lettres politiques
 Marie-Victoire Louis

Lettre à Emmanuelle Piet, Présidente du Collectif féministe contre le viol

date de rédaction : 25/03/2009
mise en ligne : 19/04/2009
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Paris, le 25 mars 2009

Emmanuelle Piet
Présidente
Collectif féministe contre le viol
9 villa Este 75013 PARIS

Par mail au CFCV et par lettre

Bonjour,

Suite à la mort de M. Gilbert Tordjman peu de temps avant l’ouverture de son procès, j’ai reçu, le 24 mars 2009 émanant du mail personnel d’Emmanuelle, un texte sans titre, non daté, du Collectif féministe contre le viol consacré à l’analyse faite par le CFCV des conséquences de ce décès.

Ce texte était présenté sur l’envoi du mail qui l’accompagnait comme un “communiqué de presse rédigé par les parties civiles suite à la réunion du 18 mars” qu’il était demandé de “diffuser”.

J'ai beaucoup de mal à comprendre, à la lecture de ce communiqué, comment, après le constat pour le moins accablant qui est fait de la justice concernant Tordjemann dans ce texte : [“41 femmes ont porté plainte pour des viols et des agressions sexuelles perpétrés durant 30 ans entre 1970 et 2000”, (seulement) “13 viols aggravés et 3 agressions sexuelles”] reconnus par la justice, et toujours pas de procès en mars 2009, l’homme étant par ailleurs en liberté lorsqu’il est décédé ;

ce texte puisse, en conclusion, se terminer par : "Pour beaucoup d’entre elles [ les victimes ] les faits étaient prescrits, mais aujourd’hui toutes savent que leur parole a été reçue, entendue, prise en compte par l’institution judiciaire.”

Je n’ai pas non plus compris en quoi le fait que les victimes et les parties civiles soient reçues par le Procureur Général le 31 mars puisse être considéré comme :"une avancée considérable dans la lutte des victimes pour être entendues et envisager une reconstruction.

Cette présentation des faits fut-elle partagée par toutes les victimes ?
Je ne peux le croire.

Pour ma part, je n’accepte pas l’analyse telle que présentée par le CFCV.

* Elle est un déni du réel.

* Elle cautionne le droit – incautionnable - existant en matière de viols et de violences sexuelles.

* Elle décharge l’institution judiciaire de sa gigantesque responsabilité dans ce (non) procès. Comme dans tant d’autres.

Je pense pour ma part que les multiples dénis de justice qui ont eu lieu exigent une dénonciation politique à la mesure de leur gravité.

Marie-Victoire Louis

PS. Lettre rédigée à la suite du (premier) mail adressé ce matin à Emmanuelle Piet et au Collectif féministe contre le viol. Compte tenu des conséquences politiques que cette analyse d’une association féministe ne peut qu’avoir concernant le traitement par la justice des victimes de viol, cette lettre est publique.


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