Domination masculine. Patriarcat
 Marie-Victoire Louis

Mais il est où le patriarcat ?1

date de rédaction : 16/02/2008
date de publication : 16 Février 2008
mise en ligne : 16/02/2008
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Il est dans « Debout la France ! »
Il est dans la morale et dans l’immoralisme
Il est dans « Les Lumières » et leurs apologistes
Il est dans les Brèves de comptoir comme au CNRS
Il est dans la hauteur de l’évier et l’agencement des cuisines
Il est dans « Bonjour à tous », dans « Salut les filles » et dans Ave Cesar

Il est dans la laïcité, il est dans l’athéisme
Il est dans le denier du culte et la bonne du curé
Il est dans les petits matins calmes et les nuits agitées
Il est dans « Travailleurs, travailleuses. On vous exploite»
Il est dans les « frasques conjugales » et les « conflits de couple »
Il est dans « J’ai pensé qu’il valait mieux nous quitter sans un adieu »

Il est dans Delly, il est dans Tocqueville
Il est dans « Avale, ça te fera du bien ! »
Il est dans « L’auteur, sa vie, son œuvre »
Il est dans les vierges à l’enfant et les monuments aux morts
Il est dans « Il s’est marié » et dans « Elle est tombée enceinte »
Il est dans l’inconduite, dans l’inconvenance comme dans les bonnes manières

Il est dans « Prenez vos désirs pour des réalités »
Il est dans « Six malheureuses ont croisé sa route »
Il est dans les émotions vécues et ce qui tient lieu de plaisirs
Il est dans les présents que l’on fait et dans ceux que l’on reçoit
Il est dans « La poésie à travers les âges » et dans « La correspondance pour tous »
Il est dans un « fait-divers sordide », un « fait-divers sanglant », un « fait-divers » tout court

Il est dans l’ élégance des formes
Il est dans « Le profil des victimes »
Il est dans la natalité, il est dans l’eugénisme
Il est dans « Écoute-moi, petite, et laisse-toi faire »
Il est dans les Journaux intimes et les Mémoires de guerre
Il est dans « Le bonheur, c’est beaucoup de passions et les moyens de les satisfaire »

Il est dans « Ma tante, Charles Gide»
Il est dans les bras qui enserrent et la peur de mourir
Il est dans les foyers de jeunes filles et les bagnes d’enfants
Il est dans l’hystérie, il est dans la jouissance, il est dans l’impuissance
Il est dans l’humour potache, la politesse raffinée et la goujaterie mondaine
Il est dans « C’est à toi de choisir » et dans « On n’a jamais forcé personne »

Il est dans « Ni vu, ni connu, pas pris »
Il est dans le rose comme il est dans le bleu
Il est dans la pension de reconversion des veuves de mineurs
Il est dans les dentellières de Calais et la broderie au point de croix
Il est dans « Je le tuerai » et dans « Tu crèves de peur, gonzesse »
Il est dans « Je l’ai dans la peau » et dans « Tout le plaisir est pour moi »

Il est dans « Ils sont les maîtres des lieux »
Il est dans « La guerre doit nourrir ceux qui la font »
Il est dans les œuvres jamais nées et les supposés chefs d’oeuvre
Il est dans « Il m’a fait une bonne offre » et dans « J’ai su saisir ma chance »
Il est dans « Le viol de Lucrèce », dans ses représentations et dans ses exégèses
Il est dans l’enfant naturel, l’enfant adultérin, l’enfant légitime, l’enfant pour soi, l’enfant en soi

Il est dans « Les droits des pères »
Il est dans Back street et dans le dû de soi
Il est dans « Un drame paysan » et la mort de Mouchette
Il est dans « Maman, je t’aime » et dans le mépris du mélo
Il est dans «L’économie de marché » et dans « La pauvreté »
Il est dans les milliards de dollars des programmes contre le sida

Il est dans l’angoisse des règles attendues et la fin des espoirs
Il est dans l’exonération des charges des contrats à temps partiel
Il est dans la maladie, dans la folie, dans leur entre-deux et dans leur confusion
Il est dans la loi du milieu, dans les milieux d’affaires et dans les cages d’escaliers
Il est dans les critiques, les commentaires, les traductions et les notes de bas de pages
Il est dans la maîtresse laissée pour compte et sans bilan, assumant tout et s’excusant, luttant sans espoir et malgré tout

Il est dans  la « race » comme il est dans le « genre »
Il est dans « Pourquoi donc a t-elle ouvert sa porte ? »
Il est dans les classes sociales, dans le capital et dans le salariat
Il est dans « J’ai mon rimmel qui coule » et le syndrome d’échec
Il est dans le procès de Mata Hari, après avoirévoqué tous les autres
Il est dans le linge sali, lavé, repassé, rangé et les cernes sous les yeux

Il est dans « C’est par où la sortie ? »
Il est dans « Le sexe » et « La sexualité »
Il est dans « Pousse toi de là que je m’y mette »
Il est dans « L’homme n’est pas l’ennemi à abattre »
Il est dans « Cher client » et dans « Fières d’être putes »
Il est dans « Les noirs étaient vendus, les blanches se vendent ou plutôt se louent librement »

Il est dans « Le sexisme »
Il est dans la mixité comme dans le séparatisme
Il est dans la nudité des corps et dans la mise à nu des êtres
Il est dans « De gré ou de force » et dans « Elle se débrouille »
Il est dans « Les droits des femmes » et dans « Vous passerez dans mon bureau »
Il est dans « La perfection d’un tout consiste dans le bel ordonnancement des parties »

Il est dans le suffrage universel et dans la parité
Il est dans le droit d’aînesse et dans la loi salique
Il est dans « Mais où est donc passé Léon Richer ? »
Il est dans les codes de procédure, il est dans la république et la démocratie
Il est dans « La loi est la même pour tous » et dans « C’est sa parole contre la mienne »
Il est dans « L'exercice des droits civils est indépendant de l'exercice des droits politiques »

Il est dans Monsieur Verdoux
Il est dans « La féminisation de la magistrature »
Il est dans les amants peu discrets de Simone De Beauvoir
Il est dans « Dix millions d'euros contre les violences faites aux femmes »
Il est dans l’être utilité, fonction, marchepied, faire-valoir, orifice, tiroir-caisse
Il est dans les mèches de cheveux qui dépassent, conduisent au cachot et le silence des États

Il est dans « Et moi, et moi et moi ? »
Il est dans l’« Enfer » de la Bibliothèque Nationale
Il est dans « Elle n’est pas du genre à se plaindre »
Il est dans les injures à deux balles et les chanteurs pour dames
Il est dans  « Mais, qu’est ce qu’elles veulent ? » « Où sont les femmes ? », « Femme, y es-tu ? »
Il est dans l’ égalité des chances, les discriminations, les minorités visibles et dans le métissage

Il est dans les églises, les synagogues, les temples et les mosquées
Il est dans les « électeurs mécontents » et la « ménagère de moins de 50 ans »
Il est dans « la domination masculine » entendue comme sous-produit du « système capitaliste »
Il est dans « L’ordre public » et dans : « Chacun a droit au respect de sa vie privée » (Article 9 du code civil)
Il est dans le colonialisme et dans l’anti-colonialisme, dans l’impérialisme et dans l’anti-impérialisme
Il est dans les partis, à la LCR, au PC, au PS, chez les Verts, au MODEM, à l’UMP et au Front National

Il est dans les symboles, les choses de l’esprit et les vérités premières
Il est dans les us et coutumes, les croyances, les dogmes, les cultes et les rites
Il est dans l’ordre, l'autorité, le mérite, la discipline et toutes leurs transgressions
Il est dans la norme, la règle, la (juste) ligne, la mesure et tous leurs dépassements
Il est dans les critères de l’estime, les normes du respect, les exigences de l’hommage

Il est dans la liberté, il est dans la contrainte
Il est dans le prix des choses et la valeur des êtres  
Il est dans le pouvoir et dans la volonté de puissance
Il est dans la parole du peuple et le jugement des siècles

Il est dans « Les mots pour le dire »

Il crève les yeux
Il est invisible

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Notes de bas de page

1 Ce texte se substitue à celui paru, sous le même titre, le 24 août 2007


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