lettres politiques
 Marie-Victoire Louis

Mail à Françoise Laurent Présidente du MFPF

date de rédaction : 10/12/2002
mise en ligne : 18/10/2006 (texte déjà présent sur la version précédente du site)
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Courriel adressé à Françoise Laurent, présidente du MFPF
(Mouvement Français pour le Planning Familial)

10 décembre 2002

Madame,

J'avais pensé, lorsque nous nous sommes rencontrées le 22 novembre, que nous nous rencontrions peut-être, d'une manière ou d'une autre, à  nouveau concernant la question des violences masculines à l'encontre des  femmes ou de ce qu'il est convenu d'appeler "La prostitution".

Mais ce n'est pas de cela dont je souhaite vous faire part par ce mail : il s'agit de l'IVG et de la contraception. Voici pourquoi.

Je travaille depuis relativement longtemps sur la question des fondements de la domination masculine - ou, plus justement sans doute, du patriarcat - notamment par le dévoilement de leurs fondements dans les textes juridiques et /ou politiques.

La question de l'IVG m'intéresse donc à ce titre. Et ce d'autant plus que je considère qu'elle est - politiquement - indissociable des deux questions préalablement évoquées.

C'était donc, notamment, pour y voir plus clair sur l'articulation entre des trois "questions" que j'avais souhaité assister au colloque régional organisé par le MFPF, le 22 novembre, intitulé : "Liberté de choisir, un an de la nouvelle loi IVG - contraception, quelles avancées pour les femmes ? "

J'ai souvenir d'une présentation nettement positive de la teneur de la nouvelle loi du 4 juillet 2002. Je m'en étais, en mon for intérieur, étonnée, car je n'avais pas souvenir à la lecture de la presse qu'une révolution s'était produite en la matière. Mais n'étant pas "spécialiste", j'en étais restée là.
Une gêne avait néanmoins persisté.

C'est ainsi que, la semaine dernière, j'ai posé à Marie-France Casalis la question de savoir si - véritablement et sans limitation - l'IVG avait été dépénalisée par le gouvernement Jospin. Elle m'a alors répondu qu'elle m'adresserait copie d'une lettre d'un médecin membre du Planning qui traitait de cette question. Et que fort probablement, j'y trouverais réponse à ma question.

Et c'est ainsi que j'ai pu lire hier la lettre que Monsieur Jean-Pierre Dio avait adressé le 27 juillet 2002 à "Mesdames et Messieurs les administrateurs du MFPF". Restée sans réponse, d'après ce que j'ai appris.

Et j'ai alors compris conscience de la réalité de la situation juridique actuelle, à savoir que si l'article 223-11 avait disparu du code pénal, il existe toujours dans le code de la Santé publique (Article 14 de la loi).
La photocopie de ces deux textes jointe en annexe de la lettre de Monsieur Dio est à cet égard d'une clarté limpide. Ses arguments sont par ailleurs imparables, tout comme sa phrase : "Sortir du code pénal, ce n'est pas dépénaliser".

Mais la question que je me pose - et que je vous pose - est alors : Comment la critique de la loi du 4 juillet 2001 relative faite par Monsieur Jean-Pierre Dio n'a t-elle pas été abordée lors de ce colloque qui avait justement pour finalité de présenter les apports mais aussi les limites de cette loi ?

Et comment peut-on traiter de ses "dysfonctionnements" si l'analyse de ce texte ne prend pas en cause son article 14, bien entendu fondamental pour les droits des femmes, les médecins et les établissements d'hospitalisation.

Par ailleurs, la lecture du "Rapport [du Parlement européen A5-0223/222] sur la santé et les droits sexuels et génésiques", présenté par Geneviève Fraisse, joint au dossier de presse me donne aussi à penser qu'une lecture plus critique de la teneur de ce texte - qualifié par elle de "tout à fait excellent" - aurait dû avoir sa place.

Dans l'attente, veuillez agréer, Madame, l'expression de mes salutations féministes.


Marie-Victoire Louis

Copie à :
- Monsieur Jean-Pierre Dio
- Marie-France Casalis
- Geneviève Fraisse


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