour échapper aux formes habituelles de pensée et d'expression ; et la plupart des lecteurs devront s'imposer un effort analogue pour que l'auteur parvienne à les convaincre. Les idées si laborieusement exprimées ici sont extrêmement simples et devraient être évidentes. La difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, elle est d'échapper aux idées anciennes qui ont poussé leurs ramifications dans tous les recoins de l'esprit des personnes ayant reçu la même formation que la plupart d'entre nous. » 622

Penser (Kubrick Stanley) : 1968. Stanley Kubrick [1928-1999] à propos de son film 2001. L’odyssée de l’espace, auteur de :
« Vous êtes libres de vous interroger tant que vous voulez sur le sens philosophique et allégorique du film. Une telle interrogation est une indication qu’il a réussi à amener le public à un niveau avancé. Mais je ne veux pas donner une grille de lecture précise pour 2001 que tout spectateur de sentirait obligé de suivre de peur de ne pas en saisir la signification. » 623 (Cf. Culture. Cinéma, Penser. Grille de lecture)

Penser (Lancelin Aude) : (9 novembre) 2016. Lu dans le Journal du Dimanche : Aude Lancelin, auteure de :
« […] Il faut quel les gens sachent comment se fabriquent les idées qu'on essaie de leur faire penser, il faut qu'ils sachent comment se nouent concrètement les liens entre éditorialistes, grands capitalistes et puissance publique. Il est important de leur dire, par exemple, qu'aujourd'hui, un président de la république peut alerter un actionnaire de presse au sujet de l'orientation politique d'une journaliste, ainsi que de sa vie privée, en pensant que la chose restera dans l'ombre. » […] Et de :
« Il y a eu un véritable trou d'air, un spectaculaire affaissement de la vie intellectuelle française depuis une trentaine d'années et les médias y ont largement contribué. Pendant les années 1990-2000 notamment, la plupart ont entièrement truqué les éléments du débat au profit d'imposteurs et poussé toute sorte d'énergumènes toujours violemment réactionnaires sur le devant de la scène […] Les journalistes étouffent, nous sommes nombreux à ne plus supporter être les hochets de géants des télécoms instrumentalisant la presse à leurs propres fins. » […] 624
Analyse valable aussi concernant la pensée féministe, telle qu’elle nous est « servie », présentée comme devant être considérée comme telle, depuis tant et tant d’années…

Penser. Langage :

Penser (Langage) (1) : (1er mai) 2020. Entendu sur France Culture, au lieu et place de :
« Penser » :
« Faire un contrepied interprétatif ». Mais aussi, partout ailleurs :
« J’ai pris une claque dans la gueule » ; « On est dans une critique du monde » ; « Il était guidé par la nécessité » ; « C’est de la philosophie » ; « Il faut continuer » ; « Il a fait un travail colossal » ; « C’est très compliqué » ; « La retenue est louable » ; « La liberté de la presse va mal » ; « Il en faudrait beaucoup plus pour changer les mentalités » ; « Ils sont très professionnels » ; « Le plus dur est devant nous » ; « Vous avez donné un coup de pied dans la fourmilière » ; « Les remontées de terrain montrent que… » ; « Ce sont des écarts à la norme » ; « C’est très utile » ; « Pas de jugement moral » ; « Ce n’est pas la solution » ; « Votre argument est un alibi » ; « Et vous, que proposez-vous ? » ; « C’est raccord » ; « Où mettre le curseur ? » ; « Vous êtes impliqué dans l’actu » ; « Il n’y a pas photo » ; « Je ne suis pas économiste, philosophe.. » ; « C’est border line » ; « Il / elle est intelligent-e, cultivé-e, diplomé-e, républicain-e) ; « J’étais naïve » ; « Je suis tout à fait d’accord avec lui ».

Penser (Langage) (2) : Prendre pour acquis le langage dominant me fait penser à un écureuil enfermé dans sa cage dont il ne cesse de tourner la roue.
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Penser (Lassalle Ferdinand) : Ferdinand Lassalle [1825-1864], auteur de :
« Toute grande action commence par l’expression de ce qui est. »
Juste analyse, laquelle nécessite cependant un corpus adéquat : concernant le patriarcat, même les sociétés occidentales n’en ont pas même encore reconnu son existence. 625 (Cf. Patriarcat)

Penser (Le Dœuff Michèle) : 2000. Michèle Le Dœuff, dans Le sexe du savoir, après avoir comparé un jugement de Christine de Pisan [1364-vers 1430] et une analyse d’Hannah Arendt [1906-1975], poursuit :
« […] On peut commencer à voir, non qu’il y aurait une marque du sexe dans le sujet pensant, mais, et c’est plus fort, que tout sujet est pris dans un réseau imaginaire de représentations de soi, d’autorisations ou d’inhibitions, plus prépondérant que les conditions seulement intellectuelles de la pensée. » 626
À ceci près que ces deux positions ne s’annulent pas mais se conjuguent, la fin de son analyse, fort pertinente, suffit à elle seule d’en invalider tant et tant d’autres. (Cf. Êtres humains, Patriarcat, « Sciences » sociales)

Penser (Leiris Michel) : (mai) 1934. Michel Leiris [1901-1990], dans son Journal, auteur de :
« Tout ce qui est intellectuel m’ennuie. Je n’aime pas réfléchir, je n’aime que méditer, me sentir, avoir conscience de ma vie. […] » 627

Penser (Lieux communs) : 2006. Sándor Màrai [1900-1989], dans Métamorphoses d’un mariage, auteur de :
« Si le monde est si abominablement, aussi désespérément médiocre, vois-tu, c’est, peut-être parce que les lieux communs ont toujours raison. Seuls les génies et les artistes sont capables, d'une seule pichenette, de les balayer en dévoilant ce qu’ils sont de figé, de mortel, de contraire à la vie, et de révéler cette autre vérité qui se dissimule derrière le cliché, qui se moque des poncifs, et qui nous fait comprendre pourquoi les hommes de la police secrète retrouvent un jour tel haut fonctionnaire, maître en bigoterie, pendu, en chemise de nuit rose, dans un bordel. » 628

Penser (Ligne droite) : La ligne droite est le plus court chemin pour aller d’un point à un autre. En géométrie.
* Ajout. 4 mars 2022. 1835. Honoré de Balzac [1799-1850], dans Le père Goriot, auteur de :
« Mon bon Eugène, crois-en le cœur de ta mère, les voies tortueuses ne mènent à rien de grand. » 629

Penser (Limites) : 1992. Penser, comme Cornelius Castoriadis [1922-1997], dans La démocratie Athénienne : fausse et vraies questions, que « l’esclavage et le statut des femmes », outre l’incohérence politique de la comparaison, relèveraient des « limites » de la démocratie Athénienne, 630 c’est cautionner et l’esclavage et le patriarcat.
Plus encore, en accordant au Politique, tel que pensé alors à Athènes, un statut premier, suprême, souverain, c’est condamner aujourd’hui, la vie des êtres humains à n’être que secondaire, accessoire, superfétatoire… (Cf. Hommes. « Intellectuels ». Castoriadis Cornelius, Patriarcat, Politique. Esclavage. Démocratie, Philosophie. Limites)

Penser (Littérature) : Penser, interroger, analyser, critiquer une œuvre « d’un point de vue littéraire », qu’est-ce que cela peut bien vouloir signifier ?
Il en est de même pour « philosophiquement parlant », etc… (Cf. Culture. Littérature)

Penser (Locke John) : 1689. John Locke [1632-1704], dans le Traité du gouvernement civil, auteur de :
« Il faut avouer que l’on a un étrange penchant à nier les choses de fait les plus évidentes, dès lors qu’elles ne s’accordent pas avec les hypothèses qu’on a une fois embrassées. » 631

Penser (London Jack) : 1900. Jack London [1876-1916], dans Martin Eden, auteur de :
« Pendant qu’il mourait de faim, il pensait constamment aux millions d’êtres qui, de par le monde, mouraient de faim comme lui ; aujourd’hui, qu’il était rassasié, il les oublia ; mais comme il était amoureux, il pensa aux innombrables amoureux et des motifs de poèmes d’amour s’imposèrent dans son esprit. » 632

Penser (« Maître à penser ») : Un « maître à penser » et autre avatars… : une contradiction dans les termes.
Prolonge et /ou se substitue aux : « pères spirituels » ?

Penser. Philippe Manière :

Penser (Manière Philippe) (1) : (17 février) 2019. Philippe Manière, régulièrement invité sur France Culture, dans l’émission L’esprit public, auteur de :
- Concernant la « réforme de l’hôpital » en France : « L’argent ne pousse pas sur les arbres » ; « Il faut tenir compte de la psychologie (des gens) » ; « Il faut regarder cette réalité en face » ; « Il ne faut pas trop dauber là-dessus » ; « Il ne faut pas tomber à côté du cheval » ;
- Concernant la « diplomatie » : « Ce conflit moyen-oriental est d’une très grande complexité » ; « tout ça est cousu de fil blanc » ; « tout est très compliqué » ; « tout ça n’a pas grand intérêt » ; « Il y a des progrès qui sont faisables, d’autres, pas accessibles. » 633 (Cf. Hommes. Journalistes. Manière Philippe, Langage. Possessif, Politique. Diplomatie, Économie. Grèce. Manière Philippe)

Penser (Manière Philippe) (2) : (19 janvier) 2020. Philippe Manière, dans la même émission de France Culture, pour réfuter une critique-de-gauche, auteur de :
« Il ne faut pas exagérer » ; « ça n’est pas sérieux » ; « ça n’a pas de sens » suivi de : « 99% de ce qu’on lit sur les réseaux sociaux n’est pas sérieux ». Puis il dénonce « la tyrannie des minorités » pour ensuite affirmer qu’« il faut former les gens » - préalablement définis comme « déraisonnables, irresponsables » - sinon on les manipule. » 634 (Cf. Hommes. Journalistes. Manière Philippe, Langage. Possessif, Penser. « Réseaux sociaux », Économie. Grèce. Manière Philippe)
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Penser. Alessandro Manzoni :

Penser (Manzoni Alessandro) (1) : 1827. Alessandro Manzoni [1785-1873], dans Les fiancés, auteur de :
« ‘J’ai peut-être mal agi’, répéta Renzo, en se désengageant, et il partit en hâte, tranchant ainsi la question qui, comme un point de littérature ou de philosophie, ou d’une autre manière, aurait pu durer des siècles, puisque chacune des parties se bornait à répéter son propre argument. » 635 (Cf. Penser. Répéter)

Penser (Manzoni Alessandro) (2) : 1827. Alessandro Manzoni [1785-1873], dans Les fiancés, auteur de :
« Il se taisait en homme qui a plus de choses à penser qu’à dire. » 636
N.B. Si la philosophie - ce qu’elle n’a pas - a un sens, Les fiancés est un grand livre philosophique. (Cf. Philosophie)
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Penser (Marat Jean-Paul) : 1771. Jean-Paul Marat [1743-1793], dans Les aventures du jeune comte Potowski, auteur de :
« Je n’aime point, continua-t-il, à me livrer à une critique présomptueuse ; mais je n’aime pas non plus entendre des éloges déplacés. » 637 (Cf. Relations entre êtres humains. Compliments. Éloges. Louanges…)

Penser (Marxisme) : Cf. Politique. Marxisme

Penser (Maury Jean-Siffrein) : 1791. L’abbé Jean-Siffrein Maury [1746-1817], à l’assemblée constituante, député du clergé, l’un des orateurs de la droite, menacé d’être pendu ‘à la lanterne’, répondit à la foule :
« Eh bien, quand j’y serai, y verrez-vous plus clair ? » 638 Puissant. (Cf. Justice, Violences)

Penser (Messe La) : (1er mai) 2022. Écoute fortuite, sur France Culture, de la fin de la messe à la chapelle Notre dame de la médaille miraculeuse : ce que j’entends est absurde, aberrant, n’a aucun sens, ni queue ni tête et ne supporterait pas une minute de critique. Pour continuer à [y] croire, il faut vraiment fermer à double tour son esprit à toute réflexion. (Cf. Penser. Croire, Politique. Religion)

Penser (Michelet Jules) : (18 mai) 1852. Michelet [1798-1874], après avoir refusé de prêter serment à l’empire de Napoléon III [1808-1973], est révoqué du Collège de France, licencié de son poste aux Archives nationales, et doit quitter son appartement. Il écrit dans son Journal :
« Ce que j’avais le plus à craindre, c’est la stérilité de la routine, c’est l’endormante uniformité des études bureaucratiques, c’est l’encombrement de la science, de l’érudition.
J’ai souvent comparé les âmes des savants à ces îles, verdoyantes d’abord, que le corail envahit, belle et riche production pour laquelle on recherche ces îles ; mais par le progrès du temps, ce corail a tout couvert d’une surface sèche, dure, encombrante : pas un brin d’herbe ne pousse.
Ces pensées me firent supporter mieux que je n’aurais cru un si grand changement. […] » 639 (Cf. Êtres humains. Âme, Hommes. « Intellectuels », Histoire. Archives)

Penser. Mirabeau :

Penser (Mirabeau) (1) : (18 août) 1789. Mirabeau [1749-1791], à l’assemblée constituante, dans Le second discours sur la déclaration des droits de l’homme, auteur de :
« De toutes les choses humaines, je n’en connais qu’une où le despotisme soit non seulement bon, mais nécessaire, c’est la rédaction : et ces mots Comité et rédaction hurlent d’effroi de se voir accouplés. »
Ce qui n’empêchait pas Mirabeau d’effectuer nombre d’« emprunts », ni d’être ‘aidé’ par d’autres dans ses réflexions… 640

Penser (Mirabeau) (2) : (22-23 mars) 1791. Mirabeau [1749-1791], à l’assemblée nationale, dans son Discours sur le projet de loi relatif à la régence, après avoir précisé que son « avis » - sur la question évoquée - « n’est pas fait », auteur de :
« Messieurs, je répondrai en homme que les battements de mains n’étonnent pas plus que les murmures (Bruit prolongé) ; je répondrai seulement en homme qui estime singulièrement les objections fortes et qui estime même les spécieuses, parce qu’elles forcent à se replier sur soi et à penser. » 641 Affirmation juste et rare. (Cf. Relations entre êtres humains. Applaudissements)
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Penser (Mireille) : (2 juillet) 2012. Mireille [1906-1992], compositrice-interprète, auteure de :
« Je ne sais pas penser, je ne sais pas réfléchir. » 642 (Cf. Femmes. Modestes, Penser. Réfléchir)

Penser (Modestie) : Il / elle était si modeste quant à ses écrits - pourtant de grande valeur - qu’il / elle accordait d’autant plus de valeur aux recherches, aux apports, aux interprétations, aux analyses du seul fait qu’il / elle n’était pas l’auteur-e. (Cf. Hommes. « Modestes »)

Penser (Mossadegh Mohammad) : 2010. Je lis dans le livre de Ryszard Kapuściński [1932-2007], Le Shah, concernant le premier ministre du Shah d’Iran [1919-1980], Mohammad Mossadegh [1882-1987], expulsé du pouvoir par un coup d’État de la CIA pour avoir notamment nationalisé le pétrole Iranien :
« Mossy [le surnom donné à Mossadegh par les Anglais] disait que la terre que nous foulons nous appartient et que tout ce qui se trouve nous appartient aussi.
Dans ce pays, personne avant lui n’avait formulé une idée pareille.
Que tout le monde dise ce qu’il pense ! Que tout le monde prenne la parole ! Je veux entendre vos pensées’, tel était son message.
Après deux mille cinq cents ans d’asservissement despotique, il nous a rappelé que l’homme est un être pensant. Aucun souverain perse ne l’avait jamais fait !
Les propos de Mossy sont gravés dans les mémoires, ils sont entrés à jamais dans nos têtes et vivent encore en nous aujourd’hui.
Les paroles qui ouvrent les yeux sur le monde sont celles que nous nous rappelons le mieux. » 643 (Cf. Êtres humains, Hommes. « Politiques », Politique)

Penser. Mythe :

Penser (Mythe) (1) : Les mythes étouffent la pensée.

Penser (Mythe) (2) : Toute référence à un mythe conforte le monde auquel il se réfère.

Penser (Mythe) (3) : Tout mythe est mystification. Toute identification, tout recours explicatif à un mythe est enfermement dans une norme nécessairement passéiste, donc réactionnaire.

Penser (Mythe) (4) : Détruire un mythe, c’est ne pas détruire le mythe.

Penser (Mythe) (5) : Les mythes retardent l’histoire.

Penser (Mythe) (6) : Les mythes sont hors temps, ce qui les condamne, mais explique leur longévité.

Par ordre chronologique. Penser. Mythe :

Penser (Mythe) (1) : 1837-1843. Honoré de Balzac [1799-1850], dans les Illusions perdues, auteur de :
« La mythologie, qui certes est une des plus grandes inventions humaines, a mis la Vérité dans le fond d’un puit, ne faut-il pas des sceaux pour l’en tirer ? » 644 (Cf. Penser. Vérité)

Penser (Mythe) (2) : 1984. Jean-Paul Aron [19225-1988], dans Les modernes, auteur de :
« J’aime que, du piédestal ou l’anthropologie les élève, Barthes [Roland. 1915-1980] descende les mythes dans la rue. » Puis, il critique l’impact négatif final du formalisme structuraliste sur sa pensée. Et il poursuit :
« Quant à moi, je m’obstine à préserver au mythe sa différence, à le soustraire, coûte que coûte, au réductionnisme et à l’impérialisme des sémiologues. » 645
Mais, comment faire ? Est-ce même possible ? pensable ?

Penser (Mythe) (3) : (18 juillet) 2021. René Frydman, après avoir présenté plusieurs mythes de la naissance, effectivement tous plus curieux, improbables les uns que les autres, auteur de :
« Ce qui est fascinant dans la mythologie, c’est que tout est possible. » 646
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Penser (Nahoum-Grappe Véronique) : (12 juillet) 2018. Véronique Nahoum-Grappe, sur France Culture, critique justement ceux et celles qui « prennent la pensée de l’autre à sa faille et non à son point d’excellence. » 647

Penser. Nationalisme : Cf. Politique. Nationalisme

Penser (Néant) : 1844. Honoré de Balzac [1799-1855], dans La femme de trente ans, évoque « une femme inoccupée qui prend le vide pour le néant. » 648

Penser (Nietzsche Friedrich) : 1881. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans Aurore, auteur de :
« Ne jamais rien retenir ou taire, devant toi-même, de ce que l’on pourrait opposer à tes pensées ! Fais-en le vœu ! Cela fait partie de la loyauté première. » 649

Penser (« No comment ») : 2001. Michel Foucault [1926-1984], dans Dits et écrits, répond ainsi à une question :
« Comme les présidents américains, quand une question les embarrasse, je répondrai ‘no comment’… »
Idéalement, il faudrait mieux répondre : « je ne veux pas répondre » et / ou : « je ne peux pas répondre » et / ou : « je ne sais pas répondre ». Et, si possible, en expliciter les raisons ….
Il en est de même pour : « Je n’ai pas l’intention de critiquer Sartre. » (ce que, dans un autre texte, sans doute ailleurs, il avait déjà exprimé…) 650

Penser (« Nonsense ») : Je m’interroge : pourquoi n’ai-je jamais pu dépasser la lecture quelques lignes d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll [1832-1898] et tant apprécier les poésies de Robert Desnos [1900-1945], notamment : Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête… Est-ce lié à des souvenirs d’enfance, à une culture qu’il faut bien appeler nationale, ou à la nécessaire critique de la catégorie : « Nonsense » ? (Cf. Culture)

Penser (Notes de bas de page) : 2007. George Steiner [1929-2020], dans Les livres que je n’ai pas écrits, concernant les écrits de Joseph Needham [1900-1995], auteur de :
« Les voix de morts qui s’animent, poètes, philosophes, théologiens, théoriciens de l’économie et de la société, tenants de sciences pures et des sciences appliquées, architectes et ingénieurs, peuplent les pages écrites par Needham. Ses notes en bas de page sont une summa de l’histoire de l’esprit. » 651

Penser (« Nous ») : Dès lors de le « Nous » se substitue au « Je », la [liberté de] la pensée s’estompe. Ou : s’invalide ? (Cf. Femmes. « Nous les femmes », Langage. Mots. Critique de : « Nous ». Genre. « Comme nous disons… », Politique. « Nous »)
* Ajout. 26 août 2021.
« Le seul programme de l’homme politique espagnol [Miguel] Maura [1878-1971] était : ‘Nous sommes nous. » 652 (Cf. Politique)

Penser. Objectivité :

Penser (Objectivité) (1) : Que l’on puisse accuser un-e autre de ne pas être objectif-ve [m’]étonne toujours. Outre la critique du terme, n’est-ce pas, en effet, par là-même, nier la validité de son propre raisonnement ?
Valable aussi pour « neutre » et, même, « indépendant », « rationnel » ….

Penser (Objectivité) (2) : L’objectivité, c’est la négation de soi. Son injonction, c’est l’interdiction d’en penser l’hypothèse.

Penser (Objectivité) (3) : Abandonner définitivement toute croyance à la [recherche d’] l’objectivité ; et, par là même, laisser choir le qualificatif de subjectivité.

Penser (Objectivité) (4) : L’objectivité, c’est - plus ou moins - la ratification du statu quo, mâtiné de la personnalité de celui / celle qui s'affirme objectif-ve et / ou dénonce ceux et celles qui ne sont pas jugé-es l’être.
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Penser. Objet :

Penser (Objet) (1) : Le monde des objets [y penser, en rêver, les désirer, les détester, décider de ne pas s’en préoccuper et penser à changer de vie, les acheter (cash ou en crédit, avec ou sans argent) les placer, les remplacer…] prend beaucoup de temps. Il peut occuper une vie. Beaucoup s’appliquent à l’en remplir.

Penser (Objet) (2) : 2002. Maurice Nadeau [1911-2013], dans Serviteur. Un itinéraire critique à travers livres et auteurs depuis 1945, écrit :
« C’est l’objet qui compte, non celui qui le montre. » 653 Facile ?
* Ajout. 22 août 2017. En latin, en plus large, en mieux :
« Quidquid recipitur, ad modem recipientis, recipitur ». Traduction :
« Ce que l’on reçoit du dehors est reçu en fonction la qualité de celui qui reçoit. »
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Penser (« Œuvres d’anticipation ») : Pourquoi y a-t-il si peu d’œuvres d’anticipation qui imaginerait un monde sans polices, sans guerres, sans armées, sans répressions, sans religions, sans États, sans dictateurs, sans riches, sans dominations, sans patriarcats, sans frontières, sans faims, sans violences, sans injures, etc… ?
Si l’on ne peut pas même imaginer un tel monde, comment pourrait-il peu ou prou advenir ?
- La comparaison avec les autres « œuvres d’anticipations » éclaire la question. (Cf. Culture, Patriarcat, Politique, « Sciences » sociales)

Par ordre chronologique. Penser. Opinion :

Penser (Opinion. Hume David) (1) : 1757. David Hume [1711-1776], dans Enquête sur les principes de la morale, auteur de :
« Pour ce qui est de mes opinions, vous savez que je ne défends aucune d’entre elles de manière absolue ; je propose simplement mes doutes, là où je suis assez infortuné pour ne pas partager la même conviction que le reste de l’humanité. » 654

Penser (Opinion. Voltaire) (2) : (25 juillet) 1774. Voltaire [1694-1778], dans une lettre écrite au marquis d’Ormesson [1711-1774] intendant des finances de Louis XVI [1754-1793], auquel il présente une « requête » [d’aide financière] lui écrit :
« […] Il ne m’appartient pas d’avoir une opinion. Je n’ai d’autre intérêt dans l’établissement de Ferney [qu’il nomme « sa colonie »] que celui de mériter votre protection ; et je dois m’en rapporter à vos lumières. » 655 Quelle bassesse… (Cf. Penser. Voltaire)

Penser (Opinion. Sand George) (3) : (14 septembre) 1871. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Gustave Flaubert [1821-1880], auteure de :
« Du moment qu’ils font métier de leur opinion, leur opinion est sans valeur. » 656 Ouh, là, là… (Cf. Politique. Médias)

Penser (Opinion. Soljenitsyne Alexandre) (4) : 1968. Alexandre Soljenitsyne [1918-2008], dans Le premier cercle, auteur de :
« C’était un marxiste, chair de leur chair, sang de leur sang et il avait des opinions orthodoxes sur tout. Toutefois l’entourage de Staline [1878-1953] étaient plus violement sensible à de menues différences d’opinions qu’à un contraste marqué et le peu qui distinguait Radovitch des autres aurait pu lui valoir d’être aussitôt liquidé. » 657

Penser (Opinion. Schnapper Dominique) (5) : (30 octobre) 2022. Dominique Schnapper, sur France Culture, concernant « la fin de vie, l’euthanasie et le suicide assisté », auteure de :
« Je ne me sens pas légitime à avoir une opinion. »
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Penser (Parent Claude) : 1985. Claude Parent [1923-2016], architecte, auteur de :
« Je pense de plus en plus, même si les faits me donnent tort, que… » (Cf. Penser. Faits) 658

Penser (Parler) : (20 janvier) 2020. Interrogée sur la difficulté d’être la biographe d’un homme [Bernard-Marie Koltès [1948-1989] considéré, on ne sait pourquoi, comme « secret », Brigitte Salino répondit :
« Ce n’est pas parce que les gens parlent, qu’ils disent quelque chose. » 659 (Cf. Culture, Politique. Médias)
N.B. L’émission de France Culture, est intitulée, on ne sait pourquoi : « L’ange Koltès » : parce qu’il est « mort du sida à 41 ans » ?

Penser (« Pas de côté ») : Dans les débats [publics] elle / il revendiquait le droit de faire « un pas de côté ». Ce qui lui permettait de ne pas répondre à la question posée, de ne pas réagir à ses interlocuteurs/trices, et surtout - insaisissable - de poursuivre son soliloque, qu’à la longue, elle / il n’était plus que la / le seul-e à comprendre.
Faire « un pas de côté », c’est n’être pas « hors-jeu » ; c’est être toujours « dans le jeu », sans savoir à expliquer quoi que ce soit de l‘explication de l’esquive. (Cf. Penser. Expliquer)

Penser (Pascal Blaise) : 1670. Blaise Pascal [1623-1662], dans les Pensées, auteur de :
« Penser fait la grandeur de l’homme. » 660 (Cf. Êtres humains)

Penser (Passions) : 1784. Gabriel Bonnot de Mably [1709-1785], dans ses Principes de morale, auteur de :
« Personne n’est plus persuadé que moi que [les passions] ont été données pour notre bonheur ; et si j’étais le maître de les bannir de notre cœur, je me garderais bien de le faire. Je connais trop les bornes de mes lumières pour oser me croire plus habile que la nature ; elle me parait souvent enveloppée de mystères et je les adore respectueusement. Je sens que sans le secours des passions, ma raison se glacerait et serait réduite à n’être qu’un instinct grossier. Pourquoi me plaindrais-je d’éprouver des passions ? Ce serait me plaindre d’être intelligent et sensible. […] » 661

Penser (Patriarcat) : Cf. Patriacat

Penser. Pédagogie :

Penser (Pédagogie) (1) : Certain-es commencent par : « les fondamentaux », d’autres par l’aujourd’hui qui sera suivi du lendemain. (pas clair)

Penser (Pédagogie) (2) : 2012. François Hollande, nouvellement élu, à ses 46 nouveaux conseillers, auteur de :
« Il faut être pédagogique, car plus on est pédagogique, moins on donne d’informations. » 662
Au moins, c’est clair. Bien transmis à Emmanuel Macron et ses ministres… (Cf. Politique. Pédagogie. Faire de la pédagogie)
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Penser (Perception. Novalis) : Novalis [1772-1801], auteur de :
« Apercevez-vous un géant ? Vérifiez d’abord la position du soleil et prenez garde que ce ne soit l’ombre d’un pygmée. » 663 (Cf. Êtres humains. Admirer)

Penser (Permission) : (4 juillet) 2019. Chantal Delsol, « philosophe », auteure de :
« Si vous me permettez de dire ce que je pense… » 664 (Cf. Politique. Médias, Philosophie)

Penser (Personne) : Personne ne pense pour personne. Ou : Nul-le ne doit penser pour autrui.
* Ajout. 10 juin 2015. Entendu une responsable d’association se présentant comme féministe parler d’« éduquer les jeunes à la responsabilisation » et de « donner des clés de compréhension en matière d’égalité hommes/femmes ». Que d’égotismes, de prétentions, de régressions…

Penser (Pétain Philippe) : (20 août) 1941. Philippe Pétain [1856-1951], auteur de :
« Je veux assurer à nos compatriotes le réconfort des certitudes éternelles. »

Penser. Penseurs / Penseuses :

Penser (Penseur / Penseuses) (1) : Peut être considéré comme tel/le, celui /celle qui, y compris bien sûr, opposé-e à vos propres pensées, vous permet de mieux le/la critiquer, tout en vous donnant les outils utiles, nécessaires à votre [auto]-critique. Nul-le n’est, tant s’en faut ! pour cela, besoin d’être [considéré-e comme] philosophe. À l’inverse, s’en prévaloir, délégitime d’emblée celui / celle qui se présente (ou qui accepte d’être présenté-e) comme tel-le.
- Laisser venir à soi les pensées des autres… (Cf. Êtres humains. Soi, « Science