Marie-Victoire Louis

Justice

Extrait de l’Abécédaire féministe

date de rédaction : 10/01/2024
date de publication : 10 janvier 2024
mise en ligne : 10/01/2024
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À la recherche du patriarcat…

L’abécédaire féministe, profondément revu, comporte dorénavant 22.780 items et 23 rubriques : I. Culture (1006) ; II. Droit (419) ; III. Êtres humains (1220) ; IV. Corps (553) ; V. Enfants (309) ; VI. Femmes (3263) ; VII. Hommes (1487) ; VIII. Relations entre êtres humains (931) ; IX. Famille (585) ; X. Féminisme (470) ; XI. Justice (983) ; XII. Langage (1059) ; XIII. Patriarcat (777) ; XIV Penser (1563) ; XV. Politique (2427) ; XVI. Pornographie (172) ; XVII. Proxénétisme (470) ; XVIII. « Sciences » sociales (709) ; XIX. Démographie (36) ; XX. Économie (1067) ; XXI. Histoire (876) ; XXII. Sexes [Sexualité, Sexisme…] (284) ; XXIII. Violences (652) … et continuera d’évoluer.
* Ajout. 11 juillet 2023. XXIV. Dialogues (1462)
10 janvier 2024

En complément. Cf. Droit :

http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1215&themeid=990

XI. Justice

En noir. Items ‘nouveaux’ (et modifiés)

I. Justice : Justice (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76) ; Par ordre alphabétique Justice (Abattage d’) (1, 2, 3) ; Justice (Abdallah George Ibrahim) ; Justice (Adama Traoré) ; Justice (ADN) ; Justice (Ancien régime) (1, 2) ; Justice (Aron Raymond) ; Justice (« Arrestation arbitraire ») ; Justice (Audiard Michel) ; Justice (« Autopsie d’un meurtre ») ; Justice (« Autorité de la chose jugée ») (1) Par ordre chronologique (1) ; Justice (Aveu) (1, 2, 3, 4, 5, 6) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13) ; Justice (Badinter Robert) ; Justice (Bagne) ; Justice (« Balance ton porc ») ; Justice (Balzac Honoré de) (1, 2) ; Justice (Beccaria Cesare) (1, 2, 3) ; Justice (Beccuau Laure) ; Justice (Belloubet Nicole) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Justice (Berberova Nina) ; Justice (Berdiaev Nicola) ; Justice (Berl Emmanuel) ; Justice (Bernanos Gorges) (1, 2) ; Justice (Bernard Lazare) ; Justice (« Doute profite à l’accusé Le ») ; Justice (Dumas Roland) (1, 2) ; Justice (Bruno Giordano) ; Justice (Camus Albert) (1, 2, 3, 4) ; Justice (Clémenceau Georges) ; Justice (Coloniale) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Justice (Collomb Gérard) ; Justice (Commentaire d’une décision de) ; Justice (Commission vérité et réconciliation. Afrique du Sud) ; Justice (« Commune de Paris La ») ; Justice (Comparution immédiate) ; Justice (Compensations financières) ; Justice (« Compétence universelle ») ; Justice (Complice) ; Justice (Condamnations) (1) Par ordre chronologique (1, 2) ; Justice (Condamnations injustes) (1, 2) ; Justice (Confiance) (1, 2) ; Justice (Contradictoire) ; Justice (Conscience) ; Justice (Coronavirus) ; Justice (Coupable) ; Justice « Coupable ou non coupable ? » ; Justice (Cour européenne des droits de l’homme) ; Justice (Cour pénale internationale) ; Justice (Cour suprême Indienne) (1, 2) ; Justice (« Crainte révérencielle ») ; Justice (« Crime passionnel ») (1, 2, 3) ; Justice (Critique) ; Justice (Critiques féministes) ; Justice (Dallest Jacques) ; Justice (Darmanin Gérald) ; Justice (Déclaration à la police, à la gendarmerie) (1, 2, 3) ; Justice (Defert Daniel) ; Justice (De Gaulle Charles) (1, 2) ; Justice (Délais) ; Justice (Délinquance) ; Justice (Démocratie) (1, 2) ; Justice (Détention préventive) (1) Par ordre chronologique (1) ; Justice (des enfants) ; Justice (des hommes) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Justice (Dickens Charles) (1, 2) ; Justice (Diderot Denis) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Justice (Diffamation. Plainte en) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Justice (« Disfonctionnement ») (1, 2) ; Justice (« Distributive ») ; Justice (Dossiers définitivement classés) ; Justice (« Dossiers non traités ») ; Justice (Dreyfus Alfred) ; Justice (Droit) ; Justice (Dupond-Moretti Éric. Ministre) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19) ; Justice (Edhem Eldem) ; Justice (Eliot George) (1, 2) ; Justice (Enfant) (1, 2) ; Justice (Enquêtes) ; Justice (État) (1) Par ordre chronologique (1, 2) ; Justice (Expédients juridiques) ; Justice (Expertise) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Justice (« Exposés d’amertume ») ; Justice (Fait) ; Justice (Fait. Amnesty International) ; Justice (Famille) ; Justice (Foucault Michel) ; Justice (Féministe) (1, 2, 3) ; Justice (Féodale) ; Justice (Fielding Henry) (1, 2) ; Justice (Fillon François) ; Justice (« Flux ») ; Justice (Fonction) (1, 2) ; Justice (Fusible) ; Justice (Gabin Jean) ; Justice (Gandhi) ; Justice (Galanterie) ; Justice (Genet Jean) ; Justice (Gibau Stéphanie) ; Justice (Gibran Khalil) (1, 2) ; Justice (Gide André) ; Justice (« Gilets jaunes ») Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Justice (Goldman Emma) ; Justice (Goncourt Edmond et Jules de) (1, 2) ; Justice (Grâce) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Justice (Gratuite) (1) Par ordre chronologique (1, 2) ; Justice (Guerre) ; Justice (« Guillemets ») ; Justice (Heanel Adèle) (1, 2, 3) ; Justice (Hobbes Thomas) (1, 2) ; Justice (Honneur) ; Justice (Houellebecq Michel) ; Justice (Hugo Victor) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Justice (Imprescriptibilité des crimes en matière de violences à personne) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Justice (Impunité) (1) Par ordre chronologique (1) ; Justice (Indépendance) (1, 2) ; Justice (« Indicateurs ») ; Justice (Inhumaine) ; Justice (Instruction) (1) Par ordre chronologique (1) ; Justice (Intentionnalité) (1, 2, 3) ; Justice (Internationale) ; Justice (Interrogatoire) ; Justice (Inquisition) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Justice (Journaliste) ; Justice (Juger) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Justice (Juger. Bernanos Georges) ; Justice (Jurer de dire la vérité) (1) Par ordre chronologique (1) ; Justice (Juricentrisme) ; Justice (Juristes) ; Justice (Kafka Franz) ; Justice (Korczak Janusz) ; Justice (La Bruyère Jean de) (1, 2, 3, 4, 5) ; Justice (« La cour ! Veuillez-vous lever ! ») ; Justice (Lafarge Marie) ; Justice (La Fontaine Jean de) ; Justice (Langue) ; Justice (Leclerc Annie) ; Justice (Leclerc Félix) ; Justice (Lecomte Mademoiselle) ; Justice (Légitime défense) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9) ; Justice Par ordre chronologique (Légitime défense) (1) ; Justice (Leibniz) (1, 2) ; Justice (Leiris Michel) ; Justice (Le Maire Bruno) ; Justice (Lenteur) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Justice (Lettres de cachet) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Justice (Loi du talion) (1, 2) ; Justice (Lévy Yldune) ; Justice (Lycéennes Mexicaines) ; Justice (Macron Emmanuel) ; Justice (Mais comment faire autrement ? ) ; Justice (Malatesta Errico) ; Justice (Mali. 2017) ; Justice (Manzoni Alessandro) (1, 2, 3) ; Justice (Marat Jean-Paul) ; Justice (Matelas) ; Justice (Mauriac Claude) ; Justice (Mémoire) ; Justice (Mill Stuart) ; Justice (Ministère de la guerre) ; Justice (Ministre de la justice) ; Justice (Modi Narendra) ; Justice (Monde Le) (1, 2) ; Justice (Montesquieu) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Justice (Morale) ; Justice (More Thomas) ; Justice (Motivation des ‘arrêts’) (1, 2) ; Justice (Moyens) (1, 2) ; Justice (Muller Sandra) ; Justice (Napoléon) ; Justice (Nazie) ; Justice (Netanyahou Benjamin) (1, 2, 3) ; Justice (« Nique la Justice ») ; Justice (Nietzsche Friedrich) ; Justice (Non-lieu) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Justice (« Nous toutes ») ; Justice (Obama Barak) ; Justice (Orban Viktor) ; Justice (« Obéir à l’autorité ») ; Justice (« Oui » ou « Non ») ; Justice (Pareto Vilfrado) ; Justice (Pardon) ; Justice (Pardon…regrets…excuses) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3) ; Justice (Parlements d’Ancien Régime) ; Justice (« Parole contre parole ») (1, 2) ; Justice (Pascal Blaise) (1, 2) ; Justice (Passion) ; Justice (Pauliat Louis) ; Justice (Payante) (1, 2, 3) Par ordre chronologique (1) ; Justice (Pécresse Valérie) (1, 2) ; Justice (Peine) (1, 2) ; Justice (Peine de mort) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Justice (« Pétainistes ») ; Justice (Plaider coupable) (1, 2) ; Justice (Platon) ; Justice (Polanski Roman) (1, 2) ; Justice (Police) (1, 2, 3) ; Justice (Politique) ; Justice (Politique pénale) ; Justice (Populaire) (1, 2, 3) ; Justice (Pottecher Frédéric) ; Justice (« Pourquoi lui et pas un autre ? ») ; Justice (Prescription) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Justice (Président du tribunal) ; Justice (Présomption d’innocence) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Justice (Présomption de vérité) ; Justice (Prévenu-e) (1, 2) ; Justice (Prison) ; Justice (Procédures) (1, 2) ; Justice (Procès de Nuremberg) ; Justice (« Provocation ») ; Justice (Proxénète) ; Justice (Proxénétisme) ; Justice (« Proximité ») ; Justice (Psychiatrie) ; Justice (Publicité des débats. France) (1, 2, 3) ; Justice (Rapidité) ; Justice (Ravachol) ; Justice (Récidive) ; Justice (« Relative ») ; Justice (Relaxe) ; Justice (« Rendre la pareille ») ; Justice (« Restaurative », « Réparatrice ») (1, 2, 3, 4) ; Justice (« Retardée ») (1, 2) ; Justice (« Retenues à la disposition du cabinet de M. le Préfet ») ; Justice (Robert Denis) ; Justice (Rojava. 2017) ; Justice (Rousseau Jean-Jacques) (1, 2, 3, 4) ; Justice (Roy Arundhati) ; Justice (Rumeurs) (1, 2, 3) ; Justice (Rupture. Procès de) ; Justice (Russie. 2004) ; Justice (« Sabotage judiciaire ») ; Justice (Sade) ; Justice (Sand George) ; Justice (« Sans autre forme de procès ») ; Justice (Schiappa Marlène) (1, 2) ; Justice (Saisie) ; Justice (Ségur comtesse de) (1, 2) ; Justice (Smith Adam) ; Justice (Soral Alain) ; Justice (Sorcières) (1, 2) ; Justice (Statut du lanceur d’alerte) ; Justice (Suicide, décès après assassinat) (1, 2) ; Justice (Souvenir); (Syndicat de la magistrature) (1, 2) ; Justice (Székely János) (1, 2) ; Justice (Tapie Bernard) ; Justice (Tchékhov Anton) (1, 2, 3, 4) ; Justice (Témoins) (1) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Justice (Tolstoï Léon) (1, 2, 3, 4, 5) ; Justice (Terkel Studs) ; Justice (Transaction) ; Justice (Transactionnelle) ; Justice (Transparence) ; Justice (« Travaux forcés ») ; Justice (Tribunal) ; Justice (« Tribunal médiatique ») ; Justice (Trump Donald) (1, 2) ; Justice (Van Ruymbeke Renaud) (1, 2) ; Justice (Vécu féministe) ; Justice (Vian Boris) ; Justice (Vice de procédure) (1, 2) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Justice (Victime) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4) ; Justice (« Vindicte ») ; Justice (Voltaire) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22) ; Justice (Weinstein Harvey) ; Justice (Yourcenar Marguerite) ; Justice (Zay Jean) ; Justice (Zimeray François) ; Justice (Zola Émile) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11) ; (649)

II. Justice (Avocat-es) : Justice (Avocat-e) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13) ; Par ordre alphabétique Avocats (Badinter Robert [et Lemaire Philippe]) ; Avocat (Beaumarchais) ; Avocat (Beaumont Élie de) ; Avocat (Bentham Jeremy) ; Avocat (Clémenceau Georges) ; Avocat-es (Commis d’office) ; Avocat (Comte Antoine) ; Avocate (Dati Rachida) ; Avocat (De Castelnau Régis) ; Avocat (Demange Edgard) ; Avocat (Dershowitz Alan) ; Avocat (Diderot Denis) : Avocat (Dupond-Moretti Éric) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5) ; Avocats (Epstein Jeffrey) ; Avocats (Fielding Henry) ; Avocat (Gandhi) (1, 2) ; Avocate (Gérard Nicole) ; Avocats (Goldoni Carlo) ; Avocats (Goldman Emma) ; Avocate (Goldmann Annie) ; Avocate (Halimi Gisèle) ; Avocate (Kennedy Florynce) ; Avocat (Labori Fernand) (1, 2, 3) ; Avocat (Lacenaire Pierre-François) ; Avocat (Leclerc Henri) ; Avocat (Lessing Doris) ; Avocat (Lévy Thierry) (1, 2, 3) ; Avocat (Liénard Jean-Yves) ; Avocat (Mandela Nelson) ; Avocat (Mann Thomas) ; Avocat (Mariette Pierre) (1, 2) ; Avocat (Mitterrand François) ; Avocat (Morain Éric) ; Avocat (Navacelle Stéphane de) ; Avocate (Netter Yvonne) ; Avocats (Perraut Gilles) ; Avocat (Roux Marius) ; Avocat (Russo Éric) ; Avocats (Sénèque) ; Avocat (Serment) (1, 2) ; Avocat (Temime Hervé) (1, 2) ; Avocat (Thackeray William Makepeace) ; Avocat (Tolstoï Léon) ; Avocat (Varenne Alexandre) ; Avocat (Weinglass Loeonard I.) ; Avocat (« Un crime ») ; Avocat (Voltaire) (1, 2, 3, 4, 5) ; (76)

III. Justice (Classements sans suite) : (1) Par ordre chronologique 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 ; (13)

IV. Justice (Juges) : Justice (Juges) (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11) Par ordre alphabétique Juges (« Affaire Calas ») (1, 2) ; Juges (Anti mafia) ; Juges (Bloudov Dmitri Nikolaïevitch) ; Juges (Créteil) ; Juges (Critique anarchiste) ; Juges (Le Figaro) ; Juges (Garapon Antoine) (1, 2) ; Juges (Garisson Jim) ; Juges (Genet Jean) (1, 2) ; Juges (France. 1790) ; Juges (France. 1939-1945) ; Juges (France. 1999) ; Juges (Halphen Éric) (1, 2) ; Juges (Hugo Victor) ; Juges (Lambert Jean-Michel) ; Juges (Jouvenel Robert de) ; Juges (Ligue des droits de l’homme) ; Juges (Macdonald Langstaff Annie) ; Juges (Michel Louise) ; Juges (militaires) ; Juges (Mill Stuart) ; Juges (Mirabeau) ; Juges (Netter Yvonne) ; Juges (Pareto Vilfredo) ; Juges (Rosenczveig Jean-Pierre) ; Juges (Salomon) ; Juges (Sand George) ; Juges (Sénèque) ; Juges (Séverine) ; Juges (soviétiques) (1, 2) ; Juges (Tolstoï Léon) ; Juges (Van Ruymbeke Renaud) ; Juges (Voltaire) (1, 2, 3, 4) ; Juges (Zay Jean) ; (60)

V. Justice (Jury) : Jury (1, 2, 3, 4, 5) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35) ; (40)

VI. Justice (Patriarcale) : (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 ; (24)

VII. Justice (Preuves) : Preuves (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13) ; (29)

VIII. Justice (Procès) : Procès (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16) ; Par ordre alphabétique Procès (Associations féministes) ; Procès (Besnard Marie) ; Procès (Bobigny) ; Procès (Bouhired Djamila) ; Procès (Brion Hélène) ; Procès (Caillaux Henriette) ; Procès (Choiseul-Praslin. Duchesse de) ; Procès. (Clereaux Marie) ; Procès (Doise Rosalie) ; Procès (Dreyfus Alfred) (1, 2, 3, 4, 5, 6) ; Procès (Garcia Inès) ; Procès (Gibson Violet) ; Procès (Genlis Félicité de) ; Procès (Hamon Hervé) ; Procès (Hartevelt Renée) ; Procès (Hugo Victor) ; Procès (Huriez Yvonne) ; Procès (« Infâme ») ; Procès (Jacqueline Sauvage. Juger la justice) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21) ; Procès (Jaurès Louise) ; Knobelspiess (Roger) ; Procès (Juges) ; Procès (Lemoyne Victoire et sa fille Angelina) ; Procès (Louis Édouard) ; Procès (Luçon Marie) ; Procès (Mandela Nelson) ; Procès (Marie-Antoinette) ; Procès (Mata Hari) ; Procès (Michel Louise) ; Procès (Nozière Violette) (1, 2) ; Procès (Pinar Selek) (1, 2, 3, 4) ; Procès (« Politique ») ; Procès (Saddam Hussein) ; Procès (Salmon Marie) ; Procès (Sand George) (1, 2) ; Procès (Scottsborough) ; Procès (Socrate) ; Procès (Sorcières) ; Procès (Stavisky Alexandre) ; Procès (Steinheil Marguerite) ; Procès (Tolstoï Léon) ; Procès (Toscan du Plantier Sophie) Par ordre chronologique (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ; Procès (Vergès Jacques) (1, 2, 3) ; Procès (Vidal Henri) ; Procès (Voltaire) ; Procès (Zay Jean) ; Procès (Zola Émile) ; (92)

10 janvier 2024 : 983 items

I. Justice :

Justice :

Justice (1) : La justice est fondée sur deux mythes : « Elle dit le droit » et : « Elle applique la loi ». Un troisième : « Elle est juste » n’a plus le statut de mythe depuis longtemps.
N.B. Après avoir vu : Justice pour tous de Norman Jewison, avec Al Pacino. 1979

Justice (2) : Que le terme - que son emploi légitime - recouvre nécessairement une idée relative arbitraire, variable, dépendante ne doit pas en invalider l’éternelle recherche.

Justice (3) : Pour exiger justice, il faut défendre une autre justice que celle des juges, des avocat-es, que celle du droit. Et en expliciter les fondements.

Justice (4) : La pensée, le jugement du juste / de l’injuste doit être coupée de l’institution qui s’en prévaut.

Justice (5) : Après participation à deux procès récents - celui de Chantal Clos et de Jacqueline Sauvage - il m’est apparu aveuglant que si les femmes jugées l’avaient été en dehors de toute justice institutionnelle, protégées de toute référence au droit, elles auraient été tout autrement jugées. Et, selon mes valeurs, non seulement libérées mais, en sus, avec des excuses et des compensations financières, grossières traductions des réparations auxquelles elles avaient, pour moi, droit.

Justice (6) : Il n’est pas de « condamnations injustes » ; il est des condamnations - considérées par certain-es comme ‘justes’ - décidées par une justice injuste.
Il faut rendre à César ce qui lui appartient. Et, pour ce faire, il faut nommer César.
- Vaut aussi pour l’abstention de la justice à intervenir… (Cf. Justice. Condamnations)

Justice (7) : Le concept de justice, d’injustice, a été fondé à l’aune des décisions de justice en faveur ou à l’encontre des personnes ayant été jugées par elle. Si l’on élargit ledit concept à toutes les personnes, à toutes les victimes - des femmes essentiellement du fait du droit patriarcal - qui ne sont pas même parvenues à son seuil - alors c’est une révolution du regard qui est à l’œuvre.

Justice (8) : Le drame de la justice, c’est son injustice. Elle est, dans son principe, comme dans son mode de fonctionnement, indéfendable.
Et les arguments - souvent des autojustifications de leurs fonctions - des « grands avocats de la défense » - les derniers à la défendre ? - ne plaident pas en sa faveur.

Justice (9) : Pour fonder la distinction entre le juste et l’injuste, il faut nécessairement se référer à une morale.

Justice (10) : La justice, ce n’est pas attendre de l’autre le comportement que vous estimez devoir prendre. La justice exclut toute réciprocité.

Justice (11) : Se défendre indépendamment de toute référence au droit, selon les principes de sa conscience ; refuser de se justifier, défendre son bon droit.

Justice (12) : Lorsque les victimes dénoncent nommément une personne, preuves à l’appui, à quoi sert la justice ? Ou plutôt : Pour mieux interroger la fonction que joue dans l‘État, la justice, réfléchir sur les raisons pour lesquelles la justice avec tant d’opiniâtreté, de vigueur, de persévérance - et tant d’assurance - refuse si souvent et si mal d’entendre les victimes, a fortiori lorsqu’elles lui fournissent en sus les preuves de leur évident statut de victime. Et ce, au vu et au su de chacun-e, au déni d’un réel qui éclate aux yeux même d’un enfant de six ans.

Justice (13) : Les accords dits « à l’amiable » sont-ils plus [in]justes que les accords résolus après reconnaissance d’un conflit ? Les accords négociés entre co-contractant-es sont-ils plus [in] justes que les accords impliquant une médiation ? Questions bien abstraites, mais…ce qui me semble le plus [in]juste sont les accords qui ne sont pas même posés préalablement comme devant être considérés comme tels ?

Justice (14) : ‘Avant’ l’on disait, en critique de la justice :
« Pour un sauvé par elle, il y en a 100 qui vont en prison ». Aujourd’hui l’on dit :
« Pour un jugé par elle, il y en a cent qui sont en liberté. »

Justice (15) : Dans un monde clos - structuré sans échappatoire possible par la violence de la multiplicité des rapports de domination qui se surajoutent les uns aux autres - la justice n’existe pas ; tout juste, à peine, une idée, un vague espoir, dépourvu de crédibilité.
Il ne reste que la vengeance, la mort, la fuite, la promotion en son sein.
N.B. Après avoir vu : Pellé le conquérant. Bille August. 1987

Justice (16) : Employer, lorsque de besoin, l’expression d’« institution judiciaire » au lieu et place de « Justice ».

Justice (17) : Entre le fort et le faible, a fortiori entre le fort et la faible, si le fort gagne, c’est tout simplement, d’abord et avant tout, parce qu’il est le plus fort. Tous les arguments employés depuis des siècles pour occulter, relativiser, détourner, nuancer cette réalité, doivent être revus à cette aune.

Justice (18) : Pourquoi la justice ne peut-elle être juste ? Parce qu’elle juge.

Justice (19) : Transférer à la justice - qu’il s’agisse de la Cour Pénale internationale à la « justice d’abattage » qui juge en cinq minutes… - la responsabilité de juger des questions qui ne sont que politiques est une lâcheté, bien fonctionnelle, des États. Plus encore, ce transfert ne peut être qu’opposé à toute idée de justice du seul fait que la justice individualise la faute, le crime et décide de la peine, alors que la responsabilité est nécessairement multiple, multiforme, complexe, contradictoire.
De fait, les seuls bénéficiaires de cette fonction assignée à la justice sont les États.
N.B. La pensée de la séparation des pouvoirs, depuis Montesquieu [1689-1755], a pour résultat d’évacuer cette analyse.

Justice (20) : Pour une justice plus juste : distinguer ce qui relève du déni (formel) de justice du jugement - qui incombe à la justice - concernant la culpabilité, la responsabilité etc….

Justice (21) : Il n’y a que ceux - rarement celles - qui s’estiment, se considèrent comme en deçà, au-delà de la loi qui, rarement, poursuivis par la justice, revendiquent vouloir n’être jugés ni au-dessus ni au-dessous de la loi.
Les autres, tous les autres la subissent.
Et bien peu en critiquent les fondements.

Justice (22) : Critiquer l’absence d’indépendance de la justice, c’est supposer qu’elle puisse l’être.

Justice (23) : Quelle place la justice accorde-t-elle à la morale individuelle ? Dans les meilleurs et très rares cas, la possibilité de l’exprimer publiquement. À ses risque et périls : la justice n’aime pas être prise en défaut.

Justice (24) : La justice est une machine à condamner, comme une machine à blanchir. Ceux / celles qui croient au premier début de la phrase oublie en règle générale sa fin. Et vice-versa.

Justice (25) : Que l’on puisse faire appel d’un jugement ne rend pas pour autant justice - ou injustice - au premier.

Justice (26) : Et si au lieu de juger un acte - dont il est difficile même de penser qu’il puisse juger d’une personne - et, éventuellement, le resituer dans son contexte, dans la vie de son auteur-e, on inversait les critères de jugement ? Quels bouleversements…

Justice (27) : Lu : « Justice : mot inventé par les riches pour rassurer les pauvres. » (Proverbe anarchiste). Analyse aisément généralisable.

Justice (28) : Les juges - au sens large de ceux et celles qui participent à la mise en œuvre quotidienne du droit - disposant d’emblée de l’autorité que leur confère les instances politiques dont ils / elles ressortissent n’ont ni à s’expliquer, ni à se justifier, ni à démontrer, n’ont donc pas à s’interroger sur la fonction politique qu’ils/ elles jouent. Tout au plus peuvent -ils/elles être contesté-es par une autre instance propre à l’institution.
Jusqu’au jour où ce dont ils / elles ont jugé est - politiquement - contesté ce qu’elle était d’emblée.

Justice (29) : L’autorité, c’est à dire l’arbitraire, est la première réponse à la demande de justice, parce qu’elle est la première menace au dévoilement de l’injustice qui fondent les sociétés.

Justice (30) : Ce n’est pas seulement l’avocat-e qui « fait écran » entre le / la justiciable et le / la juge, c’est l’institution « Justice ».

Justice (31) : La capacité de transformer un-e coupable en victime et une victime en coupable dépend des rapports de force en présence. La maturation est lente (souvent plusieurs siècles), mais l’inversion provoque souvent des conséquences très rapides.

Justice (32) : Chaque fois que l’institution justice traite mal une femme qui dénonce des violences patriarcales - c’est à dire de façon inappropriée par rapport à ce qu’elle vit, cherche à dénoncer, faire cesser, à obtenir réparation - c’est à dire tout le temps -, elle perpétue le patriarcat et son cortège des violences.

Justice (33) : La justice juge le peuple, alors que c’est au peuple de juger la justice.

Justice (34) : Et si la première injustice de l’institution Justice, notamment lors de procès, était que celle-ci connait les règles du jeu, les maitrise, les infléchisse, les adapte, les modifie, les malmène, les violente à son gré, en fonction des circonstances, alors que les justicier-ères en ignorent en règle générale tout et sont jeté-es dans le formalisme de son impressionnant cérémonial comme un chien dans un jeu de quilles.

Justice (35) : Si l’institution Justice re-connaissait l’injustice de la société quelle est censée rendre plus juste, elle n’aurait plus de raison d’être.

Justice (36) : Ni la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église [CIASE], ni la commission indépendante des États généraux de la justice - les deux étant, curieusement ou plutôt significativement, présidées par Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du conseil d’état - ni la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants [CIIVISE], présidée par Édouard Durand, ancien juge pour enfant et enseignant à l’école de la magistrature, ne remettent en cause ni la justice, ni le patriarcat.
La « culture de la protection », « l’écoute, la crédibilité, la libération de la parole deviennent de plus en plus clairement une caution de l’existant institutionnel. (Cf. Violences)

Justice (37) : Elles / ils ont été violé-es. Par quels processus est-on passé-es pour qu’il faille tant de temps, d’aléas, d’argent, de drames, d’intermédiaires, de risques, de mensonges, d’injustices, d’exigences le plus souvent sans rapport avec eux, pour que ces viols soient reconnus ? (Cf. Violences)

Justice (38) : C’est dans le lien entre la Justice et l’État que réside son péché originel. Au même titre que la Justice s‘est libérée de ses rapports avec dieu, avec la religion, elle doit se libérer de la pensée de l’État.

Justice (39) : Article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme [10 décembre 1948] :
« Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Mais la prison n’est-elle pas, en elle-même, « un traitement cruel, inhumain et dégradant » ? (Cf. Politique. Prison)

Justice (40) : La pensée de la justice fut fondée selon le principe suivant lequel il faut « protéger l’accusé contre les abus du pouvoir judiciaire ». Or, ce que les dénonciations judicaires des femmes contre les violences des hommes à leur encontre ont révélé, c’est une toute autre conception de la justice. Les femmes en effet demandant justice alors que le droit, la justice ont été pensées, sans elles, contre elles ; dès lors tous leurs fondements, leurs principes, leurs valeurs, leurs jurisprudences volent en éclat. Et ce qui étaient jugé depuis des siècles comme progressiste apparait dorénavant comme l’outil, l’arme que le patriarcat leur oppose.

Justice (41) : Juger en fonction de l’intentionnalité de l’auteur du crime ou en fonction des conséquences de son crime sur la société est également erroné. (Poursuivre)

Justice (42) : La justice n’a pas pour fonction de nettoyer les écuries d’Augias.

Justice (43) : On ne peut pas juger une institution, encore moins un système, alors on juge ses victimes, ses gêneurs, ses otages, ses critiques, ses hommes-de-main, ses exécuteurs de basse-œuvres, rarement ses responsables… sauf, lorsque nécessaire pour en sauver la permanence.

Justice (44) : Le simple fait, la seule réalité qu’une institution nommée « Justice » - ses nombreuses expressions incluses - existe et puisse être légitimement, justement, évidemment considérée comme devant être seule en charge de ‘rendre la justice‘, de la dire, de l’incarner, de l’exprimer a pour principale conséquence - et c’est la plus grave - est de décharger chacun-e d’entre nous de s’en sentir responsable. Et de l’être. Ce qui devrait être.

Justice (45) : La justice part du crime et reconstitue la vie qui est censée en être à l’origine. C’est le processus inverse qu’il faudrait mener à bien.

Justice (46) : Comment croire à la justice, quand le pouvoir qui vous juge n’offre aucune garantie d’honnêteté, de transparence ?

Justice (47) : Il faut juger la justice : c’est ce qui peut lui arriver de plus positif.

Justice (48) : Combien de décisions de justice (sans oublier les classements sans suite) se sont-elles closes par : « Je dois maintenant accepter l’inacceptable » ? En tout état de cause, sûrement infiniment plus nombreuses que celles commentées par : « J’ai obtenu justice. »

Justice (49) : La peine ne contribue-t-elle pas à effacer le sentiment de la culpabilité et l’idée même d’une justice ? Et, pourquoi se reconnaitre coupable puisque d’autres - en qui l’on n’a pas, l’on ne fait pas confiance en sus - l’on fait à votre place ?

Justice (50) : La justice peut juger de manière satisfaisante, mais elle peut aussi ne pas juger, mal juger, juger injustement, juger trop tard, juger et ne pas condamner, condamner mais ne pas faire appliquer la condamnation… (Poursuivre) (Cf. Justice. Condamnations)

Justice (51) : Il est une question que la justice ne peut pas se poser : celle de la relation entre le jugement qu’elle rend - ou pas - et celle des conséquences de la condamnation. (Poursuivre) (Cf. Justice. Condamnations)

Justice (52) : Un-e justiciable - supposé-e accusé-e et / ou victime plaignante - ne maîtrise aucune des règles du jeu qui se joue, qui est joué devant lui : comment ne peut-il / elle ne penser qu’elle est jouée contre lui / elle ?
Mais qui les maitrise ? Les avocat-es : si peu ; les juges : pas beaucoup plus ; les juré-es : pas du tout. Alors ?

Justice (53) : La peur du pouvoir de la loi fonde le pouvoir de la justice. (Cf. Politique. Loi)

Justice (54) : Condamner les hommes violents n’empêche pas les violences d’avoir existé, ceux-ci de les avoir exercées, les victimes de les avoir subies, vécues. Et leurs causes et conséquences de se prolonger. (Cf. Violences)

Justice (55) : Un présumé coupable risque sa perte de liberté, sa vie, décidée par des juges qui eux / elles ne risquent rien.

Justice (56) : Pourquoi ne parle-t-on jamais de la transparence de la justice, dont quelques rarissimes procès filmés ne font que rendre l’opacité plus flagrante : il y a tant et tant à cacher.

Justice (57) : Que fait la justice de cette aveuglante évidence : à savoir que les victimes n’ont pas grand-chose à cacher, et que ce qu’elles cachent correspond souvent aux normes que la société leur impose et dont elles craignent, à juste titre, qu’il leur en soit tenue rigueur, tandis que ceux qu’elles accusent ont, eux, tout intérêt à dissimuler, à travestir leurs agissements, bref, à mentir et que le droit, la justice ont un long passé de complices à leur égard ? Rien ou si peu. Dès lors que vaut ses jugements ?

Justice (58) : Nombreux-euses sont ceux et celles qui considèrent que nul-le ne devrait être puni-e de mort. Mais, en poursuivant la logique à son terme, qui pense que nul-le ne devait être jugé-e ?

Justice (59) : Comment est-on passé de : chacun a le droit de se défende, aux droits de la défense et à la priorité qu’ils sont conférés à tant de criminels, dont le premier est sans doute le droit à la présomption d’innocence qui a été imposé à tant de victimes ? Lorsque celles-ci ont pu - si récemment - faire appel à la justice en matière de violences patriarcales, on a alors mieux compris que ce principe niait la réalité des dites violences et contribuaient à leur perpétuation. (Poursuivre)

Justice (60) : La justice est censée réparer des injustices individuelles, mais elle n’a aucun pouvoir sur les lois qui en sont la cause. (Cf. Politique. Lois)

Justice (61) : Entendu : « La justice est [profondément] injuste. » Non. Les rapports entre la justice à laquelle les êtres humains, dans chaque pays, sont quotidiennement confrontés, sous la menace - plus ou moins grave, sévère - de laquelle ils sont contraints de vivre et l’idée abstraite de Justice n’est pas même posée ; elle ne peut pas même l’être. (Poursuivre)

Justice (62) : A-t-on suffisamment pensé au fait qu’il y a infiniment plus de violeurs, agresseurs, harceleurs, hommes violents, en liberté que jugés, a fortiori en prison ? Et quelles conséquences en tirer ?

Justice (63) : Il ne faudrait pas oublier cette évidence, à savoir que la justice a préféré pendant des siècles les mensonges des hommes aux vérités des femmes. Et que ses traces sont quotidiennement omniprésentes de cette réalité dans le [non] accès à la justice.
Sinon, à quoi sert l’histoire ? (Cf. Patriarcat)

Justice (64) : Combien de procès n’ont-ils jamais eu lieu, faute d’avoir réuni la multiplicité des preuves dans les formes telles qu’exigées par la justice, alors même que la seule parole de la victime et / ou le plus élémentaire bon sens la démontrait à qui voulait bien l’entendre, la voir ?

Justice (65) : Combien de procès n’ont-ils jamais eu lieu, parce que les preuves exigées par la justice étaient jugées par la victime, indignes d’elle ?

Justice (66) : La justice d’un État ne poursuit jamais que les fautes, les crimes qu’il considère d’emblée comme tel-les, ce à quoi on peut ajouter ceux et celles dont la réalité ne peut être déniée à moins de déconsidérer toute hypothèse, toute idée même de justice.

Justice (67) : Beaucoup, beaucoup a été écrit sous l’angle de savoir comment il est possible d’avoir accès à la justice. Beaucoup reste à écrire sous l’angle de savoir comment la justice elle-même dissuade, empêche, interdit d’y avoir accès, de s’en prévaloir.

Justice (68) : Une manifestation de l’absurdité du mythe de l’égalité devant la justice : confronté-es à cet ‘argument’ : ‘Ce sera ta parole contre la sienne’, combien ont-ils/elles été dissuadué-es de la pensée même - tant elle apparaissait d’une aveuglante clarté - d’y avoir recours ?

Justice (69) : Question : avant de faire appel à la justice, ne faut-il pas se rendre justice à soi-même ?

Justice (70) : (3 janvier) 2024. Entendu ce jour : « La justice passera ; advienne que pourra ! »

Justice (71) : (7 janvier) 2022. Entendu, sur France Culture, malheureusement sans source, sans auteur-e, ce beau texte, cette superbe analyse :
« Le juge se lève - ton indigné de l’homme qui voit à terre son semblable - il interroge : ‘Qui a porté les coups ?’. Les témoins sont nombreux à la barre ; ils ont vu, ils jurent : ‘C’est la faute aux parents’. Le juge repose la question, inflexible, il n’est pas satisfait. Bien sûr, le déterminisme, il sait, mais il se dit : si le contrat est social, le déterminisme, lui, ne doit plus l’être. Il faut donc en finir, remonter le fil, trouver les responsables, les vrais, les petits et les grands, et les inconscients et les lâches, ceux qui ne savent pas et qui s’en portent bien, ceux qui savent et qui ne disent rien, ceux qui doivent pouvoir et qui ne font rien. Brusquement il n’y a plus de témoins, plus que des accusés. Il n’y aura donc pas de procès. Il y a amnistie permanente, amnésie générale et puis, de toute façon, la responsabilité collective, ça ne se met pas en prison. » 1 (Cf. Politique. Prison)

Justice (72) : On ne peut, on ne doit pas - mais n’est-ce pas évident - réduire la personne à un acte. Ne serait-ce pas la critique essentielle de la justice pénale ? (Poursuivre)

Justice (73) : Autre critique essentielle : la justice ne traite que des relations entre les citoyen-nes et ce que l’État juge bon, nécessaire de poursuivre et a codifié en ce sens.
Dès lors ; des pans entiers de la société lui échappent : les femmes étant les premières, principales concernées.
Le constat de l’actrice Judith Godrèche concernant ses débuts au cinéma : « J'ai navigué seule dans un monde sans règles ni lois » est à cet égard un jugement critique lucide, juste, politique de la « Justice ». (Cf. Droit. Patriarcal, Patriarcat, Politique. Lois, Violences)

Justice (74) : Combien de personnes, dans un procès pénal, se sont-elles reconnues dans la présentation qui était faite d’elles ? Aucune.

Justice (75) : Combien d’avocat-es - qui ne peuvent que s’adapter, comme ils/ elles en ont le pouvoir, aux contraintes normatives si pesantes qui leur sont imposées - et ce, indépendamment de leur jugement sur le verdict énoncé - ont-ils /elles eu le sentiment d’avoir, dans leurs plaidoiries, rendu justice à leurs « client-es » ? Peu.

Justice (76) : Combien de personnes, dans un procès pénal, ont-elles eu le sentiment que « leur » procès ne les concernait, personnellement, que peu ou pas ; que tout était globalement décidé, organisé, joué, d’avance, le déroulement si figé de la procédure y ayant sa place ? Beaucoup.

Par ordre chronologique. Justice :

Justice. Abattage d’:

Justice (Abattage d’) (1) : 2003. Roland Dumas, ancien ministre, dans L’épreuve. Les preuves, emploiera le terme d’« abattage » concernant son procès de janvier 2001 :
« Me faisant l’effet d’un animal blessé, poussé dans les dédales, je me préparais à avancer le long des couloirs jusqu’au lieu où devait se produire l’abattage. » 2
L’emploi de ce terme ici ne peut tenir lieu de comparaison avec les justices… d’abattage…

Justice (Abattage d’) (2) : (14 mars) 2018. Lu dans Le Canard enchaîné concernant le discours d’Emmanuel Macron, le 6 mars 2018, à l’École nationale d’administration pénitentiaire d’Agen :
« […] Pas un mot concernant les comparutions immédiates ! Cette justice d’abattage, pourtant vous envoie au trou en moins de trente minutes. Personne n’a de temps : ni les juges, ni les avocats. Une pauvre justice pour les pauvres, décrite chaque semaine dans Le Canard [Rubrique : Coups de barre] qui, avec presque 50.000 procédures en 2017 remplit bien plus de 50 % des cellules. […] » 3 (Cf. Politique. Prison, Économie. « Pauvres Les »)

Justice (Abattage d’) (3) : (7 avril) 2021. Lu dans Le Canard enchaîné :
« Les avocats spécialisés dans la défense des réfugiés ont fait grève mardi 6 avril. À la cour nationale du droit d’asile [CNDA], on prétend juger sans eux, et en l’absence de leurs clients. Ce jour-là, au moins les dossiers ont échappé à cette justice expéditive.
Cette CNDA est un peu la cour d’appel de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides - l’ultime chance de séjour pour ces derniers. Confrontés au Covid et à un trop plein d’affaires, les juges ont imaginé cette procédure d’abattage… Mais sans avocat, quid du sort de cette jeune policière d’un pays de l’Est, harcelée, agressée et menacées de mort par des confrères n’ayant pas supporté sa promotion, et qui a fui ? Son recours a été rejeté par le CNDA qui ne l’a même pas écoutée. […] ». 4

Justice (Abdallah Georges Ibrahim) : (août) 2020. Georges Ibrahim Abdallah, en prison en France depuis 36 ans, « parfois présenté comme le Nelson Mandela du Proche-Orient », a achevé sa peine incompressible depuis le 27 octobre 1999.
« Il est donc libérable depuis… le siècle dernier. » 5 Vive le droit et la justice. Pourquoi ? Qu’en est-il aujourd’hui ? (Poursuivre)

Justice (Adama Traoré) : 2020. Constater la volonté, l’énergie, les mobilisations, les solidarités nécessaires pour tenter de faire en sorte que la justice soit simplement rendue, donne une petite idée de ses pratiques quotidiennes. (Cf. Femmes. Remarquables. Traoré Assa)

Justice (ADN) : Imaginons un instant que toutes les enquêtes judiciaires anciennes, non menées, mal menées, débutées, arrêtées ; les plaintes classées sans suite ; les procès terminés par un acquittement - concernant les violences patriarcales - puissent être reprises à zéro en recherchant d’emblée les possibilités de preuves par ADN, combien d’hommes auraient-ils été, seraient-ils emprisonnés ?

Justice. Ancien régime :

Justice (Ancien régime) (1) : 1853. Jules Michelet [1798-1874] dans son Histoire de la Révolution française, évoquant la société d’Ancien régime écrit :
« Elle s’épargnait volontiers la vue de l’oppression, elle n’opprimait que par procureur. » Fort riche analyse.
Mais n’est-ce pas le rôle que de tout temps a joué l’institution justice ? :
Isoler, sérier, juger, cacher, enfermer… (Cf. Droit)

Justice (Ancien régime) (2) : 1991. Robert Badinter, dans sa Préface : Présence de Beccaria [1738-1794] à son livre Des délits et des peines - 1764 -, auteur de :
« La justice criminelle, par son archaïsme, ses inégalités et son arbitraire en était arrivée à symboliser jusqu’à l’outrance les vices du despotisme royal. À travers la dénonciation de la justice, le système politique tout entier était mis en cause. […] »
Analyse-constat toujours d’actualité. 6 (Cf. Histoire)

Justice (Aron Raymond) : 1956. Raymond Aron [1905-1983], dans Le fanatisme, la prudence et la foi, auteur de :
« Jamais les hommes n’auront fini de soumettre la pesanteur des institutions à la volonté de justice. » 7 Abstrait ou abscons ?

Justice (« Arrestation arbitraire ») : Dénoncer une « arrestation arbitraire », c’est cautionner le bien fondé du principe de l’arrestation. (Cf. Droit, Politique. État. Répression. Lois)

Justice (Audiard Michel) : 1980. Michel Audiard [1920-1985], parolier du film Pile ou face de Robert Enrico [1931-2001], auteur de ce dialogue entre Philippe Noiret [1930-2006] - policier - et l’homme à qui il met les menottes qui lui demande :
« La justice, vous-y-croyez ? » Sa réponse :
« Ben, il faut bien croire à quelque chose ». Suivi de :
« La justice, c’est comme la sainte vierge, si on ne le voit pas de temps en temps, le doute s’installe. » (Cf. Dialogues)

Justice (« Autopsie d’un meurtre ») : 1959. Autopsie d‘un meurtre - film d’Otto Preminger [1905-1986] - est présenté ainsi par Jean Tulard, dans son Dictionnaire du cinéma. Les réalisateurs :
« Un portrait de la justice américaine où la vérité n’existait plus qu’à travers les artifices juridiques des parties en présence. » 8
Les « artifices juridiques », aux fondements même de la pensée de la justice, n’en sont-ils pas devenus son ossature, plus ou moins sclérosée, c’est selon… ? (Cf. Culture. Cinéma, Justice. Procès)

Justice. « Autorité de la chose jugée » :

Justice (« Autorité de la chose jugée ») (1) : Lu [Dernière modification : 5 mars 2021] sur le site officiel Vie publique :
« Le jugement vient mettre un terme définitif à un litige, assurant ainsi une stabilité et une sécurité dans les relations entre des parties en conflit. L’autorité de la chose jugée désigne cette impossibilité de revenir judiciairement sur un fait précédemment jugé. »
Pour tenter de comprendre cette définition qui m’apparaît soit absurde, soit indéfendable, je tente de lire deux longs articles sur le net : chaque mot ou presque, chaque phrase renvoie à des termes juridiques supposés acquis, alors que chacun d’eux pose problème. Ils me sont totalement incompréhensibles. Le sont-ils ? Oui.

Par ordre chronologique. Justice. « Autorité de la chose jugée » :

Justice (« Autorité de la chose jugée ») (1) : (24 janvier) 1898. Jean Jaurès [1859-31juillet 1914], après de la publication du J’accuse d’Émile Zola [13 janvier1898], intervient à la chambre des députés pour dénoncer certaines pratiques de la Justice, notamment les décisions contradictoires en matière de huis clos, de l’usage des pièces secrètes…
Il est interrompu par le président de la chambre :
« Monsieur Jaurès, vous avez pu tout à l’heure, à l’occasion d’une procédure future devant la cour d’assises, vous expliquer comme vous l’avez désiré. À propos d’une procédure passée, à laquelle s’attache l’autorité de le chose jugée, je vous invite à observer une réserve plus grande que celle indiqués par vos dernières parolesEncore fallait-il qu’il [le huis clos] pratiqué avec sincérité et probité »]. »
- Tandis que le président du conseil clôt le débat :
« Un mot, seulement, messieurs, pour dire ce que j’ai déjà répondu sur les points du discours de M. Jaurès auxquels il était permis au gouvernement de répondre. Je me refuse à le suivre sur le terrain où il s’est placé tout à l’heure, parce que, je le répète une fois de plus, le gouvernement n’a pas le droit de discuter à la tribune un jugement régulièrement rendu, et parce qu’il ne peut pas se substituer à la justice du pays. » 9

Justice. Aveu :

Justice (Aveu) (1) : L’aveu comme expression la plus évidente du crime ne fait de cas ni de l’évidence contraire, ni de la logique, ni des contradictions de la situation ; et a toujours justifié l’emploi des chantages, pressions, contraintes multiples et variées, tortures sur les présumé-es coupables.

Justice (Aveu) (2) : L’aveu qui facilite les enquêtes est profitable à l’institution justice. De là son intérêt à les provoquer et, dans la foulée des « techniques » politiques, religieuses - tortures incluses - pour l’obtenir, celles mises en œuvre par les polices. (Cf. Justice. Enquêtes. Preuve)

Justice (Aveu) (3) : Combien de pressions, mensonges, menaces, chantages, (fausses) promesses, arguments persuasifs, fausses pistes, sans oublier toute la gamme des violences diverses et variées, les polices du monde ont-elles ‘dû’ utiliser pour obtenir ce qu’elles pensaient, croyaient, avaient intérêt à penser être ‘la’ vérité, mais dite de la bouche du suspect / présumé coupable ?

Justice (Aveu) (4) : L’aveu est souvent extorqué par la police avant toute intervention de la justice, lui conférant donc dès lors un rôle - premier - de justicière. (Cf. Justice. Police. Preuve)

Justice (Aveu) (5) : On a souvent établi le lien entre la justice et sa ‘religion de l’aveu’. Dans le cadre de cette analyse, quelle place accorder aux hommes violents, qui, eux, entre autres coupables, n’avouent quasiment jamais, protégés comme ils sont par des siècles de cautions de leurs agissements ? (Cf. Hommes, Justice. Preuve, Patriarcat, Violences)

Justice (Aveu) (6) : Avouer et assumer sa responsabilité ne sont pas synonymes. (Cf. Êtres humains. Conscience, Justice. Procès)

Par ordre chronologique. Justice. Aveu :

Justice (Aveu) (1) : 1861. La comtesse de Ségur [1799-1874], dans Pauvre Blaise, évoque « l’aveu comme expiation ». Que reste-t-il aujourd’hui de cette « vertu » toute chrétienne ?

Justice (Aveu) (2) : 1899. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Résurrection, auteur de :
« La police, après avoir forcé les barricades, se jeta sur les conspirateurs. L’un d’eux avait tiré un coup de révolver qui avait mortellement blessé un gendarme. On avait aussitôt ouvert une enquête pour découvrir l’auteur du crime, et la jeune fille avait pris la faute sur elle, bien qu’elle n’eût jamais tenu un revolver en main. On avait dû admettre son aveu pour valable ; et maintenant condamnée aux travaux forcés, elle était sur le point de partir pour la Sibérie. » 10 (Cf. Femmes. Jeunes filles, Justice. Police. Tolstoï Léon)

Justice. Aveu. Arthur London :

Justice (Aveu) (3) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Je suis si loin, à cette époque, de me douter que la Sécurité sait faire avouer n’importe quoi à n’importe qui, sur lui-même et sur les autres… » 11

Justice (Aveu) (4) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Janousek hurle : ‘Taisez-vous. […] Nous avons toutes les preuves en main. Nous emploierons des méthodes qui vous étonneront, mais qui vous feront avouer tout ce que nous voulons. Votre sort dépend de nous. » 12

Justice (Aveu) (5) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Votre refus d’avouer prouve que nous avons affaire avec vous à un criminel endurci. » 13

Justice (Aveu) (6) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Il vous faut avouer ; il vous faut aider le parti. » 14

Justice (Aveu) (7) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Smola devient fou de rage : ‘Parce que vous pensez que ce procès-verbal est un aveu ? Il n’a pas même la valeur d’une autocritique à une réunion de cellule du parti. Qu’avons-nous à faire de votre déclaration ! C’est seulement maintenant que vous allez commencer à parler et vous parlerez ! » 15

Justice (Aveu) (8) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Je me rends compte que certains [« référents »] sont persuadés, agissant comme ils le font avec nous, d’accomplir une tâche d’honneur : aider le parti à nous démasquer. On les a formés et persuadés qu’avec des ennemis du parti, tous les moyens sont bons pour arracher les aveux dans le sens exigé par leurs chefs. […]. » 16

Justice (Aveu) (9) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
«
[…] Ce système permettait aux conseillers non seulement de suivre les interrogatoires étape par étape, mais encore d’élargir chaque fois l’orientation des ‘aveux’, et en outre d’organiser une émulation entre équipes, et à l'intérieur des équipes, entre chaque référent. La directive immuable, c'est que ‘chaque procès-verbal doit constituer un aveu de la culpabilité de l’accusé’. Mais c’est une directive à dessein vague et quo permet à tous les zèles de se déployer. » 17

Justice (Aveu) (10) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« C’est seulement après mes ‘aveux’ qu’on me donnera les lettres de ma femme et de mes enfants. Je découvrirai alors combien là aussi j’ai été ignominieusement mystifié. 18

Justice (Aveu) (11) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Je vais découvrir qu’il s’agit d’une nouvelle tactique […] qui consiste à provoquer la répétition du récit d’une période contestée, afin, par confrontation, de découvrir les altérations éventuelles de la vérité. » 19

Justice (Aveu) (12) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« J’ai commencé d’avouer, mais en donnant à ce mot son sens commun, même si le contenu de mes aveux n’a pas le sens commun. Je ne sais pas quel échelon j’ai franchi. C’est mon apprentissage en quelque sort. Mon apprentissage d’une activité absurde, dévorante, destructrice : la fabrication des aveux. » 20

Justice (Aveu) (13) : 1969. Arthur London [1915-1986], dans L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague, auteur de :
« Comment ai-je été assez naïf pour croire un seul instant que mes inquisiteurs se satisferaient de mon ‘aveu’ de culpabilité concernant le ‘groupe trotskiste‘ des anciens volontaires [des Brigades internationales] et le contact que j’avais eu avec Field [Noël. 1904-1970] ! J’avais cru que cet aveu serait suffisant pour me faire un procès. Maintenant je sais qu’il n’a servi que de tremplin pour me projeter plus loin ! » 21

Justice (Badinter Robert) : 2000. Robert Badinter évoque, dans L’abolition, « la loterie des cours d’assises qui faisait dépendre la vie d’un accusé de mille facteurs impondérables. » 22
Si la cour d’assises est une « loterie », si la justice dépend de « facteurs impondérables », comment peut-on croire en « la justice » ? (Cf. Droit, Justice. Jury. Procès)
N.B. « Impondérable » : « Qui n’a pas de poids appréciable, mesurable » ; « Dont l’action, quoique effective ne peut être appréciée, ni prévue. »

Justice (Bagne) : 1923. Albert Londres [1884-1932] lors de son enquête concernant le bagne et ses horreurs, rencontre Eugène Dieudonné [1884-1944]. Celui-ci l’informe que les bagnards morts ne sont pas enterrés, mais jetés à la mer :
En voici l’épitaphe, dont on notera l‘hommage’ au « droit » :
« Déjà les vieux requins sont là / Ils ont senti le corps de l’homme / L’un croque un bras comme une pomme / L’autre, le tronc… et, tra-la-la ! / C’est au plus vif, au plus adroit ! Adieu, Bagnard ! Viv[r]e le droit. »
- Un autre forçat, à l’Ile du Diable, après plusieurs échecs d’évasion, évoque à Albert Londres son avenir :
« Je ne suis plus qu’un résigné irrémédiablement battu dans son dernier combat. Je finirai d’abord sur ce rocher, ensuite dans un requin. Tout cela d’après la loi. » 23 (Cf. Justice)

Justice (« Balance ton porc ») : 2017. 2018. Relevé sur Balancetonporc.com :
- Justice sourde et aveugle :
« […] Il n’a fait que 2 mois de prison sur les trois prévus et aujourd’hui nous apprenons qu’en ce qui concerne ma fille, ce violeur pourrait bénéficier d’un non-lieu car ma fille ‘ne donne pas tout à fait les mêmes détails d’un interrogatoire à l’autre’ (elle avait demandé à ne pas être confronté à ce personnage mais rien ne lui a été épargné.) […]. »
- Viol sur mineur et injustice :
« […] Je [ne] sais pas si je déteste plus la justice ou X… »
- Viol et violence légale en France :
« […] Il a violé et frappé ma fille de 15 ans et comme punition, il a eu un rappel à la loi. […] Ma fille était vierge, elle a été hospitalisée ; on lui a fait un test de Grossesse et HIV. Le viol est-il légal en France, frapper une jeune fille sans avoir aucune sanction, est-ce normal ? »
- Culture du viol dans la justice :
« […] Le psychologue mandaté par la justice dans le cadre de mon divorce n’a pas mentionné les viols et violences dont j’étais victime. »
- Viol en milieu scolaire :
« […] La prescription, c’est de la merde ».
- Victime coupable :
« [...] Tout cela pour dire, que les victimes sont considérées comme coupables à partir du moment où elles demandent justice. Au même titre que les victimes sont considérées comme menteuses, à partir du moment où elles parlent. Au même titre que les victimes sont considérées comme faibles, hypocrites, mythomanes, coupables, à partir du moment où elles subissent des violences, qu’elles soient petites ou grandes, psychologiques ou physiques. »
- Milieu médical :
« […] Lorsque je suis allée porter plainte quelques jours plus tard, les deux policiers avec lesquels j’ai été en contact ont refusé de prendre ma déposition dans la mesure où je n’avais pas dit ‘non’ au moment de la piqure (le chirurgien m’a prévenu qu’il piquait dans la lèvre au moment où il piquait dans la lèvre !) et parce que concernant les propos déplacés de l’homme, ce serait sa parole contre la mienne. Au commissariat, mon cas a donc été expédié en quelques minutes. » Oui, la police exerce aussi une fonction, la première, de justice…
- Examen vaginal pour une prise de sang à domicile :
« […] Le lendemain je suis allée déposer plainte au commissariat du XIIIème et ensuite j’ai reçu un avis de classement sans suite alors que j’avais donné le nom du labo et du médecin Dr C.. »
- Un cardiologue :
« […] Bref 5 ans de prison avec sursis… et interdiction d’exercer…la défense, dont une femme avocate a évoqué le fait que notre motivation était l’argent…. Le réquisitoire n’a même pas évoqué de la prison ferme… Alors tant de bruit pour rien car la justice ne fait rien. Autant réagir de suite et lui en mettre une ça ira plus vite. Le reste n’est que du bla bla… »
- Radiologue. Miribel :
« […] Je n’ai jamais porté plainte car je savais d’avance que je n’avais pas de preuve et ma voix ne compterait pas face à un homme renommé dans ma ville. »
- Délation pose question :
« […] Je peux pas m’empêcher de tiquer en me disant qu’en cherchant à être entendue (tentatives auprès de la police, d’un médecin ou de l’entourage), j’ai plutôt eu le droit à la présomption de culpabilité d’office…et cela a été le principal obstacle à insister pénalement car je ne me voyais pas lutter pour prouver mon innocence remise en cause, avec tous ces détails sordides à remuer…et le poids que je porterai seule finalement… »
- Tribune des femmes inconnues :
« […] Enfin si l’auteur est un membre de la famille, le père par exemple duquel vous êtes ou en instance ou divorcée, il ne s’agit plus du parcours du combattant mais d’un aller sans retour vers l’enfer. »
- Je n’avais que quatre ans :
« […] La mort de mon grand-père et le délai de prescription font que je ne pourrais jamais faire reconnaitre ce que j’ai vécu. »
- Au sein d’une famille :
« […] À l’âge adulte je me suis confiée et j’ai déposé une plainte contre lui et vous savez quoi il l’a fait cela a plusieurs jeunes filles mais non l’affaire a été classée sans suite pfft. » 24 (Cf. Femmes. Jeunes filles, Hommes. « Porcs », Justice. Diffamation plainte en. Classements sans suite. Non-lieu. Police)

Justice. Honoré de Balzac :

Justice (Balzac Honoré de) : (1) 1847-1853. Honoré de Balzac [1799-1850], dans les Illusions perdues, auteur de cet échange :
« Nous ne devons pas rester sous le poids d’un jugement qui taxe de mauvaise foi. […]
- Mais combien ce triomphe coûtera-t-il demanda madame Séchard.
- Des honoraires si vous triomphez et mille francs si nous perdons.
- Mon Dieu, s’écria la pauvre Ève, mais le remède n’est-il pas pire que le mal ? …
En entendant ce cri de l’innocence éclairées au feu judiciaire, Petit-Claud resta tout interdit, tant Ève lui parut belle
. » 25 (Cf. Dialogues)

Justice (Balzac Honoré de) : (2) 1847-1853. Honoré de Balzac [1799-1850], dans les Illusions perdues, auteur de :
« […] Il est des gens sans instruction qui, pressés par le besoin, prennent une somme quelconque, par la violence, à autrui ; on les nomme criminels et ils sont forcés de compter avec la justice. Un pauvre homme de génie trouve un secret dont l’exploitation équivaut à un trésor […] vous le tourmentez de manière à vous faire céder tout ou partie du secret, vous ne comptez qu’avec votre conscience, et votre conscience ne vous mène pas en Cour d’Assises. Les ennemis de l’ordre social profitent de ce contraste pour japper après la justice et se courroucer au nom du peuple de ce qu’on envoie aux galères un voleur de nuit et de poules dans une enceinte habitée, tandis qu’on met en prison, à peine pour quelques mois un homme qui ruine des familles en faisant une faillite frauduleuse ; mais ces hypocrites savent bien qu’en condamnant le voleur les juges maintiennent la barrière entre les pauvres et les riches qui, renversée, amènerait la fin de l’ordre social ; tandis que la banqueroutier, le banquier qui mène une affaire à son profit ne produisent que des déplacements de fortune. Ainsi, la société […] est forcée de distinguer, pour son compte, ce que je vous fais distinguer pour la vôtre. » 26 C’est à ce type d’analyse, adaptée à nos sociétés, et à ce dernier si nécessaire distinguo que chacun-e doit réfléchir. En, tout état de cause, d’ores et déjà, une riche idée : en ne condamnant pas ou si mal les hommes de leurs agissements à l’encontre des femmes, les juges maintiennent la barrière entre les hommes et les femmes, qui, reversée… (Poursuivre) (Cf. Droit, Patriarcat)

Justice. Beccaria Cesare :

Justice (Beccaria Cesare) (1) : 1764. Cesare Beccaria [1638-1794], dans Des délits et des peines, auteur de :
« Là où les lois sont claires et précises, l’office du juge ne consiste qu’à préciser les faits. Si la recherche des preuves d’un délit exige l’habilité et l’adresse, si pour présenter le résultat de ces recherches, il faut de la clarté et de la précision, il suffit, pour juger d’après ce résultat, d’un simple et ordinaire bon sens, moins trompeur que le savoir d’un juge habitué à chercher à toute force des coupables et qui ramène tout à un système factice emprunté à ses études. Heureuse la nation où les lois ne seraient pas une science ! » Que de justesses dans ces si radicales critiques de la justice. 27 (Cf. Droit, Justice. Preuves, Politique. État. Lois)

Justice (Beccaria Cesare) (2) : 1764. Cesare Beccaria [1638-1794], dans Des délits et des peines, auteur de :
« Plus on augmente le nombre des délits possibles, plus on accroit les chances d’en commettre. La plupart des lois ne représentent d’ailleurs que des privilèges et ne sont qu’un tribut imposé à tous en faveur d’un petit nombre. » 28 (Cf. Politique. État. Lois)
* Ajout. 27 mars 2022. En 1768, Giacinto Dragonetti [1738-1818], « pour servir de suite au Traité Des délits et des peines », publie un Traité des vertus et des récompenses.
Une riche idée… dans son principe…

Justice (Beccaria Cesare) (3) : 1798. Pierre Louis Roederer [1754-1835] dans une lettre à la fille de Cesare Beccaria [1638-1794], pour l’édition de 1798 de la traduction française Des Délits et des peines lui écrit :
« Le traité des délits et des peines a tellement changé l’esprit des anciens tribunaux criminels en France, que dix ans avant la Révolution les magistrats des cours - je puis l’attester puisque je l’étais moi-même - jugeaient plus selon les principes de cet ouvrage que selon les lois. » 29 (Cf. Penser, Politique)

Justice (Beccuau Laure) : (23 novembre) 2022. Laure Beccuau, procureure de la république de Paris, seule invitée pour répondre à la question de savoir « comment la justice défend (sic) les femmes victimes de violences, sur France Inter, interrogée concernant le traitement des dépôts de plaintes par la justice, auteure de :
« La volumétrie peut expliquer les délais. » 30 (Cf. Langage. Sujet, Politique. Médias)

Justice. Belloubet Nicole :

Justice (Belloubet Nicole) (1) : (21 novembre) 2018. Je lis dans Le Canard enchaîné au terme de la présentation d’un portrait de Nicole Belloubet, ministre de la justice :
- « ‘Jamais elle n’accepte de changer une virgule à ses projets, jamais elle n’accepte un seul de nos amendements, c’est du jamais vu’ se lamente un sénateur socialiste.
- ‘ Elle m’a reçu pour discuter du volet pénal de sa réforme. Elle m’a écouté, m’a offert un petit déjeuner, m’a aimablement raccompagné. À part ça, cette femme est un monolithe. C’est la première fois que j’étais face à un ministre de la justice qui me donnait le sentiment que tout ce que je pouvais dire n’avait aucun intérêt,’ s’étonne l’avocat Henri Leclerc
. » Et Le Canard de conclure de cette formule assassine :
- « Parfois le droit est raide, mais la nuque est souple. » 31
* Ajout. 22 novembre 2018. Nicole Belloubet annonce sa volonté de réformer la justice des mineurs par ordonnances. 32 (Cf. Politique. Réformes)

Justice (Belloubet Nicole) (2) : (6 novembre) 2019. Nicole Belloubet annonce qu’il était « difficile » au Parquet de se saisir de la dénonciation des violences dénoncées par Adèle Heanel. Quelques heures plus tard, le Parquet annonce l’ouverture d’une « enquête préliminaire ». 33 (Cf. Culture. Heanel Adèle, Justice. Haenel Adèle)

Justice (Belloubet Nicole) (3) : (15 novembre) 2019. La ministre de la justice, interrogée ce jour sur la mort d'une femme de 40 ans dont le mari a été mis en examen en Alsace, a estimé que le système ne « fonctionnait pas ».
Combien de dizaines de milliers de mortes sont-elles nécessaires pour constater une simple évidence ?
Mais la suite de son constat - que je ne peux qualifier d’analyse - démontre qu’elle ne sera sûrement pas celle qui contribuera à le faire mieux [?] fonctionner.
Le très-positif, c’est qu’en une seule phrase, la ministre de la justice a délégitimé la justice ; elle a aussi détruit le sempiternel discours des défenseurs-seuses dont la seule fonction justifiant les innombrables injustices :
« Il faut attendre que la justice se prononce ». 34 (Cf. Droit, Politique, Violences)

Justice (Belloubet Nicole) (4) : (25 novembre) 2019. Aucune réforme de la justice dans le plan gouvernemental contre les violences à l’encontre des femmes. Compte tenu de la manière dont l’institution justice fonctionne, et dont chaque femme qui y a été confrontée peut témoigner, qui peut encore croire en elle… sans évoquer, question secondaire, croire encore au gouvernement.
Au-delà du dépôt de plainte, la parole politique concernant la justice qui continue ses injustices, est aux abonnés absents. (Cf. Femmes. « Politiques ». Schiappa Marlène, Politique. Réformes, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Berberova Nina) : 1969. Nina Berberova [1901-1993], dans C’est moi qui souligne, auteure de :
« (à Paris, dans l’entre-deux-guerres) J’ai bien connu à un certain moment le bâtiment du tribunal au beau milieu de l‘île de la cité. Dans certaines salles, on jugeait des petits délinquants, des concierges bagarreurs ou un matelot qui avait balancé une bouteille dans un réverbère ; dans d’autres se déroulaient des procès civils compliqués ; ailleurs des jurés décidaient du sort des meurtriers qui risquaient la guillotine.
Tout s’y déroule selon un rite ‘officiel’, impersonnel et éternel, réglé comme l’horaire immuable d’un train, au milieu d’un décor de robes rouges, de moustaches, de lunettes, de bottes, de révolver. On s’ennuie à mourir, puis soudain, c’est l’horreur : que va-t-on faire de cet homme ou de cette femme ? Le destin d’un être humain se décide et nous assistons à cette chose terrible, assis sur les bancs réservés à la presse ! Les avocats volettent comme des papillons, en se lançant des mots d’esprit, tandis que les avocates aux yeux vifs et au sourire charmeur et pensif ressemblent à des libellules. Tout cela n’est qu’une mise en scène plaisante, une comédie ennuyeuse et immuable… jusqu’au verdict et au frisson glacé du dernier acte d’Œdipe.
On dirait que chacun joue son rôle, même le criminel, et que tout cela est irréel, sans doute parce que les règles du jeu sont fixées d’avance. Rien n’est spontané, les billets du public sont contrôlés à l’entrée, ceux qui n’en ont pas sont refoulés derrière une balustrade, comme au ‘poulailler’. On sait quand untel doit prendre la parole, quand tel autre doit élever la voix, quand tel autre ne pourra plus se retenir et se déchaînera. […], tandis que dans la salle des propos de tous genre vont bon train comme au théâtre. » 35

Justice (Berdiaev Nicola) : 1979. Nicola Berdiaev [1874-1948], auteur dans son Essai d’autobiographie spirituelle, de :
« Au fond, je me suis toujours indigné contre tout tribunal se mêlant de juger les hommes ; je ne voulais admettre aucun tribunal, je ne voulais pas de ces discours pompeux parlant des sanctions juridiques et je me suis toujours senti plus près de ceux que l’on trainait devant un tribunal que des juges. » 36 (Cf. Droit, Penser)

Justice (Berl Emmanuel) : 1947. Emmanuel Berl [1892-1976], dans De l’innocence, auteur de :
« Les pouvoirs n’aiment pas l’innocence. Elle gâte leur triomphe. En vain, la force déchaînée incarcère et massacre. Elle ne peut pas faire que l’innocent cesse de l’être et soit coupable des fautes qu’il n’a pas commises. Ils peuvent tout sur la vie de leurs victimes ; sur leur innocence, ils ne peuvent rien. On brûlera Jeanne d’Arc, on ne lui fera pas croire qu’elle ait préféré Satan à Jésus-Christ. » 37 (Cf. Justice. Victimes)

Justice. Georges Bernanos :

Justice (Bernanos Georges) (1) : 1936. Georges Bernanos [1888-1948], dans le Journal d’un curé de campagne, auteur de :
« […] Car enfin, la justice entre les mains des puissants n’est qu’un instrument de gouvernement comme les autres. Pourquoi l’appelle-t-on justice ? Disons plutôt l’injustice, mais calculée, efficace, basée toute entière sur l’expérience effroyable de la résistance du faible, de sa capacité de souffrance, d’humiliation et de malheur. L’injustice maintenue à l’exact du degré de tension qu’il faut pour que tournent les rouages de l’immense machine à fabriquer les riches, sans que la chaudière n’éclate. » 38 (Cf. Justice. Juger. Bernanos Georges)

Justice (Bernanos Georges) (2) : (16 mars) 1946. Georges Bernanos [1888-1948], dans une lettre adressée à Stanislas Fumet [1893-1946], auteur de :
« [...] J’ai le droit de dire que, pour mériter le nom de juste, il ne suffit pas d’avoir servi une cause juste, et qu’un Français libéré n’est pas forcément un homme libre. Car, précisément, ce qui frappe le plus lorsqu’on retrouve ce pays, après une longue absence, c’est l’effroyable dégradation, ou perversion, de l’idée de justice chez des hommes qui continuent à s’en croire les champions parce qu’ils sont disposés à exterminer toute autre forme d’injustice que la leur. […] »
Juste, en tout temps, en tous lieux. Urbi et orbi. (Cf. Êtres humains. Pervers, Penser. Politique. Nationalisme, Histoire)

Justice (Bernard Lazare) : 1910. Charles Péguy [1873-1914] dans Notre jeunesse, rapporte, au sein d’un long panégyrique de Bernard Lazare [1865-1903], concernant le traitement judiciaire du procès Alfred Dreyfus [1859-1935], cet échange entre « un ami » et l’avocat :
« ‘Vous voyez, mon cher ami, la Cour de cassation [12 juillet 1906] a jugé contre vous’.
‘Mon cher ami, répondit-il doucement, vous vous trompez. C’est moi qui ait jugé autrement que la Cour de cassation.’
L’idée qu’on pouvait un instant lui comparer, à lui Bernard Lazare, la Cour de cassation, toutes chambres déployées, lui paraissait bouffonne.
Comme l’autre était tout de même un peu suffoqué. ‘Mais, mon garçon, lui dit-il, très doucement, le Cour de Cassation, c’est des hommes’. » 39 (Cf. Hommes. « Forts »)

Justice (Bruno Giordano) : 1600. Giordano Bruno [1548-1600] à la lecture de sa condamnation au bucher par ses juges :
« Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à la recevoir. » 40 (Cf. Justice. Condamnations)

Par ordre chronologique. Justice. Albert Camus :

Justice (Camus Albert) (1) : 1951. Albert Camus [1913-1960], dans L’homme révolté, auteur de :
« […] On sait aussi que, dès le début de la révolution, Saint-Just [1767-1794] se prononçait, en même temps que Robespierre [1758-1794], contre la peine de mort. Il demandait seulement que les meurtriers fussent vêtus de noir tout le temps de leur vie. Il voulait une justice qui ne cherchât pas ‘à trouver l’accusé coupable, mais à le trouver faible’, et ceci est admirable. Il rêvait aussi d’une république du pardon qui reconnût que si l’arbre du crime était dur, la racine en était tendre. Un de ses cris au moins vient au cœur et ne se laisse pas oublier : ‘C’est une chose affreuse de tourmenter le peuple’. Oui, cela est affreux. Mais […]. » 41 (Cf. Justice. Peine de mort, Histoire. Révolution. Robespierre. Saint-Just)

Justice (Camus Albert) (2) : 1951. Albert Camus [1913-1960], dans L’homme révolté, auteur de :
« La revendication de justice aboutit à l’injustice si elle n’est pas fondée d’abord sur une justification éthique de la justice. » 42
Conclusion : ? (Cf. Droit, Penser. Pensées. Abstraction)

Justice (Camus Albert) (3) : (14 décembre) 1957. Albert Camus [1913-1960], en réponse à une critique d’un représentant du FLN qui lui reprochait de n’avoir jamais signé de pétition en faveur de l’Algérie, auteur de :
« C’est avec une certaine répugnance que je donne ainsi mes raisons au public. J’ai toujours condamné la terreur. Je dois donc condamner aussi un certain terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger, par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère, ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. » (source à retrouver)

Justice (Camus Albert) (4) : 1958. Albert Camus [1913-1960], dans Réflexions sur la guillotine, auteur de :
« La victime, certes est innocente. Mais la société qui est censée la représenter peut-elle prétendre à l’innocence ? N’est-elle pas responsable, au moins en partie, du crime qu’elle réprime avec tant de sévérité. » 43
N.B. « La société » n’est pas « la justice » et ni la société, ni la justice ne « représente » la victime.

Justice (Clémenceau Georges) : (26 novembre) 1897. Georges Clémenceau [1841-1929], dans La raison d’état, parue dans l’Aurore, auteur de :
« S’il suffit de ces trois mots fatidiques - raison d’État - pour que l’on puisse priver un inculpé de toutes les garanties de justice, c’est que nous sommes demeurés, sous notre vernis de civilisation, en pleine mentalité de barbarie. » 44
Quelles sont les manifestations actuelles de la raison d’État ? (Cf. Politique. État)

Justice. Coloniale :

Justice (Coloniale) (1) : Une contradiction dans les termes. Des mots qui jurent entre eux. Des mots qui s’annihilent réciproquement.

Par ordre chronologique. Justice. Coloniale :

Justice. Coloniale. Doris Lessing :

Justice (Coloniale) (1) : 1952. Doris Lessing [1919-2013] dans Les enfants de la violence, auteure de :
« Ces gens étaient conduits devant le magistrat pour avoir été pris le soir après le couvre-feu ou pour avoir oublié l’un de ces laissez-passer obligatoires ou - mais il y avait une douzaine de raisons, toutes aussi absurdes. » 45 (Cf. Politique. Couvre-feu)

Justice (Coloniale) (2) : 1952. Doris Lessing [1919-2013] dans Les enfants de la violence, auteure de :
« Un jeune indigène avait volé des vêtements à son employeur, et la question qui s’était posée à lui, le magistrat, était la suivante : fallait-il prononcer une peine de prison ou un châtiment corporel ? » 46 (Cf. Justice. Juges. Patriarcale, Politique. Colonialisme)

Justice. Coloniale. Mouloud Feraoun :

Justice (Coloniale) (3) : (2 février) 1956. Mouloud Feraoun [1913-1962] écrit dans son Journal :
« […] Les villages vivent en marge de l’organisation officielle comme par le passé. À cette différence près que maintenant a disparu cette hantise du hakem ou de la doula, la justice française qui dans l’esprit de tous et toujours n’est rien d’autre que le glaive tranchant et froid tenu par un supérieur qui vous mépris et vous protège à la fois. Maintenant, on sait qu’on n’est plus protégé mais on a reconquis sa dignité. » 47 (Cf. Langage. Critique de mot : « Protéger », Politique. Colonialisme. Loi)

Justice (Coloniale) (4) : (26 mars) 1956. Mouloud Feraoun [1913-1962] écrit dans son Journal :
« Le sous-préfet aurait ajouté que le jour où il ne pourrait plus faire régner la justice dans ce pays, il s’en irait aussi. » 48 (Cf. Politique. Colonialisme. Loi)

Justice (Coloniale) (5) : 1989. Jules Roy [1907-2000], dans Mémoires barbares, auteur de :
« À ses yeux (ceux de Jean Amrouche. 1906-1962), L’étranger - 1942 - [Albert Camus. 1913-1960] était un livre considérable qu’il ne savait pas encore où placer, car on n’avait jamais vu un Européen d’Algérie condamné à mort pour le meurtre d’un Arabe. » 49 (Cf. Culture. Livre, Justice. Camus Albert)

Justice. Coloniale. Dictionnaires des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle :

Justice (Coloniale) (6) : 2022. Après lecture du Dictionnaires des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle, je constate que dans ce livre, la colonisation n’est pas jugée dans son principe même. Dès lors, le colonialisme, ne pouvant être condamné, est-il de facto justifié ? La justice des ‘juristes’ évoquée est-elle donc colonialiste ? Et, qu’en est-il du racisme, à peine effleuré ? (Poursuivre)
* Ajout. 27 octobre 2022. L’analyse la plus ‘politique’ de ce Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle est la suivante :
« Or, l’étude des acteurs du droit et de la justice, en particulier, ceux qui se trouvent sur le terrain, est fondamentale car ils occupent une place centrale au sein du système colonial : ils se situent au cœur de différentes logiques qui s’entrecroisent (locale, nationale, internationale, impériale) et face à des constructions juridiques extrêmement diverses. Ce pluralisme juridique les oblige à sortir plus nettement de leur rôle traditionnel. Ils défendent alors clairement une vision du monde, une idéologie, une conception sociale et juridique de ce que doit être l’Outre-mer. Quelques-uns tentent ce que nous pourrions appeler un ‘métissage juridique’, c’est-à-dire de rapprocher, de fusionner des droits différents, tandis que d’autres, au contraire essayent de les ‘écraser’ sous le poids du droit français. » […]
- « Le rapport au politique peut aussi prendre un aspect critique (sic). Mais jusqu’où les juristes en liens avec l’Outre-mer (sic) sont-ils prêts à remettre en cause le système ? Cette critique se manifeste par exemple (sic) chez Émile Larcher, Bernard Sol ou Paul Violet. [Non] La plupart d’entre eux (sic) ne remettent pas en cause le système colonial en lui-même. » […]
- « Mais fait-on du droit en Outre-mer comme en France métropolitaine ? »
- « Les ouvrages de théorie stricto sensu sur le droit colonial sont rares chez ces juristes, comme si le droit colonial, droit transversal (sic) devait d’abord se stabiliser, s’uniformiser, et qu’il s’ancrait davantage dans la pratique (coloniale) que dans la théorie. Penser les droits qui s’appliquent dans les colonies et Outre-mer comme un tout est, en outre, loin d’en être une évidence (sic). L’impérialisme français relie ces droits, non une communauté culturelle (sic). Si l’on met de côté les logiques coloniales (sic), regrouper les droits et coutume africains et asiatiques devient inintelligibles sur le plan intellectuel. » 50 (Cf. Droit. Colonial)

Justice (Coloniale) (7) : 2022. Lu dans le Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle, concernant « le bon juge Fermé » [Albert Fermé. 1840-1903] qui avait reçu Karl Marx à Alger. Marx écrit à Engels :
« Entre autres choses, Fermé me raconte que durant sa carrière de juge de paix, (et ceci régulièrement), on utilise une sorte de torture pour extorquer les aveux aux Arabes ; naturellement, c’est ‘la police’ qui s’en charge (comme chez les Anglais en Inde ; le juge est supposé ne rien savoir de tout cela. Par ailleurs, raconte-t-il, quand par ex (sic) une bande d’Arabes commet un meurtre, la plupart du temps pour voler, et qu’au bout de quelques temps les auteurs réels ont été pincé, jugées et décapités, cette expiation ne suffit pas à la famille du colon lésé. Elle exige au moins qu’on ‘coupe’ un peu la tête par-dessus le marché à une demi-douzaine d’Arabes innocents. Mais, là les juges français et surtout les cours d’appel résistent, tandis qu’ici et là quelque juge isolé et solitaire est exceptionnellement menacé de mort par les colons s’il ne laisse pas incarcérer à titre provisoire (la compétence du juge s’arrête là), et impliquer dans l’instruction une demi-douzaine d’Arabes innocents qu’on déclare suspects d’assassinats, de cambriolages, etc.. » 51
N.B. En France, aujourd’hui, combien de juges s’inquiètent-ils / elles des conditions dans lesquelles les personnes qu’ils / elles doivent juger ont été ‘traitées’ par la police ? En ont-ils / elles même le droit, le pouvoir ? Et pourtant…

Justice (Coloniale) (8) : 2022. Lu dans le Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle concernant Étienne Flandin [1853-1922] :
« Son discours d’installation à Alger nous le révèle conforme à l’esprit du temps (sic) : la magistrature Outre-mer doit poursuivre une ‘œuvre de mission et de civilisation’, elle doit ‘amener les indigènes à comprendre la supériorité du juge français’ et pour cela éviter tout rigueur inutile’ (sic). » 52

Justice (Coloniale) (9) : 2022. Lu dans le Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle concernant Émile Larcher [1869-1918] :
« Dans ses écrits, Émile Larcher se distingue de ses collègues par la minutie formelle de ses attaques et la ton polémique qu’il emploie. À partir de 1902-1903, période qui correspond à sa nomination comme professeur au titre algérien, Larcher utilise un ton plus mordant qu’auparavant qui n’épargne ni l’administration, ni la justice, ni le législateur. En matière de procédure pénale, il multiplie les diatribes contre les tribunaux répressifs, les qualifiant d‘odieux’ et de ‘monstrueux’ et les définit comme une ‘institution mal venue, empreinte de haine vis-à-vis de l’indigène’. Plus tard, les cours criminelles ne seront pas non plus épargnées. […] » 53 (Cf. Droit. Colonial, Politique. Coloniale)

Justice (Collomb Gérard) : (5 juin) 2019. Gérard Collomb [1947-2023], ancien ministre de l’intérieur démissionnaire, maire de Lyon, soupçonné de « de détournement de fonds publics » déclare, sans doute à juste titre :
« Ça sent le coup politique opportun ». Et il considère que ce « procédé » ne manquait pas « d’interpeller quant à la période choisie, après la campagne des européennes et juste avant l’ouverture des municipales ». 54
La constance des « politiques » à mettre en relation l’intérêt de la justice les concernant et les possibles effets dommageables sur leur carrière interroge sur leur capacité à s’être préalablement inquiétés des conséquences de l’intervention, chaque jour, de la justice sur les justiciables, dont la vie quotidienne est elle aussi bouleversée.

Justice (Commentaire d’une décision de justice) : Supprimer l’article 434-25 du code pénal, expression caricaturale de siècles d’autoritarisme étatique :
« Le fait de chercher à jeter le discrédit, publiquement par actes, paroles, écrits ou images de toute nature, sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l'autorité de la justice ou à son indépendance est puni de six mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende. Les dispositions de l'alinéa précédent ne s'appliquent pas aux commentaires techniques ni aux actes, paroles, écrits ou images de toute nature tendant à la réformation, la cassation ou la révision d'une décision. […] » 55
* Ajout. 5 août 2019. Entendu le rappel d’un « adage » par un écrivain ayant publié un livre concernant un procès ayant eu lieu en décembre 1984 :
« On ne commente pas un verdict ». 56

Justice (Commune de Paris La) : (28 septembre) 1871. Article 2 de « l’Affiche rouge » placardée à Lyon le 28 septembre 1871 émanant de la Fédération révolutionnaire des Communes, sous la présentation et l’intitulé : « République française » :
« Tous les tribunaux criminels et civils sont suspendus et remplacés par la justice du peuple. » 57 (Cf. Politique. Peuple)

Justice (Commission Vérité et réconciliation. Afrique du Sud) : (décembre) 1999. Jacques Derrida [1930-2004], dans son texte Le siècle et le pardon, concernant la commission Vérité et réconciliation qui s’est tenue en Afrique du Sud, après la fin officielle des crimes de l’apartheid, auteur (en note) de :
« Antje Krog dans un livre admirable, The country of my skull, décrit la situation de femmes militantes qui, violées et d’abord accusées de n’être pas des militantes mais des putains, ne pouvaient même pas témoigner devant la commission, ni même dans leur famille, sans se dénuder, sans montrer leurs cicatrices ou sans s’exposer une fois de plus, par leurs témoignages même, à une autre violence. […] » 58 (Femmes, Justice. Procès, Proxénétisme. Personnes-dites-prostituées, Violences. Viols)

Justice (Comparution immédiate) : (30 septembre) 2020. Lu dans Le Canard enchaîné :
« En comparution immédiate, nous rappelle ce reportage [Mandat de dépôt. 3 octobre 2020. TF1], trois affaires sur quatre se terminent en mandat de dépôt. Et un prévenu a huit fois plus de risques de partir en détention que devant un tribunal correctionnel. » 59

Justice (Compensations financières) : 2008. Anna Politkovskaïa, dans Douloureuse Russie. Journal d’une femme en colère, auteure de :
« Après Nord-Ost [32-26 octobre 2002. Prise d’otages terminée par l’assaut des forces spéciales russes qui ont noyé la salle d’un gaz qui a tué 128 otages] Tatiana Khazieva - mère d’une petite fille Sonia - dont le mari fit tué, a été la première à gagner son procès. En juin 2003 [après une prise d’otages et une intervention jugée a minima « chaotique » des forces spéciales les 334 civils tués, dont 186 enfants] à Beslan nous nous sommes demandé ce que nous cherchions exactement en réclamant des compensations à l’État. Tatiana m’a dit : ‘Si demain, ma fille est prise en otage dans son école, je veux être certaine que sa vie vaut tellement cher que le FSB [ex-KGB], et même l’État tout entier, n’aurait pas assez d’argent pour me dédommager si elle venait à être tuée’. » 60 (Cf. Êtres humains, Politique. État)

Justice (« Compétence universelle ») : (20 février) 2021. J’entends que le « principe de la compétence universelle » de la justice - qui s’applique actuellement en Allemagne aux fins de juger certains des responsables des crimes du régime Syrien - doit être « exceptionnelle et dérogatoire ». 61
N.B. La « compétence universelle » signifie qu’un État [actuellement Européens] est compétent pour la poursuite et le jugement d’une infraction [crime de torture, génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre] commise à l’étranger, par une personne étrangère, à l’encontre d’une victime étrangère, et sans que cet État soit la victime de l’infraction.
Bref, confusions, arbitraires, rapports de forces, judiciarisation des crimes des États et acte de décès du droit international, ou du moins de ce qui en reste.

Justice (Complice) : (29 octobre) 2017. On pouvait lire sur une pancarte : « ’Justice’. Complice », lors du rassemblement organisé par « Me too » pour dénoncer le harcèlement sexuel, les violences à l’encontre des femmes :
- Lu aussi : « Me too. Justice nulle part ».
- Lu enfin : « Les victimes dénoncent. À quand les jugements ? »
- Plus pertinent, plus approprié, plus adéquat que : « La parole des femmes se libère » qui n’engage à rien, n’accuse personne, ni ne remet en cause quoi que ce soit. 62 (Cf. Justice. Patriarcale, Victimes, Patriarcat. Weinstein Harvey)

Justice. Condamnations :

Justice (Condamnations) (1) : À l’écoute d’une critique de l’expression de « fusillés pour l’exemple », concernant les soldats tués par la hiérarchie militaire, pendant la guerre de 1914-1918, je m’interroge : combien de condamnations par la justice le sont-elles « pour l’exemple » ? Et, pour poursuivre : combien d’absence des condamnations ne le sont-elles pas aussi « pour l’exemple » ?

Par ordre chronologique. Justice. Condamnations :

Justice (Condamnations) (1) : 1972. Nicole Gérard, dans Sept ans de pénitence, auteure de :
« C’est une lapalissade de dire qu’une condamnation est toujours un châtiment pour l’accusé[e]. Mais tout bien réfléchi, la condamnation peut être souvent une insulte à la victime. Ainsi donc il y aurait des mort[e]s que l’on estime valoir vingt ans de travaux forcés, d’autres qui valent la réclusion perpétuelle, d’autres qui ne valent que cinq ans, d’autres enfin qui ne valent rien, c’est à dire qui valent si peu que leur meurtrier[ère] est acquitté[e] ? C’est curieux. On pèse évidemment l’acte de l’accusé[e] dans un jugement. Mais il semble bien, finalement que le [la] mort[e] et le [la] vivant [e] sont jugé[e]s en même temps. » 63
Riche modification de l’angle de vue de l’analyse dominante…

Justice (Condamnations) (2) : 1997. Je lis :
« Je crois que la société a une responsabilité par rapport aux condamnations qu’elle propose et qu’une de ses responsabilités devrait être d’essayer de voir avec l’individu qui a fauté, quelle est la part de sa responsabilité personnelle et la part de responsabilité de son entourage ou de la société qui l’a conduit à ces méfaits. » 64
Mais cette question n’aurait-elle pas pour logique conclusion la suppression de l’institution Justice ? (Cf. Justice. Condamnations)

Justice. Condamnations injustes :

Justice (Condamnations injustes) (1) : Combien de femmes ont-elles été condamnées (et /ou poursuivies) par la justice, parce que, sans si souvent même le savoir, elles avaient, elles ont servi pour des hommes (pères, maris, patrons, proxénètes, amants) de cautions, d’investissements, de prête-noms, de coffres-forts, de passeuses, d’appâts, de valises, d’agents de liaison, de cobayes, de bases arrière, d’avant-gardes, de cache-sexes ? Si souvent ignorantes du rôle qu’ils leur faisaient jouer… (Cf. Droit. Patriarcat)

Justice (Condamnations injustes) (2) : De combien de condamnations injustes, y compris selon la morale commune, la justice s’est-elle rendue coupable ? La majorité ? Et infâmantes ?

Justice. Confiance :

Justice (Confiance) (1) : 2006. France. Sondage. Question : « Faites-vous confiance en la justice ? » Réponse : Non : 75 %. 65
- Autre exemple : En Moldavie, en 2012, selon Amnesty International citant L’Institut moldave des politiques publiques, 1% des personnes interrogées disaient avoir pleinement confiance en la justice de leur pays, tandis qu’elles étaient 42 % à ne lui faire aucune confiance. 66
* Ajout, avril 2014. Citation maintenue, bien qu’aucune source citée par Amnesty International ne soit crédible.

Justice (Confiance) (2) : Combien de personnes ont-elles été poursuivies en justice, condamnées, emprisonnées du fait d’un excès de confiance envers une autre personne qui les a utilisées, manipulées, trahies ?
Les prisons de femmes en sont pleines…

Justice (Contradictoire) : (septembre-octobre) 1765. Voltaire [1694-1778] répondit à un destinataire inconnu qui lui demandait son avis concernant deux décisions de justice contradictoires ceci :
« Vous me demandez auquel de ces deux jugements je tiens. Je vous répondrai ce que dit un avocat vénitien aux sérénissimes sénateurs devant lesquels il plaidait : ‘Vos excellences, le mois passé, jugèrent de cette façon, et ce mois-ci, dans la même cause, elles ont jugé tout le contraire, et toujours à merveille’. » 67

Justice (Conscience) : Dans quelle mesure et sur quels fondements la conscience (l’inconscience) plus ou moins grande de l’auteur-e au moment de commettre un délit et / ou un meurtre peut-elle, doit-elle entrer en ligne de compte pour juger de sa vérité, et de la gravité de l’acte jugé ?
Et que penser du rôle de celui/celle qui en juge [en conscience ?] ?
Le rôle - le plus souvent caricatural - dévolu dans les procès aux « psy » n’a-t-il pas pour principale fonction d’éviter aux juges de se poser la question ?

Justice (Coupable) : Combien d’innocent-es ont-ils plaidé « coupable » parce qu’on leur a dit que c’était le meilleur moyen de défense et qui, pour certain-es, ont fini par le croire ?

Justice (« Coupable ou non coupable ? ») : La simple réponse - suivie de ses conséquences - le concernant, pour un-e accusé-e, à cette question :
« Coupable ou non coupable ? » juge le code pénal au nom duquel il / elle est jugé-e.

Justice (Cour européenne des droits de l’homme) : (2 décembre) 2020. Selon Le Canard enchaîné, la Cour européenne des droits de l’homme a, depuis 1974, condamné la France 749 fois. 68

Justice (Cour pénale internationale) : 2019. À la vue du document de la Cour pénale internationale. Situation en république du Mali. Affaire. Le procureur. c. Al Hassan Ag Abdoul Aziz Gg Mohammed Ag Mahmoud 69 je ne peux comprendre : comment peut-on pour juger d’une situation dans un pays, se focaliser pénalement sur une seule personne ?
Accuser un homme et lui imputer toutes les violences commises par un groupe, un mouvement, un je ne sais quoi…, sans s'interroger sur les raisons, les causes, religieuses, tribales, culturelles, anti occidentales, patriarcales, historiques, liées notamment à la nature du régime étatique politique combattu, et soutenu depuis des dizaines d'années par la France, me paraît être une caricature de justice et un déni de réflexion...

Justice. Cour suprême Indienne :

Justice (Cour suprême Indienne) (1) : 2020. Arundhati Roy, dans Mon cœur séditieux, auteure de :
« […] Au centre du système se trouve l’institution la plus puissante du pays, la Cour suprême qui est en train de devenir à une vitesse record l’un des piliers de la Grande Entreprise, dans la mesure où elle prend ordonnance sur ordonnance pour autoriser la construction de barrages, le détournement des cours d’eau, les exploitations minières aveugles, la destruction des forets et des écosystèmes. […] (les critiques à l’endroit de la Cour suprême constituent, rappelons-le, un délit puni par la loi et passible d’emprisonnement). » 70 (Cf. Droit. Constitutionnel)

Justice (Cour suprême Indienne) (2) : 2020. Arundhati Roy, dans Mon cœur séditieux, auteure de :
« En août 2005, la Cour suprême avait confirmé ce jugement [la peine de mort de Mohammed Afzal Guru. 1969-9 février 2013] et commenté en ces termes devenus célèbres :
Comme il arrive dans la plupart des cas, il n’y a et ne peut y avoir de preuve directe du délit de conspiration criminelle… L’épisode, qui a fait de nombreuses victimes (sic), a bouleversé la nation entière et la conscience collective de la société ne sera satisfaite que si le coupable est condamné à la peine capitale‘. » 71

Justice (Coronavirus) : (20 mars) 2020. Nous vivons dans un monde dont la justice est quasiment absente : les tribunaux sont fermés depuis le 15 mars, « à l’exception des contentieux essentiels ».
De là à ce que certain-es pensent que l’on puisse s’en passer plus longtemps…
Pendant ce temps, le ministère propose des ordonnances qui font voler en éclats des principes dits « fondamentaux » de la justice, à savoir la publicité des débats, la collégialité des prises de décisions, la présence d’un-e avocat-e, la présence des personnes concernées.
La durée de ces mesures « d’exception » est aussi peu clair que celle de notre futur… (Cf. Politique. Coronavirus) http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1193&mode=last

Justice (« Crainte révérencielle ») : 2013. Louis Joinet [1934-2019] écrit dans Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice qu’en juillet 1969, lors des accords de Matignon, le syndicat de la magistrature, nouvellement créé, exigea et obtint la suppression de « la fameuse courbette », expression de « la crainte révérencielle » exigée jusqu’alors des magistrat-es envers leur hiérarchie. 72
- Louis Joinet ajoutera, en 2017, dans un entretien paru dans la revue Délibérée - animée par le syndicat de la magistrature - :
« J’ai même connu les derniers ‘thés de Madame la première’. » (Cf. Famille. Couple, Patriarcat, Politique. Hiérarchie)

Par ordre chronologique. Justice. « Crime passionnel » :

Justice (« Crime passionnel ») (1) : 1958. Christiane Rochefort [1917-1998], dans Le repos du guerrier, auteure de :
« N’avouez jamais, c’est la règle. […] Et de préférence, plaidez le crime passionnel ; c’est le seul mobile admis et pardonné. Le chagrin d’amour éveille la sympathie générale. » Et aussi incroyable que cela soit, c’est bien sur la base de cette ‘analyse’ que tant d’hommes ont pu, dans une quasi impunité, aussi longtemps, tué tant de femmes, ce dont tant de traces sont encore tangibles… 73 (Cf. Justice. Impunité. Procès)

Justice (« Crime passionnel ») (2) : (30 mai) 2005. Jacques Vergès [1924-2013], dans son Journal, évoquant un « homme qui avait tué sa compagne parce qu’elle l’avait trompé » auteur de :
« Le crime passionnel par excellence, avec toutes les circonstances atténuantes imaginables. »
Remplacer « circonstances atténuantes » par : justifications légitimées par le droit et la justice. 74 (Cf. Droit, Justice. Avocat. Procès, Patriarcat, Violences à l’encontre des femmes)

Justice (« Crime passionnel ») (3) : (4 octobre) 2019. Fils de magistrat, un avocat de 34 ans est jugé par la Cour d’Assises de Paris pour avoir tué l’amant de « sa compagne », surpris, le 5 janvier 2017, par lui dans leur lit. Selon elle - ce qu’il nie - il aurait alors dit :
« C’est un crime passionnel, cela se défend très bien au tribunal. » 75 (Cf. Droit, Justice. Avocat. Procès, Patriarcat, Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Critique) : (2 octobre) 2017. Latifa Ibn Ziaten, mère d’Iman Ibn Ziaten, militaire français, assassiné par Mohammed Merah, interrogée sur la manière dont elle a vécu sa participation au premier jour du procès de Mohammed Merah, dit :
« C’était très dur. On dirait [aurait dit] que je rentre [rentrais] au commissariat » (de police) [où elle avait été traitée comme son fils, comme des coupables, humilié-es, dans la longue tradition raciste française] 76
Non seulement la justice ne réparait pas les violences qu’elle avait vécues dans un commissariat de police, mais elle en prolongeait les effets. (Cf. Justice. Police. État. Politique. État)

Justice (Critiques féministes) : Lorsque l’on réfléchit à toutes les injustices que la justice patriarcale a infligé aux femmes et lorsque l’on ne peut que constater qu’à quelques exceptions près, elle continue - ne serait-ce que par son abstention - à leur infliger, on ne peut que constater la modération des féministes (au sein desquelles je m’inclue, bien sûr) en la matière. (Cf. Droit, Féminisme, Justice. Féministe, Patriarcale, Patriarcat)
* Ajout. 4 novembre 2020. http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=428&themeid=

Justice (Dallest Jacques) : (24 mai) 2023. Lu dans Le Canard enchaîné :
« Ancien juge d’instruction à Lyon, puis procureur de la République à Ajaccio, Jacques Dallest a occupé les postes stratégiques d’avocat général près la cour d’appel de Bordeaux de 2004 à 2008, puis à Marseille, avant de s’installer à Grenoble. Ayant atteint l’âge de la retraite, il vient de décider d’améliorer sa pension en se faisant embaucher comme ‘senior adviser’ (sic) par l’agence de communication de lobbying Image 7.
Plus importante société de ce type en France, Image 7 officie pour les plus grands patrons française, de François Pinault à Jean-Charles Naouri. M. le procureur général y dirigera, selon ’Le Bulletin quotidien’ (19 mai 2023), le pôle ‘communication judicaire’. Un poste idéal pour rentabiliser sa précieuses expertise juridique et son carnet d’adresse. »
À la lumière de cette glorieuse fin de carrière, quels regards, quelles analyses, quelles critiques peut-on, doit-on, porter sur la manière dont il a, sa vie durant, jugé ? 77

Justice (Darmanin Gérald) : (2 mai) 2023. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, en réaction au « constat » de Dominique Simonet, contrôleure générale des lieux de privation de liberté qui, après avoir effectué « des contrôles menés les 24 et 25 mars dans neuf commissariats parisiens » les quels ont révélé des « atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes enfermées », et qui, en conséquence, dénonçait les arrestations de manifestant-es « au hasard » - une évidence - affirme qu’elle « excède ses compétences », notamment lorsqu'elle dénonce « une instrumentalisation des mesures de garde à vue à des fins répressives. »
- Jusqu’à quand sera-t-il « normal » d’entendre des ministres affirmer le contraire de l’évidente vérité et, en l’occurrence, ici, en sus, en conséquence, de bafouer des institutions ?
Le préfet de police de Paris avait, pour sa part, à plusieurs reprises, affirmé que « les interpellations préventives, ça n’existe pas ».
Et, pour autant, les exemples pourtant abondants de déni du réel - lorsque ce ne sont pas des mensonges éhontés - par les politiques, étant quasiment la norme, je n’ai entendu, dans les médias, personne établir ne serait-ce que le plus petit lien avec la dénonciation de la propagande dans la Russie de Vladimir Poutine. (Cf. notamment, Hommes. « Politiques », Darmanin Gérald, Politique. État. Répression, Médias)

Justice. Déclaration à la police, à la gendarmerie :

Justice (Déclaration à la police, à la gendarmerie) (1) : [Écrit après une déclaration pénible, à la suite d’un simple vol, dans un commissariat de police, nécessaire pour un remboursement]
À titre personnel, j’ai été amenée trois fois à déposer ; trois fois, j’ai été effrayée tant par l’inadéquation des questions que par la manière dont ce que j’avais exprimé était retranscrit. Deux fois, tout a quasiment dû être réécrit et lors de l’une des dépositions, il m’a été demandée et de reposer les questions et d’y répondre.
La troisième fois, j’ai renoncé à ce qu’il y ait une quelconque adéquation entre les questions posées, même après avoir été repositionnées par moi et ce qui était retranscrit, tant la vision des policiers - incompétents - était sans aucune commune mesure avec les enjeux posés par l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier. (Cf. Justice. Police, Procès. Toscan du Plantier Sophie)

Justice (Déclaration à la police, à la gendarmerie) (2) : Entre ce qui est dit, déclaré, répondu par une victime, un-e témoin, un-e accusée…, à un-e policier-ère, un-e gendarme, un-e juge d’instruction et ce qui en est retranscrit, il existe souvent un immense fossé.
Aussi l’argument invoqué lors des procès pour récuser le fait que le PV ne reflète souvent pas ce qui a été dit, exprimé, à savoir qu’il est relu par la personne concernée n’est pas, sauf exception, réellement valide.
Au premier chef, parce que le point de vue de la personne victime, témoin, accusée, confrontée à celle qui prend en note la plainte ou la déposition n’est tout simplement pas le même.
Par ailleurs, une déclaration à la police, comparée à des réponses aux questions posées par un-e juge d’instruction, par un-e psychiatre, par un-e avocat-e, par un-e procureur-e…s’inscrit dans des temporalités différentes, et, en fonction de sensibilités, de compréhensions, d’animosités, de contextes, de finalités, d’enjeux différents. Dès lors, les opposer entre eux, en dévoiler les différences, les contradictions - ce qui est souvent la norme dans les procès - n’est pas, sauf rigoureuses précautions de méthode, acceptable. Sauf à vouloir invalider la parole de l’accusé-e, de la victime… (Cf. Justice. Police)

Justice (Déclaration à la police, à la gendarmerie) (3) : 1947. Dans Quai des orfèvres, de Henri-Georges Clouzot [1907-1977], on assiste à la lecture / réécriture par l’inspecteur principal-adjoint de police joué par Louis Jouvet, lequel dicte - avec ses propres mots - la déclaration du suspect, joué par Bernard Blier, sans que celui-ci n’y puisse rien changer. (Cf. Culture. Cinéma)

Justice (Defert Daniel) : 2014. Daniel Defert, dans Une vie politique, auteur de :
« Toute libération révèle l’impensé de l’injustice qui l’a précédée - une injustice dont il est difficile de se sentir complètement innocent. » 78 (Cf. Penser, Politique, Histoire)

Justice. Charles De Gaulle :

Justice (De Gaulle Charles) (1) : (19 avril) 1967. Charles de Gaulle [1890-1970], dans une lettre adressée à Jean-Paul Sartre [1905-1980], aux fins de refuser la demande qui lui avait été faite « de laisser siéger en France, le Tribunal Russel » [qui eut finalement lieu à Stockholm], auteur, notamment de :
« Ce n’est pas à vous que j’apprendrai que toute justice, dans son principe comme dans son exécution, n’appartient qu’à l’État. »
N.B. Ce qui n’est pas synonyme de : « Il n’est de justice que d’État ». 79

Justice (De Gaulle Charles) (2) : 2004. Philippe de Gaulle, dans De Gaulle, mon père [1890-1970], auteur de :
« Pour lui, la justice des hommes visait à respecter un bon fonctionnement de la vie en société. Il ne prétendait pas que c’était tout à fait (sic) la justice. C’était celle des hommes. C’est-à-dire que l’on est obligé de suivre un ordre établi, que l’on ne peut tolérer des perturbations qui empêchent la société de marcher normalement. D’où sa thèse : ‘Le rôle de l’État est d’assurer le triomphe de l’ordre sur l’anarchie et de promouvoir les changements nécessaires. » 80 (Cf. Politique. État. Ordre)

Justice (Délais) : Entendu :
« Justice retardée, justice déniée ».

Justice (Délinquance) : Si le délinquant est [considéré comme] une victime de la société, alors c’est la victime qui nécessairement dérange. (Poursuivre) (Cf. Politique)

Justice. Démocratie :

Justice (Démocratie) (1) : La démocratie s’est avérée incapable de justice. Elle n’était pas à sa genèse ; elle n’était pas dans son projet. (Cf. Justice. État, Politique. Démocratie)

Justice (Démocratie) (2) : 1990. Gilles Perrault [1931-2023], dans Notre ami le roi, auteur de :
« En voyant arriver dans son bureau [le 15 janvier 1976] un Abraham [Serfati. 1926-2010] qui émergeait de l’enfer d’une garde à vue (sic) de quatorze mois, titubant sur ses pieds déformés par la falanga [torture consistant à frapper les plantes des pieds], les poignets profondément entaillés par le port permanent des menottes, les doigts paralysés par un syndrome de Raynaud qui l’empêcha d’écrire pendant des années, le juge d’instruction l’accueillit avec ce mot sublime : ‘Vous avez de la chance que nous soyons en démocratie.’ » 81 (Cf. Corps. Hommes. Salauds. Hassan II, Justice. Juges, Politique. Torture. État. Démocratie)

Justice. Détention préventive :

Justice (Détention préventive) (1) : (5 avril) 1956. Henri-Irénée Marrou [1904-1977] dans Le Monde, concernant la politique française en Algérie écrit :
« Le gouvernement se montre très soucieux de parer à toute manœuvre malfaisante de démoralisation de l’armée, comme vient de l’appendre à ses dépens C. Bourdet [Claude Bourdet. 1909-1996, avait été arrêté le 31 mars 1956, inculpé d’entreprises de démoralisation de l’armée, pour ses articles contre la torture, emprisonné à Fresnes et relâché le jour même], je souhaite que Me Maurice Garçon [1889-1967] nous explique en quoi l’usage actuel de la détention préventive diffère des lettres de cachet que nous avons appris dès l’école primaire à détester comme une des tares du régime aboli en 1789) ; est-il aussi attentif à ce qui porte atteinte au moral de la nation ? » 82 (Cf. Justice. Lettres de cachet, Politique. Torture, Histoire. Marrou Henri-Irénée)
* Ajout. 26 janvier 2017. Au 1er janvier 2017, 19.498 personnes sont incarcérées sans avoir été jugées ou alors que leur peine est frappée d’appel, soit 28,9 % des détenus. 83
* Ajout. 19 janvier 2022. Au 1er juillet 2021, 19.221 personnes, soit 28,3 % des détenus le sont en préventive. [Wikipédia]

Par ordre chronologique. Justice. Détention préventive :

Justice (Détention préventive) (1) : (21 juillet) 1764. Voltaire [1694-1778], dans une lettre au duc de Richelieu, auteur de :
« On commence toujours en France par mettre un homme trois ou quatre ans en prison, après quoi on le juge. » 84 (Cf. Politique. Répression. Prison)

Justice. Justice des enfants :

Justice (des enfants) (1) : (mai) 1912. André Gide [1869-1951], dans ses Souvenirs de la Cour d’assises, auteur de :
« […] À présent, c’est le tour de l’enfant [« âgée de 7 ans », « complètement violée »]. Elle est propre et gentille ; mais on voit que l’appareil de la justice, ces bancs, cette solennité, l’espèce de trône où sont assis ces trois vieux messieurs bizarrement vêtus, que tout cela la terrifie.
- Voyons, n’ayez pas peur, mon enfant, approchez.
- Et, comme hier, déjà, on fait monter la petite sur une chaise, afin qu’elle soit à la hauteur où la Cour est juchée, et que le Président puisse entendre ses réponses. Il les répète aussitôt après à voix haute, pour l’édification des jurés. Nous voyons de dos la petite ; elle tremble ; et cette fois ce n’est pas le rire mais le sanglot qui la secoue. Elle sort un mouchoir de la poche de son tablier.
Cet interrogatoire est atroce ; et quelle inutile insistance pour savoir ce que l’autre lui a fait, puisqu’on le sait déjà par le menu ! La petite, du reste, ne peut pas répondre, ou que par monosyllabes ! La voix de l’enfant est si faible que le Président, pour l’entendre, se penche et met contre son oreille sa main en cornet. […] »
- J’ai entendu cent fois vanter les réformes de la justice de mineurs à la Libération ; je n’ai jamais entendu d’excuses concernant la manière dont la justice les traitaient auparavant, et dont cet épisode n’est qu’un très, très faible écho. 85 (Cf. Enfants, Politique. Réformes)

Justice (des enfants) (2) : (4 mars) 2020. Dans l’émission Le cours de l’histoire de France Culture, Véronique Blanchard, auteure de : « Les jeunes filles - mais elles ne sont pas seules - essaient de se défendre, de se justifier ».
Elles « essaient », sur le seul terrain qui leur est laissé, celui de la « justification », nécessairement en vain, alors qu’elles ont déjà été écrasées par le droit, la famille, la pauvreté, la société et sont déjà dans les griffes de l’État. 86 (Cf. Enfants, Femmes. Jeunes filles, Justice. État)

Justice. Justice des hommes :

Justice (des hommes) (1) : Si l’on ne peut - légitimement - être juge et partie, alors toutes les décisions de justice dans lesquelles des hommes - seuls - ont jugé, depuis des siècles, les femmes doivent être considérées comme illégitimes. Des excuses officielles de la « République » française doivent être présentées aux femmes : exigence minimale qui n’effacera pas pour autant toutes ces vies détruites, toutes ces injustices dont les hommes, tous les hommes, ont tant bénéficié. Certains plus que d’autres, certes. (Cf. Politique. Démocratie, Patriarcat)

Justice (des hommes. France) (2) : (mai) 1912. Lu dans les Souvenirs de la cour d’assises d’André Gide :
« Par crainte absurde de me faire remarquer, je n’ai pas pris de notes sur la première affaire ; un attentat à la pudeur (nous aurons à en juger cinq). L’accusé est acquitté ; non qu’il reste sur sa culpabilité quelque doute, mais bien parce que les jurés estiment qu’il n’y a pas lieu de condamner pour si peu. Je ne suis pas jury pour cette affaire, mais dans la suspension de séance j’entends parler ce qui en furent ; certains s’indignent qu’on occupe la Cour de vétilles comme il s’en commet, disent-ils, chaque jour de tous les côtés. » 87
- Des « vétilles qui s’en commettent chaque jour de tous les côtés », si fréquentes qu’elles ne doivent pas « occuper » (encombrer ?) les Cours d’Assises.
Ce compte-rendu révèle la banalité de l’évidence du droit patriarcal, pour lequel ce que l’on nommait alors « attentats à la pudeur » et aujourd’hui violences à l’encontre des femmes et des enfants relevaient de l’ordre des choses…. Il révèle aussi l’évolution de la prise de conscience depuis un siècle. (Cf. Justice. Jury, Patriarcat, Violences à l’encontre des femmes)

Justice (des hommes. France) (3) : (12 octobre) 1934. Le président du tribunal, M. Peyre, qui condamna Violette Nozière [1915-1966] à mort l’appelait « la fille Nozière ».
Ce fut aussi lui qui lut la formule traditionnelle, celle exigée alors par la loi pour les crimes de ‘parricide’ :
« La cour prononce contre Violette Nozière la peine de mort, ordonne qu’elle soit conduite à l’échafaud, en chemise, nu-pieds, la tête couverte d’un voile noir, qu’elle soit exposée aux pieds de l’échafaud ; le greffier lira la sentence au peuple et elle sera immédiatement condamnée à mort. » 88 (Cf. Femmes. Filles. Peine de mort, Justice. Peine de mort. Président du tribunal. Procès. Nozière Violette)

Justice (des hommes. France) (4) : (11 octobre) 1972. Extrait des débats du procès - d’accusation de la loi interdisant l’avortement - dit de Bobigny. Le président du tribunal de Grande instance de Bobigny. (2ème Chambre), M. Graffan interroge la femme qui a avorté Marie-Claire C. : « Vous avez utilisé quel procédé ? »
Réponse : « Vous le savez bien, Monsieur le Président, un spéculum. »
Le président : « Par la bouche ? » 89 (Cf. Êtres humains, Corps. Vagin, Droit, Femmes. Avortements, Dialogues, Justice. Président du tribunal, Patriarcat, Proxénétisme. Spéculum)

Justice. Charles Dickens :

Justice (Dickens Charles) (1) : 1850. Charles Dickens [1812-1870], dans David Copperfield, auteur de :
« Là-dessus, il se lança dans un éloge général de l’Officialité. ‘Ce qu’il y a le plus à admirer, disait-il, c’est la concentration des affaires. Il n’y a pas de tribunal aussi bien organisé dans le monde. On a tout sous la main, dans une coquille de noix. Par exemple, on porte devant la Cour du Consistoire une affaire de divorce, ou une affaire de restitution. Très bien. Vous commencez par essayer de la Cour du Consistoire. Cela se passe tranquillement, en famille ; on prend son temps. À supposer qu’on ne soit pas satisfait de Cour du Consistoire, que fait-on ? On va devant la cour des Arches, la même cour dans le même local, avec la même barre, les mêmes conseillers ; il n’y a que le juge de changé, car le premier jour, celui de la Cour du Consistoire peut revenir plaider ici, quand cela lui convient, devant la cour des Arches, comme avocat. Ici, on recommence le même jeu. Vous n’êtes pas satisfait ? Très bien. Alors que fait-on ? On se présente devant la Cour des délégués. Qu’est-ce que la Cour des délégués ? Eh bien, les délégués ecclésiastiques sont les avocats sans cause, qui ont vu le jeu qui s’est joué dans les deux Cours ; qui ont vu donner, couper et jeter les cartes ; qui en ont parlé à tous les joueurs et qui, en conséquence, se présentent comme des juges tous neufs à l’affaire, pour tout régler à la satisfaction de tous. Les mécontents peuvent parler de la corruption de la cour, de l’insuffisance de la Cour, de la nécessité d’une réforme de la Cour ; mais avec tout cela dit M. Spenlow en terminant, plus le boisseau de grain est cher au marché, plus la Cour a d’affaires évoquées devant elle, et on peut dire au monde entier, la main sur la conscience : Touchez seulement à la Cour et c’en est fait du pays. » 90
- Mutatis mutandis, toute comparaison avec le système juridique français, ainsi qu’aux critiques qui lui sont faites et à sa fonction, est la bienvenue.

Justice (Dickens Charles) (2) : 1850. Charles Dickens [1812-1870], dans David Copperfield, auteur de :
« […] Ma tante prenait, si je ne me trompe, toutes les cours judiciaires comme autant de poudrières toujours prêtes à sauter. » 91

Par ordre chronologique. Justice. Denis Diderot :

Justice (Diderot Denis) (1) : (19 août) 1762. Denis Diderot [1713-1784], dans une lettre à Sophie Volland [1716-1784], auteur de :
« Nous ne savons que punir ; nous arrêtons tant que nous pouvons les méchants, mais nous ne nous mêlons point de faire germer les bons. Et peut-être ne faudrait-il guère de châtiments pour le crime, s’il y avait des prix pour la vertu. […] » 92 (Cf. Droit, Politique. Lois)

Justice (Diderot Denis) (2) : (mai) 1768. Denis Diderot [1713-1784], dans une lettre à Falconet [1716-1791], auteur de :
« C’est celui qui est frappé et non celui qui frappe qui est le vrai juge du coup. » 93
Une vision bouleversante, renversante, de la justice qui met à bas des siècles d’injustice.
N.B. Pour une autre version, antérieure, de sa position : Cf. Violences. Diderot Denis)

Justice (Diderot Denis) (3) : 1770. Denis Diderot [1713-1784], dans Entretien d’un père avec ses enfants, auteur de :
« Est-ce que l’homme n’est pas antérieur à l’homme de loi ? Est-ce que la raison de l’espèce humaine n’est pas autrement sacrée que la raison d’un législateur ? » 94

Justice (Diderot Denis) (4) : 173-1775. Denis Diderot [1713-1784], dans Jacques le fataliste et son maître, auteur de :
« Jacques : ‘Monsieur, ne vous fâchez pas, on a quelques fois pendu de fort honnêtes gens : c’est un quiproquo de justice.
Le Maître : Ces quiproquo sont affligeants. Parlons d’autre chose. »
N.B. « Quiproquo » : « Erreur qui consiste à prendre une personne, une chose pour une autre ; malentendu qui en résulte. » 95

Justice (Diderot Denis) (5) : 1781. Denis Diderot [1713-1784], dans l’Entretien d’un père avec ses enfants, auteur de :
« […] La justice, la justice…
- On l’a dit, est souvent une très grande injustice. » 96

Justice (Diderot Denis) (6) : 1781. Denis Diderot [1713-1784], dans l’Entretien d’un père avec ses enfants, auteur de :
« Les juges s’en tiennent strictement à la loi […] et font bien. Les juges ferment, en pareil cas, les yeux sur les circonstances […] par l’effroi des inconvénients qui s’en suivraient ; et font bien. Ils sacrifient quelques fois contre le témoignage même de leur conscience […] l’intérêt du malheureux et de l’innocent qui ne pourraient se sauver sans lâcher la bride à une infinité de fripons, et font bien. Ils redoutent […] de prononcer un arrêt équitable dans un cas déterminé, mais funeste dans mille autres par la multitude des désordres auxquels ils ouvraient la porte ; et font bien. […] » 97

Justice (Diderot Denis) (7) : 1794. Denis Diderot [1713-1784], dans La religieuse, auteur de :
« Que n’appeliez-vous un homme de loi ? Que ne protestiez-vous ? Vous avez eu les vingt-quatre heures pour constater votre regret.
- Savais-je rien de ces formalités ? Quand je les aurais sues, étais-je en état d’en user ? Quand j’aurais été en état d’en user, l’aurais-je pu ? […] » 98

Justice (Diderot Denis) (8) : 1794. Denis Diderot [1713-1784], dans La religieuse, auteur de :
« Monsieur Manouri [l’avocat de la religieuse] publia un premier mémoire qui fit peu de sensation : il y avait trop d’esprit pas assez de pathétique, presque point de raisons. Il ne fait pas s’en prendre tout à fait à cet habile avocat. Je ne voulais points absolument qu’il attaquât la réputation de mes parents ; je voulais qu’il ménageât l’état religieux et surtout la maison où j’étais ; je ne voulais pas qu’il peignit de couleurs trop odieuses mes beaux-frères et mes sœurs. Je n’avais en ma faveur qu’une première protestation, solennelle à la vérité, mais faire dans un autre couvent, et nullement renouvelée depuis. Quand on donne des bornes si étroites à ses défenses, et qu’on a affaire à des parties qui n’en mettent aucune dans leur attaque, qui foulent aux pieds le juste et l’injuste, qui avancent et nient avec la même impudence, et qui ne rougissent ni des imputations, ni des soupçons, ni de la médisance, ni de la calomnie, il est difficile de l’emporter, surtout à des tribunaux, où l’habitude et l’ennui des affaires ne permettent presque pas qu’on examine avec quelque scrupule les plus importantes ; et où les contestations de la nature de la mienne sont toujours regardée d’un œil défavorable per l’homme politique, qui craint que sur le succès d’une religieuse réclamant contre ses vœux, une infinité d’autres ne soient engagées dans la même démarche : on sent secrètement que si l’on souffrait que les portes des prisons s’abattissent en faveur d’une malheureuse, la foule s’y porterait et cherchait à les forcer. On s’occupe à nous décourager, et à nous résigner toutes à notre sort par le désespoir d’en changer. Il me semble pourtant que, dans un État bien gouverné, ce devrait être le contraire : entrer difficilement en religion, et en sortir facilement. Et pourquoi ne pas ajouter ce cas à tant d’autres où le moindre défaut de formalités anéantit une procédure, même juste par ailleurs ? […] »
Ce que Denis Diderot a, ici, si magnifiquement, si brillamment, si justement, décrit, démontré, analysé, dénoncé, concernant les vœux dans les couvents, c’est ce que les femmes, les féministes ont ultérieurement, décrit, démontré, analysé, dénoncé, concernant les violences des hommes à l’encontre des femmes et des enfants. Et ce qu’elles vivent encore quotidiennement. 99 (Cf. Droit, Patriarcat, Violences)

Justice (Diderot Denis) (9) : (avril) 1796. Denis Diderot [1713-1784], dans Supplément au voyage de Bougainville, auteur de :
« Orou : […] Je ne sais quels sont ces personnages que tu appelles magistrats et prêtres, dont l’autorité règle votre conduite ; mais, dis-moi, sont-ils maîtres du bien et du mal ; peuvent-ils faire que ce qui est juste soit injuste, et que ce qui est injuste soit juste ? Dépend-il d’eux d’attacher le bien à des actions nuisibles et le mal à des actions innocentes ou utiles ? » 100

Par ordre chronologique. Justice. Diffamation :

Justice (Diffamation. Plainte en) (1) : 1899. Léon Tolstoï [1828-1910] dans Résurrection, évoquant un procès dans la Russie Tsariste, écrit :
« Il s’agissait d’un article de journal dévoilant les escroqueries d’un président de société par actions. Il semblait évident que la seule chose importante eût été de rechercher si véritablement le président volait ceux qui lui avaient fait confiance, et d’agir ensuite pour que les vols prissent fin. Mais il n’en était pas question. On ne discourut que pour savoir si, d’après la loi, l’éditeur avait ou non le droit d’imprimer l’article incriminé, quelle était la nature de la faute puisqu’il l’avait publié : diffamation ou calomnie ? et si la calomnie implique la diffamation ou si la diffamation implique la calomnie ? et encore quantité d’autres choses incompréhensibles pour le commun des mortels, relatives à des décisions et à des arrêts rendus par quelque instance. » 101 (Justice. Tolstoï Léon)

Justice (Diffamation. Plainte en) (2) : (vers le 21 mai) 1900. Émile Zola [1840-1902] écrit à Fernand Labori [1860-1917] :
« Vous m’annoncez que Picquart [Marie-Gorges. 1854-1914] et Reinach [Salomon. 1858-1932] se sont décidés à poursuivre un article diffamatoire, paru dans un journal du matin, article où je suis injurié avec eux, et vous me demandez si je veux me joindre à leur poursuite.
Non, mon ami, je ne poursuivrai pas. Ils ont tout à fait raison de poursuivre et, si les diffamateurs à gages étaient frappés comme ils devraient l’être, il est à croire qu’ils chercheraient un autre gagne-pain. Mais, pour mon compte, voilà quarante ans bientôt que tous les ratés de la littérature et de la politique m’aboient aux jambes, et je n’en ai jamais poursuivi aucun ; j’ai pour principe absolu l’ignorance, le mépris de leurs outrages. Rien n’est plus saint que le mépris, je m’en suis toujours bien trouvé.
Une seule fois, j’ai fait un procès à la presse, le jour où l’on a tenté de salir bassement la mémoire de mon père. Moi, je suis encore debout, mes œuvres me défendent. Et je suis bien décidé à laisser rouler le flot boueux de la presse immonde, sans même savoir les ordures qu’ils roulent.
Le procès c’est demain qui le fera. […]. » 102 (Cf. Relations entre êtres humains. Mépris, Justice. Avocat. Labori Fernand)

Justice (Diffamation. Plainte en diffamation) (3) : (13mai) 1911. Emma Goldman [1869-1940] est accusée par l’organe socialiste britannique Justice, d’être « une agente et espionne de la police secrète russe ». Elle écrit :
« Au début, cette accusation folle me rendit malade ». Puis une lettre de protestations signée de plusieurs hommes et femmes « très en vue dans le monde du travail, des arts et des lettres », largement diffusée fut écrite au rédacteur en chef, Mr. Harry Quelch. Et elle poursuit :
« Comme tout sujet Britannique respectueux des lois, M. Quelch connaissait celle de son pays sur la diffamation. J’aurais pu facilement lui intenter un procès pour calomnie. Il aurait été obligé de produire des preuves ou de verser des dommages et intérêts, voire d’aller en prison. Mais j’adhère à mes positions anarchistes et à mon refus d’invoquer la loi contre quiconque, si scélérat soit-il. Manifestement Quelch avait tablé sur cette hypothèse, et je n’avais aucun autre moyen [que la lettre] de l’obliger à se rétracter. » 103 (Cf. Justice. Malatesta Errico, Politique. Anarchisme)

Justice (Diffamation. Plainte en) (4) : (25 septembre) 2019. Sandra Muller, initiatrice du mouvement mondial Me too, a été condamnée en diffamation par le justice française à 15.000 euros de dommages et intérêts pour avoir fait connaitre le nom de l’homme, Éric Brion, qui l’avait harcelée. 104
À ce niveau d’incohérence, d’absurdité, d’inversion des responsabilités, d’injustice - le terme même étant ici, inapproprié - que dire de plus ?
Que les femmes harcelées, violentées, agressées ne doivent rien attendre de la justice ? (Cf. Justice. Muller Sandra)

Justice. « Disfonctionnement » :

Justice (« Disfonctionnement ») (1) : (28 décembre) 2020. Le 23 décembre 2020, Frédéric Limol tue trois gendarmes et en blesse un quatrième, appelés par son épouse menacée par lui.
France Culture, ce jour, évoquant les plaintes « classées sans suite » de son ex-épouse évoque « un disfonctionnement de la justice ».
À moins que l’on puisse évoquer le « fonctionnement de la justice. » (Cf. Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice (« Disfonctionnement ») (2) : Je lis, dans le texte du 11 mars 2020, La protection de l’état de droit pour tout-es, signé par Un collectif de femmes juristes, paru dans Dalloz actualité :
« Mais comment fait-on si la justice pénale dysfonctionne ? » (Cf. Droit. « État de droit ». Patriarcal, Patriarcat)

Par ordre chronologique. Justice. « Distributive » :

Justice (« Distributive ») (1) : 1818. Germaine de Staël [1766-1817], dans Dix années d’exil, concernant « la justice distributive » - terme aussi peu rigoureux que tous ceux concernant les adjectifs ajoutés à « Justice » - écrit :
« Bonaparte ne frappait jamais les royalistes ou les jacobins sans partager le même nombre de coups entre les uns et les autres. C’est le seul genre de justice distributive dont il ne se soit presque jamais écarté. » 105 (Cf. Justice « Restauratrice » […], Langage. Adjectif / Substantif)

Justice (« Distributive ») (2) : 1830. Dans la même réflexion critique concernant le langage, Stendhal [1783-1842], dans Le rouge et le noir, auteur de :
« Le bonheur, pour ces séminaristes comme pour les héros des romans de Voltaire, consiste surtout à bien dîner. Julien découvrait chez presque tous un respect inné pour l’homme qui porte un habit de drap fin. Ce sentiment apprécie la justice distributive, telle que nous la donne nos tribunaux, à sa valeur et même au-dessous de sa valeur. Que peut-on gagner, répétaient-ils souvent entre eux, à plaider contre un gros ? C’est le mot des vallées du Jura, pour exprimer un homme riche. Qu’on juge leur respect pour l’être le plus riche de tous : le gouvernement ! » 106 (Cf. Hommes. « Héros », Justice « Restauratrice » […], Langage)

Justice (« Dossiers définitivement classés ») : (29 mars) 2023. Lu dans Le Canard enchaîné, qu’au cours des quarante dernières années, la cour d’appel, de Paris a classé définitivement - faute d’élucidation - 247 dossiers d’homicides (p.4) Combien de femmes ?

Justice (« Dossiers non traités ») : (1er septembre) 2021. Lu dans Le Canard enchaîné, à l’occasion du voyage d’Emmanuel Macron à Marseille que 90.000 dossiers à Marseille (sans oublier ceux de La Ciotat et d’Aubagne) sont en attente d’être traités : un « stock » donc à ‘écluser’, confié à 11 magistrat-es supplémentaires, ‘envoyé-es’ sur place par le ministère de la justice en septembre. On imagine le sérieux, la rigueur du travail des juges et…. 107

Justice (Dreyfus Alfred) : 2017. Philippe Oriol, dans sa Préface à la publication de la correspondance d’Alfred Dreyfus avec Marie Arconati Visconti [1899-1923], auteur de :
« Alfred Dreyfus [1859-1935] était l’ennemi des ‘trucs’, des effets qui font des victoires faciles, et aux nombreux observateurs qui ne comprirent pas, par exemple, au procès de Rennes [1905], il refusât de parler de ce qu’il avait vécu à l’Ile du Diable, tenant close, comme l’avait écrit Jaurès [1859-1914] ‘la porte de bronze qui semblait à jamais fermée sur sa souffrance’, il répondait : ‘[…] on n’avait pas à faire appel à un sentiment d’humanité pour les souffrances endurées ; puisqu’ici, il ne s’agissait que d’une question de justice, d’un crime abominable dont j’étais innocent. C’est moi qui ais de la pitié pour les hommes qui se sont déshonorés en faisant condamner un innocent par les moyens les plus criminels. » 108 (Cf. Justice. Procès. Dreyfus Alfred)

Justice (Droit) : Pour que la justice ambitionne, aspire à être plus juste, elle doit abandonner « le droit » comme son référent, sa norme, son principe. (Cf. Droit)

Justice (« Doute profite à l’accusé Le ») : (13 décembre) 2022. J’entends un avocat des condamnés à la suite du procès de Nice dénoncer la décision de justice : selon lui, « le doute a profité à l’accusation et non à l’accusé. » Cette soudaine justification d’un des principes considérés comme l’un des fondements de la justice - que je n’ai jamais accepté, tant il était évident que les femmes victimes de violences étaient celles qui en étaient les évidentes premières victimes - me fait mieux comprendre que, dans les deux cas, en termes de justice, de vérité, le principe est injustifiable, est infondé.

Justice. Dumas Roland :

Justice (Dumas Roland) (1) : 2003. Roland Dumas, dans L’épreuve. Les preuves, ex-ministre des affaires étrangères de François Mitterrand [1916-1996] alors président du conseil constitutionnel, concernant la perquisition dont il fut l’objet le 27 janvier 1998, écrit :
« Je voulais croire qu’il s’agissait d’une méprise ou d’une opération de routine et que cela s’arrangerait vite. Je n’avais jamais imaginé que mon rang social, la notoriété dont je croyais jouir, ma situation professionnelle me protégeraient, mais j’étais sûr que la vérité serait le meilleur rempart - aussi fort que la muraille de Chine - face à la détermination des investigateurs. » [Les juges Eva Joly et Laurence Vichnievski] » 109 (Cf. Femmes. « Politiques ». Joly Eva, Hommes. « Politiques », Politique. État. Conseil constitutionnel)

Justice (Dumas Roland) (2) : 2003. Roland Dumas, dans L’épreuve. Les preuves, lequel fut - de 1995 à 2000, président du conseil constitutionnel - qui doit notamment se prononcer sur « la conformité de la loi et des certains règlements à la constitution » et qui est considéré généralement comme étant au sommet de la hiérarchie judicaire - peut écrire :
« Mais, entre-temps, j’avais eu le loisir de me rendre compte que je ne pouvais rien attendre de la justice. » Ce qui fut suivi de :
« Dès 1998, ayant perdu mes dernières illusions sur la justice française […]. »
« Le ministre de la justice dont je n’avais plus rien à attendre, si ce n’est qu’elle fasse un effort pour faire respecter la loi, s’en tint là. » 110 (Cf. Hommes. « Politiques », Justice. État, Langage. Féminisation du langage, Politique. État. Conseil constitutionnel. Loi)

Justice. Éric Dupond-Moretti. Ministre de la justice :

Justice (Dupond-Moretti Éric) (1) : Concernant la nomination d’Éric Dupond-Moretti, Cf. Coronavirus, 6 juillet, 7 juillet, 8 juillet, 9 juillet, 10 juillet, 11 juillet 2020) http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1193&mode=last

Justice (Dupond-Moretti Éric) (2) : Nommé - au-delà de toute honte, de tout mépris affiché des femmes, des enfants, des juges, des victimes, des justiciables etc…- ministre de la justice, je l’entends faire référence, à son respect du « contradictoire » ; j’en déduis qu’il n’est pas même à même de se rendre compte politiquement, intellectuellement, que cette expression est essentiellement le fait du langage des avocat-es, voire des juges. (Cf. Justice. Avocat. Dupond-Moretti Éric)

Justice (Dupond-Moretti Éric) (3) : Entendre, voir Éric Dupond-Moretti à l’assemblée nationale demander, quémander le silence, car « cela n’est pas facile pour lui » puis, pour arrêter le chahut, demander au président, tel un écolier à sa maîtresse, si le temps « sera décompté », démontre que cet homme n’est fort que de la faiblesse des personnes qu’il est à même de dominer. Entendre Richard Ferrand lui répondre : « Non il faut souffrir un silence » fut un furtif moment de plaisir.

Justice (Dupond-Moretti Éric) (4) : (15 juillet) 2020. Voir Éric Dupond-Moretti, à l’assemblée nationale, au banc des ministres, découvrir avec stupéfaction, lors du discours de politique générale du nouveau premier ministre, Jean Castex, l’évocation de « la création de juges de proximité spécialement affectés à la répression des incivilités du quotidien » ce dont on n’avait pas cru bon l’informer démontre l’importance que le gouvernement lui avait accordé. Et si le ministère de la Justice, le lendemain, en récusa la « création », seuls quelques jours furent nécessaires au ministre pour qu’il vante la nécessité « la police de sécurité du quotidien ».
- Le voir quelques jours plus tard, caché derrière le premier ministre, silencieux, car sa parole n’était alors plus requise, voire même plus nécessaire, donne l’impression qu’il a dû rapidement apprendre le métier : il a été mâté.
N.B. Cf. Denis Diderot [1713-1784], dans Le neveu de Rameau :
« Vous voulez lui faire baisser le ton ? Élevez-le. » 111

Justice (Dupond-Moretti Éric) (5) : (19 juillet) 2020. Entendre, sur BFM-TV, Éric Dupond-Moretti déclarer :
« Je suis féministe » : cet homme est sans parole, sans foi, ni loi.
C’est sans doute pour cela qu’il a été nommé ministre de la justice.

Justice (Dupond-Moretti Éric) (6) : (5 août) 2020. Un dessin du Canard enchaîné (p.5), intitulé Scénario catastrophe montre Éric Dupond-Moretti accompagné de cette bulle :
« Être obligé de démissionner pour assurer la défense d’un certain Darmanin. »

Justice (Dupond-Moretti Éric) (7) : (22 août) 2020. Lors d’un lamentable (autant pour l’ancien avocat que pour EELV) pseudo-débat - vu sur C. News - organisé par les écologistes [EELV] au cours duquel ils avaient invité Éric Dupond-Moretti, celui-ci, toujours aussi mal à l’aise, faux pour dire vrai, peu crédible et incompétent, concernant les violences à l’encontre des femmes - affirma qu’il était preneur d’« idées ».
Des trucs… quoi, qui ne coûteraient rien mais dont il pourrait non pas se vanter, mais présenter pour illustration concrète de son action. (Cf. Penser. Idée, Violences. Violences à l’encontre des femmes)
* Ajout. 2 septembre 2020. Je lis dans Le Canard enchaîné du 2 septembre 2020 qu’Emmanuel Macron alors du conseil des ministres du 26 août 2020 s’est avancé vers lui pour le féliciter :
« Bravo pour votre intervention à l’université d’été d’Europe Écologie. C’était très bien d’y aller et c’était un grand moment politique. » 112 (Cf. Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel)

Justice (Dupond-Moretti Éric) (8) : (29 août) 2020. Un dessin du Canard enchaîné [p.5] : sous le titre Dupond-Moretti : Non aux ayatollahs d’EELV, une bulle l’accompagne :
« Étant moi-même un ancien ayatollah du Barreau, je sais de quoi je parle ! »

Justice (Dupond-Moretti Éric) (9) : (5 février) 2021. Extrait d’un interview (retranscription intégrale) - d’Éric Dupond-Moretti par Marc Fauvelle et de Salhia Brakhlia de France Info :
- Salhia Brakhlia : « Alors justement, je voulais vous parler d'une affaire à laquelle vous avez participé, c'était en 2012 à Amiens, vous avez été l'avocat de deux jeunes femmes qui ont eu des relations sexuelles avec leur père, à l'adolescence, elles avaient plus de 15 ans, on souligne que les deux jeunes femmes revendiquaient leur consentement et leur amour pour leur père, il a été condamné en appel à 5 ans de prison, dont 3 avec sursis, et lors du jugement vous avez eu cette phrase, « je pense que la cour d'assises a parfaitement mesuré tous les enjeux, on se sert souvent de la douleur des victimes pour condamner lourdement les accusés, ici on a pris en considération leur souhait, si tel n'avait pas été le cas, cela aurait été une décision calamiteuse. » Ça veut dire, même dans les affaires d'inceste, le droit, rien que le droit ? »
- Éric Dupond-Moretti : « Le droit, rien que le droit, vous voulez le remplacer par quoi le droit, par l'arbitraire ? Nous sommes dans un État de droit, nous sommes dans un État de droit, cette affaire elle est tout à fait particulière. Il y a un expert psychologue qui parlait « d'inceste heureux », une expression absolument incroyable, c'était une affaire particulière, jugée à huis clos.»
- Marc Fauvelle : Que vous reprendriez à votre compte cette expression ?
- Éric Dupond-Moretti : Non, non, que je n'ai pas reprise à mon compte.
- Marc Fauvelle : C'est une question.
- Éric Dupond-Moretti : « Que je n'ai pas reprise à mon compte, et cette affaire, jugée à huis clos, tout à fait particulière, fait l'objet aujourd'hui, des années plus tard, d'un certain nombre de commentaires, qui n'ont pas tous vocation à être agréables, vous l'avez bien compris. C'est une affaire particulière, et c'est la justice qui a prononcé la condamnation, la justice c'est qui ? C'est les Français, c'est la souveraineté populaire, c'est le jury populaire. Moi j'ai été mandaté… »
Ainsi, Éric Dupond-Moretti ne nie formellement avoir prononcé les termes « d’inceste heureux » ; il affirme, par une incroyable entourloupe, qu’il n’a pas « repris à son compte » l’expression dont on l’accuse l’avoir exprimée. Plus encore, en croyant se justifier, il exprime son mensonge : « affaire particulière, huis clos », tandis que les accusations dont il avait alors été l’objet seraient censées sinon plaider en sa faveur, ou du moins rendre compatissant-e à son égard.
Mais l'apothéose, c’est sa dernière phrase. Puisque la justice, « c'est les Français, c'est la souveraineté populaire, c'est le jury populaire », lui - comme ses semblables, et dès lors, comme nous tous et toutes ? - serait exempt de toute responsabilité. Quant à l’expression : « J'ai été mandaté » elle donne du métier d’avocat-e en l’exerçant une bien piètre image ; en en réalité, il s’agit bien de celle qu’il a manifestée des années durant et que les femmes ne sont pas prêtes d’oublier. (Cf. Droit. « État de droit », Penser. Consentement, Violences. Incestueuses)

Justice (Dupond-Moretti Éric) (10) : (2 mai) 2021. Éric Dupond-Moretti, auteur de :
« L’époque n’est pas à la nuance. C’est affreux. » 113 Comment peut-on croire un instant un homme qui, sans crainte la critique et /ou le ridicule, en si peu de temps, change si rapidement de personnalité ?

Justice (Dupond-Moretti Éric) (11) : (2 juillet) 2021. J’ai pu entendre sur BFM-TV, l’avocat d’Éric Dupond-Moretti, lequel, devenu ministre de la justice, était l’objet au ministère de la justice, en tant qu’ancien avocat, d’une perquisition. Christophe Ingrain affirma que son client était « serein ». Lui se déclara « très serein ». (Cf. Hommes. « Politiques ». Dupond-Moretti Éric)
Quels gouffres de frustrations, de colères, de confusions, ces hommes doivent ils combler pour pouvoir supporter ces humiliations ?

Justice (Dupond-Moretti Éric) (12) : (24 novembre) 2021. J’apprends par Le Canard enchaîné qu’Éric Dupond-Moretti qui avait, à son initiative, fait supprimer le 18 novembre 2021 par les parlementaires du Code de procédure pénale « le rappel à loi », en avait lui-même été l’objet, en tant qu’avocat, « pour acte d’intimidation envers un magistrat » en juin 2018. Mais, dorénavant l’« avertissement pénal probatoire » qui le remplace exclut les « délits commis par une personne dépositaire contre l’autorité publique » : il aurait donc pu être poursuivi pour ce même délit devant un tribunal correctionnel. 114 (Cf. Justice. Avocat. Dupond-Moretti Éric)

Justice (Dupond-Moretti Éric) (13) : (20 mai) 2022. Toujours mis en examen, il est confirmé à son poste de ministre de la justice.

Justice (Dupond-Moretti Éric) (14) : (5 octobre) 2022. Titre du Canard enchaîné :
« L’acrobatique situation du ministre de la justice : Dupond-Moretti en plein numéro de Sceaux périlleux ». Suivi de quatre dessins de presse le concernant :
1) Sous le titre : « L’affront fait à Dupond-Moretti » :
Le ministre de la justice s’adresse, furieux, à un-e prof : « En cour de justice ! Moi ! C’est comme si Pape Ndiaye (ministre de l’éducation nationale) était collé mercredi par des profs ! » (p.1)
2) Sous le titre : « Dupond-Moretti devant la justice » :
Un magistrat s’adresse à lui qui fait grise mine : « Vous connaissez le chef d’accusation… Chef » (p.1)
3) Sous le titre : « Le garde des sceaux renvoyé devant la cour de justice de la République » :
« Et ensuite, dites aux gens d’avoir confiance dans la justice de leur pays ! » (p.2)
4) Sous le titre : « Pour la première fois un garde des sceaux en exercice devant la CJR » :
« Et alors ? Un ministre de la Santé n’est jamais malade ? » (p.4) (Cf. Politique. Hiérarchie. État)
* Ajout. 7 octobre 2022. Emmanuel Macron, auteur de :
« La justice suit son cours. » (Cf. Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel)

Justice (Dupond-Moretti Éric) (15) : (6 janvier) 2023. Éric Dupond-Moretti, sur France Inter, justifiant sa réforme - « pas conceptuelle » - notamment des cours criminelles qui jugent tous « les crimes passibles de moins de 20 ans de prison » et fait quasiment disparaître les cours d’assises, dont l’objectif est de « réduire les délais », auteur de :
« C’est plus fluide » ; « Ça marche bien ».
Et, en dernière instance :
« Je suis le garant de l’intérêt général ». Donc, c’est moi qui seul décide. (Cf. Justice. Jury)
* Ajout. 7 janvier 2023. Albert Camus [1913-1960], dans Combat. 5 janvier 1945, auteur de :
« La presse, ces jours-ci se préoccupe de l’injustice. C’est qu’elle ne peut parler de justice. […]
« Il fallait pour cela que la justice fût rapide […] »
«Le problème, pour que la justice fit rapide, était de la rendre claire. » 115

Justice (Dupond-Moretti Éric) (16) : (7mars) 2023. Éric Dupond-Moretti, à l’assemblée nationale, fait trois bras d’honneur (en termes clairs, signifie : je t’encule) - il en a revendiqué deux - au président du groupe républicain, par ailleurs seul allié du gouvernement concernant la réforme des retraites, Olivier Marleix, qui avait rappelé qu’il était « mis en examen ».
« Je ne suis pas sans doute l’arbitre des élégances » commence-t-il lors de sa première lamentable justificatrice prise de parole.
Par ailleurs, après avoir menacé d’aller à l’Élysée et de démissionner, contraint par la présidente de l’assemblé de s’excuser, il a déclaré que ces gestes n’étaient « pas adressés au député Marleix » - deuxième mensonge - mais à l'atteinte « à la présomption d’innocence » dont il est censé être, en tant que ministre, le garant. Ce régime s’écroule de partout.
N.B. Le bureau de l’assemblée nationale ne peut être saisi : il ne concerne que les député-es. (Cf. Hommes. Grossiers. Irresponsables. Violents, Politique)

Justice (Dupond-Moretti Éric) (17) : (3 mai) 2023. Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, sur BFM.TV, concernant les délais actuels pour obtenir un divorce, qu’il promet de réduire par deux en orientant vers la médiation, considère, qu’en France, :
« On (sic) a la culture de la castagne judicaire ». Et c’est ainsi qu’il juge les justiciables et la Justice…

Justice (Éric Dupond-Moretti) (18) : (27 juin) 2023. Après la mort de Nahel Merzouk, 17 ans, tué « à bout portant » par un policier, la considérable émotion politique qui s’en est suivie et les innombrables révoltes, émeutes, guérillas urbaines, dans les banlieues françaises dans la nuit de 28 juin (et suivantes), Éric Dupond-Moretti a notamment déclaré :
« Je redis toute ma confiance dans la justice de notre pays. C’est la seule façon est d’aller vers l’apaisement, c’est de faire confiance dans la justice qui est rendue en toute indépendance. » Ce n’est pas une rivière, ni une mer, mais un océan qui sépare cet homme de la société.
N.B. Pour rappel : la revendication, qui n’a rien avoir avec « la colère » dont nous abreuvent les médias, : « Pas de justice, pas de paix » est, me concernant, la plus juste.
* Ajout. 30 juin 2023. Aujourd’hui, le terme pour qualifier les violences de la nuit est « insurrections » et concerne toute la France.
* Ajout. 2 août 2023. Plus précisément, je lis dans Le Monde Diplomatique d’août 2023 (p.1) :
« 23.878 feux sur la voie publique, 5892 véhicules incendiés, 3.486 personnes interpellées, 1105 bâtiments publics attaqués, 269 assauts contre des commissariats, 243 écoles dégradées ». (Cf. Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel, Politique. État)

Justice (Éric Dupond-Moretti) (19) : (28 juillet) 2023. La cour de cassation a validé le renvoi d’Éric Dupond-Moretti devant la cour de justice de la république, pour « prise illégale d’intérêts ». Il est accusé d’avoir, depuis son arrivée au ministère, utilisé sa position de ministre pour diligenter des enquêtes administratives envers des magistrat-es qui avaient, quand il était avocat, fait du tort à ses clients.
* Ajout. 4 août 2023. Les avocat-es des trois magistrat-es concerné-es demandent au procureur général près de la cour de cassation, que leurs clients soient, en tant que parties civiles, témoins « essentiels à la manifestation de la vérité » au futur procès.

Justice (Eldem Edhem) : (27 mars) 2020. Edhem Eldem, dans son cours au Collège de France concernant la Turquie Ottomane, auteur de :
« Ce qu’on appelle la justice, c’est tout simplement se conformer aux règles qui définissent la manière dont chacun doit être traité dans le système. » 116
Une riche analyse, pleine de potentialités critiques.

Par ordre chronologique. Justice. George Eliot :

Justice (Eliot George) (1) : 1866. George Eliot [1819-1880], dans Le moulin sur la Floss, auteure de :
« M. Tulliver était un homme strictement honnête, et fier de l’être, mais il considérait que, dans les affaires juridiques, on ne pouvait obtenir justice qu’en employant un coquin assez fort pour empêcher de nuire un coquin moins fort que lui. Ces affaires-là étaient une espèce de combat de coqs, dans lequel l’honnêteté lésée devait se procurer un animal vaillant, possédant la plus grande ardeur et les ergots les plus forts. » 117

Justice (Eliot George) (2) : 1866. George Eliot [1819-1880], dans Felix Holt, le radical, auteure de :
« Car où est la justice quand quatre-vingt-dix-neuf hommes sur cent parviennent à s’en tirer ? » 118

Justice (Enfants) : 1991. Roger Knobelspiess [1947-2017], dans Voleur de poules. Une histoire d’enfant, auteur de :
« Je fus noté : ‘Élève fainéant et indiscipliné’. Cette note m’accompagna tout au long de mes procès d’assises. » 119 (Cf. Êtres humains, Enfants)

Justice (Enquêtes) : (14 septembre) 1999. M. Jean-Pierre Couturier, procureur général près de la Cour d’appel de Bastia de décembre 1995 à mai 1998, auteur de :
« Je sais parfaitement que si certaines enquêtes ont pu avancer plus vite que d’autres, c’est tout simplement parce que les moyens étaient dirigés de leur côté plutôt que d’un autre. »
- Et ce jugement fut suivi de l’intervention de M. Roger Franzoni [1920-2008], avocat, député, membre de la même commission d’enquête. Voici sa déclaration :
« À titre personnel, j’ai vécu le cheminement d’une instruction puisque j’ai été victime d’un attentat. […] Un juge d’instruction a été saisi, une enquête ouverte et cela a duré deux ans. Au terme de ces deux années, j’ai reçu la visite de deux inspecteurs de police qui m’ont dit : ‘Alors, maître Franzoni, vous avez des éléments à nous communiquer ?’ et comme je leur répondais par la négative et les interrogeais sur ce qu’ils avaient pu découvrir de leur côté, ils m’ont dit : ‘On ne trouve rien’. Au bout de deux ans, le dossier était vide ! Le juge d’instruction m’a convoqué pour me dire qu’il était obligé de rendre une ordonnance de non-lieu, quitte à reprendre l’affaire sur charges nouvelles : d’ici vingt ou trente ans, on ne sait jamais ! Voilà. On n’avait certainement aucun intérêt à trouver ! Il faut que cela cesse ! » (Cf. Justice. Non-Lieu. Police) 120
Surtout ne pas penser à ces analyses sous le seul prisme Corse…

Justice. État :

Justice (État) (1) : La justice a d’autant plus de difficultés à jouer le rôle que l’État lui assigne que leurs interrelations ne sont ni claires, ni même posées ; dès lors, sans autre ancrage qu’une de moins en moins crédible application des textes de loi, les juges savent - plus ou moins consciemment - qu’ils ne peuvent, dans leur jugements, aller, sauf exceptions bienvenues, jusqu’à permettre de remettre en cause l’État, ni même à l’exposer au risque, sinon au blâme, du moins à sa responsabilité. (Cf. Justice) (Poursuivre)

Par ordre chronologique. Justice. État :

Justice (État) (1) : 1971-1972. Michel Foucault [1926-1984], dans son cours au Collège de France : Théories et institutions pénales, analyse « la naissance de la justice comme appareil répressif d’État ». 121 (Cf. Justice. Foucault Michel, Politique. État. Répression)
* Ajout. 21 avril 2021. En quoi l’analyse est-elle neuve ? Et en quoi a telle été, étayée, démontrée par Michel Foucault ?

Justice (État) (2) : 1996. Renaud Van Ruymbeke, auteur de :
« Je suis un magistrat payé par l’État. À ce titre, je suis un serviteur de l’État. Mais la justice est rendue ‘au nom du peuple français’. À moi de me démarquer du rôle ambigu qu’on veut me faire jouer. »
Et ce serait à chaque magistrat-e de lever cette « ambiguïté » … [qui n’en est pas une] ? 122

Justice (Expédients juridiques) : Relever tous les expédients juridiques employés pour que la justice ne soit pas rendue.
N.B. « Expédient » : « Qui convient pour la circonstance ». (Cf. Droit)

Justice. Expertise :

Justice (Expertise) (1) : (novembre) 2016. « L’enquête de personnalité [EP] doit permettre aux magistrats, mais également au tribunal ou à la Cour d’assises, de mieux se représenter la personne, au-delà de sa situation de mis en examen, de prévenu ou d’accusé. »
- Qui dépouillera, dans les archives judiciaires, les enquêtes autrefois dites « de moralité », les enquêtes « sociales rapides » (estimées en 2016 à 1heure 30), les enquêtes dites « de personnalité » (estimées en 2016 à environ 20 heures de travail) 123, les enquêtes « médico-psychologiques », les « expertises psychiatriques » afin de révéler les rôles et les fonctions d’auxiliaires de l’injustice patriarcale qu’elles ont jouées et jouent encore, notamment à l’encontre des femmes victimes des violences ? 124 (Cf. Justice. Victimes, Politique. Expertise, « Sciences » sociales. Psychanalyse. Psychiatrie, Histoire. Archives)

Justice (Expertise) (2) : Aucune « expertise » psychiatrique, psychologique, de personnalité, de quiconque ne devrait être utilisée en justice sans avoir été préalablement soumise pour critique (retranscrite par écrit) à celui / celle qu’elle concerne, jointe au dossier et lue publiquement en cas de procès. Cette revendication, si aisément défendable sur tant de fondements, serait sans doute le moyen le plus efficace d’obtenir leur suppression radicale. (Cf. Justice. Enquêtes, Politique. Expertise, « Sciences » sociales. Psychanalyse. Psychiatrie)

Par ordre chronologique. Justice. Expertise :

Justice. Expertise. Émile Pollak :

Justice (Expertise) (1) : 1975. Lu, dans le livre de l’avocat Émile Pollak [1914-1978], La parole est à la défense :
« […] Je peux dire en toute sincérité que l’homme [la personne] que l’avocat connaît en prison, n’est pas, n’est plus, celui qui a commis un crime. Comme ne sera plus le même homme celui qui comparaitra devant les jurés, ni qui sortira de prison. » 125
- Combien d’expert-es, eux / elles, a fortiori concerné-es par ce constat en tiennent-ils / elles comptent ? Est-ce même possible ? Non.

Justice (Expertise) (2) : 1975. Lu, dans le livre de l’avocat Émile Pollak [1914-1978], La parole est à la défense :
« C’est triste à dire, et c’est pourtant vrai : les médecins psychiatres, personne n’y croit plus en cours d’assises. Ils font partie du décor, du personnel de rigueur, comme les machinistes au théâtre qui ne seront pour rien dans le succès ou l’échec de la pièce. Il est convenu qu’on entend les médecins psychiatres, comme on entend les enquêteurs qui font les premières constatations, et dont on ne peut espérer rien de plus ; de même on n’attend plus rien des psychiatres. […] »
Émile Pollak propose ensuite ses explications, dont la plus sévère est, évoquant « le médecin habituel du palais, celui ‘qui ne fait que ça….’ » : « Il est à la disposition du tribunal : il n’est pas cher ; et comment ne pas dire que trop souvent sa vie matérielle ne dépend plus que de l’intérêt que le Parquet lui porte. » 126
Certes, ce jugement de 1975 - à ajuster, moderniser aujourd’hui par ceux / celles qui le peuvent - n’est plus, de ce fait, valide ; il a cependant nécessairement laissé des traces, ses fondements n’ayant pas été retirés : il doit donc de ce fait être cité. Pour aller à la racine. (Cf. Psychiatrie)

Justice (Expertise) (3) : (22 mars) 1978. Michel Foucault [1926-1984], dans Libération, auteur de :
« Depuis la fin de la dernière guerre, l’expertise psychiatrique à laquelle on soumet tout accusé qui doit passer aux Assises doit établir si l’individu est dangereux. Ça n’a pas beaucoup de sens en psychiatrie et c’est exorbitant par rapport au droit. […] » Un peu court… 127
Et que dire des « expertises » des victimes ? (Cf. Justice. Foucault Michel. Victimes, « Sciences » sociales. Psychanalyse. Psychiatrie)

Justice (Expertise) (4) : (29 mai) 1981. Robert Badinter, ministre de la justice, dans son discours à l’assemblée nationale sur la peine de mort, auteur de :
« Notre justice, et c’est son honneur, ne tue pas les déments, et c’est à l’expertise psychiatrique, la plus aléatoire, la plus incertaine de toutes, que dans la réalité judiciaire on va s’en remettre. » 128 Et c’est pourtant toujours à elle que les tribunaux font encore appel… (Cf. Justice. Procès, « Sciences » sociales. Psychiatrie)

Justice (Expertise) (5) : (17 avril) 2021. Je lis sur Médiapart la présentation fort claire et accablante pour la justice à l’encontre d’un psychologue, expert des tribunaux concernant notamment des violences à l’encontre d’enfants, toujours en activité et non inculpé.
Un avocat du département, interrogé, déclare :
« Pour nous, c’est quelque chose de plutôt protecteur, l’expertise. Je tombe des nues. En plus, il y a une pénurie d’expert·e·s ici. » Comment peut-on être aussi fonctionnel, tout en étant aussi peu lucide ? La réponse est dans la question. 129 (Cf. Justice. Avocat)

Justice (« Exposés d’amertume ») : 1967. André Malraux [1901-1976], dans ses Antimémoires, rapporte une discussion en Chine, le 18 août 1965, avec Mao-Tsé-Toung [1893-1976] :
« Vous savez ce que je proclame depuis longtemps : nous devons enseigner aux masses avec précision ce que nous avons reçu d’elles avec confusion. Qu’est-ce qui nous attachés le plus de villages ? Les exposés d’amertume. » L’exposé d’amertume est alors présenté par André Malraux ainsi :
« Une confession publique dans laquelle celui ou celle qui parle confesse seulement ses souffrances devant tout le village. La plupart des auditeurs s’aperçoivent alors qu’ils ont subi les mêmes souffrances et les racontent à leur tour. […] » Mao poursuit : « Nous avons fait faire des exposés dans tous les villages mais nous ne les avons pas inventés », tandis qu’à la question : « Quelle discipline avez-vous du imposer d’abord ? », il répond : « Nous n’avons pas imposé beaucoup de discipline pour le règlement de ces comptes-là. […] » (Lire la suite) (Poursuivre) 130 (Cf. Droit, Politique. Démocratie, Violences)

Justice (Fait) : Un crime jusqu’à la condamnation de l’assassin aux Assises - à la Cour de Cassation pour les plus nantis - quand bien même, celui-ci l’aurait-il reconnu, avoué, et que les preuves seraient patentes - reste un fait. La victime, elle, est toujours victime… d’un fait.

Justice (Fait. Amnesty International) : 2012. Il existerait, selon Amnesty International, des « faits de génocide » … 131 Comment, dès lors, juger et condamner ? Impossible. (Cf. Droit. Droits Humains. Victime, Langage. Critique. Mot : « Faits », Politique. Démocratie. Génocide)

Justice (Famille) : (6 juillet) 1762. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Claude-Philippe Fyot de la Marche [1694-1768], alors en conflit avec son fils, tente de se poser en arbitre et écrit notamment :
« J’ignore si monsieur votre fils n’a rien à demander de ses biens maternels. Votre mémoire n’éclaircit pas cette difficulté, et sans doute vous ne laisserez pas subsister cette source de procès qui pourrait un jour troubler votre famille. » 132
- Lui suggère-t-il, dans cette hypothèse, de rétablir son fils dans ses biens et de le rétablir dans ses droits ? Non. En tout état de cause, le lien entre un « procès » et le « trouble des familles » est ici posé et réglé par Voltaire. (Cf. Famille)

Justice (Foucault Michel) : (été) 1977. Louis Joinet [1934-2019], dans Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice [2013], rapporte les critiques faites par Michel Foucault [1926-1984], invité à Goutelas par le syndicat de la magistrature, du futur Programme commun de la gauche, en matière de justice, tel que présenté - sous la direction de Robert Badinter - : Liberté, libertés. Réflexions du comité pour une charte des libertés. [Gallimard. 1976] :
« Foucault visa seulement (sic) un risque de dérive du projet à long terme, dans laquelle nous risquions d’être embarqués à notre insu. Il souligna les dangers grandissants d’une société très normative qui ne trouvait de solution à ses problèmes qu’en judiciarisant le moindre aspect de son fonctionnement. Liberté, libertés lui semblait aussi être un texte significatif d’une manière de de ‘redéfinir les rôles du juge […] en essaimant ses fonctions judicaires dans tout le corps social.’ Il craignait que cette multiplication du judiciaire n’entraîne le juge à ne plus seulement (sic) décider du licite et de l’illicite, mais du ‘nuisible’ et du ‘souhaitable’, en matière de consommation au sens large (sic), et pire encore d’information (sic). Bref, Foucault évoquait le spectre d’une société oppressante où le juge serait chargé de faire régner un ‘ optimum social fonctionnel’, allant d’une normalisation biopsychique des individus à un calibrage infernal de leurs pratiques psychologiques et sociales. » 133 (Cf. Justice. État, Politique. Peuple)

Justice. Féministe :

Justice (Féministe) (1) : 1995. Je lis, dans un livre de Monique Pelletier concernant la période où elle était ministre déléguée à la condition féminine [1978-1979], ceci :
« Le ministère fut même envahi à plusieurs reprises par des groupements féministes qui s’étaient organisés en comité de défense, notamment des détenues. L’un d’eux, conduit par Delphine Seyrig était venu demander le statut de ‘prisonnier politique’ pour une femme qui avait été condamnée à une lourde peine de prison pour l’assassinat de son amant. Il ne s’agissait pas [selon elles] d’un banal crime passionnel (sic) : si la dame avait tué son amant, c’était pour cause de ‘résistance féministe’ au machisme dont avait fait preuve le malheureux, et en ‘exécution’ d’un jugement rendu par un ‘tribunal populaire’, exclusivement composé de femmes. […] » 134
D’autres sources seraient les bienvenues, tandis que la critique de la justice patriarcale, ici débutée, doit se poursuivre… (Cf. Droit, Femmes. Artistes. Seyrig Delphine. Femmes. « Féminin », Féminisme, Justice. « Crime passionnel ». Légitime défense. Procès Jacqueline Sauvage, Histoire)

Justice (Féministe) (2) : La première revendication à imposer : que les femmes, toutes les femmes victimes de violences, toutes les victimes, toutes celles qui revendiquent justice, soient d’emblée, a priori, crues. (Cf. Justice. Victimes, Violences)

Justice (Féministe) (3) : Encourager les femmes à parler, à dénoncer les violences, « se plaindre, protester » sans en tirer de conclusions en matière de droit et de justice - pour reprendre le jugement d’Alexis de Tocqueville [1805-1859] concernant les parlements de l’Ancien régime - c’est « avoir toujours l’honneur de la résistance si on n’en avait rarement le profit. » 135 (Cf. Droit, Justice, Violences à l’encontre des femmes)

Justice. Henry Fielding :

Justice (Fielding Henry) (1) : 1749. Henry Fielding [1707-1754], dans l’Histoire de Tom Jones, auteur de :
« Il n’est pas de zèle plus aveugle que celui qu’inspire l’amour de la justice à l’encontre des délinquants. » 136

Justice (Fielding Henry) (2) : 1749. Henry Fielding [1707-1754], dans l’Histoire de Tom Jones, auteur de :
« J’avais donc recouvré ma liberté, dit l’étranger, mais j’étais perdu de réputation, car il y a une grande différence entre qui est tout juste acquitté d’un crime par une cour de justice, et qui l’est dans son propre cœur et dans l’opinion des gens. » 137

Justice (Féodale) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« Mon père - un « laboureur » - était infirme et ne pouvait pas travailler à cause qu’il avait reçu des coups de bâtons que le seigneur, son seigneur, notre seigneur lui avait fait donner, ce qui était une bonté, parce que mon père avait pris un lapin, pour le fait de quoi on était jugé à mort ; mais le seigneur lui avait fait grâce et avait dit : ‘Donnez-lui seulement cent coups de bâton’ ; et mon père est demeuré estropié. » 138 (Cf. Droit. Féodal)

Justice (Fillon François) : (29 juin) 2020. À l’occasion de la condamnation par la justice de François Fillon à une peine de deux ans de prison ferme, l’une de ses promesses de campagne a été retrouvée et publiée sur France Info :
« Je supprimerai la quasi automaticité des remises et aménagements des peines. » (Cf. Hommes. « Politiques »)

Justice (« Flux ») : (10 janvier) 2019. La bâtonnière du barreau de la Seine Saint-Denis, auteure de :
« Nous n’arrivons plus à faire face aux flux. » 139

Justice. Fonction :

Justice (Fonction) (1) : Quelle est la fonction - réelle - de la justice par rapport à celle de la police ? Un exemple : lorsqu’une femme vient au commissariat de police, disant les violences lisibles, visibles qui lui ont été infligées par un homme connu, reconnu, pourquoi - alors que, et l’auteur des violences et les preuves sont sans conteste possible, évidentes - n’est-il pas immédiatement mis en garde à vue ?
Pour approfondir la question, réfléchir sur la signification des dires - autant de terribles constats du fonctionnement de la justice - du policier / de la policière qui annonce aux femmes qu’il/elle reçoit : « Il faut se préparer au long combat qui vient après » Et : « Le plus dur est passé ». 140 (Cf. Droit, Justice. Police, Politique. État, Patriarcat, Violences)

Justice (Fonction) (2) : Assigner, sans plus de précautions, à la justice, une fonction, quelle qu’elle soit - fusse-t-elle la plus noble - c’est l’appréhender du point de vue du plus fort, du dominant (chef de clan, de famille, d’État, policier, juge, dieu …), c’est faire fausse route, ou, plus justement, c’est persister, faute d’en interroger les genèses, à cautionner toutes les injustices. (Poursuivre)

Justice (Fusible) : À chaque fois que le terme de « fusible » est évoqué, il faut savoir qu’un déni de justice est légitimé.

Justice (Gabin Jean) : 1973. Jean Gabin [1904-1976], un père-policier [dans un scénario proche des Misérables de Victor Hugo] dans Deux hommes dans la tourmente, le film de José Giovanni, auteur de :
« Moi, je dis que c’est aux conditions du crime qu’il faut s’attaquer plutôt qu’aux criminels. » (Cf. Culture. Cinéma)

Justice (Gandhi) : 1981. Lu dans Tous les hommes sont frères, recueil de textes de Gandhi [1869-30 janvier 1948] :
« […] Je me suis fait une règle de ne jamais aller en justice dès lors qu’il s’agit d’une offense purement personnelle. Je n’intenterai donc aucun procès contre lui. » Et ce, suivi de :
« À la suite de cet incident, je pris bien plus à coeur la situation des Indiens qui étaient venus s’établir dans ce pays
[l’Afrique du sud]. […] Je m’aperçus qu’un Indien soucieux de sa dignité personnelle n’a pas sa place en Afrique du sud. » 141

Justice (Galanterie) : (4 novembre) 2020. Sur France Inter, Frédéric Chauveau, auteur de « Penser la violence des femmes », interrogé sur les raisons pour lesquelles les femmes condamnées à mort n’étaient plus, en 1955, guillotinées, donna comme explication : « une galanterie juridique ». 142 (Cf. Droit, Hommes. « Galants », Justice. Peine de mort, Langage, Patriarcat. Permanence, Violences)

Justice (Gibau Stéphanie) : 2018. Stéphanie Gibau, l’une des premières lanceuses d’alerte, licenciée après avoir dénoncé les pratique illégales d’UBS, et toujours sans emploi, interrogée sur la loi Sapin II., entrée en vigueur le 2 janvier 2018, censée « protéger » les lanceurs d’alerte, répondit en ces termes :
« Cette loi Sapin II dit qu’il faut s’adresser au supérieur hiérarchique et, dans mon cas particulier, c’est justement le supérieur hiérarchique qui m’a demandé de détruire un certain nombre de données qui s’avéraient être des preuves concernant le démarchage bancaire illicite sur le territoire français. Et quelque part ceux qui vont nous suivre vont avoir la même problématique.
Et la justice même si elle nous donne raison…
Là, je peux vous donner mon cas particulier… : j’ai gagné au pénal contre UBS en 2010 ; j’ai gagné au Prudhomme contre UBS en 2010. À chaque fois il n’y a pas eu d’appel. Donc, la justice a bien dit que Stéphanie Gibau était quelqu’un d’honnête et avait raison et… Et alors ?
Moi, je n’avais pas besoin d’aller en justice pour savoir que j’avais raison et que j’étais quelqu’un d’honnête.
On perd beaucoup de temps dans des procédures qui ne servent strictement à rien. Et pendant ce temps-là, le crime continue
. […]. » 143
- La plus radicale critique de la justice lue depuis longtemps… (Cf. Justice. Statut du lanceur [de la lanceuse] d’alerte, Politique. Lois)

Justice (Genet Jean) : (24 février) 1970. Jean Genet [1910-1990], dans l’article intitulé : ‘Français, encore un effort !’ au lendemain de sa déposition au procès de Roland Castro, publié dans L’Idiot International, auteur de :
« Puisqu’un juge, solennel et bouffon, coriace mais brouillon, effacé mais féroce, compassé mais vain, décidé mais chancelant, impérieux mais vulnérable […] pouvait t’envoyer en prison pour l’éternité ou te rendre libre, [ …] il fallait que je me tienne ferme à la barre […] »
« À gauche du tribunal, il y avait une autre figure : le substitut. Après que les témoins - qui tous n’ont pu que présenter que des moignons de témoignages, parce que le juge content nous menaçait - le substitut a pu parler longtemps sans que personne ne l’interrompe. […] »
N.B. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1970, cinq travailleurs africains - dévoilant ainsi les conditions d’hébergement des travailleurs émigrés - meurent asphyxiés dans une chambre du ‘Foyer de solidarité franco-africaine’ à Aubervilliers. Le 10, le jour des obsèques, lors d’une manifestation, les locaux du C.N.P.F [Conseil national du patronat français] sont envahis et les manifestants violentés, mis en garde à vue, puis relâchés. Seul Roland Castro est poursuivi - il sera condamné à un mois de prison - : il avait tenté de s’échapper du car de police. 144

Justice. Khalil Gibran :

Justice (Gibran Khalil) (1) : 1923. Khalil Gibran [1883-1931], dans Le prophète, auteur de :
« Et comment punirez-vous ceux dont le remords est déjà plus grand que leurs méfaits ? » 145

Justice (Gibran Khalil) (2) : 1923. Khalil Gibran [1883-1931], dans Le prophète, auteur de :
« Et vous qui voulez rendre la justice, comment le pourrez-vous à moins d’examiner chaque action en pleine lumière ? » 146

Justice (Gide André) : (7 mai) 1942. André Gide [1869-1951], dans son Journal, évoque un « rendez-vous pris pour accompagner Tournier [Jean ?] à la Cour d’Assises, où il fait figure (sic) de juré. » Son jugement :
« Acquittement d’un Arabe, meurtrier par imprudence. Affaire sans grand intérêt. » 147
Un peu court… (Cf. Justice. Juger)

Par ordre chronologique. Justice. « Gilets jaunes » :

Justice (« Gilets jaunes ») (1) : (9 février) 2019. Une banderole sur l’esplanade du Trocadéro :
« Lorsque la justice n’est que violence, la violence du peuple est justice. » (Cf. Politique. Peuple)

Justice (« Gilets jaunes ») (2) : (12 février) 2019. Édouard Philippe, premier ministre, annonce à l’assemblée nationale, avec une certaine fierté, que « depuis le début de ces évènements, 1796 condamnations ont été prononcées par la justice », que « 1422 personnes sont encore en attente de jugement » que « plus de 1300 comparutions immédiates ont été organisées » et que « 316 personnes ont été placées sous mandat de dépôt. » 148 Sans plus de précisions, sans plus interrogations... sans même subodorer ce que cette criminalisation du mouvement social et ce transfert à la justice de questions politiques, économiques, sociales non résolues peut signifier.

Justice (« Gilets jaunes ») (3) : (12 février) 2019. Alexandre Benalla est en liberté.
* Ajout. 19 février 2019. Alexandre Benalla et Vincent Crase ont été placés en détention provisoire, pour « violation du contrôle judicaire » : ils ne devaient pas échanger entre eux…
Ils en seront libérés le 26 février 2019.

Justice (« Gilets jaunes ») (4) : (16 février) 2019. Après trois mois de manifestations, au 14ème samedi de manifestations, le consultant Police. Justice de BFM-TV [14h 48] annonce :
« Les casseurs ne se font pas attraper (sic) [par la police et donc ne sont pas passibles d’être jugés]. Il faut le dire. » (Cf. Langage. Critique de mots : « Casseurs », Politique. État. Répression)

Justice (« Gilets jaunes ») (5) : (16 février) 2019. Après la destruction de la permanence d’un député LaREM [La république en marche], tweet de Richard Ferrand, président de l’assemblée nationale, lui-même par ailleurs poursuivi pour « prise illégale d’intérêts » :
« Soutien total au député Damien Pichereau et ferme condamnation des actes de destruction et de violence. Auteurs et complices doivent être confondus. »
Processus politique de criminalisation des « Gilets jaunes » ? Oui.

Justice (« Gilets jaunes ») (6) : (8 novembre) 2019. Titre du Monde :
« ‘Gilets jaunes’ : 10.000 gardes à vues, 3.100 condamnations : une réponse pénale sans précédent. Suit :
« Sur ces condamnations, environ 400 ont donné lieu à des peines de prison ferme avec incarcération immédiate dans toute la France. »

Justice (Goldman Emma) : 1931. Emma Goldman [1869-1940], dans Vivre ma vie, écrit, qu’en 1916, un de ses amis « était parvenu à persuader une association d’avocats de m’inviter à prendre la parole » et elle poursuit :
« Jusque-là, je m’étais trouvée face aux représentants de la loi uniquement en tant qu’inculpée. Mon tour était venu, non pas de leur rendre la pareille, mais de dire aux juges et aux procureurs présents dans l’assistance ce que je pensais de leur profession. J’avoue l’avoir fait avec délectation, n’éprouvant ni remords, ni pitié pour le dilemme de ces gentlemen qui durent m’écouter sans pouvoir me punir, ne serait-ce que pour outrage à magistrats. » 149 (Cf. Justice. Avocats. Juges)

Justice. Edmond et Jules de Goncourt :

Justice (Goncourt Edmond et Jules de) (1) : (17 janvier) 1865. Edmond [1822-1896] et Jules [1830-1870] de Goncourt écrivent dans leur Journal :
« Je me demandais comment était née la Justice dans le monde. Je ne me le demande plus. Je passais aujourd’hui sur un quai. Des gamins jouaient. Le plus grand dit : ’Il faut faire un tribunal… C’est moi, le tribunal’. » 150

Justice (Goncourt Edmond et Jules de) (2) : (23 juillet) 1865. Edmond [1822-1896] et Jules [1830-1870] de Goncourt écrivent dans leur Journal :
« J’entends à la table d’hôtes des hommes de la magistrature causer gaiement de choses de la justice ; c’est comme si j’entendais le bourreau repasser son rasoir. » 151

Justice. Grâce :

Justice (Grâce) (1) : Demander, après une décision définitive de justice, la grâce au président de la République, est la plus importante critique que l’on puisse porter la concernant : cette demande signifie en effet que l’on sait que la justice fut injuste mais qu’elle est impuissante, sauf à se déjuger, à l’affirmer.
En outre, une décision de grâce, expression d’un rapport de forces (interne, diplomatique…), nécessairement donc toujours arbitraire, a peu à voir avec la justesse de la cause.
Demander une grâce n’est pas pour autant politiquement, moralement, illégitime, mais à la condition de prendre garde de ne pas, concomitamment, occulter la fonction critique de la justice telle qu’elle devrait, pourrait être autrement mise en œuvre. (Cf. Droit. Droit de grâce, Justice. Procès. Jacqueline Sauvage)

Par ordre chronologique. Justice. Grâce :

Par ordre chronologique. Justice. Grâce. Voltaire :

Justice (Grâce) (1) : (2 janvier) 1775. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Frédéric II, roi de Prusse [1712-1786], concernant d’Étallonde-Morival [1743-1800], auteur de :
« Ni moi, ni M. D’Alembert ni aucun de ses amis, ne voulons de grâce pour ce brave gentilhomme. Une grâce est trop honteuse. »
- Et Voltaire ajoute le 11 février 1775 :
« Ce mot infâmant grâce n’est fait que pour les criminels. » 152 (Cf. Droit. Droit de grâce)

Justice (Grâce) (2) : (1er juillet) 1775. Voltaire [1694-1778], dans une lettre au comte d’Argental [1700-1788], auteur de :
« Il faut encore que je vous dise un petit mot sur la grâce que vous prétendez que je dois absolument obtenir pour mon jeune étranger. Non, mon cher ange, non, jamais je ne souffrirai qu’on fasse grâce à qui n’est point coupable. Tout ce qu’on peut demander, c’est qu’on fasse grâce aux juges. » 153

Justice (Grâce) (3) : 1818. Lu dans Dix années d’exil de Germaine de Staël [1766-1817], concernant le procès du général Moreau [1763-1813], co-accusé dans le cadre de la conjuration Cadoudal, général Pichegru de 1803 contre Bonaparte :
« Un ancien Jacobin, âme damnée de Bonaparte, fut chargé de parler aux juges pour les engager à condamner Moreau à mort. ‘Cela est nécessaire, leur dit-il, à la considération de l’empereur, qui l’a fait arrêter ; mais vous devez vous faire d’autant moins scrupule d’y consentir, que l’empereur est résolu de lui faire grâce.
- Et ‘qui nous fera grâce à nous-mêmes si nous nous couvrons d’une telle infamie’ répondit l’un des juges, dont il n’est pas encore permis de prononcer le nom, de peur de l’exposer.
» 154

Justice (Grâce) (4) : 1871. Lu dans le Petit dictionnaire des femmes de la Commune. Les oubliées de l’histoire :
1) « Noël Louise, Frédérique. Épouse Bonnefoy. Née le 25 juillet 1827 à Paris, sans enfant, concierge. […] Le 2 octobre 1871, le 4ème Conseil de guerre la condamne à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation civique, peine commuée, le 5 janvier 1879, en quinze ans de détention ; incarcérée à la prison d’Auberive (Hte-Marne) et à la prison disciplinaire de Rouen (Seine-Maritime). Elle reste fidèle à ses idéaux : elle ne présente pas de recours en grâce. »
2) Perrine Duval, épouse Le Mel [1826-1921], « désavoue le recours en grâce déposé par ses amies ». 155 (Cf. Femmes. Remarquables)

Justice (Grâce) (5) : (14 juillet) 1883. Le gouverneur de la prison de Saint-Lazare, à l’occasion du 14 juillet, demanda pour Louise Michel [1830-1905] « une remise de peine » qui fut agréée.
« Il l’appela dans son bureau afin de lui annoncer la bonne nouvelle. Louise fut d’une politesse glaciale et refusa sa grâce en des termes non équivoques :
‘Je ne veux rien accepter des hommes qui nous gouvernent. En me graciant, mes bourreaux voudraient se faire pardonner leurs crimes, et, moi, je veux leur laisser toute la honte et le regret de leur mauvaise action. Je prétends subir ma peine jusqu’au bout.
» 156
- Je lis aussi sur Wikipédia - sans pouvoir resituer de lien entre les deux initiatives - dans une lettre du 4 mai 1885 adressé par Louise Michel à Lissagaray [1838-1901], copie de fragments d’une lettre d’elle à Jules Grévy [1807-1891] président la république :
« Je vous remercie. Il paraît que vous avez senti que je ne pouvais sans infamie accepter une grâce à laquelle je n'ai pas plus de droits que les autres. Tout ou rien. Je ne veux pas qu'on me paye le cadavre de ma mère [...] Qu'on me laisse tranquille. » (In : René Bidouze, Lissagaray, La plume et l’épée. 1991) 157 (Cf. Corps. Cadavres, Femmes. Mères, Politique. Prison)

Justice (Grâce) (6) : 1899. Lu, concernant la grâce d’Alfred Dreyfus [1859-1935], après le jugement de Rennes :
« Dès le 10 septembre 1899, de vives discussions opposent les Dreyfusards sur l'opportunité de paraître accepter le verdict ; Clemenceau hurle : ‘C'est la fin de la campagne, de la lutte, de la bataille, la grâce donnera satisfaction aux âmes sensibles ; nous perdrons toutes nos troupes’. Le 12, Mathieu Dreyfus [1857-1930] est introduit dans la cellule de son frère pour lui signifier que le gouvernement est prêt à le gracier s'il retire son pourvoi. Effectuée avec l'accord du ministre, la démarche de Mathieu présente le retrait du pourvoi comme ‘conseillé, approuvé par les hommes qui avaient été, dans la presse, devant l'opinion, les principaux défenseurs de (sa) cause.’ Alfred Dreyfus consent à ce retrait, ‘clef de la pacification’ pour Galliffet [1831-1909]. Le président Loubet [1838-1929] diffère cependant d'une semaine sa signature pour appuyer sa décision de grâce sur un certificat médical attestant que la santé du condamné est ‘gravement compromise et qu'il ne supporterait pas, sans le plus grave péril, une détention prolongée’. » 158
C’est donc bien sur une demande de l’État, traduite en marchandage, close dans le mensonge pour masquer son échec - et surtout la honte de la justice et de l’armée française - qu’Alfred Dreyfus a été gracié et a pu quitter la prison dans la nuit du 19 au 20 septembre.
Il faut préciser qu’Émile Loubet avait posé comme condition à ‘sa’ grâce le retrait par Alfred Dreyfus de sa signature, le 9 septembre 1899, d’un pourvoi en révision du jugement de Rennes.

Justice (Grâce) (7) : 1899. Émile Zola [1840-1902] concernant la grâce accordée à Alfred Dreyfus [1859-1935], écrit pour sa part :
- à Fernand Labori [1860-1917], le 12 septembre 1899 :
« Tout cela va finir misérablement par quelque grâce et par une louche amnistie », le 13 septembre 1899 :
« Ils vont salement gracier et amnistier les honnêtes gens et les bandits en tas. »
- à Madame Lucie Dreyfus [1869-1945], le 20-21 septembre 1899 :
« Sans doute, madame, cette grâce est-elle amère. Est-il possible qu’une telle torture morale soit imposée après tant de tortures physiques ? Et quelle révolte à se dire qu’on obtient de la pitié ce qu’on en devrait tenir que de la justice !
Le pis est que tout semble avoir été concerté pour aboutir à cette iniquité dernière. Les juges
ont voulu cela, frapper encore l’innocent, pour sauver les coupables, quitte à se réfugier dans l’hypocrisie affreuse d’une apparence de miséricorde. ‘Tu veux l’honneur, nous ne te ferons que l’aumône de la liberté, pour que ton déshonneur légal couvre le crime de tes bourreaux’. Et il n’est pas, dans longue série des ignominies commises, un attentat plus abominable contre la dignité humaine. Cela dépasse tout, faire mentir la divine pitié en en faisant un instrument du mensonge, en souffleter l’innocence, pour que le meurtre se promène au soleil, galonné et empanaché !
Et quelle tristesse, en outre, que le gouvernement d’un grand pays se résigne, par une faiblesse désastreuse, à être miséricordieux quand il devrait être juste !
Trembler devant l’arrogance d’une faction, croire qu’on va faire de l’apaisement avec de l’iniquité, rêver je ne sais quelle embrassade menteuse et empoisonnée, est le comble de l’aveuglement volontaire. Est-ce que le gouvernement au lendemain de l’arrêt scandaleux de Rennes, ne devait-il pas le déférer à la Cour de cassation, cette juridiction suprême qu’il bafoue d’une si insolente façon ? […] »
Mais notre déchéance est telle, que nous en somme réduits à féliciter le gouvernement de s’être montré pitoyable. Il a osé être bon, grand Dieu ! Quelle audace folle, quelle extraordinaire vaillance
! […] » 159 (Cf. Justice. Avocat. Labori Fernand, Femmes. Épouse de. Dreyfus Lucie, Politique)

Justice (Grâce) (8) : (23 octobre) 1940. Jean Zay [1904-assassiné le 20 juin 1944], le 4 octobre 1940, après sa condamnation « hallucinante, incroyable, inexplicable » pour « désertion » par le tribunal militaire siégeant à Clermont-Ferrand à la déportation « sans fixation de durée », et à la dégradation militaire écrit à son épouse Madeleine [1906-1991] :
« Je n’ai pas fait de recours en grâce. Je n’en ferai pas. On ne demande pas grâce quand on est innocent et quand on a été condamné dans les circonstances où je l’ai été. On attend que je justice vous soit rendue et c’est ce que je ferai. »
Le 21 avril 1942, concernant la grâce, il précise qu’il « refuserait de la recevoir », le 8 janvier 1944, qu’il ne « l’accepterait en aucun cas. » 160 (Cf. Droit. Grâce, Êtres Humains. Soi. Zay Jean, Justice. Procès, Politique. État)

Justice (Grâce) (9) : 1945. Charles de Gaulle [1890-1970], dans ses Mémoires, concernant les procès (pour collaboration à divers titres, après la Libération) auteur de :
« L’œuvre de la Justice fut accomplie aussi impartialement qu’il était humainement possible au milieu des passions en éveil. Rares ont été les jugements qu’il fallut, après coup, reconnaître pour mal fondés. 2.071 condamnations à mort furent prononcées par les cours, en dehors des contumaces. Les dossiers m’étaient ensuite soumis, après avis de […]
Je les ai tous étudiés, directement assisté par […].
Rien au monde ne m’a paru plus triste que l’étalage des meurtres, des tortures, des délations, des appels à la trahison qui venaient ainsi sous mes yeux. En conscience, j’atteste, qu’à part une centaine de cas, tous les condamnés avaient mérité d’être exécutés. Pourtant, j’accordais la grâce à 1303 d’entre eux, commuant en particulier, la peine de toutes les femmes, de presque tous les mineurs et, parmi les hommes de la plupart de ceux qui avaient agi d’après un ordre formel et en exposant leur vie. Je dus rejeter 768 recours. C’est qu’alors il s’agissait de condamnés dont l’action personnelle avait causé la mort d’autres français ou servi directement l’ennemi. »
- En note de La Pléiade [2000] : « À Claude Mauriac, le 1er août 1945, le Général déclare : ‘On ne fusille pas les femmes !’ et cite Giraudoux qui a dit dans Les Anges du péché : ’Les femmes, n’importe quelle femme sont capables du meilleur et du pire’… [Un autre de Gaulle. p.138]. » 161 (Cf. Droit. Droit de grâce, Politique. Torture)

Justice. Gratuite :

Justice (Gratuite) (1) : Ne pas oublier que la nécessité de faire appel à un avocat-e - sauf exceptions qui concerne essentiellement la justice expéditive - cautionne le fait qu’il faille payer pour avoir accès à la justice. Sans même garantie d’être jugé-e. (Cf. Politique. « Nuit du 4 août ». État)

Par ordre chronologique. Justice. Gratuite :

Justice (Gratuite) (1) : (4 mars) 1771. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au chevalier Jacques de Rochefort d’Ally [1698-1776], auteur de :
« Rien n’est si beau que la justice gratuite […]. » 162
N.B. 1. Je partage avec joie ce jugement, et le considère comme une revendication actuelle, et ce, tout en étant consciente du contexte historique fort différent (qui implique alors les parlements et la royauté) dans lequel écrit Voltaire. Dans son esprit, et dans le contexte historique, cette expression signifiait la fin de la vénalité des charges affirmée par le décret du 23 février 1771.
N.B. 2. Voltaire écrit à D’Alembert [1717-1783], le 1er avril 1771 concernant ce texte :
« Je crois que depuis dix siècles, on n’a rien fait de si beau. » (Cf. Penser. Morale, Histoire)

Justice (Gratuite) (2) : 1789. Je lis dans l’Histoire de la Révolution française [1853] de Jules Michelet [1798-1874] que, lors de la nuit du 4 août 1789, « quelqu’un demanda la justice gratuite. » 163
Une revendication - certes, à resituer dans un contexte historique différent - n’empêche pas de la penser, la creuser, l’affiner, et toujours - dans son principe - à la maintenir. (Cf. Politique. « Nuit du 4 août », Histoire)

Justice. Guerre :

Justice (Guerre) (1) : Tant qu’il sera considéré, admis que, dans une guerre, tuer n’est pas un crime [sauf rarissimes exceptions qui ne rend le postulat qu’encore plus visible et dès lors, plus inacceptable] la justice pénale restera illégitime. (Cf. Penser. Postulat, Politique. Guerre)

Justice (Guerre) (2) : Dans les après- guerres, juger tous les crimes interdit toute [pensée, toute possibilité de] paix aux fins de la clore. Mais ce qui est exclu de cette évidence, ce sont les justices décidées, mises en pratique par des individue-es singulier-ères, pudiquement nommés ‘règlements de compte’, dont on ne peut exclure le fait qu’il s’agisse bien d’une [décision de] justice. (Cf. Politique, Violences)

Justice (Guillemets) : (7 novembre) 2018. Lu dans Le Monde :
« Après la condamnation par la justice de d’un de ses anciens directeurs de campagne, à l’instigation du procureur spécial, Donald Trump avait une nouvelle fois moqué le département de la justice. ‘Je mets maintenant toujours ‘justice’ entre guillemets’, avait assuré le président des États-Unis au cours d’un entretien vigoureux accordé à la chaîne conservatrice (sic) Fox News. » 164 (Cf. Langage. Guillemets)

Justice. Adèle Heanel :

Justice (Heanel Adèle) (1) : (4 novembre) 2019. La « bombe » politique de l’entretien / témoignage / dénonciation / analyse d’Adèle Haenel à Médiapart fut le constat selon lequel elle ne déposerait pas plainte contre l’homme, Christophe Ruggia, qui l’avait agressée. Ce tranquille refus par Adèle Hanenel de « la justice » - elle évoqua « la violence systémique de la justice » - fut la plus terrible critique de cette institution dont, et l’abstention et la mise en œuvre, a détruit tant de femmes. Non merci, disait-elle….
Et la ministre de la justice qui lui demanda, qui lui suggéra, qui lui recommanda, sans arguments à l’appui, presque humblement, de déposer plainte en avait bien compris la signification. (Cf. Justice. Belloubet Nicole)

Justice (Heanel Adèle) (2) : (4 novembre) 2019. Médiapart a effectué concernant les accusations d’Adèle Heanel, publiquement dévoilées, le travail d’enquête que la justice n’effectue jamais.
Et les « infractions insuffisamment caractérisées » de la justice - argument honteusement jugé suffisant pour clore une enquête - n’en sont que l’expression : il s’agit d’infractions dont les enquêtes, soit, n’ont pas été effectuées, soit à la 6 / 4 / 2, soit sont fondés sur des partis pris et / ou de préjugés ancestraux. (Cf. Justice. Belloubet Nicole, Penser. Pensées. Préjugés)

Justice (Heanel Adèle) (3) : (4 novembre) 2019. Plus de trente personnes ont témoigné lors de l’enquête de Médiapart.
Quand la seule parole d’une seule femme sera-t-elle suffisante pour que cette femme soit crédible et que le Parquet, seul - comme il l’a fait pour elle - ouvre une enquête ? (Cf. Justice. Belloubet Nicole)

Justice. Thomas Hobbes :

Justice (Hobbes Thomas) (1) : 1642. Thomas Hobbes [1588-1679], dans Le citoyen, auteur de :
« Personne ne doit être juge ou arbitre de sa propre cause. » 165
Ce fut et c’est encore, pourtant le fait des hommes pendant des siècles et encore aujourd’hui, dans leurs rapports aux femmes et aux enfants. (Cf. Droit, Famille, Politique. État. Séparation des pouvoirs, Patriarcat)

Justice (Hobbes Thomas) (2) : 1651. Thomas Hobbes [1588-1679], dans Le Léviathan, auteur de :
« En outre, les actes contraires à la loi, quand ils sont faits sous l’autorité d’un autre, leur auteur est excusé, du fait de cette autorité même, puisque personne ne doit accuser de sa propre action un autre qui n’est que son instrument. » 166
Ce jugement vaut pour les femmes (notamment mariées), sous l’emprise du code civil Napoléonien [1804], mais l’analyse n’est pas pour autant devenue invalide du fait de son évolution. Il remet en cause l’ensemble du droit patriarcal. (Cf. Droit. Famille)

Justice (Honneur) : En appeler à la justice pour « laver son honneur » (en utilisant les lois sur l’injure, sur la diffamation…), s’en remettre à elle, c’est avoir une bien piètre conscience de soi. Et lui faire confiance, c’est avoir une bien illégitime conscience d’elle. (Cf. Hommes. Honneur)

Justice (Houellebecq Michel) : 2088. Michel Houellebecq, auteur de :
« Avec les formes judicaires appropriées, peut-être, oui, je crois que je pourrais tuer. Je parviendrais à faire partie d’un peloton d’exécution (je me réjouis de n’avoir jamais eu à le faire ; je comprends en tout cas qu’on bande les yeux des condamnés, et je n’aimerais pas avoir à croiser son regard ; mais je tirerais, oui, je tirerais, si je suis convaincu que l’homme a été convenablement jugé). » 167 (Cf. Droit. Fond / Forme, Langage. Adverbe, Politique. Morale. Lois)
Aucune réaction, dans ce « débat », de Bernard-Henry Lévy à cette prise de position.
N.B. « Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valide » …

Par ordre chronologique. Justice. Victor Hugo :

Justice (Hugo Victor) (1) : 1831. Victor Hugo [1802-1885], dans Notre-Dame de Paris, concernant le procès d’Esméralda, et la justice au Moyen-Âge, auteur de :
« Tout y était clair, expéditif, explicite. On y cheminait droit au but, et l’on apercevait tout de suite, au bout de chaque sentier, sans broussailles et sans détour, la roue, le gibet ou le pilori. On savait du moins où l’on allait. » 168

Justice (Hugo Victor) (2) : 1834. Victor Hugo [1802-1885], dans Claude Gueux, auteur de :
« Au moment d’envoyer les jurés dans leur chambre, le président demanda à l’accusé s’il avait quelque chose à dire sur la position des questions.
- ‘Peu de chose, dit Claude. Voici, pourtant. Je suis un voleur et un assassin ; j’ai volé et tué. Mais pourquoi ai-je volé ? pourquoi ai-je tué ? Posez ces deux questions à côté des autres, messieurs les jurés’
Après un quart d’heure de délibération, sur la déclaration des douze champenois qu’on appelait messieurs les jurés, Claude Gueux fut condamné à mort.
[…]
On lut son arrêt à Claude, qui se contenta de dire - C’est bien.
Mais pourquoi cet homme a-t-il volé ? Pourquoi cet homme a-t-il tué ? Voilà deux questions auxquelles ils ne répondent pas.
» 169
La justice qui ne sait toujours pas répondre à la question de Claude Gueux, et qui, si souvent, ne se la pose même pas, continue pourtant de juger.

Justice (Hugo Victor) (3) : 1853. Victor Hugo [1802-1885], dans Choses vues, auteur de :
« […] Qu’est-ce que c’est que ces cris de mort que j’entends ? Il y a deux êtres dans Hubert : un mouchard et un homme. Le mouchard est infâme, l’homme est sacré. […]
Citoyens, savez-vous ce qui vous appartient, dans Hubert ? Le mouchard oui, l’homme non. Le mouchard est à vous, l’honneur du traitre, le nom du traitre, sa personne morale, vous avez le droit d’en faire ce qu’il vous plaira ; vous avez le droit de broyer cela, de déchirer cela, de fouler aux pieds cela ; oui, vous avez le droit de pétrir sous vos talons le nom de Hubert, et d’en ramasser les lambeaux hideux dans la boue et de les jeter à la face de Bonaparte. Mais savez-vous à quoi vous n’avez pas le droit de toucher ? C’est à un cheveu de sa tête. […]
Je résume votre droit en un mot ; publier, ne pas tuer. L’honneur de l’homme, et non sa peau. » 170 (Cf. Corps. Peau, Violences. Victimes)

Justice (Hugo Victor) (4) : 1862. Victor Hugo [1802-1885], dans Les Misérables, concernant l’évêque Bienvenu Myriel [en partie inspiré de Mgr de Miollis [1753-1843], évêque de Digne de 1805 à 1838] écrit :
« Il était indulgent pour les femmes et les pauvres sur qui pèse le poids de la société humaine. Il disait : Les fautes des femmes, des enfants, des serviteurs, des faibles, des indigents et des ignorants sont la faute des maris, des pères, des maîtres, des forts, des riches et des savants. » 171 (Cf. Langage. Conjonction, Patriarcat, Économie. « Pauvres Les »)

Justice (Hugo Victor) (5) : 1862. Victor Hugo [1802-1885], dans Les Misérables, concernant Bienvenu Myriel écrit :
« La conscience du juste doit être crue sur parole. » 172
- Combien d’injustices n’eurent-elles pas eu lieu si, au lieu d’appliquer les codes, une telle évidence eut pu, ne serait-ce qu’être prise en compte ?
Malgré la maladresse de la formulation, celle-ci que tant qualifieraient de naïve [aujourd’hui qualifiée comme émanant d’un ‘monde de bisounours’] peut aussi être interprétée comme une bombe à fragmentations de pensées fondées sur de pseudo évidences nourries par des siècles de mensonges et de forfaitures.

Justice (Hugo Victor) (6) : 1869. Victor Hugo [1802-1885], dans L’homme qui rit, après avoir opposé « le jugement » et « la justice », auteur de :
« Réfléchissez à la différence entre un juge et un juste. » 173

Justice (Hugo Victor) (7) : 1869. Victor Hugo [1802-1885], dans L’homme qui rit, évoque les « plaies faites gangrènes par la pénalité ». 174 (Cf. Droit, Politique. Lois)

Justice. Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne :

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (1) : Les lois concernant l’imprescriptibilité : un goulot d’étranglement, parmi tant d’autres.

Par ordre chronologique. Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne :

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (1) : 2011. Ce principe doit être posé et revendiqué. Non pas parce qu’il faudrait harmoniser le droit et aligner le délai de prescription concernant les délits (3 ans) sur celui concernant les crimes sexuels (10 ans) ; non pas par ce que les victimes ont besoin de « plus de temps pour se décider à agir en justice » ; non pas parce qu’elles sont, selon Marie-Gorge Buffet, députée communiste, « plus vulnérables ». 175
Non pas même parce que tant souffrent tout au long de leur vie….
Mais parce qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité, que quiconque est a priori responsable de ses actes, et qu’aucun délai du fait de la loi ne peut l’en déresponsabiliser.
L’idée même de prescription [« un principe général de droit qui désigne la durée au-delà de laquelle une action en justice, civile ou pénale, n'est plus recevable »] est antinomique avec l’idée même de justice.

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (2) : 2011. Mary Genty, victime de violences incestueuses, dans Non je ne suis pas à toi, après avoir déposé plainte contre son père, écrit :
« Lorsque j’ai lu les papiers du tribunal (l’informant de la prescription du crime) je l’ai vécu comme un deuxième viol, cela m’a renvoyée à quelque chose de l’ordre de l’inhumanité. Je n’avais pas le droit d’exister dans cette société. Aujourd’hui en écrivant ce livre 176 je brave l’interdit de parler ; je prends le risque d’une plainte en diffamation et je peux être condamnée par la loi. » 177 (Cf. Violences. Viols)

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (3) : (15 mars) 2016. Reproduit dans le Rapport de la CIASE [Commission indépendante des abus sexuels dans l’église catholique] - octobre 2021 -, Philippe Barbarin, « archevêque », à Lourdes, auteur de :
« La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits. » (Cf. Droit. CIASE, Patriarcat. Église catholique, Violences. Violences à l’encontre des enfants. Sand George)

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (4) : (16 octobre) 2016. Lu, ce jour, dans Le Figaro :
« Flavie Flament, 42 ans, le dit tout net : oui, il y a prescription des faits. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle refuse de nommer le coupable. ‘Aujourd’hui, cet homme est juridiquement hors d’atteinte. Cela n’en fait pas un innocent pour autant. Le bourreau est inattaquable, moi je vivrai avec ça jusqu’à la fin de mes jours’, commente-t-elle, impuissante au JDD [Journal du Dimanche].
Mais la prescription n’efface pas sa douleur ou les souvenirs qui sont aussi vifs qu’au premier jour. Ce jour où elle a été repérée par ce photographe, connu et reconnu, à la terrasse d’un café situé dans un camp naturiste du Cap d’Agde. Après des essais concluants, la jeune fille, qui entre alors à peine dans l’adolescence devient l’un des nombreux modèles du photographe. Et l’une de ses nombreuses victimes. ‘Je n’ai pas été la seule à tomber dans ses griffes’. À propos de ces jeunes filles, il parlait d’’aller faire son marché’ précise-t-elle au JDD. » 178
Espérons que « le célèbre photographe » - dont j’imagine que, dans ce milieu, beaucoup le connaissent - sera poursuivi en justice.
Par d’autres qu’elle ? Mais avant tout, c’est la loi qu’il faut changer, et pour cela supprimer toute prescription.
- Pour rappel, une femme qui dénonce un agresseur peut être, en droit français, poursuivie et condamnée pour dénonciation calomnieuse par exemple, alors que l’auteur de l’agression ne pourrait l’être. (Cf. Droit. Patriarcal, Femmes. Jeunes filles, Langage. Verbe. Tomber, Politique. État-de-droit. Patriarcal, Sexes, Violences)
* Ajout. 24 octobre 2016. Un nom est diffusé : le photographe David Hamilton [1933-2016], âgé de 83 ans. Après avoir dénoncé les mensonges dont il se disait la victime, et annoncé sa volonté de déposer plainte, il décide de se donner la mort, un mois après.

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (5) : 2016. Que propose le gouvernement : Rien. Ou en d’autres termes, il commande un Rapport. Non : une « Mission de consensus sur le délai de prescription applicable aux crimes sexuels commis sur les mineurs », qui sera publié en 2017. 179.
- Je lis, par ailleurs, dans l’Avis du 5 octobre 2016 pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et autres agressions sexuelles (5 octobre 2016) la Recommandation n°9 :
« Allonger les délais de prescriptions relatifs aux délits et crime sexuels, en particulier ceux touchant aux délits et crimes sexuels sur mineur.e.s » (p.34)
Quant à la réaction de la ministre, en octobre 2016, il suffit de la lire pour juger de sa totale impuissance et de l’insignifiance de ses propos. 180
Par ailleurs, quelle absence de courage que d’oser se contenter d’un souhait qui n’engage à rien, sur rien, alors qu’il s’agit de la vie même des femmes et de la caution donnée aux agresseurs juridiquement irresponsables, lesquels bénéficient ainsi d’un véritable « passe-droit ». ….
Faute de récusation de cette position, tous les membres de la « Commission ‘Violences de genre’ du HCE » [Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes] cautionnent ce texte sur ce sujet. Et sur tous les autres… (Cf. Langage. Genre, Pornographie. Revendication. France Officielle. 2016) (1, 2)

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (6) : (12 décembre) 2017. Lu ce jour :
« Jugé à Nice pour l'assassinat d'un gardien d'école en 2002, le ‘berger de Caussols’ est soupçonné d'avoir commis une dizaine de meurtres et de s'adonner au cannibalisme. ‘Il bouffait les morceaux de ses victimes, avec de l'ail et du persil’, a déclaré son ex-compagne à la barre. Ces crimes sont aujourd'hui prescrits. » 181
- Dans la simple sécheresse du constat, suffisamment convainquant, me semble-t-il… (Cf. Hommes. Cannibalisme)

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (7) : (31 octobre) 2018. Lu ce jour, à la suite d’une révélation du nombre de viols, violences, agressions de prêtres dans une école et un ‘petit séminaire’ catholiques :
L’évêque de Luçon, nouvellement nommé - qui « tient à demander pardon pour les victimes de ces quelques prêtres » - affirme qu’« il n’y a pas de prescription à la souffrance des personnes concernant les actes pédo-criminels. » 182
L’analyse est valable pour toutes les victimes.
Et, pour rappel, un crime n’est pas un « acte » et la « demande de pardon » ne résous rien. (Cf. Violences. Victimes)

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (8) : (11 février) 2019. Au terme du procès en diffamation intenté contre l’ex-député Vert Denis Baupin contre les femmes qu’il avait agressées ainsi que contre Médiapart et France Inter qui avaient relayées leurs dénonciations, la procureure a demandé́ le 9 février 2019 la relaxe pour les prévenu-es, et a conclu son réquisitoire par cette phrase :
« Le seul mérite de ce procès, c’est de dire l’impérieuse nécessité de la lutte contre le silence des personnes victimes de violences sexuelles. » 183
Faut-il rappeler que si ces femmes n’avaient pas été accusées en diffamation par Denis Baupin, elles n’auraient jamais - du fait des lois sur la prescription - été entendues par la justice ?
Et « le silence des victimes de violences sexuelles » aurait perduré.
Cette phrase est, une fois encore, la manifestation de l’impossibilité de la justice de se remettre en cause l’association des Élu.es Contre les Violences faites aux Femmes [ECVF] ne s’est pas non plus interrogée sur la signification juridico-politique de l’appréciation de la Procureure. (Cf. Justice. Relaxe)

Justice (Imprescriptibilité des crimes et des délits en matière de violences à personne) (9) : (19 novembre) 2019. CIASE [Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église catholique] Audition de Christian Dubreuil, auteur de :
« Concernant la question de l’intervention publique - à quel moment une victime s’exprime ? Vous voyez que quelqu’un comme moi qui ait été un fonctionnaire d’autorité dès 1977, qui a fait des études de droit, qui fréquentait tous les jours des procureurs, des avocats et des juges du siège, je ne m’exprimerai publiquement qu’en 1997, c’est-à-dire 30 ans après les faits et - je ne l’apprendrai qu’après - après le décès du prêtre et donc de la prescription, non seulement juridique des faits mais même de la prescription absolue par la mort du coupable. » (Cf. Droit. CIASE, Patriarcat. Église catholique, Violences)

Justice. Impunité :

Justice (Impunité) (1) : Question sans réponse, mais néanmoins pertinente : dans quelle mesure l’impunité, encore générale, arme-t-elle les hommes violents dans le cadre familial ?
* Ajout. 3 juin 2023. Question mal posée, car la réponse est évidente.

Par ordre chronologique. Justice. Impunité :

Justice (Impunité) (1) : (24 janvier) 1898. Jean Jaurès [1859-31 juillet 1914] à l’assemblée nationale, auteur de :
« C’est parce que bien souvent ils ont triomphé avec impunité dans l’injustice qu’à l’heure de l’épreuve ils ne peuvent plus avec autorité invoquer le droit. »
En réduisant et en légèrement modifiant la phrase :
« C’est parce qu’ils gouvernent avec impunité qu’ils ne peuvent plus invoquer le droit. » (Cf. Droit, Politique. État)

Justice. Indépendance :

Justice (Indépendance) (1) : Si les juges doivent juger d’après la loi, et si le gouvernement est à même de la modifier, de quelle indépendance de la justice parle-t-on ? En s’y soumettant, comme cela leur est prescrit, quelle garantie d’indépendance offrent-ils au justiciable ? Ne sont-ils pas de simples scribes de la loi avec laquelle ils peuvent tout au plus jongler ? (Cf. Justice. Juges)

Justice (Indépendance) (2) : 2013. Louis Joinet [1934-2019], dans Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice, décrivant l’indépendance de la justice telle que pratiquée lors de « l’affaire Ben Barka » [1965 et années suivantes], auteur de :
« L’ambiance était extraordinaire, mais les pratiques judiciaires restaient assez croquignolesques (sic). Le code de procédure pénale prévoyait que le parquet, comme la défense, pouvait (sic) obtenir copie du dossier de l’instruction. Dans cette affaire, cette procédure, dite ‘contradictoire’, fut interprétée de manière démentielle en faveur du parquet : à Chaque fois que comparaissait devant le juge une des figures de la procédure et dès que le greffier en avait dressé le procès-verbal, il fallait en transmettre une copie au procureur, feuillet après feuillet ! Autrement dit, l’oreille du gouvernement suivait en très léger différée tout ce qui se disait dans ‘le secret’ du cabinet du juge. […]
Louis Joinet note aussi, que lors du débat à l’assemblée nationale, Roger Frey [1913-1997] ministre de l’intérieur et son conseiller, « piochaient tranquillement dans leur copie du dossier d’instruction », annoté par le juge d’instruction. 184

Justice (Indicateurs) : Combien de criminels ont-ils été lavés de leur crime et laissés dans la nature, sans ou avec passage par la case prison, en échange d’un statut d’indics [de la police] ? (Cf. notamment, Proxénétisme)

Justice (Inhumaine) : (13 décembre) 2018. Un enfant nouveau-né est abandonné sur le siège arrière de la voiture d’une aide-soignante. Il sera sauvé à temps. Je lis sur la dépêche de l’AFP :
« En cas de mort, la maman encourait vingt ans de réclusion criminelle. Là, pour délaissement de mineur, elle risque sept ans. ‘ Ce geste est inqualifiable ! ‘, a conclu le procureur. » 185
- Quant au père, il est toujours, en 2018, hors portée du code pénal. (Cf. Droit, Patriarcat, Violences)

Justice. Instruction :

Justice (Instruction) (1) : Il ne suffit pas qu’un-e juge d’instruction soit nommé-e, encore faut-il qu’il /elle instruise.

Par ordre chronologique. Justice. Instruction :

Justice (Instruction) (1) : (1er septembre) 1917. Léon Trotsky [1879-1940], de retour en Russie, emprisonné par le gouvernement provisoire, accusé d’être « au service du kaiser » rédige ce texte sur le PV de l’instruction :
« […] J’estime que, politiquement, et au point de vue moral, il serait avilissant pour moi de participer à la procédure d’instruction et réserve d’autant plus mon droit à dénoncer le véritable fond de l’accusation, devant l’opinion du pays, par tous les moyens qui seront en mon pouvoir. » Dans son livre, Ma vie, où ce texte est reproduit, il avait précisé que « l’instruction fut menée par des juges qui avaient acquis leur expérience au service du tsar : ils n’étaient pas habitués à s’embarrasser de faits ou d’arguments. » 186

Justice. Intentionnalité :

Justice (Intentionnalité) (1) : Juger de l’intentionnalité de l’auteur (du génocide, du crime de guerre, du meurtre et de l’assassinat…), c’est juger en fonction des catégories psychiques intellectuelles, morales, politiques de l’auteur-e (de l’agression, de la violence), qu’il s’agisse d’un-e individu-e, de l’État, d’une personne physique, morale…

Justice (Intentionnalité) (2) : S’interroger pour la justice sur l’intentionnalité de l’auteur d’une viol - et en tenir compte dans la nature ou le quantum de la peine - où le fait que la question n’autorise aucune réponse crédible - présente l’immense avantage d’éviter les questions, elles fondamentales, auxquelles la justice n’est pas, sauf exception, habilitée, autorisée à répondre. Par exemple : pourquoi tant d’homme violent-ils, tuent ils, partout, tant de femmes, depuis si longtemps et pourquoi, partout, depuis si longtemps, bénéficient-ils d’une telle impunité, en réalité d’un tel droit à violer, à tuer, si récemment, si chichement remis en cause ? (Cf. Patriarcat, Violences)

Justice (Intentionnalité) (3) : (5-6 août) 1945. François Mauriac [1885-1970], dans Le Figaro, écrit :
« Mais aujourd’hui, je pose la question essentielle pour tout chrétien : le maréchal Pétain [1856-1951] a-t-il voulu trahir la France ? A-t-il eu l’intention de la trahir ? » 187
Poser la question en ces termes en démontre l’inanité, sauf à se substituer à la conscience de Philippe Pétain. (Cf. Juger. Procès, Politique, Histoire)

Justice (Internationale) : Qu’il faille compter sur un juge d’instruction étranger [mandat d’arrêt international du juge espagnol Baltasar Garzon en 1998 concernant Augusto Pinochet], sur une justice allemande [Haute Cour de Coblence, condamnant le 24 février 2021 un tortionnaire Syrien du régime de Bachar El Assad] donne une juste idée du pouvoir des États à efficacement se prémunir de toute justice à leur encontre, comme des limites - le terme étant dérisoire - du droit et de la justice internationales. (Cf. Droit, Justice. Netanyahou Benjamin)

Justice (Interrogatoire) : (10 août) 1749. Denis Diderot [17813-1784], enfermé à la prison de Vincennes, écrit à Monsieur Berryer, lieutenant général de la police [1703-1762] :
« Monsieur, Il y eut vendredi huit jours que je comparus pour la première fois de ma vie devant un tribunal, et j’éprouvais qu’un interrogatoire était pour un honnête homme la chose du monde la plus pénible, quelque clémence que l’on supposât dans son juge. » 188

Par ordre chronologique. Justice. Inquisition :

Justice (Inquisition) (1) : 1756. Voltaire [1694-1778], dans son Essai sur les mœurs, auteur de :
« Ce Torquemada [1420-1498], dominicain, devenu cardinal, donna au tribunal de l’Inquisition espagnole cette forme juridique opposée à toutes les lois humaines, laquelle s’est toujours conservée. Il fit en quatorze ans le procès à près de quatre-vingt mille hommes, et en fit brûler six mille avec l’appareil et la pompe des plus augustes fêtes. Tout ce qu’on nous raconte des peuples qui ont sacrifié des hommes à la Divinité n’approche pas de ces exécutions accompagnées de cérémonies religieuses.
Les Espagnols n’en conçurent pas d’abord assez d’horreur, parce que c’étaient leurs anciens ennemis et des Juifs qu’on immolait. Mais bientôt eux-mêmes en devinrent victimes ; car lorsque les dogmes de Luther éclatèrent, le peu de citoyens qui fut soupçonné de les admettre fut immolé.
La forme des procédures devint un moyen infaillible de perdre qui on voulait.
On ne confronte point les accusés aux délateurs, et il n’y a point de délateur qui ne soit écouté. Un criminel public et flétri par la justice, un enfant, une courtisane, sont des accusateurs graves ; le fils peut déposer contre son père, la femme contre son époux ; enfin l’accusé est obligé d’être lui-même son propre délateur, de deviner et d’avouer le délit qu’on lui suppose, et que souvent il ignore.
Cette procédure, inouïe jusqu'alors fit trembler l’Espagne. La défiance s’empara de tous les esprits ; il n’y eut plus d’amis, plus de société : le frère craignit son frère, le père, son fils.
C’est de là que le silence est devenu le caractère d’une nation avec toute la vivacité que donne un climat chaud et fertile.
Les plus adroits s’empressèrent d’être les archers de l’inquisition sous le nom de ses familiers, aimant mieux être satellites que suppliciés.
» 189

Justice (Inquisition) (2) : (1er août) 1777. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Catherine II [1729-1796], auteur de :
« Nous apprenons dans ce moment que l’inquisition des moines romains est rétablie en Espagne dans tout son pouvoir. M. le comte d’Aranda [1719-1798] dans le temps qu’il était Premier ministre, avait fait défendre par un édit signé du roi, que le Grand Inquisiteur osât jamais faire arrêter un Espagnol de son autorité privée. Cet édit vient d’être révoqué. Le fameux livre de M. Beccaria [Cesare. 1738-1794], sur les délits et les peines [1764] a été brûlé publiquement par le sacré bourreau de l’Inquisition à Madrid. Il y aura bientôt un autodafé. […] » 190 (Cf. Penser. Beccaria Cesare. Idée, Politique. Lois. Beccaria Cesare. Morale)

Justice (Inquisition) (3) : (28 juillet) 1838. Jules Michelet [1798-1774], dans son Journal évoque sa visite du Palais ducal à Venise, contestant la présentation par le guide des « charmants appartement » écrit :
« Dans la réalité, ce sont de petites chambres pratiquées dans un grenier ; les prisonniers n’approchaient pas des fenêtres. Les puits, lits de bois sur des appuis de pierre, nulle fenêtre qu’un trou complètement noir pour tirer l’air du corridor ; point de latrines ; un cachot pour le supplice du garrot. Grille en fer d’où l’on étranglait. Corridor pour la guillotine avec dégagement vers le canal : trois trous pour le sang. » 191

Justice (Inquisition) (4) : 2009. Liliana Lounguine [1920-1997], dans Mot à mot. Une vie dans le siècle soviétique, écrit :
« Je pense […] qui n’ait existé nulle part dans le monde civilisé une peur semblable à celle qui régna dans le système soviétique ; peut être seulement sous l’Inquisition, et bien sûr sous l’hitlérisme. » 192

Justice (Journaliste) : 2018. Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judicaire au Monde depuis 15 ans, auteure de :
« J’aime profondément la Cour d’Assises ; j’aime profondément l’atmosphère de la Cour d’Assises […] J’aime l’effet que produit le crime sur les gens. » 193

Justice. Juger :

Justice (Juger) (1) : « Je ne juge pas » : par quels processus de refoulements de soi et donc d’aliénations est-on passé-es pour que cette assertion puisse être considérée comme le nec plus ultra du respect de l’autre, des autres ?
Autres modalités d’expressions, autres avatars :
« Peu importe mon opinion » ; « ça reste à l’appréciation de chacun-e » ; « chacun est libre de penser ce qu’il veut, on est en démocratie » ; « c’est mon [un] point de vue, on peut être en désaccord » ; « il ne faut pas se prendre au sérieux » ; « Loin de moi de porter un jugement de valeur » [un sociologue de CNRS spécialiste de « la sécurité ». 19 septembre 2014] …
Et, pour les personnes qui ont les moyens de maitriser les règles du jeu : « Je n’ai aucun commentaire à faire », suivi de : « Voyez avec mon avocat ». (Lu le 7 avril 2014) (Cf. Penser, Politique. Idéologie)
* Ajout. 31 mars 2017. « Ne juge pas, tu ne seras pas jugé. » (Mathieu. 7,1)
* Ajout. 15 mars 2019. Ménie Grégoire [1919-2014], dans Telle que je suis, écrit :
« Personne n’a le droit de juger, du haut de son privilège ! » 194
* Ajout. 21 septembre 2019. Entendu, aux fins de récuser, lors d’une discussion, tout jugement :
« On n’est pas les arbitres des élégances. »
* Ajout. 28 novembre 2019. Comment concilier cet impératif moral :’Je ne juge pas’ avec la place royale, non contestée, accordée depuis plusieurs siècles en France notamment à la valeur du jugement dans la « critique littéraire » ? (Cf. Culture, Penser)
* Ajout. 25 août 2020. Entendu sur France Culture :
« Je suis partagé ». (Cf. Êtres humains, Penser)
* Ajout. 27 août 2020. Entendu sur France Culture :
« Je n’ai pas de légitimité à parler de cela. » (Cf. Penser, Politique)

Justice (Juger) (2) : Nous ne cessons, quotidiennement, notre vie durant, de juger soi-même, les autres, le gouvernement, etc…, et pourtant, nous continuons à en laisser le monopole à « la justice », et ce alors que tant en connaissent pertinemment la partialité, la fausseté, l’incohérence, l’absurdité.
Comment aborder, traiter, penser ce nécessaire transfert de responsabilités ?

Justice (Juger) (3) : Pour justifier un jugement personnel concernant une décision de justice, il est nécessaire d’expliciter les valeurs qui le fondent. La critique alors peut l’être sur plusieurs fondements : selon ledit jugement, selon lesdites valeurs, et enfin, selon les concordances, convergences, contradictions entre ledit jugement et lesdites valeurs. Et ce, en fonction de la réalité de la manière dont la justice est exercée. (Cf. Penser. Juger)

Justice (Juger) (4) : Juger, c’est personnellement s’engager. Or, c’est ce que ne peuvent, dit-on, les juges… (Cf. Droit, Penser)

Justice (Juger) (5) : La justice est - eu égard à elle-même - dans ses jugements, à la fois juge et partie.

Justice (6) : Une personne qui n’a d’autre prétention - à l’opposé donc de « la justice » - que de parler en son nom propre peut d’autant plus aisément se permettre de « juger » autrui que c’est elle qui est en réalité ipso facto jugée.

Justice (7) : Ne pas oublier que chaque jugement sur autrui nous juge. (Cf. Penser. Juger)

Justice (8) : Ne pas oublier que chaque jugement sur la comparaison, la hiérarchie des peines exclue celui sur la [légitimité de la] peine. (Cf. Politique. Hiérarchie)

Par ordre chronologique. Justice. Juger :

Justice (Juger) (1) : 1936. Lu dans le Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos [1888-1948] :
« Qu’êtes-vous pour juger de la faute d’autrui ? Qui juge la faute ne fait qu’un avec elle, l’épouse. […] » 195 (Cf. Justice. Bernanos Georges)

Justice (Juger) (2) : 1987. Marie Métrailler [1901-1979], au terme de sa vie, auteure de :
« J’ai gardé tout mon sens critique, il s’est même aiguisé. Pas du tout dans l’idée de juger, voire de blâmer. Non, au contraire, j’essaie de mettre chaque chose à sa place. » 196

Justice (Juger) (3) : 1995. Cf. Anne Sylvestre [1934-2020], auteure de la chanson :
« Les gens qui doutent » (Cf. Penser. Douter)

Justice. Jurer de dire la vérité :

Justice (Jurer de dire la vérité) (1) : Dans un procès, la promesse verbale - de « dire la vérité » - exigée des témoins et autres… : un incontestable privilège pour ceux et celles pour qui la vérité n’a aucun sens, n’a aucune valeur. Une prime aux (meilleurs) menteurs ? Une discrimination à l’encontre des plus honnêtes ? Les femmes, globalement, subissent à cet égard, un lourd, très lourd, handicap de départ. (Cf. Relations entre êtres humains. Promesse, Justice. Témoins)

Par ordre chronologique. Justice. Jurer de dire la vérité :

Justice (Jurer de dire la vérité) (1) : 1764. Cesare Beccaria [1738-1794], dans Des délits et des peines, auteur de :
« C’est mettre en contradiction les lois avec les sentiments naturels que d’exiger d’un accusé le serment de dire la vérité, alors qu’il a tout intérêt à ne pas la dire. L’homme peut-il jurer de bonne foi de contribuer à sa propre perte […] ? » 197

Justice (Juricentrisme) : 2022. Je lis dans le Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème siècle-XXème siècle concernant François Luchaire [1919-2009] et Pierre-François Gonidec [1914-2008], « nouvelle génération de spécialiste de l’Outre-mer » :
« Ils se démarquent de leurs prédécesseurs et de certains de leurs contemporains par leur vision fédéraliste, mais aussi par leur volonté de mettre à mal le juricentrisme, donc l’idée que le droit oriente les comportements sociaux. » 198

Justice (Juristes) : Que le / la juge doive être un-e juriste est au fondement de l’injustice à laquelle le droit est censé remédier. (Cf. Droit)

Justice (Kafka Franz) : 1925. Franz Kafka [1883-1924] débute son livre Le procès ainsi :
« On avait sûrement calomnié Joseph K…, car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. » 199 (Cf. Justice. Procès)

Justice (Korczak Janusz) : 1911-1912. Voici le préambule du « tribunal » que Janusz Korczak [1878-1942] avait rédigé concernant les fondements de principe de la justice - pensée par lui et rendue par les enfants - à l’orphelinat de la rue Krochmalna :
« Le tribunal n’est pas la justice, mais il doit y tendre. Le tribunal ne dit pas la vérité, mais il doit désirer la vérité. Les juges ne sont pas infaillibles… Il peut même arriver que les juges condamnent des actes qu’ils ont eux-mêmes commis. Mais il est honteux qu’un juge en vienne sciemment à un verdict mensonger. » 200
À intégrer dans tous les codes et à lire avant tout jugement ?

Justice. Jean de La Bruyère :

Justice (La Bruyère Jean de) (1) : 1688. Jean de la Bruyère [1645-1696], dans Les Caractères, - Des grands - auteur de :
« La noblesse expose sa vie pour le salut de l’État et la gloire du souverain ; le magistrat décharge le prince d’une partie du soin de juger les peuples. […] » 201 (Cf. Politique. État, Peuple, Histoire)

Justice (La Bruyère Jean de) (2) : 1688. Jean de la Bruyère [1645-1696], dans Les Caractères, - Des jugements -, auteur de :
« S’il est périlleux de tremper dans une affaire suspecte, il l’est encore davantage de s’y trouver complice d’un grand : il s’en tire et vous laisse payer doublement, pour lui et pour vous. » Une illustration contemporaine : Nicolas Sarkozy. 202 (Cf. Hommes. « Politiques ». Politique. Morale)
* Ajout. 6 janvier 2024. L’exemple singulier ici cité est injuste, tant ces pratiques sont consubstantielles à l’État.
* Ajout. 7 janvier 2024. L’exemple pour moi le plus emblématique est celui d’Alain Jupé, condamné pour les « emplois fictifs de la Mairie de Paris » le 30 janvier 2004, peine réduite en appel à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité « pour prise illégale d’intérêt » et qui se contenta, a postériori, d’un :
« J’ai parfois payé pour d’autres. »
Et c’est ainsi que les systèmes perdurent.

Justice (La Bruyère Jean de) (3) : 1688. Jean de la Bruyère [1645-1696], dans Les Caractères, - De l’homme -, auteur de :
« Il faut des saisies de terre et des enlèvements de meubles, des prisons et des supplices, je l’avoue ; mais justice, lois et besoins à part, ce m’est une chose toujours nouvelle de contempler avec quelle férocité les hommes traitent d’autres hommes. » 203

Justice (La Bruyère Jean de) (4) : 1688. Jean de la Bruyère [1645-1696], dans Les Caractères, - Des jugements -, auteur de :
« Une circonstance essentielle à la justice que l’on doit aux autres, c’est de la faire promptement et sans différer : la faire attende, c’est injustice. » 204
De combien de délits, de crimes, de violences quotidiennes, la lenteur de la justice n’est-elle pas responsable ? (Cf. Justice. Lenteur)

Justice (La Bruyère Jean de) (5) : 1688. Jean de la Bruyère [1645-1696], dans Les Caractères - Des jugements -, auteur de :
« Je ne sais s’il est permis de juger des hommes par une faute qui est unique, et si un besoin extrême, ou une violente passion, ou un premier mouvement tirent à conséquence. » 205 Pertinente question… (Poursuivre)

Justice (« La cour ! Veuillez-vous lever ! ») : Cette injonction à laquelle je dois, dans un Palais - dit - de justice, m’astreindre m’est toujours pénible à entendre, plus encore à m’y soumette ; pénible d’avoir à obéir à un ordre ; pénible de me comporter comme un mouton de panurge ; pénible de me fondre dans un tout avec lequel - a priori - rien ne me lie ; pénible d’avoir à - d’emblée - cautionner une décision de justice dont j’ignore tout ; pénible d’avoir à afficher un respect à une institution que je ne respecte pas ; pénible de cautionner des symboles par l’intermédiaire de leurs incarnations ; pénible de cautionner toutes les injustices légitimées par et par le droit, et par la justice et notamment toutes les injustice patriarcales…
* Ajout. 25 mai 2021. 1986. Lu dans Hard times. Histoires orales de la grande dépression de Studs Terkel [1912-2008] :
« Dans les années 1930, j’ai siégé dans de nombreux tribunaux de police. […] Il y avait un jour un agent de police qui faisait les cent pas avec une matraque. Il les [« les ivrognes »] frappaient dans les tibias, en leur disant : ‘Levez-vous, vous êtes au tribunal’. J’ai dit : ‘Sortez de ce tribunal et revenez sans cette matraque’. Il a dit : ‘Ils doivent respecter ce tribunal’. J’ai dit : ‘Et vous, vous le respectez peut-être ? Comment osez-vous entrer ici avec une matraque ? ’ » 206 (Cf. Dialogues, Justice. Police)

Justice (Lafarge Marie) : 1854. Marie Lafarge [1816-1852], née sous le nom de Marie Fortunée Capelle, dans Heures de prison, auteure de :
« Quand j’étais forte, que j’avais du courage et que j’osais lutter seule contre la calomnie, il disait, le monde, que j’étais une impudente, une hypocrite, une sans cœur. Aujourd’hui que mes souffrances crient, qu’il les entend et qu’il les voit saigner, il accuse ma faiblesse et raille ma peine. J’ai cru à la justice, Monsieur (le préfet Rouleaux, venu dans sa cellule la voir), j’ai même cru à la pitié. Aujourd’hui je n’y crois plus. » 207 (Cf. Relations entre êtres humains. Pitié, Famille. Mariage. Dot, Histoire. Historiographie. Patriarcale. Wikipédia)

Justice (La Fontaine Jean de) : 1678. Jean de La Fontaine [1621-1695] dans Les animaux malades de la peste, auteur de :
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Jugement toujours valable, auquel il faut ajouter :
Selon que vous serez homme ou femme, les jugements de cour vous rendront coupable ou victime. (Cf. Justice. Patriarcale)

Justice (Langue) : Pendant des siècles, la justice était dite en latin à des justiciables qui n’y comprenaient goutte. Aujourd’hui, cette permanence se prolonge : nombre de justiciables à l’écoute, à la lecture des décisions de justice exprimées dans la langue du droit, certes dorénavant française, n’y comprennent pas non plus grand-chose, voire rien ; et ce, sans que cela ne semble gêner grand-monde. (Cf. Langage)

Justice (Leclerc Annie) : 1980. Annie Leclerc [1940-2006], dans Parole de femme, auteure de :
« C’est encore piétiner sur place et c’est encore vous faire trop d’honneur que de mesurer l’injustice qui nous est faite à votre étalon de justice. »
Radical. 208

Justice (Leclerc Félix) : Félix Leclerc [1914-1988], auteur de :
« La justice ? On lui bâtit des palais qu’elle n’habite pas. » 209

Justice (Lecomte Mademoiselle) : (16 avril) 1846. Un homme nommé Lecomte tira sur le char à bancs où se trouvait notamment Louis Philippe [1773-1850]. Il fut condamné à mort par la Chambre des Pairs [décision refusée par V. Hugo]. Le roi n’usa pas de son droit de grâce, mais il décida « comme nouveau gage de sa bonté » [!] que « la pension dudit Lecomte serait réversible sur la tête de sa sœur, la vie de cette sœur durant » et « mit à la disposition de cette sœur une somme de trois mille francs comme secours. »
- Mademoiselle Lecomte répondit à son envoyé :
« Dites au roi que je le remercie. Je l’eusse mieux remercié d’autre chose. Dites-lui que je n’oublie pas mon frère assez vite pour prendre sa dépouille. Ce n’est pas là le bienfait que j’attendais du roi. Je n’ai besoin de rien, je suis bien malheureuse et bien misérable, je meurs de faim à peu près, mais il me convient de mourir ainsi, puisque mon frère meurt comme cela. Qui fait mourir le frère n’a pas le droit de nourrir la sœur. » 210 (Cf. Femmes. Remarquables, Histoire)

Justice. Légitime défense :

Justice (Légitime défense) (1) : Quasi absence de cette défense dans les procès concernant les femmes victimes d’un homme violent : une considérable injustice ancestrale.
* Ajout. 9 février 2016. Se référer aux textes de Catherine Le Magueresse. 211

Justice (Légitime défense) (2) : La question de la légitime défense occulte une autre approche, celle en termes de « crime nécessaire » et de « criminel excusable ». 212

Justice (Légitime défense) (3) : 2013. 2016. Dans le livre d’Alexandra Lange, Je l’ai tué pour ne pas mourir, qui fut acquittée du meurtre de son mari violent sur les fondements de la légitime défense, je lis notamment ceci :
« M. Frémiot, avocat général, poursuit : ‘Alors oui, il y a ce coup de couteau (par le moyen duquel elle tua son mari). Mais Alexandra Lange n’a donné qu’un unique coup ! Et ça, c’est de la légitime défense ! » 213
Le poids des mots : madame Jacqueline Sauvage a, elle, tué son mari de trois coups de fusil : elle ne pouvait, dès lors, selon ce critère, arguer de cette défense…

Justice (Légitime défense) (4) : (novembre) 2012. Huit mois après l’acquittement d’Alexandra Lange, une femme, ayant tuée son mari violent est condamnée à 8 ans de prison et en outre à s’acquitter de 44.000 euros au titre de dommages et intérêts. 214 L’avocate générale avait requis 12 ans. Cette femme avait déjà déposé plainte contre son mari : placé sous contrôle judiciaire, il devait comparaitre devant la justice. Le soir du meurtre, il l’avait à nouveau frappée et menacée de mort. Elle avait plaidé la légitime défense affirmant qu’elle avait voulu « le piquer pour lui faire peur ». Pourquoi ne pas l’avoir crue ?

Justice (Légitime défense) (5) : 2012. 2016. Lors du premier procès de madame Jacqueline Sauvage, Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta, avocates de madame Alexandra Lange, acquittée en mars 2012, avaient plaidé pour « une présomption de légitime défense », laquelle devrait concerner toutes les femmes violentées par leur [ex] mari et/ou [ex] compagnon. 215
En appel, elles plaidèrent, à nouveau, mais échouèrent à faire reconnaître leur conception de la légitime défense, en réalité, son principe même. (Cf. Justice. Procès. Jacqueline Sauvage)

Justice (Légitime défense) (6) : 2016. À la suite du procès en appel de madame Jacqueline Sauvage - qui confirma les dix ans de prison de la première instance - une floraison de termes a soudainement jailli concernant la « légitime défense ». On lut :
« présomption de légitime défense », « état de légitime défense », « droit de légitime défense » ; « légitime défense différée », « légitime défense putative », « légitime défense en cas de menace permanente », « légitime défense en cas de menaces réitérée », « légitime défense en cas de réitération d’acte de violence entretenant une menace permanente » … Que de confusions !
De la nécessité politique de rendre confuse la pensée…. (Cf. Justice. Procès. Jacqueline Sauvage, Langage, Penser, Politique)

Justice (Légitime défense) (7) : 2016. Deux propositions de loi ont été déposées qui font référence au dit procès et, plus largement, être censées défendre les situations des femmes victimes de violences ayant tué (ou tenté de tuer) les hommes qui du fait de leurs violences attentaient à leur propre vie, souvent depuis des dizaines d’années.
- La première, du 1er mars 2016 de madame Olivier et Monsieur Rouillard (PS) ne spécifie en rien qu’elle concerne les femmes victimes de violences ; elle a été déposée en tant qu’amendement [n°460] au projet de loi gouvernemental renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale et doit s’inscrire en tant que troisième alinéa de l’article 122-6 du code pénal (concernant la légitime défense) laissant ouverte, voire renforçant la confusion entre atteinte aux biens, aux personnes, à l’État.
- La seconde, celle de Valéry Boyer [L.R], déposée le 7 mars 2016, s’inscrit dans le cadre de l’article 222-14-3 (concernant les violences) et précise qu’il s’agit de « violences au sein d’un couple ». Mais elle pose que la personne est considérée comme n’étant « pas pénalement responsable », l’inscrit dans une logique « de troubles psychiques et neuropsychiques » conférant à « l’expertise médicale » la responsabilité d’en apprécier « l’évaluation ».
La condamnation de madame Jacqueline Sauvage ne peut être utilisée pour justifier de telles propositions. (Cf. Famille. Couple, Justice. Procès. Jacqueline Sauvage, Politique. « Terrorisme », Proxénétisme. « Crime organisé »)
* Ajout. 14 mars 2016. Une nouvelle rédaction de ce début d’analyse a été rédigée et est publiée : Les suites du procès de Jacqueline Sauvage : deux propositions législatives inacceptables. http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1229&mode=last

Justice (Légitime défense) (8) : (6 juin) 2016. Lu dans Le Figaro :
« Le sexagénaire qui a tué un cambrioleur d’un coup de fusil vendredi soir a été laissé libre dimanche tandis que deux complices du cambrioleur ont été placés en garde à vue, selon des sources concordantes. ‘La version de mon client a visiblement été confirmée par les éléments de l'enquête, a indiqué à l'AFP Me Jean-Félix Luciani, l'avocat du tireur.’ Le sexagénaire avait été agressé dans son lit avec son épouse, à leur domicile de Bonnefamille (Isère), à 40 km au sud-est de Lyon. Son fils, âgé de 37 ans, réveillé par les cris de sa mère dans une maison voisine, a tiré un premier coup de feu pour faire fuir les malfaiteurs. Le père s'est ensuite emparé d'un fusil et a tué le cambrioleur de 48 ans, indiquant qu'il avait vu ce dernier revenir vers lui. ‘Il a tiré parce qu'il a eu peur’, a souligné Me Luciani, précisant que son client était ‘totalement effondré par ce drame’. ‘On n'a pas affaire à des cowboys’, a insisté l'avocat. Le cambrioleur, connu de la justice et originaire du quartier sensible des Minguettes à Vénissieux (Rhône), n'avait pu être ranimé par les pompiers. Une autopsie de son corps doit être pratiquée lundi matin. Le tireur et son fils, qui avaient été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour homicide volontaire, ont été libérés dimanche midi, sans être déférés au parquet de Grenoble, qui n'a pas pu être joint. Par ailleurs, deux des complices du cambrioleur, âgés d'une vingtaine d'années, se sont rendus à la gendarmerie en Isère dimanche après-midi, selon des sources concordantes. Ils ont été placés en garde à vue. Le Parquet de Vienne, qui est en charge de l'enquête pour vol avec violence, n'a pas souhaité communiquer à propos de ce dossier. » 216
- Suite, le lendemain. « La question de la légitime défense peut être posée » […] « Ce sont des gens âgés qui ont été agressés sauvagement. Ils ont 10 jours d'ITT » (interruption temporaire de travail), a souligné Jean-Yves Coquillat, procureur de Grenoble. » 217

Justice (Légitime Défense) (9) : 2017. En aucun cas, les réflexions concernant la légitime défense revendiquée par les syndicats de police ne sauraient être amalgamées avec celles posées par les violences exercées dans le cadre de rapports interpersonnels. Que le même terme puisse même être employé dans ces deux cas de figure démontre qu’il doit être, en lui-même, repensé.
* Avis. 11 mai 2021. Entendu sur C. News un gendarme sur le plateau demander que les policiers soient (d’emblée) considérés étant « en légitime défense ».

Par ordre chronologique. Justice. Légitime défense :

Justice (Légitime Défense) (1) : 1780. Marat [1743-1793] dans son Plan de législation criminelle [écrit entre 1777 et 1779, publié anonymement en 1780, livré au pilon, puis sous son nom en 1790], dans un paragraphe intitulé : Du meurtre commis en se défendant, écrit :
« Lorsque la loi, faite pour protéger ceux qui vivent sous son empire, n’a pas le temps de venir au secours d’un opprimé ; au milieu de l’état social, il rentre dans l’état de nature, et a le droit de repousser la force par la force. S’il tue pour sa défense, qu’il purge son procès et qu’il soit absous. Pour purger son procès, il lui suffira de prouver qu’il a été assailli, sans avoir été l’agresseur. Ainsi il se rendra immédiatement, avec quelques témoins du fait, chez un juge de police et se constituera prisonnier. Si la déposition des témoins, ouïs séparément, est toute à sa décharge, il sera mis en liberté, sous cautionnement de se présenter au jour prescrit, pour subir son jugement. Si la déposition des témoins n’est pas toute à sa décharge, il sera détenu en prison jusqu’à ce que le fait soit éclairci, et qu’il subisse son jugement. […] » (Cf. Justice. Témoins, Histoire. Révolution française) 218

Justice. Leibniz :

Justice (Leibniz) (1) : 1765. Leibniz [1646-1716], dans Nouveaux essais sur l’entendement humain, auteur de :
« Si quelqu’un dit que la justice est une conduite conforme à la loi à l’égard du bien d’autrui, cette idée n’est pas assez déterminée, quand on n’a aucune idée distincte de ce qu’on appelle la loi. » 219 (Cf. Langage. Mot, Penser. Idées, Politique. Loi)

Justice (Leibniz) (2) : 1765. Leibniz [1646-1716], dans Nouveaux essais sur l’entendement humain, auteur de :
« […] On aura plus tôt fait de définir la justice suivant l’idée qu’on a dans l’esprit que d’en chercher un modèle hors de nous, comme Aristote et de la former là-dessus. » 220 (Cf. Penser, « Sciences » sociales)

Justice (Leiris Michel) : (30 octobre) 1949. Michel Leiris [1901-1990], dans son Journal, auteur de :
« Procès Gaveau [dénonciateur du réseau du musée de l’Homme] : voir tous les rouages de la justice mis en branle pour sauver un coupable avéré. Cela dégoûte des formes juridiques et fait souhaiter une justice sommaire. Mais ‘justice sommaire’ n’est-ce pas la porte ouverte à ses pratiques genre lynchage ?» Non. 221

Justice (Le Maire Bruno) : 2022. Bruno Le Maire, dans L’ange et la bête. Mémoires provisoires, auteur de :
« La justice nous soumet à un ordre que nous ne considérons pas tous (sic) comme juste, mais qui est un ordre et, pour cette seule raison garantit la cohésion nationale. » 222 Et certain-es naïfs / naïves attendent encore justice de la justice.
* Ajout. 27 avril 2023. Commentaire définitif, catégorique, autoritaire, binaire, simpliste ; en l’état inacceptable. (Cf. Politique. État. Répression)

Justice. Lenteur :

Justice (Lenteur) (1) : La lenteur de la justice est fonctionnelle : elle dissuade d’y avoir recours.
- Son coût aussi.
- Une ‘nuance’ de taille : la justice n’est pas ‘lente’ en comparution immédiate, c’est-à-dire à l’encontre de tous ceux qui ne sont pas en mesure de se défendre, comme envers ceux et celles qu’elle veut rapidement condamner, qu’il s‘agisse de François Fillon ou de tel ou tel « Gilet jaune » … (Cf. Politique. État. Répression)

Par ordre chronologique. Justice. Lenteur :

Justice (Lenteur) (1) : (29 juin) 1762. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Philippe Debrus [1762-?], concernant « l’affaire Calas », auteur de :
« Plus je réfléchis, Monsieur, sur l’épouvantable destinée des Calas, plus mon esprit est étonné et plus mon cœur saigne. Je vois évidement que l’affaire trainera à Paris, et qu’elle s’évanouira dans les délais. Le chancelier est vieux. La cour est toujours bien tiède sur les malheurs des particuliers. Il faut de puissants ressorts pour émouvoir les hommes occupés de leurs propres intérêts. » Juges inclus… 223 (Cf. Justice. Rapidité)

Justice (Lenteur) (2) : (6 décembre) 1771. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Paul-Claude Moultou [1731-1797], auteur de :
« Souvenez-vous qu’il n’a fallu que deux heures pour condamner cette vertueuse famille et qu’il a fallu neuf ans pour lui faire rendre justice. » 224

Justice (Lenteur) (3) : (25 mai) 1981. Vaclav Havel [1936-2011], dans Lettres à Olga [1933-1996], alors qu’il a été condamné à 4 ans et demi de prison où il est incarcéré depuis 2 ans, auteur de :
« J’ai encore une bonne nouvelle : je viens d’apprendre que les poursuites pour subversion engagées contre moi en 1970 ont été suspendues. » 225

Justice. Lettres de cachet :

Justice (Lettres de cachet) (1) : Symbole de l’arbitraire royal, mais pouvait aussi être demandée par un chef de famille (mais non pas exclusivement) concernant les autres membres de ladite famille, et notamment concernant leurs épouses. Efficaces cumuls de pouvoirs qui allient l’ordre des familles et l’ordre de l’État.

Par ordre chronologique. Justice. Lettres de cachet :

Justice (Lettres de cachet) (1) :
- 1857. Dans les Mémoires de Madame de Genlis [1746-1830], je lis :
« Une aventure d’éclat obligea Monsieur de Vaubecourt à demander une lettre de cachet (concernant son épouse), qu’il obtint, et il la mena dans un couvent où elle passa le reste de ses jours. » 226
- 1804. Dans Les souvenirs de Félicité L***, Madame Félicité de Genlis [1746-1830], dans un texte antérieur à ses Souvenirs [1811], écrit :
« (À cette même époque) M. de ***** découvrit les dérèglements inconcevables de sa femme, et avec un tel éclat que tout Paris en fut instruit. M. de ***** dit publiquement qu’il va demander une lettre de cachet pour faire enfermer dans un couvent cette malheureuse jeune personne, âgée de vingt-deux ans ; il écrit en conséquence au ministre. Le lendemain, il part pour Versailles. Tout le monde savait ce qu’il venait y solliciter.
(Malgré une erreur de personne), lors d’une audience publique, le lendemain, le ministre dit :
« Monsieur, votre affaire est faite. » 227 (Cf. Justice. Patriarcale, Histoire)

Justice (Lettres de cachet) (2) : 1777. Lu, concernant Françoise de Castellane-Norante [1695-1769], la mère de Mirabeau [1749-1791], elle et lui victimes d’un homme qui pourrait être un prototype signifiant du tyran patriarcal :
« Un jugement du 12 mai 1777 a refusé à la marquise de Mirabeau le partage des biens qu’elle réclamait et une lettre de cachet l’a faite enfermer au couvent des dames-Saint-Michel à Paris. »
Analyse du mari :
« Après l’éclat qu’elle a fait, elle ne peut vivre avec moi ; mais il est prouvé qu’elle a tort puisque l’arrêt l’a condamnée : donc une lettre de cachet n’est pas une injustice. »
Le cachet de la justice pour invalider l’injustice : argument encore si fréquent… 228
- Ce sont aussi de ces jugements que le quotidien de la justice est encore - faute d’être interrogés, réfléchis, critiqués - la marque. (Cf. Hommes. Tyrans, Patriarcat. Pères. Mirabeau)

Justice (Lettres de cachet) (3) : 1782. Mirabeau [1749-1791] qui a donc été l’objet de lettres de cachet de son père - 54 ! - et à ce titre, emprisonné, publia : Des Lettres de cachet et des prisons d’État. Des Lettres de cachet considérées relativement, au droit naturel, à la société et aux particuliers. (Cf. Droit « Naturel », Politique. État. Répression. Prison)
* Ajout. 26 octobre 2022. Mirabeau fut incarcéré sur l’Ile de Ré, au château d’If, au donjon de Vincennes et au château de Joux en Franche Comté.

Justice (Lettres de cachet) (4) : 1790. Lu dans le livre d’Edmund Burke [1729-1797], Réflexions sur la révolution de France :
«’Ordres du roi’, les lettres de cachet permettaient d’incarcérer sans juger. Elles s’étaient multipliées depuis le règne de Louis XIV [1638-1715], mais pour la plupart, elles étaient prises à l’initiative des familles soucieuses de se débarrasser de l’un des leurs, fou, libertin ou dilapidateur. Constamment dénoncées par les parlements au cours du règne de Louis XVI [1754-1793], comme l’expression de l’arbitraire monarchique, le régime ne fut réformé qu’en 1784 : on s’acheminait vers leur suppression lorsque la révolution éclata. » 229 (Cf. Êtres humains, Folie, Hommes. « Libertins », Famille, Économie. Argent, Histoire)

Justice (Lettres de cachet) (5) : 1869. La baronne d’Oberkirch [1754-1803] dans ses Mémoires, écrit :
« Ce pauvre homme [Monsieur de Saint-Priest] est fort malheureux. Sa femme a eu une aventure telle que le roi, à la demande de sa famille, l’a fait arrêter pour la conduire au couvent de Saint Michel. » 230

Justice (Lettres de cachet) (6) : 1966. Albert Ollivier [1915-1964], dans son Saint-Just [1767-1794], auteur de :
« […] Et l’on sait par exemple que, sous Louis XV [1710-1774] déjà, des lettres de cachet étaient parfois vendues avec les noms en blanc. Comme le raconte Arthur Young [1741-1820] - dans ses Voyages en France [1792] - l’acheteur devenait ‘ainsi capable pour assouvir une vengeance privée d’arracher un homme du sein de sa famille et de l’enterrer dans un donjon où il serait oublié et mourrait inconnu.’ Et Young raconte l’histoire d’un certain Gordon qui, après trente ans de Bastille, fut libéré parce que l’ambassadeur d’Angleterre vit son nom sur une liste de prisonniers chez le ministre des Affaires étrangères. » 231

Justice (Lettres de cachet) (7) : 2022. Lu, concernant les lettres de cachet :
- « Le souverain soutient ainsi l’autorité du père ou du chef de famille, considéré comme son représentant au sein du foyer. »
- « Soucieuse de faire respecter l’autorité des chefs de famille, l’administration royale accorde facilement foi [pour reprendre les termes des chefs de famille] aux portraits de fils irrécupérables ou dénaturés, d’épouse infidèles ou dépensières ou encore de frères déments. » En réalité il s'agissait souvent de s’emparer des biens d’un-e héritier-ère, et/ou de l’exclure du partage, et aussi et/ou pour ce faire, d’empêcher une ‘mésalliance’.
« Sept à huit mille correctionnaires [victimes de lettres de cachet] sont encore enfermé[e]s dans les maisons de force lorsqu’éclate la révolution. Tous [et toutes] ne sont pas libéré[e]s avec l’abolition des lettres de cachet en mars 1792. Jugeant dangereuse la masse de ces ‘mauvais sujets’ [selon les jugements des chefs de famille], le Comité des lettres de cachet préfère remettre aux mains de la justice ou laisser en prison une grande partie d’entre eux. » 232 (Cf. Famille, Patriarcat. Pères)

Justice. Loi du talion :

Justice (Loi du talion) (1) : 1691. Racine [1639-1699], dans Athalie, auteur de :
« Rendre meurtre pour meurtre, outrage pour outrage » [acte II. scène V]

Justice (Loi du talion) (2) : 1862. Dialogue entre Louis Canler [1797- 1865], « chef de la sureté » et Pierre-François Lacenaire [1803-1836] :
« - Mais savez-vous, Lacenaire, qu’il est heureux pour l’humanité qu’il se trouve dans la société peu d’hommes comme vous ?
- Vous voulez dire, me répond-il, que cette société à laquelle j’avais déclaré la guerre, et que j’ai si longtemps poursuivie d’une haine implacable, sera fort heureuse de voir rouler ma tête ? Je le sais ! Elle m’a vaincue, il est bien juste que je subisse la loi du talion. » 233 (Cf. Dialogues)

Justice (Lévy Yildune) : (12 mars) 2018. Yildune Lévy, inculpée dudit Groupe de Tarnac, dénonçant l’enquête, la justice, la procédure, à la veille du procès, auteure notamment de :
« […] Une procédure judiciaire qui n’en finit pas, comment vous dire, cela pollue et cela colonise l’existence. […] Dix années d’une telle procédure, je pense que cela ne laisserait personne indemne, la justice c’est quelque chose qui suspend votre existence et confisque toute capacité à vous projeter dans le temps, sur quelque plan que ce soit. […] » 234

Justice (Lycéennes Mexicaines) : (10 mars) 2020. Sur TV5 Monde, je découvre, dans un reportage, une courte mais claire séquence au cours de laquelle des lycéennes mexicaines affichent, le plus simplement du monde, sur les grilles extérieures de leur lycée le nom des garçons qui les harcèlent, les agressent, les violentent. Je ressens immédiatement qu’elles ont raison, que c’est bien cela qu’il faut faire et que, dès lors, le droit et la justice quelque peu s’effondrent. (Cf. Droit, Justice, Violences)

Justice (Macron Emmanuel) : (25 novembre) 2017. Voici un passage du Discours du Président de la république à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et du lancement de la grande cause du quinquennat.
:
« Et c'est pourquoi il est indispensable que la honte change de camp, que la République fasse ce qu'elle doit pour laver la sienne, que les criminels du quotidien qui harcèlent, injurient, touchent, agressent, ne soient plus jamais excusés mais repérés, vilipendés, traduits en justice, condamnés avec toute la fermeté requise, sans aucune complaisance, sans aucune excuse, en matière de progrès à faire. » J’y lis une pétition de principe qui ne comporte aucune critique du passé ni de l’actuel, et qui, pour le futur, n’engage à rien. :
« Et quand bien même on commence à instruire une procédure, trop souvent et de manière inexcusable les policiers abandonnent, considérant que c’est quelque chose de mineur ou qui n’avait pas d’importance. Et quand bien même cela aboutit, ce sont les magistrats qui, souvent dans ces juridictions les plus surchargées, considèrent que ce qui est moins grave n’est pas prioritaire ; et les délais sont les plus longs quand le délit ou le crime est caractérisé, avec trop souvent simplement là aussi un classement sans suite, un rappel à la loi. » Idem. 235
- Concernant notamment les féministes, se focaliser sur l’absence de financement de l’État - une gifle donnée par Emmanuel Macron à toutes les femmes - c’est aussi cautionner la perpétuation du fonctionnement de la justice Une seconde gifle.
- Quant à focaliser les critiques sur les policiers et certains magistrats, outre l’injure qui leur est faite, c’est un transfert de responsabilité dont la fonction est de maintenir la justice en l’état, lamentable qui lui est dévolue.
- La seule vraiment satisfaite ne serait-elle pas madame Belloubet, la ministre de la justice qui a ainsi échappé, grâce à son patron, à un tsunami judiciaire ? (Cf. Femmes. « Politiques ». Schiappa Marlène, Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel, Justice. « Balance ton porc ». Classements sans suite)
* Ajout. 25 janvier 2018. Au 4ème trimestre 2017, les plaintes pour agressions sexuelles ont augmenté de 31,5 % par rapport au même trimestre de l’année 2016. 236
* Ajout. 2 février 2018. Le 31 janvier 2018, l’AVFT « submergée par un flot ininterrompu de saisines de femmes victimes de violences sexuelles au travail […] a pris une décision aussi difficile qu’inévitable : celle de fermer l’accueil téléphonique de l’association jusqu’à nouvel ordre. » L’AVFT rappelle qu’elle « ne bénéficie d’aucun soutien financier des ministères de la justice et du travail, en complément de la subvention qui lui est allouée au titre du ‘programme 13’ » dévolu à l’égalité femmes-hommes, qui demeure le plus petit budget de l’État. Et que le président de la République a annoncé le 25 novembre 2017 que la lutte contre le harcèlement sexuel au travail était inscrite au titre des priorités de l’inspection du travail, mais sans moyen supplémentaire. Pire, après des années de baisses d’effectifs. »
La fin de sa déclaration :
« Vous l’aurez compris, cette ‘pause’ imposée ne sera pas de tout repos, et elle n’est pas un soulagement, car nous savons exactement à qui elle profite. Vous l’aurez compris également, elle est symptomatique du fossé abyssal qui sépare les besoins des victimes de la réponse de l’État, supposé garant de la sécurité des individus, femmes y compris, de la réparation de leurs préjudices et de la sanction du trouble à l’ordre public. » 237
* Ajout. 2 février 2018. La circulaire de la garde des sceaux, ministre de la justice du 25 novembre 2017 relative au traitement des plaintes déposées pour des infractions sexuelles ne fut publiée au BOMJ [Bulletin officiel du Ministère de la Justice] que le 29 décembre 2017. On y lit notamment :
« En cas de classement sans suite, une information personnalisée pourra utilement leur être délivrée tant sur les motifs du classement que sur les voies de droit envisageables et les possibilités de bénéficier de l’accompagnement d’une association d’aide aux victimes, soit par courrier personnalisé, soit par un délégué du procureur ou par le magistrat lui-même. »
- Les associations de luttes contre les violences faites aux femmes sont ainsi transformées en voitures-balais pour les déboutées de la justice. C’est le seul rôle que le gouvernement leur accorde. (Cf. Femmes. « Politiques ». Schiappa Marlène)

Justice (« Mais comment faire autrement ? ») : (24 novembre) 2021. Sur BFM-TV, à l’occasion de la déclaration de Nicolas Hulot, accusé de violences sexuelles, et accusant ses accusatrices d’être des « menteuses », le journaliste après avoir évoqué le fait qu’auparavant les femmes ne pouvaient obtenir justice - terme non employé par lui - et que les médias avaient alors retransmis leur parole, il termina son analyse par un signifiant :
« Mais comment faire autrement ? »
L’hypothèse d’une r-évolution au sein de la justice était donc exclue. (Cf. Politique. État)

Justice (Malatesta Errico) : 1899. Un « patriote italien bercé d’illusions » selon Emma Goldman [1861-1940] dans Vivre ma vie, tire sur Errico Malatesta [1853-1932], alors responsable de la publication anarchiste La questione sociale. Celle-ci écrit :
« Errico, en vrai anarchiste, avait refusé de poursuivre son agresseur en justice. » 238 (Cf. Justice. Diffamation. Plainte en diffamation, Penser. Malatesta Errico, Politique. Anarchisme)

Justice (Mali. 2017) : (22 août) 2017. Jean François Bayart, concernant « la crise de sécurité dans un pays comme le Mali », auteur de :
« La justice de l’État [Malien], elle est rendue en Français, une langue qui est à peu près incompréhensible pour l’immensité des Maliens, d’autant plus qu’il s’agit d’un Français juridique ; elle est rendue de manière extrêmement lente et marchandisée, c’est-à-dire que les juges prononcent leur jugement en faveur du plus offrant.
La justice des djihadistes, telle qu’ils l’ont appliquée lorsqu’ils contrôlaient le Nord du Mali, elle est compréhensible parce qu’elle renvoie à un droit musulman ou à un droit coutumier qui est beaucoup plus facilement compris par les habitants, elle est extrêmement brutale, mais elle est rapide et elle est gratuite. Et, entre les deux, naturellement, les paysans préfèrent la seconde. […]
Cette question de la justice est extrêmement importante, et l’on voit dans le Nord du Mali ou dans le Nord du Nigéria, que les mouvements djihadistes sont mieux offrants que l’État dit de droit de facture occidentale. […]
Ne pas le voir, c’est s’interdire de comprendre la situation. » 239
- Sans connaitre de près ou de loin, la situation au Mali, la justesse de cette analyse m’est apparue fort probable, fort juste, fort compréhensible. Et, si telle est la situation, les conséquences militaires, politiques (au premier chef, la guerre faite par l’armée française en Afrique de l’Ouest) en sont évidentes.
Mais les conséquences, en termes de critiques féministes, ne le sont pas moins. En effet, n’est-ce pas au nom du nécessaire soutien au droit international - tel que mis en œuvre par les États, telle qu’est la justice de l’État Malien - que tant de juristes féministes dans le monde se sont attachées à le mettre en œuvre au plan national de chaque État, depuis des dizaines d’années ?
Dès lors, c’est dans le cadre de cette analyse - non évoquée par Jean-François Bayard - de deux droits patriarcaux, que l’on doit repenser le droit. (Cf. Droit International. CEDAW. Droits des femmes)

Justice. Alessandro Manzoni :

Justice (Manzoni Alessandro) (1) : 1827. Alessandro Manzoni [1785-1873], dans Les fiancés, auteur de :
« Quelque saint nous aidera, répondit-elle, soyez prudent et résignez-vous’. Sa mère ajouta quelques conseils du même genre, et le fiancé s’en retourna, le cœur en tumulte, en répétant toujours cette étrange maxime : ‘Il y a bien une justice en ce bas monde, à la fin !’. Tant il est vrai qu’un homme accablé par la douleur ne sait plus que dire. » 240

Justice (Manzoni Alessandro) (2) : 1827. Alessandro Manzoni [1785-1873], dans Les fiancés, auteur de :
« […] Hélas, c’est ainsi qu’on est bien souvent payé par les hommes. Tu as cependant pu voir, en cette occasion, que parfois, la justice, si elle n’arrive pas d’abord, arrive tôt ou tard, même en ce monde. » 241

Justice (Manzoni Alessandro) (3) : 1827. Alessandro Manzoni [1785-1873], dans Les fiancés, auteur de :
« […] ‘Aïe, Aïe, Aïe !’ hurle le torturé. À ses cris, les gens s’attroupent autour d’eux ; il en accourt des deux côtés de la rue : l’escorte est bloquée. ‘C’est un malfaiteur’ murmurait le notaire à ceux qui le touchaient, ‘c’est un voleur pris sur le fait. Retirez-vous, laissez passer la justice. ‘ Mais Renzo vit que c’était le bon moment, que ses gardes devenaient blêmes, ou du moins pâlissaient. ‘Si je ne m’aide pas maintenant, pensa-t-il, tant pis pour moi’ Et aussitôt, il donna de la voix : ‘Les amis ! ils m’emmènent en prison, parce qu’hier j’ai crié : ‘Pain et Justice’. Je n’ai rien fait ; je suis un galant homme ; aidez-moi, ne m’abandonnez pas, les amis !’
Un murmure favorable, des paroles plus claires de protection s’élevèrent pour réponse. Les sbires ordonnèrent d’abord, puis demandent, enfin, prient que ceux qui les pressent se retirent et laissent place. Mais la foule les presse et les serre de plus en plus. La partie est perdue pour eux ; ils lâchent les manchettes, et n’ont plus d’autre soin que de se perdre dans la foule, pour en sortir inaperçus. Le notaire brûlait d’en faire autant, mais […]. » 242 (Cf. Droit, Politique. Prison, Économie, « Pauvres Les »)
N.B. « Manchette » : « Menottes de torture médiévales ».

Justice (Marat Jean-Paul) : 1771. Jean-Paul Marat [1743-1793], dans Les aventures du jeune compte Potowski, auteur de :
« […] Il ne faut pas juger les princes comme les particuliers, vu l’influence de leurs moindres actions sur la félicité publique. » 243
* Ajout. 18 janvier 2021. Du même - les deux analyses relevant de la même cohérence politique - dans son discours justifiant la nécessité de la condamnation à mort de Louis XVI [1754-1793] :
« Nul ne peut régner innocemment. […] » (Poursuivre)

Justice (Matelas) : 2018. Ministère de la justice. Mesure mensuelle de l’incarcération au 1er janvier 2018 : 79.785 personnes écrouées
68.974 personnes détenues
10.811 non détenues
19.815 prévenues
49.318 condamnées
Occupation des places :
Nombre de places opérationnelles : 59.765
Densité carcérale globale : 115, 4
Densité carcérale en maison d’arrêt (hors places mineurs) : 136, 5
Nombre de détenus dans une structure inoccupée :
à + de 120 % : 40.579
à + de 150 % : 18.901
* Nombre de matelas au sol : 1528
En 2014 : 995 ; en 2015 : 1006 ; en 2016 : 1.200 ; en 2017 : 1638 ; en 2018 : 1528. (Cf. Politique. Prison)
- Les juges, lors des condamnations devront-il/elles décider quels seront les condamnés qui seront en sus condamnés au « matelas au sol » ? 244
* Ajout. 31 mai 2023. Le 1er avril 2023 : « 73.080 détenus, 69.999 places (sic) en prison ».

Justice (Mauriac Claude) : 1981. Claude Mauriac [1914-1996], en préface au livre de Roger Knobelspiess [1947-2017], L’acharnement, ou la volonté d’erreur judicaire, concernant la « très probable innocence…quasi-certitude » de cet homme « déclaré coupable par une Cour d’Assises », auteur de :
« Je pondère de mes doutes apparents [concernant sa culpabilité] ma certitude pour obéir à la règle du jeu que nous n’avons pas le droit de contester puisqu’il [le jeu] est la loi de ce pays. » Et il poursuit pourtant :
« Drôle de jeu qui devient parfois un jeu de massacre. » 245
Trop d’innocent-es ont été condamné-es ; trop de coupables ne l’ont jamais été ; trop d’injustices ont été le seul fait de la Justice : l’assignation ici évoquée d’obéissance incontestable à la loi, est injustifiable. Elle paraît aujourd’hui d’un autre temps ; elle peut donc être considérée comme révolue… (Cf. Justice. Juger la justice, Politique. Loi)

Justice (Mémoire) : 1791. 1876. Hippolyte Taine [1828-1893], dans Les origines de la France contemporaine, concernant les nombreuses modalités d’expression des soulèvements populaires après 1789, écrit :
« […] On répare les torts : ‘on juge à nouveau des procès jugés depuis trente ans, et l’on rend des sentences qu’on exécute. » Et il donne pour exemple : « l‘Abbaye d’Espagnac, près de Figeac [qui] est attaquée à coups de fusil ; on force l’abbesse à restituer toutes les rentes qu’elle a perçues et à rembourser quatre mille livres pour les frais d’un procès que le couvent a gagné il y a vingt ans. » 246 (Cf. Histoire. Révolution française)

Justice (Mill Stuart John) : 1861. John Stuart Mill [1806-1873], dans L’utilitarisme, auteur de :
« […] Aussi longtemps que l’on discutera sur la question (du droit de punir) en la considérant simplement comme une question de justice, sans aller jusqu’aux principes sur lesquels repose la justice et qui sont la source de son autorité, je suis incapable de voir comment on pourrait réfuter aucun de ces raisonnements. »[préalablement présentés dans le chapitre : « Du lien qui unit la justice et l’utilité »]. 247
Aller aux fondements… (Cf. Hommes. Féminisme. Stuart Mill John, Penser. Utilitarisme, Politique. Utilitarisme)

Justice (Ministère de la guerre) : (28 août) 1898. Jean Jaurès [1859-31juillet 1914], concernant l’Affaire Dreyfus, dans La Petite République, auteur de :
« Le faux que nous avons dénoncé aujourd’hui n’est pas le seul. C’est tout un système de fabrication frauduleuse qui a fonctionné. Pendant deux ans, le ministère de la Guerre a eu comme annexe un atelier de faussaires, travaillant à innocenter un traître. » 248 (Cf. Justice. Preuve. Procès. Dreyfus Alfred, Politique. État)

Justice (Ministre de la justice) : (3 décembre) 1941. Jean Zay [1904. assassiné le 20 juin 1944], dans une lettre écrite à sa sœur Jacqueline [1905-1961], lui rapporte une visite inopinée de Joseph Barthélémy [1874-1945], ministre de la justice de Philippe Pétain [1856-1951] dans sa cellule :
« […] Il contemple tout, avidement, surtout les petites [ses deux petites filles] qui jouaient dans le parc et répète, avec une physionomie consternée, qui m’a bizarrement apitoyé moi-même : ‘C’est affreux’. Il jette un coup d’œil sur ma cour et dit encore : ‘Je fais un métier épouvantable.’ » 249

Justice (Modi Narendra) : (10 mai) 2023. Je lis dans Le Canard enchaîné :
« […] Voilà Modi - premier ministre de l‘Inde - débarrassé de son principal - et très tenace - opposant [Rahul Gandhi, condamné à deux ans de prison, 6 ans d’inéligibilité et perte de son mandat de parlementaire]. Pas compliqué : il suffit d’une justice aux ordres (le magistrat qui a prononcé la condamnation est l’ancien avocat du ministre de l’intérieur), d’une presse bâillonnée, de milieux d’affaires à la solde du régime, et on finit par avoir la paix, c’est bête comme chou. » 250
Plus utile, à la réflexion, pour la formation des magistrats-es, que des commentaires sur Montesquieu.

Justice. Monde Le :

Justice (Monde Le) (1) : (7 novembre) 2019. L’article du Monde intitulé : #MeToo : Le difficile traitement des plaintes pour violences sexuelles. Sous-titre :
« Pour les femmes qui saisissent la justice, le parcours est aussi long qu’incertain ». Un article inconsistant, plus grave : pleutre. 251

Justice (Monde Le) (2) : (2 mars) 2021. Je lis dans l’éditorial du Monde à la suite de la condamnation de Nicolas Sarkozy à trois ans de prison, dont un an de prison ferme, que « son nom et sa réputation sont entachés. » Donc, s’il n’avait pas été condamné, son honneur aurait été sauf. La morale institutionnelle du Monde
Je lis aussi que, du fait de ses attaques contre les juges, « il récolte la monnaie de sa pièce. »
La conception de la justice du Monde. À quand la loi du talion ? 252

Par ordre chronologique. Justice. Montesquieu :

Justice (Montesquieu) (1) : 1721. Montesquieu [1689-1755], dans les Lettres persanes, auteur de :
« Les hommes peuvent faire des injustices, parce qu’ils ont intérêt à les commettre, et qu’ils préfèrent leur propre satisfaction à celle des autres. […]
Nous sommes entourés d’hommes plus forts que nous ; ils peuvent nous nuire de mille manières différentes ; les trois quarts du temps, ils peuvent le faire impunément. »
- Une forte analyse, toujours valable près de trois siècles après.
- Une critique du premier texte ici cité, certes postérieur, dans De l’esprit des lois ? 253 (Cf. Droit. Patriarcat, Politique. État, Violences)

Justice (Montesquieu) (2) : 1734. Montesquieu [1689-1755], dans les Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence, auteur de :
« […] Et comme il n’est jamais arrivé qu’un tyran ait manqué d’instrument de la tyrannie, Tibère [42 avant J.C- 37 après J.C] trouva toujours des juges prêts à condamner autant de gens qu’il en put soupçonner. Du temps de la République, le Sénat qui ne jugeait point en corps, les affaires des particuliers, connaissait, par une délégation du Peuple, des crimes qu’on imputait aux alliés. Tibère lui renvoya de même le jugement de tout ce qu’il appelait crime de lèse-majesté contre lui. Ce corps tomba dans un état de bassesse qui ne peut s’exprimer ; les sénateurs allaient au-devant de la servitude ; sous la faveur de Séjan [20 avant J.C- 31 après J.C], les plus illustres d’entre eux faisaient le métier de délateurs. […]
Il ne parait pourtant point que Tibère voulût avilir le sénat ; il ne se plaignait rien de tant que
du penchant qui entrainait ce corps à la servitude ; toute sa vie est plein de ces dégoûts là-dessus. » 254 (Cf. Justice. Juges, Politique. État)

Justice (Montesquieu) (3) : 1748. Montesquieu [1689-1755], dans De l’esprit des lois, auteur de :
« Si vous examinez les formalités de la justice par rapport à la peine qu’a un citoyen à se faire rendre son bien, ou à obtenir satisfaction de quelque outrage, vous en trouverez sans doute trop. Si vous les regardez dans le rapport qu’elles ont avec la liberté et la sûreté des citoyens, vous en trouverez sans doute trop peu : et vous verrez que les peines, les dépenses, les longueurs, les dangers mêmes de la justice, sont le prix que chaque citoyen donne pour sa liberté. » (Poursuivre) 255 (Cf. Justice. Peine)

Justice (Montesquieu) (4) : 1748. Montesquieu [1689-1755], dans De l’esprit des lois, auteur de :
« Dans les républiques, les femmes sont libres par les lois et captivées par les mœurs. » […] 256 Cela a dû leur échapper… (Cf. Droit, Patriarcat, Politique)

Justice (More Thomas) : 1516. Thomas More [1478-1535], dans L’Utopie, auteur de :
« […] Les riches diminuent, chaque jour, de quelque chose le salaire des pauvres, non seulement par des menées frauduleuses, mais encore en publiant des lois à cet effet. Récompenser si mal ceux qui méritent le mieux de la république semble d'abord une injustice évidente ; mais les riches ont fait une justice de cette monstruosité en la sanctionnant par des lois. » 257 Toujours juste. Toujours actuel. (Cf. Patriarcat, Politique. Lois, Économie. « Pauvres Les »)

Justice. Motivation des ‘arrêts’ :

Justice (Motivation des ‘arrêts’) (1) : (5 juillet) 1762. Voltaire [1694-1778], dans une lettre au comte [1700-1788] et à la comtesse d’Argental [1703-1774], auteur de :
« (Concernant « l’affaire Calas ») Il importe à tout le monde qu’on motive de tels arrêts. Le parlement de Toulouse dont sentir qu’on le regardera comme coupable tant qu’il ne daignera pas monter que les Calas ont tort. Il peut s’assurer qu’il sera l’exécration d’une grande partie de l’Europe. » Et Voltaire, avec ténacité, s’y emploiera efficacement. 258

Justice (Motivation des ‘arrêts’) (2) : (30 mai) 1766. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Étienne-Noël Damilaville [1723-1768], auteur de :
« Les arrêts ne sont jamais motivés en France, aussi le public n’est jamais instruit. »
- Et le 13 juin 1766, dans une lettre à D’Alembert [1717-1783], de :
« La France est le seul pays où les arrêts ne soient point motivés. Les Parlements crient contre le despotisme ; mais ceux qui font mourir des citoyens, sans dire précisément pourquoi, sont assurément les plus despotiques des hommes. » 259
N.B. Aujourd’hui, au pénal, les motivations des décisions de justice sont connues depuis 1790 (Voltaire y a sûrement contribué), mais ce qui est regrettable, c’est, à l’instar des décisions de la justice Canadienne, de ne pas connaître les avis divergents. [Idée transmise par Catherine Le Magueresse]

Justice. Moyens :

Justice (Moyens) (1) : (6 janvier) 2015. Le bâtonnier de Paris, Frédéric Sicard, a déclaré :
« En matière de justice, nous avons un budget moldave. […]
On n'a pas vraiment besoin de l'état d'urgence, ce dont on a besoin en urgence c'est de moyensa-t-il estimé. Les parquets notamment sont débordés. On n'a pas assez de moyens tant en matière de police qu'en matière de justice. Ce n'est pas une plaisanterie. Nous consacrons en matière de justice 10 centimes par Français et par jour. On a le même budget que la Moldavie qui n'est pas tout à fait la même puissance financière et économique que la France. » 260
- Et pourtant, en 2017, tout continue de même, en étant optimiste…

Justice (Moyens) (2) : (4 octobre) 2017. Dans Le Canard enchaîné, je lis :
« Juste avant de quitter la Chancellerie, Jean-Jacques Urvoas a laissé aux futurs Gardes des Sceaux une sorte de testament, dans lequel il s’alarme d’une justice ‘en voie de clochardisation’. » 261

Justice (Muller Sandra) : (25 septembre) 2019. Après Balance ton porc, après Me too, que croyez-vous qu’il advint ? Ce fut Sandra Muller qui fut, par l’homme qui l’avait harcelée, condamnée (en diffamation). Les hommes peuvent crier de concert : ‘Vive la justice !‘ (Cf. Justice. Diffamation. Plainte en. Patriarcale)
* Ajout. 31 mars 2021. La cour d’appel a reconnu les « propos diffamatoires », mais « la bonne foi » a été reconnue. Sandra Muller n’est pas condamnée pour diffamation.
Éric Brion est débouté de l’ensemble de ses demandes. Analyse de son - brillant - avocat :
« Les conséquences de tout ça, c'est qu'on a de plus en plus de morale qui entre dans le droit, et ce n'est pas logique. » (Cf. Justice. Avocat)

Justice (Napoléon) : [Après avoir entendu : « l’État, c’est aussi nous »], penser à Napoléon [1769-1821], auteur - maxime 13 de Maximes et Pensées de Napoléon / Balzac - de :
« Les crimes collectifs n’engagent personne. » 262 (Cf. Politique. État)
- Bouleverse toutes les analyses sur la responsabilité, notamment celle de l’État.

Justice (Nazie) : 1951. Léon Poliakov [1910-1997], dans le Bréviaire de la haine, auteur de : « L’interminable liste des mesures légales édictées contre les juifs culmine en quelques textes statuant très juridiquement que le Juif n’est plus sujet du droit civil ou pénal ; il ne peut porter plainte, les tribunaux sont incompétents pour connaître son cas, il est mis hors les loi, et les délits ou crimes commis par lui sont uniquement du ressort de la police et des SS (Ordonnance du 4 décembre 1941 et du 9 novembre 1942) » 263

Justice. Benjamin Netanyahu :

Justice (Netanyahu Benjamin) (1) : (24 mai) 2020. Benyamin Netanyahu, premier ministre Israélien, inculpé, arrivé au tribunal en compagnie des 15 membres de son parti le Likoud, a dénoncé des dossiers « délirants et fabriqués ». Le but du système judiciaire, dit-il, est de « faire tomber un premier ministre de droite fort et d’éloigner la droite du pouvoir pendant plusieurs années ». 264 (Cf. Politique. État. Israël)

Justice (Netanyahu Benjamin) (2) : (mars) 2021. Par quels innombrables processus politiques, Benjamin Netanyahu est-il poursuivi par la justice Israélienne pour corruption (personnelle, incluant aussi son épouse) et non pas pour les innombrables crimes commis notamment à l’encontre des Palestiniens ? La plus terrible critique de « la démocratie » ? (Cf. Justice. Internationale, Politique. Démocratie État. Israël)
N.B. La critique - universelle - inclut évidement la France, y compris actuelle, sous couvert absurde de lutte contre ledit « terrorisme » au Niger.
* Ajout. 28 avril 2021. Bien faible critique politique de l’État Israélien, aujourd’hui incarnée par Benjamin Netanyahu … (Cf. Politique. État. Israël)

Justice (Netanyahu Benjamin) (3) : (29 décembre) 2022. Notamment, mais non pas exclusivement, pour ne pas être personnellement confronté à la justice, être jugé, à rendre compte de tout ce qui pourrait l’inculper, Benjamin Netanyahou, redevenu pour la troisième fois, premier ministre d’Israël, impose au pays un gouvernement d’extrême droite, nationaliste, religieux, théocratique, raciste, opposés aux Palestinien-nes, aux musulmans, aux Arabes (mais pas à certains États Arabes), aux laïcs-ques, aux femmes, aux minorités, aux homosexuel-les… et à l’indépendance de la justice… (Cf. Politique. État. Israël)

Justice (Nietzsche Friedrich) : 1881. Friedrich Nietzsche [1844-1900], dans Aurore, dénonce « notre horrible code pénal, avec sa balance d’épicier et sa volonté de compenser la faute par la peine. » 265 (Cf. Droit. Pénal)

Justice (« Nique la Justice ») : (1er juillet) 2016. Lu :
« Nique la justice » gravé au couteau sur le dos d’un des bancs réservés au public. Pôle 2, Chambre 7.

Justice. Non-lieu :

Justice (Non-lieu) (1) : Plus le risque pour l’État est grand, plus la probabilité de non-lieu est grande. Le dernier exemple en date : le scandale du Chlordécone aux Antilles.

Par ordre chronologique. Justice. Non-lieu :

Justice (Non-lieu) (1) : (10 juin) 1844. Flora Tristan [1803-1844], dans Le tour de France. Journal. 1843-1844, écrit :
« En sortant de la boutique, je suis allée au Palais [de Justice]. J’ai vu qu’on avait rendu sur mon affaire un arrêt de non-lieu. - Parfait ! me voilà redevenue, non coupable. - Sont-ils étonnant ces gens du Parquet, pendant un mois ils vous proclament coupable puis après ils vous déclarent non coupable. C’est comique. » 266

Justice (Non-lieu) (2) : 2006. Michèle Bernard-Requin [1943-2019], magistrate, après avoir évoqué les difficultés de déposer plainte pour une victime de viol, auteure de :
« Que va-t-il rester alors ? Il restera une parole contre une autre parole […]
D’où parfois l’intérêt de ne pas aller jusqu’à l’instance judicaire lorsque rien ne peut être clairement prouvé.
Il est quelque fois prudent d’oser, lorsqu’on est juge d’instruction, envisager un non-lieu, en sachant que, sinon en toute logique, c’est un acquittement qui va intervenir et que cet acquittement fera plus de mal que l’arrêt de la procédure en cours de route.
Normalement, s’il veut prendre en compte la personnalité de la victime, il faudrait que le juge d’instruction puisse disposer de plus de temps, et évidemment avec tact et respect ; une fois sa décision rendue, expliquer cela à la victime et à son avocat, qui forcément ne sont pas prêts à l’entendre. Son ordonnance de non-lieu doit être motivée.
Je maintiens qu’il y a plus de courage à décider en certains cas exceptionnels d’un non-lieu qu’à aller jusqu’au bout, et cela dans l’intérêt de la victime elle-même. »
- Comment mieux justifier l’injustifiable ? Eh oui, ceci fut écrit, certes en 2006, par celle qui fut considérée comme une magistrate de référence concernant les violences à l’encontre des femmes. 267 (Cf. Droit, Justice, Penser. Expliquer, Violences)
N.B. On nomme non-lieu l'abandon d'une action en justice lorsque les éléments rassemblés par l'enquête ne justifient pas une action plus avant.

Justice (Non-lieu) (3) : (1er décembre) 2019. Une mère dont le fils a été assassiné :
« S’il y a un non-lieu, alors je voudrais bien qu’on me ramène mon fils. » 268

Justice (Nous toutes) : (21 novembre) 2022. Dans le mail reçu ce jour de Nous toutes, je lis le « Projet » suivant :
« Parce qu'aujourd'hui, en France, la justice ne fait pas son travail. Parce qu'aujourd'hui des personnes bien réelles paient le prix d'institutions structurellement défaillantes », suivi de : « Pour cela, nous sommes en quête de témoignages brefs de victimes de la justice afin de montrer dans une vidéo marquante ses défaillances systémiques. »
N’y-a-t-il pas eu suffisamment de livres, de rapports, d’articles, de dénonciations, d’analyses précises, rigoureuses, circonstanciées juridiques, politiques, n’y a-t-il pas suffisamment de juristes féministes pour savoir, pour connaitre précisément ce qui doit être exigé, dénoncé, récusé, concernant le fonctionnement de la justice ?
Attendre des « témoignages » - « brefs » qui plus est ! - est a minima une solution de facilité, pire, une tabula rasa. Au profit de qui ?
Faire donc fi de cet immense acquis, c’est, en les niant, nécessairement régresser.

Justice (Obama Barak) : 2011. Barak Obama, auteur de : « Justice est faite » après l’assassinat par l’armée (et / ou les services spéciaux) américains d’Oussama Ben Laden, alors qu’il ne s’agissait que de la légitimation de la loi du talion. (Cf. Justice. Loi du talion)
* Ajout. 6 juin 2018. (3 mai) 2011. Bruno Le Maire, dans Jours de pouvoir, retransmet les paroles de Xavier Musca, alors secrétaire général de la présidence de la République, avec lequel il dîne, après avoir évoqué « la mort de Ben Laden » :
« Moi, je n’ai qu’un regret, je vais te dire : c’est de ne pas avoir réussi à convaincre le Président [Sarkozy] de retirer l’expression ‘justice est faite’ du communiqué de l’Élysée. » Et il poursuit : « […] Je trouve ça inutile ; d’abord ce n’est pas vrai, justice n’a pas été rendue ; et puis, c’est inutile. » 269 « Inutile » est de trop…
* Ajout. 3 août 2022. Jo Biden, président des États-Unis, à l’annonce de l’assassinat par les États-Unis en Afghanistan, de Ayman Al-Zawahiri, chef d’Al-Qaïda auteur de :
« Justice a été rendue et ce dirigeant terroriste n’est plus. » (Cf. Politique. État)

Justice (Orban Viktor) : (30 mars) 2020. Viktor Orban, premier ministre Hongrois, prêt à s’approprier les pleins pouvoirs, quasi illimités, auteur de :
« […] Je n’ai pas le temps de discuter des questions juridiques sans doute passionnantes, mais théoriques […] quand il y a des vies à sauver. » 270 (Cf. Droit, Politique. État)

Justice (« Obéir à l’autorité ») : (novembre) 2017. L’un des quatre actes d’accusation émis par la justice Espagnole, à l’encontre de Carles Puidgemont, ancien président de la Catalogne destitué par le gouvernement espagnol est : « désobéissance à l’autorité », formulation, qui à elle seule pourrait permettre la suppression de tous les codes pénaux dans le monde [les trois autres étant : « rébellion, sédition, détournement de fonds publics »]. Mais, toujours dans L’Obs., il est écrit, sans transition :
« A priori son procès devrait être conforme aux standards démocratiques. […] » 271 (Cf. Penser. Obéir)

Justice (« Oui » ou « Non ») : 1945-1946. Goering [Hermann. 1893-1946], à Nuremberg, aurait refusé de répondre à « oui » ou « non » aux questions qui lui étaient posées, en arguant qu'il avait « juré de dire la vérité » et que celle-ci ne pouvait se réduire à cela. Argument à utiliser. Vrai aussi pour les questionnements en termes de : « Ou/ou ». (Cf. Penser)

Justice. Pardon…regrets…excuses :

Justice (Pardon…regrets…excuses) (1) : Au tribunal, pour le coupable, demander « pardon » - sans attendre que la demande soit acceptée - est souvent le moyen, le plus facile, le plus court, le moins couteux, d’en finir, au moindre mal, en tentant de diminuer le quantum de peine. Souvent en vain : nombreux sont ceux et celles qui ont été lourdement condamné-es après avoir sinon demandé « pardon », du moins après avoir affirmé leurs « regrets » et /ou leurs « excuses ». Ce constat n’exclue pas la bonne foi sincère. (Cf. Justice. Peine)

Justice (Pardon…regrets…excuses) (2) : Une justice qui invoque, requière, apprécie, espère le « pardon », se nie en elle-même. Banal, certes…

Justice (Pardon…regrets…excuses) (3) : Que valent pardon, remords, excuses, une épée de Damoclès sur la tête ?

Par ordre chronologique. Justice. Pardon…regrets…excuses :

Justice (Pardon…regrets…excuses) (1) : 1763. Voltaire [1694-1778] écrit une fable dans son Traité sur la tolérance, le chapitre IX intitulé Relation d’une dispute de controverse à la Chine. Un mandarin constatant l’impossibilité de mettre sinon d’accord, du moins que les « trois chrétiens » tolèrent leurs divergences doctrinales, décide de l’incarcération des deux qui avaient causé un « scandale ». En voici la conclusion :
« Un sous mandarin dit au juge : ‘Combien de temps Votre Excellence veut-elle qu’ils soient aux arrêts ? - Jusqu’à ce qu’ils soient d’accord, dit le juge - Ah ! dit le sous-mandarin, ils seront donc en prison toute leur vie’. Hé ! bien dit le juge, jusqu’à ce qu’ils se pardonnent. - Ils ne se pardonneront jamais, dit l’autre, je les connais. - Hé bien donc, dit le mandarin, jusqu’à ce qu’ils fassent semblant de se pardonner. » 272

Justice (Pardon…regrets…excuses) (2) : (10 décembre) 1761. Le cardinal de Bernis [1715-1794], concernant Cassandre dans le Cinna de Corneille [1606-1684], écrivait à Voltaire [1694-1778] :
« […] Ses remords n’intéressent guère parce qu’ils ne partent que de ses craintes. » 273

Justice (Pardon, regrets…excuses) (3) : (24 février) 2016. Entendu à la radio (exprimé par la mère de sa fille assassinée) : au second jour du procès, la mère avait offert à cet homme son « pardon ». Il ne lui répondit rien. Il n’avait pas compris son crime et ne sentait pas même donc responsable. Mais, la suite, beaucoup plus difficile à entendre : la mère lui avait pardonné « en son nom et au nom de sa fille ». 274 Histoire vraie…

Justice (Pareto Vilfredo) : 1917. Vilfredo Pareto [1848-1923], dans son Traité de sociologie générale, auteur de :
« Celui qui dit : ‘Cette chose est injuste’ exprime que cette chose blesse ses sentiments, tels qu’ils sont dans l’état d’équilibre social où il vit. » 275 (Cf. Penser, Philosophie, Sociologie)

Justice (Parlements d’Ancien Régime) : 1792. Arthur Young [1741-1820], dans ses Voyages en France, [Tome III. p.1039-1041] auteur de :
« La conduite des Parlements était scandaleuse et atroce. Dans presque toutes les causes qui étaient portées devant eux, on sollicitait ouvertement la faveur des juges, et malheur à l’homme qui, ayant un procès à soutenir, ne pouvait se concilier leur faveur, ni par la beauté d’une femme agréable, ni par quelque autre procédé ! » 276 (Cf. Violences. Violences à l’encontre des femmes. « Droit de cuissage »)

Justice. « Parole contre parole » :

Justice (« Parole contre parole ») (1) : « Ce sera ta parole contre la sienne » : cette horrible et si courante formulation - au lieu et place de « vérité » contre « mensonge » - a servi depuis toujours à cautionner la permanence, ainsi légitimée, de toutes les injustices.
Et, en sus, niait même l’idée de justice.

Justice (« Parole contre parole ») (2) : (1er juin) 2022. Sorj Chalandon, dans Le Canard enchainé, faisant état d’un procès de viol incestueux, après avoir rapporté, les - nombreux - éléments démontrant la réalité du viol par le père de son fils peut pourtant écrire, reprenant par ailleurs ‘l’analyse’ du procureur : « Parole contre parole, comme souvent dans les cas de viol ». Et ainsi, Sorj Chalandon contribue à la perpétuation du déni par la justice des violences des hommes à l’encontre des femmes et des enfants : ce qu’il a écrit, sans doute, légèrement, rapidement, au fil de la plume, est un propos absurde, mais, plus grave, un déni de toute justice, un déni de tous et ceux et celles qui tentent, avec tant de souffrances, tant d’immenses difficultés, d’éradiquer ces violences, dont il devrait s’excuser. 277 (Cf. Patriarcat. Permanence, Violences)

Justice. Blaise Pascal :

Justice (Pascal Blaise) (1) : 1670. Blaise Pascal [1623-1662], dans Les pensées, auteur de l’inoubliable :
« Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » 278
Ce qui est jugé «
fort » ne peut être « juste ». En sus, sur ce fondement, faute d’avoir pris en compte les rapports de domination, faute donc que les critères du « fort », et du « juste » ne soient à même d’interroger la justice, ceux-ci se perpétue et se reproduisent dans et par la loi ; le droit et la ‘justice’ les cautionnent et, si souvent, l’aggravent. Les évolutions progressistes de la loi, du droit et de la justice n’en effacent pas leur péché originel, le vice de fond. (Cf. Patriarcat)

Justice (Pascal Blaise) (2) : 1670. Blaise Pascal [1623-1662], dans Les pensées, auteur de :
« La justice est ce qui est établi ; et c’est ainsi que toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour justes sans être examinées, puis qu’elles sont établies. »
Pourrait être repris par la pensée anarchiste. (Cf. Politique. Anarchisme. Lois, Histoire)

Justice (« Passion ») : 1992. Dans la pièce de Jean-Claude Brisville, Le souper [1989] reprise dans le film du même nom d’Antoine Molinaro [1992], Fouché [1759-1820] affirme justement :
« La passion… Une excuse, un argument… Que d’acquittements on lui doit ! » 279 (Culture. Cinéma, Politique)

Justice (Pauliat Louis) : (12 juin) 1893. Hubertine Auclert [1848-1914], dans son Journal, dit qu’elle est allée voir M. Pauliat [1845-1915] au sénat et elle note notamment ceci :
« Dit qu’il faudrait un gouvernement qui pendant un an ne fasse rien [d’] autre que faire traduire en cour d’assises les nombreux maires de l’Algérie et [que] les administrateurs et fonctionnaires ne valent pas mieux. » 280
N.B. En note : « Louis Pauliat, journaliste, sénateur du Cher, élu le 15 mai 1887, nommé rapporteur du budget de l’Algérie en 1890, à l’origine d’une Commission sénatoriale sur l’organisation administrative de l’Algérie présidée par Jules Ferry [1832-1893]. » (Cf. Politique. Colonialisme, Histoire)

Justice. Payante :

Justice (Payante) (1) : Qu’il faille payer [un-e avocat-e] pour [tenter d’] obtenir justice est le comble de l’injustice, ou, plutôt, en révèle le vice de fond. Si l’on croit à la justice…
Faut-il se ruiner pour, dans la meilleure des hypothèses, entendre par d’autres ce que l’on savait très bien par soi-même ? (Cf. Justice. Avocat-e. Gratuite. Voltaire)
* Ajout. 30 janvier 2019. Le tarif horaire de l’avocat Hervé Temime est de 800 euros/heure. 281 (Cf. Justice. Avocat. Temime. Gratuite. Hervé)
* Ajout. 13 février 2019. Le tarif horaire des cabinets d’avocats internationaux [qui ont travaillé à la fusion entre Alstom et Siemens, refusée par la Commission européenne] est « d’environ 1000 euros ». On apprend aussi, qu’à ce tarif, ils ont « fourni [à la Commission] 800.000 pages d’études juridiques. » 282

Justice (Payante) (2) : Que penser de cette réalité, à savoir que l’argent que l’on s’estime, via un procès, en droit d’obtenir, correspond souvent - lorsque l’on obtient, rarement, satisfaction, dans la meilleure des hypothèses donc - à la somme équivalente aux frais de justice et au paiement des honoraires d’avocat-es ? (Cf. Justice. Gratuite)

Justice (Payante) (3) : La justice ne vit que de l’injustice qu’elle est censée combattre : ? (Cf. Justice. Gratuite)

Par ordre chronologique. Justice. Payante :

Justice (Payante) (1) : 1834. Denis Diderot [1713-1784] dans sa pièce Est-il bon, est-il méchant, auteur de :
« […] Demeurez en repos, vous dis-je. Savez-vous ce que c’est que votre affaire ? La même que celle que j’ai avec votre vieille amie Mme Servin qui dure depuis dix ans, qui en durera dix autres ; pour laquelle j’ai fit cinquante voyages à Paris, qui m’y rappellera cinquante fois encore ; qui me coûte en faux frais à peu près deux cents louis, qui m’en coûtera plus de deux cents autres ; et qui, grâce aux puissantes protections de la dame, ou ne sera jamais jugée, ou dont, après la sentence, si j’en obtiens une, je ne tirerai pas le quart de mes déboursés. » 283 (Cf. Justice. Gratuite)

Justice. Valérie Pécresse :

Justice (Pécresse Valérie) (1) : (31 août) 2011. Valérie Pécresse, ministre, porte-parole du gouvernement Fillon (Retrouver le contexte… Mais est-ce vraiment nécessaire ?), auteure de :
« C'est la justice qui dit la vérité dans ce pays. » 284 (Cf. Femmes. « Politiques ». Pécresse Valérie, Justice. État, Penser. Vérité, Politique. État)

Justice (Pécresse Valérie) (2) : (16 février) 2016. Valérie Pécresse, présidente du Conseil général de l’Ile de France, concernant l’éventuelle mise en examen de Nicolas Sarkozy, qu’elle ne soutient plus, auteure de :
« Je ne commente pas l’action de la justice. » 285 (Femmes. « Politiques », Hommes politiques. Sarkozy Nicolas, Politique. Vérité)

Justice. Peine :

Justice (Peine) (1) : Si l’on retire de la peine ce qui relève de l’humiliation : que reste-t-il ?

Justice (Peine) (2) : Il n’y a aucune aune pensable - et donc aucune comparaison possible - entre un délit et / ou un crime et une peine.

Justice. Peine de mort :

Justice (Peine de mort) (1) : L’interdiction du suicide et de l’interdiction de décider seul-e de sa propre mort a pu, peut coexister avec la légalité, la légitimité de la peine de mort décidée par l’État. (Cf. Êtres humains. Justice, État)
* Ajout. 28 novembre 2023. J’entends, lors d’une émission consacrée par France Inter à Joseph Darnand [1897-1945], fusillé le 10 octobre 1945, qu’il y a eu à La Libération 7670 « exécutions légales ». (Politique. État. Lois)

Justice (Peine de mort) (2) : L’abolition de la peine de mort est bien. Mais comprendre, critiquer, dénoncer les systèmes politiques - et ceux qui l’ordonnent et les justifient - relève d’une analyse, d’un engagement, d’une toute autre nature. (Cf. Politique)

Par ordre chronologique. Justice. Peine de mort :

Justice (Peine de mort) (1) : Denis Diderot [1713-1784], dans ses Notes (« recueillies sur les marges de son exemplaire ») sur le traité Des délits et des peines [1764] de Cesare Beccaria [1738-1794] auteur de :
« […] Un dur et cruel esclavage est donc une peine préférable à la peine de mort, uniquement parce que la peine en est plus efficace. » 286 (Cf. Êtres humains, Penser. Utilitarisme, Politique. Esclavage. État)

Justice (Peine de mort) (2) : 1923. Lors de la tournée américaine de Sarah Bernhardt [1844-1923], Albert Wirtz « le chef de la petite bande », « un garçon de 25 ans », avait « préparé un petit déraillement » du train où elle se trouvait pour voler ses bijoux. Il fut jugé et pendu. Sarah Bernhardt écrit :
« J’ai tout fait pour sauver cet homme, car il me semblait que j’étais, sans le vouloir, l’instigatrice de sa mauvaise pensée. Si Abbey et Jarrett [les organisateurs de son voyage] n’avaient pas été assoiffés de réclame [organisation d’une présentation de bijoux affirmés comme étant les siens], si on n’avait pas ajouté plus de 600.000 francs de valeur à mes bijoux à moi, cet homme, ce malheureux enfant n’aurait peut-être pas eu la stupide idée de les voler.
Qui pourra dire les idées qui ont germé dans ce jeune cerveau peut être affamé, peut être ivre d’intelligentes inventions ? […]
Ah, qui dira ce que peut enfanter l’espoir dans un jeune cerveau ? Il commence par le plus beau rêve et finit par le désir fou de le mener à la réalité. Voler le bien d’autrui, ce n’est pas bien, mais cela ne mérite pas la peine de mort ! Oh, non.
Tuer un homme de 25 ans est un crime bien plus grand que de voler des bijoux, même à main armée ; et la société qui se masse pour tenir le glaive de la justice est bien plus lâche quand elle tue, que celui-là qui vole et assassine tout seul à ses risques et périls !
Oh, j’ai pleuré cet homme que je ne connaissais pas ; qui était peut-être un coquin, peut être un héros ! peut-être un simple qui fut un brigand, mais qui avait 25 ans et qui avait droit à la vie.
Je hais la peine de mort ! C’est un reste de lâche barbarie ; et c’est une honte pour les pays civilisés de dresser encore des guillotines et des gibets ! Tout être humain a une seconde d’attendrissement, une larme douloureuse, et cette larme peut féconder une pensée généreuse qui mène au repentir.
Je ne voudrais pour rien au monde être un de ceux qui ont condamné un être à mort. Et pourtant beaucoup d’entre eux sont des braves gens qui, rentrés chez eux, caressent tendrement leur femme et grondent bébé d’avoir cassé la tête à sa poupée. »

Puis elle évoque les « quatre exécutions » auxquelles elle a assisté, celle à Londres d’un homme d’une trentaine d’années, « à la figure mâle et volontaire », à Madrid, d’un homme garrotté, et à Paris, d’un étudiant en médecine de 23 ans, et celle, à 32 ans, d’Auguste Vaillant [1861-1894]. Il faudrait reproduire ces pages remarquables, mais malheureusement, ici le texte serait trop long. Plus tard, lors d’une publication imprimée ? 287 (Cf. (Êtres humains. Cerveaux, Femmes. Artistes. Remarquables. Bernhardt Sarah, Hommes. « Héros »)

Justice (Peine de mort) (3) : 1972. Claude Buffet et Roger Bontemps sont condamnés à mort, en conformité avec la peine requise par l’avocat général. À l’écoute d’un enregistrement à l’annonce du verdict, on entend de nombreux applaudissements, immédiatement suivis de l’ordre donné par le Président de faire expulser de la salle ceux qui exprimaient leur satisfaction du verdict de « la Cour », entrecoupés de furieux, et semble-t-il sincères :
« C’est honteux ! » 288
- On peut noter que la grandiloquente plaidoirie de Robert Badinter, avocat de Roger Bontemps qui, selon lui, n’aurait pas tué et qui donc n’aurait pas mérité la peine de mort, ne peut être perçue que comme une justification de la légitimité de ladite peine de mort pour Claude Buffet, défendu par Thierry Lévy [1945-2017] qui s’est refusé, m’a-t-il semblé, près de 50 ans après, de prononcer son nom.
- Les deux hommes, Buffet et Bontemps, assassinés par la justice, seront guillotinés, le 28 novembre 1972. (Cf. Droit. Homme. Badinter Robert, Justice. Galanterie. Avocat-e, Voltaire, Politique. Principe)

Justice (Peine de mort) (4) : (18 septembre) 1981. Vote de l’abolition de la peine de mort, à l’assemblée nationale : Pour : 369 Contre : 117
Au Sénat, le 30 septembre 1981 : Pour : 160 Contre : 120
La loi est promulguée le 9 octobre 1981.

Justice (Peine de mort) (5) : 2020. Arundhati Roy, dans Mon cœur séditieux auteure de :
« Il est difficile de trouver juste de la part d’un tribunal qu’il punisse de mort un crime, si affreux soit-il. » Qu’en est-il des autres ? 289

Justice (Peine de mort) (6) : (12 mars) 2022. En Arabie Saoudite, 81 condamnés à mort exécutés en une journée. 290
* Ajout. 28 juin 2023. Un an après, le chef d’État de ce pays est reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron. Le Canard enchaîné, après avoir rappelé que le nombre d’exécutions en Arabie saoudite a été multiplié par sept en trois ans cite le passage du communiqué suivant la rencontre entre les deux chefs d’État, à savoir : « l’attachement de la France aux valeurs universelles. » 291 (Cf. Relations entre êtres humains. Attachement)
Pour ce qu’il en restait, assassinées. (Cf. Droit. Droits de l’homme, Hommes. « Politiques ». Macron Emmanuel, Politique. Morale)

Justice (« Pétainistes ») : 1989. Jules Roy [1907-2000], dans Mémoires barbares, alors que, officier, il avait écrit une brochure de louange à Pétain, puis avait lors rejoint la RAF, auteur de :
« Quelqu’un prit-il ma défense ? Je ne fus pas inquiété. […] Gallois [Général. Pierre-Marie. 1911-2010] […] ne parut accorder aucun crédit aux soupçons (sic) qui pesaient sur moi. ‘Il faudrait arrêter la France entière’, dit-il. » 292

Justice « Plaider coupable » :

Justice (« Plaider coupable ») (1) : Le plaider coupable - « plea bargaining » - au cœur de la justice pénale américaine [environ 90 % des plaintes déposées au pénal] est, en son principe et donc en son application, une négation de l’idée même de justice, de l’idée même de vérité. Qu’en est-il ? :
« Si l’accusé promet de plaider coupable d’un chef d’accusation donné (et donc de ne pas recourir à son droit à un procès) et de collaborer avec le procureur (en témoignant lors d’un autre procès, par exemple) ce dernier peut s’engager à alléger sa peine. Même s’ils en ont le pouvoir, il est très rare que les juges s’opposent à ce type d’arrangement qui offre l’avantage d’éviter un procès et les coûts afférents. De son côté, l’accusé aussi peut refuser les termes de l’accord proposé par le procureur, mais il risque alors de passer devant un tribunal, et bien souvent, d’écoper une peine plus lourde. C’est le prix du droit au procès, ou trial penalty. » 293
- Les procureurs ont donc la plus grande latitude pour transiger avec la défense, par exemple en proposant des chefs d'accusation moindres et une peine allégée, en contrepartie d'une confession ou du témoignage d'un accusé contre un tiers poursuivi. Et le plus souvent, contre monnaie sonnante et trébuchante.
- Lorsque la poursuite et l'accusé concluent une entente relative au plaidoyer, ils déterminent en fait la nature des accusations qui seront portées.
- Il arrive souvent que les victimes ne soient pas informé-es de l’accord, négocié sans elles, survenu.

Justice (Plaider coupable) (2) : 1986. Lu dans Hard times. Histoires orales de la grande dépression de Studs Terkel [1912-2008] :
« Je me souviens qu’au tribunal, ils étaient en train de juger un quaker Norvégien, et ils lui proposaient une peine plus faible, s’il plaidait coupable. Sa femme lui a dit :’Simon, il vaut mieux que tu ailles en prison’. » 294 (Cf. Politique. Morale)

Justice (Platon) : Platon, dans Les lois, auteur de :
« Nul n’est méchant de son plein gré. »
Si l’on pense que la liberté de l’être humain a une quelconque signification, que penser de, quelle valeur a, quelle légitimité alors accorder à la peine pénale ?

Justice. Roman Polanski :

Justice (Polanski Roman) (1) : (18 novembre) 2019. Une enseignante d’histoire, sur France Culture, rapporte que dans son amphi une banderole est affichée :
« Polanski partout. Justice nulle part ». 295 (Cf. Féminisme, Politique, Violences. Violences à l’encontre des femmes. Histoire)

Justice (Polanski Roman) (2) : (27 février) 2020. Roman Polanski pour justifier son absence à la remise des Césars le 28 février 2020 déclare à l’AFP :
« C'est [...] avec regret que je prends cette décision, celle de ne pas affronter un tribunal d'opinion autoproclamé prêt à fouler au pied les principes de l'État de droit pour que l'irrationnel triomphe à nouveau sans partage. »
Qu’un homme qui s’est soustrait à la justice (Américaine) invoque en sa faveur l’« État-de-droit » (ici, Français) ne manque pas d’intérêt politique. Sans oublier sa référence à la rationalité que donc, selon lui, il incarne. (Cf. Penser. Raison, Politique. « État de droit »)

Par ordre chronologique. Justice. Police :

Justice (Police) (1) : 1867. Émile Zola [1840-1902], dans Thérèse Raquin, auteur de :
« À cette heure, devant la certitude de l’impunité, le sang se remettait à couler dans ses veines avec des lenteurs douces. La police avait passé à côté de son crime, et la police n’avait rien vu ; elle était dupée, elle venait de l’acquitter. Il était sauvé. » 296 (Cf. Justice. Impunité)

Justice (Police) (2) : (19 février) 2018. Je lis, ce jour, dans l’enquête de Libération concernant les violences, agressions, harcèlement ayant eu cours à l’UNEF [Union nationale des étudiants de France], entre 2007 et 2015, ce témoignage :
« Charlotte, en mars 2016, décide finalement de porter plainte pour ‘viol’. Près des Halles, dans le centre de Paris, un policier filtrant les entrées du commissariat lui demande de lui raconter son viol à lui. Dehors et sans trace écrite. ‘Sa réaction était entre l’humiliation et la blague graveleuse, je suis partie’, explique Charlotte. Elle traverse ensuite la Seine et atterrit dans un autre poste de police. Là, en écoutant son récit, un jeune policier l’accable. Pour lui, ‘ce n’était pas un viol, ça’ et ‘il suffisait de dire non’. Sur les conseils d’un gradé et d’une policière plus à l’écoute, Charlotte prend finalement la direction du 3e district de police judiciaire parisienne. Elle se souvient du brigadier qui ne l’interroge jamais sur les faits mais sur ses réactions à elle : ‘Pourquoi vous ne vous êtes pas débattue ?’, ‘Pourquoi vous n’avez pas crié ?’… On fait aussi comprendre à Charlotte qu’avec une plainte, elle sera confrontée à son agresseur, et que la procédure sera longue et chère. Du coup, elle se contente d’une main courante. Consulté par Libération, le procès-verbal du 17 mars 2016 finit sur ces mots : ‘Je veux juste qu’une trace écrite de ces évènements existe.’ Une petite preuve de papier au milieu du silence. » 297
Ce que ce témoignage, après tant d’autres, nous permet de mieux comprendre, c’est que la première [in]justice est exercée par la police. (Cf. Êtres humains, Corps. Fouille à corps. Police, Justice. Déclaration à la police)

Justice (Police) (3) : (27 avril) 2022. Entendu sur France Culture, dans Les pieds sur terre, Le retour d’Abdelkader Haroune, au commissariat de Roubaix :
« C’est le mari qui a assassiné sa femme. On fait quand même une enquête, pour voir s’il n’y a pas une manipulation de scène de crime, etc. »
« Ils [Les policiers] étaient au taquet »
« Je veux bien qu’on voit tout ce qu’on n’est pas en mesure de traiter. » (Cf. Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Politique) : 1984. Thierry Lévy [1945-2017], avocat, Le crime en toute humanité, écrit :
« Tous les procès sont politiques. Mais la plupart des accusés ne le savent pas. [Je pourrais ajouter : les avocat-es, sauf exceptions, non plus] Le procès devient en effet ouvertement politique lorsque l’accusé revendique la légitimité de son action. C’est la seule condition. Si l’accusé reconnaît qu’il a volé et dit qu’il a bien fait, c’est un procès politique. Si l’accusé reconnaît qu’il a tué et dit qu’il a bien fait, c’est encore un procès politique. Aussitôt d’ailleurs, le juge devient un juge politique. […] » 298 (Cf. Justice. Avocat, Politique. État)

Justice (Politique pénale) : Nombre de femmes et de féministes régulièrement dénoncent les innombrables incohérences, contradictions, les injustifiables injustices concernant les décisions judicaires dès lors que les femmes, en tant que victimes ou accusées, sont concernées. Mais tant que nous n’aborderons pas précisément, frontalement, les conditions concrètes dans lesquelles ces jugements sont produits ; tant que nous n’analyserons pas les politiques pénales, effectives ou non ; tant que nous ne nous focaliserons pas sur la critique de « l’institution justice », nous resterons à la surface des choses, condamnées donc à l’impuissance, ou plus justement, condamnées à ne pouvoir réagir que ponctuellement…
On peut, à cet égard, se référer - en tant que point de départ - aux analyses critiques, lucides (en rien féministes), de Renaud Van Ruymbeke, en 1996. 299 Et bien d’autres ont suivis.
Mais à cette analyse critique, qui, dès lors qu’elle serait féministe, devra trouver ses propres critères d’analyse. Il faudra donc y adjoindre celles concernant les fondements patriarcaux du droit que « l’institution Justice » est censée mettre en œuvre. Sans omettre qu’avant la justice, intervient la police et que « l’institution police » doit, elle aussi - concomitamment - être passée au crible de l’analyse de son fonctionnement réel. (Cf. Droit, Justice. État, Politique. État)

Justice. Populaire :

Justice (Populaire) (1) : Une justice désignée par tirage au sort (sans exclusive et donc non contrôlée), avec appel, les parties, les témoins, ayant pour chacun-e le parole, et pouvant être saisie par chacun-e ?
Une pensée relevant certes de l’utopie, mais nécessaire par souci de ne pas se laisser enfermer dans les débats actuels, si souvent étriqués, confortant la permanence d’une justice inaudible, indéfendable… (Poursuivre) (Cf. Politique. Tirage au sort)

Justice (Populaire) (2) : Il est en règle générale considéré comme acquis que la justice populaire - que Paul Léautaud [1872-1956] nomme « la justice d’en bas » - serait nécessairement « abjecte, fondée sur les pires instincts de haine, d’envie, de cupidité, de cruauté. » 300 Et pour exemples de confirmation : la Terreur, les révolutions, la Libération …
Ne pas penser que chacun-e d’entre nous ne soit à même, ne puisse, ne doive même (dans certaines conditions) exercer une fonction de justice, c’est justifier ad vitam aeternam la nécessité d’un État. C’est donc réduire considérablement, à sa base même, l’idée même de liberté de penser, de conscience, d’expression. (Cf. Penser, Politique. État)

Justice (Populaire) (3) : 2013. Non, contrairement à ce qu’affirme Louis Joinet [1934-2019], la justice « populaire » - qu’il assimile à sa vision à la libération d’une femme, mademoiselle Denise « entravée », en « prise de guerre », tondue - n’est pas, inquiétante formulation, : un « thème douteux » ; elle n’est pas plus, nécessairement, « expéditive, sans procédure, ni confrontation », qualificatifs qui pourraient par ailleurs aisément concerner, si souvent, la quotidienne justice étatique, la nôtre. 301

Justice (Pottecher Frédéric) : (19 avril) 1986. Frédéric Pottecher [1905-2001], auteur de :
« Je voudrais que la justice soit réelle. Je voudrais que la justice soit la même pour tous. Ce qui n’est pas le cas. » (Cf. Justice. Procès. Besnard Marie) 302

Justice (« Pourquoi lui et pas un autre ? ») : (16 mars) 2022. Fabrice Drouelle, sur France Inter, dans l’émission Affaires sensibles consacrée à La torture pendant la guerre d’Algérie, concernant l’hypothèse de la poursuite en Algérie de militaires tortionnaires, pose cette question :
« Pourquoi lui et pas un autre ? » Une négation de l’idée même de justice. Terrible à l’écoute. Et pourtant… (Cf. Politique. Torture. Guerre. Algérie)

Justice. Prescription :

Justice (Prescription) (1) : Retards, enlisements, pertes de dossiers, demandes de pièces complémentaires, changements de juges d’instruction, recours multiples et variés, non lieux (liste non exhaustive…) = Prescriptions.

Justice (Prescription) (2) : (26 janvier) 2021. Après le succès et surtout les conséquences du livre de Camille Kouchner, publié le 7 janvier 2021, La familia Grande, qui dévoilaient les agressions sexuelles d’Olivier Duhamel commises à la fin des années 1980 sur son frère alors âgé de 13 ans, le droit déclarait que le crime était prescrit. Sur un #metoo du crime d’inceste, heureusement ouvert, les dénonciations nombreuses s’inscrivent. Le Parquet réagit : Une « précédente procédure » sur ces faits avait été classée sans suite en 2011, a révélé le procureur Rémy Heitz dans son communiqué :
« Les nouvelles investigations, confiées à la Brigade de protection des mineurs [BPM] de la direction régionale de la police judiciaire [DRPJ], s'attacheront à faire la lumière sur ces faits, à identifier toute autre victime potentielle et à vérifier l'éventuelle prescription de l'action publique », a-t-il ajouté.
Une enquête est ouverte. Camille Kouchner est reçue par le Procureur. Madame Brigitte Macron prend la parole le 20 janvier, suivie de son mari le 24 janvier. Son frère dépose plainte le 26 janvier.
Je ne sais si je dois me réjouir de la subite, exceptionnelle, conjointe rapidité du Parquet, de l’exécutif et de la justice, ou de m’interroger plus avant sur mon premier sentiment, à savoir celle d’un droit-à-là-carte, qui pose la question de la crédibilité et du droit et de la justice ? (Cf. Droit. Justice, Violences. Violences. Incestueuses)
* Ajout. 22 janvier 2020. Le juge Renaud Van Ruymbeke, posant ce principe à son crédit, auteur de :
« La justice prend son temps. » 303

Justice (Prescription) (3) : (26 février) 2021. Éric Dupond-Moretti, ministre de la justice, adresse aux procureurs, présidents des cours d’appel, des tribunaux…, une « dépêche relative au traitement des infraction sexuelles susceptibles d’être prescrites. » J’y lis in fine :
« […] J’appelle votre attention sur la précision qui s'impose dans le choix du motif de classement qui doit prendre en compte les conclusions de l'enquête. Le motif 344 de la prescription doit être coché uniquement, selon les termes de la nomenclature, lorsque « les faits révélés ou dénoncés dans la procédure constituent bien une infraction mais que le délai fixé par la loi pour pouvoir les juger est dépassé. Ainsi, lorsqu'au terme des investigations l'infraction ne parait pas constituée, c'est le motif 21 (infraction insuffisamment caractérisée) voire 11 (absence d'infraction) qui doit être coché, même lorsque les faits faussement dénoncés auraient été́ prescrits. Si la procédure a fait l'objet d'une médiatisation, les procureurs de la République doivent rendre les motifs de ce classement publics afin de mettre un terme à la propagation d'informations calomnieuses. »
Faut-il en conclure :
- qu’il y a aurait « 344 » « motifs » - inscrits dans « une nomenclature » - à moins qu’ils ne soient que « 21 » - pour décider de prescrire, c’est-à-dire de clore une enquête et de décider que la justice n’a pas à en juger ?
- qu’il suffirait de « cocher » l’un des motifs pour informer un-e plaignant-e d’une décision de prescription ?
- qu’ « une infraction insuffisamment caractérisée » et / ou « ne parait pas être constituée » est l’un de ces motifs, sans qu’il soit par ailleurs précisée si elle le serait par le droit et/ou du fait de la victime,
- qu’au terme d’« investigations » (par qui ?) la justice puisse en conclure, sans pour autant s’en saisir, que « des faits (?) auraient été faussement dénoncés »
- Que les motifs de classements ne sont pas « publics », le mot en lui-même étant plus que vague.
- Et enfin, que le traitement des plaintes - ici en matière de prescription, mais…- doit dépendre de leur « médiatisation », concept rigoureux s’il en fut, qui plus est, « pour mettre un terme à la propagation d’informations calomnieuses », dont on peut raisonnablement penser qu’elles concernent des hommes dit publics dénoncés comme agresseurs.

Justice (Prescription) (4) : (7 avril) 2021. Le Canard enchaîné fait état de la décision de la justice - concrètement de trois magistrats de la cour d’appel de Douai - de clore le - lourd - dossier de Richard Ferrand, président de l’assemblée nationale, et même d’en conclure que la prescription était acquise à partir de 2015 - soit 2 ans avant les accusations portées à son encontre.
- L’avocat de Richard Ferrand a déclaré : « Le droit a toujours été du côté de mon client, qui a été poursuivi à tort », tandis que Le canard en conclut : « Merci le droit. » 304
N.B. Complaisance, collusion, et pourquoi pas : corruption ?

Justice (Président du tribunal. URSS) : 1974. Quelques réactions de V. Orlovski, président du tribunal chargé de juger le docteur Mikhaïl Stern [1918-2005], mais pouvant être lu avec profit par tous / toutes les président-es de tribunaux :
« - Arrêtez, Stern, arrêtez ! (p.31)
- Accusé Stern, vous vous adressez à la cour ou au public ? (p.38)
- Allons aucun rapport avec l’affaire… (p.38)
- La Cour agira conformément à nos lois. (p.39)
- Ici, on s’adresse, en disant ‘témoin’ ! (p.57)
- La Cour est intéressée à un examen objectif de cette affaire. Croyez-moi, nous examinerons tous les éléments en notre possession (p.61)
- Stern soutient qu’il buvait cet argent. Qu’en pensez-vous ? (p.75)
- Ne répondez pas à cette question ! (p.82)
- Où est la vérité alors, sur ce que vous dites maintenant, ou sur ce qui est écrit là ? (p.86)
- La question est annulée (p.88)
- Stern, la Cour peut se passer de votre ironie ! L’audience est levée. (p.92)
- Accusé, pourquoi restez-vous debout ? (p.100)
- Baissez le ton ! Parlez plus bas ! […] Personne n’a le droit d’enregistrer le procès. (p.102)
- Vous devez faire vos déclarations à la cour et non au public. (p.103)
- Taisez-vous ! La cour vous interdit de la comparer à la junte [Chilienne] ! L’audience est suspendue ! (p.103)
- Croyez-moi ce n’est pas un antisémite, comme vous dites. L’audience est suspendue. (p.105)
- La Cour promet de faire une enquête. […] On y mettra bon ordre à l’avenir. (p.116)
- Toutes les parties sont intéressées à ce que soit déterminé si Stern est coupable ou non coupable ! (p.116)
- Ne répondez pas. On ne peut pas poser la question ainsi ! (p.126)
- Accusé, Arrêtez ! Ne transformez pas ce procès en ce que souhaiteraient certaines personnes dans la salle ! Je vous fais une observation ! (p.136)
- La Cour vous interdit d’utiliser le terme d’antisémite pour qualifier une personne ayant une relation avec la cour ! (p.136)
- Ne faites pas cela ! Nous en avons pris connaissance ! Ne la lisez pas ! Elle sera versée au dossier ! (p.142)
- Écoutez, tout le monde le sait ! S’il vous plait, revenez-en aux faits ! Qui a besoin de cela ? Qui l’ignore ? (p.142)
- Pourquoi dites-vous tout cela ? Quel rapport avec l’affaire ? (p.144)
- Arrêtez immédiatement avec ces comparaisons ! (p.148)
- C’est une question suggestive ! La question est annulée. (p.157)
- J’annule vos questions. Son opinion n’a aucune importance pour nous, il y a une commission d’experts pour cela. Lui, n’est que témoin. (p.158, 159)
- Ça suffit ! L’audience est levée. (p.161)
- Nous sommes réunis ici non pour exercer une justice sommaire, mais pour examiner objectivement les faits. (p.164)
- Hé vous, camarade au fond de la salle ! Oui, vous ! Levez-vous. Quittez immédiatement la salle ! (p.165)
- N’inscrivez pas cela sur le plumitif, cela n’a aucun rapport avec l’affaire ! (p.171)
- Ce n’est pas à vous de poser des questions à la Cour ! (p.172)
- Tout cela est sans intérêt. C’est votre opinion, elle n’a absolument aucune importance. (p.172)
- Ce n’est pas nécessaire. Nous en prendrons connaissance en chambre du conseil. (p.179)
- Accusé, la Cour vous prévient de ne plus user à l’avenir de telles expressions. (p.183)
- Aucune importance (p.186)
- La réaction de la Cour…euh…devant une telle demande…euh… ne peut être immédiate. Elle sera donnée ultérieurement (p.188)
- Qu’est-ce que vous avez à sourire ? (p.191)
- Si vous troublez les débats, nous vous ferons expulser de la salle d’audience ! (p.191)
- Objection ! (p.200)
- La Cour trouve les données de cette déclaration fausses et nous voulons vous en convaincre. (p.212)
- La Cour vous interdit de citer ce texte ! Il se trouve au dossier. (p.223)
- (Vers la salle) Vous avez compris ? Cette déclaration est une calomnie évidente à l’encontre du procureur ! On a tenté de discréditer l’accusateur public ! (p.234)
- Vous n’avez pas le droit d’élever une protestation. Vous pouvez seulement formuler des requêtes. (p.237)
- Je trouve que cette déclaration est un exemple éloquent de la conduite de l’accusé durant ce procès et les instances supérieures (sic) ne manqueront pas de l’apprécier. » (p.237)
- Inscrivez sur le plumitif ! Stern appelle les débats ‘absurdité’ !
[Stern : Je ne les appelle pas - c’est une absurdité !] (p.242)
- Personne en prétend vous accuser d’avoir mal soigné les gens ! Ce sont des calomnies contre nous que transmettent les stations de radio. Certaines personnes dans cette salle y ont intérêt. Tandis que vous êtes accusé selon des articles tous différents du code pénal ! (p.250)
- La Cour vous fait une observation. Vous n’avez pas le droit de nous indiquer ce qui est de notre compétence et ce qui ne l’est pas ! (p.260)
- Accusé Stern ! Nous ne nous intéressons pas à la culture, nous sommes dans un tribunal Soviétique et non dans un musée ! (p.289)
- Vous avez le droit de parler mais seulement, en rapport avec l’affaire (p.289)
- Adressez-vous à la Cour, et non au public ! (p.291)
- Accusé Stern, vous pensez à ce que vous dites ? Sadique ? (p.296)
- La Cour se retire pour délibérer (p.296) » 305

Justice. Présomption d’innocence :

Justice (Présomption d’innocence) (1) : On peut être - on est souvent - une réelle victime d’un homme qui, lui, reste un présumé assassin (violeur, agresseur, harceleur...).

Justice (Présomption d’innocence) (2) : L’accusé est présumé innocent. Mais qu’en est-il de la présomption d’innocence de la victime ? Un immense refoulé du droit.

Justice (Présomption d’innocence) (3) : L’argument de la présomption d’innocence de l’accusé, surtout de mise lorsqu’il s’agit de politiques, mis en examen, témoin assisté…permet - en droit - en France de clouer le bec à tout le monde (ou presque) jusqu’à la décision de la chose jugée, ce qui signifie, après des années d’attente, le plus souvent, la libération (si fréquente) des agresseurs et /ou leur si faible condamnation (sans oublier les classements d’office, non-lieux, appels divers et variés, européens inclus). Et, si tout cela ne s’avère pas suffisant, la menace d’un procès en diffamation ferme le ban ; à moins qu’elle ne l’ouvre…
- Quant à la victime, on lui oppose de plus en plus fréquemment une « présomption de crédibilité », ce qui permet de lui imputer nombre de présumés « mensonges », dont l’agresseur est, lui, présumé innocent.
- Incidemment, si la présomption d’innocence est un des principes fondamentaux du droit, comment justifier la prison préventive ?

Justice (Présomption d’innocence) (4) : Le principe de la présomption d’innocence d’un agresseur est pour la victime l’absolue garantie de la perpétuation des violences dont elle est la victime et de la réparation de l’injustice dont elle demande à la justice de faire droit.

Justice (Présomption d’innocence) (5) : 1996. Nathalie Schweighoffer, dans Les enfants de l’inceste, auteure de :
« Cette justice qui pose comme principe : ‘L’accusé est présumé innocent jusqu’à ce que l’on fasse la preuve de sa culpabilité’ [En réalité, l’article 9, 1 du Code civil déclare :
« Chacun a droit au respect de la présomption d'innocence »] et qui de ce fait, défend les pères incestueux ne pouvait être la mienne. » 306
Juste et radicale critique du droit. Il faut alors poursuivre le raisonnement à son terme : remettre le droit en cause. Pour cela, il faut préalablement en connaître les modes de fonctionnement de l’intérieur. (Justice. Preuve, Violences. Incestueuses)

Justice (Présomption d’innocence) (6) : Combien de criminels ont-ils échappé à la justice, à la condamnation, à l’infamie, à l’opprobre, à la prise de conscience, grâce à la présomption d’innocence ? Beaucoup, beaucoup, beaucoup…

Justice (Présomption d’innocence) (7) : Tant que le principe inscrit dans le droit de la présomption d’innocence ne sera pas repensé et remis en cause, les violeurs, sauf exceptions, continueront à violer, les agresseurs à agresser, les harceleurs à harceler.

Justice (Présomption de vérité) : Poser la présomption de vérité de la parole de la victime comme au fondement du procès et l’inscrire dans le droit et repenser, sur cette base, la présomption d’innocence de l’accusé-e. (Cf. Justice. Présomption d’innocence)
* Ajout. 6 janvier 2024. Dans la mesure où la parole des femmes est considérée comme non pertinente, suspecte, peu ou pas prise en compte et dans la mesure ou une épouse ne pouvait ester en justice contre son mari, ne pourrait-on pas considérer que la parole d’une femme mariée, jusqu’à une date récente dont il persiste d’innombrables manifestations, est quasiment soit nulle et non avenue, soit considérée comme relevant d’une présomption irréfragable de mensonge. (reprendre)

Justice. Prévenu-e :

Justice (Prévenu-e) (1) : Il / elle se défendait mal : était-ce une raison pour le / la condamner ? Et pourtant !
- En quoi, effectivement, le comportement d’un-e prévenu-e dans un tribunal est-il signifiant eu égard avec ce dont il / elle est accusé-e, avec ce dont il doit se défendre ? (Cf. Justice. Procès)

Justice (Prévenu-e) (2) : 1862. Victor Hugo [1802-1885] dans Les misérables, traite du procès de Champmathieu [au cours duquel Monsieur Madeleine révèlera qu’il est, lui, le forçat Jean Valjean]. Il écrit, concernant le prévenu, déjà condamné, ceci :
« Durant cette accusation, devant l’unanimité des témoins, l’accusé paraissait surtout étonné. Il faisait des gestes et des signes qui voulaient dire non, ou bien il considérait le plafond. Il parlait avec peine, répondait avec embarras, mais de la tête aux pieds, toute sa personne niait. Il était comme un idiot en présence de toutes ces intelligences rangées en bataille autour de lui, et comme un étranger au milieu de cette société qui le saisissait. Cependant, il y allait pour lui de l’avenir le plus menaçant, la vraisemblance croissait à chaque minute, et toute cette foule regardait avec plus d’anxiété que lui-même cette sentence pleine de calamités qui penchait sur lui de plus en plus. […]
Qu’était-ce que cet homme ? De quelle nature était son apathie ? Était-ce imbécillité ou ruse ? Comprenait-il trop ou pas du tout ? Questions qui divisaient la foule et semblaient partager le jury. Il y avait dans ce procès ce qui effraye et ce qui intrigue ; le drame n’était pas seulement sombre, il était obscur. » 307 (Cf. Justice. Jury. Témoins. Procès)
N.B. Lire dans le chapitre intitulé L’affaire Champmathieu les pages consacrées à la - remarquable - critique de la justice et à son fonctionnement (p.293 à 318).

Justice (Prison) : Cf. Politique. Prison

Justice. Procédures :

Justice (Procédures) (1) : 2011. Une jeune fille, Léa, 17 ans, le 1er janvier 2011, est violée, massacrée (185 coups qui lui ont été assénés, ‘a minima’ pendant une heure trente, ont été relevés sur le visage et le corps), détruite, décédée après des heures d’agonie à laquelle l’assassin a assisté.
Le 14 avril, afin de mettre en conformité la législation française avec la législation européenne, une réforme de la loi de la garde à vue est promulguée.
Le 15 avril, la Cour de cassation décide que la loi est applicable immédiatement et rétroactive pour toutes les procédures en cours.
La défense de l’assassin dépose, le 17 mai 2011, une requête en nullité et demande l’annulation des gardes à vue et des aveux s’y rapportant. Une longue bataille de procédures (sept recours et une demande de requalification en « homicide involontaire ») est alors engagée.
La mère de Léa déclare avoir ressenti ces procédures comme « le déni de ce que Léa a subi. » 308
- Oui, le titre de l’article ici (trop rapidement ici cité) est juste. Il s’agit bien, ici comme ailleurs, du « combat de la justice contre la loi ». Et c’est bien « la justice », en l’état de ses scléroses imposées par le droit et par « la loi », qu’il faut, ici comme ailleurs, juger. (Cf. Droit, Femmes. Jeunes filles. Politique)
* Ajout. 4 janvier 2018. Le 27 janvier 2017, après six ans de procédures, l’assassin de Léa a été condamné en appel à la réclusion perpétuelle, assortie d’une peine de sureté de 20 ans.

Par ordre chronologique. Justice. Procédures :

Justice (Procédures) (1) : Felix Frankfurter [1882-1965], juge à la cour suprême des États-Unis, auteur de :
« L’histoire de la liberté se confond souvent avec celle de gens qui savent s’en tenir aux garde-fous de la procédure judiciaire. »
309 (Cf. Politique. Liberté)

Justice (Procès de Nuremberg) : (octobre) 2021. Lu concernant la présentation d’un article paru dans The New York Review of Books consacré au procès de Nuremberg à propos de la sévérité des juges soviétiques : Il est plus facile d’être indulgent « quand l’ennemi a tué dans votre pays 1 citoyen sur 320 (cas des États-Unis) plutôt que 1 sur 7 (Union soviétique). » 310

Justice (Provocation) : 1834. Victor Hugo [1802-1885] dans Claude Gueux, auteur de :
(Lors du procès d’assises de Claude Gueux pour avoir tué le directeur des ateliers de la centrale de Clairvaux) :
« Une fois seulement, il se laissa aller à une secousse de colère. Le procureur du roi avait établi dans le discours que nous avons cité en entier que Claude Gueux avait assassiné le directeur des ateliers sans voie de fait ni violence de la part du directeur, par conséquent sans provocation.
- Quoi ! s’écria Claude, je n’ai pas été provoqué ! Ah ! oui, vraiment, c’est juste, je vous comprends.
Un homme ivre me donne un coup de poing, je le tue, j’ai été provoqué, vous me faites grâce, vous m’envoyez aux galères.
Mais un homme qui n’est pas ivre et qui a toute sa raison me comprime le cœur pendant quatre ans, m’humilie pendant quatre ans, me pique tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, d’un coup d’épingle à quelque place inattendue pendant quatre ans ! J’avais une femme pour qui j’ai volé, il me torture avec cette femme ; j’avais un enfant pour qui j’ai volé, il me torture avec cet enfant ; je n’ai pas assez de pain, un ami m’en donne, il m’ôte mon ami et mon pain. Je redemande mon ami, il me met au cachot. Je lui dis vous, à lui mouchard, il me dit tu. Je lui dis que je souffre, il me dit que je l’ennuie. Alors que voulez-vous que je fasse ? Je le tue. C’est bien, je suis un monstre, j’ai tué cet homme, je n’ai pas été provoqué, vous me coupez la tête. Faites.
Mouvement sublime, selon nous, qui faisait tout à coup surgir, au-dessus du système de la provocation matérielle, sur lequel s’appuie l’échelle mal proportionnée des circonstances atténuantes toute une théorie de la provocation morale oubliée par la loi ».
De fait, sous couvert de la critique de la « provocation », c’est la justice qui est ici, par Victor Hugo, - justement - remise en cause. (Cf. Droit, Justice, Hugo Victor, Politique. Torture. Lois. Prison. Clairvaux)

Justice (Proxénète) : 1892. Felix Piat [1810-1889] et Michel Morphy [1863-1928] dans Le chiffonnier de Paris, décrivent les humiliations imposées aux femmes-dites-prostituées - « un troupeau de créatures soumises ou à soumettre » - et notamment la manière dont, après une rafle dans les rues, elles étaient jugées par ce qui tenait leur lieu de justice :
« Toutes vieilles et laides, jeunes et belles, cossues ou râpées, au nombre d’une centaine, elles défilaient une à une devant un chef de bureau, tout puissant, fonctionnaire, décoré comme les autres, lui aussi - Où l’honneur va-t-il s’accrocher ? - magistrat hybride, seul, sans responsabilité, publicité, contrôle, ni appel, encore moins cassation, investi du double pouvoir de ces deux sœurs jumelles, police et justice, il questionnait, jugeait et condamnait despotiquement ces déchues […]
Le préposé aux mœurs renvoyait aux tribunaux les prostituées insoumises, à l’hôpital de Lourcine les infectées et à la prison de Saint-Lazare les délinquantes en carte.
Mais aucune ne sortait sans passer d’abord au Dispensaire, établi dans une salle voisine :
Pourquoi, si la santé publique veut (sic) ces monstruosités, la femme seule les subit-elle ? Pourquoi pas l’homme, aussi ? Pourquoi ne pas concentrer les lupanars et viser à l’entrée le poison masculin comme le féminin dans ce trafic d’infection générale ?
Après avoir prononcé, au jugé, une dizaine de condamnations à plusieurs jours ou plusieurs mois de prison, le bureaucrate prit plus attentivement une fiche spéciale annotée […]. » (Poursuivre) 311 (Cf. Politique. Égalité, Proxénétisme)

Justice (Proxénétisme) : (16 novembre) 2019. C’est au tribunal correctionnel de Lyon - et non à la Cour d’assises - qu’eut lieu le procès contre 23 prévenus - dans le cadre de ce que Le Monde nomme « un réseau de prostitution Nigérian », « l’organisation de le prostitution venue d’Afrique ». C’est à ce type de tribunal, à ces présentations par la presse, que l’on découvre mieux encore que le proxénétisme n’est pas considéré comme un crime, n’est plus même nommé, et ne semble pas même concerner l’État français.
- Qui plus est ne fait pas même partie de « violences sexuelles et sexistes » contre lesquelles gouvernement, associations affirment devoir lutter. (Cf. Politique. Médias, Proxénétisme, Violences à l’encontre des femmes)

Justice (« Proximité ») : (13 mars) 2021. J’entends sur France Culture [journal de 09 heures] évoquer la justice dite de « proximité » censée être « plus rapide et plus efficace ». Pour quoi ? pour qui ?. Plus juste ? : hors sujet depuis longtemps…

Justice (Psychiatrie) : Que la justice requiert et tienne compte des avis des psychiatres et les nomment expert-es est la plus sévère condamnation de la psychiatrie et la plus terrible condamnation de l’idée de justice. (Sans évoquer donc les conditions dans lesquelles lesdites expertises ont lieu ; certaines ‘à la chaîne’, quasi identiques, un week-end…)
- Concernant les rôles et les fonctions attribuées et mises en œuvre par les expert-es (psychiatres) lire - absolument - en sus du livre Les femmes et la folie de Phyllis Chesler 312] les témoignages, analyses, critiques et dénonciations de Nicole Gérard 313, Sabine Dardenne 314, Marie-Christine d’Wells 315, Isabelle Aubry 316.
Ces différents livres - et bien d’autres encore - sont, plus largement, une lucide et donc accablante critique de la justice. (Cf. Êtres humains, Enfants. Conscience de soi, Justice. Expertise, « Sciences » sociales. Psychanalyse. Psychiatrie)

Justice. Publicité des débats. France :

Justice (Publicité des débats. France) (1) : 1972. La salle d’audience où se déroula le procès dit de Bobigny comportait 60 places. La demande d’une salle plus grande, présenté par la défense, a été rejetée par le ministre de la justice. Plusieurs centaines de personnes venues à Bobigny pour soutenir Mme Chevalier et ses amies n’ont pu, de ce fait, assister aux débats, lesquels furent heureusement publiés par l’association Choisir. 317
- En avril 2016, le procès en appel de Chantal Clos comportait une vingtaine de places.

Justice (Publicité des débats. France) (2) : 2017. La convention qui liait l’émission Les pieds sur terre de France Culture - dont la finalité était de « comprendre comment fonctionne la république » - et le tribunal de Marseille, qui l’autorisait à enregistrer les audiences, a été résiliée par la présidente du tribunal et le procureur de la République. 318
- Pour en connaître les raisons, les propos, lors d’une audience de comparution immédiate - « spectacle effarant qui déshonore la justice » selon Le Canard enchaîné - de la présidente avaient été rapportés. Parmi tant d’autres auparavant…319 (Cf. Justice. Transparence)

Justice (Publicité des débats. France) (3) : 2021. Que la web radio heureusement mise en place, mais pas audible hors de France, pour le procès des attentats de 2015 devienne la norme.

Justice (Rapidité) : 1996. Le juge Italien Edmondo Bruti Liberati, ex-procureur de la république de Milan auteur de :
« J’ai en mémoire cette directive de votre ministre de la Justice [Jacques Toubon. Lettre du 4 août 1995] qui disait au ministre suisse que la collaboration entre magistrats français et suisses allait trop vite. C’est une chose absolument incroyable. » 320 (Cf. Politique. Corruption. Lenteur)

Justice (Ravachol) : (21 juin) 1892. Ravachol [1859-1892], anarchiste, dans sa déclaration lors procès au cours duquel il fut le condamné à mort, auteur de :
« […] Oui, je le répète : c’est la société qui fait les criminels, et vous, jurés, au lieu de les frapper, vous devriez employer votre intelligence et vos forces à transformer la société. Du coup, vous supprimeriez tous les crimes, et votre œuvre, en s’attaquant aux causes, serait plus grande et plus féconde que n’est votre justice qui s’amoindrit à punir les effets. Je ne suis qu’un ouvrier sans instruction ; mais parce que j’ai vécu l’existence des miséreux, je sens mieux qu’un riche bourgeois l’iniquité de vos lois répressives.
Où prenez-vous le droit de tuer ou d’enfermer un homme qui, mis sur terre avec la nécessité de vivre, s’est vu dans la nécessité de prendre ce dont il manquait pour se nourrir ? J’ai travaillé pour vivre et faire vivre les miens ; tant que ni moi, ni les miens n’avons pas trop souffert, je suis resté ce que vous appelez honnête. Puis le travail a manqué et avec le chômage est venue la faim. C’est alors que cette grande loi de la nature, cette voix impérieuse qui n’admet pas de réplique, l’instinct de conservation, me poussa à commettre certains de mes crimes et délits que vous me reprochez et dont je reconnais être l’auteur.
Jugez-moi, messieurs les jurés, mais si vous m’avez compris, en me jugeant, jugez tous les malheureux dont la misère, alliée à la fierté naturelle, a fait des criminels, et dont la richesse, dont l’aisance même aurait fait des honnêtes gens ! Une société intelligente en aurait fait des gens comme tout le monde ! » 321
Cet homme, assassin, anarchiste, d’un remarquable courage, auteur de cette analyse politique si juste, fut guillotiné un mois après, le 11 juillet 1892. (Cf. Justice. Procès, Politique. Anarchisme)

Justice (Récidive) : 2006. Un (« grand ») avocat, à l’occasion des débats de la commission d’Outreau, proposait de remplacer la notion d’« ordre public » par celle de « dangerosité sociale », ce qui (de mémoire), selon lui, « permettrait notamment de remettre en liberté celui qui a tué sa femme parce qu’il ne va pas récidiver. » 322 (Cf. Violences. Violences à l’encontre des femmes. Violences patriarcales)

Justice (« Relative ») : 1977. Lors d’un « entretien » intitulé L’angoisse de juger, entre Michel Foucault, [1926-1984] le psychanalyste Jean Laplanche [1924-2012] et Robert Badinter, alors ministre de la justice, ce dernier invoqua « le relativisme » en matière de décisions concernant la peine de mort pour en légitimer sa suppression.
Après avoir évoqué les procès Patrick Henry, Ranucci et Carrein, Robert Badinter en conclut : « Ce relativisme-là, à lui seul, suffit à condamner la peine de mort. » 323
- Mais si l’on accepte que la critique du « relativisme » de la justice puisse être un argument pour justifier l’abolition de la peine de mort, en toute logique, c’est « la justice », telle qu’en elle-même qu’il faut « condamner ». (Cf. Penser. Relativisme)

Justice (Relaxe) : (4 octobre) 2011. L’enquête de Cash investigation [France 2] concernant Dominique Strauss-Kahn [me] rappelle utilement qu’à la suite des poursuites en France le concernant, dont celle pour proxénétisme aggravé, celui-ci a été relaxé. (Cf. Économie. Clash Investigation. DSK, Proxénétisme)
N.B. « Relaxe » : « Décision par laquelle un tribunal déclare un prévenu non coupable ».

Justice (« Rendre la pareille ») : « Rendre la pareille » : stagne, fige, enkyste. Abaisse.

Justice. « Restaurative », « réparatrice » … :

Justice (« Restaurative », « réparatrice » …) (1) : Tout d’abord, s’interroger sur la multiplicité des termes : « restaurative », « réparatrice », « transformatrice », « relationnelle », « participative » … lesquels ont des significations, remplissent des fonctions et recouvrent des réalités fort différentes. Encore faut-il que l’on se donne pour ambition de les spécifier ; plus précisément concernant la fonction politique et son éloignement, ses remises en cause du droit, des dites « justices ». (Cf. Justice « Distributive », Langage)

Justice (« Restaurative », « réparatrice » …) (2) : 2017. Ne pas oublier que « la médiation entre victime et délinquant » est, selon le site Justice réparatrice en ligne, comme le premier élément devant être considéré comme « typiquement » étant à même d’identifier ladite justice ; c’est donc, plutôt prou que peu, traiter « victime et délinquant » à l’équilibre, sinon à l’équivalence. 324 Fuir… (Cf. Droit. Médiation)

Justice (« Restaurative », « réparatrice » …) (3) : (20 au 23 novembre) 2017. Lors de la série de quatre épisodes d’une heure chacune diffusée par France Culture consacrée à ladite justice, j’ai pu entendre que :
- « Condamnés » et « victimes » ont « commis et subis le même type de faits » ;
- « Il y a un acte, l’acte le plus important de leur vie qui les lie » ;
- On a pu entendre aussi assimiler les « actes subis ou commis ».
- On a pu enfin entendre évoquer, de la part des victimes, comme des condamnés : « ma femme », « ma vie », « ma victime », « mon passage à l’acte », « ma psy », « mon fils », « mon avocat » … 325 (Cf. Langage. Possessif)
- Comment sur les bases d’une telle confusion, la recherche d’une autre vérité - et donc d’une autre justice - serait-elle possible, pensable même ?
- Enfin, cette émission se termina par ce constat conclusif porté par l’une des victimes aux accusés en prison :
« J’espère vraiment que vous arriverez à vivre avec tout ça et à sortir, comme vous dites, la tête haute. Je ne pensais pas pouvoir dire ça un jour, vraiment. Je ne pensais pas en fait que c’était possible. [inaudible]. Ce sont les mêmes vies qu’on aurait pu vivre. Vous êtes Monsieur tout le monde, avec quelque chose qui a disjoncté. Voilà. » 326
Si je ne peux que souscrire aux premières phrases, la dernière - malencontreusement ou significativement - révèle un déni de toute analyse concernant les mécanismes de production de la violence. Un jour, il a « disjoncté » sera dit à l’une ou l’autre des victimes qui viendra porter plainte, mais cette fois-ci, au nom de « la justice - dite - restaurative ».

Justice (« Restaurative », « réparatrice » …) (4) : 2018. N’est-ce pas tout simplement, aussi, d’abord ? - désengorger les tribunaux ? ; déresponsabiliser l’État de sa piètre Justice ? Réhabiliter le terme même de Justice en lui conférant un supplément d’âme, sinon d’humanité ? ; repousser d’autant les réformes inhérentes au fonctionnement de la Justice et donc toute révolution de l’idée même de Justice ? (Cf. Politique. Réformes)

Justice. « Retardée » :

Justice (« Retardée ») (1) : 1963. Martin Luther King [1929-1968] dans son discours de prison de Birmingham écrivait :
« […] Depuis des années, j’entends ce mot : ‘Attendez !’. Il résonne à mon oreille, comme à celle de chaque Noir, avec une perçante familiarité. Il nous faut constater avec l’un de nos éminents juristes que ‘justice trop tardive est déni de justice’. » 327

Justice (« Retardée ») (2) : 1979. Nelson Mandela [1918-2013] dans Un long chemin vers la liberté, évoquant les luttes menées en prison afin que « les Africains, les métis et les Indiens » aient obtenu, après 15 années, « la même nourriture », écrit ce fort jugement :
« Une justice retardée est une justice niée, et cette réforme méritait à peine d’être saluée. » 328 (Cf. Politique. Racisme. Réformes)

Justice (« Retenues à la disposition du cabinet de M. le préfet ») : 1871. Je lis, dans le Petit dictionnaire des femmes de la Commune. Les oubliées de l’histoire, que parmi celles qui ont été confrontées à la justice militaire, plusieures ont été « retenues à la disposition du cabinet de Monsieur le Préfet ». Que cette formulation signifie-t-elle ? 329

Justice (Robert Denis) : 1996. Denis Robert - dont la parole, compte tenu de ses combats, a du poids - dans La justice ou le chaos, auteur de :
« Je ne suis ni un spécialiste, ni un professionnel. Plutôt un témoin à charge. […]
Je cherche à savoir pourquoi le système judicaire fonctionne si mal. Pourquoi ne font-ils rien pour le changer ?
Pourquoi, continue-t-on en France à croire au mensonge d’État qui consiste à répéter, jusqu’à l’abrutissement que la justice est indépendante, sereine, impartiale ? Alors que c’est tout le contraire. » 330 (Cf. Justice. Témoins, Penser. Répéter)

Justice (Rojava. 2017) : (septembre) 2017. Lu dans un article dans Le Monde Diplomatique, Une utopie au cœur du chaos Syrien, concernant le Rojava [région kurde au Nord de la Syrie, « autonome de facto »] une analyse de madame Al-Khali, l’une des responsables de l’association de la maison des femmes de Kobané, Kongra Star :
« Dans cette région, il y a une coutume terrible : la vengeance. Si quelqu’un tue mon frère, ma famille doit se venger en tuant un membre de l’autre famille. Kongra Star a formé un comité pour obtenir une réconciliation par l’intermédiaire de représentants des deux familles afin d’éviter une vendetta.
Lorsqu’un problème apparaît dans une commune de quartier, un comité de femmes intervient pour tenter de le résoudre. Quand elles n’y arrivent pas, elles viennent ici : si la maison des femmes ne trouve pas de solutions, le conflit est transféré à la cour de justice. » 331
Qu’en est-il réellement ? (Cf. Femmes, Famille, Patriarcat, Violences)

Justice. Jean-Jacques Rousseau :

Justice (Rousseau Jean-Jacques) (1) : 1762. Il n’existe pas de chapitre : Justice, dans Le contrat social de Jean-Jacques Rousseau [1712-1778].

Justice (Rousseau Jean-Jacques) (2) : 1762. Jean-Jacques Rousseau [1712-1778], dans Le contrat social, auteur de :
« Les lois et l’exercice de la justice ne sont parmi nous que l’art de mettre le Grand et le riche à l’abri des justes représailles du pauvre. » 332
- Vrai aussi pour les « justes représailles » des femmes.

Justice (Rousseau Jean-Jacques) (3) : 1782. Jean-Jacques Rousseau [1712-1778], dans Les confessions, auteur de :
« La justice et l’inutilité de mes plaintes me laissèrent dans l’âme un germe d’indignation contre nos sottes institutions civiles où le vrai bien public et la véritable justice sont toujours sacrifiés à je ne sais quel ordre apparent, destructif en effet de tout ordre, et qui ne fait qu’ajouter la sanction de l’autorité publique à l’oppression du faible et à l’iniquité du fort. » (Livre 7) 333 (Cf. Patriarcat, Penser. Indignation)

Justice (Rousseau Jean-Jacques) (4) : 1782. Jean-Jacques Rousseau [1712-1778], dans Rousseau juge de Jean-Jacques, auteur de :
« Que mes persécuteurs jouissent en paix, s’ils le peuvent, toute leur vie du bonheur qu’ils se sont faits des misères de la mienne. Je ne désire ni les voir confondus, ni punis, et pourvu qu’enfin la vérité soit connue, je ne demande point que ce soit à leurs dépens. […] » (Dialogue troisième) 334
Question : La justice a-t-elle besoin pour être justement rendue de condamner un coupable ? (Cf. Penser. Vérité)

Justice (Roy Arundhati) : 2000. Arundhati Roy, dans Mon cœur séditieux, auteure de :
« Rien n’est plus hypocrite que parler de justice sans démasquer les institutions et les systèmes qui les bafouent continuellement. »
« Hypocrite », mais surtout erroné. 335

Justice. Rumeurs :

Justice (Rumeurs) (1) : On a souvent dénoncé l’injustice des ‘rumeurs’, lesquelles devraient, d’abord, d’emblée, être décrédibilisées. Mais elles sont aussi les armes des sans armes, de ceux et celles qui, faute d’accès à l’écriture, à l’argent, à la justice, n’ont d’autres moyens de dénoncer une injustice, que d’en parler et de permettre ainsi qu’elles ne tombent pas dans l’oubli.

Justice (Rumeurs) (2) : Les rumeurs n’ont à être ni récusées, ni légitimées : elles sont partie prenante de la recherche de la vérité.

Justice (Rumeurs) (3) : Tacite [58-120], auteur de :
« Il fallait laisser aux rumeurs le temps de vieillir : souvent l’innocence est impuissante contre une haine toute fraîche. » 336 (Cf. Histoire. Tacite)

Justice (Rupture. Procès de) : Les femmes, les féministes, la justice ont besoin de « procès de rupture », c’est à dire de procès qui, pour défendre une femme, accusent l’État et sa justice pour mieux défendre toutes les femmes. En d’autres termes de procès féministes politiques.
Il y a tant et tant matière à…
N.B. Pour rappel historique : Le procès de Bobigny [octobre. novembre 1972] fut un procès de rupture. (Cf. Justice. Procès. Vergès Jacques, Politique)

Justice (Russie. 2004) : 2008. Anna Politkovskaïa [1958-2006], dans Douloureuse Russie. Journal d’une femme en colère, auteure de :
« Le système pénal semble désormais s’être donné pour tâche de convaincre le Kremlin de sa loyauté. » 337 (Cf. Femmes. Journalistes, Politique)
* Ajout. 20 décembre 2021. Anna Politkovskaïa fut assassinée le 7 octobre 2006 en reconnaissance de la justesse de ses analyses, sur les ordres, directs ou indirects peu importen du Kremlin.

Justice (« Sabotage judiciaire ») : (18 février) 2021. Sur France Culture, dans l’émission Les pieds sur terre, madame Heusèle, concernant la mort de son mari, en Belgique, le 17 novembre 2008, pense, croit qu’il faisait « probablement partie d’un réseau de proxénétisme ». Elle considère en outre que :
« Tout ce sabotage judiciaire vient du fait que des personnes haut placées soient impliquées, ce ne peut être que ça. » 338 (Cf. Hommes. « Politiques », Politique, État, Proxénétisme)
N.B. Sur ses carnets retrouvés, analysés par la famille, une cinquantaine de prénoms de femmes sont indiqués et parmi les âges cités : 11-14 ans sont lisibles. (Cf. Violences. Violences à l’encontre des enfants)

Justice (Sade) : 1799. Sade [1740-1814], dans La nouvelle Justine, auteur de :
« Pauvre et sans protection, comment n’eut-elle pas tort ? » 339
De ce juste constat, nombre de leçons peuvent être tirées. (Cf. Violences. Sade)

Justice (Sand George) : (25 octobre) 1871. George Sand [1804-1876], dans une lettre à Gustave Flaubert [1821-1880], auteure de :
« Je ne plains pas l’incendiaire et l’assassin qui tombent sous le coup de la loi, je plains profondément la classe qu’une vie brutale, déchue, sans essor et sans aide, réduit à produire de pareils monstres. » 340 (Cf. Justice. Juges. Sand George. Procès. Sand George)
* Ajout. 4 octobre 2021. L’écoute ce jour de l’émission Cash Investigation concernant Dominique Strauss-Kahn et des conclusions de la commission d’enquête - dite Sauvé - sur « les violences sexuelles dans l’église catholique » contraint à jeter un tout autre regard sur la pertinence du seul jugement de classe de George Sand. (Cf. Économie. Clash Investigations. DSK, Violences. Violences sexuelles)

Justice (« Sans autre forme de procès ») : 1668. Jean de La Fontaine [1621-1695], auteur de Le loup et l’agneau :
La raison du plus fort est toujours la meilleure : / Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait / Dans le courant d'une onde pure. / Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure, / Et que la faim en ces lieux attirait. / Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? / Dit cet animal plein de rage : / Tu seras châtié de ta témérité. / Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté / Ne se mette pas en colère ; / Mais plutôt qu'elle considère / Que je me vas désaltérant / Dans le courant, / Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ; / Et que par conséquent, en aucune façon, / Je ne puis troubler sa boisson. / Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, / Et je sais que de moi tu médis l'an passé. / Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? / Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère / Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. / Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens : / Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos Bergers et vos Chiens. / On me l'a dit : il faut que je me venge. / Là-dessus, au fond des forêts / Le loup l'emporte et puis le mange, / Sans autre forme de procès.

* Ajout. 3 novembre 2022. Lu sur internet cette réaction, mise à jour, traduction contemporaine de Stéphanie Doyon, le 3 décembre 2020 :
« Mon misérable géniteur était un misogyne émérite et un fin menteur à tête de bite. / Tel ce loup dévoreur d’agneaux innocents sur lesquels non sans bonheur pas du tout innocent, il se faisait les dents. / Certaines femmes osèrent le définir irrécupérable à la cour des Injustices Phallocratiques mémorable. / Il adorait cette fable, c’était sa favorite. Outre, qu’il aimait la réciter, semblable à un rite, il aimait par-dessus tout l’appliquer pour ensuite s’en pourlécher, s’en délecter… / Son ego surdimensionné adorait tyranniser, jalouser, dévaloriser, humilier, détruire, nier, et au final, tuer… / Que de violences et de méchancetés a-t-il infligé aux femmes, ce jaloux Caïnique démonisé à en perdre son âme… / Mais, que dire de ces avaricieux libidineux au pouvoir qui se cultivent dans le noir tout en menant nos cités à la dérive, comme c’est malheureux ! De justice on nous prive… / Crimes par-dessus crimes ; atteignant désormais des cimes… / Ils prennent soins de transmettre leur savoir à leurs héritiers criminels notoires, gage de leur sempiternel lignée, corrompus. / Oui franchement, ça pue ! / Le cœur et l’âme plus noir que le trou du cul du Diable, non, ce n’est pas seulement une fable… / Et, ça rime en crimes ! »

Justice. Schiappa Marlène :

Justice (Schiappa Marlène) (1) : (11 mai) 2018. Marlène Schiappa, secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes a une telle confiance en la justice française qu’en matière de harcèlement sexuel au travail, elle a décidé - de concert avec le président de la République, le premier ministre, sa consœur, ministre de la justice - de n’en rien changer.
Alors que le monde entier est encore si profondément bouleversé par les conséquences de « l’affaire Harvey Weinstein », l’efficacité de la justice française, pour la permanence du patriarcat et la domination masculine était-elle par trop probante ? 341 [Repris dans Marlène Schiappa. Femmes. « Politiques »]
N.B. Pour rappel : Non seulement les « ordonnances Macron » ont, en droit du travail, restreint les droits des femmes en la matière ; non seulement, les femmes pâtiront, comme tous les justiciables, de la réforme actuelle de la justice initiée par Emmanuel Macron ; mais, en sus, la lutte contre le harcèlement sexuel ne fait pas partie des réformes présentées avec la ministre du travail, comme relevant de l’égalité professionnelle hommes-femmes. (Cf. Femmes. « Politiques ». Schiappa Marlène, Justice. Macron Emmanuel, Patriarcat. Weinstein Harvey, Violences à l’encontre des femmes. Harcèlement sexuel)

Justice (Schiappa Marlène) (2) : (11 mai) 2018. Marlène Schiappa, secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes a une telle confiance en la justice de la justice française qu’en matière de harcèlement sexuel au travail, qu’elle a décidé - de concert avec le président de la République, le premier ministre, ses consœur, ministre de la justice et du travail - de former ceux et celles qu’elle nomme avec dignité, respect et élégance, « les personnels de standard » et ce, « en quelques semaines », qui seront chargé-es de répondre savamment aux personnes qui appelleront ledit standard. 342
- En faisant fi, elle qui ne s’affirme féministe que depuis un an, des 33 ans d’initiatives législatives, d’avancées jurisprudentielles, de compétences juridiques, d’innombrables procès préparés, défendus, plaidés par l’AVFT.
« L’État doit reprendre la main » ainsi, a-t-elle justifié sa décision, et ce, après un jugement politique dépourvu de toute ambiguïté. 343
- S’est-elle vraiment rendue compte de l’énormité politique, à tant de titres, d’une telle assertion ? (Repris dans Marlène Schiappa. Femmes. « Politiques »)

Justice (Saisie) : « La justice est saisie » : cette phrase est devenue une fosse dans laquelle s’engouffrent aisément toutes les innombrables questions auxquelles la société ne peut et ne veut répondre. Mais même tombées au fond du puit où elles ont été jetées, elles n’en demeurent pas moins toujours là, dans l’attente des réponses appropriées. (Cf. Politique)

Justice. Comtesse de Ségur :

Justice (Ségur Comtesse de) (1) : 1868. La comtesse de Ségur [1799-1874], dans Diloy le chemineau, auteure de :
- « Le Baron, colère : C’est un gredin et s’il ose jamais se présenter chez moi, je ferai lâcher mes trente chiens sur lui.
-
Madame d’Orvillet : Vos trente chiens mettraient le pauvre homme en pièces, et vous feriez une mauvaise affaire.
-
Le Baron, avec surprise : Avec qui donc une affaire ?
- Madame d’Orvillet, sèchement : Avec le procureur impérial. :
-
Le Baron, avec dédain : Pour un manant de cette espèce ?
-
Madame d’Orvillet, sévèrement : Ce manant est un homme, monsieur, un homme, comme vous. […] » 344

Justice (Ségur Comtesse de) (2) : 1868. La comtesse de Ségur [1799-1874], dans Diloy le chemineau, auteure de :
- « Le général : [...] Je te le demande à toi-même. Ce serait juste et bien ?
-
Gertrude : Pas tout à fait, mon oncle, mais ce serait beau.
- Le général : Chère enfant, ce qui est injuste, ne peut pas être beau. […] » 345 (Cf. Dialogues)

Justice (Smith Adam) : 1759. Adam Smith [1723-1790], dans sa Théorie des sentiments moraux, auteur de :
« Quand un homme a corrompu tous les juges, la plus anonyme des décisions de cour, quoiqu’elle puisse lui faire gagner son procès, ne peut lui donner aucune assurance sur la justice de sa cause. » 346 (Cf. Politique. Morale)

Justice (Soral Alain) : (29 novembre) 2016. Alain Soral a été reconnu coupable de « menaces d'atteinte à la vie privée » et d’« envoi réitéré de messages malveillants », alors qu’il s’agissait de menaces fort réelles, a condamné à une - simple - amende. Je lis sur Marianne, ce qu’il écrivait notamment à la personne qui avait osé le refuser :
« Tu peux aller te faire foutre » ; « Ton destin est d’être un fantasme à vieux blanc juif pervers… » ; « Les blancs prennent les blacks pour des putes (ce qu’elles sont le plus souvent) » ; « Finalement il ne te reste de sûr que les juifs et les pédés ! » ; « Les pédés comme amis pour t’écouter chialer que ton destin c’est d’être une pute à juifs… ». Mais les concernant, le tribunal avait constaté « l'extinction de l'action publique » pour les « injures raciales ».
Comment croire au droit et à la justice ? (Cf. Droit, Hommes. Machos, Soral Alain, Êtres humains, Relations entre êtres humains. Injures. Haine, Justice, Violences. Violences à l’encontre des femmes. « Fantasmes ») 347

Justice. Sorcières :

Justice (Sorcières) (1) : 1831. Concernant les procès de femmes considérées et traitées par la justice comme des sorcières, lire le procès d’Esmeralda dans le Notre-Dame de Paris de Victor Hugo [1802-1885]. 348 (Cf. Femmes. Sorcières)

Justice (Sorcières) (2) : (3 novembre) 2019. Réhabiliter les sorcières (cf. ce jour la pétition signée aussi, sans crainte du ridicule, par Marlène Schiappa) :
« Sorcières de tous les pays, unissons-nous », ne me parait pas être le grand pas en avant qui permettrait aux femmes de se projeter positivement dans un avenir, notamment juridique, radieux. 349 (Cf. Femmes. Sorcières)

Justice (Souvenir) : 1782. Lorsqu’il est demandé à une victime (notamment) aux fins d’établir la vérité de ses dires, de faire état de ses souvenirs, sans qu’elle ne puisse être prise en défaut, penser à ce qu’écrit Jean-Jacques Rousseau [1712-1778], dans Les confessions :
« Je n’ai un souvenir si confus de toute cette affaire, qu’il m’est impossible de mettre aucun ordre, aucune liaison dans les idées qui m’en reviennent, et que je ne puis les rendre qu’éparses et isolées comme elles se présentent à mon esprit. » 350 (Livre 12) (Cf. Justice. Procès, Penser. Vérité, Histoire. Mémoire)

Justice (Statut du lanceur d’alerte) : 2016. Les femmes qui dénoncent en vain si souvent les hommes violents, si souvent au péril de leur vie et de celles de leurs enfants, ne devraient-elles pas, elles aussi, bénéficier du statut programmé des lanceurs d’alerte : « un statut unique, l’anonymisation de leur signalement, des mesures de protection contre les représailles, la prise en charge des frais de justice si elles doivent se défendre d’attaques et d’accusations injustifiées ». 351
Et si certain-es considèrent que cette demande est une remise en cause de la justice, c’est tout simplement la justice qui doit être remise en cause ; celle-ci ne saurait être invalidée sur ce fondement.
- Une correction cependant à cette demande : pour moi, la justice doit, d’emblée, être gratuite.
* Ajout. 2018. Pour une critique de la loi et de la justice, en la matière : (Cf. Justice. Gibau Stéphanie, Violences. Violences à l’encontre des femmes)
* Ajout. 2022. Le terme de « lanceur/euse » d’alerte est - politiquement - une régression comparée à celui de « dissident-e ». (Poursuivre)

Justice. Suicides après assassinat :

Justice (Suicides après assassinats) (1) : Un homme qui, après avoir tué ‘sa’ femme (et si souvent ‘ses’ enfants), se suicide, retire à la justice le pouvoir de le condamner ; c’est aussi, sans limiter sa mort à cette ‘explication‘, la dernière et suprême expression de son affirmation de pouvoir, car : « avec lui, le crime s’éteint ». Sa mort le soustrait à la justice. Mais la mort du (présumé) coupable n’efface pas, pour les victimes, les crimes qu’il a commis. Si l’homme est mort, « la défense de l’ordre public » (incarnée par le procureur), n’en a pas moins été attaquée. Non ? (Cf. Violences. Suicides après assassinat[s])

Justice (Suicides, décès après assassinats) (2) : Alexandra Lange, évoquant la première fille de Sylvie, première épouse de son mari, qui avait été, entre autres violences, violée par lui entre 4 et 6 ans, dans Acquittée. Je l’ai tuée pour ne pas mourir, écrit fort justement :
« Pour ses déclarations qui n’ont jamais bien entendu donné lieu à un procès puisque mon mari n’était plus, ‘il’ restera à jamais présumé innocent et il faut que ce soit ainsi qu’on le considère. » 352 (Cf. Violences. Suicides après assassinat[s])

Justice. Syndicat de la magistrature :

Justice (Syndicat de la magistrature) (1) : (3 novembre) 2014. Le syndicat de la magistrature organise un colloque intitulé :
« Le corps du délit ou la libre disposition de soi ». Sont notamment invités Daniel Borillo, Éric Fassin, Ruwen Ogien, Morgane Merteuil… dont les positions concernant le proxénétisme sont connues depuis longtemps.
- Ce qui [me] choque, entre autres, c’est qu’ils se réunissent sous l’égide du syndicat de la magistrature. En effet, selon ses statuts, celui-ci a pour objet de :
« veiller à ce que l’autorité judiciaire puisse exercer sa mission en toute indépendance, d’étudier et de promouvoir toutes les réformes nécessaires concernant l’organisation et le fonctionnement de la justice, ainsi que le recrutement, la formation et la carrière des magistrats ; de défendre les intérêts professionnels des membres du corps judiciaire, d’informer ses membres sur les plans professionnels et syndicaux et de veiller à la défense de la liberté et des principes démocratiques. ».
Le syndicat de la magistrature « milite pour une justice indépendante afin de permettre une justice égale pour tous ; un procès équitable pour tous ; éviter l’impunité des puissants notamment en matière de délinquance économique et financière ; permettre aux magistrats de jouer pleinement leur rôle constitutionnel de gardien des libertés individuelles à l’abri des pressions médiatiques et politiques ; combattre le déséquilibre entre les pouvoirs de police et de justice afin de préserver l’indépendance des magistrats et permettre un contrôle réel sur les services de police. »
- Ce qui [me] choque aussi, c’est qu'en tant que juristes, le syndicat de la magistrature puisse accepter qu' « interruption volontaire de grossesse, assistance médicale à la procréation, procédures de changement de sexe, gestation pour autrui, prostitution, fin de vie » puissent être considérés comme comparables, sans même évoquer les présupposés des formulations…
- Ce qui [me] choque enfin, si l’on reprend le titre du colloque, c’est que « le corps » puisse être séparé de l'être humain, que celui-ci puisse être assimilé à « la libre disposition de soi » et que cette assertion - qui bouleverse tout le droit - soit légitimée. (Cf. Êtres humains, Corps, Droit, Justice. Impunité, Politique. Gauche. Principe. Réformes, Proxénétisme, Sexes. « Changement de sexe », Violences. Sade)

Justice (Syndicat de la magistrature) (2) : 2006. Dans Le sexe et ses juges, une publication antérieure du syndicat de la magistrature, on peut notamment lire, sous la plume de Catherine Breillat, « cinéaste », dont les connaissances juridiques ont sans doute été jugées suffisantes pour que ses analyses méritent d’être publiées, sous l’intitulé : La loi a inventé la pornographie, ceci :
« Et de ce point de vue, les juges devraient dire la loi plutôt que d’ânonner pour consacrer le politiquement correct. Car la justice n’arrive pas à définir ce qu’elle réprime. […] » 353 (Cf. Pornographie)

Justice. János Székely :

Justice (Székely János) (1) : 1946. János Székely [1901-1958), dans L’enfant du Danube, auteur de :
« […] Eh bien mes enfants, Qu’en pensez-vous, Est-ce juste, nous demandait-il [l’instituteur] enfin ?
- Non ! Criions-nous en chœur, car nous trouvions vraiment que ce n’était pas juste.
- Eh bien si ce n’est pas juste, ne faudrait-il pas changer cela ? disait-il comme si l’idée venait de lui passer par l’esprit. Qu’en pensez-vous ? : comment pourrait-on changer cela ?
- Silence. Puis le maître élevait la voix et concluait d’un ton solennel :
- Mes enfants, cela ne sera changé que si vous le changez quand vous serrez grand. » 354 (Cf. Enfants, Politique)

Justice (Székely János) (2) : 1946. János Székely [1901-1958), dans L’enfant du Danube, auteur de :
« Je distinguais une voix familière et lançais un regard de ce côté -là. C’était le comte de notre village. Nos yeux se croisèrent, mais il ne me reconnut pas. Il ne m’aurait pas reconnu même si j’avais été à lui, car le comte ne reconnaissait pas ses paysans. Mais, moi, je te connais, pensais-je ; je te connais, comte, toi qui ris si fort. Berci est mot parce que tu payais son père pour une semaine de travail, moins que tu ne vas payer ton déjeuner dans ce beau café. Berci allait en classe pieds nus en hiver ; son estomac grondait de faim si fort que nous l’entendions parfois, lorsque tout le monde se taisait, pendant une composition. Mais tu ne fais qu’en rire. Que t’importe la vie de Berci ? Ta conscience est pure. Tu sais qu’aucun comte sur terre ne te jugerait coupable. Eh bien, continue à rire. Je vois ta tête ricanante plantée au bout d’une pique. Je vois le nouveau György Dozsa mener son armée de paysans à l’assaut de ton château. […].
Ils sont des meurtriers et ils ne le savent pas. À moins… » 355

Justice (Tapie Bernard) : 2000. Véronique Vasseur, dans Médecin-chef à la prison de la Santé, concernant Bernard Tapie [1943-2021], auteure de :
« ‘Vous avez des yeux magnifiques’ me lance-t-il en m’accueillant avec une poignée de main chaleureuse. ‘Vous n’êtes pas dupe, vous ne pouvez pas croire à la justice de votre pays’, me dit-il. Et je réponds : ‘Si, la preuve, vous êtes ici’. Fin de l’entretien. » 356 (Cf. Dialogues)

Par ordre chronologique. Justice. Anton Tchékhov :

Justice (Tchékhov Anton) (1) : 1894. Anton Tchékhov [1860-1904], dans Le récit du jardinier-chef, auteur de :
« ‘Accusé ! dit le président au prévenu. Le tribunal te déclare coupable du meurtre du docteur un tel et te condamne à … ’
Le président voulait dire ‘à la peine de mort’ mais il laissa échapper la feuille de papier portant la sentence, essuya une sueur froide et s’écria :
- ‘Non ! Si je te juge injustement, que Dieu me punisse, mais je jure qu’il est innocent ! Je n’admets pas l’idée qu’il puisse exister un homme qui ait eu le front de tuer notre ami le docteur ! Un homme ne peut pas tomber si bas.
- ‘Non, il ne peut exister un homme pareil’ acquiescèrent les autres juges.
On relâcha le meurtrier et personne n’accusa les juges d’injustice. Et Dieu, ajoutait ma grand-mère, Dieu, en récompense d’une si grande confiance en l’homme pardonna leurs péchés à tous les habitants de la ville.
[…]
Admettons que le verdict d’acquittement ait fait du tort aux habitants de la ville, en revanche, jugez de l’influence bienfaisante qu’a eue sur eux cette confiance en l’homme, confiance qui ne peut rester lettre morte.
[…] C’est cela qui compte. » 357

Justice (Tchékhov Anton) (2) : 1896. Anton Tchékhov [1860-1904], dans Ma vie. Histoire d’un provincial, auteur de :
« Mais surtout, ce qui me stupéfiait le plus dans ma nouvelle situation, c’était l’absence totale de justice, ce que le peuple définit par les mots : ‘Ils ont oublié Dieu’. » 358
Constat/analyse qui permettrait partiellement de mieux comprendre, au-delà de l’aliénation-des-masses-dominées-par-la-religion, sa permanence, sa résurgence, par l’appel à un dieu juste et / ou la force de ceux qui s’adossent à ce projet ? (Cf. Politique)

Justice (Tchékhov Anton) (3) : 1896. Anton Tchékhov [1860-1904], dans Ma vie. Histoire d’un provincial, auteur de :
« Cette visite tardive et l’ordre inattendu qu’on me donnait de me rendre chez le gouverneur m’accablèrent au dernier degré. De ma plus tendre enfance j’avais gardé la peur des gendarmes, des policiers, des juges et maintenant l’inquiétude ma tenaillait comme si j’avais effectivement été coupable. » 359

Justice (Tchékhov Anton) (4) : 1898. Anton Tchékhov [1860-1904], dans De l’amour, auteur de :
« Louganovitchvice-président du tribunal »] était une bonne pâte, une de ces âmes simples qui s’en tiennent énergiquement à l’idée que du moment qu’un homme est inculpé, c’est qu’il est coupable et qu’on ne peut élever de doutes sur l’équité de la sentence autrement que par voie de procédure et par écrit, mais en aucun cas au cours d’un repas et dans une conversation privée. » 360

Justice (Terkel Studs) : 1986. Studs Terkel [1912-2008], dans Hard times. Histoires orales de la grande dépression, auteur [retransmet la parole de] de :
« C’était l’époque où la saisie des fermes arrivait chez nous. […] Les gens étaient désespérés. Ils ont presque failli pendre un juge. Parce qu’ils ont vu ce juge en train de saisir les propriétés et qu’ils n’avaient pas d’autre moyen d’arrêter ça. Il avait la liasse des saisies dans son bureau. Ça s’est passé à Le Mars [Iowa]. Ils ont sorti le juge du tribunal, l’ont amené sur le champs de foire, lui ont mis la corde au cou et ont passé la corde sur une branche. Ils allaient le pendre à l’ancienne, comme les voleurs de chevaux. Mais quelqu’un a été assez sage pour leur dire d’arrêter avant d’aller trop loin. » 361 (Cf. Êtres humains, Politique. État, Économie, Violences)

Par ordre chronologique. Justice. Témoins :

Par ordre chronologique. Justice. Témoins. Voltaire :

Justice (Témoins) (1) : (29 juillet) 1762. Voltaire [1694-1778] dans une lettre à Philippe Debrus [1762-?], auteur de :
« Je prie encore une fois Mme Calas [Anne-Rose Cabibel. ?-?] de rester tranquille. Mme de Pompadour, toute sa cour sera pour elle. […] On n’a que faire à présent de sa servante, on sait assez que cette servante a déposé en faveur de son maître. On n‘a besoin de personne. » 362 (Cf. Femmes. Servantes)

Justice (Témoins) (2) : (Vers le 7 août) 1762. Voltaire [1694-1778] dans une lettre à Philippe Debrus [1762-?], auteur de :
« Si Mme Calas [Anne-Rose Cabibel] était une femme éloquente, dont la figure, les discours, et les larmes fissent une profonde impression sur les esprits, si elle savait dire de ces choses qui ébranlent l’imagination des hommes, et qui pénètrent le cœur, je lui dirais, montrez- vous partout, parlez à tout le monde ; mais ce n’est pas là son caractère ; M. Crommelin [Jean-Pierre. conseiller d’État à Genève [?-?] en est convenu avec moi, il pense que dans le moment présent il faut qu’elle se montre peu, et qu’on agisse beaucoup pour elle. » 363

Justice (Témoins) (3) : (Vers le 7 août) 1762. Voltaire [1694-1778] dans une lettre à Philippe Debrus [1762-?], concernant le procès Calas, auteur de :
« J’ai toujours pensé qu’il ne fallait pas de si-tôt parler des filles [les deux filles de Calas]. » 364 (Cf. Justice. Patriarcale)

Justice (Témoins) (4) : 1968. Guy Béart [1930-2015] chante dans La vérité :
« […] Le témoin a dit la vérité, il doit être exécuté. […] »

Justice (Témoins) (5) : (2 août) 1993. Madeleine Riffaud, auteure de :
« Le témoin, c’est celui qui a vu et c’est celui qui dit ce qu’il a vu. » 365 (Cf. Femmes. Remarquables. Riffaud Madeleine, Penser, Politique, Histoire)

Justice (Témoins) (6) : 2018. Arundhati Roy, dans Le Ministère du Bonheur Suprême, auteure de :
« Mon amie Manpreet était alors journaliste à Srinagar [Inde]. Elle a découvert qui était derrière la machination et qui avait tué Jalib Qadri. Elle est allée avec ma mère au commissariat pour en informer la police. On ne l’a pas écoutée parce qu’elle est une femme et une parente de l’accusé. Et parce que les policiers de Jammu-et-Cachemire [État du Nord de l’Inde] sont pour la plupart des musulmans Cachemiris. L’inspecteur leur a dit : ‘Si je veux, je peux vous faire brûler vives ici, mesdames. J’ai ce pouvoir. » 366(Cf. Droit, Êtres humains, Femmes, Famille, Justice. Procès, Patriarcat, Politique. Islam. État. Répression. Lois, Violences contre les femmes)

Justice. Léon Tolstoï :

Justice (Tolstoï Léon) (1) : 1865-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, auteur de :
« Où il y a des juges, il y a l’injustice, répliqua le petit homme. »
367

Justice (Tolstoï Léon) (2) : (8-15 mars) 1881. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit au tsar Alexandre III [1845-1894] :
« […] Si l’on pardonne aux criminels et qu’on les laisse sortir de prison, c’est le pire qui se produira. Mais pourquoi cela serait-il ? Qui l’a dit ? Comment le prouverez-vous ? Par votre peur. Vous n’avez pas d’autre preuve. De plus vous n’êtes en droit de rejeter aucun remède, puisque tout le monde sait que les vôtres sont sans valeur.
On vous dira : libérez-tous, ce sera le massacre ; on ne relâche quelques-uns, on a quelques désordres ; relâchez-en beaucoup, ce seront de grand désordres. On raisonne en parlant des révolutionnaires comme s’il s’agissait de quelconques malfaiteurs, d’une bande qui se défait une fois qu’on en a capturé tous les membres.
Mais les choses ne se présentent pas du tout comme cela, ce n’est pas le nombre qui importe. Il ne s’agit pas d’exterminer ou d’emprisonner encore davantage, mais de détruire le ferment qui les travaille et de leur en apporter un autre. Qui sont les révolutionnaires ? Ce sont des gens qui haïssent l’ordre existant, qui le trouvent mauvais et qui imaginent les bases d’un nouvel ordre des choses qui serait meilleur. On ne peut pas les combattre en les tuant, en les exterminant. Ce n’est pas leur nombre qui compte, mais leurs idées. Pour les combattre, il nous faut des armes spirituelles. Leur idéal est l’aisance pour tous, l’égalité, la liberté. Pour les combattre, il faut leur opposer un idéal qui serait supérieur au leur, qui embrasserait le leur.
[…] » 368 (Cf. Penser, Politique. Répression, Révolution)

Justice (Tolstoï Léon) (3) : (17 août) 1890. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Pensé : D’où vient que nous sommes si contents d’accuser, et que nous accusons si méchamment et si injustement ? De ce qu’accuser les autres nous décharge de notre responsabilité. Il nous semble que notre mal vient non pas de ce que nous sommes mauvais, mais de ce que les autres sont coupables. » 369

Justice (Tolstoï Léon) (4) : (26 août) 1890. Léon Tolstoï [1828-1910] écrit dans son Journal :
« Une condamnation assaisonnée d’esprit, c’est du cadavre à la sauce. Sans sauce, on serait dégoûté, mais avec la sauce, on ne remarque pas qu’on l’avale. »
Remplacer ‘sauce’ par : ‘droit’ : ? 370

Justice (Tolstoï Léon) (5) : 1899. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Résurrection, auteur de :
« C’étaient des réponses semblables, en forme de questions, que Nekhlioudov trouvait dans des ouvrages savants à son unique et fondamentale question.
Ils recélaient beaucoup d’intelligence, beaucoup de science et d’intérêt, mais la réponse à la question principale manquait : de quel droit un homme en punit-il d’autres ? Non seulement, la réponse manquait, mais tous les raisonnements tendaient à expliquer et à justifier le châtiment dont la nécessité était reconnue comme un axiome.
» 371

Justice (Transaction) : 2013. Bernard Arnault, patron de LVMH, première fortune et premier annonceur de France, conclut en Belgique, une transaction pénale « dont le montant n’a pas été révélé » afin d’obtenir l’abandon des poursuites le concernant, ouvertes en 2012. Et c’est dans le communiqué du Parquet il est écrit que cette transaction n’impliquait « aucune reconnaissance préjudiciable de culpabilité de sa part. » 372
- Signer une transaction, c’est acheter à la justice le droit de ne pas être jugé coupable. (Cf. Droit. Économie. Luxe. Mélenchon Jean-Luc)

Justice (Transactionnelle) : (22 décembre) 2021. Puisque dorénavant « justice transactionnelle » il y a, une autre formulation :
« La justice transactionnelle, c’est beau comme une transaction, surtout pour ceux qui ont les moyens d’acheter leur tranquillité devant les tribunaux. » 373

Justice (Transparence) : La justice est censée être « rendue au nom du peuple français ». Dès lors, tous les procès doivent être filmés, retransmis en temps réel et accessibles visuellement d’un seul clic.
- Le refus de cette demande de vouloir maintenir - pour « le maintien de l’ordre public » et donc, pour la permanence de l’injustice - ce qui est actuellement si efficacement caché au « peuple » est clair. (Cf. Politique. Peuple. Transparence)

Justice (« Travaux forcés ») : (30 mai) 1854. Loi sur l’exécution de la peine des travaux forcés :
« Article 2 : « Les condamnés seront employés aux travaux les plus pénibles de la colonisation et à tous autres travaux d’utilité publique. »
Article 4 : « Les femmes condamnées aux travaux forcés pourront être conduites dans des établissements créés aux colonies : elles seront séparées des hommes et employées à des travaux en rapport avec leur âge et à leur sexe. » 374 (Cf. Justice. Patriarcale, Proxénétisme)

Justice (Tribunal) : Maria Deraismes [1828-1894], auteure de :
« Les tribunaux ne sont que le terme d’une échéance où se paient les sottises advenues et légiférées ; ils sont le dernier degré, la conséquence finale d’un principe faux, d’une loi inique, d’une constitution arbitraire. » 375
Toujours vrai, toujours aussi dramatique dans son principe et dans ses conséquences.

Justice (« Tribunal médiatique ») : Ils accusent, à l’occasion des manifestations féministes contre le film de Roman Polanski, accusé de viols, J’accuse, les féministes - toutes allégrement confondues, celles choisies par eux fera l’affaire - d’exercer une censure, qu’ils nomment « tribunal médiatique » et qu’ils opposent à « la justice ». Outre le fait
- qu’une manifestation de féministes peut difficilement comparée aux moyens mis en œuvre par l’État, par Google et alii,
- qu’une censure médiatique ne peut être que le fait des médias eux-mêmes,
- que si les médias révèlent ces manifestations, c’est sans doute que cela concerne, intéresse ‘le public’, et tout simplement relève de leur devoir,
- que je doute que l’un quelconque d’entre eux ait la moindre idée de la manière dont la justice traite les femmes violées, violentées, battues,
ce que leurs accusations révèlent c’est que ces hommes supportent mal que la parole des féministes soient relayées par les médias, jusqu’alors leurs quasi exclusifs soutiens.
- Pour une caricature, odieuse par ailleurs, cf. l’émission Signes des temps, de France Culture, le 24 novembre 2019. (Cf. Justice. Polanski Roman, Politique. Liberté d’expression, Médias)

Justice. Donald Trump :

Justice (Trump Donald) (1) : (1er juin) 2016. Selon USA Today, Donald Trump serait, depuis 30 ans, impliqué, comme plaignant ou accusé, dans 3.500 procès. 376
La comparaison avec la situation (comptabilité exclue) de Nicolas Sarkozy évite tout nationalisme et élargit la réflexion. 377

Justice (Trump Donald) (2) : 2018. Bob Woodward dans : Fear, Trump in the white House, cite le conseil donné par Donald Trump, président des États-Unis à un homme dénoncé par une femme :
« Il faut nier, nier, nier et faire reculer ces femmes, assure-t-il à un ami mis en cause, si tu admets la moindre chose, la moindre culpabilité, tu es un homme mort. » 378 (Cf. Droit, Hommes. « Politiques », Politique. État, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice. Renaud Van Ruymbeke :

Justice (Van Ruymbeke Renaud) (1) : (18 janvier) 2021. Renaud Van Ruymbeke, auteur de : « Aujourd'hui, la justice, elle est émancipée, complètement ».
- « émancipée » : ? ; de qui, de quoi : ? 379 (Cf. Justice. État. Juges. Van Ruymbeke Renaud)

Justice (Van Ruymbeke Renaud) (2) : (22 janvier) 2021. Renaud Van Ruymbeke, dans son analyse du rôle, de la fonction de la justice et des juges d’instructions oppose « les faits, une démonstration » à « une opinion fondée sur des impressions », puis, ultérieurement, ne dissocie pas « la vérité des faits », de la « vérité judiciaire ». 380 (Cf. Justice. État. Juges. Van Ruymbeke Renaud)

Justice (Vécu féministe) : Qui n’a assisté à ceci : un agresseur de femmes, agressant et la juge et son avocate, la seconde, dépassée, impuissante, en colère, n’ayant pour seule arme inutile de le menacer de ne plus le ‘défendre’, tandis que la première, démunie, apeurée, s’écrasait littéralement devant lui, et donc le cautionnait, ne peut parler justement de la justice. Entre autres si nombreux exemples…381

Justice (Vian Boris) : 1951. Boris Vian [1920-1959], dans son Traité de civisme, auteur de :
« Avez-vous remarqué qu'on dit ’rendre la justice’. On nous l'aurait donc prise ? Alors, on nous fait juger par des voleurs ? » 382

Justice. Vice de procédure :

Justice (Vice de procédure) (1) : Cf. Droit. Fond / Forme

Justice (Vice de procédure) (2) : Une injustice en moins : que les vices de procédure ne puissent plus jamais être pris en compte pour invalider une décision de justice. En effet, pour reprendre Eva Joly, « un infime décalage dans l’enchaînement des opérations peut entraîner l’annulation de toute la procédure. » 383
Le constat ne suffisant en rien, que faire dès lors ? Que de telles décisions ne puissent plus jamais se produire et que le droit confronté aux conséquences de ses iniquités (Cf. les exemples plus bas) et dont il est seul responsable, soit réécrit.
Je n’oublie pas qu’en France, le premier procès dit de « droit de cuissage » a été clos en faveur du violeur pour une histoire de tampon inapproprié. 384 (Cf. Droit. Fond / Forme, Femmes. « Politiques ». Joly Eva, Violences. Violences à l’encontre des femmes. « Droit de cuissage »)

Par ordre chronologique. Justice. Vice de procédure :

Justice (Vice de procédure) (1) : 2002. Lu, dans le livre de Jacques Vergès [1924-2013], Dictionnaire amoureux de la justice, cet exemple qu’il considère d’ailleurs non pas comme une injustice mais comme une possibilité ouverte en matière de « stratégie judicaire » pour un avocat compétent et habile [sans date] :
« Un homme déjà condamné pour proxénétisme est à nouveau arrêté pour les mêmes faits [!]. Se trouvant en état de récidive légale, il encourt une peine de dix ans de prison (maximum vingt ans). Le réquisitoire introductif du procureur qui précède la saisine du juge d’instruction n’est pas signé. C’est un oubli qui entraîne la nullité de toute l’instruction. […] » 385 (Cf. Droit, Justice. Avocat-e, Proxénétisme)

Justice (Vice de procédure) (2) : (4 février) 2014. Un récent exemple :
« Un animateur de centre de loisirs de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), poursuivi pour avoir agressé sexuellement plus d'une dizaine de jeunes garçons au sein de l'école primaire et du centre où il travaillait, comparaît mardi devant le tribunal correctionnel de Créteil [entre 2004 et 2010].
Écroué une première fois en 2010, l'homme de 37 ans avait été relâché à la suite d'une erreur de procédure. […]
Interpellé à l'automne 2010, le prévenu avait très vite reconnu les faits et confié aux enquêteurs qu'il se livrait à des actes pédophiles depuis 1998. À l'époque, il donne même, de son propre chef, quatre noms de victimes supplémentaires. Déféré, il est mis en examen pour viols sur mineurs et incarcéré. Pourtant, en février 2011, le juge d'instruction en charge de l'affaire requalifie les faits en ‘attouchements sexuels’ et décide de le remettre en liberté sous contrôle judiciaire. Une décision contre laquelle le parquet de Créteil fait appel, conforté par une décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris. Problème, les magistrats de la chambre de l'instruction oublient de délivrer un nouveau mandat de dépôt pour prolonger la détention du prévenu ! Après quatre mois de prison, l'homme est remis en liberté. C'est donc libre qu'il comparaît ce mardi. Une décision ‘inadmissible’ pour Béatrice Chevassus, déléguée de l'association Enfance et partage également partie civile. » 386 (Violences. Violences à l’encontre des enfants)

Justice (Vice de procédure) (3) : (8 décembre) 2016. Un second exemple lu sur La Voix du Nord : Le 1er mai 2015, Sandra Mazingue, 41 ans, mère de quatre enfants, est assassinée à Hazebrouck. Procureur, enquêteurs, médecin légiste insistent sur l’ampleur de la violence, sur « l’acharnement » dans la violence : multiples fractures aux jambes, aux côtes, au sternum, coups qui ont provoqué une hémorragie interne. Selon le procureur de Dunkerque, Éric Fouard, son concubin, qui avait pris la fuite, reconnaît « des gifles car elle le menaçait avec un couteau, mais explique que, quand il est parti, elle était vivante et qu’elle s’est fait cela toute seule. » Il admet avoir été présent sur les lieux du drame mais nie en être à l’origine. En détention à Sequedin, pour « meurtre sur conjoint », il vient d’être libéré, sans aucune forme de contrôle judiciaire, à la suite d’une décision de la Cour de cassation, à la suite d’un vice de procédure mis en lumière par son avocat Frank Berton. « Un incident de numérisation fait qu’il manque une page ou deux au dossier (des pages sans importance particulière) arrivé à la cour d’appel de Douai », confirme Philippe de Monjour, avocat général près la cour d’appel qui avait confirmé le maintien en détention.
La Cour de cassation a, dans un deuxième temps, a validé l’argument de la défense et remis H. en liberté.
« Procéduralement parlant, on ne peut pas faire autrement », assure l’avocat général. L’instruction se poursuit à Dunkerque, où le procureur, Sébastien Piève, déplore la situation. Il a requis un contrôle judiciaire. Il appartient au juge d’instruction de mettre en place ou non la surveillance. Pour ce faire, la loi veut qu’il ait reçu l’arrêt de la Cour de cassation. Les délais administratifs font que ce n’est pas le cas. » 387
- Sur Wikipédia, je lis au nom de l’avocat qui a obtenu, grâce au droit, cette décision : « Il souhaite devenir avocat pour, selon lui, ‘se rendre utile aux personnes dans le pétrin’ et ‘affronter l'institution’. » (Cf. Justice. Avocat-e)

Justice (Vice de procédure) (4) : 2016. Lu :
« Faouzi Lamdani, conseiller de François Hollande à l’égalité et à la diversité, défendu par l’avocat, ami de François Hollande, Jean-Pierre Mignard, est relaxé pour vice de forme par le Tribunal correctionnel de Paris en novembre 2015. Le mois précédent, à l’audience, le Procureur avait requis dix-huit mois de prison conte l’ex-homme à tout-faire [‘repassant ses costumes ou conduisant sa voiture’] de François Hollande, épinglant des ‘pratiques de voyous qui doivent être sanctionnés’. Mais le tribunal s’est refusé à examiner le fond du dossier estimant que l’accusation n’avait ‘pas respecté les exigences d’une procédure équitable.’ » 388

Justice. Victimes :

Justice (Victimes) (1) : Analyser le monde à travers le seul vécu des victimes - aussi fondamentaux ces récits ont joué et jouent-ils encore dans le dévoilement des violences - conduit, faute d’analyse politique plus globale, en règle générale, à n’y trouver qu’un agresseur, un bourreau… et /ou, d’autre-s victime-s. Première étape, mais insuffisante. (Cf. Femmes. Victimes)

Justice (Victimes) (2) : Blâmer la victime : l’hommage des faibles aux fort-es : ? (Poursuivre)

Justice (Victimes) (3) : Une victime considérée comme « innocente » [De quoi ? Par qui ? Selon quelle morale ?], serait-elle considérée par la justice comme « coupable » [mêmes questions] n’en serait-elle pas moins une victime ? [Mêmes questions]

Justice (Victimes) (4) : Que des avocats puissent se vanter, dans les médias, sans apparentes inquiétudes ni excès de critiques, du nombre des acquittements qu’ils auraient obtenus (notamment donc de violeurs, d’assassins, de ‘voyous’, de la « voyoucratie » 389 qu’il défend), donne une vraie mesure de l’avancement de la valeur supposée accordée aux « droits des victimes ». Sans même évoquer ce que cette affligeante vantardise narcissique révèle, en soi, de mépris, de déni de l’idée même de justice. 390.
« L’échec n’est pas une option » ai-je entendu dans la bouche de Me Dupond-Moretti. (Cf. Justice. Payante. Avocat-e. Dupond-Moretti Éric)
* Ajout. 25 octobre 2017. 1894. Lu, dans les Morticoles de Léon Daudet [1867-1942], la présentation de l’avocat Méderbe :
« Il réclamait des honoraires fabuleux. Ce qu’on lui payait, c’était l’acquittement sûr. Cet homme disposait d’un énorme pouvoir. Appuyé sur le code compliqué et labyrinthique des morticoles, il en connaissait toutes les ruses. […] » 391 (Cf. Justice. Avocat, Politique. Ruses)

Justice (Victimes) (5) : Comment expliquer que la justice ajoute tant de souffrance à celles déjà vécues et si souvent aggrave leur sentiment d’insécurité ? (Poursuivre) (Cf. Droit. Victimes, Penser. Expliquer)

Justice (Victimes) (6) : Focaliser le regard sur la seule victime, c’est escamoter le crime et son auteur.

Justice (Victimes) (7) : C’est le droit pour les femmes et les enfants de s’affirmer « victimes » - des hommes - qui leur fut récusé par la justice. (Cf. Droit, Famille, Justice. Patriarcale, Violences)

Par ordre chronologique. Justice. Victimes :

Justice (Victimes) (1) : 1997. Edwy Plenel, alors co-directeur avec Jean-Marie Colombani, du Monde, interrogé sur la déontologie des journalistes, répond, notamment en ces termes :
« Pour moi, le vrai défi est le suivant. Il est vrai qu’il y a un embellissement de la posture de la victime, qui s’est traduit, dans la profession d’avocat, par le fait que nombre de ténors se sont empressés de choisir la posture de la partie civile, la posture de la victime comme clientèle, au lieu de chercher, comme ce fut fait à de grands moments, par Jean-Denis Bredin dans les années soixante-dix notamment, la part d’innocence du coupable, ce qui doit être profondément le défi que se fait à elle-même la profession d’avocat. » (Cf. Culture. Bredin Jean-Denis, Justice. Avocat-e, Patriarcat, Penser)

Justice (Victimes) (2) : 2015. Cf. l’analyse de Shlomo Sand dans son texte : Je ne suis pas Charlie :
« Le profond dégoût éprouvé face au meurtre doit-il obligatoirement conduire à s'identifier avec l'action des victimes ? » 392 Non.
Plus encore, on peut même, dans certains cas (une femme violentée qui tue son mari), s’identifier à celui/celle qui tue : ce que nombre de femmes ressentirent, vécurent et exprimèrent à l’occasion des condamnations de Jacqueline Sauvage. (Cf. Féminisme. Victimaire, Justice. Procès. Jacqueline Sauvage, Politique. Concept. Oppression)

Justice (Victimes) (3) : (31 octobre) 2017. Lu :
« Encouragé par l'affaire Weinstein, Corey Feldman l'ancien enfant star qui aurait lui-même été abusé sexuellement a l'intention de révéler les noms de pédophiles influents du monde du cinéma. » Et il pose la question essentielle :
« Il y a des milliers de personnes à Hollywood qui détiennent cette information. Pourquoi est-ce que tout repose sur moi ? » 393 Oui, c’est là une question essentielle. (Cf. Culture. Hollywood, Droit. Victimes, Justice. Weinstein Harvey, Patriarcat. Weinstein Harvey, Violences. Violences à l’encontre des enfants)

Justice (Victimes) (4) : (avril) 2022. Je lis dans le rapport du Comité des états généraux de la justice, dit Rapport [Jean-Marc] Sauvé : Rendre justice aux citoyens, sous l’intitulé : « Renforcer la place de la victime dans le suivi probatoire » :
« Le comité partage l’idée de principe selon laquelle il convient d’intégrer la victime, si elle le souhaite, dans la prise en charge de l’auteur de l’infraction et, en tout état de cause, de lui permettre de bénéficier d’une meilleure information sur les obligations et interdictions à la charge de ce dernier la concernant, sur la libération du condamné lorsque celle-ci intervient à la date d’échéance de la peine et d’être consultée lorsqu’une décision de libération anticipée est sollicitée. » J’ai dû relire deux fois :
« Intégrer la victime […] dans la prise en charge de l’auteur de l’infraction. » Et le consoler ?
N.B. « Prendre en charge » : le fait d’assumer une responsabilité. (Cf. Patriarcat, Violences)

Justice (« Vindicte ») : 1986. En 1985, Francine Cockenpot [1918-2001] fut « victime d’un cambrioleur qui l’avait battue et laissée pour morte, elle avait perdu un œil. » (Wikipédia). En 1986, elle publie un livre intitulé L’agresseur, dans lequel elle s’interroge sur le pardon chrétien, précédé d’un « Avertissement » signé « L’Éditeur », en l’occurrence : Le Seuil. On y lit notamment :
« […] Il ne s’agit donc pas, on l’aura compris, d’une de ces complaintes que les rengaines démagogiques contre les agresseurs ou au nom des victimes transforment aujourd’hui en appel à la vindicte : comme si le crime ne pouvait qu’engendrer la haine et la répression. [...] » 394 (Cf. Justice. Pardon, Politique. État. Répression, Violences)

Par ordre chronologique. Justice. Voltaire :

Justice (Voltaire) (1) : (19 juillet) 1753. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Johann Erasmus von Senckenberg [1717-1795], écrit :
« Tout cela est bien triste, on fait une injustice en un moment et il faut des années pour avoir justice. »
- Puis, au même, le lendemain, 20 juillet 1753 :
« On a déjà demandé dix écus pour les frais d’un procès à peine commencé. Quoi ! On m’aura pris mon argent dans mes poches, et il en coûtera encore pour ne pas le faire rendre ? Et on me renverra à l’approbation qui viendra de Berlin [et donc de Frédéric II. 1712-1786] de tout ce qu’on fait Freitag et Smith ? [responsables des vols, emprisonnements et agressions de Voltaire et Marie-Louise Denis [1712-1790] à Francfort du 20 juin au 8 juillet 1753] Il y a grande apparence qu’on ne les désavouera pas. On soutient toujours ses ministres, surtout quand on veut mortifier ceux que ces ministres ont vexés. […] » 395

Justice (Voltaire) (2) : (2 septembre) 1753. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à la comtesse de Lützlenbourg [1683-1765], auteur de :
« Le tribunal des honnêtes gens et des esprits fermes est le dernier ressort pour les persécutés. » 396

Justice (Voltaire) (3) : (17 février) 1754. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Marie-Louise Denis [1712-1790], auteur de :
« On est bien fort quand on demande justice, et surtout quand cette justice se borne à faire connaître seulement la vérité. » 397 Puissant. Et, constat valable dans la meilleure des hypothèses…

Justice (Voltaire) (4) : (1er et 5 janvier) 1759. Cité par Voltaire [1694-1778], dans deux lettres : « Summum jus, summa injuria ». Traduction :
« Comble du droit, comble de l’injustice. » 398
- Formulation reprise notamment des Sermons de Bossuet [1627-1704] et préalablement par Cicéron [106-43 avant J-C] dans Des devoirs qui la qualifiait déjà alors de « maxime devenue proverbe. »

Justice (Voltaire) (5) : 1758. 1762. 1766. 1774. Voltaire [1694-1778] :
- le 5 janvier 1758, dans une lettre adressée à Denis Diderot [1713-1784], emploie l’expression « assassinat juridique », concernent Michel Servet [1511-1553] 399
- le 29 août 1762, dans une lettre adressée au comte [1700-1788] et à la comtesse d’Argental [1703-1774], concernant « l’affaire Calas » [1698-1762], il écrit :
« Je ne regarde ce jugement que comme un assassinat fait en robe et en bonnet carré »,
- même jour, dans une lettre adressé à Étienne-Noël Damilaville [1723-1768], il écrit :
« Je regarde le supplice de Calas comme un assassinat revêtu des formes de justice. Les assassins devraient être condamnés au moins à demander pardon à la famille et à la nourrir. » Puis :
- le 5 septembre 1762, dans une lettre à la duchesse de Louise-Dorothée de Saxe-Gotha [1710-1767] :
« J’espère qu’on réformera ce détestable arrêt d’assassins en robe. »
- le 21 septembre 1762, dans une lettre adressée à M. Chauvelin [1716-1773], :
« Pour moi, je ne connais point d’assassinat plus horrible et de plus punissable que celui qui est commis avec le glaive de la loi. » 400
- en octobre-novembre 1762, dans une lettre à Paul-Claude Moultou [1731-1797], :
« Je vous avoue que si on réforme, comme je le crois, l’abominable arrêt des assassins Visigoths en robe noire, ce sera pour moi une consolation bien touchante. »
- en mars-avril 1763, dans une lettre à Philippe Debrus [1762-?], :
« L’arrêt du parlement de Toulouse est déclaré injuste par le Conseil et par le public. Que pourrions-nous demander à présent ? Une réparation. David (l’un des juges ayant condamné Jean Calas [1698-1762]) devrait être condamné, solidairement avec les juges, à payer les frais du procès, et à demander pardon à la veuve ; mais c’est ce qu’on ne fera pas. » 401
- le 20 janvier 1766 (3 ans après Le traité sur l’intolérance), dans une lettre adressée à la Marie-Élisabeth de Dompierre, marquise de Florian [1115-1771], :
« Je n’aime point le titre (concernant une pièce consacrée à Callas [1622-1698]) d’assassinat politique, parce qu’un titre doit être simple, et non pas un bon mot. » Et il poursuit :
« Il est très vrai que la mort de Calas est un assassinat affreux, commis en cérémonie 402, mais il faut se contenter de le faire sentir sans le dire. » 403
- le 19 juillet 1766, à Étienne-Noël Damilaville [1723-1768], :
« […] L’assassinat juridique des Calas a rendu le arlement de Toulouse plus circonspect. Les cris ne sont pas inutiles. […] » 404
- le 4 novembre 1767, dans une lettre adressée à D’Alembert [1717-1783], il dénonce « les gens coupables d’assassinats judiciaires [qui] sont honorés. » 405
- le 15 janvier 1774, dans une lettre adressée à Frédéric II, roi de Prusse [1712-1786], il emploie à nouveau l’expression d’« assassinats juridiques » qui « déshonorent à jamais l’ancien parlement de Paris » concernant notamment le procès qui condamna le Chevalier de la Barre [1745-1766] à la torture, puis à la mort.
- le 28 juillet 1774, il écrit au comte d’Argental [1700-1788] :
« Il faut faire amende honorable à la nature et à la raison d’une barbarie abominable commise il y a quelques années avec le poignard des lois. »
- le 7 septembre 1774, il emploiera dans une lettre à madame du Deffand [1697-1780] l’expression de « poignard de la justice ». 406
- le 2 octobre 1774, il emploiera l’expression d’« assassinat [de La Barre] en forme juridique ». 407 (Cf. Justice. Juges, Langage, Politique. Torture)

Justice (Voltaire) (6) : (27 mars) 1762. Voltaire, [1694-1778], dans une lettre adressée au procureur Balthazar Espeir de Chazel [?-?] à propos de « l’affaire Calas », écrit :
« On se rappelle tant de jugements iniques qui ont égorgé l’innocence avec le poignard de la justice. » 408 (Cf. Justice. Juges)

Justice (Voltaire) (7) : (5 juillet) 1762. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au comte [1700-1788] et à la comtesse d’Argental [1703-1774], concernant « l’affaire Calas » :
« […] Comment peut-on tenir contre les faits avérés que ces pièces [de justice] contiennent ? Et que demandons-nous ? Rien autre chose sinon que la justice ne soit pas muette comme elle est aveugle, qu’elle parle, qu’elle dise pourquoi elle a condamné Calas. Quelle horreur qu’un jugement secret, une condamnation sans motifs ! Y a-t-il une plus exécrable tyrannie que celle de verser le sang [celui de M. Calas] à son gré, sans en rendre la moindre raison ? Ce n’est pas l’usage disent les juges ; eh ! monstres, il faut que cela devienne l’usage ! Vous devez compte aux hommes du sang des hommes [...] 409 (Cf. Justice. Juges. « Affaire Calas »)

Justice (Voltaire) (8) : (24 janvier) 1764. Voltaire [1694-1778], dans une lettre au duc de Richelieu [1696-1788], intervient en faveur d’un « sieur de Ladouz » alors en procès et dont « tous les documents ont été brûlés » dans « l’incendie de sa maison. »
Il « demande qu’on n’achève pas en frais et procédures de perfectionner [d’aggraver] sa situation et qu’on traitât les choses humainement, terme que ne connaît guère la justice. » 410

Justice (Voltaire) (9) : (septembre-octobre) 1765. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à un destinataire inconnu qui l’interrogeait sur l’évolution souvent opposée des jugements du public, écrit :
« Vous me demandez auquel des deux jugements je tiens. Je vous répondrai ce que dit un avocat vénitien aux sérénissimes sénateurs devant lesquels il plaidait : ‘Vos excellences, le mois passé, jugèrent de cette façon, et ce mois-ci, dans la même cause, elles ont jugé tout le contraire et toujours à merveille. » 411 (Cf. Droit)

Justice (Voltaire) (10) : (22 juillet) 1766. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à la duchesse Louise-Dorothée de Saxe-Gotha [1710-1767], la remercie d’avoir « placé ses bienfaits sur cette famille [Sirven] infortunée ». Et il poursuit :
« Il n’en a presque rien coûté pour l’opprimer, pour lui ravir les aliments, et pour faire expier la vertueuse mère, presque dans mes bras ; et il en coûte de très fortes sommes avant même qu’on se soit mis seulement en état de lui faire obtenir une ombre de justice. » Toujours vrai. (Cf. Justice. Gratuite. Payante)

Justice (Voltaire) (11) : (19 août) 1766. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Élie de Beaumont [1732-1786], écrit :
« […] Je ne connais qu’un juge équitable, encore ne l’est-il qu’à la longue : c’est le public. […] » 412

Justice (Voltaire) (12) : (13 janvier) 1768. Voltaire [1694-1778], dans une lettre importante à Joseph-Michel-Antoine Servan [Magistrat. Juriste. Criminaliste. Philosophe. 1737-1807] dans laquelle il lui présente ses analyses critiques du droit et de la justice en France, auteur de :
« Plus ces réflexions sont douloureuses, plus je vous exhorte, Monsieur, à découvrir nos plaies, quand même vous n’auriez pas l’espérance de la guérir. Vous montrerez au moins à la nation tout ce qui lui manque, et ce que le temps pourra lui donner un jour. » 413 (Cf. Justice. Patriarcale)
N.B. Publier les Œuvres complètes de Servan annotées - dont une partie, difficile d’accès et de lecture, est numérisée - serait bienvenu.

Justice (Voltaire) (13) : (1er mars) 1768. Voltaire [1694-1778], écrit à Pierre-Michel Hennin [1728-1807] :
« Il y a des monstres auxquels il ne suffit pas de leur rogner les ongles, il faut leur couper la tête. » 414

Justice (Voltaire) (14) : (24 septembre) 1768. Voltaire [1694-1778], écrit à Germain-Gilles-Richard de Ruffey [1706-1794] concernant ses litiges avec Charles des Brosses [1709-1777] : « Je n’ai d’autre intention que de tout souffrir pour tout pacifier. J’aime mieux être opprimé qu’oppresseur. Je sais perdre avec ceux qui veulent absolument gagner, et je ne prétends que prévenir un procès entre M. De Brosses et ma famille après ma mort. »
- Le commentaire de La Pléiade [1985] fut :
« Une phrase si extraordinaire de la part de Voltaire montre à quel point il redoutait son adversaire, certainement à juste titre. » 415

Justice (Voltaire) (15) : (21 novembre) 1768. Voltaire [1694-1778] écrit au comte d’Argental [1700-1788] :
« Je suis convaincu […] que rien n’est aussi injuste que la justice. » 416

Justice (Voltaire) (16) : (20 avril) 1770. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Théodore Sudre [avocat défenseur de Calas. ?-?], auteur de :
« (concernant « les barbares usages » de la justice [« jurisprudence »]) » « Dieu merci, la française est la seule dans l’univers entier chez qui on achète le droit de juger les hommes ; et chez qui les avocats ne parviennent pas à être juges par leur seul mérite. » 417

Justice (Voltaire) (17) : (8 avril) 1771. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à D’Alembert [1717-1783], écrit :
« […] Quand on voit les oppresseurs opprimés à leur tour, on doit bénir Dieu. » 418 (Cf. Justice. Loi du talion)

Justice (Voltaire) (18) : (8 juillet) 1772. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Jacques de Rochefort d’Ally [1698-1776], concernant le procès de M. de Morangiès [1728-1801], auteur de :
« Cent vraisemblances ne prévaudront jamais contre des billets payables à ordre, voilà ce que pense avec douleur. » 419 (Cf. Justice. Preuves)

Justice (Voltaire) (19) : (15 juillet) 1772. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Alexandre-Jean-Vincent Mignot [1725-1791], écrit concernant le procès de M. de Morangiès [1728-1801] :
« Les billets (les papiers, preuves signé-es par) de M. de Morangiès parlent contre lui, et le public me semble parler plus haut qu’eux. » 420 (Cf. Justice. Preuves)

Justice (Voltaire) (20) : (15 juillet) 1772. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Alexandre-Jean-Vincent) Mignot [1728-1790], écrit concernant M. de Morangiès [1728-1801] :
« Il est seul ; il a contre lui ses dettes, sa malheureuse réputation de vouloir faire des dépenses qu’il ne peut, ses liaisons avilissantes avec des courtières, des prêteuses sur gage, des marchands. » 421 (Cf. Justice. Preuves)

Justice (Voltaire) (21) : (31 octobre) 1772. Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Jean Lafosse [1745-1820], auteur de :
« Il est également ridicule et affreux de pendre deux femmes parce qu’il y a une petite fille morte. Si nos lois étaient bonnes voilà trois créatures qui seraient en vie. » 422

Justice (Voltaire) (22) : (7 décembre) 1774. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Frédéric II, roi de Prusse [1712-1786], concernant Gaillard d’Étallonde [1743-1800], inculpé [comme le Chevallier de la Barre qui, lui, fut exécuté], défendu, soutenu par Voltaire, auteur de :
« Rien n’est si aisé que d’être condamné à mort, et rien n’est si difficile que de connaître seulement pourquoi on a été condamné. »
Voltaire avait, même jour, dans une lettre adressée à Condorcet [1743-1794], exprimé une idée proche :
« Il est étrange qu’il soit si difficile de réparer le crime absurde [commis par la ‘justice’] qu’il a été si facile aux juges de le commettre. » 423

Justice (Weinstein Harvey) : Les conditions dans lesquelles ont eu lieu les révélations des violences d’Harvey Weinstein et les dévoilements qu’elles ont enfin permises sont la plus terrible critique de la justice telle qu’elle fonctionne, ici, dans le monde dit occidental, et le plus terrible révélateur de ce qu’est la réalité d’une justice conçue comme patriarcale et se perpétuant sur les mêmes fondements. (Cf. Culture. Weinstein Harvey, Justice. Victime, Patriarcat. Weinstein Harvey)
* Ajout. 11 décembre 2023. J’entends qu’Harvey Weinstein avait été reçu 17 fois à la Maison Blanche par Bill Clinton.

Justice (Yourcenar Marguerite) : 1951. Marguerite Yourcenar [1903-1987] dans les Mémoires d’Hadrien, concernant Nératius Priscus, « collègue au tribunal », « conseiller légal et ami » d’Hadrien, écrit :
« Il appartenait à ce type d’esprit, si rares, qui, possédant à fond une spécialité, la voyant pour ainsi dire du dedans, et d’un point de vue inaccessible aux profanes, gardent cependant le sens de sa valeur relative dans l’ordre des choses, la mesurent en termes humains. » 424 (Cf. Droit. Yourcenar Marguerite)

Justice (Zay Jean) : Jean Zay [1904-assassiné le 20 juin 1944], qui fut avocat avant d’être ministre du Front Populaire, écrit à sa femme, avant, puis après sa condamnation, le 4 octobre 1940 :
- (13 septembre) 1940. « La Justice est faite de Droit, de Principes, de Textes, mais plus encore de bon sens, de logique. Avocat, je l’ai toujours entendue ainsi et, Dieu merci, souvent vue appliquer de même. »
- (12 octobre) 1940. « Où est ma confiance en la Justice, en quoi, en qui placer son espoir ? » suivi d’un sibyllin : « Le droit pur serait-il plus puissant que les faits ? »
- (11 mars) 1941. Jean Zay cite l’épigraphe de Saint-Simon [1675-1755] citée par Joseph Caillaux [1863-1944], dans Mes prisons [1920] : « Les forfaits sont parfois récompensés en ce monde, mais la satisfaction n’en dure pas longtemps. »
- (29 mars) 1941. « […] Quel beau printemps ! Mais tout cela ne fera que renforcer mon courage et ma volonté d’attendre la Justice à laquelle j’ai droit… »
- (8 janvier) 1944. Après avoir évoqué ses « ambitions bornées » concernant ses seules conditions de détention (libre usage de sa petite cour, rétablissement des visites de sa famille, possession d’un appareil de radio) : « Le grand argument […] réside dans l’abus juridique inconcevable qui fait que, condamné à la déportation, c’est-à-dire à une peine seulement privative de liberté et donnant droit à une vie de famille, je subis depuis trois ans et demi la détention cellulaire dans une prison de droit commun. Je suis le seul homme politique, ancien ministre, qu’on ait osé traiter ainsi. » 425 (Cf. Justice. Grâce, Politique. Prison)

Justice (Zimeray François) : (14 janvier) 2022. François Zimeray, avocat, sur France Culture, concernant le procès en cours concernant les attentats de 2015, évoque « des siècles de civilisation judiciaire ». 426 Difficile à comprendre, à lire, à accepter…

Par ordre chronologique. Justice. Émile Zola :

Justice (Zola Émile) (1) : (fin août-début septembre) 1860. Émile Zola [1840-1902] écrit à son ami Jean-Baptistin Baille [1841-1918] :
« […] Vous vous servez de la guillotine parce que vous n’avez pas d’autre châtiment aussi terrible et aussi aisé, ce qui est à la fois un aveu d’impuissance, de cruauté et de paresse. »
Ces trois qualificatifs ne pourraient-ils pas s’avérer aujourd’hui une grille de lecture critique pertinente - et donc positive - de tant de jugements ? 427 (Cf. Penser. Grille de lecture)

Justice (Zola Émile) (2) : 1890. Émile Zola [1840-1902], dans La bête humaine, auteur de :
« Distrait, Jacques ne semblait pas même écouter. Il murmura :
‘À quoi bon s’en casser la tête, est-ce que ça nous regarde ? … Si la justice ne sait pas ce qu’elle fait, ce n’est pas nous qui le saurons.’ » 428

Justice (Zola Émile) (3) : 1891. Émile Zola [1840-1902], dans L’argent, auteur de :
« On raconta plus tard que le garde des Sceaux, Delcambre, acharné dans sa rancune contre Saccard, ayant fait pressentir Rougon (ministre) sur la conduite à tenir vis-à-vis de son frère, au cas où la justice aurait à intervenir, en avait simplement reçu ce cri du cœur : ‘Ah ! qu’il m’en débarrasse donc, je lui devrai un fameux cierge !’. Dès lors, du moment où Rougon l’abandonnait, Saccard était condamné. Delcambre, qui le guettait depuis son arrivée au pouvoir, le tenait enfin sur la marge du code, au bord même du vaste filet judiciaire, n’ayant plus qu’à trouver le prétexte pour lancer ses gendarmes et ses juges. » 429 (Cf. Droit)

Justice (Zola Émile) (4) : 1891. Émile Zola [1840-1902], dans L’argent, auteur de :
« […] On le prenait pour le bouc émissaire des illégalités de tous. D’autre part, quelle étrange façon d’apprécier les responsabilités ! Pourquoi ne poursuivait-on pas les administrateurs […] ? Pourquoi encore l’impunité complète dont jouissaient les commissaires-priseurs ? […]
Et ce n’était pas lui qu’il en accusait, c’était la magistrature, le gouvernement, tous ceux qui avaient comploté de le supprimer, pour tuer l’Universelle [la banque en faillite qu’il avait créé]. » 430 (Cf. Hommes. Irresponsables, Justice. Impunité)

Justice (Zola Émile) (5) : 1891. Émile Zola [1840-1902], dans L’argent, auteur de :
« D’ailleurs, on disait partout que le jugement était rendu d’avance. Et, en effet, l’évidente bonne foi d’Hamelin, l’héroïque attitude de Saccard qui tint tête à l’accusation pendant les cinq jours, les plaidoiries magnifiques et retentissantes de la défense, n’empêchèrent pas les juges de condamner les deux prévenus à cinq années d’emprisonnement et à trois mille francs d’amende. Seulement, remis en liberté provisoire sous caution, un mois avant le procès et s’étant présentés devant le tribunal en qualité de prévenus libres, ils purent faire appel et quitter la France dans les vingt-quatre heures. C’était Rougon (ministre) qui avait exigé ce dénouement, ne voulant pas garder sur les bras l’ennui d’un frère en prison. » 431 (Cf. Justice. Procès)

Justice (Zola Émile) (6) : (13 janvier) 1898. Émile Zola [1840-1902] emploie, dans le célèbre J’accuse, l’expression de « crime juridique ». (Cf. Droit. Justice. Procès, Langage, Violences)

Justice (Zola Émile) (7) : (13 janvier) 1898. Émile Zola [1840-1902] termina J’accuse ainsi : « [...] Qu’on ose donc me traduire en Cour d’Assises, et que l’enquête ait lieu au grand jour. »
Et Zola fut condamné. (Cf. Justice. Procès. Dreyfus Alfred)

Justice (Zola Émile) (8) : (21 janvier) 1898. Émile Zola [1840-1902], dans une lettre à Louis Havet [1849-1925], auteur de :
« […] Que la justice soit donc faite par les honnêtes gens. » 432 Aller à l’essentiel…

Justice (Zola Émile) (9) : (15 septembre) 1898. Émile Zola [1840-1902], dans une lettre à Alexandrine Zola [1839-1925], auteur de :
« […] Non que je doute du triomphe final, mais il me semble que nous ne sommes pas encore au bout de nos épreuves. Il y a trop de bandits et d’imbéciles contre nous. Les imbéciles, comme certains ministres, deviennent surtout très dangereux. […] » 433

Justice (Zola Émile) (10) : (22 septembre) 1898. Émile Zola [1840-1902], dans une lettre à Alexandrine Zola [1839-1925], auteur de :
« Tant que les généraux auront la moindre influence dans l’affaire, la vérité et la justice sont impossibles. » 434

Justice (Zola Émile) (11) : (1er octobre) 1898. Émile Zola [1840-1902], dans une lettre à Fernand Labori [1860-1917], auteur (concernant les attaques contre son père) de :
« Je n’ai plus aucune confiance en la justice, je me ferai justice moi-même. » 435 (Cf. Justice. Avocat. Labori Fernand)

II. Justice. Avocat-e s:

Justice (Avocat-e) (1) : Si la justice était - ce qu’elle devrait être - un service ‘public’, rendu par et pour le ‘public’ - être défendu-e par un-e avocat-e devrait être gratuit et également assuré à tous et toutes. L’assistance juridictionnelle, telle qu’en l’état, n’est qu’une aumône de l’État qui ne parvient pas à cacher l’immense rôle joué par la sélection [le terme étant faible] par l’argent dans l’accès aux tribunaux. Sans oublier les différences entre hommes et femmes. (Cf. Patriarcat)

Avocat-e (2) : Faire en sorte que la parole des victimes (y compris, bien sûr, celles qui ne connaissent pas le droit), et plus largement des justiciables, se substitue, en tout ou en partie, à celle des avocat-es.
* Ajout. 28 mars 2018. Lors du procès dit de Tarnac, j’ai entendu, le dernier jour, les prévenu-es/accusées « avaient fait de l’ombre à leurs avocats ».
Combien d’avocat-es n’ont-ils pas « fait de l’ombre » à leurs ‘clients’ ? Et, si souvent, ne se sont pas substitués à eux/elles, en leur dictant leur conduite, leur imposant silence, leur intimant telle ou telle défense, telle ou telle déférence ? (Cf. Relations entre êtres humains. Déférence)

Avocat (3) : 2014. Un homme a reconnu le viol et le meurtre d’une étudiante Mokhtaria Chaïb, 19 ans, dont le corps retrouvé « atrocement mutilé », « les seins et son appareil génital prélevés de façon quasi-chirurgicale ». Son avocat :
« Il a des soucis relationnels avec les femmes, peut être […]. » 436 (Cf. Êtres humains. Corps, Sexes, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Avocat-e (4) : Adjoindre aux discours des avocat-es sur eux-elles mêmes, la liste des client-es en faveur desquels ils / elles ont plaidé.

Avocat (5) : Combien d’injustices, d’ignominies les ‘grands-avocats-de-la-défense’ ont-ils légitimés ? Ils n’en sont pas moins, en règle générale, très fiers d’eux-mêmes. La publication de livres, de leurs Mémoires aide considérablement à cacher leurs engagements les plus honteux, au profit, souvent exclusif de ceux dont ils estiment pouvoir se targuer. (Cf. Droit, Penser. Morale)

Avocat (6) : (5 avril) 2019. Lu ce jour dans cet article du Figaro : Un magistral plaidoyer conclut le procès Tapie :
« Bernard Tapie [1943-2021] a certainement des défauts comme toute le monde, mais s’il n’a qu’une qualité, elle tient au choix de ses avocats. » 437
Si l’on voulait montrer que la presse et la justice n’ont plus grand-chose à voir avec l’idée même de justice…

Avocat (7) : La société a une fâcheuse tendance à qualifier de « grands » certains avocats, sans croire bon de préciser qui ils défendaient. Quant aux arguments employés, quant aux raisons, explications, moyens utilisés pour gagner les procès qui leur ont valu le dit qualificatif, ils sont une fâcheuse tendance à passer à l’as…

Avocat (8) : Il me semble que les avocats, a fortiori les - dits - « grands » se rendent de plus en plus compte qu’ils sont jugés non pas en fonction de leurs - dites - « grandes causes », encore moins de leur capacité à gagner des procès, jugée légitimement suspecte, mais plus prosaïquement par leurs clients, plus particulièrement les victimes. Leur capacité de tant d’eux en écrivant notamment leurs Mémoires, à masquer nombre des procès, aujourd’hui trop parlants, dans lesquels ils ont plaidé pourrait conforter cette impression.

Avocat-es (9) : Les difficultés du métier d’avocat-e : connaitre le droit ; savoir fouiller dans la jurisprudence française, voire européenne ; avoir en tête conjointement la défense des intérêts et des principes - qui ne sont pas nécessairement, tant s’en faut, concordants - de ses client-es, et de ceux qui leur seront opposés ; s’interroger pour savoir s’il faut demander plus pour avoir moins, ou le contraire ; jauger du temps nécessaire à la défense d’un dossier avec le coût estimé possible pour soi et pour son / sa client-e des honoraires à demander ; adapter ou non son argumentaire avec celui estimé de son adversaire et / ou du tribunal, des juges… Sans oublier la conscience du fossé qui nécessairement opposera les aspirations de la victime avec les résultats probables escomptés… auquel joindre la volonté de tant de faire évoluer, de bouleverser ce que l’on nomme « la justice ». (Poursuivre)

Avocat-es (10) : (3 octobre) 2022. J’entends sur France Culture, pour la première fois, l’expression : « s’acheter les meilleurs avocats ».

Avocat-es (11) : Les avocat-es dont sinon l’essentiel, mais du moins le présupposé de leur activité est de faire en sorte que les vies de leurs client-es puissent s’inscrire dans les cadres imposés la Loi, sont-ils / elles les plus aptes à les faire changer ?

Avocat-es (12) : Combien de justiciables ont-ils/elles découvert le jour du procès, la teneur de la plaidoirie de leur avocat-es, combien ont-ils /elles été choqué-es, mécontent-es, en désaccord avec eux / elles ? Ne sont-ils elles pas leur mandant-es ?

Avocat-es (13) : (6 janvier) 2022. Entendu sur France Culture, dans l’excellente série d’émissions d’archives intitulée « Vivre en prison », une femme condamnée à 20 ans de prison - libérée après 10 ans et demi d’incarcération - pour avoir tué son amant [?], après avoir déclaré que : « le procès est plus difficile à vivre que la prison » : « on nous salit », « tout est joué l’avance », qui reconnait « mériter une sentence », auteure de :
« Je maudis mon jugement et surtout mon avocat ».

Par ordre alphabétique. Justice. Avocat :

Avocat (Beaumarchais) : Beaumarchais [1732-1799], concernant François-Claude-Louis Marin [1721-1809], « censeur royal », déclara qu’il « il suffisait d’être accusé par lui pour être présumé honnête ».
Concernant certains avocats, on pourrait dire qu’il suffit d’être défendus par eux pour être présumés coupables. Et, curieusement, ou plutôt logiquement, leurs clients s’en sortent en général assez bien. (Cf. Hommes. Remarquables. Beaumarchais) 438

Avocat (Badinter Robert [et Philippe Lemaire]) : (28 novembre) 1972. Alors que Claude Buffet [1933-1972] et Roger Bontemps [1936-1972] - dont Robert Badinter était l’avocat - allaient être guillotinés dans la cour de la prison de la Santé, le directeur de la prison demande à leurs avocats de décider de l’ordre dans lequel ils devaient être assassinés. Et ils ont accepté de répondre à sa demande. 439 (Cf. Politique. État. Répression)

Avocat (Beaumont Élie de) : (4 octobre) 1765. Voltaire [1694-1778], écrit à Friedrich Melchior Grimm [1723-1807] concernant l’avocat Élie de Beaumont [1732-1786] :
« Cette nouvelle affaire augmentera encore sa réputation, et chez les avocats la réputation amène toujours à la fortune. Il n’en est pas ainsi dans bien d’autres réputations. » (Cf. Justice. Avocats. Voltaire)
N.B. Voltaire a sans aucun doute en tête la répression de son temps contre les artistes, les philosophes, les écrivain-es…

Avocat (Bentham Jeremy) : Lu sur l’Encyclopedia Universalis concernant Jeremy Bentham [1748-1832] ceci :
« […] Bien qu’il ait reçu une formation juridique complète, il refusa de devenir avocat : les contradictions, les incertitudes du droit, la confusion de la jurisprudence étaient incompatibles avec le souci de rigueur dont son œuvre devait donner toute la mesure. […] » 440 (Cf. Droit. Jurisprudence)

Avocat (Clémenceau Georges) : (23 février) 1898. Clemenceau Georges [1841-1929], avocat (avec Fernand Labori. 1860-1917), concernant le procès Émile Zola [1840-1902], auteur de :
« Si Zola avait été acquitté, pas un d’entre nous ne serait sorti vivant. » 441 (Cf. Justice. Procès)

Avocate (Commis d’office) : 2018. Jodi Picoult, dans Mille petits riens, auteure de :
« La plupart du temps, je fais la connaissance de nouveaux clients à la table de la défense où il me faut assimiler en un instant (vérifier) les circonstances de leur arrestation et m’efforcer de négocier leur libération sous caution.
En plus de faire preuve d’un sixième sens à toute épreuve […] il y a fort à parier que je ne sois pas l’avocate chargée de l’affaire par la suite. Les cas les plus intéressants que j’aimerais réellement suivre jusqu’au procès me seront confisqués par un collègue plus expérimenté ou seront transis à un avocat privé (en décodé, rémunéré). » Qu’en est-il en France ? 442

Avocat (Comte Antoine) : (2 septembre) 2022. Antoine Comte, interrogé sur France Culture, auteur de :
« La justice est ‘décevante’, en crise, c’est réel. Mais il y a des solutions. Alors, là, vous allez me poser une question horrible : ‘Est-ce que vous voulez être garde des sceaux ?’ ». Puis, suit - grands rires - une référence à l’actuel garde des sceaux, lui aussi ancien avocat, qui avaient affirmé avec force ne pas vouloir l’être…
« La vraie question est de savoir sur quoi on peut porter l’effort pour modifier la justice. Je vois pour ma part deux choses fondamentales à faire, même si je n’ai aucune illusion […]. » Une offre de services ? 443 (Cf. Hommes. « Modestes »)

Avocate (Dati Rachida) : (28 juillet) 2021. Lu dans Le Canard enchaîné : Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice, convoquée par les juges du parquet national financier pour justifier la somme qu’elle avait reçue lors du rapprochement Renault-Nissan, a expliqué qu’il s’agissait, entre 2009 et 2012, en tant qu’avocate, des missions effectives auprès de Carlos Ghosn. Tarif : 900.000 euros. Un métier qui rapporte… 444 (Cf. Politique. Corruption)
N.B. Elle a prêté serment le 17 février 2010.

Avocat (De Castelnau Régis) : (4 août) 2019. Régis de Castelnau, avocat, en réaction à la déclaration du syndicat des commissaires de la police nationale évoquant « la suppression des avocats militants » a réagi dans un tweet :
« […] Supprimer les avocats, la police en rêve, mais plus grave, une partie de la magistrature aussi. » 445 (Cf. Justice. Juges)

Avocat (Demange Edgar) : 1894. Mathieu Dreyfus [1857-1930], persuadé de l’innocence de son frère Alfred Dreyfus [1859-1935], sur les conseils de M. Waldeck-Rousseau [1846-1904], « qui lui recommande chaudement son ami Edgar Demange [1841-1925] », lui demande d’être l’avocat de la famille. Celui-ci lui répond :
« J’accepte avec les réserves suivantes : je serai le premier juge de votre frère, si je trouve dans le dossier une charge quelconque qui puisse me faire douter de son innocence, je refuserai de le défendre. Ce que je vous propose est extrêmement grave. Le jour où le public apprendrait que j’ai renoncé à défendre votre frère, il en conclurait qu’il est coupable et serait irrémédiablement perdu. Réfléchissez avant d’accepter. Ma conscience ne me permet pas d’agir autrement. »
« J’accepte vos conditions » lui répondit Mathieu Dreyfus.
« Lorsqu’il me sera permis de voir votre frère, je lui poserai les mêmes conditions » poursuivit-il.
« C’est entendu », conclut Mathieu Dreyfus. 446 (Cf. Droit, Êtres humains. Conscience)

Avocat (Dershowitz Alan) : 1985. Alan Dershowitz, avocat, professeur de droit à Harvard, obtint l’acquittement de Claus von Bülow [1926-2019] un milliardaire soupçonné d’avoir voulu tuer son épouse, alors même qu’il est persuadé de la culpabilité de son client. Il en a ensuite publié un livre.
Je lis, au nom de Claus Von Bülow, sur Wikipédia :
« Alan Dershowitz se montre pugnace et réussit à renverser la situation. Il accable madame von Bülow sur ses addictions (alcool et drogues) et les excès associés. Il présente des preuves sur sa consommation excessive de médicaments : entre autres, le témoignage, confirmé par un prêtre, d'un vendeur de drogue affirmant en avoir livré à Alex von Bülow pour sa mère, et celui de l'écrivain Truman Capote. Ce dernier, ami de la victime, témoigne sous serment que madame von Bülow lui avait expliqué comment se faire des injections. […] »
Je lis, notamment, au nom d’Alan Dershowitz sur Wikipédia, qu’il « a été décrit par Newsweek comme l’avocat le plus engagé pour les libertés civiles américaines, et par le Corriere de la Serra comme ‘l’avocat progressiste le plus célèbre d’Amérique’. »

Avocat (Diderot Denis) : 1794. Denis Diderot [1713-1784], dans La religieuse, auteur de :
« Et voilà que, malgré que j’en aie, mon nom reparait dans des mémoires, des factums, à l’audience, et cela avec des détails, des suppositions, des mensonges et toutes les noirceurs qui peuvent rendre une créature défavorable à ses juges et odieuse aux yeux du public. Mais, monsieur le marquis, est ce qu’il est permis aux avocats de calomnier tant qu’il leur plaît ? Est-ce qu’il n’y a pas de justice contre eux ? » 447 (Cf. Justice. Diderot Denis)

Avocat. Éric Dupond-Moretti :

Avocat (Dupond-Moretti Éric) (1) : 2013. Éric Dupond-Moretti, dans Bête noire. Condamné à plaider, co-écrit avec Stéphane Durand-Soufflot, auteur de :
« Les pénalistes ont un sentiment particulièrement aigu de la fragilité des personnalités, et ne font pas profession de se vautrer dans la morale alors que notre époque nous y invite tous. C’est une forme de résistance […]. » 448
Résister à ‘la morale’, dans laquelle certains « se vautrent » : pour lui, la finalité de la justice. (Cf. Justice, Dupond-Moretti Éric, Penser. Morale)

Avocat (Dupond-Moretti Éric) (2) : 2013. Éric Dupond-Moretti, dans Bête noire. Condamné à plaider, co-écrit avec Stéphane Durand-Soufflot, auteur de :
« L’avocat n’est pas un moraliste : il a fait des études de droit. » Et ce, suivi de :
« Défendre, ce n’est pas mentir, mais mettre la procédure pénale au service de la vérité d’un homme. » Et c’est sur ces fondements qu’il a si souvent utilisé diverses erreurs de forme commises au cours de procès n’ayant rien à voir avec « la vérité », pour récuser les jugements prononcés.
C’est ce qu’on appelle généralement un « grand avocat ». 449 (Cf. Justice. Victimes. Droit des victimes, Penser. Pensées. Binaires. Morale)

Avocat (Dupond-Moretti Éric) (3) : (14 février) 2018. Lu :
« Ichark Corbino, connue sous son nom d'actrice X Jasmine Arabia, et son mari Raphaël Corbino ont été condamnés en appel vendredi 9 février pour viols sur mineures. Entre juin 2010 et mars 2011, le couple a accueilli chez lui deux adolescentes de 14 ans. Pendant presque un an, le couple a ‘initié [les adolescentes] à l'alcool, au cannabis, aux boîtes de nuit et à la pornographie, en leur faisant visionner films et photos’. Les avocats du couple, Éric Dupond-Moretti et Éric Scalabrin, ont indiqué que les adolescentes n'avaient été ni violentées, ni menacées, ‘soucieux que la cour d'assises d'appel ne retienne que le délit de corruption de mineures’. » 450 (Cf. Droit, Justice. Dupond-Moretti Éric, Famille. Couple, Langage. Zeugma, Pornographie, Violences. Violences à l’encontre des enfants)

Avocat (Dupond-Moretti Éric) (4) : 2018. Sur le site présentant le cabinet d’avocats Dupond-Moretti & Vey, on note sept « collaborateurs » : cinq femmes, deux hommes. Il manque une collaboratrice pour qu’un homme égale trois femmes.
- Je lis aussi :
« Nous recrutons principalement des collaborateurs ayant déjà effectué un stage au sein du cabinet, mais […] » 451

Avocat (Dupond-Moretti Éric) (5) : (2 février) 2018. Interrogé sur la réaction politique justifiée de Marlène Schiappa critiquant la position de l’avocat Randall Schwerdorffer, qui, le 30 janvier 2018, lui avait à juste titre reproché ses analyses concernant la victime assassinée de Jonathan Daval [notamment en évoquant « une personnalité écrasante »] Éric Dupond-Moretti après l’avoir accusée de « censure », lui demande - courageusement, devant un seul micro - de « se taire » et de « se mêler de ses affaires ».
Cet homme est décidemment de plus en plus subtil et attirant.
Rappelons que Randall Schwerdorffer, lui aussi avocat - et là, en cohérence de pensée avec son collège, tout aussi élégant, subtil et respectueux des femmes et des ministres, avait, lui, pour sa part, affirmé :
« Elle s’excite toute seule ». 452 (Cf. Femmes. « Politiques ». Schiappa Marlène, Justice. Dupond-Moretti Éric)

Avocats (Epstein Jeffrey) : (octobre) 2019. Lu dans l’article du Monde Diplomatique intitulé Ce que révèle l’affaire Epstein :
« Afin de justifier le traitement avantageux (un euphémisme : il se rendait notamment 6 jours sur 7 à son bureau) dont a bénéficié Epstein [Jeffrey. 1953-2019], les avocats de l’accusé [de « prostitution » de mineures] en 2008-2009 « auraient embauché des détectives privés pour enquêter sur les mœurs des procureurs » afin de faire pression sur eux. 453

Avocats (Fielding Henry) : 1749. Henry Fielding [1707-1754], dans l’Histoire de Tom Jones, auteur de :
« Il n’est rien d’aussi dangereux qu’une question qui prend au dépourvu quelqu’un dont l’intention est de cacher la vérité ou de soutenir le mensonge. C’est pourquoi les dignes personnages dont la noble fonction est de sauver les vies de leurs semblables à l’Old Bailey [Cour centrale criminelle de Londres] ont le plus grand soin de prévoir, grâce à de fréquents entretiens préalables, toutes les questions qui pourront être faites à leur client le jour du procès, afin de leur fournir les réponses appropriées et toutes prêtes, que l’intervention la plus fertile ne pourrait offrir dans l’instant. » 454 (Cf. Penser. Vérité)

Avocat. Gandhi :

Avocat (Gandhi) (1) : 1981. Lu dans Tous les hommes sont frères, recueil de textes de Gandhi [1869-30 janvier 1948] :
« J’avais compris [en Afrique du sud] que le véritable rôle de l’avocat est de chercher à réconcilier les deux parties en présence. J’en étais si convaincu que j’ai consacré une bonne partie de mes vingt années d’exercice à régler une centaine d’affaires par des transactions acceptées à l’amiable. Je n’y perdis aucun argent et certainement pas mon âme. » 455 (Cf. Justice transactionnelle, Politique)

Avocat (Gandhi) (2) : 1981. Lu dans Tous les hommes sont frères, recueil de textes de Gandhi [1869-30 janvier 1948] :
« Je n’ai jamais eu recours au mensonge dans la profession, et … je consacrais une bonne part de mon travail d’avocat à défendre des causes d’intérêt public pour lesquelles je ne demandais aucun honoraire mais demandais simplement le remboursement de ses dépenses. Et, encore, il m’arrivait de ne pas en tenir compte…
Alors que je faisais mes études, j’avais entendu dire que l’avocat exerçait un métier de menteur. Mais cela me laissa indifférente car je n’avais pas l’intention de mentir pour mieux réussir ou gagner davantage d’e-argent… Cette résolution, fut souvent mise à l’épreuve en Afrique du sud. Il arrivait souvent que la partie adverse encourageait ses témoins à faire un récit tendancieux et il ne tenait qu’à moi d’en faire autant pour avoir mes chances de gagner un procès. Mais chaque fois, je résistais à la tentation.
Je me souviens d’un seul cas où après avoir gagné un procès je soupçonnais mon client de m’avoir trompé. Du fond du coeur, je n’ai jamais souhaité voir gagner mon client que s’il était dans son droit. Quand je fixais mes honoraires, je n’en déterminais jamais le montant d’après mon échec ou ma réussite.
Avant de défendre les intérêts d’un nouveau client, je tenais toujours à lui préciser qu’il ne fallait pas compter sur moi pour défendre une cause injuste ou faire parler les témoins dans le sens de ses intérêts. Bientôt, ma réputation me valut de ne plus avoir d’affaires véreuses à défendre, au point que certains clients me réservaient les bonnes causes et portaient ailleurs celles qui étaient suspectes.
Quand j’ignorais un point de droit, je ne m’en cachais nullement à mon client ou à mes collègues. S’il m’arrivait de ne voir aucune solution, j’invitais mon client à consulter un autre avocat. […] » 456

Avocate (Gérard Nicole) : 1972. Nicole Gérard, condamnée à dix ans de réclusion pour avoir assassiné son mari, à sa sortie de prison, se souvient :
« Savez-vous ce que le directeur de la prison de Rennes m’a dit quand, après avoir passé ma capacité en droit, j’ai voulu préparer ma licence : ‘On n’a pas besoin d’avocats ici’. Et il m’a refusé l’autorisation. » 457 (Cf. Droit, Femmes, Justice. Procès, Politique. État. Répression. Prison)

Avocats (Goldoni Carlo) : 1787. Carlo Goldoni [1707-1797], dans ses Mémoires, décrit ses débuts comme « avocat civil et criminel » à Pise :
« Je travaillais jour et nuit ; j’avais plus de causes que je n’en pouvais soutenir ; j’avais trouvé le succès d’en diminuer le fardeau à la satisfaction des clients ; je leur prouvais le tort qu’ils avaient de plaider, je tâchais de les raccommoder avec leurs parties adverses ; ils me payaient mes consultations et nous étions contents. » Et, le concernant, alors auteur, il écrit :
« Cet homme me contestait les droits d’auteur sous prétexte d’avoir acheté mes ouvrages. J’avais encore du temps à rester avec lui ; je ne pouvais pas, ou, pour mieux dire, je ne voulais pas être en procès avec des personnes que je devais voir tous les jours. J’aimais trop la paix pour la sacrifier à l’intérêt ; je cédais mes prétentions et je me contentai de la permission de faire imprimer, chaque année, un seul volume de mes comédies. » 458 (Cf. Justice. Procès)

Avocats (Goldman Emma) : 1931. Emma Goldman [1869-1940], dans Vivre ma vie, concernant l’un des innombrables procès auquel elle - et ses compagnons de lutte anarchistes - fut confrontée, auteure de :
- concernant le procès du 19 septembre 1892 de Sasha Alexander Berkman [1870-1936] :
« Il préparait [en prison] son discours pour le tribunal, non pas pour sa défense, mais pour expliquer son acte [l’assassinat - dont il ne fut que blessé - de Henry Clay Frick. 1849-1919]. Il ne prendrait pas d’avocat, évidemment ; il se représenterait en justice lui-même, comme l’avaient fait les grands révolutionnaires en Russie et en Europe. D’éminents avocats de Pittsburgh avaient pourtant proposé leurs services gratuitement, mais il avait décliné leur offre. Pour un anarchiste, la cohérence exigerait de na pas avoir recours à un défenseur. […] »
- concernant le procès du 25 juin 1817 :
« […] Notre procès n’aurait de sens n’aurait de sens que si nous parvenions à nous servir de la salle d’audience pour présenter les idées [pacifistes, anarchistes] pour lesquelles nous avions toujours lutté. Aucun avocat ne pourrait le faire à notre place, et rien d’autre ne nous intéressait. »
- Lire la suite, c’est à dire la manière précisément présentée, analysée, dont le procès - inique - eut lieu. Dramatique, passionnant. 459 (Cf. Justice. Procès, Penser. Expliquer, Politique. Anarchisme)

Avocate (Goldmann Annie) : Années 1960 (?) Annie Goldmann, alors jeune avocate, auteure de :
« Tout me déplaisait dans le métier : le formalisme, l’hypocrisie des avocats qui s’attaquaient violemment pendant les plaidoiries et se fixaient rendez-vous pour le bridge du soir à la sortie de l’audience, et surtout le fait que j’étais ainsi plongée dans la misère humaine : divorces, conflits, argent, tout n’était que combat des hommes entre eux, tout n’était qu’affrontement d’égoïsmes, tout était petits ou grands malheurs. Je ne supportais pas de voir, dossier après dossier, se dérouler devant moi toute la semaine, le malheur infini des gens. Loin d’en être provoquée à la lutte, je ne cherchais qu’à fuir cet univers, soit parce que le sentiment agressif était atténué en moi, soit parce que j’étais très sceptique sur cette justice à laquelle tout le monde avait l’air de croire.
Pour moi, les problèmes se posaient à un autre niveau, c’était des problèmes de société. Je ne me disais pas : ’comment faire pour gagner tel malheureux ?‘ mais ‘pourquoi un tel est-il si malheureux ?’.
Je me souviens de ma première plaidoirie au tribunal des pensions où l’on envoyait les jeunes avocats plaider gratuitement. Il s’agissait d’une vieille femme arabe dont le fils, engagé dans l’armée française, était mort de tuberculose après des années de service. Soit mauvaise information, soit parce qu’il n’y avait aucun lien réel entre la période militaire et la maladie, la demande de pension avait été refusée et je plaidais pour la mère (il s’agissait d’une somme infime, cinq cent anciens francs par mois, je crois). Le tribunal des pensions voyait défiler des dizaines de cas de ce genre. Les juges somnolaient plus ou moins et tranchaient vite. J’avais peu d’éléments pour défendre la vieille femme qui assistait au procès sans en comprendre un mot. Sa fille était venue me voir en me suppliant de ‘faire quelque chose’, car son mari voulait mettre sa belle-mère à la rue, ne pouvant plus l’entretenir. J’étais bouleversée par ce drame.
Ayant soulevé cet argument humain, je fus interrompue par le président : ‘Nous sommes ici pour juger en droit’. Il avait raison, bien sûr, mais je ne pouvais pas m’y habituer. Naturellement, je perdis et je sortis de la salle culpabilisée et au bord des larmes. Pendant un an, j’ai payé moi-même la pension de la vieille ! » 460

Avocate (Halimi Gisèle) : (13 juillet) 2021. Gisèle Halimi [1927-2020], auteure de :
« Qu’est-ce qu’une bonne avocate ? Celle qui défend la loi ou celle qui la fait changer ? » 461 (Cf. Justice. Procès de rupture)

Avocate (Kennedy Florynce) : 2015. Gloria Steinem dans Ma vie sur la route. Mémoires d’une icône féministe rapporte une discussion avec Florynce Kennedy [1916-2000] :
« Elle m’explique qu’elle a renoncé au métier d’avocate parce que ‘la loi ne permet de sauver qu’une peau à la fois’ alors qu’il faut ‘arrêter la machine à détruire.’ » 462 (Cf. Corps. Peau, Féminisme. Statistiques)

Avocat. Fernand Labori :

Avocat (Labori Fernand) (1) : 1897. Mathieu Dreyfus [1857-1930] demande à Fernand Labori [1860-1917], aux côtés d’Edgard Demange [1841-1925], d’être l’avocat d’Alfred Dreyfus [1859-1935]. Il accepte à la seule condition que son concours fut gratuit :
« Je veux, nous dit-il, me faire désigner d’office par le bâtonnier. Il faut qu’on sache que si je représente votre belle-sœur, c’est parce que ma conscience m’y pousse et que la question d’honoraires n’a eu aucune influence sur ma détermination. » Mais Fernand Labori refuse :
« Comment interprétera-t-on mon rôle en 1894, lorsque l’on saura que Labori n’accepte pas d’honoraires ! […] Cette différence d’attitude ne peut que me diminuer. […] Si Labori persiste dans ses intentions, je me retirerai. » Après une discussion houleuse de plus d’une heure entre eux deux, Labori « en sanglotant, nous dit : ‘Je m’incline devant la volonté formelle exprimée par Demange, mais c’est le plus grand sacrifice que l’on puisse me demander’. » 463 (Cf. Êtres Humains. Conscience, Justice. Gratuite. Avocat. Demange Edgard)

Avocat (Labori Fernand) (2) : (14 juillet, 19 août, 8 septembre) 1898. Lors de l’Affaire Dreyfus, Émile Zola [1840-1902] écrit à son avocat Fernand Labori [1860-1917] :
« Quelle tâche colossale que la vôtre ! Je ne cesse de le répéter à tous : le jour où la vérité triomphera, ce sera vous le vainqueur. »
« Moi aussi, je vous embrasse de tout mon cœur, pour toute l’effroyable peine que vous prenez, pour le courage surhumain que vous mettez à la défense de la vérité et de la justice. »
« Je songe à vous, mon brave et glorieux amis, qui allez avoir une si grosse part dans la victoire. Je vous ai toujours dit que c’est vous qui avez fait de mon procès l’irrésistible campagne qui a tout conquis. » 464 (Cf. Femmes. Épouse de, Penser. Répéter)

Avocat (Labori Fernand) (3) : (16 août) 1898. Fernand Labori [1860-1917] écrit à Émile Zola [1840-1902], lequel, après avoir été condamné, avait rejoint l’Angleterre « comme un malfaiteur » :
« Vous me demandez ce que je pense de l’ensemble des choses. Au point de vue judiciaire, tout, il me semble, va aussi mal que possible. Mais avons-nous jamais pu espérer grand-chose de la ‘justice’ ? En dépit de tout et malgré tout, j’espère toujours, sans bien savoir au juste par quel chemin la vérité et le droit triompheront. […] On a des heures d’écœurement. Mais en vérité quand on songe au malheureux martyr [Alfred Dreyfus. 1859-1935], et encore plus à notre malheureux pays, qu’il faut retenir sur l’abîme, on se sent au fond de soi-même d’inépuisables ressources d’énergie et de courage. »
Émile Zola, dans une lettre à Alexandrine Zola, regrettera le 11 août 1898 « cet imbécile départ qu’on a exigé de moi si brusquement. », mais le 18 août 1898, il lui écrira :
« Il ne faut pas oublier dans quel but j’ai quitté la France. C’est uniquement pour rester maître de l’affaire, pour recommencer le procès à l’époque qui nous semblera la plus favorable. » 465

Avocat (Lacenaire Pierre-François) : (15 novembre) 1835. Extrait de La Gazette des Tribunaux :
« M. le président : Lacenaire [1800-1836], avez-vous quelque chose à ajouter à votre défense ?
Lacenaire se lève et improvise, d’une voix tranquille, sans déclamation comme sans émoi, un long discours dont voici les passages les plus importants :
‘Messieurs les jurés, si je n’avais à me défendre que des assassinats dont je suis accusé, je ne prendrai pas la parole, je m’en référerai au zèle et au talent de l’avocat [Me Laput] que la bonté de la Cour m’a choisi. Ce n’est pas toutefois, par un sentiment mal entendu d’amour-propre, que je prends la parole après lui ; mais je sens, Messieurs, que j’ai à vous dire des choses qui sont incompatibles avec l’exercice des nobles fonctions qu’il vient de remplir dans mon intérêt, sans l’avoir désiré, avec un zèle qui lui acquiert ma reconnaissance, et un talent qui, assurément, était digne d’une meilleure cause […]
Je ne veux donc pas, croyez le bien, m’occuper de ma défense ; c’est sur la véracité de mes déclarations que je prétends ne vous laisser aucun doute. […]
Il est essentiel, avant d’en venir aux faits, que je vous fasse connaître les faits qui les ont précédés. » 466 (Cf. Êtres humains. Amour-propre)

Avocat (Leclerc Henri) : 2018. À l’occasion de la publication de La parole et l’action. Itinéraire d’un avocat militant (que je n’ai pas lu) d’Henri Leclerc, dans une courte critique publiée dans Le Monde Diplomatique, je lis :
« Dans tous les palais de justice, tout le monde sait qu’Henri Leclerc est la figure de l’avocat. » 467
Si les nombreuses défenses d’Henri Leclerc (dont je ne sais s’il en parle dans son livre) en soutien, en faveur, en défense, en solidarité (?) d’hommes ayant assassinés, violentés des femmes étaient évoquées, je pense que cet argument d’autorité aurait sans doute été nuancé.
Je n’ai ni le temps, ni l’envie de rechercher ses arguments, ses justifications, ses engagements - militants - ; en revanche, ce dont je me souviens, c’est, il y a longtemps, dans le cadre des actions de l’AVFT, lors d’une rencontre fortuite, le sentiment très fort de rejet, de refus que j’avais ressenti à l’hypothèse de lui serrer la main., tant il était pour moi, clairement du côté du soutien des hommes violents que les femmes, avec tant de peine, dénonçaient.
* Ajout. 25 novembre 2020. Concernant l’avocat pénaliste américain Léonard Weinglass [1933-2011] - dont j’ignore tout - le critique du Canard enchaîné, à l’occasion de sa biographie qui vient de paraître en français, considère qu’il « était de la même classe qu’Henri Leclerc ou Gisèle Halimi. » 468 Une inculture féministe est une inculture.

Avocat (Lessing Doris) : 1958. Doris Lessing [1919-2013], dans La cité promise. Les enfants de la violence (3), auteure de :
« On l’avait inculpé de coups et outrages à agents. Il avait téléphoné à Mark, qui avait téléphoné à un avocat lequel lui avait conseillé de plaider coupable, puisque les magistrats choisissent toujours la version de la police. » 469

Avocat (Liénard Jean-Yves) : (5 septembre) 2017. Jean-Yves Liénard [1942-2018], avocat, auteur de :
« La présomption d’innocence : une pantalonnade, la plus belle pantalonnade qui existe, et le secret de l’information [instruction] qui est une deuxième pantalonnade… » 470 (Cf. Justice. Présomption d’innocence)

Avocat. Thierry Lévy :

Avocat (Lévy Thierry) (1) : 1984. Thierry Lévy [1945-2017], avocat pénaliste, dans Le crime en toute humanité, évoque, encore, l’hypothèse de « la femme qui a provoqué son viol ». 471 Et combien encore aujourd’hui, le pensent, sinon le disent ? Et la mettent en œuvre, dans leurs plaidoiries ? (Cf. Droit, Patriarcat, Violences)

Avocat (Lévy Thierry) (2) : (13 juillet) 2013. Thierry Lévy [1945-2017], lors d’un débat sur les violences sexuelles à l’encontre des enfants, dans l’émission de Frédéric Taddéi, furieux, réagit après avoir affirmé qu’: « il y a plus de 20 ans que le tourisme sexuel est réprimé très sévèrement, très durement, impitoyablement. […] »
Puis il s’adresse à son interlocutrice qui n’était pas de son avis :
« Concrètement, en acte, que faites-vous, sinon brandir sans cesse le bâton de la morale…Mais oui, que faites-vous ? [...]
Le sexe avec les enfants, je vous en prie ! Ce sujet-là est un sujet qu’on ne peut plus aborder aujourd’hui, plus personne n’ose parler de la sexualité des enfants. […]
Il y a une espèce de chape de plomb qui tombe, comme ça, qui tombe de boucles blondes, n’est-ce pas… sur l’ensemble de la société qui vient interdire tous les comportements un peu différents, un peu anormaux. Mais bien sûr ! Chaque fois on revient à la pédophilie. Maintenant, vous ne pouvez plus dire un mot sur ce sujet sans être diabolisé. »
- Et accusé justement par son interlocutrice de son ton extraordinairement autoritaire, comminatoire, sans évoquer ses arguments, il tente de se justifier en arguant en faveur d’« un système autoritaire, au service de la liberté qui en a besoin »…472 (Cf. Sexes)

Avocat (Lévy Thierry) (3) : (1Er février) 2017. Je lis dans Le Monde :
« Au-dessus de la vérité judiciaire - cette ‘bonne conscience donnée aux juges’ - disait-il, Thierry Lévy [1945-2017], plaçait la liberté absolue de celui qui est accusé. ‘Pour moi, la situation idéale est celle de défendre l’innocence de quelqu’un que je sais coupable’ disait-il. » (sans source) 473
On comprend mieux, à la lecture de cette analyse pourquoi ceux que l’on a exclusivement nommé les ‘grands‘ avocats ont été si profondément bouleversés par l’émergence sur le terrain judiciaire des luttes (en premier lieu celles des femmes) qui ont imposé la question des droits des victimes. Dès lors, en effet, c’est la philosophie de la primauté des « droits de la défense » qui a été remise en cause. Et donc peu ou prou de la prééminence de tous les « grands avocats » plaidant la défense des accusé-es dans les « grands procès ».
- Aucun référence dans Le Monde, à ses prises de position concernant les femmes, les enfants…
N.B. M. Thierry Lévy refusait par principe d’être l’avocat de parties civiles. (Cf. Droit des Victimes)

Avocat (Mandela Nelson) : 1962. Nelson Mandela [1918-2013] décrit, dans Un long chemin vers la liberté, le procès de 1962, au cours duquel il déclara notamment :
« J’ai dit à la Cour que j’avais rejoint l’ANC [African National Congress] et que sa politique de démocratie et d’antiracisme reflétait mes convictions les plus profondes. J’ai expliqué qu’en tant qu’avocat j’avais souvent été obligé de choisir entre l’obéissance à la loi et l’accord avec ma conscience. […] » 474 (Cf. Politique. Racisme)

Avocat (Mann Thomas) : 1901. Thomas Mann [1875-1955] dans Les Buddenbrook, auteur de :
« […] Nous ne possédons pas dans nos murs d’avocat distingué, de cerveau éminent doué d’un art oratoire supérieur et persuasif, qui connaisse toutes les ficelles et soit à son aise dans les affaires les plus épineuses. […] Weinschenk a jugé nécessaire - je dis nécessaire, et cela donne à penser qu’après tout il n’a pas la conscience tranquille - de s’en remettre à un défenseur de Berlin, Me Breslauer, un dur à cuir, orateur retors, virtuose de la chicane que précède la réputation d’avoir épargné la prison à nombre de banqueroutiers frauduleux. En voilà un qui, sans aucun doute, va mener l’affaire avec une rouerie proportionnelle à ses honoraires… Mais cela sera-t-il efficace ? »
« Le procureur général Hagenström lui-même, qui, on le savait, était un bel esprit, avoua confidentiellement que la plaidoirie de Breslauer lui avait procuré une véritable jouissance. Mais tout le talent du célèbre avocat n’avait point empêché les juristes [juges] de la ville de lui frapper sur l’épaule et de lui faire entendre, en toute bonhomie, qu’ils ne s’en laissaient point conter. » 475 (Cf. Êtres humains. Cerveaux)

Avocat. Pierre Mariette :

Avocat (Mariette Pierre) (1) : (22 septembre) 1762. Voltaire, [1694-1778], dans une lettre adressée à Pierre Mariette [avocat. [?-?], :
« Vous aurez la gloire d’avoir été le vengeur de l’innocence et d’avoir appris aux juges à ne pas se jouer du sang des hommes. » 476 (Cf. Justice. Voltaire. Avocat. Beaumont Élie de. Juges. Voltaire)

Avocat (Mariette Pierre) (2) : 1764. Pierre Mariette [?-?] avocat de la famille Calas ne voulut pas accepter l’argent qu’il avait reçu de Voltaire [1694-1778] et lui renvoya le mandat qu’il lui avait fait adresser, après la décision de réhabilitation, le 13 juin 1764. 477

Avocat (Mitterrand François) : 2013. Louis Joinet [1934-2019], dans Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice, qualifie François Mitterrand [1916-1996], devenu président de la République, de « vieil avocat au cuir tanné par l’histoire. » 478 (Cf. Hommes. « Grands », « Politiques ». Mitterrand François)

Avocat (Morain Eric) : (2 décembre) 2022. À l’écoute sur France Inter, d’une chronique de trois minutes, consacrée, « après 26 ans de barreau », à la dernière plaidoirie de l’avocat Eric Morain, j’entends évoquer une justice « toujours plus déconsidérée, un système grippé, rouillé, gangrené, bloqué ». Et puis, sans transition, j’ai entendu Alexis Lévrier « historien des médias », qui m’a fait penser aux arguments utilisés dans les procès Staliniens. J’avais du mal à croire à la violence de ce que j’entendais. (Cf. Politique. Médias)

Avocat (Navacelle Stéphane de) : (1er août) 2019. Stéphane de Navacelle, « avocat spécialisé des négociations commerciales internationales », définit son métier comme « met[tre] à disposition [de ses clients] du temps de cerveau ». 479 (Cf. Corps, Êtres humains. Cerveaux, Penser, Économie)

Avocate (Netter Yvonne) : 1980. Louise Weiss [1893-1983], dans Combats pour les femmes, auteure de :
« Avocate à la cour, Yvonne Netter [1889-1985], présidente de la Ligue pour l’Émancipation et le Bien-être de la Femme [de 1932 à 1934] […] devait sa situation à un travail personnel acharné. Brune, vive, éloquente, c’est en usant avec art de sa voix chaude qu’elle avait, au début de sa carrière, hardiment réclamé le vote en se mêlant à certaines manifestations publiques. Cependant, avec le succès de ses plaidoiries, ses obligations professionnelles s’étaient élargies et elle ne voulait plus militer que dans la mesure où sa rébellion contre le code ne gênerait pas son métier. Les avocates dépendaient de magistrats, de plaideurs, de relations. Contraintes de se montrer plus soucieuses de la prospérité de leur cabinet que de leur statut de citoyennes, elles ne pouvaient concourir à l’exécution du plan que je méditais. » 480 (Cf. Justice. Juges. Netter Yvonne, Weiss Louise)
N.B. Yvonne Netter, auteure notamment de : Le travail de la femme mariée, son activité professionnelle [1923], L’indépendance de la femme mariée dans son activité professionnelle [1923], Le code de la femme [1926], Code pratique de la femme et de l’enfant [1930], Les problèmes de la famille et le féminisme [1930], Plaidoyer pour la femme française [1936] …

Avocats (Perrault Gilles) : 1990. Gilles Perrault [1931-2023], dans Notre ami le roi, auteur de :
« […] On l’a dit : sa politique extérieure assure au roi [Hassan II. 1919-199] des sympathies puissantes. Pour beaucoup la poignée de main donnée à Ifrane [24 juillet 1986] au premier ministre Israélien Shimon Pérès [1923-2016] suffit à laver la paume royale de bien des péchés. Cette absolution au moins partielle, tombe des bouches les plus inattendues.
Ainsi de George Kiejman
[1932-2023], qui ouvre sa conférence de presse dans les locaux de France-Libertés [présidée par Danielle Mitterrand] par un hommage à certaines initiatives politiques de Hassan II. Quel rapport avec le sort de ses clients ?
Plus surprenant encore, voici Me Michel Blum, alors président de la Fédération internationale des droits de l’homme qui, évoquant le 30 avril 1987, devant la presse les quatre cents disparus Marocains, croit devoir préciser que la Fédération ‘ne condamne pas globalement le régime chérifien, sans pour autant qu’elle puisse fermer les yeux sur les disparus, parce que les positions diplomatiques sont souvent positives.’ On ignorait qu’il fût de la vocation de l’honorable organisation humanitaire d’opiner sur les positions diplomatiques, au risque de s’exposer à la tentation de ‘fermer les yeux’.
La ligue des droits de l’homme, créée au plus fort de l’affaire Dreyfus, n’a pas tempéré sa campagne contre les officiers supérieurs coupable d’un crime judiciaire par des considérations apaisantes sur leurs qualité de stratèges. […] » 481 (Cf. Droit. Droits de l’homme, Justice. Procès, Politique. Géostratégie, Économie. Dette)

Avocat (Roux Marius) : (11 janvier) 1871. Marius Roux [1838-1905], ami d’Émile Zola [1840-1902], envisage de reprendre sa « robe d’avocat » et de « boulotter en attendant mieux, entre la veuve et le mur mitoyen. » 482 (Cf. Femmes. Veuves, Langage. Zeugma)

Avocat (Russo Éric) : (14 octobre) 2020. Lu dans Le Canard enchaîné - s’étonnant que « la nouvelle ait été curieusement passée inaperçue » qu’Éric Russo, premier vice procureur du Parquet National Financier [PNF] « va pantouflier dans l’un des cabinet géants américains [800 avocats à travers le monde. 1,3 milliard de chiffres d’affaires] Quinn Emmanuel. »
Analyse du Canard enchaîné :
« Éric Russo va désormais faire profiter de sa science juridique les fraudeurs fiscaux et autres corrupteurs qu’il traquait au PNF depuis 10 ans. » 483 (Cf. Politique, Économie)

Avocat (Sénèque) : Sénèque [4 avant J.C-65 après J.C], auteur de :
« […] Car enfin, quel vice a jamais manqué d’avocats ? » 484

Avocat. Serment :

Avocat (Serment) (1) : 1949. Voici le serment d’avocat auquel Gisèle Halimi a dû se soumettre à Tunis en 1949 :
« Je jure de ne rien dire ou publier, comme défenseur ou conseil, de contraire aux lois, aux règlements, aux bonnes mœurs, à la sécurité de l’État où à la paix publique et de ne jamais m’écarter du respect dû aux tribunaux et aux autorités publiques. » 485

Avocat (Serment) (2) : 2023. Le voici actuellement :
« Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité. »

Avocat. Hervé Temime :

Avocat (Temime Hervé) (1) : (31 janvier) 2019. Hervé Temime [1957-2023], présenté par France Culture, comme « un des plus grands avocats de sa génération », se voit généreusement accorder, lors d’un interview peu dérangeant, par France Culture, deux heures d’antenne.
On peut s’étonner notamment, lui qui vante tant les vertus des « avocats de la défense », qu’il ait cru bon consacrer un quart de son temps de parole à sa défense - la seule en tant que partie civile de sa vie nous dit-il - au procès Agnès Leroux / Maurice Agnelet. 486
Dès lors, passent à l’ombre, les procès - dont il est difficile de se faire valoir - au cours desquels il a défendu, notamment, Gérard Depardieu, Jacques Servier, Roman Polanski. Bernard Tapie, Jean-Noël Guérini, etc., etc.,
Sans oublier qu’il fut le défenseur de l’organisateur « présumé » de l’assassinat politique - en France - d’Ali André Mecili [1940-1987], opposant au régime algérien [que j’ai brièvement connu et dont j’ai gardé le souvenir de sa courtoisie ? gentillesse ? ainsi que son épouse]

Avocat (Temime Hervé) (2) : (3 février) 2019. Hervé Temime [1957-2023], avocat pénaliste, auteur de :
« Le rôle de la défense est désormais mieux accepté. Mais je suis parfois surpris du peu de connaissance du droit de nos concitoyens, y compris parmi les plus cultivés. Récemment, quelqu’un m’a soutenu avec la plus grande assurance que l’accusé n’avait pas le droit de mentir, alors que c’est un principe fondamental de notre procédure. Il faut enseigner la justice à nos concitoyens. »
Vive l’enseignement du « droit », via celui de la « procédure » par Me Temime et sa haute conception de la « justice » … 487
N.B. Sur la page de garde du site de l’ADAP (Association des avocats pénalistes) fondée en 1991 par Me Temime, le Code de procédure pénale est présenté adossé, de biais, sur le Code pénal.

Avocat (Thackeray William Makepeace) : 1844. William Makepeace Thackeray [1811-1863], dans Barry Lyndon, auteur de :
« Vous appelez la robe une profession honorable, où un homme ment pour quiconque le paye, écrase la pauvreté pour toucher des honoraires de la richesse, écrase le juste parce que l’injuste est son client. » 488

Avocat (Tolstoï Léon) : 1899. Léon Tolstoï [1828-1910] dans Résurrection, auteur de :
« […] Il ne tarissait pas sur le tour merveilleux qu’avait su donner au procès un fameux avocat de Saint-Pétersbourg, grâce auquel une vieille dame, tout en ayant absolument raison, se voyait désormais assurée de perdre sa cause.
- Un homme de génie, cet avocat ! proclamait-il.
On l’écoutait avec attention. Quelques-uns des jurés essayaient de placer un mot, mais il les interrompait aussitôt, comme si lui seul savait au juste ce qu’il en était. » 489 (Cf. Justice. Jury. Juges. Tolstoï Léon)

Avocat (« Un crime ») : 1993. Alain Delon jouant un ‘grand’ avocat, avant le verdict qui obtiendra l’acquittement de celui qui était le criminel], dans le film Un crime [Jacques Deray] auteur de :
« La justice, il suffit de la fréquenter pour savoir qu’elle n’existe pas. Et il y longtemps que je la côtoie. » (Cf. Culture. Cinéma)

Avocat (Varenne Alexandre) : (21 novembre) 1940 -(11 mars) 1941. Jean Zay [1904-assassiné le 20 juin 1944] écrit à son père et évoque le 11 mars 1941 « le prodigieux et habituel dévouement » de son avocat Alexandre Varenne [1870-1947], et à son épouse, Madeleine [1906-1991], le 21 novembre 1940 :
« Quant à Varenne, auquel mon incroyable affaire a occasionné tant de travail, de temps, des démarches et même de déplacements, il se refuse de manière émouvante à accepter quoi que ce soit, même pour le remboursement de ses frais. »
N.B. Alors que Jean Zay, avocat, avait été condamné à « la déportation » le 4 octobre 1940, dès le 6 novembre 1940 - le conseil de l’ordre des avocats avait radié Jean Zay du tableau de l’ordre à la cour d’appel d’Orléans. 490 (Cf. Justice. Grâce. Zay Jean. Juges. Zay Jean)

Avocat (Weinglass Leonard I.) : 1995. Lire la Post-face de Leonard I. Weinglass, avocat de Mumia Abu-Jamal, Le procès de Mumia Abu-Jamal au livre de Mumia Abu-Jamal : En direct du couloir de la mort. 491

Avocat. Voltaire :

Avocat (Voltaire) (1) : (28 juillet) 1739. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée au marquis d’Argenson [1696-1764], auteur de :
« Pour moi, ce qui m’a dégoûté de la profession d’avocat, c’est la profusion de choses inutiles dont on voulut charger ma cervelle. Au fait est ma devise. »492 (Cf. Droit, Justice. Voltaire)

Avocat (Voltaire) (2) : Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Sébastien Dupont [?-?], auteur de :
« Je vous demande pardon tout avocat que vous êtes de ne vous parler que de procès. » 493

Avocat (Voltaire) (3) : (9 mai) 1760. Voltaire, [1694-1778], dans une lettre adressée à Jacques Lacombe [1724-1811], auteur de :
« […] Vous savez, vous qui êtes avocat, que la forme emporte le fond. » 494 (Cf. Droit. Fond / Forme, Justice. Voltaire)

Avocat (Voltaire) (4) : (4 août) 1762. Voltaire, [1694-1778], dans une lettre adressée à David Lavaysse [avocat. 1695-1768], auteur de :
« Un avocat savant et estimé est certainement au-dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d’argent, le droit d’être injustes. » 495 (Cf. Justice. Voltaire)

Avocat (Voltaire) (5) : (8 octobre) 1765. Voltaire, [1694-1778], dans une lettre adressée au comte [1700-1788] et à la comtesse [1703-1774] d’Argental, évoque « cette déclamation du barreau qui est le contraire de la véritable éloquence ». 496

III. Justice. Classements sans suite :

Classement sans suite.

Justice (Classements sans suite) (1) : « Sans autre forme de procès » …

Par ordre chronologique. Classement sans suite.

Justice (Classements sans suite) (1) : Dans la Russie stalinienne, l’article 206 du code pénal évoquait « une affaire close pour une raison n’exigeant pas d’explication. » 497
Et, en France, comment les classements sans suite sont-ils justifiés ? Pour avoir lu nombre d’entre eux, je me souviens notamment de ceux pour lesquels la victime devait se contenter de la lecture d’une croix apposée sur un document entre divers « motifs » aussi dépourvus de rigueur les uns que les autres, laquelle de facto valait jugement. Vaste sujet, à continuer de dénoncer : là réside la fonction politique de la justice.
* Ajout. 5 mai 2016. En d’autres termes : Classements sans suite = Circulez, il n’y a rien à dénoncer. Nous décidons que vous n’avez pas été victimes et donc que vous ne l’êtes pas…(Cf. Justice. Non-lieu)

Justice (Classements sans suite) (2) : 1991. Le juge Thierry Jean-Pierre [1955-2005], dans son livre Bon appétit, messieurs ! expliquant le rôle des Parquets, auteur de :
« À eux, le soin de poursuivre devant les tribunaux tel ou tel, à eux aussi de mener les enquêtes simples et de confier les plus complexes aux juges d’instruction de leur juridiction, à eux enfin de classer sans suite une procédure et pas l’autre (tout n’est pas en effet bon à poursuivre et la paix familiale ou sociale exige que certaines infractions soient oubliées).» 498

Justice (Classements sans suite) (3) : 1997. Daniel Soulez-Larivière, avocat, dans Grand Soir pour la justice, écrit :
« Le chiffre qui fait mal est celui des classements sans suite, c’est-à-dire des plaintes que le Parquet n’a pas voulu, ou pas pu traiter. 3.600.000 en 1989, 4.161.926 en 1995. Pour 5.191.255 procès-verbaux reçus. Cela veut dire que chaque année, 5 millions de Français de plus de 20 ans vont se plaindre d’une infraction pénale petite ou grande et que ceux-ci constatent l’impuissance de la justice. […] » 499

Justice (Classements sans suite) (4) : (6 mars) 2017. Cf. l’interview de Laure Ignace de l’AVFT, à la suite du classement sans suite des plaintes contre Denis Baupin, dans Le Figaro dont le titre était :
« La quasi-totalité des plaintes pour harcèlement sexuel sont toujours classées sans suite. » 500
C’est, en autres, la notion « d’ordre public », qui, dans une société patriarcale, est ainsi révélée. Le fait que des millions de femmes exclues de toute réparation, vivant souvent sous terreur, ne pensent pas même que la justice puisse quoi que ce soit pour dénoncer délits et crimes dont elles sont les victimes, n’apparaît pas encore à ce jour [20 octobre] comme le plus évident révélateur du fait que nous vivons sous la férule d’un droit patriarcal. (Cf. Droit. Patriarcat)

Justice (Classements sans suite) (5) : 2017. Concernant toujours ce qui est dénommé « l’affaire Baupin », lire qu’après le classement sans suite de leur plainte, certaines plaignantes se sont dites « heureuses et fières » que leurs témoignages aient pu « contribuer à mettre à mettre en lumière et sur la place publique des agissements que l’on voudrait croire d’un autre temps » n’aidera sûrement pas à faire évoluer la justice en la matière. 501
* Ajout. 25 septembre 2017. Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d'Europe Écologie-Les Verts, publie ce jour un livre témoignage, Parler [Flammarion, 220 p.], et porte plainte, ce jour, pour dénonciation calomnieuse contre Denis Baupin. 502 (Cf. Hommes. « Politiques », Politique. Écologie, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Classements sans suite) (6) : (mai) 2017. Je dépose plainte pour un vol lors d’un retrait bancaire (nécessaire au remboursement par la banque) et il m’est remis au commissariat - à ma sortie - un document de cinq pages, intitulé : « Information sur les droits des victimes ».
- Je lis dans la rubrique « Suite de la procédure » […] :
« 3 / Classement sans suite : Le procureur de la république peut enfin décider de classer l’affaire pour des motifs juridiques ou des motifs d’opportunité liés par exemple aux conditions de commission de l’infraction ou au degré de gravité des faits.
Si l’affaire [!] est classée sans suite, vous en serez informé par un courrier ou par mail ou SMS (voie électronique), si vous y avez préalablement consenti [!], qui vous indiquera [!] le motif du classement sans suite et vous expliquera [!] quels sont vos droits dans cette situation. [!]. » (Cf. Penser. Expliquer)

Justice (Classements sans suite) (7) : 2017. Je découvre que les plaintes contre le père Bernard Preynat mis en examen en 2016 pour violences sexuelles sur de nombreux scouts - « au moins 70 enfants », selon le site du diocèse de Lyon - jusqu'en 1991 ont été classées sans suite, le 11 juillet 2017. (vérifier) 503
Il sera condamné en 2021.

Justice (Classements sans suite) (8) : 2018. À la suite des dénonciations pour violences à l’encontre de Nicolas Hulot et Gérald Darmanin : La justice a tellement usé et abusé des classements sans suite en matière notamment de violences patriarcales que plus aucun homme ne peut arguer d’un dit classement sans suite pour justifier de sa supposée innocence.
Un moral, sinon juste, retour des choses.
* Ajout. 4 août 2020. J’ai sans doute écrit un peu vite… Se méfier du wishful thinking
* Ajout. 4 septembre 2018. Clémentine Autain dénonce dans un tweet du 31 août 2018 la motivation « ahurissante » du non-lieu concernant Gérald Darmanin. La voici :
« ‘Le défaut de consentement ne suffit pas à caractériser le viol. Encore faut-il que le mis en cause ait eu conscience d’imposer un acte sexuel par violence, menace, contrainte ou surprise‘, explique le juge. » (Cf. Droit. Femmes. « Politiques ». Autain Clémentine, Hommes. « Politiques ». Darmanin Gérald, Penser. Consentement, Violences. Patriarcales)
* Ajout. 22 septembre 2021. Le 30 octobre 2008, suite au dépôt de plainte pour viol par Pascale Mitterrand à l’encontre de Nicolas Hulot, le parquet du procureur de la république de Saint-Malo lui avait écrit :
« Les faits dénoncés, qui en tout état de cause ne paraissaient pas établis, font l’objet d’un classement sans suite en raison de la prescription intervenue. »
- Ne lui apparaissaient pas établis… : au café du commerce, les arguments sont souvent bien mieux établis, bien plus circonstanciés… 504

Justice (Classements sans suite) (9) : (7-8 octobre) 2018. Lu un honteux article du Monde, intitulé : Lutte contre les violences sexuelles. La justice toujours pas à la hauteur (sic). Aucune critique du fonctionnement réel de la justice - pas même abordé - et dont la conclusion est une quasi légitimation de la politique des classements sans suite. Plus encore, je lis après avoir évoqué les effets bénéfiques d’une « mise en présence entre la victime et son agresseur présumé » :
« On a obtenu des aveux en confrontation, des lettres d’excuses » explique François Molins [procureur général de Paris, nommé le 26 octobre 2018, procureur général près de la cour de cassation]. Les victimes ne demandent parfois rien d’autre. Face à un phénomène d’une telle ampleur quelque (sic) 1000.000 viols par an, 14.000 plaintes, 1000 condamnations) la justice, seule, ne peut pas tout. » 505
La justice ne peut pas même s’interroger sur son incapacité, sur son impuissance, sur son injustice. (Cf. Femmes. « Politiques ». Schiappa Marlène, Justice. Aveu, Politique. Lois. Molins François, Violences. Viols)

Justice (Classements sans suite) (10) : (24 octobre) 2018. Entendu sur France Culture, dans l’émission consacrée au combat en Colombie, des victimes du paramilitarisme, l’une d’entre elles affirmer :
« L’État m’empêche d’accéder à la justice. » 506
Excellente analyse politique de la raison d’être et de la fonction des « classements sans suite. »

Justice (Classements sans suite) (11) : (23 janvier) 2022. Lu dans Huff Post l’article Les victimes d’inceste ont transformé la CIIVISE en ‘mouvement social.’ [Huff Post] :
« Pourtant, aujourd’hui, 70 % des plaintes pour violences sexuelles concernant des enfants font l’objet d’un classement sans suite, relève la commission, qui tente de comprendre les raisons de ce taux ahurissant. » (Cf. Violences. Violences à l’encontre des enfants)

Justice (Classements sans suite) (12) : (5 octobre) 2022. Lu dans le Journal du Dimanche [JDD], sous le titre :
« Une dépêche interministérielle, datée de mai 2021, incite les magistrats à classer sans suite les affaires jugées trop anciennes ou pour lesquelles aucune enquête n'a été menée » En voici le début :
« Quand Caty Richard a reçu l’avis de classement sans suite d’une affaire d’abus de faiblesse émanant du procureur de Pontoise, l’avocate a ‘fait des bonds de cabri’. De surprise, et de stupeur aussi. Car voici le motif invoqué pour stopper toute enquête sur le détournement d’argent au préjudice de sa cliente, âgée de 77 ans : ‘Vu la dépêche interministérielle en date du 31 mai 2021 visant à apurer les stocks de procédures non traitées dans les services de police et de gendarmerie.’ En clair, Me Richard comprend que sa cliente, dont la plainte avait été déposée le 10 janvier 2018 pour des faits commis entre 2014 et 2016, est la victime collatérale de ‘l’officialisation d’un dysfonctionnement’. »

IV. Justice. Juges :

Justice. Juges :

Justice (Juges) (1) : ‘On’ a laissé aux juges, aux instances judiciaires, le droit de s’approprier le mot de « Justice » : ils/elles, à de si rares exceptions près, l’ont irrémédiablement sali. (Cf. Langage. Mots)

Justice (Juges) (2) : Il n’est pas acceptable que les juges soient déresponsabilisé-es de leurs décisions, si souvent inadmissibles, incohérentes, incompréhensibles, injustifiables, conservatrices, lorsqu’elles ne sont pas réactionnaires et toujours patriarcales, aux si lourdes conséquences, par ailleurs. Dès lors, nécessairement, repenser les hiérarchies de valeurs selon lesquels les juges jugent. C’est à dire les fondements du droit, de la loi, de la morale. Et donc de l’État. (Cf. Politique. Hiérarchie, État, Loi. Morale)
* Ajout. 28 avril 2018. Lu :
« L’article 19 du projet de loi de réforme de la justice prévoit que les noms des juges mais aussi des greffiers, des avocats et des autres personnes physiques) pourront désormais être occultés dans les décisions de justice pénale ou administrative. Plus question de savoir si tel ou tel juge est une ‘peau de vache’, tel autre un piètre professionnel ou, au contraire, un magistrat compréhensif. Et impossible, bien sûr, de découvrir d’éventuels conflits d’intérêts. » commente Le Canard enchaîné. 507 (Cf. Droit. Objectivité, Économie. Conflits d’intérêts)

Justice (Juges) (3) : « Rendre la justice » ne peut être une fonction dévolue à certain-es, qui plus est, censé-es agir sur les fondements de la recherche d’une adéquation - ou non - d’une réalité à certains articles des codes, eux-mêmes agrégats historiques empilés, sans cohérence, les uns sur les autres depuis des siècles. (Cf. Politique. État. Loi. Morale)

Justice (Juges) (4) : Comment des juges peuvent-ils/elles demander à un-e accusé-es d’avoir conscience du crime (délit) dont il/elle est accusé-e, alors qu’eux/elles-mêmes n’apparaissent que si peu conscient-es du rôle, de la fonction qu’ils/elles jouent dans l’institution qui les emploie et qui les utilise ? Plus justement, c’est l’image que les juges cherchent à donner d’eux / elles-mêmes aux justiciables.

Justice (Juges) (5) : En deçà, au-delà, en dessus, en contradiction avec la fonction des juges d’appliquer la loi, ceux-ci, celles-ci commandent, imposent, ordonnent, objectivent, décident, tiennent dans leurs mains la vie des personnes qui sont face à elles.
Les juges assis, en haut ; elles, debout, en bas.
Les juges, donnant, retirant la parole ; elles, devant s’y soumettre, s’y adapter.
Les juges parlant un langage le plus souvent dépourvu de sens ; elles, tentant de le comprendre.
Les juges bénéficiant de tout le poids du décorum ; elles, le portant, le subissant.
Et, dans cette capacité institutionnelle que leur est donnée de « juger » ce qui leur est présenté comme un-autre-qu’eux-mêmes, les juges ne peuvent que mal juger, car ils n’ont pas de légitimité à le faire. C’est aussi un supposé-même-à-eux-qu’ils jugent. (Cf. Droit, Êtres Humains, Politique)

Justice (Juges) (6) : Juger tel-le ou tel-le juge est nécessaire, mais de peu de portée si l’analyse critique ne remet pas en cause l’arbitraire inhérente à leur fonction, elle-même resituée dans l’injustice inhérente à l’idée même de droit, qui plus est incarnée dans le droit tel qu’exprimé dans les codes.

Justice (Juges) (7) : Entendu un avocat général déclarer :
« Je ne représente pas le gouvernement, mais la société. » Il eut fallu qu’il prolonge son analyse et présente ce qui, pour lui, fait la différence.
N.B. Je lis sur Wikipédia que « l'avocat général, en droit français, est un magistrat, sous les ordres d’un procureur général. » Je lis aussi que « l’avocat général étant un magistrat n'est ni avocat, ni général, mais ‘avocat de l'intérêt général’. » Quelles confusions… (Poursuivre)

Par ordre chronologique. Justice. Juges :

Justice (Juges) (1) : 1790. Titre II, Article 3 et du décret du 7 mai 1790 :
« Article 3 « Les juges seront élus par les justiciables. »
« Article 4 : « Les juges seront élus pour six années ; à l’expiration de ce terme, il sera procédé à une élection nouvelle, dans laquelle les mêmes juges pourront être réélus. »

Justice (Juges) (2) : 1853. Jules Michelet [1798-1874] dans son Histoire de la Révolution française, auteur de :
« Avant de juger l’accusé, essayons de juger les juges. » 508

Justice (Juges) (3) : (février) 1871. Victor Hugo [1802-1885], dans Choses vues, auteur de :
« (Pendant la Commune) Le peuple chasse (honteusement) de leurs sièges les individus qui, depuis dix-neuf ans, sous le nom de magistrats ont déshonoré la justice française. »
N.B. Une note précise :
« Après le 2 décembre [1851], des commissions mixtes furent créées pour juger ceux qui avaient résisté au coup d’état. 13 membres de ces commissions furent l’objet d’un décret du 31 janvier [1871]. » 509

Justice (Juges) (4) : 1946. Dans le film d’Eisenstein [1898-1948], Ivan le terrible [1530-1584], ce dernier s’interroge :
« De quel droit rends-tu la justice ? »
Tous ceux et toutes celles qui, au nom de « la justice », jugent leurs semblables doivent se poser cette question, insoluble. Et pourtant ils doivent la résoudre. (Cf. Culture. Cinéma)

Justice (Juges) (5) : 2002. Jacques Vergès [1925-2013], dans son Dictionnaire amoureux de la justice, écrivait :
« Depuis le procès Zola, les juges quand ils veulent éluder une question ont fait de grands progrès. Les juges du procès Zola ne faisaient pas de manières. Quand une question de la défense les gênait, le président déclarait : la question ne sera pas posée. La phrase fait partie de la légende des Palais de justice. Aujourd’hui, on est plus subtils […] » 510
Mais pour que les juges puissent donner du « temps au temps », et ainsi laisser preuves, accusé-es, témoins disparaître, encore faut-il que le procès ait même lieu.

Justice (Juges) (6) : (7 juin) 2016. États-Unis. Près d'un demi-million de personnes ont signé une pétition en ligne pour demander le renvoi du juge Californien qui avait condamné un ancien étudiant de Stanford, Brock Turner, à six mois de prison pour avoir violé une jeune femme inconsciente en janvier 2015. Le magistrat, réélu à sa charge, sans avoir eu face à lui de rival, s'était justifié en estimant qu'une peine plus lourde aurait pu avoir « un impact profond » sur l'avenir du jeune homme qui a fait preuve de « remords sincères ». Cette décision provoque de vives réactions, d'autant que le père de la victime s'est désolé que son fils écope d'une peine si « dure » pour « 20 minutes d'action sur une vie de 20 ans ». Une pétition sera bientôt lancée pour obtenir les 70.000 signatures nécessaires pour appeler à voter une révocation du magistrat. 511
N.B Aujourd’hui, en France, le principe est que, quoi qu’ils/elles fassent, disent, énoncent, argumentent, décident, les magistrat-es sont a priori, dégagées de leurs responsabilités. Et n’ont donc pas à se justifier.

Justice (Juges) (7) : (21 janvier) 2018. Entendu, dans le bus, une magistrate parlant au téléphone avec un-e collègue concernant un justiciable :
« C’est un pervers [notamment faute d’avoir été « recadré à temps »] qui utilise tous les recours pour nous faire suer. » (Cf. Êtres humains. « Pervers »)

Justice (Juges) (8) : (13 février) 2019. Entendu un avocat, auteur d’ouvrages de réflexions sur le droit et la justice, François Saint-Pierre, affirmer :
« Les juges n’émettent pas des opinions personnelles. » 512 (Cf. Justice. Avocat)

Justice (Juges) (9) : (23 novembre) 2021. Plus de 3.300 magistrat-es - sur 8.500 - ont signé dans Le Monde une tribune pour « sonner l’alarme ». On lit :
« Nous, magistrats […] comprenons que les personnes n’aient plus confiance aujourd’hui en la justice que nous rendons, car nous sommes finalement confrontés à un dilemme intenable : juger vite mais mal ou juger bien mais dans des délais inacceptables. » 513
- Mais la question de savoir pourquoi la justice est submergée de tant de plaintes n’est pas posée.

Justice (Juges) (10) : Les juges étaient juges avant d’être citoyens. Ils / elles le sont restés.

Justice (Juges) (11) : Si les juges ont le droit d’interpréter - arbitrairement donc - la loi, c’est que les lois sont confuses ; c’est ainsi que chaque décision de justice est une critique, sinon une condamnation de la loi.

Par ordre alphabétique. Justice. Juges :

Justice (Juges. « Affaire Calas ») (1) : (27 mars) 1762. Voltaire [1694-1778], dans une lettre au comte [1700-1788] et à la comtesse [1703-1774] d’Argental, leur écrit :
« Je me suis trompé sur le nombre de juges dans ma lettre à M. de La Marche. Il était treize, cinq ont constamment déclaré Calas [1698-1762]. S’il y avait une voix de plus en sa faveur, il était absous. À quoi tient donc la vie des hommes ? À quoi, tiennent les plus horribles supplices ? Quoi, parce qu’il ne s’est pas trouvé un sixième juge raisonnable, on aura fait rouer un père de famille ? on l’aura accusé d’avoir pendu son propre fils, tandis que ses quatre autres enfants crient qu’il est le meilleur des pères. Le témoignage de la conscience de cet infortuné ne prévaut-il pas sur l’illusion de huit juges animés par une confrérie des pénitents blancs [confrérie catholique], qui a soulevé les esprits de Toulouse contre un calviniste […] Le fanatisme du peuple a pu passer jusqu’à des juges prévenus. Plusieurs d’entre eux étaient pénitents blancs […] » 514 (Cf. Justice. Voltaire)

Justice (Juges. « Affaire Calas ») (2) : (11 juin) 1764. Voltaire [1694-1778], dans une lettre au comte [1700-1788] et à la comtesse [1703-1774] d’Argental, écrit :
« Voilà donc l’arrêt des juges de Toulouse cassé, mais les os du pauvre Calas [1698-1762] ne seront pas raccommodés. Qu’obtiendra-t-on en suivant ce procès ? Les juges de Toulouse seront-ils condamnés à payer les frais de leur injustice ? » 515
N.B. Madame Calas reçut quelques mois plus tard, de Louis XV, sur la cassette royale, 12000 francs, chacune de ses filles 6000, chacun de ses fils [« qui commencent à faire une petite fortune » avait écrit Voltaire le 1er juin 1764] 3000, Jeanne Viguier [« la servante »] 3000, plus 6000 pour les frais de justice et de voyage, soit au total, 36000 francs. 516 (Cf. Justice. Voltaire)

Justice (Juges. Anti mafia) : 1985. Le courageux juge Alfonso Giordano qui accepta, à Palerme, après que, par peur, « huit de ses collègues eurent décliné l’offre » de présider le maxi procès [« U-Maxi »] de la mafia [474 mafieux présumés inculpés] déclara :
« Je suis un soldat en guerre ». 517 (Cf. Politique. État. Mafia. Guerre)

Justice (Juges. Bloudov Dmitri Nikolaïevitch) : (19 mars) 1904. Léon Tolstoï [1828-1910] cite notamment Dmitri Nikolaïevitch Bloudov [1785-1864] pour « montrer la bassesse de ceux qui ont renié leurs camarades [Décembristes] pour le succès » et les qualifie ainsi :
« Cette canaille, ces malfaiteurs ». Une note de La Pléiade retrace son itinéraire :
« Le comte Dmitri Nikolaïevitch Bloudov, bien qu’ami personnel de nombreux Décembristes, accepta de Nicolas 1er la charge de secrétaire du tribunal qui les jugea. Il fut plus tard ministre de l’Intérieur, puis de la Justice. » 518 (Cf. Justice. Tolstoï Léon)

Justice (Juges. Créteil) : (24 janvier) 2020. À Créteil, 9 juges : chacun-e est en chargé-e de 600 « dossiers ». 519 (Cf. Violences)

Justice (Juges. Critique anarchiste) : Fin du XIXème siècle. Lu dans le livre de Jean Grave [1859-1939], Le mouvement libertaire sous la IIIème république, un extrait d’une analyse publiée dans La révolte (en 1892, après un attentat contre un président du Tribunal qui avait condamné des anarchistes) :
« Comment trouvez-vous le monsieur qui gagne sa vie à demander la tête des autres (à l’époque, c’était une réalité) et qui le fait, sachant qu’il n’y a nul danger pour lui ? Les dernières explosions n’auraient-elles eu d’autre effet que de jeter ces individus bas de leur prétendue mission sociale, nous les montrant gagnant leur vie à faire couper des têtes comme d’autres font des cannes ou des manches de parapluies, qu’elles auraient encore du bon. » 520
Le-dit juge avait préalablement écrit :
« C’est la première fois qu’on s’attaquait à des magistrats. Jusqu’alors les condamnés avaient tranquillement ‘encaissés’ leurs condamnations sans en vouloir à leurs juges. Vraiment le métier de juge devenait impossible si les anarchistes instauraient ces mœurs nouvelles. » Certes…
Et que pourraient en dire les femmes ?
* Ajout. 28 janvier 2023. Léon Tolstoï lisait Jean Grave.

Justice (Juges. Figaro Le) : (13 octobre) 2016. Lu dans les réactions à l’article du Figaro :
« Traités de lâches par Hollande, les magistrats se disent humiliés » :
« Les juges détiennent un ‘pouvoir’, le troisième. Mais d'où le tiennent-ils ? De quelle Autorité supérieure ? Juste d'avoir fait son droit en Fac, puis une des écoles de la magistrature, et hop ! les voilà dans la filière qui mène à juger les autres, à juger les lois et règlements. En ‘toute indépendance’. Inouï, non ? »
« Rappelez-nous d'où tiennent-ils ce ‘pouvoir’ judiciaire ? De la Fac et d'une école de magistrature… » 521

Justice. Juges. Antoine Garapon :

Justice (Juges. Garapon Antoine) (1) : (2 décembre) 2017. Dans le cadre d’une émission de France Culture consacrée à établir « 25 ans après la guerre », « un bilan de la justice Internationale » [celle du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie] - où l’un des accusés s’était, la veille, à l’énoncé du verdict, après avoir récusé ledit tribunal, empoisonné en public - Antoine Garapon [« Magistrat, secrétaire général de l’Institut des hautes Études sur la justice, producteur de l’émission Machines à penser »] déclare s’exprimer « en tant que magistrat ».
En écoutant cette précision, je me suis demandée si cette précaution ne pouvait être considérée comme une prudence face à l’autorité ? Ou comme une tentative de se prémunir de jugements politiques, humains, moraux, personnels, nécessaires ? 522 (Cf. Êtres humains. Garapon Antoine)

Justice (Juges. Garapon Antoine) (2) : CIASE. [Commission indépendante des abus sexuels dans l’église] (20 juin) 2019. Antoine Garapon, qui fut juge des enfants pendant neuf ans [Valenciennes. 1980-1982, Créteil. 1983-1990] présenté comme « magistrat honoraire », recevant le témoignage d’une victime, auteur de :
- Sur la connaissance du ‘sujet’ qu’il doit traiter :
« Nous découvrons le problème et on ne sait pas où on va, ce qu’on doit chercher précisément et qu’on doit faire une analyse de prévalence, comprendre ce qui s’est passé, ... Quels conseils nous donnez-vous, vous qui avez une expérience ? »
- Sur la connaissance de la réalité des dénonciations :
« On prend conscience de quelque chose, on s’attendait à avoir des témoignages de victimes exposant leur histoire pour la première fois. En réalité, on a des personnes avec une histoire préalable avec l’Église, les jésuites, ... et qui ont été déçus, donc qui viennent avec des exigences particulières. »
- Sur les recommandations de la
CIASE : « Une question qu’on se pose est de savoir comment on va pouvoir mettre en place des préconisations, des recommandations qui ne donnent pas l’impression aux gens qu’on veut juste sortir du scandale ? »
- Sur la transparence : « C’est compliqué la transparence, il y a des questions de protection des données et de moyens. »
- Sur les preuves :
À la question ‘Qu’est-ce-que vous voulez comme preuves ?’, réponse d’Antoine Garapon : « C’est un grand problème. Il faut plusieurs témoignages dont le mode opératoire et des détails se recoupent. »
- Sur l’indemnisation des victimes :
(En comparaison avec la Suisse, où les victimes ‘commencent à parler d’argent tout de suite, Ça me heurte. Ce n'est pas ce qu'une victime attend’) réaction d’Antoine Garapon : « Oui, c’est un autre rapport à l’argent que la France, pour eux c’est normal. En France c’est impossible. »
- Sur l’urgence
: « Votre histoire est exemplaire, les gens commencent à parler. C’est un processus qui va prendre énormément de temps. »
- Sur l’analyse sociologique :
« Il y a une évolution sociologique, il y a une raréfaction des prêtres et donc une raréfaction des enfants en contact avec les prêtres, donc une raréfaction des abus. »
- Sur la criminalisation des violences à l’encontre d’enfants :
« Il y a quelque chose de très important dans les affaires d’inceste que j’ai eu à juger comme juge des enfants, c’était de mettre fin à l’ambiguïté : dire qui était victime, qui était responsable. »
- Sur la nature de la dénonciation :
« Oui, mais, dans ce que vous dites, il y a quand même un peu une demande d’humiliation. On pourra vous reprocher de salir la mémoire d’un mort. »
- Sur les violences imposées : « De quels abus s’agit-il ? Sans vouloir des détails douloureux, nous voulons bien comprendre de quoi il s’agit. »
- Sur la responsabilité des parents des victimes :
« Surtout en ce qui vous concerne, ils vous remettent ‘dans ses pattes‘ si je peux dire. »
- Sur les violences dans l’église :
« Je pense que les victimes de pédophiles sont des victimes particulières, votre colère contre les jésuites en est la preuve. »
- Sur les évêques :
« Aujourd’hui les évêques ont compris que quand on commence à parler du charisme d’un prêtre, il faut se poser des questions alors qu’avant c’était recherché. » (Cf. Droit. CIASE, Violences. Violences à l’encontre des enfants. Violences. Incestueuses)

Justice (Juges. Garisson Jim) : 1991. Somptueuse plaidoirie politique du procureur Jim Garisson [joué par Kevin Kostner] dans le film d’Oliver Stone JFK, remettant en cause les conclusions du rapport Warren suite à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

Justice. Juges. Jean Genet :

Justice (Juges. Genet Jean) (1) : (janvier) 1964. Jean Genet [1910-1986], en réponse à la question :
« Que vous ont donc apporté les criminels ? »], auteur de :
« Demandez plutôt ce que m’ont apporté les juges. Pour devenir juge, il faut suivre des cours de droit. On commence cette étude vers dix-huit, dix-neuf ans, durant la période de l’adolescence la plus généreuse. Il y a dans le monde des gens de dix-huit ans qui savent qu’ils vont gagner leur vie en jugeant d’autres hommes et en les jugeant sans se mettre en danger. Voilà ce que les criminels m’ont apporté : ils m’ont fait réfléchir sur la morale des juges. »
Sur « la morale des juges » ou, d’abord, plutôt, sur ce qui fonde leur légitimité à dire la justice ? Et Il poursuit :
« Mais ne vous y fiez pas : dans n’importe quel criminel, il y a un juge malheureusement. Et l’inverse n’est pas vrai. » 523
N.B. Je lis que cet interview a été publié dans et pour « le magazine américain Playboy ».

Justice (Juges. Genet Jean) (2) : 1942. Jean Genet [1910-1986], auteur de l’envoutant poème Le condamné à mort, dans lequel on peut lire :
« [...] Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour / Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes. / On peut se demander pourquoi les Cours condamnent / Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour. […] » 524
N.B. J’ai entendu une fois ce poème somptueusement récité, dans son intégralité, par Roger Blin [1907-1984], sans malheureusement avoir jamais pu le retrouver. (Cf. Culture)

Justice (Juges. France) : (10 octobre) 1790. Condorcet [1743-1794], auteur de :
« ’Ma femme est à moi comme mon chien’ est un mot prononcé dans nos tribunaux il y a peu d’années : la gravité des magistrats n’en fut pas altérée. » 525 (Cf. Patriarcat, Histoire)

Justice (Juges. France) : 1939-1945. La lecture, circonstanciée, précise, vue de ‘l’intérieur’, aux meilleures sources, des agissements de la Justice française, sous occupation allemande, dans le Journal de Maurice Garçon est terrifiante. En quoi serait-elle aujourd’hui différente ?

Justice (Juges. France) : 1999. Dans le cadre fort officiel de la commission d’enquête de l’assemblée nationale intitulée : La sécurité : Un droit pour les Corses, un devoir pour l’État, qui, notamment après l’assassinat du Préfet Erignac et par «l’affaire des paillottes», s’est tenue en 1999, Monsieur Pierre Gouzenne, président, depuis 1994, du Tribunal de Grande Instance de Bastia, interpellé par le Président de la Commission, Monsieur Raymond Forni, sur l’éventualité d’un « manque de courage » d’un procureur, répondit :
« Le procureur de Marseille n’a pas poursuivi sur ordre. Connaissez-vous beaucoup de procureurs qui agissent à l’encontre de leur carrière ? Nous avons deux cents ans de culture de soumission des magistrats. » 526

Justice. Juge. Éric Halphen :

Justice (Juges. Halphen Éric) (1) : 2002. Le juge d’instruction Éric Halphen, dans Sept ans de solitude, auteur de :
« Le juge d’instruction, [au contraire du Parquet], n’est pas de parti pris » ;
« J’ai eu à traiter l’histoire d’un homme soupçonné de viol sur le petit garçon de sa femme. L’accusation reposait essentiellement sur le témoignage de la femme, et j’avais estimé, à la fin de mon instruction, que cela ne tenait pas debout. » C’est tout.
(Concernant les « grands pénalistes ») : « Quand ils n’étaient pas payés en nature, si la cliente est jolie, l’arrangement est tout trouvé. »
(Concernant « les délits de conduite sous l’emprise de l’alcool »] : « Je vois arriver des femmes, contrôlées à 10 heures du matin, avec des taux faramineux, d’alcool dans le sang. »
« Une prostituée est retrouvée assassiné dans un bois. […] Les policiers identifient et arrêtent un homme qui reconnaît les faits. […] Lorsque je l’inculpe […] l’homme se tourne vers moi en pleurant, répétant : ‘Il faut m’aider, il faut m’aider. C’est horrible ce que j’ai fait.’ Le lendemain de son incarcération, il écrit une lettre à son fils, pour lui dire que cette ‘bêtise’, il l’a faite pour lui. Et que c’est pour se venger de sa femme volage qu’il avait pris la décision de tuer la première prostituée venue. »
Suivent d’autres éléments de preuves, présentés par le juge Halphen, difficilement récusables (plusieurs aveux, traces de pneus, cartouches, du même alliage...) :
« Pourtant, après un mois et demi de détention provisoire, le coupable présumé change de version. Il proclame son innocence. Il sera acquitté par la cour d’Assises. » C’est tout. 527

Justice (Juges. Halphen Éric) (2) : 2004. Le juge d’instruction Éric Halphen, dans Au lieu des larmes, auteur de :
« Le sexe faible, je n’ai jamais considéré qu’il puisse s’agir des femmes […]
Le fameux Cherchez la femme, et là, l’opinion le cède à l’expérience, ne concerne pas, tant s’en faut, que les meurtres, qu’ils soient passionnels ou mus par l’intérêt, mais bien la majeure partie des délits, vols, escroqueries, violences, infractions financières, qu’il m’a été donné d’instruire et tant que juge.
Au premier rang des femmes, il y a les mères… » […] Et de :
« Bertrand Cantat va être bientôt jugé à Vilnius. Tout ce qu’on peut lui souhaiter, et sans nier en rien le chagrin de la famille d’en face [souligné par moi] c’est de survivre à la passion. [idem] Passons lors des faits [idem], je veux parler de cette quasi folie - de part et d’autre - [idem] qui a armé ses poings. [idem] » 528
N.B. Éric Halphen exerça les fonctions de juge de 1982 à 2006. (Cf. Droit. Homme. Justice. Patriarcat, Penser. Principe. Halphen Éric, Sexes)

Justice (Juges. Hugo Victor) : 1874. Victor Hugo [1802-1885], dans Quatre-vingt-treize, auteur de :
« La loi est formelle. Un juge est plus et moins qu’un homme : il est moins qu’un homme, car il n’a pas de cœur ; il est plus qu’un homme, car il a le glaive. » 529 (Cf. Droit, Hommes, Histoire)

Justice (Juges. Jouvenel Robert de) : 1914. Robert de Jouvenel [1882-1924], dans La république des camarades, auteur de :
« […] (En France) Le ministre de la justice qui demande à un procureur général de lui désigner un juge d’instruction ou un président ‘sûr’, sait fort bien dans quel sens il sera entendu.»
« […] En Italie, le danger d’être déplacé d’une bonne résidence à une médiocre ou mauvaise agit puissamment sur l’esprit des juges qui ne sont pas des héros. Or, de tous temps les héros sont rares. (p.181) » 530 (Cf. Hommes. « Héros »)

Justice (Juge. Lambert Jean-Michel) : 2014. 2017. Le juge Jean-Michel Lambert [1952-2017] s’est suicidé le 11 juillet 2017. Beaucoup sont, avec lui, responsables de sa mort. « La Justice » d’abord et avant tout.
- Et le titre de son livre : « De combien d’injustices suis-je coupable ? » [2014] concerne la justice, dans son entièreté, d’abord et avant tout.

Justice (Juges. Ligue des droits de l’homme. France) : 1987. Lors des auditions publiques (télévisées) à l’occasion du projet de réforme du code de la nationalité, M. Yves Jouffa, le 9 octobre 1987, Président de la LDH [Ligue des droits de l’homme] exprima le souhait que, dans l’hypothèse de refus par le gouvernement d’une demande de naturalisation, il existât un recours juridictionnel. Et il poursuivit :
« Vous savez qu’une des idées forces de la Ligue des droits de l’homme pendant sa longue histoire, c’est l’idée du recours au juge, au juge souverain. » 531
Sans évoquer le poids de l’affaire Dreyfus [qui s’est avéré, pour la LDH, un moment certes fondateur, mais intellectuellement et politiquement étouffant], ni s’interroger sur le ‘concept’ de ‘juge souverain’, cette formalisation des engagements politiques de la LDH permet de mieux comprendre les blocages qui furent et sont toujours les siens en matière de critique féministe du droit.

Justice (Juges. Macdonald Langstaff Annie) : 1915. Voici l’argumentaire invoqué, bien que diplômée en droit de l'Université McGill, pour refuser l’inscription d’Annie Macdonald Langstaff [1887-1975] au Barreau du Québec :
[traduit de l’anglais]
« Imaginons un seul instant une femme qui agirait comme avocate de la défense ou de la poursuite dans un cas de viol et qui devrait poser à la victime les questions qui doivent nécessairement être posées afin de faire la preuve des actes qui sont de l’essence du crime, ou qui s’avèrent également nécessaires afin de répondre aux accusations et de les faire rejeter. Aucune femme possédant le moindre sens de la décence ne pourrait vraisemblablement agir de la sorte sans ternir irrémédiablement sa dignité et sans outrager complètement l’honneur et le respect dus à son sexe. » 532
La pudeur, la décence, la dignité, l’honneur, le respect des femmes et / ou dus aux femmes au service de la légitimation du patriarcat et de la permanence des viols, et des violences des hommes. Y penser toujours en employant l’un quelconque de ces termes. (Cf. Droit, Femmes. Pudeur, Féminisme, Langage, Patriarcat, Penser. Argumentaire, Histoire, Violences à l’encontre des femmes)
Sur proposition de la bâtonnière de Montréal, Me Julie Latour, madame Annie Mac Donald Langstaff fut reconnue à titre honorifique de membre du Barreau du Québec par résolution unanime du Comité administratif du 14 juin 2006.

Justice (Juges. Marat) : 1780. Marat [1743-1793], dans son Plan de législation criminelle [écrit entre 1777 et 1779, publié anonymement en 1780, livré au pilon, puis sous son nom en 1790] auteur de :
« Dans un siècle où l’esprit philosophique paraît avoir tout réduit en préceptes, la justice seule est encore abandonnée aux caprices de l’opinion. C’est dans les institutions de quelques peuples barbares, dans des ordonnances arbitraires, dans des coutumes ridicules, dans des traditions surannées, que ses ministres puisent la règle du juste et de l’injuste. S’il est un spectacle à la fois ridicule et révoltant, c’est de voir de graves magistrats feuilleter d’énormes volumes et flotter d’autorité en autorité, pour savoir que penser d’un forfait ; puis décider de la liberté, de l’honneur, de la vie des hommes, sur la foi de quelque légiste obscur, ou de quelque ignare commentateur, et partir d’un jugement inique pour en prononcer de plus iniques encore. » 533 (Cf. Histoire. Révolution française)

Justice (Juges. Michel Louise) : 1871. Lors du procès de Louise Michel [1830-1905] après la répression de la Commune de Paris, elle fut accusée de :
« 1- Attentat ayant pour but de changer le gouvernement ;
2- Attentat ayant pour but d'exciter à la guerre civile en portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres ;
3- Pour avoir, dans un mouvement insurrectionnel, porté des armes apparentes et un uniforme militaire, et fait usage de ces armes ;
4- Faux en écriture privée par supposition de personne ;
5- Usage d'une pièce fausse ;
6- Complicité par provocation et machination d'assassinat des personnes retenues soi-disant comme otages par la commune ;
7- Complicité d'arrestations illégales, suivies de tortures corporelles et de morts, en assistant avec connaissance les auteurs de l'action dans les faits qui l'ont consommée; Crimes prévus par les articles 87,91,150,151,159,59,60,302,341,344 du code pénal et 5 de la loi du 24 mai 1834. »
À tous ces titres, elle fut poursuivie (et condamnée par le Conseil de Guerre (à Versailles) et interrogée, le 16 décembre 1871, par M. Delaporte, « Colonel du 12ème chasseurs à cheval ».
- Dans sa magnifique « défense » je relève cet échange :
Question : « Vous avez demandé la suppression de la magistrature ? »
Réponse : « C'est que j'avais devant les yeux les exemples de ses erreurs. Je me rappelais l'affaire Lesurques (guillotiné en 1796, il fut l’un des symboles des erreurs judicaires en France) et tant d'autres. » 534
La suppression de la peine de mort en France ne rend pas pour autant caduc le jugement de Louise Michel. (Cf. Politique. Révolution. Torture, Histoire)

Justice (Juges. Militaires) : 1994. Lu concernant le jugement de Victor Basch [1863-10 janvier 1944] sur le procès de Rennes [1899] qui condamna Alfred Dreyfus [1859-1935] :
« Il avait pris la mesure, ce faisant, de la forfaiture des h-juges militaires et du conditionnement sociale et politique qui dictera leur verdict : ‘Ils jugeront avec les passions de leur milieu et c’est pour cela qu’ils le condamneront.’ » 535
Cette analyse ne vaut-elle pas aussi plus largement concernant « la justice » ? (Cf. Justice. Procès. Dreyfus Alfred)

Justice (Juges. Mill Stuart John) : 1861. John Stuart Mill [1806-1873], dans L’utilitarisme, auteur de :
« Quiconque juge le gouvernement nécessaire ne considère en aucune façon comme injuste l’inégalité - si grande qu’elle soit - que l’on établit en donnant aux magistrats des pouvoirs qui ne sont pas accordés aux autres personnes. » 536
La remise en cause de ce postulat si clairement présenté par Stuart Mill devrait être au fondement d’une critique de l’État et donc du droit. (Cf. Droit, Penser. Postulat, Politique. Égalité, État)

Justice (Juges. Mirabeau) : (17 novembre) 1777. Lettre de Mirabeau fils [1749-1791] à M. A.M. Lenoir :
« Vous êtes homme, avant d’être magistrat, Monsieur ; ainsi quand je n’aurais à faire valoir auprès de vous que les sentiments les plus doux et les plus impérieux qu’inspire la nature, j’espérerais encore vous intéresser. » 537 (Cf. Droit, Patriarcat)

Justice (Juges. Netter Yvonne) : 1920. Yvonne Netter [1889-1985], avocate, se souvient :
« Les magistrats étaient épouvantables. Ils ne voulaient même pas entendre de femmes ; certains faisaient même semblant de dormir quand une femme plaidait. On disait que les femmes ne pouvaient pas réussir à cause de leur faible voix ! Heureusement, la mienne était bonne. C’était une difficulté de moins à surmonter. » 538 (Cf. Droit, Justice. Avocate. Netter Yvonne, Histoire)

Justice (Juges. Pareto Vilfredo) : 1917. Vilfredo Pareto [1848-1923] dans son Traité de sociologie générale, auteur de :
« Avant de rendre un jugement, les magistrats regardent bien à qui ils ont affaire. » 539
Est-ce parce que c’est si évident - et donc si nécessaire - que cela est, si souvent, si efficacement, caché ?

Justice (Juges. Rosenczveig Jean-Pierre) : (9 janvier) 2020. Jean-Pierre Rosenczweig, après avoir été président du tribunal pour enfants de Bobigny de 1992 à 2014, présenté par la CIASE [Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église] dont il est l’un des vingt et un membres en tant que « magistrat honoraire, membre du bureau du Conseil national de la protection de l’enfance, membre du Collège droits des enfants auprès du Défenseur des droits, expert UNICEF, enseignant à Nanterre en Droit pénal des mineurs auteurs et victimes », lors de l’interrogatoire d’une victime concernant « une congrégation de frères enseignants qui ne sont pas prêtres, dans un ‘petit juvénat’, auteur de :
« Si je comprends bien, ils ont tous les avantages : ils n’ont pas de femmes, ils n’ont pas à faire la confession, ils n’ont pas à faire la messe. C’est quand même des sacrés personnages, non ? » (Cf. Droit. CIASE, Enfants, Femmes, Hommes, Famille, Justice, Patriarcat, Violences. Violences à l’encontre des enfants)

Justice (Juges. Salomon) : (10 novembre) 2005. Jacques Vergès [1924-2013], dans son Journal, écrit :
« Le jugement de Salomon est un très mauvais exemple pour les juges car il leur permet d’abdiquer leur responsabilité, laissant aux parties le soin de trancher. » 540

Justice (Juges. Sand George) : (début janvier) 1836. George Sand [1804-1876 (dans l’attente d’un jugement concernant « la séparation contre son époux » ses biens, sa maison, la garde de ses enfants), dans une lettre adressée à Marie d’Agoult [Daniel Stern. 1805-1876], auteure de :
« Je ne reçois personne à cause des convenances. Oh ! Oh ! oui, parole d’honneur je fais de l’hypocrisie, je mène une vie monacale, outrée de sagesse, afin de conquérir l’admiration de trois imbéciles de qui dépendent le pain de mes vieux jours… […] » 541 (Cf. Droit. Patriarcal, Famille. Divorce, Justice. Procès. Sand George, Relations entre êtres humains. Admiration, Politique. Lois. Mœurs, Histoire, Violences à l’encontre des femmes. Sand George)
* Ajout. 28 septembre 2021. J’avais mal lu la suite, pourtant d’importance, de cette même lettre :
« Le lendemain de ma victoire, je jette ma béquille, je mets le feu aux 4 coins de la ville, je passe au galop de mon cheval, sur le ventre du président et des juges. […] Suivi de :
« Je suis capable de faire une ode au roi, ou un sonnet à M. Jacqueminot [1878-1865] pour gagner mon procès. »

Justice (Juges. Sénèque) : Sénèque [4 avant J.C-65 après J.C], auteur de :
« Dans une chambre d’enquête, combien y a-t-il de juges qui ne tombent précisément sous le coup de la loi en vertu de laquelle ils enquêtent ? Combien y a-t-il d’accusateurs qui soient exempts de faute ? » 542 Et de :
« Il ne faut pas que celui qui redresse les fautes soit lui-même fautif. »
On oublie souvent ? toujours ? l’essentiel que Sénèque nous rappelle…

Justice (Juges. Séverine) : 1896. Séverine [1855-1929], auteure de :
« Le propre du magistrat étant de condamner, ils condamnent - tout naturellement ; comme l’olivier donne ses olives, et le néflier ses nèfles ! Ils accomplissent une fonction factice avec l’ingénuité de la plante ou de l’arbuste ; très étonnés qu’on puisse en contester l’agrément ou la nécessité ! ils sont spontanés, ils sont sincères - ils sont honorablement malfaisants. » 543

Justice. Juges. Soviétiques. Panaït Istrati :

Justice (Juges. Soviétiques) (1) : 1929. Panaït Istrati [1884-1935], dans Vers l’autre flamme, évoque « les juges soviétiques qui dansent au son de la flûte du Guépéou ». 544

Justice (Juges. Soviétiques) (2) : 1929. Panaït Istrati [1884-1935], dans Vers l’autre flamme, auteur de :
« Et nous trouvons le vieil homme, l’enveloppe dans sa poche, assis depuis de longues heures, devant un jeune beau monsieur, qui est le juge d’instruction et qui le cuisine, le chicane, le découd, abuse de sa simplicité, triche avec sa bonne foi, profite de toute ses maladresses et fait tout son possible pour trouver dans ses réponses la permission de le mettre sous les verrous l’interrogatoire fini. »
N.B. A présenter comme exercices à l’École de la magistrature comme divers modèles, pour des juges d’instructions, de ce qu’il ne faut pas faire ? 545

Justice (Juges. Tolstoï Léon) : 1886. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La mort d’Ivan Ilitch, auteur de :
« Maintenant, étant juge d’instruction, Ivan Ilitch sentait que tous sans exception aucune, les personnages les plus importants, les plus orgueilleux, étaient entre ses mains, et qu’il lui suffisait d’écrire quelques mots sur un papier à en-tête pour que tel personnage important et orgueilleux fut amené chez lui en qualité d’accusé ou de témoin et obligé de se tenir debout si lui, Ivan Ilitch, ne l’invitait pas à s’asseoir, et de répondre à ses questions. Mais Ivan Ilitch n’abusait jamais de ce pouvoir ; au contraire, il s’efforçait d’en adoucir les formes. Toutefois, le sentiment de ce pouvoir et la possibilité de le tempérer constituaient à ses yeux le principal intérêt et l’attrait de ses nouvelles fonctions. » 546 (Cf. Justice. Avocat. Tolstoï Léon)

Justice (Juges. Van Ruymbeke Renaud) : (18 janvier) 2021. Le juge Renaud Van Ruymbeke rapporte la parole de son père quand il l’a informé qu’il voulait devenir juge :
« Il faut quand même que tu saches une chose, c’est que les magistrats qui ont condamné les résistants pendant la guerre, ce sont les mêmes que ceux qui ont condamnés les collabos à la Libération. » 547 (Cf. Justice. Van Ruymbeke Renaud)

Justice. Juges. Voltaire :

Justice (Juges. Voltaire) (1) : (10 avril) 1765. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Antoine-Jean-Gabriel Le Bault [?-?], écrit :
« Une pauvre fille de mon voisinage qui n’avait point celé sa grossesse, et qui était accouché entre les mains de trois femmes d’un enfant mort en naissant fut condamnée à être pendue par des juges de village. [Puis elle fut innocentée…] Quelques-uns de vos magistrats me firent plusieurs mois après, l’honneur de venir dîner à Ferney. Le juge qui avait porté cette malheureuse sentence s’y trouvait, on en parla ; un de vos messieurs, indigné, lui dit : ‘Quel est le butor qui a prononcé cette sentence ? Il mériterait qu’on le prenne à partie, et qu’on le punit sévèrement.’
Le butor, à qui on adressait la parole ne répondit rien, et je ne lui fis pas l’affront de le découvrir. […] » 548
* Ajout. 5 janvier 2018. Voltaire fut, par ailleurs, pour défendre ses propres intérêts, un grand suborneur de juges… (Poursuivre) (Cf. Justice. Voltaire)

Justice (Juges. Voltaire) (2) : Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Étienne-Noël Damilaville [1723-1768], auteur de :
« […] Il importe beaucoup que les juges ne s’accoutument pas à se jouer de la vie des hommes. » 549 (Cf. Justice. Voltaire)

Justice (Juges. Voltaire) (3) : (7 juin) 1771. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à l’avocat Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont [1732-1786], écrit :
« Je n’aime le pouvoir arbitraire nulle part, et surtout je le hais dans des juges. » 550 (Cf. Justice. Voltaire)

Justice (Juges. Voltaire) (4) : (30 mars) 1775. Voltaire [1694-1778], dans une lettre adressée à Jean-Baptiste-Nicolas de Lisle [1735-1784], auteur de :
« Je suis persuadé que si les juges se trompent si souvent c’est que les formes ne leur permettent guère de peser les probabilités. Ils opposent une loi équivoque à une autre loi équivoque, tandis qu’il faudrait opposer raison à raison, et vraisemblance à vraisemblance. » 551 (Cf. Droit. Fond / Forme, Politique. Lois)

Justice (Juges. Zay Jean) : Jean Zay [1904-assassiné le 20 juin 1944], auteur de :
« Rendre la justice est la plus insensée de toutes les entreprises humaines. » 552 (Cf. Justice. Grâce. Zay Jean)

V. Justice (Jury) :

Justice. Jury :

Justice (Jury) (1) : Revendication, après tant d’autres : les magistrat-es doivent quitter les jurys et laisser les juré-es seul-es, libres de décider de la peine.
Les critères de sélection des juré-es doivent être rendus publics, vérifiables, et les tirages au sort doivent aboutir à la présence obligatoire de 50 % d’hommes et de femmes.
- Et le ‘droit’ des avocat-es de les récuser doit leur être retiré.

Justice (Jury) (2) : L’interdiction, sous peine de poursuites pénales, heureusement quelque fois bafouée, de faire état des délibérés, à la fin des procès, est la preuve, s’il en était besoin, de l’évidence de tout ce qu’il y a à cacher.
- Les personnes jugées ont le droit de savoir sur quels fondements ils l’ont été.

Justice (Jury) (3) : La justice est rendue au nom du peuple, mais le peuple n’a pas le droit de savoir comment on juge en son nom.
Enfin, si tous et toutes les juré-es pouvaient prendre la parole et dire comment les jugements rendus en leur nom et par eux ont été décidés… (Cf. Politique. Peuple)

Justice (Jury) (4) : N’estimant pas que la justice soit rendue ‘en mon nom’, je n’accepterais pas de la cautionner en participant à un jury [doutant, par ailleurs, que la probabilité que mon nom puisse être ‘tiré au sort’ soit plausible].
* Ajout. 15 décembre 2017. 1997. Je découvre, avec [une petite, mais courte] fierté, qu’Albert Londres [1884-1932] avait clos son enquête consacrée au bagne par cette phrase :
« Dorénavant si l’on me demande d’être juré, je répondrai : Non ! » 553

Justice (Jury) (5) : Si les juré-es étaient libres et responsables, ils / elles devraient justifier personnellement et publiquement de leurs décisions, après s’être préalablement réuni-es hors de la présence d’un-e magistrat-e.
N.B. Pour rappel : tous ceux qui ont voté ou non la mort de Louis XVI l’ont fait publiquement. (Cf. Politique, Histoire. Révolution)

Par ordre chronologique. Justice. Jury :

Justice (Jury) (1) : 1803. Dans Le rouge et le noir, Stendhal [1783-1842], met dans la bouche de Julien Sorel avant sa condamnation à mort ces phrases conclusives :
« Messieurs les jurés […] Voilà mon crime, messieurs, et il sera puni avec d’autant plus de sévérité que, dans le fait, je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois sur les bancs des jurés quelque paysan enrichi, mais uniquement des bourgeois indignés… »
- On peut lire aussi :
« Malgré le tour un peu abstrait que julien avait donné à la discussion, toutes les femmes fondaient en larmes », que « la tribune circulaire qui règne au-dessus de l’amphithéâtre était rempli de femmes : la plupart étaient jeunes et lui semblèrent fort jolies ; leurs yeux étaient brillants et remplis d’intérêt » ; que pendant les délibérations, « aucune femme n’avait abandonné sa place» et qu’alors que « le jury ne revenait point, cependant aucune femme ne quittait la salle. » 554

Justice (Jury) (2) : 1815. Benjamin Constant [1767-1830] dans ses Principes de politique [Des garanties judiciaires], écrit en note :
« J’ai vu des jurés, en Angleterre, déclarer coupable une jeune fille, pour avoir volé de la mousseline de la valeur de treize shillings. Ils savaient que leur déclaration emportait contre elle la peine de mort. » 555 (Cf. Femmes. Jeunes filles)

Justice (Jury) (3) : 1899. Léon Tolstoï [1828-1910], dans Résurrection, auteur de :
« […] Il ajournait cette affaire des ‘skoptsi’ [secte]non point à cause de l’absence des quelques témoins insignifiants, mais parce que cette affaire, si on la jugeait dans une grande ville, où la plupart des jurés appartenaient aux classes instruites, risquaient de se terminer par un acquittement. Aussi s’était-il entendu avec le président pour que l’affaire fut déférée aux Assises d’une petite ville, où le jury serait en majorité composé des paysans et où, par suite, la condamnation serait plus facile à obtenir. » […]
« Quand les jurés se furent assis, le président du tribunal leur adressa une allocution pour leur exposer leurs droits, leurs obligations et leur responsabilité. […].
Les droits des jurés, d’après ce qu’il leur dit, consistaient en ce qu’ils pourraient poser des questions aux prévenus par l’intermédiaire du président, et pourraient examiner et toucher les pièces à conviction. Leurs obligations consistaient à juger non pas suivant l’injustice, mais suivant le droit. Enfin, leur responsabilité les contraignait à garder le secret sur leurs délibérations, leur interdisait de communiquer avec les étrangers, faute de quoi ils s’exposeraient aux rigueurs de la loi. » […]
« Le président affirmait que la Maslova était coupable. Le marchand soutenait son innocence et le colonel et l’artisan appuyaient son avis. Le reste des jurés hésitait, mais semblait pencher vers l’opinion du président. Cela tenait surtout au fait que tous les jurés étaient fatigués et se rangeait de préférence à celle des deux opinions qui, en mettant tout le monde d’accord, pourrait plus vite leur rendre la liberté. » […]
« Quand, après le résumé du président, le jury se retira dans la salle de délibération pour répondre aux questions posées, Nekhlioudov, au lieu de suivre ses collègues, se faufila dans le corridor. Il avait pris la brusque résolution de se désintéresser de ce procès; on pouvait faire de lui ce qu’on voulait, il était incapable de se prêter encore à cette comédie. » 556 (Cf. Justice. Tolstoï Léon. Témoins. Avocats)

Justice (Jury) (4) : (mai) 1912. Lu dans les Souvenirs de la cour d’assises d’André Gide [1869-1951] :
« Je ne sais comment ils s’y sont pris pour obtenir l’acquittement tout en reconnaissant l’individu coupable des actes reprochés. La majorité a donc dû, contre toute vérité, écrire : « Non » sur la feuille de vote, en réponse à la question : « X est-il coupable de …etc. » Nous retrouverons le cas plusieurs fois et j’attends pour m’y attarder telle autre affaire pour laquelle j’aurais fait partie du jury et assisté à la gêne, à l’angoisse même de certains jurés, devant un questionnaire ainsi fait qu’il les force de voter contre la vérité, pour obtenir ce qu’ils estiment devoir être la justice. » 557 (Cf. Justice. Procès. Gide André)

Justice (Jury) (5) : (30 novembre) 1921. Les 12 jurés qui condamnent Henri-Désiré Landru [1869-1922] à mort ont délibéré huit heures sans la présence d’un magistrat. (Cf. Violences à l’encontre des femmes. Landru)

Justice (Jury) (6) : (août-septembre) 1923. Albert Londres [1884-1932], dans son enquête publiée par Le Petit parisien, consacrée aux bagnes français dénonce, entre autres ignominies, le système dit du doublage :
« Quand un hommes est condamné de 5 à 7 ans de travaux forcés, cette peine achevée, il doit rester un même nombre d’années en Guyane. S’il est condamné à plus de 7 ans, c’est la résidence perpétuelle. » Albert Londres feint alors de poser la question :
« Combien de jurés savent cela ? » Il y répond :
« Le jury ignorant condamne un homme à deux peines. » 558

Justice (Jury) (7) : 1924. Je lis dans, Nous les Seznec, le livre de Denis Seznec, le petit-fils de Guillaume Seznec [1878-1954] concernant le jury du procès qui en 1924, a condamné Guillaume Seznec aux travaux forcés à perpétuité :
« Ce sont des hommes, rien que des hommes bien sûr qui vont avoir entre leurs mains la vie, le destin de Guillaume Seznec. Comme c’est l’usage à l’époque, ils ont été choisis sur des listes ou ne figurent que des notables ou des artisans, et, d’une certaine façon, ils appartiennent au même ‘clan’ que [Pierre.1877-1923] Quémeneur, plus précisément, le conseiller [Quémeneur] est le modèle de ce qu’ils aspirent à devenir. » 559

Justice (Jury) (8) : (18 février) 1934. 12 ans après la condamnation de Guillaume Seznec [1878-1954] aux travaux forcés à perpétuité, six des onze jurés ayant participé au jugement ont présenté, lors d’un meeting, une déclaration solennelle pour demander « la révision » du procès…
Commentaire de Denis Seznec :
« La sacro-sainte ‘intime conviction’ n’immunise pas la conscience contre le doute et encore moins contre le remords. » 560

Justice (Jury) (9) : (12 octobre) 1934. Jacques Vergès [1924-2013] dans son Dictionnaire amoureux de la justice, rapporte [malheureusement sans source] concernant le procès de Violette Nozière [1915-1966], l’échange entre Pierre Bénard [1901-1946] « l’un des plus brillants journalistes de sa génération », Henri Jeanson [1900-1970] qui ne l’était pas moins, et l’avocat général :
« Je lui dis : ‘Cet avocat est un drôle’. Comme il en avait vu d’autres, il me répondit : ‘C’est un avocat général… Nous allons le voir, je le connais très bien. Si, si… Viens, c’est très instructif…fais-moi confiance’. Quelques secondes plus tard, nous étions dans son cabinet. / Eh bien, nous dit-il, que pensez-vous de ce verdict ? / Nous pensons, dit Bénard, que ce verdict est assez scandaleux / N’est-ce pas ? Et il ajouta, avec un bon sourire dans ses moustaches de bon grand-père : ‘Les jurés n’ont rien compris. J’ai demandé la mort pour avoir 15 ans et ces c…-là m’ont suivi‘. Il respira largement et : ‘On ne peut compter sur personne’. Et il conclut : ‘Au fond voyez-vous, ce qu’il y a d’agréable dans notre métier, c’est que nous n’avons pas de responsabilités...’ » 561 (Cf. Justice. Procès. Nozière Violette)

Justice (Jury) (10) : (20 juillet) 1945. Procès Pétain. Les jurés ont été tirés au sort le à partir de deux listes : une liste de parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940, une liste de citoyens « désignés pour avoir, pendant toute la guerre, montré une attitude nationale et résistante à l’ennemi », en fait des représentants des différents mouvements de la Résistance.
L’absence de jury eut été plus juste.

Justice (Jury) (11) : Concernant la période de la Libération, Charles de Gaulle [1890-1970] note, dans ses Mémoires, la composition des jurys des « cours de justice » chargées de juger des crimes et délits de « collaboration » et d’« intelligence avec l’ennemi » : « quatre jurés tirés au sort sur une liste établie par le président de la cour d’appel assisté de deux représentants de la Résistance, désignés par le commissaire de la république. »
Quant à la présidence de la Cour et au ministère public, ils sont « choisis par la Chancellerie ». 562

Justice (Jury) (12) : 1950. Je lis dans le livre de Jacques Vergès [1925-2013], Dictionnaire amoureux de la justice [2002] :
« Quelques jours après le verdict de Bordeaux qui condamnaient Mis et Thiennot, trois jurés confièrent à leur défenseur, Me Le Troquer : ‘Lorsque nous sommes entrés dans la salle des délibérations, le président nous a dit : ‘Ces jeunes gens sont acquittables, mais il y deux jugements antérieurs [Cour d’Assises de Châteauroux et Poitiers]. Pour faire plaisir à la défense, donnons-leur cinq ans de moins.’ » 563

Justice (Jury) (13) : 1957. Aucun magistrat professionnel dans Douze homme en colère [Sidney Lumet. 1957]. (Cf. Culture. Cinéma)

Justice (Jury) (14) : 1962. Dans le film de Le septième juré [George Lautner,1962], on assiste à la nomination du jury. Une femme et présentée et l’on entend l’avocat de l’accusé la récuser :
« Jamais de femmes dans ce genre de défense. »
Le procès dont une femme assassinée était la victime fut jugé par neuf hommes.
- Ce film nous montre par ailleurs la prise de pouvoir - peu crédible mais nécessaire à l’intrigue - d’un juré [l’assassin] sur le Président du tribunal et le Procureur. (Cf. Culture. Cinéma. Le septième juré)

Justice (Jury) (15) : 1963. Nicole Gérard, épouse battue, trompée, humiliée, perd la garde de son fils lors du jugement de divorce. « Après cinq années de procédures et d’incidents », elle tue son ex-mari à bout portant. Lors du procès, le jury est composé de huit hommes et une femme :
« Leur moyenne d’âge est de quarante ans - l’âge de mon mari - professions libérales - même milieu social, et par conséquent à peu près les mêmes problèmes, y compris les problèmes conjugaux. [...] » constate-t-elle. 564 (Famille, Justice. Patriarcale)

Justice (Jury) (16) : 1966. René Floriot [1902-1975], avocat, dans son livre Deux femmes en Cour d’Assises. Madame Steinheil [1869-1954] et Madame Caillaux, [1874-1943], auteur en 1966, de :
« […] En 1941, le gouvernement de Vichy, désireux de restreindre les pouvoirs et l’indépendance du jury, sans pour autant porter atteinte ouvertement à son institution, imagina de réduire à six le nombre des jurés et de prescrire qu’ils délibéreraient désormais avec la Cour, à la fois sur la culpabilité et sur la peine. En bref, le jury était supprimé : il n’y avait plus qu’un tribunal criminel composé à la fois de magistrats et de jurés [Pour rappel toujours des seuls hommes] On pouvait espérer que cette institution subirait à la Libération le même sort que les lois d’exception promulguées par le gouvernement de Vichy. Il n’en a rien été. Tout au contraire, une ordonnance de 1945 l’a validée, portant simplement de six à sept le nombre de jurés. […]
La cour d’Assises étant une juridiction d’essence populaire, ses arrêts doivent émaner de simples citoyens qui, sans subir l’influence des magistrats, décident souverainement en leur âme et conscience. Il importe qu’elle conserve ce caractère … ou alors il ne faut plus parler du jury. Je ne doute pas qu’un grand nombre de magistrats se font un devoir de laisser leurs collègues d’un jour délibérer en toute indépendance, mais je suis également persuadé qu’il n’en est pas toujours ainsi et que d’autres tiennent à imposer leurs vues. […]
Même dans le cas où le président se garde soigneusement de peser d’une façon quelconque sur l’esprit des jurés, ce sont eux qui consciemment ou non, s’en remettent à son expérience et à son autorité. Que le juré soit un humble, et il sera impressionné par la robe rouge du magistrat ; qu’il soit un homme cultivé et averti, c’est à la compétence et à l’expérience du Président qu’il sera tenté de se soumettre.
L’institution du juré est donc faussée. […] » 565 (Cf. Droit, Justice. Jacqueline Sauvage, Histoire)

Justice (Jury) (17) : (4 juin) 1972. C’est un jury entièrement composé de personnes blanches de peau qui ont décidé de l’acquittement d’Angela Davis, laquelle risquait la peine de mort.

Justice (Jury) (18) : 1974. Je lis dans le livre d’Émile Pollak, La parole est à la défense ce qu’un Président du tribunal a[urait] dit concernant un homme jugé pour deux meurtres, aux jurés [concernant le 1er jugement ?] :
« Messieurs, vous l’avez condamné à vingt ans avec beaucoup de scrupules, eh bien, croyez-moi, il était très content, en arrivant à la prison, il a proclamé triomphalement le verdict en annonçant : ‘Champagne pour tout le monde’. On imagine l’effet sur un jury à qui on donne l’impression qu’il s’est fait rouler » commente Me Pollak.
- Le même président a[urait] dit « au cours d’une autre délibération au jury, enclin à l’indulgence :
« Vous ne pouvez pas acquitter, c’est impossible, n’infligez qu’une petite peine si vous voulez, mais condamnez. Vous devez manifester ainsi votre considération pour M. l’avocat général qui a la médaille militaire, qui est un brave homme et qui serait déconsidéré et mal noté si vous l’acquittez. » 566 (Cf. Relations entre êtres humains. Indulgence)

Justice (Jury) (19) : (23 janvier) 1975. Anne-Marie Thuiller est assassinée par son mari Guy Éraud. Il est mis en liberté le 14 décembre 1975. Le 26 janvier 1977, lors du procès d’assises, toutes les femmes jurées sont récusées. [J’ignore le verdict] 567 Par ailleurs, sur des pancartes, on pouvait lire :
« Il l’a tuée, c’est elle qu’on accuse ».
- Le tract dénonçant « la misogynie lors du procès d’un mari meurtrier » et appelant à un rassemblement devant le Palais de justice de Valence est publié dans le livre suscité.

Justice (Jury) (20) : 1976. Geneviève Donadini, à l‘époque membre du parti communiste, et opposée à la peine de mort faisait - seule femme - partie du jury qui condamna en 1976 Christian Ranucci à la peine de mort. En 2017, elle raconte pourquoi sa participation à cette décision a « changé sa vie » et comment elle y « a perdu sa légèreté » :
« […] On demande à des personnes, comme nous, comme nous, jurés, qui n’avons rien demandé, on leur demande de prendre une décision…et je ne dirais pas qu’on les force, mais on les encourage, on les incite, à prendre une décision inhumaine. Donc c’était contraire à tous mes principes, et malgré moi, j’y ai participé. »
Elle critique aussi le fait que la loi leur interdise ensuite d’en parler :
« Vous êtes citoyenne, vous faites votre devoir et ensuite, vous êtes punie de l’avoir fait, puisque vous êtes réduite au silence. » 568

Justice (Jury) (21) : (Avant) 1981. Robert Badinter, avocat, avant le vote de la loi sur l’abolition de la peine de mort, interrogé sur les décisions de justice prononçant cette peine suggère une réforme des jurys qui les réunirait avant la tenue des procès d’assises avec cette double finalité :
« Moins de sensibilité et plus de connaissance des choses. » 569

Justice (Jury) (22) : 1991. Lu dans le livre de Roger Knobelspiess [1947-2017], Voleur de poules. Une histoire d’enfant :
« Avant la guerre [1939-1945] les jurés populaires délibéraient seuls. Vichy vota une loi qui obligeait trois magistrats à se joindre à eux. […]
Pour faire confiance à la justice populaire, il faudrait d’abord lui donner les moyens de sa réhabilitation en abrogeant cette loi qui date de Vichy. J’aurais des tas d’exemples comme celui du procès de Malik Oussekine [1964-1986] (« ou les jurés populaires sont fait de la figuration »). 570

Justice (Jury) (23) : 1992. Christine Ockrent, dans un portrait de « la boulangère de Reims » qui après avoir tué Ali Rafa « l’un des jeunes qui lui piquaient des croissants » fut relaxée par la justice, poursuit, après avoir fait état des réactions d’indignation à l’annonce du verdict [« C’est ça la justice française ? ») :
« À Reims, les hommes et les femmes tirés au sort sur les listes électorales pour composer le jury d’assises ont compris Marie-José, et sa peur ordinaire. Ils ont appliqué leur code moral à eux, qui croient à la propriété, à la défense du bien chèrement acquis, qui redoutent la délinquance et la violence routinières, l’impuissance de la police, de la justice, de la société. En somme, les hantises d’une France ordinaire. Le jury a tranché. On ne commente pas une décision de justice. » 571 (Cf. Femmes. Journalistes. Ockrent Christine, Penser. Indignation)

Par ordre chronologique. Justice. Jury. Jacques Vergès :

Justice (Jury) (24) : 1994. Jacques Vergès [1925-2013], dans Omar m’a tuer, écrit :
« La tradition ne saurait être invoquée pour justifier la présence des magistrats lors des délibérations du jury. Celle-ci est en effet assez récente et le moins que l’on puisse en dire est que ses origines ne sont pas brillantes. C’est en effet le régime de Vichy qui, par méfiance envers les jurys populaires, a fait siéger aux côtés des jurés des magistrats professionnels. […] Les confidences des jurés du procès Raddad [Omar] ont révélé les pressions auxquelles ils ont été soumis. Un assesseur vint s’asseoir au milieu des jurés partisans de l’acquittement, afin de les séparer physiquement, d’empêcher entre eux tout débat. Le président, fort de sa connaissance du dossier - et, en l’occurrence, de ses faiblesses-, s’applique en prenant tout son temps à combattre l’effet produit par les arguments de la défense, à réfuter ceux-ci sans réplique possible. En somme, au procès véritable qui respectait le principe des arguments contradictoires a succédée un deuxième procès qui dura près de sept heures d’où la défense était absente. On connait le résultat. [Omar Raddad fut condamné] » 572

Justice (Jury) (25) : 2002. Jacques Vergès [1925-2013], dans son Dictionnaire amoureux de la justice, auteur de :
« ‘Je tiens mon jury !’ Quel avocat n’a jamais entendu cette phrase dans la bouche d’un Président ? » 573

Dans le Tome II de la Commission d’enquête de l’assemblée nationale, intitulée : La sécurité : Un droit pour les Corses, un devoir pour l’État, le 21 septembre 1999, Monsieur Bernard Legras, Procureur général de la cour d’appel de Bastia après avoir affirmé que « les services de police et de gendarmerie sont désarmés : ils n’ont pas de renseignements, ils n’ont pas de témoignages » poursuit :
« Lorsque par miracle, un témoin accepte de déposer, dans la grande majorité des cas, il se rétracte. Lorsque, par bonheur, on parvient à pousser l’affaire jusque devant une juridiction criminelle, il est aujourd’hui pratiquement impossible de composer un jury de jugement. La session de la cour d’assises de Haute corse s’est ouverte hier, l’audience a été ouverte à 14 heures. À vingt heures - alors que je partais pour vous rejoindre - la présidente était en train de se battre et de poursuivre des jurés suppléants pour parvenir à composer un jury de jugement, parce que, au cours de cette session, il y a une affaire qui concerne un Corse. […] » 574 (Cf. Justice. Témoins)

Justice (Jury) (26) : (30 mai) 2005. Jacques Vergès [1924-2013], dans son Journal, écrit :
« Vive les jurés qui échappent à la pression corporatiste des juges et à celle du pouvoir et qui devraient pouvoir délibérer hors la présence des magistrats comme dans toutes les grandes démocraties. » 575

Justice (Jury) (27) : 2000. Robert Badinter, auteur de :
« Jusqu’en 1978, les jurés des cours d’assises faisaient l’objet d’une élection discrète lors de l’établissement des listes de session par les autorités municipales. Il ne s’agissait pas, comme au XIXème siècle, de composer les jurys de notables soucieux de défendre à tout prix l’ordre et la propriété. Mais les jurys comptaient une forte proportion des membres des professions libérales, de fonctionnaires, de cadres. » 576
Je doute que ces pratiques aient totalement disparues… (Cf. Droit. Patriarcat, Politique)

Justice (Jury) (28) : 2005. Robert Allen, dans Les tribunaux criminels sous la révolution et l’Empire [1792-1811], consacre notamment dans son chapitre IV consacré au « Jury de jugement », trente-trois pages afin de répondre à la question : « Mais qui étaient ces hommes ? » ? Telle que posée, il était donc exclu que la question du monopole masculin qui leur était conférer d’être juré ait pu être posée. Mais, plus largement, c’est tout le livre qui est fondé sur cet implicite. 577 (Cf. Histoire)

Justice (Jury) (29) : 2013. Lu, cette analyse parue dans Le Monde :
« Le pouvoir de […] celui ou celle qui est revêtu de la robe et de l’autorité de président de la cour d’assises, peut se révéler redoutable. ‘Le président s’installe comme leader naturel du groupe, il en a l’uniforme, la capacité, l’autorité.’ Une appréciation glissée, l’air de rien, sur la qualité ou la médiocrité d’un argument de l’accusation ou d’une plaidoirie, une remarque valorisant la personnalité de tel procureur ou de tel avocat, une synthèse habile des débats, peuvent peser lourd sur des citoyens jurés souvent peu familiers de la prise de parole, intimidés par la solennité des lieux et la gravité de l’enjeu. » 578

Justice (Jury) (30) : 2015. Éric Dupond-Moretti, avocat, auteur de :
« La vertu cardinale de cette juridiction [la cour d’Assises], quand on respecte la souveraineté populaire, est … le bon sens […]. » 579 (Cf. Droit, Justice. Avocat. Dupond-Moretti Éric. Procès, Politique, Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Jury) (31) : 2016. (1) Voici l’article 304 du Code de procédure pénale, toujours en vigueur le 1er février 2016, celui donc qui fut imposé aux juré-es hommes et femmes qui ont notamment jugé madame Jacqueline Sauvage :
« Le président adresse aux jurés, debout et découverts, le discours suivant : "Vous jurez et promettez d'examiner avec l'attention la plus scrupuleuse les charges qui seront portées contre X..., de ne trahir ni les intérêts de l'accusé, ni ceux de la société qui l'accuse, ni ceux de la victime ; de ne communiquer avec personne jusqu'après votre déclaration ; de n'écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l'affection ; de vous rappeler que l'accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ; de vous décider d'après les charges et les moyens de défense, suivant votre conscience et votre intime conviction, avec l'impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de conserver le secret des délibérations, même après la cessation de vos fonctions". Chacun des jurés, appelé individuellement par le président, répond en levant la main : "Je le jure".
Pour attention, « l’accusé » est donc pour ce texte nécessairement un homme, tandis que les jurés, hommes et femmes, doivent juger selon les critères « d’un homme probe et libre. » En France, en 2016… (Cf. Justice. Procès. Jacqueline Sauvage)

Justice (Jury) (32) : 2016. (2) Trois commentaires, le 24 novembre 2016, d’un article du Figaro, concernant le procès de Jacqueline Sauvage :
« Les gens affirment qu'ils ont été jugés par un jury populaire, certes c'est vrai, mais pas vraiment. J'ai moi-même été juré d'assises et au moment du délibéré, quand les magistrats professionnels vous incitent, vous tancent, vous influencent, ce n'est pas un jury populaire qui condamne, mais une élite de magistrats sûre de son bon droit...Créez un délibéré sans magistrats professionnels et je croirais de nouveau à la justice. C'était, il y a plus de trente ans et j'y pense encore... !» 580
« Pour ma part j'ai été six fois juré et jamais un magistrat ne m'a dicté son point de vue... c'est juste une question de force de caractère et de personnalité. »
« Si vous saviez comment se passent les délibérations... totalement manipulées par le président du tribunal. »
* Ajout. 30 décembre 2016. Deux autres commentaires, le 29 décembre 2016, dans un autre article du Figaro annonçant la libération de Jacqueline Sauvage :
« Le problème c'est que les jurés, personnes ‘normales’ sont souvent orientés pour ne pas dire manipulés par le président de la cour qui leur ‘indique’ le droit... Il ne faut pas se faire trop d'illusion sur le côté ‘populaire’ du verdict. Il faudrait sans doute revoir la justice et instaurer un système ou le président de la cour serait élu et ou aucun magistrat ne participerait au délibéré. »
« Exact... ayant été juré en Assises, je peux vous garantir que le libre arbitre du juré est très limité. » (Cf. Justice. Procès. Jacqueline Sauvage)

Justice (Jury) (33) : Ni juré-es, ni jury dans le procès des attentats en France du 13 novembre 2015. Le « terrorisme » est un problème trop sérieux, en réalité pour l’État, trop dangereux, pour être confié à des citoyen-nes. (Cf. Politique. « Terrorisme »)

Justice (Jury) (34) : (2 décembre) 2022. À l’initiative des Républicains, mais selon la volonté du gouvernement - un échange de bons procédés ? -, le parlement voté en faveur de la création d'une « juridiction spécialisée dans les violences intrafamiliales ». Cours d’assises désengorgées, cinq magistrat-es décident, plus de jury : le dernier justificatif d’une justice rendue au nom du peuple disparaît ?
N.B. Mais qui - diable ! - a mis dans la tête des féministes, et ce, sans bouger d’un iota depuis près de 30 ans, que les femmes seraient mieux défendues dans des cours spéciales ? Une absurdité, illogique et dangereuse. (Poursuivre) (Cf. Féminisme)

VI. Justice. Patriarcale :

Justice Patriarcale :

Justice (Patriarcale) (1) : De quelle justice parle-t-on lorsque ni la police, ni un-e, juge, ni un-e avocat-e, ni une association, ni un-e médecin, ni des parentes, ni des proches solidaires et angoissé-es, ni les services sociaux, ne sont à même de concrètement arrêter la perpétuation des violences exercées par un homme à l’encontre d’une femme, d’un enfant ?
- Et combien d’assassinats, de meurtres n’ont-ils pas été commis sans qu’une quelconque justice au nom notamment de cette injonction, ici criminelle, du respect de la vie-dite-privée, n’en ait pas même eu conscience ? (Cf. Droit, Violences. Violences à l’encontre des enfants. Violences à l’encontre des femmes)
* Ajout. 20 mai 2019. Un détenu à la prison de Réau (Seine et Marne) a agressé sa compagne, âgée de 27 ans - dont le pronostic vital est engagé - lors d’un parloir à la prison.
Selon un syndicaliste F.O. : « Il sautait à pieds joints sur la tête de sa compagne. » 581 (Cf. Politique. Prison)

Justice (Patriarcale) (2) : (8 novembre) 2019. Entendu sur France Culture un journaliste s’interroger : la justice serait-elle « trop patriarcale » ? L’adverbe est de trop. 582 (Cf. Droit, Langage. Adverbe, Violences)
* Ajout. 4 avril 2020. Michelle Perrot, concernant le code Napoléon de 1804, dont elle rappelle que George Sand [1804-1816] le qualifie d’« infâme », auteure de : « un code ‘très’ patriarcal ». Idem. (Cf. Droit, Langage. Adverbe, Violences)

Justice (Patriarcale) (3) : (8 novembre) 2019. Par ailleurs, il eut fallu changer le titre de la même émission :
« Violences sexuelles : Faut-il être puissante pour être entendue ? » pour :
« Violences sexuelles : Faut-il être une femme pour ne pas être entendue ? » 583 (Cf. Droit. Violences)

Justice (Patriarcale) (4) : Dans les tentatives d’accéder à des procès que les femmes souhaitent intenter à des hommes, ne pas oublier - ce qui n’est lisible dans aucun code pénal - que les hommes bénéficient d’une présomption d’innocence et les femmes d’une présomption de mensonge.

Justice (Patriarcale) (5) : Pourquoi les femmes victimes de violences sont-elles si peu, si mal entendues, se demandent-on souvent ? Parce que du seul fait qu’elles dénoncent les violences dont elles sont victimes, elles dérangent, en le révélant, l’ordre patriarcal, et l’ordre social qui lui est consubstantiel ?
C’est donc leur seule demande de justice qui explique que justice ne leur soit pas rendue.

Justice (Patriarcale) (6) : Les femmes victimes de violences patriarcales sont jugées, selon les mêmes règles de droit et dans le cadre du même processus judicaire que celles qui ont justifiées, légitimées les violences de ceux qui les ont faites des victimes et qui, dorénavant, les accusent. (Cf. Violences. Patriarcales)

Justice (Patriarcale) (7) : La justice féodale maintient les serfs/serves à la place à laquelle le féodalisme les a assigné-es ; la justice capitaliste maintient les ouvriers/ouvrières à laquelle le capitalisme les a assigné-es ; la justice colonialiste maintient les colonisée-es à la place à laquelle le colonialisme les a assigné-e. Et sur ce socle, la justice patriarcale maintient les femmes à laquelle le patriarcat les a assignées.

Justice (Patriarcale) (8) : La justice est souvent accusée d’aller au plus simple. Alors, pourquoi le mari, l’ami, l’amant ont-ils ils si souvent été les derniers suspectés… ? : pour qu’il ne soient pas condamnés.

Justice (Patriarcale) (9) : Et si tous les hommes qui ont jugé des hommes violentant des femmes avaient d’emblée été récusés - comme ils auraient dû l’être - étant juges et parties ? Entre autres innombrables manifestations d’une justice patriarcale…

Justice (Patriarcale) (10) : La justice patriarcale : une justice d’exclusion [des femmes], d’exception [à l’encontre des femmes], d’accusation [des femmes]. (Poursuivre)

Justice (Patriarcale) (11) : À la lecture de la critique faite le 13 janvier 1768 par Voltaire [1694-1778], dans une lettre à Joseph-Michel-Antoine Servan [1737-1807], :
« Mais il me semble que les rédacteurs de notre procédure criminelle ont beaucoup plus songé à trouver des coupables qu’à trouver des innocents » 584 j’analyse plus clairement qu’une lecture patriarcale de la justice oblige à écrire que la justice a plus songé à cacher/ protéger / innocenter les hommes coupables qu’à les trouver. Dès lors c’est la distinction même entre coupables et innocent-es / victimes qui est nécessairement bouleversée. (Cf. Justice. Voltaire)

Justice (Patriarcale) (12) : À la lecture de la position de Victor Hugo [1802-1885] le 10 juillet 1847, lors du procès Teste-Cubières :
« Je n’ai nul goût pour la culpabilité que ne m’est pas invinciblement démontré. Mon penchant est de croire à l’innocence », je me rends mieux compte que cette phrase est devenue, au fil des critiques féministes de la justice patriarcale, caution des injustices imposées aux femmes par ladite justice. 585

Justice (Patriarcale) (13) : Julien Sorel dans Le rouge et le Noir [1830] de Stendhal [1783-18042] déclare, lors de son procès :
« Je ne suis pas jugé par mes pairs ». Que devraient déclarer les femmes ?

Par ordre chronologique. Justice Patriarcale :

Justice (Patriarcale) (1) : 1633. En Angleterre, « le crime de haute trahison » pour fabrication de fausse monnaie était puni de la « pendaison pour les hommes » et du « bûcher pour les femmes ». 586

Justice (Patriarcale) (2) : (5. 7 juin) 1762. Voltaire [1694-1778], dans deux lettres adressées au comte [1700-1788] et à la comtesse d’Argental [1703-1774], écrit :
« J’apprends dans l’instant, qu’on vient d’enfermer dans des couvents séparés, la veuve Calas et ses deux filles ». Et il poursuit :
« On croit à Paris que c’est une bagatelle de rouer un père de famille, et de tenir tous les enfants dans les prisons d’un couvent sans autre forme de procès. » 587
N.B. 1. Le 11 juin 1762, il leur écrit que madame Calas « est à Paris dans le dessein de demander justice. »
N.B. 2. Les deux filles de Jean Calas sortiront du couvent le 8 décembre 1762.
- Le rôle que l’église catholique a jouée en tant qu’alliée et / ou substitut de la fonction répressive de l’État, notamment par l’enfermement dans les couvent - notamment de femmes - est un gigantesque sujet d’études, d’analyse et de dénonciations… à venir. (Cf. Famille, Patriarcat, Église catholique, Politique. Religion)

Justice (Patriarcale) (3) : 1860. George Eliot [1819-1880], dans Le moulin sur la Floss, auteure de :
« Et quand je pense qu’il m’a épousée pour me faire connaître ça [perdre ses procès et toute la fortune de la ‘famille’]. […] Madame Tulliver se remit à pleurer. […]
‘Et pourtant je lui ai dit bien des fois, ‘Tu peux faire ce que tu veux, mais ne va pas en justice’. Qu’est-ce que je pouvais faire de plus ? J’ai été obligée de rester là à ne rien faire, pendant qu’on dilapidait ma fortune, et aussi celle qu’aurait dû revenir à mes enfants. Tu n’auras pas un sou, mon fils… mais ce n’est pas la faute de ta pauvre mère. » 588 (Cf. Famille, Héritage)

Justice (Patriarcale) (4) : 1929. Léon Trotsky [1879-1940], dans Ma vie, évoque le procès en 1906 du soviet des députés ouvriers, dont il était l’un des accusés :
« Environ quatre cents témoins furent cités, dont plus de deux cents vinrent déposer : Ouvriers, fabricants, gendarmes, ingénieurs, domestiques, simples habitants de la ville, journalistes, employés des postes et télégraphes, commissaires de police, élèves des lycées, conseillers municipaux, garçons de cour, sénateurs, voyous, députés, professeurs et soldats défilèrent pendant un mois devant le tribunal et, sous les feux croisés qui partaient des fauteuils des juges, de ceux des procureurs, des chaises de la défense et du banc des accusés - surtout de ce côté‑ci - ils reconstituèrent ligne par ligne, trait par trait, l'époque de l'activité du soviet ouvrier, époque si féconde en résultats. » 589 (Cf. Justice. Témoins)
L’exclusive référence aux hommes sans autre interrogation par Léon Trotsky démontre que cette réalité ne le choquait pas. En fut-il de la sorte ? Je ne sais et en doute. Mais je sais alors la responsabilité du politique et de l’historien. (Cf. Histoire. Patriarcale)

Justice (Patriarcale) (5) : (6 février) 1935. Louis Guilloux [1899-1980] dans ses Carnets rapporte la teneur d’un procès devant les jurés de la Seine d’un homme qui avait tué un homme qu’il « ne connaissait pas », qui avait « un peu trop bu » et [mais ?] qu’il avait « vu battre sa femme ». « Je ne veux pas qu’on batte une femme », avait-il crié. Louis Guilloux cite alors le président du tribunal s’adressant à l’accusé :
« L’homme que vous avez tué ne faisait pas grand mal. Son geste manquait peut-être d’élégance, mais il faut tenir compte du milieu. Les coups de pied que sa femme reçut n’ont laissé aucun mauvais souvenir. En tout cas, vous avez eu tort. Lorsqu’on commence par se montrer chevaleresque, on ne finit pas par tuer à coups de couteaux. » 590 (Cf. Justice. Procès, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Patriarcale) (6) : 1957. Roger Vailland [1907-1965,] dans La loi, auteur de :
« Impossible [pour le commissaire et les policiers] d’interroger les femmes. Il [Don Cesare] leur avait interdit de répondre.
‘Je me porte garant des femmes et des filles de ma maison’. » 591

Justice (Patriarcale) (7) : 1981. Evelyne Le Garrec [1934-2018], dans Un lit à soi, rapporte les paroles d’Yvette qui propose cette analyse pertinente des raisons pour lesquelles tant de femmes se refusent d’en appeler à la justice :
« […] On a eu le cas d’une fille à l’atelier qui avait commencé ses papiers pour le divorce, mais quand elle a vu ce que c’était, elle a préféré retourner. Elle a eu le sentiment qu’elle devait s’abaisser devant toute cette justice, devant ces commissaires. Elle préfère encore s’abaisser devant son mari, c’est quelque chose de quotidien dont elle a l’habitude. » 592 (Poursuivre) (Cf. Sociologie. Le Garrec Evelyne)

Justice (Patriarcale) (8) : (novembre) 2018. Lu sur le rapport 2018 du Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes :
« En 2016, 70 % des plaintes pour violences sexuelles étaient classées sans suite, alors même qu’en moyenne, seules 10 % des victimes déposent plainte. » 593 (Cf. Droit, Femmes, Hommes, Patriarcat, Sexes, Violences)
* Ajout. 8 février 2020. Jacques Prévert [1900-1977], dans le Bureau des objets perdus [un homme vient chercher son frère « perdu » à la guerre], auteur de ce dialogue :
« Sortez, courez, cherchez, c’est votre métier, il faut chercher, mon frère a été tué, c’est un crime, je porte plainte, il faut m’écouter…. Quoi qu’est-ce que vous dites ? »
« L’affaire est classée ! »
« Dites qu’elle est étouffée, l’affaire, monsieur le commissaire. […] » 594
Et, à la fin, il est transféré à « l’infirmerie spéciale du dépôt ». (Cf. Dialogues)

Justice (Patriarcale) (9) : 2018. Jodi Picoult, dans Mille Petits riens, concernant le racisme de la justice américaine, écrit :
« Tous les avocats de la défense vont diront que bien que la majorité de leurs clients soient des personnes de couleur, il est fortement déconseillé de jouer la carte raciale pendant un procès. Pourquoi ? Parce qu’il est carrément suicidaire d’aborder la question raciale dans une salle d’audience. Vous ne connaissez pas les opinions des jurés et vous n’êtes pas non plus sûr à cent pour cent de ce que pense le juge. En fait, la manière la plus sûre de perdre un procès dont l’objet était en lien avec la question raciale consiste à dire les choses ouvertement. Si vous voulez avoir une chance de gagner la partie, vous essayez d’offrir autre chose aux douze jurés : un fragment de preuve susceptible d’innocenter votre client, de sorte que ces hommes et ces femmes puissent rentrer chez eux en continuant de faire semblant de croire que le monde dans lequel nous vivons est un monde de l’égalité. » 595
Appliquer cette magistrale analyse qui démontre clairement que la justice ne fonctionne que si elle est confortée dans les présupposés de la société, à la justice patriarcale.

Justice (Patriarcale) (10) : (25 novembre) 2019. Parmi les mesures décidées par le gouvernement suite à la manifestation contre les violences faites aux femmes, combien peuvent dissuader, inquiéter, menacer les hommes : aucune.
Écrit après avoir lu le dessin par dans Le Canard enchaîné intitulé Mesures contre les violences faites aux femmes : On voit deux femmes dont l’une conseille à l’autre (lunettes noires et traces de coups sur le visage :
« Dis-lui maintenant que tu peux appeler le 3919 [numéro d’appel, en cas de violences] 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7… Tu vas voir comment ça va le calmer ! » 596
N.B. Et c’est ainsi que l’on découvre que ce numéro d’appel - vanté pendant des années - était ouvert de 9 h à 22 heures du lundi au vendredi la nuit, et de 9 heures à 18 heures, les samedis, dimanche et jours fériés. Bref pendant les heures du travail salarié des écoutantes de la Fédération National Solidarité femmes. (Cf. Corps. Visage, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Patriarcale) (11) : (28 novembre) 2023. J’entends sur France Inter que Michel Fourniret, lors de son procès, interdisait à son épouse, Monique Olivier, de parler. Comment réagissait la cour ?

VII. Justice. Preuves :

Justice. Preuve :

Justice (Preuves) (1) : L’absence de ‘preuve’ telle que l’exige le droit, « la justice », ne fait la vérité ni d’un non-lieu, ni d’un délit, ni d’un crime.

Justice (Preuves) (2) : Comment rigoureusement articuler l’appel à la « preuve » avec l’article 427 du Code de procédure pénale qui affirme que :
« […] Le juge décide d’après son intime conviction » ?

Justice (Preuves) (3) : La différence entre présomption et preuve n’est toujours pas établie et ne pourra jamais l’être. Qui plus est, ni l’une ni l’autre ne peut être ni circonscrite, ni définie ; toutes les deux sont arbitraires et livrées à la discrétion des juges qui se gardent bien de lever le lièvre, pourtant bien visible.
Ajouter des « faisceaux d’indices concordants » - ou non - n’ajoute pas de clarté.

Justice (Preuves) (4) : Quel est le poids relatif en matière de jugement des preuves et des probabilités ? Auxquels peuvent s’ajouter la vraisemblance, le bon sens, la bonne foi, et…

Justice (Preuves) (5) : Que peut encore valoir ce mot de « preuve » , alors que Vichinski [1883-1954], le procureur des procès de Moscou [1936-1938] pouvait affirmer que « l’aveu constitue à lui seul la preuve de la culpabilité. » 597
« L’aveu » fut pourtant considéré par des générations de pénalistes comme « la reine des preuves ». Et l’est toujours peu ou prou. (Cf. Justice. Aveu)

Justice (Preuves) (6) : En France, actuellement, que veut dire, parmi mille et mille exemples, une preuve, alors que, pour ne prendre qu’un exemple récent, les nombreuses (sept) propres déclarations de Ian Bailey, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles auraient dû légitimement être considérés comme des éléments accablants (en sus de tous les autres) à charge démontrant qu’il est bien l’assassin de Sophie Toscan du Plantier 598 - ne sont pas considérées comme telles ? (Cf. Justice. Procès. Toscan du Plantier Sophie)

Justice (Preuves) (7) : Le grand non-dit de la légitimité de la « preuve » est la question de la valeur [relative] accordée à la parole de la victime et à celle de l’inculpé, l’État et la justice en étant les grands ordonnanciers.
N.B. Je m’autorise ici un souvenir (parmi tant ‘autres…) qui pesa lourd dans mon investissement en matière de critique féministe du droit. Lorsque j’ai voulu divorcer, en ouvrant la porte du cabinet de la juge et avant même de m’asseoir, j’ai compris, à son seul regard, que mon ex-mari avait gagné, du moins partiellement. En tout état de cause, le parti-pris en sa faveur était tellement évident que la question de la preuve (de quoi donc d’ailleurs ?) était hors sujet. La décision, irrécusable, irréfutable, et pour autant indéfendable, avait été prise d’emblée. La messe était dite avant même de commencer. Sur quels fondements ? Mystère, mais la prise en compte des fonctions de mon ex-mari d’alors ne peuvent être exclues. Me concernant, j’étais tellement abasourdie de tant de mensonges, non réfutés ou si peu et si mal par mon avocat, que je n’ai sûrement pas été très efficace, mais je suis sûre - maintenant - que, sans avocat - hypothèse alors pour moi impensable, et sans doute impossible) devant me défendre par moi-même, je l’aurais été bien d’avantage. J’aurais dit ma colère, ma vérité et j’aurais réfuté tous ces mensonges, si tant est que j’en aurais été autorisée. Là est l’un des problèmes… (Cf. Droit, Famille. Divorce, Justice. Avocat. Patriarcale)

Justice (Preuves) (8) : La justice pourrait sans doute rendre hommage aux victimes - et pourquoi pas les remercier ? - de leurs apports personnels à la recherche de la vérité. Il est en effet tant de « preuves » cherchées, trouvées par elles, au lieu et place de la justice ; sans que pour autant elle n’en tienne compte, lorsque se sentant dépossédée, elle n’en fait plus ou moins consciemment grief.

Justice (Preuves) (9) : La question n’est pas celle des preuves, mais celle de savoir sur qui, sur quoi, selon quelles hypothèses, au sein de quelles contraintes, les preuves sont-elles exigées ?

Justice (Preuves) (10) : Une vérité sans possibilité de preuve - telle qu’exigée, au gré du temps, par la justice - n’en reste pas moins une vérité.
Elle n’en est pas moins rejetée avec souvent moins de temps qu’il faut pour le dire.

Justice (Preuves) (11) : Quand je cherche sur un site juridique trouvé sur internet - en l’occurrence Mon droit de savoir - à comprendre la nature de la preuve en droit pénal et quand je découvre, en sus d’une référence à un article du Code pénal, divers alinéas de divers articles du Code de procédure pénale, des jurisprudences de la Chambre criminelle datant de 1993, 1997, 2006, 2014 - ces sources, par ailleurs strictement françaises et donc forcément limitées, sans doute non exhaustives - je ne peux qu’en tirer la conclusion, que j’ai sans doute là la preuve que les juges, la justice ont quasiment toute latitude de décider si oui ou non telle preuve sera acceptée.

Justice (Preuves) (12) : Nier l’évidence : une preuve de culpabilité : ?

Justice (Preuves) (13) : Et si, dans les procès impliquant des violences, au lieu de rechercher le consentement ou non de la seule victime, on lui substituait une autre analyse : celui pour la victime de n’avoir pu empêcher les violences de l’agresseur, et donc de ne pouvoir ne pas devenir une victime ? Cette inversion du regard ne leur serait-elle pas infiniment plus juste ? (Cf. Penser. Consentement, Violences)

Justice (Preuves) (14) : Déclarer : ‘Apportez la preuve de ce dont vous m’accusez’, est-ce un commencement de reconnaissance de responsabilité ? Qui ? Comment ? Pourquoi ? (Poursuivre)

Justice (Preuves) (15) : Que peut valoir la notion de « preuve » lorsque les journalistes, les policiers, les avocats, les juges, les politiques peuvent, sur tel ou tel fondement, de facto ou de jure, exciper de la nécessité de la protection de leurs sources ? Et, question subsidiaire, combien d’agresseurs et combien de victimes ont-ils pu en bénéficier de cette omerta ?

Justice (Preuves) (16) : Quand j’entends par Dominique Riset sur BFM-TV [29 mai 2021] lister tous les éléments de preuves qui permettrait de juger si l’homme qui a voulu tuer une policière hier, à la Chapelle sur Erdre - pourrait être considéré comme « terroriste », je me dis que si elles pouvaient être prises en compte concernant les violences à l’encontre des femmes, il y a peu d’hommes qui pourraient vivre tranquilles. (Cf. Langage. Mots. « Terroristes », Politique. « Terroristes »)

Par ordre chronologique. Justice. Preuves :

Justice (Preuves) (1) : 1749. Henry Fielding [1707-1754] dans l’Histoire de Tom Jones, auteur de :
« - […] Le montreur de marionnette dit qu’il était parfois difficile à un jury de se prononcer sur un cas de folie : ‘Car, dit-il, j’ai assisté une fois à un procès de cette sorte, où vingt témoins juraient que l’intéressé était fou à lier ; et vingt autres, qu’il avait autant de raison que quiconque.
- Et, en fait, la plupart des gens estimaient que ce n’était qu’un complot de ses parents pour dépouiller le malheureux de ses droits. » 599 (Cf. Droits. Justice. Témoins, Politique. Lois)

Justice (Preuves) (2) : (12 octobre) 1871. Lu dans le Petit dictionnaire des femmes de la commune. Les oubliées de l’histoire concernant Bonard Marie :
« Née en 1845. On dit d’elle lors de son procès : ‘Elle n’est pas une de ces mégères […] Elle a 26 ans, est presque jolie et répond avec un remarquable aplomb aux questions’. On ne peut rien prouver contre elle, mais, le 12 octobre 1871, Le 4ème Conseil de guerre la condamne à la déportation dans une enceinte fortifiée. (Gazette des Tribunaux, 12 octobre 1871. Le Maitron) 600 (Cf. Procès)

Justice (Preuves) (3) : 1915. Rabindranath Tagore [1861-1941], dans La maison et le monde, auteur de :
« Les témoins d’un fait véritable peuvent souvent manquer, mais on peut découvrir des preuves innombrables à un fait inventé. » 601 (Cf. Justice. Témoins)

Justice (Preuves) (4) : (30 avril) 1928. Antonio Gramsci [1891-1937], en prison depuis décembre 1926, écrit à sa mère :
« L’approche du procès améliore mon état ; j’en finirai au moins avec cette monotonie. Ne t’inquiète pas, ne t’épouvante pas qu’elle que soit la condamnation qu’ils [les fascistes] m’infligent ; je crois que cela ira de 14 à 17 années, mais ce pourrait être plus grave encore ; justement parce qu’il n’y a pas de preuves contre moi : que ne puis-je avoir commis sans laisser de preuves ? Aie l’esprit tranquille. »
Il fut condamné à « 20 ans, quatre mois et 5 jours de réclusion », après avoir été inculpé de « conspiration contre les pouvoirs de l’État, de provocation à la guerre civile, d’excitation à la haine de classe, d’apologie d’actes criminels et de propagande subversive. » 602 (Cf. Politique. Propagande)

Justice (Preuves) (5) : 1950. Alan Paton [1903-1988], dans Pleure, ô pays bien-aimé, auteur de :
« […] Alors, ils m’ont demandé quelle preuve j’avais. Et la seule preuve que j’avais était que c’était vrai. […] » 603

Justice (Preuves) (6) : 1955. Henri Lévy-Bruhl [1884-1964], auteur dans son (petit) livre Aspects sociologiques du droit, de :
« En matière judicaire, la preuve a essentiellement pour objet de convaincre le juge. Elle est moins la recherche de la vérité que le moyen de créer une conviction. »
Puis il poursuit concernant cette « double fonction de la preuve judiciaire ; d’une part la recherche de la vérité, en second lieu la nécessité de faire triompher une cause. On peut même dire sans exagération que le second surpasse le premier. Le but essentiel du plaideur sera moins d’atteindre la vérité que de présenter sa cause sous un jour qui la fasse apparaître comme juste dans l’esprit du juge. […] » 604
On comprend mieux ainsi pourquoi, dans un monde régi depuis des siècles par un droit, des juges, des normes, des [non] valeurs patriarcales, il soit si difficile pour les femmes de faire entendre leur [bon] droit.

Justice (Preuves) (7) : 1966. Je lis dans les Actes du Tribunal Russel, ou Tribunal international des crimes de guerre (des Américains au Vietnam) :
« Notre tribunal examinera toutes les preuves qui lui seront soumises, de quelque source qu’elles proviennent.
Les preuves pourront être orales ou écrites.
Aucune preuve utile à notre tâche ne sera écartée.
Aucun témoin désirant témoigner sur les évènements relatifs à notre enquête ne pourra se voir refuser de le faire. […] » 605
- C’est cela qu’il faudrait lire dans un tout autre, nouveau, code pénal. Nul n’est besoin d’être juriste pour l’écrire et pour comprendre. (Cf. Justice. Témoins)

Justice (Preuves) (8) : 1990. Nathalie Schweighoffer [violée, torturée, massacrée par son père dès l’âge de 12 ans], concernant le processus judiciaire déclare, elle aussi :
« C’est à toi de faire la preuve que tu ne mens pas. » 606
En sus de cette vérité inscrite aux sources du droit, c’est effectivement à la victime d’apporter la preuve de la culpabilité de l’agresseur. Et ce, alors que c’est sa seule parole qui devrait être d’emblée considérée comme la plus essentielle des éléments de preuves. Ce simple dernier constat - irrécusable - est en soi condamnation de « la justice ». Quand on sait les coûts (humains, financiers, familiaux, professionnels, politiques…) immenses d’un dépôt de plainte pour violences, les victimes portant plainte en justice, doivent se voir créditées, d’emblée, d’une présomption de vérité.

Justice (Preuves) (9) : 2002. Je lis dans l’Autobiographie d’un hardeur :
« […] Si aucune plainte n’est déposée, l’affaire n’est pas traitée. J’ai dénoncé un type qui organisait des castings [pornographiques] extrêmement violents. C’est décourageant car il faut rassembler des preuves très nombreuses pour mettre un salopard derrière les barreaux. » 607 (Cf. Hommes. Pornographie. HPG, Proxénétisme, Sexes, Violences)

Justice (Preuves) (10) : (15 février) 2005. Je lis, dans un Rapport du sénat, l’audition de madame Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, qui « évoque son expérience de certains procès au cours desquels les juges avaient estimé que la preuve de la menace, de la contrainte ou de la surprise, indispensable pour définir le viol, n’a pas été rapportée, en citant une affaire dont la victime était âgée de 5 ans. » 608

Justice (Preuves) (11) : (11 mai) 2015. Éric Dupond-Moretti déclare :
« La charge de la preuve incombe exclusivement à l’accusation. » 609
On comprend mieux pourquoi il a fallu attendre des siècles pour que des procès de viols puissent être jugés en Cour d’assises. (Cf. Justice. Avocat-es)

Justice (Preuves) (12) : (24 juillet) 2019. Le procureur Robert Mueller, interrogé sur la nature lors de son élection de 2016 des liens entre Donald Trump et ses proches et la Russie de Vladimir Poutine, entendu comme témoin devant le Congrès, répondit :
« L’enquête n’a pas établi que les membres de la campagne (du candidat républicain Donald Trump) ont conspiré avec le gouvernement russe dans ses activités d’ingérence dans l’élection. Nous n’avons pas enquêté sur une ‘collusion’, qui n’est pas un terme juridique. Mais nous nous sommes concentrés sur le fait de savoir si les preuves étaient suffisantes pour inculper tout membre de la campagne pour sa participation à une conspiration criminelle. Il n’y en avait pas ». 610 La réalité du droit : la question n’est pas celle du crime ou du délit, mais celle de savoir si des preuves - jamais définies par le droit - pourraient être invoquées, dans le cadre exclusif des termes acceptés comme légitimes par le droit. (Cf. Droit, Justice. Témoins)

Justice (Preuves) (13) : (2 janvier) 2023. Un non-lieu, après une première plainte en 2006, après 16 ans de procédure, après que le parquet de Paris avait considéré en novembre 2022 que les faits étaient prescrits ou non caractérisés, a été prononcé dans le procès du Chlordécone qui atteint, attaque la santé toute la population Martiniquaise. Les juges d’instruction ont notamment invoqué les difficultés de rapporter « la preuve pénale des faits dénoncés ». Preuve, donnée par la justice, que « la preuve pénale » n’a plus aucun sens ; et que la justice, dans ses justifications indéfendables, est ici une justice d’état.
* Ajout. 18 janvier 2023. À la réflexion, que peut vouloir dire, au singulier, « preuve pénale » ? Les preuves admises, mises en œuvre au pénal ne sont-elles pas multiples ?

VIII. Procès :

Justice. Procès :

Justice (Procès) (1) : Une personne jugée en Cour d’Assises (peut aussi être valable dans d’autres instances pénales) doit « respecter la Cour » ; doit gérer ses émotions, ses craintes, ses peurs, ses espoirs ; ne peux dire qu’elle ne comprend pas les termes de la loi au nom de laquelle elle est jugée ; ne peut mettre les juges face à leurs contradictions ; doit écouter sans les critiquer les appréciations des experts «psy» sans pourvoir dire que leurs diagnostics ne leur correspond en rien, ou si peu, et que leurs catégories ne signifient rien pour elles ; doit entendre erreurs, faussetés, mensonges sans pouvoir les récuser ou, plus justement, doit se justifier des accusations à son encontre seulement lorsqu’on lui en donne l’autorisation ; doit supporter le mépris, doit entendre le dévoilement de pans de vie qu’elle n’aurait jamais imaginé ni souhaité un jour publiquement révélés ; ne peux affirmer de jugement de valeurs qui lui soient propres ; ne peux pleurer que discrètement ; ne doit pas être [perçue] comme impudente, froide, insensible, sans ‘affect’, distante ; ne doit exprimer ni plainte, ni audace, ni assurance, ni présomption, ni orgueil (considérées comme contestations, outrecuidances) ; doit se repentir, s’excuser, demander pardon, affirmer sa volonté de tourner la page, de «se réinsérer» ; doit demander la mansuétude des juré-es qui la découvre et qu’elle ne connaît même pas ; ne doit pas être en contradiction avec ses déclarations antérieures ; ne doit pas mentir aux juges mais sans pouvoir dire sa vérité ; ne peut évoquer la prison (dont elle vient d’être extraite) : l’injustice de la prison ne pénètre pas dans les cours dites de Justice.
J’oubliais : ne doit surtout pas connaître le droit, ni la procédure…

Justice (Procès) (2) : Tous les procès sont politiques. Parce qu’ils participent à la gestion, à la régulation du fonctionnement des sociétés. (Cf. Droit, Politique)

Justice (Procès) (3) : Pour une vérité dévoilée, révélée lors d’un procès, combien de mensonges sont-ils proférés ?

Justice (Procès) (4) : Si les procès avaient plus à voir avec une certaine idée de la justice, l’attente de leurs décisions ne s’apparenterait pas avec celle de l’attente des résultats du loto.
À ceci près que nul-le n’est contraint-e d’acheter un billet de loterie.
* 9 juin 2021. Le terme de « loterie » concernant le fonctionnement de la justice en matière de violences à l’encontre des femmes est employé à deux reprises sans que la ministre déléguée à l’égalité, Élisabeth Monreno, ne trouve à le récuser. 611 (Cf. Violences)

Justice (Procès) (5) : Les procès d’assises sont généralement considérés comme relevant d’une « procédure orale ». Concrètement, cela signifie que le travail des juges d’instruction qui dure souvent des années peut être quasiment effacé au profit de quelques jours de [pseudo] débats - souvent encombrés d’une multiplicité d’interventions, si souvent, hors de propos : psy, experts. Et ce, dans un contexte dans lequel la personnalité des parties prenantes - président-e du tribunal, procureur-e, accusé-e, avocat-es, victime…joue un rôle si fondamental.
Quant à l’acte d’accusation, dont tout être discuté, il est souvent inaudible, incompréhensible à tous ceux et celles qui ignorent tout de ce travail de plusieurs années. Les juré-es et les magistrat-es au nom de « l’oralité » - devront s’en contenter, en regardant les piles inexplorées du dossier qui s’entassent devant eux.

Justice (Procès) (6) : (décembre) 2016. Un magistrat en activité cité par Le Monde Diplomatique :
« Trancher, je sais faire ; mais parfois le fait de trancher cause autant de dégâts que le litige lui-même. » 612
Un profond bon sens ; une radicale critique de la justice.
* Ajout. 4 février 2023. Non. Car l’emploi du verbe « trancher » exclue toute référence à la justice. (Cf. Penser. Juger)

Justice (Procès) (7) : (30 juin) 2017. Une dizaine de « femmes [américaines] de la tech » dénoncèrent dans le New York Times la « culture du harcèlement » sexuel dans la Silicon Valley. À cette occasion, l’AFP interroge Éliane Fiolet, « Française installée dans la célèbre vallée depuis 2000 et co-fondatrice du site spécialisé Ubergizmo ». Pour Mme Fiolet, faire des déclarations publiques, sans forcément aller en justice, comme l'a fait l'ingénieure d'Uber - « est beaucoup plus efficace car cela peut entraîner des campagnes de boycott. » Ce qui a été le cas de la « démission » de Travis Kalanick, patron d’Uber, suivi de la démission de Dave MClucre et de plusieurs autres mea culpa. 613
L’alternative n’est pas le procès ou la déclaration publique, suivie ou non de boycott, les deux pouvant être concomitantes. (Cf. Économie. Boycott, Sexes. Sexisme, Violences. Violences à l’encontre des femmes. Harcèlement sexuel)

Justice (Procès) (8) : Y a-t-il plus grande injustice que de considérer un procès « équitable » lorsque l’on peut affirmer qu’il faille traiter « à équivalence » un assassin et une victime ? Mais cette question est mal posée : les assassins ont plus de droits en justice que leurs victimes, ne seraient-ce que parce que celles-ci, vivantes ou mortes, dans l’immense majorité des situations, n’y parviennent même pas.

Justice (Procès) (9) : Dans nombre de procès, la justice s’acharne à tenter de rechercher le mobile de l’agissement délictueux : comme si un délit ou un crime n’était pas l’expression d’une multiplicité de facteurs, les plus fondamentaux résidant justement dans ce que la justice, à moins de se remettre en cause, ne peut prendre en compte, à savoir l’organisation même de l’injustice de la société.
Plus encore, la justice tente de le faire avouer par le / la présumé-e coupable : comme s’il /elle était à même de le comprendre, de l’analyser, de l’expliquer, de l’isoler de son contexte, et ce - qui plus est - alors même qu’il / elle cherche légitimement à se disculper.

Justice (Procès) (10) : La meilleure critique des procès concernant les violences à l’encontre des femmes - ceux que je connais le moins mal - ne serait-elle pas de procéder à des procès hors de tout cadre juridique ? Des femmes victimes de violences, lorsqu’elles ne sont pas décédées, décideraient alors de procéder à des procès - publics - sans référence au droit, sans avocats ni de la défense ni des parties civiles, sans experts d’aucune sorte, sans juges, sans procureurs, sans jurys, sans même condamnations, mais en décidant de faire témoigner toutes les personnes qui, selon les victimes - qui seraient seules libres de nommer ou non l’agresseur - doivent avoir la parole pour expliquer, dénoncer ces violences. Concernant les victimes décédées, toute personne proche d’elles pourrait prendre une telle initiative.
Aucun de ces procès ne serait identique à l’autre - la parole de la victime pourrait être seule suffisante - mais c’est l’accumulation de ces différences qui bouleverserait le droit, la justice, le procès. (Poursuivre)
* Ajout. 25 janvier 2021. Une idée de réforme - doutant que le terme soit approprié - serait que la victime pourrait - de droit - décider, tant leurs paroles, à force de tenter de les ajuster au droit, en réalité, si souvent, aux normes, valeurs dominantes, telles que interprétées, et si souvent accentuées par les avocat-es, par l’institution judicaire - de plaider par et pour elle-même, mais dès lors, contraignant - de droit - l’agresseur poursuivi et la justice, dans son ensemble - à en faire de même. (Cf. Politique. Réformes)

Justice (Procès) (11) : (6 décembre) 2020. À la lecture de cette simple phrase de Me Georges Kiejman [1932-2023] :
« Quand on se retrouve devant une cour d’assises, on ne se préoccupe plus de la vérité des faits, mais de la vérité du dossier », j’ai enfin compris clairement pourquoi et comment les procès pouvaient ne rien à voir avec l’idée même de justice, ni même de vérité. 614 (Cf. Droit, Justice. Avocat, Penser. Vérité)

Justice (Procès) (12) : Combien de procès ont-ils eu lieu aux fins de démontrer la culpabilité d’une femme, aux termes des quels il fut simplement démontré, rappelé, affirmé, confirmé qu’elle était une femme ?

Justice (Procès) (13) : J’entends l’expression de « miracle juridique », et je pense alors que quasiment tous les procès intentés - ici - par les femmes pour obtenir justice peuvent relever de ce jugement.

Justice (Procès) (14) : (8 septembre) 2021. À l’occasion de l’ouverture de ce qui est présenté comme un « procès historique » - celui concernant les attentats du 13 novembre 2015 - lequel doit durer 8/9 mois, j’entends que le procès « enregistré pour l’histoire », « produit de la connaissance », a « des effets sur la société », « pose un diagnostic » …

Justice (Procès) (15) : Les procès individualisent les crimes. Dès lors toutes - rares - tentatives de vouloir régler par la justice les crimes des États sont inappropriés : le droit n’a pas été pensé pour ce faire, ne les concerne pas. Certes, des témoignages individuels proposent des analyses des jugements, des critiques et permettent de mieux comprendre les fonctionnements d’un système politique, économique, mais ce n’était pas la finalité des procès dite politiques : ce n’est qu’un biais qui détourne l’analyse de fond. Comment faire alors ? (Poursuivre)

Justice (Procès) (16) : Combien de procès ont-ils été considérés comme ‘gagnés’ alors que les fondements juridiques sur lesquels ils l’ont été ne correspondaient en rien avec ceux voulus par la plaignante ? Justice a-t-elle été rendue ? Non.
N.B. J’ai - ou plutôt, mon avocat - a gagné le procès que j’avais intenté contre Le Seuil sur le fondement d’une jurisprudence trouvée sur la nature du contrat signé concernant le livre sur Le droit de cuissage, alors que le procès que je souhaitais était celui de censure qui aurait été fondée sur la rupture entre ce que le responsable du Seuil espérait et le manuscrit féministe tel qu’il lui fut présenté. Les preuves de cette censure, écrites comprises, étaient pourtant évidentes, patentes, flagrantes. Celles-ci, dès lors ce détournement de sens effectué, étaient inappropriées, de fait, hors sujet, et j’assistais - sans dire un mot, d’après mes souvenirs - à ce procès qui certes me concernait, mais qui ne m’intéressait plus.

Par ordre alphabétique. Justice. Procès :

Justice (Procès. Associations féministes) : (août) 2009. Cinq associations féministes, les Chiennes de garde, le Collectif Féministe Contre le Viol, la Fédération Nationale Solidarité Femmes, Femmes Solidaires et le Mouvement Français pour le Planning Familial, en août 2009, « au titre d’un objet social commun, les droits des femmes en général et les violences contre les femmes en particulier », avaient engagé une procédure contre les textes d’Orelsan « pour injures publiques à raison du sexe, et incitation à la haine, à la violence et aux discriminations à raison du sexe ».
- Au (printemps) 2013, elles ont « gagné » leur procès, mais il fut perdu en appel [jugement rendu le 18 février 2016].
- En (février) 2016. Sans plus d’informations, sans plus d’analyse, sans plus de critique, alors que ce jugement prenait position sur le droit, la morale, la subjectivité, la liberté de création, la censure, et bien sûr les violences à l’encontre des femmes, leur décision, du moins celle qui fut rendue publique, fut la suivante :
« L’arrêt de la cour est intervenu le 18 février 2016.Le Tribunal avait fait droit aux demandes des associations. La cour a jugé autrement. Les associations le regrettent. Leur détermination demeure intacte pour faire cesser voire faire sanctionner ces violences faites aux femmes quels que soient les moyens utilisés au service de ces violences. » 615
- « …voire, faire sanctionner ces violences » : n’est-ce pas, alors qu’elles s’étaient engagées « au titre d’un objet social commun, les droits des femmes en général et les violences contre les femmes en particulier », abandonner le terrain du droit ? Ou, tout au moins, en réduire considérablement la probabilité ? Quelle est alors leur crédibilité en matière de luttes contre les violences [faites aux femmes] ? 616 (Cf. Culture. France Culture, Êtres humains. Handicapés, Violences. Violences à l’encontre des femmes)

Justice (Procès. Besnard Marie) : (12 décembre) 1961. Marie Besnard [1896-1980] après avoir été inculpée en 1949, après trois procès et de nombreuses années de prison, fut acquittée le 12 décembre 1961. Elle déclara :
« J’aurais aimé entendre que j’étais innocente. » 617
Mais alors que « la justice » pouvait l’accuser d’être coupable d’assassinats, elle ne pouvait affirmer son innocence. Et donc s’excuser auprès d’elle.
* Ajout. 4 août 2022. Écouter les justes, terribles jugements, les analyses critiques de Fréderic Pottecher [1905-2001] concernant le procès de Marie Besnard. 618

Justice (Procès. Bobigny) : (novembre) 1972. Affiche du MLF avant le procès de Bobigny :
« Procès pour avortement. Le 8 novembre à Bobigny. Sa mère et celle qui ont aidé Marie-Claire passent en jugement.
Violées, Avortées, Avorteuses
Femmes, Mères, Filles
Travailleuses, Mineures, Mères, Célibataires
Toutes solidaires.
Qui nous viole ? Qui nous engrosse ? Qui nous juge ? Qui nous dénonce ?
Qui nous exploite ?
Patron, flic, mouchard, juge,
Tous complices de la morale, la loi, la famille, le capital
Des femmes du mouvement de libération des femmes. » 619
N.B. Les Actes du procès ont été publiés, sous l’intitulé : Le procès de Bobigny ; Choisir la cause des femmes [Gallimard. Nouvelle édition. 2006] (Cf. Femmes. Avortements)

Justice (Procès. Bouhired Djamila) : 1957. Lorsque Djamila Bouhired, militante FLN, fut condamnée à la peine de mort, elle éclata de rire.
« Ne riez pas, dit le Président qui l’avait condamnée, c’est grave. » 620

Justice (Procès. Brion Hélène) : 1918. Hélène Brion, [1882-1962], devant le Conseil de guerre, déclara :
« Je comparais ici comme inculpée de délit politique : or je suis dépouillée de plano (de plein droit) de tous droits politiques. Parce que femme, je suis classée par les lois de mon pays, inférieure de beaucoup à tous les hommes de France et des colonies. Malgré l’intelligence qui m’a été officiellement reconnue depuis peu ; malgré les brevets et diplômes qui m’avaient été octroyés longtemps avant, je ne suis pas devant la loi l’égale d’un nègre illettré de la Guadeloupe ou de la Côte d’Ivoire. Car lui peut participer par le bulletin de vote à la direction des affaires de notre commun pays, et moi, je ne le puis pas.
Je suis hors la loi. La loi devrait être logique et ignorer mon existence, lorsqu’il s’agit de sanctions, autant qu’elle l’ignore lorsqu’il s’agit de droits. Je proteste contre son illogisme.
Je proteste contre l’application que l’on me fait des lois que je n’ai ni voulues, ni discutées. Ces lois ne sont pas, ainsi que le dit la Déclaration des Droits de l’Homme, « l’expression de la volonté générale », car la fraction numériquement la plus importante de la Nation, les femmes, n’ont été appelées à les faire, ni directement, ni par leurs représentants. »
Quelle puissance d’analyse ! Et le plus extraordinaire, c’est qu’Hélène Brion, pourtant condamnée par le Conseil de guerre le 28 mars 1918, ne fait que dire l’évidente, l’irrécusable, l’aveuglante vérité… Lire tout son texte, vraiment remarquable…621 (Cf. Droit, Femme Remarquable, Patriarcat, Politique. Guerre. « Volonté générale »)
* Ajout. 15 mai 2019. Lire : Daniel Flamant, Hélène Brion. Une institutrice féministe devant le Conseil de Guerre [Éditions Raison et passions. octobre 2018. 187p].

Justice (Procès. Caillaux Henriette) : 1914. Henriette Caillaux, [1874-1943], épouse de Joseph Caillaux [1863-1944]. Après une longue et très violente campagne contre son mari, alors ministre des finances (110 articles, échos, dessins publiés en 106 jours dans Le Figaro), Henriette Caillaux, le 16 mars 1914, a tiré six coups de revolver et tué le directeur du journal, M. Calmette. Celui-ci menaçait notamment de publier des lettres personnelles à elle adressées par Joseph Caillaux, alors qu’ils étaient amants avant leur mariage :
« Mon pauvre père, dira-t-elle au procès, me disait toujours : une femme qui a un amant est une femme sans honneur. »
Après plusieurs tentatives infructueuses pour faire cesser cette campagne, « au fond du désespoir », le jour du crime, elle rencontre le premier Président du Tribunal de la Seine qui « lui confirmera l’impuissance de la justice, la vanité des procès en diffamation ».
A-t-elle ajouté, comme elle le dira, selon le biographe de Joseph Caillaux (ce que contestera le magistrat) : « Il faut se défendre soi-même » ? Elle affirmera, en revanche sûrement, juste après le crime, avant l’arrivée de la police :
« Il n’y a pas de justice en France. C’était le seul moyen d’en finir. »
- Lors de son procès, cinq mois après, elle sera acquittée le 26 juillet 1914, dans des conditions qui tiennent beaucoup aux pouvoirs de son mari, peu regardant quant à la morale de ses agissements et de ses arguments. 622 (Femmes. Amants. Épouses de, Relations entre êtres humains. Vanité, Justice. Diffamation)
* Ajout. 12 novembre 2016. Pour une présentation passionnante de ce procès, lire le livre de Maurice Garçon, Deux femmes en Cour d’Assises. Madame Steinheil et Madame Caillaux. 623

Justice (Procès. Choiseul-Praslin. Duchesse de) : 1862. Voici la présentation de l’assassinat de la duchesse de Choiseul-Praslin [1807-1847] par Daniel Stern (comtesse d’Agoult) qui fut, jeune, son amie :
« Une femme encore belle et de mœurs irréprochables, fille d’un maréchal de France, fut assassinée, avec une atrocité sans exemple par son mari, le duc de Praslin qui n’échappa que par le suicide à la juridiction de la cour des pairs. Cet évènement mystérieux, longtemps inexpliqué, ce drame sanglant passionna le pays. Le nom de l’infortunée duchesse de Praslin courait de bouche en bouche et pénétrait jusque dans les campagnes les plus reculées. On s’abordait sans se connaître, sur les routes et sur les places publiques, pour se demander des éclaircissements et pour se communiquer une indignation qui ne pouvait se contenir.
Le peuple, toujours si aisément ému par l’image d’une femme que sa faiblesse livre sans défense à la haine, se prit à maudire tout haut une société où se commettaient de tels forfaits. Il multiplia, il généralisa dans ses soupçons ce crime individuel. Cette tragédie domestique prit les proportions d’une calamité publique. Elle suscita des penchants sinistres dans tous les cœurs. » 624
- Concernant le contexte, l’historique du crime, le droit, le procès, les relations entre les époux, se référer au livre dans lequel on peut découvrir de nombreux documents alors inédits de Pierre-Maurice Garçon, Le meurtre de la duchesse de Choiseul-Praslin. 625 (Cf. Penser. Indignation, Histoire. Historiographie. Patriarcale)

Justice (Procès. Clereaux Marie) : 1785. Lu :
« À Rouen, Marie Clereaux [?-?], servante, chassée par son maître, Thibault, l’accuse d’avoir gardé les 500 livres d’économie qu’elle lui avait confiées, de sorte que (sic) Thibault l’accuse alors de vol domestique, accusation gravissime, passible de la peine de mort, à laquelle elle est condamnée, en 1785, sentence confirmée par un arrêt du parlement de Rouen ; l’avocat Louis-François Froudière rédige alors et diffuse un factum («Texte imprimé rédigé par un avocat exposant au public les péripéties d’une affaire judiciaire») qui démontre l’absence de preuve touchant le vol domestique et qui révèle que Thibault a voulu supprimer en Marie un témoin de sa vie de débauche : elle a résisté à ses tentatives de viol et elle sait que Thibault et sa maîtresse ont commis un infanticide. Dès 1785, le parlement de Rouen reconnaît l’innocence de Marie qui échappe donc à la peine capitale. » 626 (Cf. Femmes. Servantes, Justice. Témoins, Violences à l’encontre des enfants. Infanticides)

Justice (Procès. Doise Rosalie) : 2005. Rosalie Doise [1833-1899] fut accusée en 1862 de parricide pour un assassinat qu’elle n’avait pas commis, puis elle fut innocentée.
Un livre : Une parricide au Tribunal d’Amiens. Rosalie Doise victime d’une erreur judicaire sous Napoléon III 627 démonte le fonctionnement de la justice et de la prison (le terme de « tortures » est employé à plusieurs reprises) sous Napoléon III [1808-1873]. (Cf. Politique. Torture, Histoire)

Justice. Procès. Dreyfus Alfred :

Justice (Procès. Dreyfus Alfred) (1) : (7 juin) 1899. Concernant le procès d’Alfred Dreyfus [1859-1935] à Rennes Victor Basch [1863-10 janvier 1944] situe les enjeux qui ont eu à voir avoir la justice d’un innocent injustement condamné :
« Innocenter Dreyfus, passe encore ! , mais condamner un général ! » (Cf. Justice. Ministère de la guerre, Penser. Pensées. Binaires)

Justice (Procès. Dreyfus Alfred) (2) : (10 août) 1899. Concernant le procès d’Alfred Dreyfus [1859-1935] à Rennes, Victor Basch [1863-10 janvier 1944] écrit à son épouse :
« Il faut tout apprendre aux juges [du tribunal militaire]. Ils ne savent rien, ils ne voulaient rien savoir, ils n’ont rien lu, ils ne voulaient rien lire. »
- Je lis aussi qu’Alfred Dreyfus entra dans la salle d’audience « entre deux rangées de soldats qui lui tournaient le dos. » 628

Justice (Procès. Dreyfus Alfred) (3) : En 1935, Victor Basch [1863-10 janvier 1944], dans un texte intitulé Alfred Dreyfus et l’Affaire, écrira que le colonel Jouaust [Albert. 1840-1927], président du conseil de guerre, « joua[it] avec lui comme chat avec une souris. » 629
- Et je lis sur internet qu’il se prononça en faveur d’Alfred Dreyfus. (Poursuivre)

Justice (Procès. Dreyfus Alfred) (4) : (20-21 septembre) 1899. Émile Zola [1840-1902, écrit, le lendemain de la libération - après la grâce - de son mari [1859-1935], à Lucie Dreyfus [1869-1945] une lettre dans laquelle il évoque le procès de Rennes :
« […] Puis, comme si ses bourreaux l’avaient voulu grandir encore, voilà qu’ils lui ont imposé la torture suprême du procès de Rennes. Devant ce martyre décloué de sa croix, épuisé, ne se soutenant plus que par la force morale, ils ont défilé sauvagement, bassement, le couvrant de crachats, le lardant à coups de couteau, versant sur ses plaies le fiel et le vinaigre. Et lui, le stoïcien, il s’est montré admirable, sans une plainte, d’un courage hautain, d’une tranquille certitude dans la vérité, qui feront plus tard l’étonnement des générations. Le spectacle a été si beau, si poignant, que l’arrêt d’iniquité a soulevé les peuples, après ces monstrueux débat d’un mois, dont chaque audience criait plus haut l’innocence de l’accusé. […] » 630 (Cf. Femmes. Épouse de, Justice. Grâce, Politique. Torture)
Ce texte, grandiloquent, prend sans doute son sens resitué dans l’incompréhension assez générale d’Alfred Dreyfus « impassible », peu à même d’exprimer, après notamment toutes ces années au bagne, émotions et a fortiori colère.

Justice (Procès. Dreyfus Alfred) (5) : 1994. Je lis dans le livre de Françoise Basch [1930-2023], Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de la Milice :
« Ces premiers jours du procès [7 août. 19 septembre 1899] firent apparaître combien les dés étaient pipés, combien l’innocence ou la culpabilité de Dreyfus pesait de peu de poids dans cette balance. Barrès [Maurice. 1862-1923] réduisit la tragédie à une simple équation :’Il y aura d’une part l’honneur de Dreyfus et d’autre part l’honneur de tous les ministres et généraux qui nous ont juré la culpabilité de Dreyfus.’ » 631

Justice (Procès. Dreyfus Alfred) (6) : 1994. Je lis dans le livre de Françoise Basch [1930-2023], Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de la Milice :
Alfred Dreyfus, écrit en 1916 une lettre « exaspérante de masochisme » :
« La France, c’est aussi le pays où triomphe toujours la justice malgré l’iniquité de … la raison d’État… Maudit, puis condamné pour un crime infâme dont j’étais innocent, je finis par recevoir une brillante réparation, le triomphe de la vérité et du droit. » (Cf. Politique. Nationalisme, Histoire. Mémoire)

Justice (Procès. Garcia Inès) : 1973 (?). En Californie, Inès Garcia est condamnée à 5 ans de prison : violée par un homme avec l’aide d’un complice, elle avait tué l’un de ses agresseurs. Le violeur est remis en liberté. Le juge américain Lawson a déterminé le vote des jurés en faveur de la culpabilité en déclarant que ‘le procès est le procès d’un meurtre, ce n’est pas celui d’un viol’. […] Simone de Beauvoir […] écrit à la jeune inculpée :
« Je suis indignée que votre acte de légitime défense vous ait conduite devant les tribunaux. La justice de ce monde mâle démontre un fois de plus qu’elle méconnait les droits les plus élémentaires des femmes. On retient contre vous l’agression de meurtre et le viol qui l’a motivé n’est même pas mis en question. Soyez assurée de l’appui de toutes les femmes françaises et du mien en particulier. Avec ma profonde sympathie. » 632 (Cf. Droit, Justice. Légitime défense, Violences. Viol)

Justice (Procès. Gibson Violet) : (7 avril) 1926. Violet Gibson [1876-1956], Irlandaise catholique, sœur de Lord Ashbourne, tira sur Mussolini.
[…] Le procès-verbal d’interrogatoire fut interrompu, à la demande du Procureur et du juge d’instruction et ne fut pas même signé par elle.
« L’audience eut lieu le 12 mai 1927, non pas comme initialement prévu, devant la cour d’Assises de Rome, mais devant un Tribunal créé, entre temps. Et elle fut jugée en son absence, car son avocat, Enrico Ferri, craignait, qu’étant présente, elle ne vint contrarier par une apparente normalité, le diagnostic de folie. » Le non-lieu fut prononcé, elle fut envoyée à Londres où elle fut adressée à deux psychiatres dont le diagnostic permit qu’elle fût internée à vie.
Luc Nemeth qui retrace ce si injuste destin pose la juste question suivante :
« Aujourd‘hui, lorsqu’il est question d’elle, c’est pour s’en débarrasser sous l’appellation de déséquilibrée. […] Disons qu’elle avait souffert de troubles, mais qui même attestés ne nous renseigneraient pas beaucoup plus : avait-elle agi parce que perturbée ? Ou bien, vouloir supprimer Mussolini n’était-il pas plutôt le signe de ce qui lui restait de santé ? » 633 (Cf. Histoire)

Justice (Procès. Genlis Félicité de) : 1811. Félicité de Genlis [1746-1830], dans Les souvenirs de Félicité *** écrit :
« J’ai un procès de la plus grande importance pour moi, et tout ce que j’en sais, c’est que la cause de mon adversaire est odieuse ; mais d’ailleurs, je n’entends absolument rien aux détails de l’affaire, aux moyens de défense, etc., et depuis un an, je suis excédée d’être obligée d’écouter toutes ces discussions que mon ignorance me fait paraître si fastidieuses.
J’appris, dès mon enfance, à jouer de huit instruments ; je voudrais bien aujourd’hui que tout le temps que j’[y] ai consacré, eut été employé à m’instruire un peu des affaires. La musique est un art charmant : mais j’ai bien peur que la partie adverse, se moquant avec raison de moi, ne me dise un jour : ‘Vous chantiez, j’en suis fort aise ; Eh bien, dansez maintenant.’
Il est triste, faute d’intelligence et de lumière de se trouver tout à fait étrangère à ses propres intérêts. » 634 (Cf. Culture. Patriarcale, Droit. Patriarcal, Justice. Patriarcale, Patriarcat, Politique)

Justice (Procès. Hamon Hervé) : 2006. Hervé Hamon, premier juge des enfants au tribunal de Nanterre, auteur de :
« […] Je crois qu’il fait être prudent dans tout ce qui a pu être développé sur le statut de la victime, dans le procès pénal, qui manifestement n’est pas construit pour la victime. » 635

Justice (Procès. Hartevelt Renée) : Renée Hartevelt [1956-1981], 23 ans, étudiante en lettres, Néerlandaise, assassinée, puis violée, le 11 juin 1981, à Paris, par Issei Sagawa [1949-2022] lui-même étudiant, Japonais. Il découpe, mange et cuisine durant trois jours, des parties de son corps. Il est déclaré irresponsable pénalement par les experts-psychiatres et la justice française rend une ordonnance de non-lieu le 27 février 1983. Il est interné un an à Villejuif, puis, transféré il retournera au Japon, interné dans un hôpital psychiatrique, et sera alors « déclaré responsable, mais le non-lieu prononcé en France a un caractère définitif et interdit aux autorités japonaises de le juger. Il bénéficie d’une des règles de droit international favorables aux prévenus et sera libéré le 13 août 1985. (Wikipédia). Il participera alors à des émissions de télévision, à des publicités, à des films ‘érotiques’, écrira des livres.
Des remises en cause de la France ? Pas à ma connaissance.
Il n’y a eu aucun procès concernant Renée Hartevelt.
Je lis : « La famille de Renée Hartevelt n’aura jamais cessé à obtenir la tenue d’un autre procès. »

Justice (Procès. Hugo Victor) : 1869. Victor Hugo [1802-1885] relève pour l’année 1869 des coupures de journaux (sans sources) qu’il recopie. En voici deux :
« Tribunal correctionnel de X… Sévices et blessures. Procès d’une fille accusée d’avoir porté un coup de pied à quatre hommes qui, dans l’intérêt de la morale, l’avait renversée sur le bord du chemin, voulant tout au plus la violer. »
« Cour de Cassation. Rejet de pourvoi, condamnation à mort d’une mère dénaturée convaincue de s’être réveillée et d’avoir égratignée au visage son fils qui, dans l’intérêt de la société, lui avait porté plusieurs coups de marteau sur la tête pendant qu’elle dormait. » 636 (Cf. Femmes, Comment meurent les femmes, Violences)

Justice (Procès. Huriez Yvonne) : 1972. « Yvonne Huriez, mère de huit enfants [fut, en 1972] condamnée à quatre mois de prison ferme pour n'avoir pas répondu au tribunal qui lui enjoignait de payer une traite de soixante-quinze francs, due à la location d'un appareil de télévision. Son fils Thierry, âgé de quatorze ans, qui ne supportait pas d'entendre ses camarades d'école traiter sa mère de voleuse, se suicida. »
Michel Foucault [1926-1984] qui évoque cette condamnation poursuit :
« Entre Buffet ou Bontems [accusés d’assassinats et guillotinés, le 28 octobre 1972, sans avoir été graciés par Georges Pompidou] et une mère de famille qui laisse une traite impayée, il n'y a rien de commun. C'est vrai. Et pourtant, ‘notre’ système répressif leur a imposé une commune ‘mesure’ : la prison. D'où la mort, une fois de plus, est venue pour des hommes et pour un enfant. » Et il en conclut :
« Nous accusons la prison d’assassinat. » 637 (Cf. Politique. Prison)
- Plus précisément, le 25 septembre 1972, Yvonne Huriez, mère d’une famille nombreuse, avait été arrêtée par les gendarmes, conduite en prison parce que deux jugements l'avaient condamnée à son insu à deux mois et quatre mois fermes pour un chèque sans provision de soixante-quinze francs, datant de 1968 et destiné à payer une paire de lunettes. Au mois de novembre suivant, son fils Thierry, quatorze ans, absorbait des barbituriques et mourait. Le jour de sa mort, elle quitta la prison d'Amiens. ...
- Voici enfin, comment elle-même se présenta :
« J’ai été élevée par une grand-mère, très bourgeoise de mentalité, mais très pauvre : on habitait dans un petit pavillon avec des roses et un perron ; mon grand-père, en plus du gardiennage, faisait le ferrailleur pour payer son pavillon. C’étaient des gens qui vivaient au-dessus de leurs moyens. On me cachait tout et j’ignorais tout de la vie. Ma mère m’avait abandonnée et je ne le savais pas. Ce n’est qu’à quatorze ans que j’ai osé demander où elle était. À seize ans, je me suis retrouvée enceinte. A dix-sept ans, je me suis mariée. J’ai été élevée à tout accepter. Pourtant, j’avais un CAP, j’aurais pu faire une petite vie de jeune fille. J’aurais peut-être alors rencontré ceux que j’ai rencontrés après.
... J’ai eu un gosse tous les ans. À trente-deux ans, j’avais onze enfants à élever, toute seule en plus ; j’étais révoltée. Tous les gosses étaient à moi, il ne fallait pas les toucher ; j’étais une maman qui n’avait pas eu de maman. Mon mari sortait de la DASS, il buvait. Pour moi, je n’étais pas très bien mariée. Il m’est arrivé ce malheur avec Thierry. Alors, j’ai pris conscience de ce que je vivais. Je n’ai pas voulu continuer, reprendre un autre mari, avoir encore des enfants. » 638 (Cf. Femmes. Enceintes. Jeunes filles. Remarquables)

Procès (« Infâme ») : (4 juin) 1981. Jean Lacouture [1921-2015], concernant le procès « infâme » intenté à Pierre Mendès-France [1907-1982], au terme duquel il fut le 9 mai 1941 condamné par un tribunal militaire à 6 ans de prison ferme et 10 ans de « privations de droits civils, civiques et familiaux [important] », et ce, pour « désertion » alors qu’il rejoignait le combat - auteur de : « […] de penser que des gens qui ont fait ça, sont toujours là… » 639 (Cf. Justice. Juges, Penser. Juger)

Par ordre chronologique. Justice. Procès Jacqueline Sauvage :

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (1) : (4 décembre) 2016. Lorsque je revins des trois jours du procès en appel de madame Jacqueline Sauvage (1er-3 décembre 2016) qui la condamna, une nouvelle fois, à dix ans de prison, pour avoir tué son mari, après avoir vécu, dans la terreur, pendant 47 ans d’incessantes violences, sous d’incessantes menaces de mort, j’ai - littéralement - vomi la justice. Ce procès fut insupportable, y compris physiquement. Le couple avocat général / présidente, en connivence/concurrence, par moments, proches de la torture mentale, n’eurent de cesse de s’acharner, envers et contre tous et toutes, sur Jacqueline Sauvage.
Il me reste le souvenir de jeux de rôles formels dénués de tout lien avec ce qui était dit, vécu, démontré, dénoncé avec tant de justesse, tant de vérité, tant d’arguments, par tant et tant de témoins en sa faveur.
Il me reste le souvenir d’automates fermés à la plus élémentaire compréhension de ce que fut la vie de Jacqueline Sauvage.
Il me reste le souvenir d’un sinistre théâtre d’ombres, incarnées par des personnes auxquelles seul leur accoutrement semblait leur conférer leur légitimité à juger.
Il me reste les consternants calculs d’apothicaires de l’avocat général pour justifier sa demande de dix ans de prison.
Il me reste les ordres, dépourvus de toute compassion, de toute humanité, de la présidente : « Levez-vous, Madame Sauvage ! » qui ont scandé ce procès.
Il me reste le souvenir de leur ignorance manifeste, de leur évidente inculture [qui devrait relever de la faute professionnelle] de dizaines d’années de réflexions et d’avancées féministes, notamment juridiques, sur les violences à l’encontre des femmes.
Il faut maintenant à montrer comment ce jugement eut lieu pour aboutir à une telle condamnation. Mais se rendre compte que cet avocat général et cette présidente (dont au vu de son autoritarisme on peut subodorer le pouvoir qu’elle eut sur les juré-es) avaient le pouvoir de vie sur Jacqueline Sauvage, qu’institutionnellement personne ne les jugera, et que, pour eux, tout allait continuer comme avant, est la réalité. Enfin, dès lors que toute hypothèse d’un possible lien entre ce procès et l’idée même - fût-elle la plus ténue - de justice est exclue, c’est la justice, telle qu’en elle-même, qu’il faut juger.
Et, en attendant, faire sortir Jacqueline Sauvage de prison.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (2) : (28 janvier) 2016. Philippe Bilger, magistrat honoraire, concernant sa critique de la mobilisation en faveur de la grâce de Jacqueline Sauvage, auteur dans un texte intitulé :
« L’émotion ignorante et la compassion téléguidée ! » de :
« Ceux qui savent ont jugé. Ceux qui jugent les juges ne savent rien. » 640
Terrifiant à plus d’un titre.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (3) : (21 février) 2016.
Avec du recul, il m’apparaît que Jacqueline Sauvage fut condamnée afin que l’État français et plus largement la société française, dans toutes ses composantes, et notamment du fait de son silence concernant les violences de son bourreau, ne le fut pas.
On pourrait interpréter la grâce partielle - en réalité, une « remise gracieuse de sa peine d’emprisonnement » - qui fut décidée en sa faveur comme un moyen de prolonger la permanence du statu quo. (Cf. Justice. Légitime défense)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (4) : (12 août) 2016.
Jacqueline Sauvage est maintenue en détention. Courageusement, une veille de week-end de 15 août. L’ignominie se perpétue. La justice qui l’a jugée, condamnée, maintenue en détention, a décidé de juger sa « dangerosité » est devenue le symbole de l’inhumanité. Jacqueline Sauvage, qui paie sans doute de sa liberté le prix de la grâce partielle que lui avait accordée le 31 janvier 2016 François Hollande, qui paie aussi sans aucun doute la solidarité que tant de femmes notamment ont exprimé à son égard, doit être libérée. Toutes les formes de solidarité doivent s’exprimer. Mais, au-delà, c’est la justice, cette justice patriarcale, qui doit être jugée ; c’est elle qui donc refondée sur de toutes autres bases. (Cf. Justice. Patriarcale)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (5) : (13 août) 2016.
François Hollande, une fois encore, affligeant d’incohérence. Il avait d’abord cédé à la pression des femmes scandalisées par ce verdict, sans doute aussi sous la pression de madame Taubira, et avait affirmé qu’il avait accordé la « grâce » à Jacqueline Sauvage, alors que ce n’était qu’une demande anticipée de libération conditionnelle. Ce faisant, il se mettait à dos une grande partie de la «justice» qui s’estimait, à juste titre, désavouée. Aujourd’hui, tôt, l’une de ses porte-paroles (?) nous explique qu’il ne prendra pas à nouveau position (comment pourrait-il le faire ?) laissant penser qu’il maintient - droit dans ses bottes ! - sa position, qui ne fut jamais de principe. En réalité il sait, sous la pression sans doute de son nouveau ministre de la justice, que nombreux sont les juges qui ne lui ont jamais pardonné sa position première. Alors qu’il se taise !
- Vers 13 heures : nouvelle interprétation de la ‘pensée’ présidentielle émanant de « son entourage » : il attend les résultats de l’appel….
Dans Le Canard enchaîné du 17 août 2016, je lis que François Hollande aurait dit :
« Quand j’ai accordé cette grâce partielle, j’avais confiance en la justice et je pensais que les juges décideraient de sa libération conditionnelle. » Quelle naïveté ! Ou plutôt, quel égotisme… (Cf. Êtres Humains. Naïveté)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la Justice) (6) : (18 août) 2016.
Jacqueline Sauvage déclare ne plus vouloir faire appel. Carole Marot, l’une des filles de Jacqueline Sauvage, a assuré à BFTMV que sa mère ne « croyait plus en la justice ». La voilà, la principale analyse politique de ce procès.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la Justice) (7) : (21 août) 2016.
Entendu, ce jour, lors des informations de France Culture (18 h 06) concernant Jacqueline Sauvage :
« […] Elle se positionne trop en victime … » (Cf. Droit. Victimes. Violences. Violences à l’encontre des femmes)
N.B. Elle refusa de se considérer comme coupable. (Poursuivre)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (8) : (25 août) 2016.
Je lis dans le communiqué des Élus et Élues contre les violences faites aux femmes, intitulé : Rejet de la Rejet de la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage : l’impensé des violences sexistes :
« ECVF, Élus et élues contre les violences faites aux femmes regrette la décision du Tribunal d’application des peines de Melun de rejeter la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage. Les motivations de cette décision appartiennent à la justice. […] » 641
- On a connu critiques plus féroces. Plus d’audace serait bienvenue, ne serait-ce que dans leur propre intérêt…
* Ajout. 26 août 2016. Le lendemain, je lis dans le Journal de Jules Renard, en date du 23 février 1898, son indignation après la condamnation d’Émile Zola en Assises pour « diffamation envers une autorité publique » à un an de prison et à 3.000 francs d'amende. Il y écrit notamment :
« […] J'acquitte Zola. Loin d'organiser le silence autour de lui, il faut crier : ‘Vive Zola !’ Il faut hurler ce cri de toutes nos profondeurs. […] »
N.B. Le contexte : Émile Zola, engagé dans la défense d’Alfred Dreyfus [1859-1935], avait adressé une lettre au Président Félix Faure [1841-1899] du 10-12 janvier 1898, jugée donc « diffamatoire ». 642 (Cf. Justice. Grâce)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (9) : 2016. En repensant à ce procès, si signifiant dans la cohérence juridique de l’inhumanité qu’il a dévoilée, ce qui m’apparait comme le plus révélateur est qu’en lui-même il invalide toute idée de possible convergence entre l’idée de justice et l’institution judicaire.
En effet comment est-il possible ne serait-ce que de mettre en relation les 47 ans de violences qui lui furent infligées, à elle et à ses enfants, avec les trois coups de feu qu’elle a tirés et qui ont tué son mari ? Cela ne pouvait être, cela ne devait pas être, cela n’a pas été : c’est en effet le code pénal fondé sur l’individualisation de la faute et de la peine qui eut été remis en cause.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (10) : (24 novembre) 2016.
Pour la deuxième fois, la demande de libération de Jacqueline Sauvage est refusée. Dans la décision de la Cour d’Appel du 24 novembre, on peut lire le jugement suivant :
« La réflexion demeure pauvre et limitée puisqu’elle peine encore à ce jour à accéder au réel et authentique sentiment de culpabilité. ».
- Trois commentaires lus dans la presse, suite à cette décision :
« Il n’y a pas que les maris violents, il y a aussi les juges » ; « Je me demande si les juges ne sont pas des assassins » ; « Jacqueline Sauvage, victime de deux bourreaux, feu son mari et cette même ‘justice’ » ; « Pauvre dame ! son bourreau ne l'a pas tuée ! mais la justice le remplace ! scandaleux ! » ; « La réflexion des magistrats demeure pauvre et limitée. »

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (11) : (24 novembre) 2016.
Je lis dans une dépêche de l’AFP :
« Le 9 décembre 2016, L'Élysée a indiqué aujourd'hui avoir transmis à la Chancellerie la demande de grâce totale de Jacqueline Sauvage condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, à la suite du rejet en appel de sa demande de libération conditionnelle. ‘Nous avons transmis ce jour la demande de grâce émise par Mme Sauvage à la Chancellerie. Elle doit rendre un avis et le président prendra sa décision sur cette base-là’, a-t-on précisé dans l'entourage de François Hollande. » Dernière ligne de la dépêche :
« Une information de BFM-TV, ce matin, annonçait que l'Élysée n'accorderait pas de grâce totale à Jacqueline Sauvage. »
- On peut saluer le courage, la fermeté sur les principes, la cohérence des décisions, sans évoquer les modalités évolutives de la séparation des pouvoirs !
Ici, François Hollande, après avoir décidé seul (après consultation du premier ministre et du ministre de la justice) de la grâce dite partielle, transmet concernant la grâce dite totale, les deux étant constitutionnellement de son ressort, la décision à la Chancellerie, en d'autres termes, selon le portail du Ministère de la Justice, au « Ministère de la justice et au ministre (nommé par Hollande) qui lui est rattaché. »

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (12) : 2016.
Avec plus de recul, il m’apparaît que seul un procès présenté, assumé comme politique aurait pu mettre en relation les violences subies par Jacqueline Sauvage et le meurtre de son mari. Le code pénal ne le permettait pas. Dans cette hypothèse [pour de prochains procès ?] ce n’est pas l’absurde argument selon lequel elle devait être condamnée notamment parce qu’elle n’avait pas été déposer plainte, mais le fait que déposer plainte n’aurait résolus aucun des problèmes qu’elle a dû assumer tout au long de sa vie. Des tentatives de la justification de la victime, le procès serait devenu un procès de critique accusatoire de l’État en la matière. (Cf. Droit, Patriarcat)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (13) : (19 décembre) 2016.
Jacqueline Sauvage est maintenue en prison, Christine Lagarde, jugée pourtant « coupable » est, elle, « dispensée de peine ». (Cf. Femmes. « Politiques ». Lagarde Christine)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (14) : (28 décembre) 2016.
Jacqueline Sauvage sort enfin de prison. François Hollande lui a accordé une grâce totale.
Que de leçons à tirer de cet immense gâchis…

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (15) : 2016. On peut relever divers niveaux d’analyse de ce procès :
On peut analyser les débats autour du procès de Jacqueline Sauvage comme relevant des interprétations stricto sensu du droit (concernant notamment le possible usage de la légitime défense, le droit de grâce, le rôle du jury, etc…), ainsi que des modalités de la justice chargée de le mettre en œuvre.
On peut, en reprenant l’analyse formalisée par Cornélius Castoriadis dans L’institution imaginaire de la société, reprise et approfondie par Alain Supiot 643, analyser ce procès comme relevant l’imaginaire collectif d’une société. Mais, non seulement les représentations de cet imaginaire collectif ne sont pas « communes », mais elles le sont encore moins si l’on s’inscrit dans la cadre d’une analyse féministe du droit, de la justice, de l’État.
La question qu’a posée ce procès est celle du hiatus, de la fracture qu’il a révélé entre ces critiques spécifiques et la question de l’impossibilité pour le droit, ici aggravée par la radicale inhumanité de la justice, de juger individuellement des violences patriarcales contre les femmes.
Comment même comparer les années de violences subies par des très nombreuses personnes (celles qui ont témoigné au procès et notamment les voisin-es) et trois coups de feu qui ont tué le mari de J. Sauvage ?
L’exercice était impossible, il s’est révélé absurde, indéfendable, impensable. L’immense et si rapide succès des pétitions en faveur de Jacqueline Sauvage ont permis de révéler la conscience qu’ont depuis si longtemps les femmes que le droit, la justice pensées sans elles, s’exercent contre elles depuis des siècles.
Les femmes ont non seulement dénoncé l’irrémédiable injustice de la justice, mais bien plus, elles ont sinon récusé même l’idée que le droit puisse être utilisé en la matière, en ont du moins posé la question. (Cf. Violences. Patriarcales)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (16) : (17 janvier) 2017.
L’un des nombreux non-dits de ce procès était qu’il eut fallu poser la question du ‘meurtre légitime’, qui était pourtant (notamment) dans la tête de nombreuses personnes (dont moi-même) présentes au procès. Mais, sauf à remettre en cause (notamment) tous les fondements du droit, cela était impossible.
- Sans même, dans cette hypothèse, évoquer la question difficile - qui lui est liée - de la nature de la responsabilité de Jacqueline Sauvage.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (17) : (23 janvier) 2017.
Jacqueline Sauvage a-t-elle été jugée ? Elle ne pouvait justement l’être car son mari ne l’avait pas préalablement été.
La longue mise à mort de son mari à son encontre, à l’encontre de ses enfants, de ses voisins ne faisaient pas partie du procès ; ses violences n’avaient rien - ou presque - à y voir. Jacqueline Sauvage a été condamnée sur les fondements de la seule - ou presque - adéquation de l’assassinat par elle de son mari aux articles du code pénal.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (18) : 1995.
Je lis l’analyse que fit le 9 octobre 1995 le Cheikh Abdallah, 23 ans, neveu du Cheikh Zayed, émir d’Abu Dhabi à Marie-Claire Mendès-France [1921-2004], venue lui demander la libération de Sarah Balabagan condamnée à mort, jugée selon la charia, après avoir tué, alors qu’elle avait 15 ans, l’homme qui l’avait violée :
« Ce qu’elle a fait n’était pas conforme à la loi. Elle aurait dû se plaindre à la police et celle-ci aurait fait appliquer la loi. Je pourrais vous citer quelques exemples en ce sens qui vous monteraient que nous sommes intransigeants sur ce point. » 644
Ce qui, concernant la loi et la justice en Arabie Saoudite, ne manque pas de sel…
- On peut noter que concernant Jacqueline Sauvage, le même argument concernant l’absence de plainte à la justice fut invoqué à l’encontre de Jacqueline Sauvage. Mais ni la Présidente ni le Procureur n’osèrent s’aventurer sur le terrain de l’effectivité de ces plaintes à la police.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (19) : 2017.
La plus grande rupture politique et la plus grande leçon de ce procès ne serait-elle pas que Jacqueline Sauvage ait affirmé, à deux reprises, qu’elle ne se sentait pas coupable ? Le 6 janvier 2017, au Journal de 20 heures de France 2, elle a en effet récusé toute culpabilité, ce qui fut repris dans un entrefilet par Le Monde du 8 / 9 janvier 2017. 645 Et dans Marie-Claire en avril 2017, à la question :
« Vous sentez vous coupable ? » elle répondit :
« Je n’aurais pas voulu en arriver là, mais je ne me sens pas coupable [...]. »646
- Dès lors, dans le cadre de cette analyse - encore fût-il qu’elle fut acceptée par ses avocates - il eut fallu plaider sur le fondement d’un acte responsable et non pas sur celui de la légitime défense. La nature du procès en eut été changée.

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (20) : 2002. Penser aux analogies et aux différences pouvant être effectuées avec l’analyse de Jacques Vergès [1925-2013], avocat, concernant les cautions par le droit et la justice française (notamment) de l’esclavage :
« À partir du moment où la loi est inhumaine, le juge devient un criminel et le révolté un héros. » 647 (Cf. Hommes. « Héros », Justice, Penser. Pensées. Méthode. Analogie)

Justice (Procès Jacqueline Sauvage. Juger la justice) (21) : 2019. Si le constat : « C’était lui ou moi » est pris au sérieux, alors ni les circonstances atténuantes, ni légitime défense, ni la préméditation ne doivent entrer en ligne de compte pour rendre la justice.
Mais, bien plus encore, celui-ci n’est pas non plus légitime : il contraindrait en effet à se focaliser sur le moment, sur les circonstances dans lequel le crime a eu lieu, laissant dans l’ombre les 47 années de violences, dès lors légitimées.

Justice (Procès. Jaurès Louise) : (29 mars) 1919. L’assassin de Jean Jaurès, Raoul Villain [1885-1936], ayant été acquitté - une honte indélébile (parmi tant d‘autres…) pour la justice française -
« Madame Jaurès [1867-1931], partie civile, est condamnée aux dépens ». 648
Elle est, en conséquence, condamnée à payer les frais du procès.
Faut-il rappeler qu’elle était interdite de vote, que si le vote est l’expression de la citoyenneté, elle n’était alors pas citoyenne française, et qu’elle n’avait pas le droit d’« ester en justice » ? (Cf. Femmes. Épouse de, Droit, Politique, Patriarcat)
* Ajout. 10 avril 2017. Je lis que la Cour de cassation avait rejeté le pourvoi contre l’arrêt de la Cour d’assises de la Seine qui avait acquitté l’assassin de Jaurès, puis, après la publication par Émile Zola de ‘son’ J’accuse, qu’elle annula le jugement du premier conseil de guerre. 649

Justice (Procès. Knobelspiess Roger) : 1981. Roger Knobelspiess [1947-2017], dans L’acharnement ou la volonté d’erreur judiciaire, auteur de :
« Un jour, ils nous jugent comme des innocents qu’ils sont et vous disent : ‘Expliquez à la Cour, ne soyez pas agressif, votre avocat est là pour vous défendre’.
Votre voix mortifiée, votre colère, votre pensée incohérente, vos maladresses d’acteur impropre à jouer le rôle du drame face à ces spécialistes judiciaires, véritables comédiens, eux, du tissu social. Comment est-ce qu’ils vous entendent ? Mais ils vous interprètent…
Les jurés siègent pour juger un coupable, ils vont scruter vos défaillances. Seul l’accusé est sur la sellette.
La mise en scène sentencieuse se charge d’un décor de cérémonie où le profil de la prison est purifié par l’occultation.
Le rappel à sa réalité infamante outrage les juges et discrédite leur sérénité. La justice siège, invitant ses accusés à collaborer avec sa blanche conscience, pontifiante.
Les avocats coutumiers diligemment encouragent le déroulement scénique avec complaisance, figeant le rôle de l’accusé, saisi par le ghetto des menaces alambiquées : ‘Dites monsieur le président‘ et surtout n’indisposez pas la Cour…malheureux ! »
N.B. Écrit notamment après le procès en appel de Jacqueline Sauvage [2016] et celui de Chantal Clos [du 8 au 12 avril 2016] 650 (Cf. Êtres humains. « Tissu social »)

Justice (Procès. Lemoyne et sa fille Angélina) : (9 décembre) 1859. Lu dans une note de la Correspondance de George Sand [1804-1876] :
« Le 9 décembre la cour d’assises d’Indre-et-Loire avait eu à connaître d’une affaire d’infanticide. Inculpées : Mme Lemoyne, née Victoire Mingot et sa fille Angelina, 16 ans, de Chinon, qui avait eu un enfant vivant, des œuvres d’un domestique. La mère avait fait disparaître l’enfant en le brûlant. À la première séance, la jeune Angelina, répondant à l’interrogatoire avait déclaré : ‘J’avais lu les romans de George Sand et j’étais partagée entre la douleur que j’éprouvais de ma chute et le bonheur d’avoir élevé jusqu’à moi un domestique. Aveux dont s’était saisi avec délectation le ministère public, Savary, procureur général : dans la séance du 11, il avait vigoureusement attaqué ‘les romans les plus détestables et les plus dangereux que tous les jours la jeune fille dévorait avec délices’. Et il ajoutait : ‘On comprend, qu’élevé à l’école des romanciers dont nous venons de parler, on méprise les lois sociales’…) (Gazette des Tribunaux. 12 décembre 1859, et Journal d’Indre-et-Loire, 12-13 décembre 1859) 651 (Cf. Sand George. Justice. Juges, Violences. Violences à l’encontre des enfants. Infanticides)

Justice (Procès. Louis Édouard) : 2014. Édouard Louis, dans Pour en finir avec Eddy Bellegueule, auteur de :
« Le procureur lui a posé les questions habituelles : ’Pourquoi avoir fait ça, pourquoi de cette façon-là ? Les questions sur son passé, ses enfants, sa vie privée. ‘Et votre père, que vous n’avez jamais connu, votre mère qui vous a abandonnée pensez-vous que tout ça, que tous les éléments de votre vie soient pour quelques chose dans vos actes de délinquance ?’
D’autres questions qu’il ne comprenait pas à cause du langage, pas seulement de l’institution judiciaire, mais des mondes où les individus font des études.
- ‘Affirmeriez-vous que vos actes sont imputables à des contraintes extérieures où avez-vous la sensation que seul votre libre arbitre était en jeu dans cette affaire ?’ Mon cousin a balbutié qu’il n’avait pas compris la question et lui a demandé de répéter. Il n’était pas gêné, il ne ressentait pas directement la violence qu’exerçait le procureur, cette violence de classe qui l’avait exclu du monde scolaire et, finalement, par une série de causes et d’effets, cette violence qui l’avait amené jusqu’au tribunal. Il devait penser au contraire que le procureur était ridicule. Qu’il parlait comme un pédé. […] » 652
N.B. La question sur « le libre arbitre » du procureur me paraît trop « sociologique » pour être d’emblée crue. (Cf. Dialogues, Langage, Sociologie, Violences)

Justice (Procès. Luçon Marie) : (14 février) 1811. Marie Luçon, âgée de 25 ans, « servante domestique », ne sachant ni lire, ni écrire, fut dénoncée par deux cultivateurs, pour infanticide.
Le 18 juillet 1811, Marie Luçon, fut condamnée à mort par la Cour d’assises de la Vienne (Les douze jurés étaient des notables) pour infanticide.
Le 16 septembre 1811, Marie Luçon fut guillotinée à Poitiers. Tous ses juges, ses assassins justifiés, légitimés par le droit, étaient des hommes. On ne trouve pas de trace de la responsabilité du père de l’enfant. L’un de ses dénonciateurs ? L’un des jurés ? 653 (Cf. Femmes. Servantes, Justice, Patriarcat, Violences à l’encontre des femmes. Violences à l’encontre des enfants. Infanticides)

Justice (Procès. Mandela Nelson) : 1963-1964. Nelson Mandela [1918-2013], dans Un long chemin vers la liberté, concernant les années passées en prison, auteur de :
« Ce qui nous intéressait, ce n’était pas d’échapper à une condamnation ni l’atténuer, mais d’utiliser le procès pour renforcer la cause pour laquelle nous combattions - quel que soit le prix à payer. Nous allions moins nous défendre au sens légal du terme qu’au sens moral. Nous considérions le procès comme une continuation de la lutte par d’autres moyens. Nous acceptions de reconnaitre ce que l’accusation savait être vrai mais nous refusions de donner toute information que nous jugions susceptibles d’en impliquer d’autres. […] » 654 Lire la suite.

Justice (Procès. Marie-Antoinette) : 1793. Le président du tribunal, Fouquier-Tinville [1746-1795], chargé de juger Marie-Antoinette [1755-1793], au terme de son procès [14-16octobre 1793], lui demande si elle n’a « plus rien à ajouter pour sa défense. » Sa dernière phrase sera : « Je finis en observant que je n’étais que la femme de Louis XVI [1754-1793], et qu’il fallait bien que je me conformasse à ses volontés. » 655 (Cf. Homme. Louis XVI)
- Cette seule phrase bouleverse et le droit et la justice. (Cf. Droit, Patriarcat. Louis XVI)

Justice (Procès. Mata Hari) : 1917. Découvert cette présentation de Mata-Hari [1876-1917] qui fut, fusillée, au terme d’un procès honteux :
« Mata Hari fut une intrigante sans grand pouvoir mais non sans ambition et sans vénalité, qui espionna peu de choses, qui ne trahit guère plus, mais qui ne fut néanmoins pas l'innocente qu'on s'efforça, avec le temps, de nous montrer. Toutefois, son exécution, même si l'on tient compte du climat très particulier de l'époque, demeurera à jamais le type même du crime judiciaire commis ‘pour l'exemple.’ » 656 (Cf. Politique. Prison. Mata Hari)

Justice (Procès. Michel Louise) : 1871. Louise Michel [1830-1905], après 6 mois d’incarcération, lors de son procès, le 16 décembre 1871, auteure de (paroles retransmises par le journal Le voleur et reprises par Margaret Goldsmith [1894-1971]) :
« Je ne veux pas me défendre. J’appartiens entièrement à la Révolution et je prends la responsabilité de tous mes actes sans restriction. »
Elle s’attendait à une sentence de mort et redoutait de voir sa vie épargnée en égard à son sexe.
Il semble que le seul droit accordé aux cœurs qui battent pour la liberté soit de recevoir quelques balles de plomb ! S’il en est ainsi, je réclame mon droit. Si vous me laissez vivre, je ne cesserai jamais de crier vengeance contre vous, qui avez massacré mes frères. Tuez-moi donc si vous n’êtes pas des lâches !
» 657

Justice. Procès. Violette Nozière :

Justice (Procès. Nozière Violette) (1) : (12 octobre) 1934. Violette Nozière [1915-1966], auteure de :
« Vous me dégoutez tous. Vous êtes des saligauds sans pitié. Voilà ce que vous êtes ! », à l’annonce lors de son procès de la sentence qui la condamnait à mort. 658 À faire connaître. (Cf. Relations entre êtres humains. Pitié, Femmes Justice des Hommes)
* Ajout. 11 avril 2017. Selon une autre source, elle aurait dit :
« Foutez-moi la paix ! J’ai dit la vérité… Vous n’êtes pas pitoyables, c’est honteux. Saligauds ! » 659

Justice (Procès. Nozière Violette) (2) : 1964. En 1964, concernant Violette Nozière [1915-1966], Jean Paul Sartre [1905-1980], pour faire état de l’évolution de la conscience politique de la société française écrivait :
« Vous vous souvenez de l’affaire Violette Nozière [condamnée à mort en 1934, puis aux travaux forcés à perpétuité, puis à 12 ans de prison en 1942, puis libérée en 1945, puis réhabilitée en 1963] qui avait assassiné son père. Aujourd’hui, on ne pourrait plus passer sous silence le fait que son père abusait d’elle. » 660 Et pourtant…

Justice (Pinar Selek) (1) : Cf. 5 textes. https://www.marievictoirelouis.net/index.php?id=1064

Justice (Pinar Selek) (2) : (24 juin) 2022. Reçu de Call for Solidarity-Pinar Selek case la déclaration de Pinar Selek, publiée par BBC. Turquie, concernant son procès :
«
Since there are various scientific reports showing that the explosion was due to a gas leak, not a word of testimony was taken from me about this subject, I was not even asked a single question about it, the case was only opened based on the testimony of 'we did it together' taken from Abdülmecit Ö. under torture but later denied by himself during the trial; since this person was acquitted with me, his acquittal has been finalized and only my acquittal was appealed against; this verdict is not only unjust or irrational, but it is inhuman. This decision has nothing to do with law. At this point I cannot make further remarks since the detailed ruling has not been released yet. I will, we will of course continue to fight against this injustice until the very end. »
N.B. Pinar Selek, qui encourt toujours la prison à vie, après avoir été acquittée quatre fois, alors que pas une seule audience depuis le dernier acquittement il y a huit ans, n’a eu lieu, a appris, diffusé le 21 juin par l’agence de presse Turque, que le 4ème acquittement allait être révoqué par le Cour suprême de Turquie. (Cf. Justice pour Pinar Selek. Pinar Selek. L’honneur de la Turquie…)
* Ajout. 25 juillet 2022. Par un communiqué de presse publié ce jour, il est précisé que si « cette décision n’a pas (encore) été diffusée officiellement, ni démentie, […] les collectifs de solidarité n’accepteront pas que la Cour d’assises d’Istanbul se conforme aveuglément à la décision de la Cour suprême […] qui insiste sur une condamnation sans débat sur le fond. […] Ils n'accepteront pas la fatalité d’une parodie de justice [et appellent] à empêcher un crime invisible. »

Justice (Pinar Selek) (3) : (31 mars) 2023. Communiqué de la Coordination des collectifs de solidarité avec Pinar Selek.
« Inquiétude mais aussi espoir après l’audience du 31 mars à Istanbul. Le combat continue !
À l’audience du 31 mars 2023, la 15ème chambre de la Cour d’assises d’Istanbul a décidé de reporter les débats au 29 septembre et confirmé le mandat d'arrêt émis contre Pinar Selek. Pinar Selek a été acquittée à quatre reprises dans la même affaire. La Cour d’assises n’a pas remis en cause ces acquittements, mais Pinar Selek est toujours menacée d’une peine de prison à perpétuité. Pinar Selek est la victime d’un acharnement sans précédent dans l’histoire judiciaire de la Turquie, dans le cadre d’un procès politique qui dure depuis un quart de siècle. La Coordination des collectifs de solidarité avec Pinar Selek dénonce les intimidations d’une présence policière disproportionnée qui a nassé la délégation et empêché la tenue de la conférence de presse. C’est la reconnaissance de notre force et l’aveu de leur
faiblesse. La Coordination, forte de la participation de nombreuses élues, demande au gouvernement français de faire savoir publiquement son soutien plein et entier à la sociologue, son refus de l’extrader et son engagement effectif à assurer sa protection. Elle réitère au président de la République sa demande d’intervention auprès des autorités turques, dont l’obstination conduit à un déni de justice, pour Pinar Selek et toutes les autres victimes de cette affaire. Elle demande à la France de se coordonner avec les pays européens pour refuser l’application du mandat d’arrêt international et de permettre ainsi la libre circulation de Pinar Selek. Sa famille, ses nombreux avocat·es, la centaine de représentant·es de la délégation, ses ami·es et soutiens de Turquie, l'ACORT et la LDH et toutes celles et tous ceux qui partagent ses espoirs, continuent la lutte. Nous ne lâcherons rien. Nous savons que la vérité finira par l’emporter. Nous prenons l’engagement de continuer activement notre lutte pour le droit et la justice. Nous serons toujours avec Pinar Selek, et contre toutes les dominations ! »

Justice (Pinar Selek) (4) : (2 avril) 2023. Pascal Maillard, dans un texte intitulé Le procès de Pinar Selek :
« La fébrilité du pouvoir Turc, paru sur Médiapart, auteur de :
« Ce 31 mars, l’État turc, en tentant de museler la délégation internationale par l’emploi de la force a montré toute sa faiblesse. Ce que dit très bien le communiqué de presse que je restitue ci-dessous. Une conférence de presse devait se tenir avant l’audience, à 13h devant le Tribunal d’Istanbul, avec des prises de parole successives des avocat·es, des élu·es, des universitaires, des éditrices de Pinar et de la Coordination des collectifs de solidarité. Tous les discours étaient prêts et les journalistes français nombreux.
Au moment de sortir les pancartes et alors que le mégaphone allait diffuser les premières paroles, la police, en tenue d’intervention, a méthodiquement entouré la délégation, fermé hermétiquement le cercle, en a restreint progressivement le rayon, créant pendant quelques minutes stupeur et inquiétude : allait-on assister à des arrestations de certaines personnes ou même de l’ensemble de la délégation internationale ? Allait-on nous refouler du parvis du Tribunal ? Pourrions-nous assister au procès ?
Les élues arborant leur écharpe étaient aussi stupéfaites que les avocat·es et les militantes turques. La délégation est fermement nassée, et personne ne peut y entrer ou en sortir, journalistes compris. Toutes et tous partagent la même condition : enfermé·es, parqué·es, contrôlé·s, interdit·es de mouvement et d’expression publique sur le parvis du tribunal. Des images me traversent l’esprit : Pinar en prison, les collègues universitaires turcs arrêtés, les journalistes emprisonnés. Je pense à tous les opposant·es politiques réprimé·es. C’est évidemment sans commune mesure, mais on éprouve physiquement dans un tel moment la logique de violence mise en œuvre par un état autoritaire.
Au bout de quelques minutes les smartphones se mettent à filmer et à twitter, on diffuse la nasse sur les réseaux, je réponds aux questions d’une journaliste, un fonctionnaire de police entre dans la nasse et annonce que les pancartes sont interdites et que la conférence de presse ne pourra se tenir. Nous sommes interdits d’expression publique, dans le même temps que nous communiquons avec le monde entier. La nasse se transforme lentement en un entonnoir et nous entrons un à un dans l’immense tribunal, mastodonte stalinien, après qu'on nous a obligé de retirer tout signe visible de soutien à Pinar.
Portique électronique, fouille, contrôle d’identité et tout le monde est parqué dans une salle d’attente éloignée de la salle d’audience. Seuls les avocats, les élus et les journalistes seront autorisés à assister à l’audience, après présentation de leurs attestations. Je prends quelques photos dans la précipitation. Un policier qui nous encadre porte une arme à la main. Nous sommes au sein d’un tribunal où la justice doit être dite et c’est la police qui y règne. Il y a
bien plus de policiers en arme dans le tribunal que d’avocats ou de juges. On mesure en ce lieu que le judiciaire, le policier et le politique ont fusionné en Turquie. Que reste-t-il de la séparation des pouvoirs ? La violence est monolithique, avec les loups gris et l’extrême droite en embuscade, ou à la manœuvre.
Dans la salle d'audience a pris place le Consul général de France à Istanbul. Nul doute qu'il fera un compte rendu circonstancié de l'audience et du traitement infligé à la délégation, à Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Quand donc l'État français aura-t-il le courage - ou plutôt la décence minimale - de protester officiellement auprès de la Turquie contre le sort infligé à Pinar Selek et d'apporter publiquement tout son soutien à la sociologue ?
Le procès de Pinar Selek, qui dure depuis 25 ans, est, comme l’écrit Safer Sivrikaya pour
Médiapart le symbole d’une justice devenue une arme entre les mains d’un pouvoir politique en pleine dérive autoritaire’. Pour le nommer précisément, je crois qu’on pourrait dire qu’il s'agit d'un procès politico-militaro-judiciaire, ce dont la délégation internationale a vu un exemple remarquable ce 31 mars. Et il l’était dès le début, en 1998, quand la jeune chercheuse se fait arrêter dans le cadre d’une enquête sociologique qu’elle conduisait sur les militants kurdes. On la torture pour qu'elle livre les noms. Elle ne dit rien et protège ses enquêté·es.
Mais Pinar Selek n’est pas seulement dangereuse pour le pouvoir turc par son engagement aux côtés des Kurdes, des Arméniens, ou par sa défense de toutes les minorités. Les travaux de Pinar Selek touchent en effet au cœur de la violence institutionnelle et structurelle du pouvoir turc quand la sociologue publie ses recherches féministes sur le militarisme en Turquie et sur le rôle de la violence dans l’apprentissage de la masculinité au sein même de l’armée. Dans son livre paru en 2014
Service militaire en Turquie et construction de la classe de sexe dominante. Devenir un homme rampant, et qui va être prochainement réédité, Pinar Selek montre les liens étroits entre le masculinisme dans l’armée, le pouvoir patriarcal et le nationalisme.
La force des recherches de Pinar Selek, de son œuvre et de ses combats est de toucher le talon d’Achille de tous les pouvoirs autoritaires. C’est pourquoi nous sommes et serons toujours de plus en plus nombreuses à la soutenir et à participer à ses luttes. Rien ne nous arrêtera. Les combats de Pinar Selek sont les nôtres, aujourd’hui et maintenant, ici en France et partout dans le monde.
»

Justice (« Procès politique ») : Le propre d’un « procès politique », dès lors qu’il est admis qu’une ou plusieurs personnes ne peuvent être jugées par comparaison, sans commune mesure possible avec la responsabilité d’un État - ne devrait pas pouvoir être jugé par la justice : il ne relève pas du droit. (Poursuivre) (Cf. Politique. État)

Justice (Procès Saddam Hussein) : (18 octobre) 2005. Jacques Vergès [1924-2013], dans son Journal, concernant le procès de Saddam Hussein [1937-2006], cite l’analyse du jour de Libération :
« L’accusé est trop gros, l’accusation trop grave et la défense trop grêle, la balance penche d’emblée. » 661 (Cf. Hommes. « Grands », Justice. Procès. Vergès Jacques)

Justice (Procès. Salmon Marie) : (mai) 1786. En 1782, engagée comme servante dans une famille bourgeoise à Caen, à l’âge de 17 ans, elle fut accusée d’avoir empoisonné le chef de famille, décédé à l’âge de 86 ans. Elle fut condamnée « à la question préalable (torture), à être attachée à un poteau, pour être brûlée vive, son corps réduit en cendres ». Le jugement fut cassé en 1785 et, défendue par un avocat, juriste célèbre, Jean-François Fournel [1745-1820], elle fut reconnue innocente en 1786. Ce procès qui passionna la société, fut l’une des causes célèbres (Calas, Sirven, Salmon, De la Barre…) de l’époque prérévolutionnaire. (Cf. Femmes. Servantes Politique. Torture)
N.B. Cf. le texte proposé par Jean-Louis Charvet, L’acquittement de Marie Salmon en mai 1786 et l’ordonnance de mai 1788, (s.d) sur le site de Jean Paul Doucet, Le droit criminel.

Justice. Procès. George Sand :

Justice (Procès. Sand George) (1) : (10 juillet) 1836. George Sand [1804-1876] écrit à Marie D’Agoult [1805-1876] :
« Hélas, je quitte les nuits étoilées, et les prés de l’Arcadie pour la puanteur et l’ordure d’un procès scandaleux. » 662 (Cf. Droit. Patriarcal, Justice. Juge. Sand George)

Justice (Procès. Sand George) (2) : 1852. George Sand [1804-1876], dans Histoire de ma vie, auteure de :
« Enfin mon insupportable procès fut appelé à Bourges. Je m’y rendis, au commencement de juillet, après avoir été cherché Solange à Paris. Je voulais être encore une fois en mesure de l’emporter en cas d’échec. Quant à Maurice, mes précautions étaient prises pour l’enlever un eu plus tard. J’étais toujours secrètement en révolte contre la loi que j’invoquais ouvertement. C’était fort illogique, mais la loi l’était plus que moi, elle qui pour m’ôter ou me rendre mes droits de mère, me forçait à vaincre tout souvenir d’amitié conjugale, ou à voir ces souvenirs outragés et méconnus dans le cœur de mon mari. Ces droits maternels, la société peut les annuler et, en règle générale elle les fait primer par ceux du mari. La nature n’accepte pas de tels arrêts, et jamais on ne persuadera à une mère que ses enfants ne sont pas à elle plus qu’à leur père. Les enfants ne s’y trompent pas non plus. » 663 (Lire la suite, passionnante) (Cf. Droit. Patriarcal. Enfants, Femmes. Mères, Famille, Politique. Lois)

Justice (Procès. Scottsborough) : 1986. Lu dans Hard Times. Histoires orales de la grande dépression de Studs Terkel [1912-2008], rapportant les souvenirs de William L. Paterson, avocat du procès en 1931 dit des Scottsborough’s boys : neuf jeunes noirs ayant été accusés de viol par deux jeunes filles :
« Quand les jeunes ont été arrêtés, Blancs et Noirs - « sans travail et sans argent » - ont été accusés de vagabondage. Jusqu’à ce que le shérif découvre qu’il y avait aussi deux jeunes filles dans le train, en bleus de travail. Sous la pression, les filles ont été obligées par la police de dire qu’elles avaient été violées par les neuf nègres. Elles avaient toutes été contraintes à la prostitution depuis leur plus jeune âge. […]
J’ai immédiatement demandé les services de Samuel Leibowitz. C’était une des principaux avocats pénalistes de New York et il n’avait jamais perdu un procès impliquant la peine capitale. Il m’a dit : ‘je vais sortir ces garçons de là et te les refiler’. J’ai dit :’Non. tu ne peux pas faire ça. Ce sont des prisonniers politiques. Ils ont été arrêtés et sont jugés dans un seul dessein : Terroriser les Nègres’. Leibowitz s’est occupé de l’affaire en main de maître. […] Le juge Horton a cassé la condamnation. L’affaire a pourtant duré dix-sept ans de 1931 à 1947. Jusqu’à ce que le dernier d’entre eux, Heywood Patterson, le plus courageux et le plus formidable des neufs, soit enfin relâché. […]
L’une de ces jeunes filles n’a-t-elle pas fini par témoigner pour la défense ?
C’est l’un des aspects les plus intéressants de l’affaire. Elle a montré le pouvoir formidable de la lutte pour éveiller à la fois la conscience et l’intelligence des gens. Ruby Bats, l’une des deux jeunes Blanches, était une personne exceptionnelle. Elle m’a dit qu’elle avait été contrainte à la prostitution quand elle avait treize ans. Elle travaillait dans une usine textile pour survivre. Quand elle a demandé une augmentation, son patron lui a demandé de se débrouiller en couchant avec les ouvriers. Elle m’a dit qu’elle n’avait pas eu le choix. Après qu’elle a couché avec les ouvriers blanc, la police l’a convoquée. Non pas pour l’arrêter pour prostitution, mais pour la contraindre à faire ce qu’ils appelaient un ‘Nigger day‘. Un certain jour, elle a dû coucher avec les ouvriers noirs, comme ça s’ils voulaient accuser un Nègre de viol et organiser un lynchage, ils trouveraient un gars qui ne pourrait pas nier qu’il avait couché avec elle. […] Elle m’a dit qu’on l’avait menacé d’aller en prison si elle n’accusait pas ces garçons de viol. Elle m’a dit aussi que Victoria Price, l’autre jeune fille, avait été impliquée dans une affaire de meurtre et que la menace d’un procès planait au-dessus de sa tête. Ruby a décidé qu’il était inacceptable qu’elle soit impliquée dans un crime de cette ampleur. Ruby Bates était une femme remarquable. Derrière la pauvreté, la dégradation, c’était quelqu’un d’honnête et de pur. Voilà une petite Blanche illettrée, dont toute l’éducation avait été obscurcie par les mythes de la suprématie blanche et qui, dans la lutte pour la survie de neuf garçons innocents, avait compris le rôle qu’elle avait été obligée de jouer. Celui d’une meurtrière. Elle s’est tournée contre ses oppresseurs. Je ne l’oublierai jamais. » 664 (Cf. Femmes. Jeunes filles, Justice. Témoignage, Politique. État. Justice. Racisme, Patriarcat, Proxénétisme, Violences. Violences à l‘encontre des enfants. Violences à l‘encontre des femmes. « Droit de cuissage »)

Justice (Procès. Steinheil Marguerite) : (3 novembre) 1909. Lors du procès de Marguerite Steinheil [1869-1954], accusée d’avoir tué son mari et sa mère, le président du tribunal, M. de Valles, en a interdit l’accès aux femmes, à quatre exceptions : Séverine et les trois seules avocates que comptaient alors le Palais de Justice.
Une répartie intéressante de Marguerite Steinheil : Le même président tentant en vain de mettre en difficultés celle qui, au mépris de toute logique, de toute cohérence, de toute vérité, de toute honnêteté, se défend efficacement, lui dit :
« Je voudrais un peu de méthode », celle-ci lui répondit :
« Je me défends comme je peux, avec mon cœur, mon indignation, et je n’ai à observer, moi, ni un ordre, ni une méthode. »
Elle fut, malgré des preuves accablantes, acquittée : le fait qu’elle ait été la maîtresse du président Felix Faure, mort le 16 février 1899, ‘dans ses bras’, a sans aucun doute joué en sa faveur : il fallait tenter de continuer à maintenir cette réalité cachée. 665 (Cf. Penser. Indignation)

Justice (Procès. Socrate) : Socrate [399 avant J.C], après sa condamnation à mort :
« […] Non, ce ne sont pas les paroles qui m'ont manqué, Athéniens, mais l'impudence : je succombe pour n'avoir, pas voulu vous dire les choses que vous aimez tant à entendre ; pour n'avoir pas voulu me lamenter, pleurer, et descendre à toutes les bassesses auxquelles on vous a accoutumés. […] » 666

Procès (Procès. Sorcières) : (8 février) 2020. Dans l’émission Concordance des temps de France Culture, Michel Porret, historien, estime en Europe, entre (environ) 1420 et 1620, à (environ) 110.000 le nombre de procès contre des « sorcières ».
S’il critique le nombre avancé autrefois par des féministes, à savoir plusieurs millions, il ne faut pas assimiler le nombre de procès avec le nombre de femmes accusées, torturées, tuées, pour sorcellerie. 667
Il suffit de comparer avec la situation actuelle.
N.B. Le titre de l’émission de France Culture de Jean-Noël Jeanneney Les sorcières haïes, fascinantes couvre d’un voile grossièrement patriarcal, ces crimes. (Cf. Femmes, Patriarcat, Histoire. Patriarcale. Jeanneney Jean-Noël)

Justice (Procès. Stavisky Alexandre) : (8 juin) 1934. Après le « suicide » - en réalité l’assassinat - de « l’escroc d’envergure » d’Alexandre Stavisky [1886-1934], ‘on’ ‘découvrit’, qu’en sus des multiples ‘protections’ dont il bénéficiait, il était titulaire d’une « carte de la sureté générale » et que le procès dont il aurait dû être l’objet fut reporté « dix-neuf fois ». 668 (Cf. Justice. Lenteur, Politique, État. Raison d’État)

Justice (Procès. Tolstoï Léon) : 1856-1869. Léon Tolstoï [1828-1910], dans La guerre et la paix, auteur de :
« […] Ces questions qui n’avaient rien à voir avec le fond de l’affaire et qui rendaient même impossible tout éclaircissement, n’avaient pour but, comme toutes les questions que l’on pose en justice, que d’appuyer l’accusation, et de faire dériver les réponses de l’accusé dans le sens voulu, c’est-à-dire l’aveu de sa culpabilité. Chaque fois qu’il commençait à dire quelque chose de peur favorable à l’accusation, on s’empressait de le ramener vers le point où l’on voulait le conduire. De plus, Pierre subissait le sort commun de tous les accusés ; il ignorait où tendaient toutes les questions qu’on lui posait. » 669 (Lire la suite) (Cf. Justice. Tolstoï Léon)

Par ordre chronologique. Justice. Procès Sophie Toscan du Plantier :

Justice (Procès. Toscan du Plantier Sophie) (1) : 2016. 20 ans après l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier - le 24 décembre 1996 - par Ian Bailey, bien évidemment, son assassin : tout depuis sa mort l’accuse - le procès n’a toujours pas eu lieu.
Les raisons pour lesquelles l’État Français (et ses liens avec l’Irlande) n’a rien fait - ou si peu, et le peu effectué l’accuse encore plus - pour que le procès puisse se tenir lui incombent. Et c’est lui, sa complaisance, son attentisme, sa frilosité (pour employer un euphémisme), ses faux-fuyants, sa lâcheté - dont son impéritie n’est que la conséquence - qu’il faut accuser, ce sont ses zones d’ombres qu’il faut dévoiler. 670 Qu’a (notamment) l’État Français - et il n’est pas seul - t-il à cacher ?
Il est assuré qu’en réitérant depuis si longtemps sa confiance en sa justice, et en limitant au plan juridique son action « pour la vérité » à cette dépendance, il y avait peu de chances que la vérité se fasse jour. Et si Ian Bailey n’est pas extradé d’Irlande, le procès évoqué, mais toujours pas assuré, sera une farce.

Justice (Procès. Toscan du Plantier Sophie) (2) : 2017. Ian Bailey a encore gagné. Il n’a d’ailleurs jusqu’ici jamais cessé de gagner. À la seule menace de son avocat français de « former immédiatement un pourvoi en cassation », la Chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris qui devait se prononcer le 14 novembre 2017 a remis sa décision en janvier 2018. La France n’a jamais - pour des raisons qui devront être élucidées - voulu ce procès. Et c’était, me semble-t-il, depuis longtemps évident. Attendre qu’elle le veuille bien ne pouvait mener qu’à l’échec. 671

Justice (Procès. Toscan du Plantier Sophie) (3) : (2 février) 2018. La chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris a estimé, 21 ans après l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier, qu’il y avait « suffisamment d’éléments à charge » pour juger Ian Bailey.
Sur la base de certains éléments curieusement subitement fournis à la presse, combien d’« éléments à charge » nouveaux, la justice française a-t-elle trouvé en sus de ceux qui étaient lisibles dans le texte que j’avais publié en 2008, lequel en contenait bien d’autres par ailleurs ?

Justice (Procès. Toscan du Plantier Sophie) (4) : (7 février) 2018. Comme préalablement annoncé, l’avocat de Ian Bailey se pourvoit en cassation.
Le Parisien a le culot décrire : « C’est son ultime recours ». 672
Encore des années d’attente, en attendant la Cour européenne des droits de l’homme, comme l’affirme son avocat français.
Le traitement de l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier est, depuis le jour de sa mort, l’un des plus honteux de la justice française ; mais, plus encore, celui de la justice Irlandaise.
Et jamais la presse - que je crois avoir bien suivie - depuis toutes ces années, ne l’a critiqué. Plus même, les arguments de Ian Bailey n’ont cessé d’être repris. Pourquoi ?
* Ajout. 16 février 2018. Dans l’article de Kennet Brendan publié dans Match, j’ai découvert - issus du dossier français ? - des éléments nouveaux importants concernant notamment les violences de Ian Bailey à l’encontre des femmes. 673
En sus de ceux nombreux, flagrants, indiscutables, d’ores et déjà connus depuis longtemps.

Justice (Procès. Toscan du Plantier Sophie) (5) : 2018. Si le procès a lieu, la question essentielle est de savoir pourquoi il n’a pas eu lieu auparavant.

Justice (Procès. Toscan du Plantier Sophie) (6) : 2019. 23 ans après l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier, le procès aura lieu devant la Cour d’assises de Paris du 27 mai au 31 mai 2019, en l’absence, sauf miracle, de l’accusé.
Le procès, par défaut, aura lieu « devant la juridiction criminelle, constituée exclusivement de magistrats professionnels. », sans jury donc.
Je lis aussi, avec un certain effarement, selon l’avocat de l’ASSPT [Association pour la vérité sur la mort de Sophie Toscan du Plantier, née Bouniol] que « le dossier sera connu du Président de la cour, mais découvert à l’audience par les deux autres magistrats. » 674

Justice (Procès. Toscan du Plantier Sophie) (7) : (30 juin) 2019. Le 31 mai 2019, Ian Bailey a enfin - mais en son absence, comme en celle de son avocat - été condamné à 25 ans de prison.
Si on ne peut que se réjouir du réquisitoire peu critiquable de l’avocat général Jean-Pierre Bonthoux - qui a requis le maximum de la peine encouru : 30 ans - on ne peut que constater que celui-ci aurait pu - et bien évidemment dû - être prononcé il y a très, très longtemps.
Reprenons ses propos.
J’ai noté, en sus de l’emploi inacceptable du terme de « faits-divers », son euphémisme :
« Il est temps que s’arrête ce fait divers, ce crime abominable […] plus tard, qualifié on ne sait pourquoi de « crime obscur ».
Puis…
- Il a « salué la mémoire » de Sophie Toscan du Plantier.
- Il a rendu hommage, toujours par euphémisme - et sans conteste possible - à la famille de Sophie Toscan du Plantier et a tenu à « lui dire toute [son] admiration. C’est en grande partie grâce à eux que ce procès se tient aujourd’hui. »
- Il a dénoncé le « manque de courage, la couardise » de Ian Bailey.
- Il a tenu « à s’adresser à lui ; certes il n’est pas là, mais on a l’impression qu’il est tellement là, tant il se répand dans les médias, avec ses conseils, ses ex-conseils, ses futurs conseils » a-t-il déclaré.
- Il a ensuite affirmé en s’appuyant sur les seules critiques de Ian Bailey et de ses conseils, et en les dénonçant, que « la justice française ne mérite pas les critiques [qui lui sont faites], ni « l’opprobre qu’il a jeté sur l’institution, sur un système qui serait indigne à ses yeux. »
- Il a considéré qu’il ne s’agissait pas de
« stigmatiser un autre système juridique que le nôtre ».
- Il a cependant dénoncé que «
l’exigence » qui lui avait été transmise de signer un acte afin de permettre que le gouvernement Irlandais transmette la citation à comparaitre à M. Bailey était « hors du commun » ; et que, dès lors, celle-ci - récusée par la justice française - permettait à M. Bailey - « qui se moque de nous » - d’affirmer « ne pas connaitre la date de son procès ». Pour conclure sur ce point, toujours en termes - diplomatiques ? - sibyllins : « Je crois que personne ne nous aide pour qu’il en soit autrement et je pèse mes mots », après avoir déclaré qu’il y avait « eu bien des obstacles [jusqu’à ce procès] pour empêcher que les choses se passent. »
- Il a rappelé que Ian Bailey avait été confronté à la justice Irlandaise, qu’il avait été condamné pour violences à l’encontre de sa compagne, Jules Thomas,
et a précisé qu’à trois reprises, contrairement à ce qu’affirment ses avocats, Ian Bailey avait perdu ses procès « sur le fond » ;
- lors du procès en diffamation intenté en 2003-2004 contre 2 journaux anglais et 5 journaux Irlandais (à l’exception d’une question, en l’occurrence, mineure), au cours duquel 21 témoignages ont été présentés au bénéfice de la presse poursuivie ;
- lorsqu’il a attaqué l’État Irlandais et la Garda [police] Irlandaise ;
- lorsqu’il a attaqué la Haute cour de justice de Dublin.
- Il a, maladroitement, précisé : « Je ne reproche pas à M. Bailey, ses 300 pages d’obscénités [de son « journal » saisi par la justice Irlandaise] - « jusqu’à la nausée » - ses violences à l’égard de sa compagne, Jules Thomas - pourtant essentielles à la compréhension de ses violences à l’encontre des femmes -, ni le fait d’être un « journaliste raté », d’être « un jardinier raté » - il aurait pu ajouter son éventuel rôle souvent évoqué dans les services secrets britanniques - : « C’est beaucoup plus grave que cela : il pèse contre M. Bailey de très lourdes charges ».
- Il a alors renvoyé à l’acte d’accusation particulièrement rigoureux lu par la Présidente du Tribunal au début du procès.
- Il a démontré précisément que les preuves à l’encontre de M. Bailey étaient « accablantes », « confondantes », « impressionnantes » et a considéré qu’affirmer qu’il n’y avait pas de preuves « était injurier le bon sens ». Il a alors pu affirmer que ces preuves, dans lesquelles il a notamment et justement - inclus les pressions exercées sur les témoins - étaient « plus qu’un faisceau d’indices » : « une accumulation de charges à son encontre » qui sont « pléthore ».
Nombreuses furent celles présentées par l’avocat général : il aurait même pu en ajouter d’autres…

- Il a critiqué précisément et à fort juste titre le DPP (Director of Public Prosecution) Irlandais « un organe en charge des poursuites », qui « ne s’est jamais déplacé » sur la scène du crime, qui « ne s’est prononcé que sur des rapports », dont le jugement a reposé sur « la segmentation de chacune des preuves » - progressivement, toutes, par lui, invalidées - et dont le résultat fut : « 0 + 0 = 0 ».
- Il a fait état des violences de Ian Bailey à l’encontre de Jules Thomas et a cité sa propre analyse - telle qu’il l’a écrite - selon laquelle lorsqu’il l’a frappée, blessée, il « voulait la tuer ».
- Il a rappelé l’importance du témoignage du jeune adolescent Malachie Reed que Ian Bailey avait pris en stop et auquel il avait avoué, sans ambiguïté, l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier.
Sa mère est venue au procès et a décrit comment elle avait vécu le témoignage de son fils du 14 ans qui avait reçu es aveux : « Je suis allé trop loin et je lui ai éclaté sa putain de tête avec un bloc de béton. »
- Il a dénoncé toutes les pressions sur les témoins, et plus particulièrement sur l’une des témoins majeures, Marie Farrell - qui a vu et reconnu ultérieurement Ian Bailey après le crime - dont « la vie a été bouleversée » par son simple témoignage et qui est partie vivre avec sa fille, en Australie. « Je suis désolée pour la famille de Sophie Toscan du Plantier, mais ma vie vaut plus que cela » a-t-elle dit, tandis que le procureur a tenté d’expliquer les raisons de sa difficulté à dire toute la vérité.
- Il a, à cette occasion, dénoncé l’avocat de Ian Bailey qui a enregistré dans son cabinet, des années après son premier témoignage, la rétractation de Marie Farrell et a considéré que cela aurait dû lui valoir une « suspension » par un Bâtonnier.
- Il a précisément critiqué la police irlandaise - « qui n’avait pas été confrontée à un meurtre depuis 1929 » - , le médecin irlandais, leurs manques, leurs légèretés et leurs incompétences, y compris dans le contexte de l’époque.
- Il a insisté sur le fait que 5 témoins ont affirmé que les « griffures importantes » sur la main, le visage et l’avant-bras de Ian Bailey qui n’existaient pas avant le crime, étaient pourtant visibles le lendemain, ; ce qui fut confirmé un temps par Jules Thomas.
- Il a relevé et dénoncé l’argument selon lequel Ian Bailey, n’aurait jamais varié dans ses déclarations. Je me demande effectivement même comment un tel argument a pu osé être dit, tant on sait, depuis des années, que celui-ci n’ a cessé de varier dans ses déclarations, tant il a si souvent et si grossièrement, de manière « si éhontée », menti - y compris lorsque de nombreux témoins pouvaient invalider sa position -, tant ses contradictions sont flagrantes ; et ce sans omettre sa compagne, Jules Thomas [celle qu’il avait voulu tuer] qui, après s’être rétractée, n’a cessé de lui maintenir son soutien, devenant dès lors sa complice.
- Il a rappelé les innombrables aveux de Ian Bailey - ce qui est « suffisamment rare pour être souligné » - et pourtant « écartés par le D.P.P », lequel, selon moi, devrait être - pourquoi pas ? - jugé, et en tout état de cause suspendu et interdit de tout jugement.
- L’avocat général a conclu enfin :
« Quelque chose d’essentiel vient de se passer cette semaine. Mais ce n’est qu’une étape dans la suite des évènements, à savoir un procès pleinement contradictoire, en présence de M. Bailey et de ses avocats. »
Compte tenu du verdict, une troisième demande d’extradition a été adressée à la justice Irlandaise.
N.B. Je n’ai malheureusement pas été présente lors des plaidoiries des deux avocats et de l’avocate, Marie Dosé, ni lors de l’énoncé du jugement.
En conclusion partielle, non définitive, les raisons pour lesquelles la justice française, pendant toutes ses années, été si peu active dans la défense de Sophie Toscan du Plantier - il serait plus juste de dire qu’elle a bloqué la recherche de la vérité - est toujours posée.
Les « obstacles » - déjà évoqués par le procureur français - quels qu’ils soient, et d’où qu’ils viennent - devront être cherchés, spécifiés, clarifiés, dénoncés.
Les critiques - plus que légitimes et nécessaires - de la justice Irlandaise n’évacuent pas la question.
À cet égard, je me pose une question : L’influence de M. Daniel Toscan du Plantier, dont l’importance culturelle, politique, économique était à l’époque - en France - patente, dont les liens avec les milieux politiques étaient sans aucun doute importants, n’aurait-elle pas pu, sur tel ou tel point, au moins au début, entrer en ligne de compte ? La réponse est dans la question. Pourquoi ne s’est-il pas rendu en Irlande pour reconnaitre le corps de son épouse ? Pourquoi n’a-t-il que si peu ou si mal coopéré avec la police ? (Poursuivre) (Cf. Justice. Preuves. Témoins)
* Ajout. 11 juillet 2019. Je lis dans le Bulletin Adhérents n° 26 du 5 juillet 2109 de l’Association pour la vérité sur l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier, née Bouniol - qui fait état du procès qui a eu lieu et le présente comme « un premier jalon vers la vérité et la justice », dans la présentation du témoignage de Bertrand Bouniol, le frère de Sophie, ceci : après avoir légitimement rendu hommage à la ténacité de l’engagement de mère durant tant d’années, il affirme que celle-ci en janvier 2017 : « a […] trainé Daniel [Toscan du Plantier] pour aller déposer plainte. »

Justice. Procès. Jacques Vergès :

Justice (Procès. Vergès Jacques) (1) : (4 mars) 2005. Jacques Vergès [1924-2013] écrit, dans son Journal :
« Quel que soit le rapport de forces, une bataille se perd dès le départ quand une des parties, fut-elle théoriquement la plus forte, se trompe sur la stratégie à mettre en œuvre. » 675
La stratégie est-elle, elle-même, si souvent, pensée ? Et, pensée, pour défendre qui ?

Justice (Procès. Vergès Jacques) (2) : (31 octobre) 2005. Jacques Vergès [1924-2013] écrit, dans son Journal :
« Le procès d’Antigone n’est-il pas le premier procès de rupture dont l’histoire et la légende nous laissent la trace ? Le procès est ce dialogue impossible entre l’accusé et la personne investie du droit de la juger. Créon est un juge parfait quand il dit : ‘Voilà la loi’, ou encore : ‘La justice est de subir le joug, courber la nuque, chérir mon autorité.’ » 676 (Cf. Dialogues, Justice. Rupture. Procès de)

Justice (Procès. Vergès Jacques) (3) : (19 novembre) 2005. Jacques Vergès [1924-2013] écrit, dans son Journal :
« Un procès de rupture [qu’il oppose aux procès « de connivence »] est un procès où l’accusation et la défense ne se réfèrent pas aux mêmes valeurs. » 677 (Cf. Justice. Rupture. Procès de)

Justice (Procès. Vidal Henri) : 1902. Henri Vidal [1867-1906], dénommé « le tueur de femmes », assassine, en 1901, quatre femmes.
- Concernant les explications qu’il donne de ses crimes, il déclare au juge d’instruction :
« Si j’ai tué, je ne l’ai pas fait pour voler. J’ai tué parce que j’étais poussé par une force supérieure, parce que j’avais la haine de la femme », ce qu’il argumente plus précisément dans l’autobiographie qu’il rédige en prison :
« J’ai voulu me venger des quatre personnes qui ont fait le malheur de ma vie : Ma tante […], ma belle-sœur […], Cérénie Jacquier (qui avait refusé de l’épouser) [...]. Enfin, ma mère, ma malheureuses mère, elle précisément que je ne peux pas accuser car elle est ma mère, en somme. Elle précisément pour qui j’ai été obligé de cacher bien des choses au juge d’instruction. Eh, bien ma mère ne m’a jamais aimé ! »
- Lors du procès, en novembre 1902, le procureur de la République, dans son réquisitoire, « analyse la psychologie de Vidal » :
« Ce ne sont, dit-il, ni la fièvre typhoïde, ni les fièvres du Soudan qui ont conduit cet homme au crime et qui en ont fait le carnassier terrible que voilà, c’est la paresse et c’est le vol ! Voilà la vraie psychologie ! Voilà la vérité judicaire ! Et c’est aussi, conclut le Procureur, la vérité du bon sens. »
- Henri Vidal - qui ne nie pas ses crimes - est condamné à mort.
- Dans une lettre à sa mère, il avait écrit :
« Ces hommes ne m’ont pas connu. Ils ne pouvaient donc pas me juger », après avoir déclaré au cours du procès au président du tribunal :
« Pourquoi m’interrogez-vous si vous ne voulez rien admettre de ce que je dis ? »
Quant à son avocat, il lui avait dit :
« Moins vous parlerez, mieux ça vaudra. » 678
- La lettre du 18 mars 1903 qu’Henri Vidal, avant son départ pour Cayenne - sa peine de mort ayant été commuée - écrit au garde des Sceaux est d’une implacable rigueur concernant la critique de la Justice. (Cf. Patriarcat, Violences. Violences à l’encontre les femmes)

Justice (Procès. Voltaire) : (21 mai) 1761. Voltaire [1694-1778], dans une lettre au comte d’Argental [1700-1788], auteur de :
« Ce qu’il y a de pis c’est que cet abominable procès me fait perdre mon temps, trésor plus précieux que l’argent qu’il me coûte. » 679

Justice (Procès. Zay Jean) : (8 octobre) 1940. Concernant le procès de Jean Zay [1905-assassiné le 20 juin 1944], la délibération des juges du tribunal militaire siégeant à Clermont-Ferrand qui le condamna pour « désertion » à la déportation à vie dura « six minutes », « le temps de se retirer, de rédiger la réponse et de rentrer à l’audience », tandis que la décision du rejet de son pourvoi en cassation de Lyon fut prise en trois jours, « le bâtonnier [de Lyon] ne disposant que de quelques heures pour étudier le dossier ». Quant au commissaire du gouvernement qui avait « adjuré » le tribunal de prononcer la déportation, c’est-à-dire « le maximum de la peine, sans circonstance atténuante », son argument, deux fois répété fut :
« Il est parti sous l’effet de cette peur panique, dont vous connaissez les raisons… » (Cf. Justice. Grâce) 680
N.B. Jean Zay était parti sur le Massilia, pour rejoindre l’Afrique du Nord et continuer le combat contre l’Allemagne nazie.
- Le 10 octobre 1940, il avait écrit à son épouse Madeleine [1906-1991] : « On n’a tenu compte, ni de mon engagement [volontaire dans la guerre], ni de ma conduite pendant la guerre, ni des dépositions des témoins, ni de la discussion juridique ; ni de mes déclarations, ni des motifs de conscience qui m’avaient inspiré. » 681 (Cf. Justice. Témoins)

Justice (Procès. Zola Émile) : (4 décembre) 1868. Émile Zola [1840-1902] concernant le procès dit des ‘trois empoisonneuses’ de Marseille, écrit :
« Les accusées ne sont pas seules coupables ; le monde où elles ont vécu, les amants qu’elles ont eu, les sottises et les infamies dans lesquelles elles ont grandi, tout les a menées où elles sont. […] En face de ce triste monde dont le procès a montré les hontes et les misères, on sent pourtant le besoin de mettre des livres dans les mains de ces pauvres créatures grossières et crédules. Si l’on ne tue pas leurs passions, on peut espérer les contenir, en leur apprenant le juste et l’injuste, la vérité et le mensonge. » 682 (Cf. Femmes, Justice. Zola Émile, Patriarcat)

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Notes de bas de page

1 In : France Culture, La prison au féminin pluriel. De face et de profil. 7 janvier 2024 [1ère diffusion. 6 octobre 1992]

2 Roland Dumas, L’épreuve. Les preuves. Michel Lafon. 435p. 2003. p.347

3 Le Canard enchaîné, Les mots très enjôleurs de Macron sur la prison. 14 mars 2018. p.8

4 Le Canard enchaîné, Justice distancielle pour le droit d’asile. 7 avril 2021. p.4

5 Le Monde Diplomatique, Pierre Carles. «Terroriste » un jour, terroriste toujours ? Pour complaire aux États-Unis, la détention perpétuelle de Georges Ibrahim Abdallah. août 2020. p.3

6 Cesare Beccaria, Des délits et des peines. Garnier Flammarion. 187p. 1991. p.17

7 In : Raymond Aron, Marxismes imaginaires. D’une sainte famille à l’autre. 377p. 1970. p.157

8 Jean Tulard, Dictionnaire du cinéma. Les réalisateurs. Bouquins. Robert Laffont. 1008 p. 2003. p.748

9 Jean Jaurès, Discours et conférences. Le Monde Flammarion. 298p. 2010. p.114, 115, 120

10 Léon Tolstoï, Résurrection. Marabout Géant. 522p. (s, d) p.222, 223

11 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.17

12 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.33

13 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.67

14 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.70

15 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.77

16 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.80

17 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.84, 85

18 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.138

19 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.195

20 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.195

21 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.213

22 Robert Badinter, L’Abolition. Fayard. 327p. 2000. p.23

23 Albert Londres, Au bagne. Arléa. 1997. 224p. p.91, 123

24 Balance ton porc. 2018

25 Honoré de Balzac, Illusions perdues. Garnier frères, 876p. 1961. p.615

26 Honoré de Balzac, Illusions perdues. Garnier frères, 876p. 1961. p.716

27 Cesare Beccaria, Des délits et des peines. Garnier Flammarion. 187p. 1991. p.91, 92

28 Cesare Beccaria, Des délits et des peines. Garnier Flammarion. 187p. 1991. p.170

29 In : Préface de Robert Badinter. Cesare Beccaria, Des délits et des peines. Garnier Flammarion. 187p. 1991. p.39

30 France Inter, 5 ans après metoo, comment la justice défend les femmes victimes de violences ? 23 novembre 2022

31 Le Canard enchaîné, Nicole Belloubet. Le droit dans ses bottes. 21 novembre 2018. p.7

32 Le Parisien, Belloubet veut réformer la justice des mineurs par ordonnances. 22 novembre 2018

33 France Info, Je conseille à Adèle Heanel d’aller en justice. Nicole Belloubet réagit aux accusations de l’actrice. 6 novembre 2019

34 Le Figaro, Violences conjugales : Pour Belloubet, ‘notre système ne fonctionne pas‘. 15 novembre 2019

35 Nina Berberova, C’est moi qui souligne. Actes Sud / Labor / L’aire. 609p. 1990. p.358, 359

36 Nicola Berdiaev, Essai d’autobiographie spirituelle. Buchet / Chastel. 429p. 1979. p.88

37 Emmanuel Berl, De L’innocence, In : Essais. Éditions de Fallois. 773p. 2007. p.453

38 George Bernanos, Journal d’un curé de campagne. Plon. 160ème mille. 366p. 1936. p.298

39 Charles Péguy, Notre jeunesse. Tempus. Perrin. 250p. 2016. p.128, 129

40 France Inter, La méthode scientifique. 15 février 2018

41 Albert Camus, L’homme révolté. Idées. Gallimard. 372p. 1972. p.153

42 Albert Camus, L’homme révolté. Idées. Gallimard. 372p. 1972. p.251

43 Albert Camus, Réflexions sur la guillotine. In : Essais. La Pléiade. 1975p. 1965. p.1044

44 Georges Clemenceau, La liberté à tout prix. Le Monde. Les Rebelles. 189p. 2012. p.132

45 Doris Lessing, Les enfants de la violence. Le livre de poche. 918p. 1978. p.266

46 Doris Lessing, Les enfants de la violence. Le livre de poche. 918p. 1978. p.469

47 Mouloud Feraoun, Journal. 1955-1962. Éditions du Seuil. 348p. 1962. p.74

48 Mouloud Feraoun, Journal. 1955-1962. Éditions du Seuil. 348p. 1962. p.106

49 Jules Roy, Mémoires barbares. Le livre de poche. 697p. 1989. p.246

50 Sous la direction de Florence Renucci, Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle. Presses universitaires de Rennes. . 432p. 2022. p.14, 29, 30, 32

51 In : Sous la direction de Florence Renucci, Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle. Presses universitaires de Rennes. 432p. 2022. p.158

52 In : Sous la direction de Florence Renucci, Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle. Presses universitaires de Rennes. 432p. 2022. p.61

53 Sous la direction de Florence Renucci, Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle. Presses universitaires de Rennes. 432p. 2022. p.204

54 Le Figaro, Perquisition en cours au domicile de Gérard Collomb et à la mairie de Lyon. 5 juin 2029

55 Cf. Me Eolas, Journal d’un avocat. Pourquoi on peut commenter une décision de justice. 16 décembre 2016

56 France Inter, Décembre 1984. L’affaire de l’appât. 5 août 2109

57 Photographie, in : Michel Bakounine, Théorie générale de la révolution. Les nuits rouges. 383p. 2001. p.336

58 Jacques Derrida, Le siècle et le pardon. In : Foi et savoir. Éditions du Seuil. Points. Essais. 133 p. 2001. p.118

59 Le Canard enchaîné, Mauvais procès. 30 septembre 2020. p.7

60 Anna Politkovskaïa, Douloureuse Russie. Journal d’une femme en colère. Folio. Documents. 561p. 2008. p.261

61 France Culture, Affaires étrangères. Syrie : le régime en procès. 20 février 2021

62 Le Monde, Viol, harcèlement, sexisme : la parole des femme se libère. Venez en débattre sur Le Monde.fr. 23 novembre 2017

63 Nicole Gérard, Sept ans de pénitence. Robert Laffont. 456p. 1972. p.230

64 In : Le Monde. Éditions. Huitième forum Le Monde le Mans, De quoi sommes-nous responsables ? 410p. 1997. p.140, 141

65 LCI, Sondage. 9 février 2006

66 Amnesty International, Rapport 2012. 417p. p.225

67 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.203

68 Le Canard enchaîné, La justice exile sans appel des manifestants à la pelle. 2 décembre 2020. p.4

69 Cour pénale internationale. Situation en République du Mali. Original : Français. N° ICC- 01/12- 01/18. Date. 11 mai 2019. Date de soumission. 2 juillet 2019. 457p

70 Arundhati Roy, Mon cœur séditieux. NRF. Gallimard. 1050p. 2020. p.470

71 Arundhati Roy, Mon cœur séditieux. NRF. Gallimard. 1050p. 2020. p.874

72 Louis Joinet, Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice. La Découverte. 351p. 2013. p.66

73 Christiane Rochefort, Le repos du guerrier. Le livre de poche. 245p. 1963. p.31

74 Jacques Vergès, Journal. La passion de défendre. Éditions du Rocher. 403p. 2008. p.130

75 Le Figaro, Un avocat parisien jugé pour avoir poignardé à mort l’amant de sa compagne. 4 octobre 2019

76 C à vous. 2 octobre 2017

77 Le Canard enchaîné, L’ancien juge soigne son image. 24 mai 2023. p.2

78 Daniel Defert, Une vie politique. Éditions du Seuil. 364p. 2014. p.16

79 Jean-Paul Sartre, Justice et État. Conférence donnée le 25 février 1972 à l’invitation du Jeune Barreau de Bruxelles. In : Situations, X. Gallimard. 226 p. 1976. p.49. Cf. aussi, Louis Joinet, Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice. La Découverte. 351p. 2013. p.56 à 58

80 In : Philippe de Gaulle, De Gaulle, mon père **. Entretiens avec Michel Tauriac. Plon. 556p. 2004. p.337

81 Gilles Perrault, Notre ami, le roi. Gallimard. 367p. 1990. p.235

82 In : Abel Chatelain, Le Monde et ses lecteurs. Kiosque. 280p. 1963. p.138, 139

83 Le Monde, La justice impuissante face à la croissance de la détention provisoire. 26 janvier 2017

84 Voltaire, Correspondance. VII. (janvier 1763-mars 1765). La Pléiade. 1590p. 1981. p.786

85 André Gide, Souvenirs de la cours d’assises. In : André Gide, Ne jugez pas. Gallimard. 266p. 1969. p.23

86 France Culture, Le cours de l’histoire. Insolentes adolescentes. 4 mars 2020

87 André Gide, Souvenirs de cour d’assises. In : Journal et Souvenirs. 1939-1949. La Pléiade. Gallimard. 1280p. 1954. p.621

88 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.191, 193

89 Association Choisir, Avortement : une loi en procès. L’affaire de Bobigny. Idées Gallimard. 255p. 1973. p.37

90 Charles Dickens, David Copperfield. Le livre de poche. Classique. 1024p. 2008. p.480

91 Charles Dickens, David Copperfield. Le livre de poche. Classique. 1024p. 2008. p.439

92 Denis Diderot, Correspondance. Bouquins. Robert Laffont. 1468p. 1997. p.414

93 Denis Diderot, Correspondance. Bouquins. Robert Laffont. 1468p. 1997. p.825

94 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1445p. 1962. p.746

95 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1445p. 1962. p.521

96 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1470p. 1951. p.780

97 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1470p. 1951. p.766

98 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1445p. 1962. p.286

99 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1445p. 1962. p.310

100 In : Diderot. Oeuvres. La Pléiade. 1445p. 1962. p.979

101 Léon Tolstoï, Résurrection. In : Léon Tolstoï, Anna Karénine, Résurrection. La Pléiade. 1630p. 1951. p.1293

102 Émile Zola, Correspondance. X. 1899-1902. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 647p. 1995. p.154, 155

103 Emma Goldman, Vivre ma vie. Une anarchiste au temps des révolutions. L’échappée. 1095p. 2018. p.544 à 546

104 Le Monde, Sandra Muller, l’initiatrice de #balance ton porc, condamnée pour avoir diffamé l’homme qu’elle accusait de harcèlement. 25 septembre 2019

105 Germaine de Staël, Dix années d’exil. Fayard. 588p. 1996. p.103

106 Stendhal, Le rouge et le noir. Le livre de poche. Classiques de poche. 577p. 2009. p.185

107 Le Canard enchaîné, Ça bouchonne au tribunal. 1er septembre 2021. p.3

108 Alfred Dreyfus, Lettres à la marquise. Correspondance inédite avec Marie Arconati Visconti. Grasset. 583p. 2017. p.11

109 Roland Dumas, L’épreuve. Les preuves. Michel Lafon. 435p. 2003. p.26

110 Roland Dumas, L’épreuve. Les preuves. Michel Lafon. 435p. 2003. p.178, 314, 344

111 Denis Diderot, Le neveu de Rameau, In : Œuvres. La Pléiade. 1470p. 1951. p.56

112 Le Canard enchaîné, Un accessit pour Dupond-Moretti. 2 septembre 2020. p.2

113 France Inter, Questions politiques. Éric Dupond-Moretti. 2 mai 2021

114 Le Canard enchaîné, Ce secret bien gardé du garde des sceaux. 24 novembre 2021. p.4

115 Albert Camus, Actuelles. I. In : Essais. La Pléiade. 1975p. 1965. p.1548

116 France Culture, L’Empire Ottoman et la Turquie face à l’Occident, les années 1820-1830. 27 mars 2020

117 George Eliot, Le moulin sur la Floss. Folio. Classique. 738p. 2003. p.219

118 George Eliot, Felix Holt, le radical. Folio. Classique. 801p. 2021. p.352

119 Roger Knobelspiess, Voleur de poules. Une histoire d’enfant. Flammarion. 193 p. 1991. p.12

120 Assemblée Nationale, Commission d’enquête. La sécurité : Un droit pour les Corses, un devoir pour l’État. Rapport n° 1918. Tome II. Auditions. p.300, 301

121 Michel Foucault, Théories et institutions pénales. Cours au Collège de France. 1971-1972. EHESSE. Gallimard. Seuil. 327p. 2015. p.260

122 In : Denis Robert, La justice ou le chaos. Stock. Le livre de poche. 348p. 1996. p.23

123 Source : APCARS, Association de politique criminelle appliquée et de réinsertion sociale. Site internet. novembre 2016

124 Cf. un exemple dans le livre d’Odile Dhavernas, Petite sœur née, prépare suicide. Le Seuil. 157p. 1981. p.56 à 59

125 Émile Pollak, La parole est à la défense. Robert Laffont. Collection ‘Vécu’. 326p. 1975. p.29

126 Émile Pollak, La parole est à la défense. Robert Laffont. Collection ‘Vécu’. 326p. 1975. p.44, 45

127 Michel Foucault, Dits et écrits. 1954-1988. II. 1976-1988. Quarto. Gallimard. 1735 p. 2001. p.507

128 In : Les grands discours du XXème siècle. Flammarion. Champs Classiques. 307p. 2009. p.280

129 Médiapart, Inceste : un expert visé par une plainte exerce toujours auprès des tribunaux. 17 avril 2021

130 André Malraux, Antimémoires. Gallimard. 605p. 1967. p.531, 532

131 Amnesty International, Rapport 2012. Bosnie-Herzégovine. Expression employée, entre autres qualifications, concernant Ratko Mladic. 417p. p.48. (Rédigé avant la rédaction finale de mon texte : Questions à Amnesty International)

132 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.977

133 Louis Joinet, Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice. La Découverte. 351p. 2013. p.92

134 Monique Pelletier, La ligne brisée. Flammarion. 189 p. 1995. p.84

135 Tocqueville, L’ancien régime et la révolution. II. p.364. In : Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France. Pluriel. 816p. 2011. p.681. note 185

136 Henry Fielding, Histoire de Tom Jones. Folio. Classique.1142p. 2007. p.159

137 Henry Fielding, Histoire de Tom Jones. Folio. Classique.1142p. 2007. p.494

138 Victor Hugo, Quatre-vingt-treize. Bibliothèque Lattès. 542p. 1988. p.17, 18

139 Public Sénat, Mon département va craquer. 10 janvier 2019

140 France Culture, Les combattantes. Sortir des violences faites aux femmes. Les survivantes. 20 décembre 2016

141 Gandhi, Tous les hommes sont frères. Idées. Gallimard. 313p. 1981. p.46

142 France Inter, Affaires sensibles. L’affaire Denise Labbé : Le procès des amants maudits de Vendôme. 4 novembre 2020

143 France Culture, Lanceur d’alerte : une oreille attentive obligatoire dans les grandes entreprises. 2 janvier 2018

144 In : Jean Genet, L’ennemi déclaré. Textes et entretiens choisis. 1970-1983. Folio. 290p. 2010. p.19, 20, 22, 246, 247.

145 Khalil Gibran, Le prophète. Le livre de poche. 119p. 2006. p.60

146 Khalil Gibran, Le prophète. Le livre de poche. 119p. 2006. p.60

147 André Gide, Journal. 1939-1949. Souvenirs. La Pléiade. 1280p. 1954. p.120

148 Le Figaro, ‘Gilets jaunes’ : Près de1800 condamnations prononcées par la justice, annonce Édouard Philippe. 12 février 2019

149 Emma Goldman, Vivre ma vie. Une anarchiste au temps des révolutions. L’échappée. 1095p. 2018. p.638

150 Journal des Goncourt. Tome IV. 1865-1868. Honoré Champion. 765p. 2019. p.30

151 Journal des Goncourt. Tome IV. 1865-1868. Honoré Champion. 765p. 2019. p.100

152 Voltaire, Correspondance. XII. (janvier 1775-juin 1777). La Pléiade. 1316p. 1987. p.6, 62

153 Voltaire, Correspondance. XII. (janvier 1775-juin 1777). La Pléiade. 1316p. 1987. p.169

154 Germaine de Staël, Œuvres posthumes de madame la baronne Staël-Holstein. Dix années d’exil. Slatkine Reprints. 512p. 2014. p.360

155 Claudine Rey, Annie Gayat, Sylvie Pepino, Petit Dictionnaire des femmes de la Commune. Les oubliées de l’histoire. Les amies et Amie de la commune de Paris. 1871. 302p. 2018. p.215, 119

156 In : Margaret Goldsmith, Cinq femmes contre le monde. Gallimard. 201p. 1937. p.63, 64

157 Wikipédia, Louise Michel. note 26

158 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.540. note1

159 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.532, 533, 542, 543

160 Jean Zay, Écrits de prison. 1940-1944. Belin. 1052p. 2014. p.274, 195, 165, 476, 611, 686, 687

161 Charles de Gaulle, Mémoires. La Pléiade. 1505p. 2000. p.694. note. p.1335

162 Voltaire, Correspondance. X. (octobre 1769-juin 1772). La Pléiade. 1648p. 1986. p.647

163 Jules Michelet, Histoire de la Révolution française. I. La Pléiade. 1530p. 1976. p.213

164 Le Monde, États-Unis : le ministre de la Justice Jeff Sessions, démissionne sous la pression de Trump. 7 novembre 2018

165 Hobbes, Le citoyen ou les fondements de la politique. Garnier Flammarion. 408 p. 1982. p.123

166 Hobbes, Le Léviathan. Folio. Essais. Gallimard. 1027p. 2013. p.452

167 In : Michel Houellebecq & Bernard-Henry Lévy, Ennemis publics. Flammarion. Grasset. 333p. 2008. p.114

168 Victor Hugo, Notre-Dame de Paris. Garnier Flammarion. 512p. 1967. p.223

169 Victor Hugo, Claude Gueux. (sur internet) p.19, 20

170 In : Victor Hugo. Témoin de son siècle. J’ai lu. L’essentiel. 561p. 1962. p.449, 450

171 Victor Hugo, Les misérables. La Pléiade. 1805p. 1951. p.40

172 Victor Hugo, Les misérables. La Pléiade. 1805p. 1951. p.80

173 Victor Hugo, L’homme qui rit. Éditions Pocket. 762p. 2016. p.302

174 Victor Hugo, L’homme qui rit. Éditions Pocket. 762p. 2016. p.369

175 Blog de Marie-George Buffet. Une proposition de loi pour allonger le délai de prescription des agressions sexuelles. 18 octobre 2011

176 Mary Genty, Non, je ne suis pas à toi. Eyrolles. 2011

177 Mary Genty, la bienveillante. In : Célyne Baÿt-Darcourt. Femmes d’exception. Tallandier. France Info. 229p. 2011. p.132

178 Le Figaro. Télé, FlavieFlament évoque son viol : ‘Je vivrai avec ça jusqu’à la fin de mes jours’. 16 octobre 2016

179 Ministère des familles, de l’enfance et des droits des femmes, Mission de consensus sur le délai de prescription applicable aux crimes sexuels commis sur les mineurs. Présidée par Madame Flavie Flament et Monsieur Jacques Calmettes. Remis le 10 avril 2017. 24 p.

180 Les Nouvelles News, Le HCE s’attaque au viol, ‘cette arme de destruction massive du viol’. 5 octobre 2016

181 AFP. Le Figaro, Le récit glaçant de l’ex-compagne du tueur Michel Lamblin. 12 décembre 2017

182 Ouest-France, Vendée. Des affaires de pédophilie secouent le diocèse. 31 octobre 2017

183 Communiqué de presse. ECVF demande la relaxe pour toutes les femmes victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles de la part de l’ancien député Denis Baupin. 11 février 2019

184 Louis Joinet, Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice. La Découverte. 351p. 2013. p.49, 50

185 Le Figaro, Eure et Loir. Un nouveau-né abandonné retrouvé à l’arrière d’une voiture. 13 décembre 2018

186 Léon Trotsky, Ma vie. Folio. Gallimard. 691p. 1973. p.357

187 François Mauriac, Journal. Mémoires politiques. Bouquins. Robert Laffont. 1136p. 2008. p.826

188 Denis Diderot, Correspondance. Bouquins. Robert Laffont. 1468p. 1997. p.17

189 Voltaire, Essai sur les mœurs. In : René Pomeau, Voltaire par lui-même. Écrivains de toujours. Éditions du Seuil. 191p. 1962. p.138, 139

190 Voltaire, Correspondance. XIII. (juillet 1777-mai 1778). La Pléiade. 1203p. 1992. p.13, 14

191 Jules Michelet, Journal. Folio. Classique. 1144p. 2017. p.318, 319

192 Liliana Lounguine, Mot à mot. Une vie dans le siècle soviétique. Les éditions des quatre vivants. 398p. 2017. p.310

193 France Culture, Matières à penser. Voyage au cœur des tutelles. 19 août 2018

194 Ménie Grégoire, Telle que je suis. Robert Laffont. 359p. 1976. p.289

195 George Bernanos, Journal d’un curé de campagne. Plon. 160ème mille. 366p. 1936. p.173

196 Marie Métrailler, Marie-Magdeleine Brumagne, La poudre de sourire. L’Age d’homme. 223p. 1987. p.213

197 Beccaria, Des délits et des peines. Garnier Flammarion. 187p. 1991. p.106

198 In : Sous la direction de Florence Renucci, Dictionnaire des juristes. Colonies et Outre-mer. XVIIIème-XXème siècle. Presses universitaires de Rennes. 432p. 2022. p.82

199 Franz Kafka, Le procès. Folio. 378p. 1979. p.43

200 In : Alain Buhler, L’adieu aux enfants. Olivier Orban. 294p. 1978. p.177

201 Jean de La Bruyère, Les Caractères. Folio. Classique. 505p. 2001. p.197

202 Jean de La Bruyère, Les Caractères. Folio. Classique. 505p. 2001. p.197

203 Jean de La Bruyère, Les Caractères. Folio. Classique. 505p. 2001. p.263

204 Jean de La Bruyère, Les Caractères. Folio. Classique. 505p. 2001. p.297

205 Jean de La Bruyère, Les Caractères. Folio. Classique. 505p. 2001. P.284

206 In : Studs Terkel, Hard times. Histoires orales de la grande dépression. Éditions Amsterdam. 596p. 2009. p.522

207 Madame Lafarge, Heures de prison. Paris, Librairie Nouvelle. (Numérisé par Google) 314p. 1854. p.196

208 Annie Leclec, Parole de femmes. Grasset. Fasquelle. 196 p. 1980. p.16

209 In : Louis Nucéra, Mes ports d’attache. Les cahiers rouges. Grasset. 305p. 2010. p.287

210 Victor Hugo, Choses vues. In : Victor Hugo, témoin de son siècle. L’essentiel. J’ai lu. 1962. 561p. p.179

211 Cf. notamment, Catherine Le Magueresse, ‘La loi a été conçue pour un ‘hypothétique homme raisonnable’, Libération. 9 février 2016

212 Idée reprise à Jacques Vergès, In : Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.406

213 Alexandra Lange, Acquittée. ‘Je l’ai tué pour ne pas mourir’. Michel Lafon. J’ai lu. 295p. 2013. p.20

214 AFP, Elle tue son mari violent : 8 ans de prison. 20 novembre 2012

215 Alexandra Lange, Acquittée. ‘Je l’ai tué pour ne pas mourir’. Michel Lafon. J’ai lu. 295p. 2013. p. 23

216 Le Figaro. AFP, Cambrioleur tué dans l’Isère : Le tireur libéré. 6 juin 2016

217 Le Figaro. AFP, Cambrioleur tué dans l’Isère : La question de la légitime défense ‘peut être posée’ (Parquet). 7 juin 2016

218 Marat, Plan de législation criminelle. Bibliothèque sociale. Aubier Montaigne. 201p. 1974. p.97, 98

219 Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain. Garnier. Flammarion. 499p.1966. p.307

220 Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain. Garnier. Flammarion. 499p.1966. p.307

221 Michel Leiris, Journal. 1922-1989. Quarto. Gallimard. 1052p. 2020. p.528

222 Bruno Le Maire, L’ange et la bête. Mémoires provisoires. Folio. Gallimard. 356p. 2022. p.88

223 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p. 942

224 Voltaire, Correspondance. X. (octobre 1769-juin 1772). La Pléiade. 1648p. 1986. p.895

225 Vaclav Havel, Lettres à Olga. L’Aube. Poche. 411p. 1995. p.233, 234

226 Madame de Genlis, Mémoires. Le Temps retrouvé. Garnier Flammarion. 438p. 2007. p.165

227 Félicité de Genlis, Les souvenirs de Félicité L****. In : La fabrique de l’intime. Mémoires et journaux de femmes au XVIIème siècle. Bouquins. Robert Laffont. 1192p. 2013. p.420

228 Mirabeau, ‘Les amours qui finissent ne sont pas les nôtres’. Lettres à Sophie de Monnier. 1777-1780. Tallandier. 343 p. 2010. p.64

229 In : Edmund Burke, Réflexions sur la révolution de France. Pluriel. 816p. 2011. p.780. note 16

230 Mémoires de la baronne d’Oberkirch. Le Temps retrouvé. Mercure de France. 781p. 2004. p.571

231 Albert Ollivier, Saint-Just, Gallimard. Le livre de poche. 704p. 1966. p.882

232 Sous la direction de Isabelle Poutrin et Elisabeth Lusset, Dictionnaire du fouet et de la fessée. Corriger et punir. PUF. 773p. 2022. p.442, 444, 445

233 Lacenaire, Mémoires. Albin Michel. 345p. 1968. p.203

234 France Inter, Procès Tarnac, Yildune Lévyn espère ‘huit relaxes’ et dénonce dix ans de ‘manipulation policière’. 12 mars 2018

235 Site de la Présidence de la République

236 Le Monde, Les plaintes pour viol et agression sexuelle en nette hausse en 2017. 25 janvier 2018

237 Site de l’AVFT, Doublement du nombre de saisine entre 2015 et 2017. L’AVFT fait une pause. 31 janvier 2018

238 Emma Goldman, Vivre ma vie. Une anarchiste au temps des révolutions. L’échappée. 1095p. 2018. p.459

239 France Culture, Qui peut mettre fin à l’instabilité au Sahel ? 22 août 2017

240 Alessandro Manzoni, Les fiancés. Folio. Classique. 862p. 1997. p.123

241 Alessandro Manzoni, Les fiancés. Folio. Classique. 862p. 1997. p.276, 277

242 Alessandro Manzoni, Les fiancés. Folio. Classique. 862p. 1997. p.367

243 In : Marat. Écrits. Présenté par Michel Vovelle. Messidor / Éditions sociales. 251p. 1988. p.65

244 Site du Ministère de la Justice. 2018

245 In : Roger Knobelspiess, L’acharnement ou la volonté d’erreur judiciaire. France Loisirs. Stock. 178p. 1981. p.13

246 Hippolyte Taine, Les origines de la France contemporaine. Bouquins. Robert Laffont. T.1. 839p. 1986. p.515, 519

247 John Stuart Mill, L’utilitarisme, Champs classique. 181p. 2009. p.142

248 In : Souvenirs de Mathieu Dreyfus [et autre inédits], « Dreyfusard ! ». Archives. Julliard. 276p. 1965. p.167

249 Jean Zay, Écrits de prison. 1940-1944. Belin. 1052p. 2014. p.426, 427

250 Le Canard enchaîné, Narendra Modi. Pus dur qu’hIndou. 10 mai 2023. p.7

251 Le Monde, #MeToo : Le difficile traitement des plaintes pour violences sexuelles. 9 novembre 2019

252 Le Monde, Éditorial. 2 mars 2021

253 Montesquieu, Lettres persanes. Garnier. Livre de poche. 444p. 2006. p.227

254 Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence. Garnier-Flammarion.188p. 1968. p.111, 112

255 Montesquieu, De l’esprit des lois. I. Les Classiques Garnier. Livre VI, Chapitre II. 566p. 1980. p.83

256 Montesquieu, De l’esprit des lois. I. Les Classiques Garnier. Livre VI, Chapitre II. 566p. 1980. Livre VII. Chapitre IX. p.114

257 Thomas More, L’Utopie. Les Classiques des sciences sociales. UQAM. p.95

258 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.952

259 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.486, 497

260 Le Figaro, Bâtonnier de Paris : ‘Nous avons un budget Moldave’. 6 janvier 2016

261 Le Canard enchaîné, Les clodos des tribunaux. 4 octobre 2017. p.3

262 Honoré de Balzac, Illusions perdues. Garnier frères, 876p. 1961. p.356

263 Léon Poliakov, Bréviaire de la haine. Le IIIème Reich et les juifs. Le livre de poche. 505p. 1974. p.72, 73

264 France Info. 24 mai 2020

265 Friedrich Nietzsche, Aurore. Pluriel Hachette Littératures. 312p.1987. p.153

266 Flora Tristan, Le tour de France. Journal. 1843-1844. I. FM. La Découverte. 233p. 1980. p.178

267 Michèle Bernard-Requin, Juges accusés, levez-vous ! Le Seuil. 204p. 2006. p.131, 132

268 L.C.P, Marseille, ils ont tué mon fils. 1er décembre 2019

269 Bruno Le Maire, Jours de pouvoir. Récit. Gallimard. 427p. 2013. p.220

270 R.F.I. 30 mars 2020. 09h

271 L’Obs, Catalogne : L’audacieuse stratégie de Pudgement pour faire plier Madrid. 6 novembre 2017

272 Voltaire, Traité sur la tolérance. Le monde de la philosophie. Flammarion. 680p. 2008. p.429, 430

273 In : Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.1424. note 3

274 France Inter, La nuit est à vous. Faut-il vraiment pardonner ? 24 février 2016

275 Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale. 1818p. 1968. Librairie Droz. p.650

276 In : Edmund Burke, Réflexions sur la révolution de France. Pluriel. 816p. 2011. p.747. note 322

277 Le Canard enchaîné, Sorj Chalandon, La boite aux images. Omis jurés. 1er juin 2022. p.7

278 Blaise Pascal, Pensées. Éditions du Seuil. 442p. 1966. p.76

279 Le souper, film d’Édouard Molinaro. 1992

280 Hubertine Auclert, Journal d’une suffragiste. Folio. Histoire. 2021. 240p. p.92, 205

281 France Culture, Hervé Temime: La conception du métier d’avocat. 30 janvier 2019

282 Le Canard enchaîné, Les cocus de la fusion ratée. 13 février 2019. p.3

283 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1470p. 1951. p.1347

284 AFP, Bettencourt : réaction de Pécresse. 31 août 2011

285 I. Télé, 16 février 2016. 11h 30

286 In : Préface de Robert Badinter. Cesare Beccaria, Des délits et des peines. Garnier Flammarion. 187p. 1991. p.38

287 Mémoires de Sarah Bernhardt, Ma double vie, Tome Deuxième. Dixième mille. Bibliothèque Charpentier. 283p. 1923. p.239 à 245

288 France Inter, Affaires sensibles. Buffet-Bontemps. Les assassins de la prison de Clairvaux. 31 mai 2016

289 Arundhati Roy, Mon cœur séditieux. NRF. Gallimard. 1050p. 2020. p.726

290 Le Canard enchaîné, MBS, alias Mon Beau Sabre. 16 mars 2022. p.8

291 Le Canard enchaîné, Mohammed Ben Salman. Une carrière en dents de scie. 28 juin 2023. P.7

292 Jules Roy, Mémoires barbares. Le livre de poche. 697p. 1989. p.290

293 Le Monde Diplomatique, Ce que révèle l’affaire Epstein. octobre 2019

294 In : Studs Terkel, Hard times. Histoires orales de la grande dépression. Éditions Amsterdam. 596p. 2009. p.281

295 France Culture, ‘J’accuse’ de Roman Polanski. Qu’en pensent les historiens et les historiennes ? 18 novembre 2019

296 Émile Zola, Thérèse Raquin. Garnier Flammarion. 253p. 1970. p.126

297 Libération, Abus sexuels : les témoignages qui accablent l’UNEF. 19 février 2018

298 Thierry Lévy, Le crime en toute humanité. Figures. Grasset. 245p. 1984. p.86

299 Interview de Renaud Van Ruymbeke. In : Denis Robert, La justice ou le chaos. Le livre de poche. Stock. 348p. 1996. p.21 à 83

300 Paul Léautaud, Journal littéraire. Choix de pages. Folio. Mercure de France. 1304p. 2013. p.1065

301 Louis Joinet, Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice. La Découverte. 351p. 2013. p.13, 14

302 France Culture, Le bon plaisir de Frédéric Pottecher. 19 avril 1986 [2ème diffusion. 4 août 2022]

303 France Culture, Renaud Van Ruymbeke, au nom du principe d’égalité. 22 janvier 2021

304 Le Canard enchaîné, Du bon usage de la prescription. 7 avril 2021. p.8

305 Un procès ‘ordinaire’ en URSS. Le Dr Stern devant ses juges. Enregistrement clandestin. Collection Témoins. Gallimard, 1976. 338p.

306 Nathalie Schweighoffer, Les enfants de l’inceste. Document. France Loisirs. 195p. 1996. p.9

307 Victor Hugo, Les misérables. La Pléiade. 1805p. 1951. p.303

308 Tiphanie Levassort, Le viol et le meurtre de Léa. Le combat de la justice contre la loi. Sexualités humaines. n°29. avril-juin 2016

309 In : Michaël Malone, Juges et assassins. Éditions du Seuil. 756p. 1994. p.446

310 Le Monde Diplomatique, Dans les revues. octobre 2021. p.27

311 In : Michel Nathan, Anthologie du roman populaire.1836-1918. 10/18. 371p. 1985. p.141, 142

312 Phyllis Chesler, Les femmes et la folie. Payot. 1979. 262p.

313 Nicole Gérard, Sept ans de pénitence. Robert Laffont. 1972. 456p.

314 Sabine Dardenne, J’avais 12 ans, j’ai pris mon vélo et je suis partie à l’école... Pocket. 2009. 181p.

315 Marie-Christine d’Wells, Folle, Moi ?. 2004. Éditions France-Loisirs. 368p.

316 Isabelle Aubry, La première fois, j’avais six ans. Oh ! Éditions. 2008. 264p.

317 Association Choisir, Avortement : Une loi en procès. L’affaire de Bobigny. Idées. Gallimard. 255p. 1973. p.58

318 France Culture, Les pieds sur terre. Place de la République. 20 mars 2017

319 Le Canard enchaîné, Les flags de Marseille en plein pastis. 22 mars 2017. p.5

320 In : Denis Robert, La justice ou le chaos. Stock. Le livre de poche. 348p. 1996. p.281

321 Ravachol, Mémoires, suivi de : Déclaration au procès du 21 juin 1892. Éditions l’Escalier. 86p. 2010. p.85, 86

322 Chaîne parlementaire, 31 janvier 2006. 21h

323 Le Nouvel Observateur, n°655. mai-juin 1977. In : Michel Foucault, Dits et écrits. 1954-1988. II. 1976-1988. Quarto. Gallimard. 1735 p. 2001. p.286

324 Justice réparatrice en ligne. novembre 2017

325 France Culture, Condamnés et victimes : un dialogue possible ? Réparer ceux qui restent. 21 novembre 2017

326 France Culture, Condamnés et victimes : un dialogue possible ? Réparer ceux qui restent. 23 novembre 2017

327 Martin Luther King, Lettre de prison. Birmingham. 1963 (lisible sur internet)

328 Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté. Le libre de poche. 767p. 2010. p.607

329 In : Claudine Rey, Annie Gayat, Sylvie Pepino, Petit Dictionnaire des femmes de la Commune. Les oubliées de l’histoire. Les amies et Amie de la commune de Paris. 1871. 2018. 302p.

330 Denis Robert, La justice ou le chaos. Le livre de poche. Stock. 1996. 349p. p.11

331 Le Monde Diplomatique, Une utopie au cœur du chaos Syrien. septembre 2017. p.15

332 Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social. Fragments politiques. Folio Essais. Gallimard. 535p. 1993. p.318

333 Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions. Autres œuvres autobiographiques. In : Œuvres complètes. I. La Pléiade. 1969p. 1959. p.327

334 Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions. Autres œuvres autobiographiques. In : Œuvres complètes. I. La Pléiade. 1969p. 1959. p.953

335 Arundhati Roy, Mon cœur séditieux. NRF. Gallimard. 1050p. 2020. p.401

336 Tacite, Œuvres complètes. Les Annales. Bouquins. Robert Laffont. 857p. 2014. p.510

337 Anna Politkovskaïa, Douloureuse Russie. Journal d’une femme en colère. Folio. Documents. 561p. 2008. p.82

338 France Culture, Les pieds sur terre. L’affaire Heusèle. 18 février 2021 [1ère diffusion. 21-22 septembre 2016]

339 Sade, La nouvelle Justine, In : Œuvres. La Pléiade. II. Gallimard. 1425p. 1995. p.1081

340 George Sand, Correspondance. Georges Lubin. Classiques Garnier. Tome XXII. 868p. 1987. p.596

341 Cf. le communiqué de presse collectif : Non à l’asphyxie financière de l’Association contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) In : Courrier de la Marche mondiale des femmes contre les violences et la pauvreté. n°353. 11 mai 2018

342 Les Échos, Marlène Schiappa : ‘L’État doit reprendre la main’. 6 mai 2018

343 AVFT, De la liberté d’information des associations féministes. 27 avril 2018

344 Comtesse de Ségur, Diloy le chemineau. Hachette. Bibliothèque rose illustrée. 352p. 1903. p.44

345 Comtesse de Ségur, Diloy le chemineau. Hachette. Bibliothèque rose illustrée. 352p. 1903. p.286, 287

346 Adam Smith, Théorie des sentiments moraux. Quadrige. PUF. 469p. 2010. p.189

347 Le Figaro, Alain Soral, condamné pour menaces. 29 novembre 2016 ; Marianne, Affaire Binti. Alain Soral, condamné pour menaces à l’encontre d’une jeune femme. 26 novembre 2016

348 Victor Hugo, Notre-Dame de Paris. Garnier Flammarion. 512p. 1967. Livre Huitième

349 Le JDD, Sorcières de tous les pays, unissons-nous. 3 novembre 2019

350 Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions. Autres œuvres autobiographiques. In : Œuvres complètes. I. La Pléiade. 1969p. 1959. p.627

351 France Culture, Le monde selon Antoine Garapon. 15 mai 2016

352 Alexandra Lange, Acquittée. ‘Je l’ai tué pour ne pas mourir’. J’ai lu. 281p. 2013. p.183

353 Catherine Breillat, La censure, pour se cacher de soi-même. Syndicat de la magistrature, In : Le sexe et ses juges. Ed. Syllepse.167p. 2006. p.69

354 János Székely, L’enfant du Danube. Folio. Gallimard. 854p. 2020. p.120, 121

355 János Székely, L’enfant du Danube. Folio. Gallimard. 854p. 2020. p.842, 843

356 Véronique Vasseur, Médecin-chef à la prison de la Santé. Le livre de poche. 216p. 2018. p.151

357 Anton Tchékhov, Le récit du jardinier-chef. In : Œuvres. III. La Pléiade. 1033p. 1971. p.360, 361

358 Anton Tchékhov, Ma vie. Récit d’un provincial. In : Œuvres. III. La Pléiade. 1033p. 1971. p.618

359 Anton Tchékhov, Ma vie. Récit d’un provincial. In : Œuvres. III. La Pléiade. 1033p. 1971. p.627

360 Anton Tchékhov, De l’amour. In : Œuvres. III. La Pléiade. 1033p. 1971. p.794

361 In : Studs Terkel, Hard times. Histoires orales de la grande dépression. Éditions Amsterdam. 596p. 2009. p.280, 281

362 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.991

363 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.1008

364 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.1029

365 France Culture, Madeleine Riffaud, La mémoire sauve. 11 juillet 2015

366 Arundhati Roy, Le Ministère du Bonheur Suprême. Folio. 554p. 2018. p.255

367 Léon Tolstoï, La guerre et la paix. La Pléiade. Traduction de Pierre Pascal. 1654 p. 1945. p.1265 (Livre 4)

368 Léon Tolstoï, Lettres II. 1880-1910. Gallimard. 452p. 1986. p.19

369 Léon Tolstoï, Journaux et carnets. II. (1890-1904). La Pléiade. 1399p. 1980. p.80

370 Léon Tolstoï, Journaux et carnets. II. (1890-1904). La Pléiade. 1399p. 1980. p.85

371 Léon Tolstoï, Anna Karénine. Résurrection. La Pléiade. 1630p. 1951. p.1338

372 Le Canard enchaîné. 28 juin 2013. p.1

373 Le Canard enchaîné. 22 décembre 2021. p.1

374 Cayenne. Déportés et bagnards. Collection Archives. Julliard. 283p. 1956. p.125, 226

375 Maria Deraismes, In : Laurence Klejman, Florence Rochefort, L’Égalité en marche. Histoire du mouvement féministe en France. Op. cit. Tome I. p.51

376 Le Monde Diplomatique, Ibrahim Warde. Triomphe du style paranoïaque. décembre 2016. p.17

377 Cf. Médiapart, Liste des affaires pas toutes judicaires de Nicolas Sarkozy avec ses amis de l’UMP & Co. 29 mai 2012

378 Le Figaro, Le candidat de Trump à la Cour suprême accusé d’une tentative de viol. 17 septembre 2018

379 France Culture, À voix nue. Renaud Van Ruymbeke. Au nom du principe d’égalité. 18 janvier 2021

380 France Culture, À voix nue. Renaud Van Ruymbeke. Au nom du principe d’égalité. 22 janvier 2021

381 Cf. aussi, Marie-Victoire Louis, Aux femmes qui demandent, sans plus y croire, justice. Qu’elles vivent ! http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=428&themeid=814

382 Boris Vian, Traité de civisme. 1951 (Références précises à trouver)

383 Eva Joly, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ? Folio. 269 p. 2004. p.71, 72

384 Cf. Marie-Victoire Louis, Le droit de cuissage en procès. In : Cette violence dont nous ne voulons plus. n°7. mars 1988 http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=562&themeid=352

385 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.549

386 Le Figaro, Un animateur jugé pour agressions sexuelles sur une dizaine d’écoliers. 4 février 2014

387 La Voix du Nord, La mort de Sandra Mazingue a été causée par de multiples coups. 5 mai 2016 ; Un Roubaisien mis en examen pour meurtre et libéré à cause d’un vice de procédure. 8 décembre 2016

388 In : Gérard Davet, Fabrice Lhomme, « Un président ne devrait pas dire ça…». Les secrets d’un quinquennat. Stock. 662p. 2016. p.436

389 Éric Dupond-Moretti & Stéphane Durand-Soufflot, Bête noire. ‘Condamné à plaider’. J’ai lu. 220p. 2013. p.36

390 BFM-TV, Portrait de Me Dupond-Moretti, l’homme aux 112 acquittements. 15 décembre 2012

391 Léon Daudet, Les morticoles. Charpentier et Fasquelle. 7ème Mille. 1894. Lisible sur Gallica. p. 286, 2987. In : George Sorel, dans ses Réflexions sur la violence. p.292

392 Médiapart, Shlomo Sand : Je ne suis pas Charlie. 14 janvier 2015

393 Le Figaro, L’acteur Corey Feldman promet de révéler les noms d’un réseau pédophile influent à Hollywood. 31 octobre 2017

394 Francine Cockenpot, L’agresseur. Seuil. 91p. 1986. p.11

395 Voltaire, Correspondance. III. (janvier 1749-décembre 1753). La Pléiade. 1534p. 1975. p.998, 999

396 Voltaire, Correspondance. III. (janvier 1749-décembre 1753). La Pléiade. 1534p. 1975. p.1032

397 Voltaire, Correspondance. IV. (janvier 1754-décembre 1757). La Pléiade. 1655p. 1978. p.58

398 Voltaire, Correspondance. V. (janvier 1758-septembre 1760). La Pléiade. 1698p. 1980. p.316, 321

399 Voltaire, Correspondance. V. (janvier 1758-septembre 1760). La Pléiade. 1698p. 1980. p.16

400 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.1031, 1032, 1040, 1060, 1103

401 Voltaire, Correspondance. VII. (janvier 1763-mars 1765). La Pléiade. 1590p. 1981. p.198

402 Une note [p.1325] précise : ‘Souvenir de Boileau, Satires, VIII. 292’

403 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin 1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.350

404 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin 1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.549

405 Voltaire, Correspondance. IX. (juillet 1767-septembre 1769). La Pléiade. 1601p. 1985. p.155

406 Voltaire, Correspondance. XI. (juillet 1772-décembre 1774). La Pléiade. 1411p. 1986. p.738, 782

407 Voltaire, Correspondance. XI. (juillet 1772-décembre 1774). La Pléiade. 1411p. 1986. p.586, 799

408 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.847, 848

409 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.952

410 Voltaire, Correspondance. VII. (janvier 1763-mars 1765). La Pléiade. 1590p. 1981. p.537

411 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.203

412 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.591

413 Voltaire, Correspondance. IX. (juillet 1767-septembre 1769). La Pléiade. 1601p. 1985. p.262

414 Voltaire, Correspondance. IX. (juillet 1767-septembre 1769). La Pléiade. 1601p. 1985. p.337

415 Voltaire, Correspondance. IX. (juillet 1767-septembre 1769). La Pléiade. 1601p. 1985. p.616, 1350

416 Voltaire, Correspondance. IX. (juillet 1767-septembre 1769). La Pléiade. 1601p. 1985. p.682

417 Voltaire, Correspondance. X. (octobre 1769-juin 1772). La Pléiade. 1648p. 1986. p.223

418 Voltaire, Correspondance. X. (octobre 1769-juin 1772). La Pléiade. 1648p. 1986. p.688

419 Voltaire, Correspondance. XI. (juillet 1772-décembre 1774). La Pléiade. 1411p. 1986. p.15

420 Voltaire, Correspondance. XI. (juillet 1772-décembre 1774). La Pléiade. 1411p. 1986. p.24

421 Voltaire, Correspondance. XI. (juillet 1772-décembre 1774). La Pléiade. 1411p. 1986. p.25

422 Voltaire, Correspondance. XI. (juillet 1772-décembre 1774). La Pléiade. 1411p. 1986. p.115

423 Voltaire, Correspondance. XI. (juillet 1772-décembre 1774). La Pléiade. 1411p. 1986. p.866, 864

424 Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien. Le livre de poche. 437p. 1969. p.61

425 Jean Zay, Écrits de prison. 1940-1944. Belin. 1052p. 2014. p.120, 169, 3334, 350, 612

426 France Culture, Droits de l’homme; le sort des enfants en Syrie. 14 janvier 2022

427 Émile Zola, Correspondance. I. 1858-1867. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 594p. 1978. p.231

428 Émile Zola, La bête humaine. GF. Flammarion. 459p. 2011. p.371

429 Émile Zola, L’argent. Le livre de poche. 501p. 1978. p.425

430 Émile Zola, L’argent. Le livre de poche. 501p. 1978. p.480

431 Émile Zola, L’argent. Le livre de poche. 501p. 1978. p.489

432 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.151

433 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.309

434 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.317

435 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.326

436 Le Figaro, Disparues de Perpignan : le meurtrier présumé a été mis en examen. 18 octobre 2014. Entendu aussi sur France inter. 17 octobre 2014. 5h 30

437 Le Figaro, Un magistral plaidoyer conclut le procès Tapie. 5 avril 2019

438 Source oubliée de noter

439 France Culture, Robert Badinter. C’était la première fois que je défendais un homme qui encourait réellement la peine de mort. 3 janvier 2021 [1ère diffusion. 11 février 2002]

440 Encyclopedia Universalis, Jeremy Bentham

441 In : France Culture, Hommage pour le 50ème anniversaire de la mort d’Émile Zola. 29 septembre 2022 [1ère diffusion. 1er janvier 1952]

442 Jodi Picoult, Mille petits riens. Traduit de l’américain. Actes Sud. 588p. 2018. p.176

443 France Culture, À voix nue. Antoine Comte. 2 septembre 2022

444 Le Canard enchaîné, Dati retourne chez les juges. 28 juillet 2021. p.2

445 Régis de Castelnau. Blog. Vu du droit. 4 août 2019

446 Souvenirs de Mathieu Dreyfus [et autre inédits], « Dreyfusard ! ». Archives. Julliard. 276p. 1965. p.25

447 In : Denis Diderot, Œuvres. La Pléiade. 1445p. 1962. p.364

448 Éric Dupond-Moretti & Stéphane Durand-Soufflot, Bête noire. ‘Condamné à plaider’. J’ai lu. 220p. 2013. p.58

449 Éric Dupond-Moretti & Stéphane Durand-Soufflot, Bête noire. ‘Condamné à plaider’. J’ai lu. 220p. 2013. p.12, 23, 29, 72

450 SFR. News, Une star du porno et son mari condamnés en appel pour viol sur mineures. 14 février 2018

451 Site du cabinet d’avocat. Dupond-Moretti & Vey

452 Huffington Post, Dupond-Moretti accuse Schiappa de ‘censure’. 2 février 2018

453 Le Monde Diplomatique, Ce que révèle l’affaire Epstein. octobre 2019

454 Henry Fielding, Histoire de Tom Jones. Folio. Classique. 1142p. 2007. p. 1010, 1011

455 Gandhi, Tous les hommes sont frères. Idées. Gallimard. 313p. 1981. p.46

456 Gandhi, Tous les hommes sont frères. Idées. Gallimard. 313p. 1981. p.70, 71

457 Le Nouvel Observateur, Une prisonnière comme les autres. 28 février 1972

458 Carlo Goldoni, Mémoires. Le Temps retrouvé. Mercure de France. 635p. 2018. p.277, 331

459 Emma Goldman, Vivre ma vie. Une anarchiste au temps des révolutions. L’échappée. 1095p. 2018. p.133, 686 à 696

460 Annie Goldmann, Les filles de Mardochée. Histoire d’une émancipation. Denoël / Gonthier. 153p. 1979. p.130,131

461 In : France Culture, Gisèle Halimi. ‘Qui êtes-vous messieurs les juges ?’ 13 juillet 2021

462 Gloria Steinem, Ma vie sur la route. Mémoires d’une icône féministe. Harper Collins. 393p. 2019. p.271

463 In : Souvenirs de Mathieu Dreyfus [et autre inédits], « Dreyfusard ! ». Archives. Julliard. 276p. 1965. p.124

464 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.213, 266, 267, 297

465 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.254. note 3, 255, 256, 263

466 In : Lacenaire, Mémoires. Albin Michel. 345p. 1968. p.223

467 Le Monde Diplomatique, Biographie. février 2018. p.26

468 Le Canard enchaîné, La voie aux chapitres. 25 novembre 2020. p.6

469 Doris Lessing, Les enfants de la violence. La cité promise. Le livre de poche. 915p. 1981. p.538

470 France Inter, Affaires sensibles. Breillat / Rocancourt. Abus de faiblesse ? 5 septembre 2017

471 Thierry Lévy, Le crime en toute humanité. Figures. Grasset. 245p. 1984. p.46

472 YouTube, Débat avec Thierry Lévy. 13 juillet 2013

473 Le Monde, Thierry Lévy, avocat pénaliste. 1er février 2017

474 Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté. Le Livre de poche. 763p. 2010. p.397

475 Thomas Mann, Les Buddenbrook. Le livre de poche. Fayard. 2019. 764p. p.533, 561

476 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.1062

477 Voltaire, Correspondance. VII. (janvier 1763-mars 1765). La Pléiade. 1590p. 1981. p.735, 1394. note 2

478 Louis Joinet, Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice. La Découverte. 351p. 2013. p.193

479 France Culture, L’aveu collaboratif et stratégique. 1er août 2019

480 Louise Weiss, Combats pour les femmes. Albin Michel. 270p. 1980. p.35

481 Gilles Perrault, Notre ami le roi. 367p. 1990. p.359, 360

482 Émile Zola, Correspondance. II. 1868-1877. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 644p. 1980. p.279. note 4

483 Le Canard enchaîné, Le procureur du PNF et ses fins de mois. 14 octobre 2020. p.2

484 Sénèque, Entretiens, Lettres à Lucilius. La colère. Bouquins. Robert Laffont. 1103 p. 2010. p.136

485 In : Gisèle Halimi, Annick Cojean, Une farouche liberté. Grasset. 153p. 2020. p.36

486 France Culture, Hervé Témime. L’affaire Agnès Leroux / Maurice Agnelet. 31 janvier 2019

487 Le Journal du Dimanche, Hervé Temime, avocat : ‘Il faut enseigner la justice à nos concitoyens’. 3 février 2019

488 William Makepeace Thackeray, Barry Lyndon. Garnier Flammarion. 444p. 2019. p.198

489 Léon Tolstoï, Résurrection. Marabout Géant. 522p. (s,d) p.27, 28

490 Jean Zay, Écrits de prison. 1940-1944. Belin. 1052p. 2014. p.235, 236, 332

491 Mumia Abu-Jamal, En direct du couloir de la mort. La Découverte. Poche. 239p. 2006. p.203 à 221

492 Voltaire, Correspondance. II. (janvier 1739-décembre 1748). La Pléiade. 1814p. 1977. p.237

493 Voltaire, Correspondance. IV. (janvier 1754-décembre 1757). La Pléiade. 1655p. 1978. p.609

494 Voltaire, Correspondance. V. (janvier 1758-septembre 1760). La Pléiade. 1698p. 1980. p.897

495 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.1003

496 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin 1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.211

497 Anne Larina Boukharina, Boukharine, ma passion. Gallimard. 404p. 1990. p.153

498 Thierry Jean-Pierre, Bon appétit, messieurs ! Fixot. 256p. 1991. p.13

499 Daniel Soulez-Larivière, Grand Soir pour la justice. Seuil. Essais. 175p. 1997. p.41

500 Le Figaro, ‘La quasi-totalité des plaintes pour harcèlement sexuel sont toujours classées sans suite’. 6 mars 2017

501 Le Monde, Affaire Baupin : des femmes ‘fières’ d’avoir témoigné sur des agissements ‘d’un autre temps’. 7 mars 2017

502 Le Figaro, Violence sexuelles, une des victimes ‘présumées’ de Denis Baupin appelle à parler. 25 septembre 2017

503 Le Figaro, Pédophilie, le silence de l’Église en procès. 18 septembre 2017

504 In : Reporterre, Nicolas Hulot a-t-il commis un viol? Jean-Michel Aphatie apporte un nouvel éclairage. 22 septembre 2021

505 Le Monde, Lutte contre les violences sexuelles. La justice toujours pas à la hauteur. 7-8 octobre 2018

506 France Culture, Colombie. Le combat des victimes du para militarisme. 24 octobre 2018

507 Le Canard enchaîné, Des juges encagoulés ? 25 avril 2018. p.8

508 Jules Michelet, Histoire de la Révolution française. II. La Pléiade. 1308p. 1939. p.862

509 Victor Hugo, Choses vues.1849-1885. Folio. Classique. Gallimard. 1014p. 2010. p.732, 994, 995

510 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.498

511 AFP, USA. Une pétition pour révoquer un juge. 8 juin 2016

512 France Culture, Le droit est-il en train d’étouffer la démocratie ? 13 février 2019

513 In : Le Canard enchaîné, Mal-être magistral. 24 novembre 2021. p.8

514 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.845, 846

515 Voltaire, Correspondance. VII. (janvier 1763-mars 1765). La Pléiade. 1590p. 1981. p.732

516 Voltaire, Correspondance. VII. (janvier 1763-mars 1765). La Pléiade. 1590p. 1981. p.1392

517 Fabrizio Calvi, La vie quotidienne de la mafia, de 1950 à nos jours. Le livre de poche. 382p. 1986. p.274

518 Léon Tolstoï, Journaux et carnets. II. (1890-1904). La Pléiade. 1399p. 1980. p.1047, 1385, 1386

519 France Info. 24 janvier 2020. 17h 47

520 Jean Grave, Le mouvement libertaire sous la IIIème république. 1930 p.101, 100 (Lisible sur Gallica)

521 Le Figaro, Traités de lâches par Hollande, les magistrats se disent humiliés. 13 octobre 2016

522 France Culture, Ex-Yougoslavie,25 ans après la guerre, le bilan de la justice Internationale’. 2 décembre 2017

523 Jean Genet, L’ennemi déclaré. Textes et entretiens. Gallimard. 425p. 1991, p. 15,16. In : Œuvres complètes (Tome VI) de Jean Genet.

524 Jean Genet, Le condamné à mort. Poème dédié à Maurice Pilorge, ‘assassin de vingt ans’, guillotiné le 17 mars 1939

525 Extrait d’une lettre de Condorcet sur les spectacles, dans La Bouche de fer, 10 octobre 1790. In : Les tracts féministes au XVIIIème siècle. Publiés avec une introduction par Colette Michael. Éditions Slatkine. Genève. Paris. p.14

526 Les documents d’information de l’Assemblée Nationale, La sécurité : Un droit pour les Corses, un devoir pour l’État, Commission d’enquête. Rapport n°1918. Tome II. Volume II. p.29

527 Éric Halphen, Sept ans de solitude. Denoël. 249p. 2002. p.21, 33, 39, 52, 53, 205

528 Éric Halphen, Au lieu des larmes. Récit Stock. 210p. 2004. p.183, 201

529 Victor Hugo, Quatre-vingt-treize. Bibliothèque Lattès. 542p. 1988. p.508

530 In : Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale. 1818p. 1968. Librairie Droz. p. 1465. note 2262

531 Être français aujourd’hui et demain. I. Rapport de la commission de la nationalité (M. Marceau Long. Président) 10/18. UGE. 769p. 1988. p.444

532 Sisyphe, Julie Latour, Annie Macdonald Langstaff, pionnière du droit au Québec. 5 mars 2015

533 Marat, Plan de législation criminelle. Bibliothèque sociale. Aubier Montaigne. 201p. 1974. p.68

534 La Gazette des Tribunaux, Procès de la communarde Louise Michel. décembre 1871. (Lisible sur internet)

535 Françoise Basch, Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de la Milice. Plon. 389p. 1994. p.34

536 Stuart Mill, L’utilitarisme. Champs. Classiques. 181p. 1988. p.125

537 Mirabeau, Lettres écrites du donjon de Vincennes. Babel. 409p. 1998. p.188

538 Elle. 12 mars 1979. In : Annie Goldmann, Les filles de Mardochée. Histoire d’une émancipation. Denoël / Gonthier. 153p. 1979. p.93, 94

539 Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale. 1818p. 1968. Librairie Droz. p.655

540 Jacques Vergès, Journal. La passion de défendre. Éditions du Rocher. 403p. 2008. p.271

541 Marie d’Agoult-George Sand, Correspondance. Bartillat. 301p. 1995. p.32, 33, 34

542 Sénèque, Entretiens, Lettres à Lucilius. Bouquins. Robert Laffont. 1103 p. 2010. La clémence, p.195 et La colère, p.120

543 Séverine, En marche. Paris, H. Simonis Empis, Éditeur. 320p. 1896. p.108

544 Panaït Istrati, Vers l’autre flamme. 10/18. 1980. p.183

545 Panaït Istrati, Vers l’autre flamme. 10/18. 1980. p.184

546 Léon Tolstoï, La mort d’Ivan Ilitch. In : Souvenirs et récits. La Pléiade. 1591p. 1960. p.1001

547 France Culture, À voix nue. Renaud Van Ruymbeke. Au nom du principe d’égalité. 18 janvier 2021

548 Voltaire, Correspondance. VIII. (avril 1765-juin 1767). La Pléiade. 1663p. 1983. p.17

549 Voltaire, Correspondance. IX. (juillet 1767-septembre 1769). La Pléiade. 1601p. 1985. p.281

550 Voltaire, Correspondance. X. (octobre 1769-juin 1772). La Pléiade. 1648p. 1986. p.743

551 Voltaire, Correspondance. XII. (janvier 1775-juin 1777). La Pléiade. 1661p. 1987. p.82

552 Jean Zay, Souvenirs et solitude. René Julliard. 490p. 1946. In : Paroles de détenus. Sous la direction de Jean-Pierre Guéno. Librio. 189p. 2001. p.95

553 Albert Londres, Au bagne. Arléa. 224p. 1997. p.210

554 Stendhal, Le rouge et le noir. Le livre de poche. Classiques de poche. 577p. 2009. p.483, 480

555 Benjamin Constant, Écrits politiques. Textes choisis, présentés et annotés par Marcel Gauchet. Folio. Essais. 870p. 2004. p.496

556 Léon Tolstoï, Résurrection. Marabout Géant. 522p. (s.d) p.31, 39, 102, 156

557 André Gide, Souvenirs de cour d’assises, In : Souvenirs et voyages. La Pléiade. 1467p. 2001. p.10, 11

558 Albert Londres, Au bagne. Arléa. 224p. 1997. p.39

559 Denis Seznec, Nous les Seznec. Robert Laffont. 491p. 1992. p. 235, 236

560 Denis Seznec, Nous les Seznec. Robert Laffont. 491p. 1992. p.21 des Annexes

561 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.643

562 Charles de Gaulle, Mémoires, La Pléiade. 1505p. 2000. p.441, 624

563 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.165

564 Nicole Gérard, Sept ans de pénitence. Robert Laffont. 460p. 1972. p.21, 22, 29

565 René Floriot, Deux femmes en Cour d’Assises. Madame Steinheil et Madame Caillaux. Hachette. 178p. 1966. p.176 à 178

566 Émile Pollak, La parole est à la défense. Collection ‘Vécu’. Robert Laffont. 326 p. 1974. p.67

567 In : Génération MLF [1968-2008]. Des Femmes. Antoinette Fouque. 615p. 2008. p. 539, 540, 100

568 France Culture, Les pieds sur terre. Un secret lourd à porter. 5 avril 2017

569 France Culture, Robert Badinter, C’était la première fois que je défendais un homme qui encourrait réellement la peine de mort. 3 janvier 2021 [1ère diffusion. 11 février 2002]

570 Roger Knobelspiess, Voleur de poules. Une histoire d’enfant. Flammarion. 1993p. 1991. p.81

571 Christine Ockrent, Les uns et les autres. Points Actuels. 234p. 1993. p.171

572 Jacques Vergès, Omar m’a tuer. J’ai lu. 249p. 1994. p.148, 149

573 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.658

574 Assemblée Nationale, Commission d’enquête. La sécurité : Un droit pour les Corses, un devoir pour l’État. Rapport n°1918. Tome II. Auditions. p.313

575 Jacques Vergès, Journal. La passion de défendre. Éditions du Rocher. 403p. 2008. p.131

576 Robert Badinter, L’Abolition. Fayard. 237p. 2000. p.248, 249

577 Robert Allen, Les tribunaux criminels sous la Révolution et l’Empire [1792-1811]. Presses Universitaires de Rennes. 318p. 2005. p.155

578 Le Monde, Pascale Robert-Diard. Et si, en 2013, vous étiez juré d’Assises ? 4 janvier 2013

579 Blog de Philippe Bilger, Interview d’Éric Dupond-Moretti. 11 mai 2015

580 Le Figaro, La demande de libération de Jacqueline Sauvage de nouveau rejetée. 24 novembre 2016

581 Sud-Ouest. AFP. Un détenu tabasse sa compagne au parloir d’une prison de Seine et Marne. 19 mai 2019

582 France Culture, Violences sexuelles : Faut-il- être puissante pour être entendue ? 8 novembre 2019

583 France Culture, Violences sexuelles : Faut-il- être puissante pour être entendue ? 8 novembre 2019

584 Voltaire, Correspondance. IX. (juillet 1767-septembre 1769). La Pléiade. 1601p. 1985. p.261

585 In : Victor Hugo. Témoin de son siècle. J’ai lu. L’essentiel. 561p. 1962. p.196

586 In : Samuel Pepys, Journal. I. 1660-1664. Bouquins. Robert Laffont. 1365p. 1994. p.829. note 1

587 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p. 912, 914

588 George Eliot, Le moulin sur la Floss. Folio. Classique. 738p. 2003. p.281

589 Léon Trotsky, Ma vie. Folio. Gallimard. 691p. 1973. p.230

590 Louis Guilloux, Carnets. 1921-1944. Gallimard. 414p. 1978. p.117

591 Roger Vailland, La Loi. Le livre de poche. 378 p.1965. p.33

592 Evelyne Le Garrec, Un lit à soi. Points. Actuels. 252p. 1981. p.57

593 HCE, Évaluation intermédiaire du 5ème plan interministériel (2017-2019) et de la politique contre les violences faites aux femmes. Rapport du 22 novembre 2018. 113p. p.39

594 Jacques Prévert, Bureau des objets perdus. In : Œuvres complètes. II. La Pléiade. Gallimard. 1553p. 1996. p.717, 718

595 Jodi Picoult, Mille petits riens. Traduit de l’américain. Actes Sud. 588p. 2018. p.247, 248

596 Le Canard enchaîné, Nouvelles mesures contre les violences faites aux femmes. 27 novembre 2019. p.4

597 Arthur London, L’aveu. Dans l’engrenage du procès de Prague. Gallimard. 455p. 1969. p.296

598 Cf. Marie-Victoire Louis, L’assassinat de Sophie Toscan du plantier, née Sophie Bouniol. Onze ans de manquements et de dénis de justice http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=796&themeid=797

599 Henry Fielding, Histoire de Tom Jones. Folio. Classique.1142p. 2007. p.694

600 Claudine Rey, Annie Gayat, Sylvie Pepino, Petit Dictionnaire des femmes de la Commune. Les oubliées de l’histoire. Les amies et Amie de la commune de Paris. 1871. 302p. 2018. p.

601 Rabindranath Tagore, La maison et le monde. Petite bibliothèque Payot. 247p. 2013. p.155

602 Antonio Gramsci, Lettres de la prison. Éditions sociales. 310p. 1953. p.122, 7, 8

603 Alan Paton, Pleure, ô pays bien-aimé. Le livre de poche. 429p. 1969. p.194

604 Henri Lévy-Bruhl, Aspects sociologiques du droit. Marcel Rivière et Cie. 189p. 1955. p.115

605 Tribunal Russel. Le jugement de Stockholm. Idées actuelles. NRF. 367p. 1967. p.17

606 Nathalie Schweighoffer, J’avais douze ans…Document Fixot. 266p. 1990. p.241

607 HPG, Autobiographie d’un hardeur. Hachette Littérature. 196p. 2002. p.94

608 Les Rapports du Sénat. Jean-Guy Branger, Lutte contre les violences au sein des couples. n° 229. 218 p. 2004-2005. p.199

609 Blog de Philippe Bilger, Éric Dupond-Moretti. 11 mai 2015

610 Le Figaro, Robert Mueller : ‘Nous ne dirons pas si le président Trump a commis un délit’. 25 juillet 2019

611 France Culture, Féminicides. À quoi a servi le Grenelle contre les violences conjugales ? 9 juin 2021

612 Le Monde Diplomatique, Léa Ducré et Margot Hemmerich, Timide introduction de la justice réparatrice dans le système français. ‘Il y a le procès, la condamnation… et puis plus rien’. décembre 2016. p.13

613 AFP, Sexisme dans la Silicon Valley, les scandales se multiplient. 9 juillet 2017

614 Le Monde, Georges Kiejman : ‘Malgré un enfance tragique, ma vie a connu une succession de bienfaiteurs’. 6 décembre 2020

615 Le courrier de la marche mondiale des femmes contre les violences et la pauvreté. n° 306, 22 février 2016. Cf. aussi, Nathalie Heinich, Libération, Affaire Oreslan : des magistrats contre le droit. 22 février 2016

616 Courrier de la marche Mondiale des femmes contre les violences et la pauvreté. n° 306. 22 février 2016. Communiqué. Procès Oreslan. Contre les textes sexistes, de nous battre, nous ne nous arrêterons pas

617 France Inter, Affaires sensibles. Marie Besnard était-elle l’empoisonneuse du siècles ? 30 juin 2016

618 France Culture, Le bon plaisir de Frédéric Pottecher. 4 août 2022 [1ère diffusion. 19 avril 1986]

619 In : Génération MLF [1968-2008]. Des Femmes. Antoinette Fouque. 615p. 2008. p.482

620 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.487

621 Déclaration d’Hélène Brion, féministe et pacifiste au conseil de guerre (1918). In : Site Rallumer tous les soleils, Jaurès ou la nécessité du combat

622 Jean-Denis Bredin, Joseph Caillaux. Folio. Histoire. Gallimard. 505 p. 1985. p.168, 170, 173

623 René Floriot, Deux femmes en Cour d’Assises. Madame Steinheil et Madame Caillaux. Hachette.1966. 178p.

624 Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848. 2ème édition. Tome 1. p.71

625 Pierre-Maurice Garçon, Le meurtre de la duchesse de Choiseul-Praslin. Les dossiers ressuscités. Mame. 1969. 244p.

626 Benoît Garnot, Histoire de la justice. France, XVIe-XXIe siècle. Folio. Histoire. Gallimard. 789p. 2009. p.651

627 Gérard Hotier, Une parricide au Tribunal d’Amiens. Rosalie Doise victime d’une erreur judicaire sous Napoléon III. La Vague verte. 2005. 224p.

628 In : Françoise Basch, Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de la Milice. Plon. 389p. 1994. p.60, 66

629 In : Françoise Basch, Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de la Milice. Plon. 389p. 1994. p.60

630 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.543

631 In : Françoise Basch, Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de la Milice. Plon. 389p. 1994. p.69

632 Annie de Pisan, Anne Tristan, Histoires du MLF. Préface de Simone de Beauvoir. Calmann-Lévy. 260p. 1977. p.168

633 Luc Nemeth, Non coupable…mais ‘folle’ : le cas de Violet Gibson. In : Femmes et Justice pénale. XIXème-XXème siècle. Presses Universitaire de Rennes. 375p. 2002. p.233 à 241

634 Félicité de Genlis, Les souvenirs de Félicité L***. In : La fabrique de l’intime. Mémoires et journaux de femmes au XVIIème siècle. Bouquins. Robert Laffont. 1192p. 2013. p.487

635 In : Agressions sexuelles : victimes et auteurs. L’Harmattan. 407p. 2006. p.74

636 Victor Hugo, Choses vues.1849-1885. Édition Hubert Juin. Folio. Classique. Gallimard. 1014p. 2010. p.534

637 Michel Foucault, Les deux morts de Pompidou, Le Nouvel Observateur, n°421, 4-10 décembre 1972, pp. 56-57. In : Dits, écrits. Tome II. Quarto. Gallimard. Texte n°114

638 Revue Quart Monde. n°165. Joseph Wresinski : le plus pauvre au cœur d’une intelligence. Rencontre autour d’Yvonne Huriez

639 France Culture, Jean Lacouture et Mendès-France. Le biographe et son modèle. 16 octobre 2022 [Ière diffusion. 4 juin 1981]

640 Le Figaro, Philippe Bilger, Affaire Jacqueline Sauvage : ‘L’émotion ignorante et la compassion téléguidée !’. 28 janvier 2016. Ce texte (accompagné de 523 commentaires) a été republié par Le Figaro, le 26 novembre 2016

641 Courrier de la Marche Mondiale des femmes contre les violences et la pauvreté. n°316. 26 août 2016. ECVF. Rejet de la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage : l’impensé des violences sexistes

642 Émile Zola, Correspondance. IX. 1897-1899. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 603p. 1993. p.134 à 146

643 France Culture, Les Cours du Collège de France. Alain Supiot. Du gouvernement par les lois à la gouvernance par les nombres. 9 janvier 2017

644 Marie-Claire Mendès-France, Sarah au bout de l’enfer. Hachette. 196p. 1996. p.134

645 Le Monde, Jacqueline Sauvage : ‘Je ne suis pas du tout coupable’. 8-9 janvier 2017

646 Marie-Claire, Jacqueline Sauvage : ‘Cette fois-ci, c’était lui ou moi’. avril 2017. p.124

647 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.244

648 Le procès de l’assassin de Jaurès. CR. intégral du procès. Pagala. 454p. 2012. p.415

649 In : Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.589, 610

650 Roger Knobelspiess, L’acharnement, ou la volonté d’erreur judiciaire. France Loisirs. 198p. 1981. p.108, 109

651 In : George Sand, Correspondance. Georges Lubin. Classiques Garnier. Tome XV. 964p.1981. p.610

652 Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule. Seuil. 220p. 2014. p.140

653 Site. Ville de Montamisé, L’histoire de Montamisé. Un infanticide à Montamisé en 1811

654 Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté. Le livre de poche. 767p. 2010. p. 434 et suivantes

655 Actes du tribunal Révolutionnaire. Le Temps retrouvé. Mercure de France. 637p. 2008. p.189

656 L’affaire Ullmo, amour, espionnage & bagne (sur le net)

657 Margaret Goldsmith, Cinq femmes contre le monde. Gallimard. 201p. 1937. p.59

658 Jean-Marie Fitere, Violette Nozière. France Loisirs. 219p. 1978. p.175

659 Jacques Vergès, Dictionnaire amoureux de la justice. Plon. 780p. 2002. p.193

660 Jean-Paul Sartre, Situations VIII. Autour de 1968. NRF. Gallimard. 476p. 1980. p.128

661 Jacques Vergès, Journal. La passion de défendre. Éditions du Rocher. 403p. 2008. p.250

662 Marie D’Agoult. George Sand, Correspondance. Bartillat. 301p. 1995. p.67

663 George Sand, Histoire de ma vie. In : Œuvres autobiographiques. II. La Pléiade. 1638p. 1972. p.385

664 In : Studs Terkel, Hard times. Histoires orales de la grande dépression. Éditions Amsterdam. 596p. 2009. p.380 à 383

665 René Floriot, Deux femmes en Cour d’Assises. Madame Steinheil et Madame Caillaux. Hachette. 178p. 1966. p.59, 60

666 Platon, Apologie de Socrate (sur internet)

667 France Culture. Concordance des temps. Les sorcières haïes, fascinantes. 8 février 2020

668 Françoise Basch, Victor Basch. De l’affaire Dreyfus au crime de la Milice. Plon. 389p. 1994. p.249, 250

669 Léon Tolstoï, La guerre et la paix. La Pléiade. Traduction de Pierre Pascal. 1654 p. 1945. p.1251, 1252 (Livre 4)

670 Cf. Marie-Victoire Louis, Pour la vérité sur l’assassinat de Sophie Toscan du Plantier. http://www.marievictoirelouis.net/index.php?id=797

671 AFP, Meurtre de Sophie Toscan du Plantier. Le suspect conteste jeudi son renvoi aux assises. 14 novembre 2017

672 Le Parisien, Affaire Toscan du Plantier : ultime recours pour Ian Bailey. 7 février 2018

673 Match, Affaire Sophie Toscan du Plantier : l’heure de vérité. 16 février 2018

674 Bulletin n° 25 du 1er février 2019 de l’ASSPT

675 Jacques Vergès, Journal. La passion de défendre. Éditions du Rocher. 403p. 2008. p.58

676 Jacques Vergès, Journal. La passion de défendre. Éditions du Rocher. 403p. 2008. p.262

677 Jacques Vergès, Journal. La passion de défendre. Éditions du Rocher. 403p. 2008. p.278

678 Philippe Artières et Dominique Kalifa, Vidal, le tueur de femmes. Une biographie sociale. Verdier poche. 366p. 2017. p.164, 185, 186, 241, 251, 265, p.289 à 292, 298

679 Voltaire, Correspondance. VI. (octobre 1760-décembre 1762). La Pléiade. 1648p. 1980. p.386

680 Cf. L’affaire Jean Zay, In : Jean Zay, Écrits de prison. 1940-1944. Belin. 1052p. 2014. p.685, 686, 687

681 Jean Zay, Écrits de prison. 1940-1944. Belin. 1052p. 2014. p.165

682 Émile Zola, Correspondance. II. 1868-1877. Les Presses de l’Université de Montréal. Éditions du CNRS. 644p. 1980. p.173. note 7


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